CHAPITRE I
Les relations hydriques de l’Egypte avec les pays du Bassin du Nil
Les relations hydriques entre l‟Egypte et le Soudan
Aperçu général du Bassin du Nil :
Le bassin du Nil occupe une superficie étendue sur la moitié nord-est du continent africain
et atteint environ 2960 millions de km2. C‟est ainsi qu‟il est considéré comme le 2ème plus
grand bassin fluvial de l‟Afrique, du point de vue superficie de son bassin, après le bassin
du fleuve du Congo de 3820 millions de km2.
Dans le contexte régional, c'est-à-dire concernant le bassin du Nil, l‟importance des
ressources hydriques renouvelables a pris de plus en plus d‟importance dans les discours
pour les raisons suivantes : les changements climatiques dans les pays du nord, du centre et
de l‟est de l‟Afrique, le développement de l‟agriculture, l‟explosion démographique, la
progression des zones sèches, l‟augmentation du taux de désertification, la dénonciation du
principe d‟irrigation permanente et les ressources renouvelables comme moyens pour sortir
de la crise de sécheresse(1).
Dans ce contexte, l‟opinion dominante sur la question de l‟eau dans la région ne peut se
résoudre que dans un cadre de coopération entre les pays riverains du bassin, surtout que
l‟eau douce est devenue un élément primordial dans les enjeux de sécurité (2).
Il faut souligner la particularité des ressources hydriques du bassin du Nil qui restent
singulièrement très limitées(3). Le bassin du Nil se compose principalement de 3 bassins
secondaires qui sont : le bassin du plateau des lacs équatoriaux, le bassin de Bahr el
Ghazal et le bassin du plateau éthiopien. La moyenne des chutes de pluie sur le plateau des
lacs équatoriaux atteint environ 530 milliards de m3 par an, celle du bassin de Bahr el
Ghazal environ 550 milliards de m3 par an et celle des plateaux éthiopiens environ 520
milliards de m3 par an, ce qui veut dire que les chutes de pluie sur le bassin du Nil
dépassent en moyenne 1600 milliards de m3 par an(4). Malgré cette quantité abondante de
.1 ص،7002 ، مركز البحوث و الدراسات السياسية، القاىرة، الصراع الدولى عمى المياه بيئة حوض النيؿ،محمد سالماف طايع
(2)
(1)
Marry E.MORRIS, The Politics of Water in the Middle East Insight, vol.2, 1991, p.35-36.
.33 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(3)
، دار الكيػػب و الوثػػائؽ القوميػػة، القػػاىرة، إلى أيػػف "فػػىح مصػػر و الوػػالـ المواصػػر.." مصػػر و مبػػادرة حػػوض النيػػؿ، ضػػيات الػػديف القوصػػى
(4)
.777- 773 ص،7030
17
ressources hydriques, 95% de son volume, c'est-à-dire 1516 milliards de m3, se perdent
annuellement à cause de l‟évaporation et de l‟infiltration souterraine. Il ne reste
effectivement de cette ressource annuelle du fleuve qu‟une petite quantité qui ne dépasse
pas 84 milliards de m3(1). La part de ce qui arrive du plateau des lacs équatoriaux au Nil
principal à Assouan est d‟environ 12 milliards de m3 par an, tandis que les pluies du
plateau éthiopien dépassent 72 milliards de m3 par an et que les pluies du bassin du Bahr el
Ghazal ne participent que pour une quantité très minime qu‟il est possible de considérer
comme nulle(2).
Cette part est devenue insuffisante face aux besoins hydriques croissants des pays du
bassin, en particulier avec l‟augmentation de la croissance démographique, le changement
climatique, l‟augmentation de la pollution environnementale, qui s‟ajoutent à une demande
croissante en ressources hydriques pour satisfaire les besoins en développements. Cette
capacité hydrique constitue un élément de pression sur le bassin du Nil(3).
Cependant le Nil est le plus long fleuve de l‟Afrique et du monde : il fait 6695 km (comme
indiqué dans l‟encyclopédie britannique), du point le plus éloigné de sa source au plateau
des lacs équatoriaux (le fleuve Lovironza en Burundi) jusqu‟au dernier point de son
embouchure à la mer méditerranée. Outre qu‟il est le plus long fleuve de l‟Afrique, il
rassemble le plus grand nombre de pays riverains autour de son bassin(4). Le Nil traverse
onze pays depuis sa source jusqu‟à son embouchure : BURUNDI – RWANDA –
OUGANDA – TANZANIE – KENYA – REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
– ETHIOPIE – ERYTHREE – NORD SOUDAN – SUD SOUDAN – EGYPTE. La
latitude du Nil se situe entre 4 degrés sud et 31 degrés nord(5), faisant apparaitre que le Nil
traverse 35 degrés de latitude par rapport à l‟équateur(6).
A propos de la topographie du bassin du Nil, l‟attention doit être attirée sur la direction du
lit du fleuve. Le Nil coule de sa source équatoriale vers le Nord jusqu‟à ce qu‟il se jette
.26 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(1)
.777 ص، مرلع سبؽ ذكره،ضيات الديف القوصى
(2)
.26 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(3)
دار، مركػز البحػوث الوربيػة، القػاىرة، أزمػة ميػاه النيػؿ إلػى أيػف، مسيقبؿ اإلسيفادة مف مياه النيؿ فىح ريد سويد و آخػروف، سويد
ريد
(4)
.37 ص،3222 ،الثقافة اللديدة
.110- 172 ص،7001 ، مكيبة األنلمو المصرية، القاىرة، إفريقيةح يخصية القارة فى يخصية اإل ميـ، محمد عبد الغنى سوود
(5)
.22 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(6)
18
dans la Méditerranée. Son ruissellement suit la direction nord, ce qui n‟existe pour nul
autre fleuve dans le monde. Il est possible que ce phénomène s‟explique par la grande
inclinaison du cours d‟eau dans le bassin du Nil car les lieux éminents se centralisent
spécialement aux sources orientales et un peu moins aux sources méridionales (1).
Le cours du Nil se divise en plusieurs parties(2) :
A- Les sources équatoriales :
Elles se situent sur le plateau des lacs où se trouvent cinq grands lacs, tous communiquant
au Nil. Elles se composent de deux groupes : le groupe Victoria composé du lac Victoria et
du lac Kyoga et le groupe Albertien qui se compose des lacs Albert, Edouard et Georges.
A-1 Le groupe Victoria
Le lac Victoria se situe au centre du plateau des lacs. Il vient en tête des lacs étendus du
monde antique avec 69000 km2 de superficie. Sa longueur totale est de 320 km et sa
largeur maximale est de 275 km. Plusieurs fleuves se jettent dans ce lac, le plus important
étant le fleuve Kagera qui s‟écoule près du lac Tanganyika (latitude 4° sud), considéré
comme étant le début du Nil. La profondeur moyenne est de 40m, c'est-à-dire peu
profonde, en comparaison du lac Tanganyika par exemple qui fait plus de 1430 m(3).
Parmi les réalités géographiques significatives, la surface du lacVictoria se situe à 1132,7m
au-dessus du niveau de la mer. Pour cela, il faut préciser que les eaux du fleuve Rhon se
cumulent avec celles du lac Géniva qui se trouve à 375 m au-dessus du niveau de la mer,
puis il coule en direction de la Méditerranée sur une distance de 600 km. Rapportée à cette
échelle et à la longueur du Nil, la situation du lac Victoria devrait se trouver à 3750 m audessus du niveau de la mer.
Le Nil blanc par rapport au Rhon est un fleuve à faible dénivellation(4). L‟inclinaison du
plateau des lacs équatoriaux vers le Nil principal est faible, elle ne dépasse pas 10cm/km(1).
10cm/km(1).
.23- 20 ص،المرلع السابؽ
(1)
(2)
H.E.HURST, R.P.BLACK and Y.M.SIMAIKA, the Nile Basin, Cairo, Ministry of Public Work, 1966,
p.281-303.
.111 ص، مرلع سبؽ ذكره، محمد عبد الغنى سوود
(3)
.12- 19 ص،7003 ، الييئة المصرية الوامة لمكياب، القاىرة، نير النيؿ،محمد عوض محمد
(4)
19
Le Nil Victoria :
Il ne sort du lac Victoria que le Nil qui porte le même nom : « Victoria ». A 1,5 km après
sa sortie, se trouve la cascade de « Ribbon » qui a 5 m de profondeur. Plus loin, le lit du
fleuve devient étroit et très incliné, mais il ne tarde pas à chuter sur une plaine, provoquant
un affaiblissement de son courant et un élargissement de son lit jusqu‟à devenir
navigable(2). A 75 km de la cascade de « Ribbon », le Nil arrive à « Namasegali », il
s‟approche du lac Kyoga et le pénètre. Ici, le Nil change brusquement : le fleuve rapide, au
débit important et au lit étroit devient un large cours d‟eau de 600 m, au lent
ruissellement, avec une profondeur moyenne comprise entre 2 et 3 mètres. Ensuite
l‟inclinaison s‟accentue, le lit du fleuve devient trop étroit, dans lequel se multiplient les
cascades qui se terminent par la cascade « Mertchizone » où le lit devient large d‟environ
8 mètres et l‟eau chute sur environ 40 mètres avant de se jeter dans le lac Albert(3).
A-2 Le groupe Albertin
Il comprend les lacs « Edouard », « Albert », et le fleuve « Semeliki » qui les relie. Le lac
Edouard se situe juste au sud de l‟équateur à 926 m au-dessus du niveau de la mer, c'est-àdire moins haut que le lac Victoria. Sa superficie atteint 2200 km2. Le fleuve Semeliki sort
du lac Edouard, et se particularise à son début et à sa fin par sa faible inclinaison, alors
qu‟en son milieu des chutes d‟eau se multiplient et gênent la navigation. La fin de ce
fleuve se trouve au lac Albert. Sur le plan géographique, on observe que l‟embouchure du
fleuve Semeliki au lac Albert est plus basse d‟environ 300 mètres que sa source au lac
Edouard, ce qui constitue une déclivité tout à fait remarquable pour un fleuve de cette
catégorie(4).
Le lac Albert a 5300 km2 de superficie et se trouve à 680 mètres au-dessus du niveau de la
mer. Le Nil Victoria et le Semeliki sont les deux grands fleuves qui alimentent le lac
Albert, duquel sort un fleuve unique qui est le Nil Albert ou le Bahr el Gabal(5).
A-3 Bahr el Gabal et ses affluents (Bahr el Zaraf et Bahr el Ghazal)
.771 ص، مرلع سبؽ ذكره،ضيات الديف القوصى
(2)
(5)
J.W.GREGORY, Geography, Structural, Physical and Comparative, London, 1908, p.28.
.19- 11 ص،3227 ، الطبوة الخامسة، مكيبة النيضة المصرية، القاىرة، نير النيؿ،محمد عوض محمد
(2)
.21- 21 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(3)
.63- 60 ص،7003 ، الييئة المصرية الوامة لمكياب، القاىرة، نير النيؿ،محمد عوض محمد
(4)
20
Bahr el Gabal est le nom du fleuve du Nil entre sa sortie du Lac Albert au sud jusqu‟à sa
communication au fleuve Sobbat au nord, sur une distance d‟environ 1280 km. Quelquesuns voient que la fin du Bahr el Gabal est le lac « Nou », faisant que sa longueur dans ce
cas s‟en trouve réduite à 1156 km.
Le lit de Bahr el Gabal se particularise par une diversification qui peut être présentée en
quatre parties(1) :
-
n°1 : du lac Albert à Nimoli : sur cette partie, le lit du Nil est large, peu
profond, peu incliné, le ruissellement de l‟eau est lent et il se nomme le Nil Albert
-
n° 2 : de Nimoli à Al- Regaf, le fleuve est étroit, très incliné avec plusieurs cascades
-
n° 3 : d‟Al - Regaf à Bor, le lit est large, peu incliné, son courant est lent et cette
partie est navigable
-
n°4 : de Bor au lac Nou, ici le fleuve a une très faible inclinaison, avec une
profondeur très faible et son cours est sinueux : L‟eau déborde sur les deux rives
pour former d‟importants marécages très larges où poussent des plantes aquatiques
qui constituent ainsi des barrages végétaux.
Bahr el Ghazal est le nom du fleuve entre le projet de Req et le lac Nou mais c‟est le nom
principal du groupe de fleuves qui se précipite entre le Nil et le Congo. Ces fleuves sont
très nombreux et ont tous la même particularité c'est-à-dire que la partie basse de leur lit
donne lieu à une formation de barrages végétaux et de marécages. Bahr el Gazal –après le
projet de Req- est un fleuve lent, il se réunit avec Bahr el „Arab qui s‟écoule du sud du
Darfour. La quantité d‟eau qui déborde de Bahr el Ghazal vers le lac Nou est extrêmement
minime. Il n‟est navigable que durant l‟été en aval du fleuve(2).
A-4 Le Nil blanc
Il commence au lac Nou, au point où se termine Bahr el Gabal et s‟étend jusqu‟à
Khartoum. Le Bahr el Zaraf le relie sur cette distance.
Au commencement, le Nil blanc est très faible, puis après avoir parcouru une distance de
120 km, il ne tarde pas à être rejoint par un affluent important, qui est le fleuve du Sobbat.
Le point d‟intersection entre les deux fleuves se situe à Melkal au Sud du Soudan. C‟est
grâce à ses eaux fécondes et à son courant important que le Nil blanc tire sa force et
.111 ص، مرلع سبؽ ذكره، محمد عبد الغنى سوود
(1)
.111 ص،المرلع السابؽ
(2)
21
poursuit son ruissellement jusqu‟au Nord. Après le regroupement du Nil blanc avec le
Sobbat, le fleuve devient peu incliné, large et navigable. Son inclinaison est de 1° pour
60km(1):
B- Les affluents éthiopiens :
Sur le plateau de l‟Ethiopie, 3 affluents principaux permettent au Nil de poursuivre son
ruissellement jusqu‟à la Méditerranée : Ces affluents sont :
B-1 Le fleuve Sobbat
Il résulte du regroupement de deux affluents : le fleuve Bibor et le fleuve de Bars. Ce
dernier a une importance hydrologique en raison de sa rapidité puisque aucun fleuve du
Nil éthiopien n‟a autant de débit que lui. Au point où se réunissent le Bibor et le
Bars, commence le fleuve Sobbat qui devient navigable(2).
B-2 Le Nil bleu
Il commence au lacTana qui se trouve à 1840 m au-dessus du niveau de la mer. De forme
circulaire, le lac couvre une superficie d‟environ 3060 km2 dans laquelle se jettent
plusieurs fleuves. Le plus importants d‟entre eux est le grand Abbay.
Entre Tana et Roseiros, le fleuve traverse une région rocheuse. L‟inclinaison très
importante atteint environ 1440 m sur une distance de 1622 km avec plusieurs chutes d‟eau
qui empêchent la navigation. Entre Roseiros et Khartoum l‟inclinaison devient moins
forte, le cours d‟eau devient sinueux et navigable au moment de la crue (3).
Vers la fin de son parcours, le fleuve se dirige de l‟est vers l‟ouest en direction du Nil
blanc, et c‟est à Khartoum, au Soudan que le Nil bleu et le Nil blanc se réunissent.
B-3 Le fleuve Atbara
Il jaillit des plateaux situés au nord du lac Tana, et il a plusieurs affluents dont le plus
importants est le fleuve Tekeze. Il se dirige vers le nord-est pour rejoindre le Nil Nubien.
Le lit supérieur de l‟Atbara est trop incliné, ce qui empêche la navigation. En revanche, le
.93- 90 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد عوض محمد
(2)
(1)
W.WILCOXAND, Egyptian Irrigation, 3rd edition, London, 1913, p.271-273.
.112- 116 ص، مرلع سبؽ ذكره، محمد عبد الغنى سوود
(3)
22
lit inférieur du fleuve qui commence à Khachm el Qerba est peu incliné avec des eaux
calmes qui deviennent navigables au moment de la crue(1).
Le Nil Nubien :
C‟est le nom de la partie qui s‟étend de Khartoum à Assouan. Il se caractérise le plus
souvent par une forte pente avec une inclinaison de 1 mètre tous les 6,5 km. Tout au long
de son parcours, qui s‟étire sur environ 1885 km, le Nil n‟est alimenté que par les eaux du
fleuve Atbara.
Les six cataractes sont la principale caractéristique du Nil Nubien. Elles commencent au
sud avec la 6ème cataracte et se terminent avec la 1 ère à Assouan. Les 6 cataractes sont non
navigables mais certains intervalles entre elles le sont : c‟est le cas pour la distance qui
sépare la 1ère et la 2ème et pour celle qui sépare la 4ème et la 5ème, qui sont toutes les deux
navigables(2).
Ce qui peut attirer l‟attention -peut-être- à ce point du fleuve, c‟est qu‟entre Khartoum et
Halfa, le Nil est très incliné et même bien plus incliné qu‟il ne l‟est au début, au sud de
Khartoum, ou plus loin au nord de Halfa. Il faut rappeler aussi que cette région est la plus
chaude et la plus sèche d‟Afrique, avec un taux d‟évaporation très élevé. Et si on s‟était
trouvé dans une région plate, les eaux du Nil auraient été perdues à cause de cette forte
évaporation. La présence des cataractes dans cette partie du Nil est donc particulièrement
importante, car l‟inclinaison et la grande rapidité de la précipitation des eaux permettent de
réduire le taux d‟évaporation du fleuve. Il faut ajouter également que sur cette partie, le
fleuve est peu profond et proportionnellement moins large, ce qui explique que
l‟évaporation n‟est pas importante(3).
Le Nil principal :
Il commence à Assouan et se termine à l‟estuaire de la Méditerranée, après s‟être divisé en
2 branches au nord du Caire (Damiette et Rosette). Il occupe 9,5 degrés de latitude avec
une position qui est comprise entre 22 degrés nord et 31,5 degrés nord.
.112 ص،المرلع السابؽ
(1)
.29- 22 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(2)
.330- 309 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد عوض محمد
(3)
23
Sa longueur est d‟environ 1536km, ce qui équivaut à 23% de la longueur totale du Nil.
L‟inclinaison du fleuve est d‟1m tous les 13km. Le fleuve est étroit au sud de l‟Egypte et
s‟élargit peu à peu tout au long de sa progression(1).
Pour comprendre la formation des eaux du Nil principal, il faut s‟attarder sur la survenance
des pluies qui alimentent cette partie du Nil.
Les pluies tombent en amont sur le plateau des lacs équatoriaux et sur le bassin de Bahr el
Ghazal en suivant deux saisons : une saison longue et une saison courte, qui couvrent la
majeure partie de l‟année. Cela permet d‟affirmer que la chute des pluies reste fréquente et
continue sur toute l‟année. En revanche, les pluies sur le plateau éthiopien arrivent en une
seule saison qui commence en juin et se termine en septembre(2), avec une abondance
remarquable pendant le mois d‟août(3).
Sur ce point, il revient à dire que les deux plateaux (les lacs équatoriaux et éthiopiens)
contribuent tour à tour à l‟approvisionnement hydrologique de l‟Egypte : en premier avec
des pluies faibles et permanentes, en second avec des pluies abondantes et temporaires et
enfin avec la crue saisonnière, pour compléter ainsi le cycle le plus bas de l‟année.
Sans la crue calme, modeste et permanente du plateau des lacs équatoriens, on peut dire
que le Nil en Egypte n‟aurait été qu‟un fleuve saisonnier (4).
(1)
SIDNEY E.EKBLAW and DONALD J.D.MULKERNE, Economic and Social Geography, London,
Megraw-Hill, 1958, p.404.
.91 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(2)
، بحي ػرة يانػا و النيػؿ األزرؽح الميػروعات المقيرحػة عمػى بحيػرة يانػا و النيػػؿ األزرؽ- وثيقػة حػوؿح اليضػبة األثيوبيػة،محمػد أمػيف محمػديف
(3)
.3221 أكيوبر، طاع مياه النيؿ،القاىرة
.22 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد سالماف طايع
(4)
24
Un bassin de 2,8 millions de km2
Des précipitations inégales
Nil
Nil blanc et Nil bleu
Autres affluents du Nil
Cours d'eau n'appartenant
pas au bassin du Nil
Moins de 200 mm par an
Barrage
Entre 200 et 1000 mm par an
Barrage en construction
Plus de 1000 mm par an
Zone marécageuse
De nouvelles perspectives pour l'agriculture
Agriculture irriguée
Terres irriguées à
l'horizon 2015
Les nappes souterraines
fossiles, une ressource alternative?
Les aménagements du bassin
Barrage en projet
Barrage hors bassin du Nil
Canal en projet ou en
construction
Mais de fortes pressions démographiques
et environnementales
EGYPE
(80)
Populataion de l'Etat en millions d'habitants
Nécessité d'importer des produits agricoles
Pression de l'urbanisation et réduction de la
Surface Agricole Utile (SAU)
Salinisation des sols
Des conflits à plusieurs échelles
Attaque du canal du Jonglei en
1983
Etats historiquement en conflit
autour du Nil
Etats commençant à exprimer leurs
revendications
frontière Soudan – Soudan du Sud
(Etat devenu indépendant en juillet
2011)
Des tentatives d'accord peu fructeuses
Accord bilatéral égypto-soudanais de
1959
ETHIOPIE Etat membre de l'lnitiative du
Bassin du Nil (IBN) 1999.
Source : [en ligne :<http:// http://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Nil-axe-de-developpement.html> ;
consulté le 17 juin 2015].
25
Ab géopolitique indique premièrement que l‟Egypte et le Soudan sont deux pays riverains
du Nil et que leurs intérêts hydriques s‟accordent, bien que certains affirment le contraire.
Ab géopolitique cite deuxièmement que l‟Egypte s‟oriente vers le continent africain en se
réalisant à travers le Soudan et que ce dernier s‟oriente lui-même vers le Nord, la mer
méditerranée et l‟Europe en se réalisant à travers l‟Egypte (que ce soit une orientation
économique ou sociologique).
Ab géopolitique affirme troisièmement que pour des menaces venant par le Nord ou l‟Est
de l‟Egypte, le Soudan a toujours exercé une protection stratégique pour permettre à
l‟Egypte de défier ces dangers.
Ces trois affirmations se sont vérifiées sur la nature des relations égypto-soudanaises tout
au long de l‟histoire contemporaine.
Les relations égypto-soudanaises ont toujours été particulières, et même très particulières :
Cette particularité provient du contexte géographique, des manifestations de l‟histoire, de
l‟attitude respective des populations des deux pays. La géographie, l‟histoire, les peuples
construisent des liens indéfectibles qui créent à leur tour des contextes politiques difficiles
à ignorer par la suite. Et même si une opposition se produit pour une raison ou pour une
autre, cela est dû en général à l‟intervention d‟un tiers, ou à cause d‟intérêts étroits
périodiquement reliés au pouvoir d‟un dirigeant.
Et quoi qu‟il en soit, l‟approche des experts s‟accorde à reconnaitre que tous ces points
d‟ancrage issus de la géographie, de l‟histoire, des populations sont devenus immuables.
Les historiens sont également unanimes sur la raison la plus importante qui a conduit
l‟Egypte à s‟étendre vers le Sud à l‟époque de Mohamed Ali Pacha vers 1820-1821. En
effet, cet illustre gouverneur a eu la volonté de développer le secteur économique de
l‟Egypte en installant un nouveau réseau d‟irrigation pour l‟agriculture et il était inévitable
que pour faire avancer ce projet, il fallait se diriger vers le Sud, et atteindre les ressources
du Nil.
Ajoutons que l‟affaire de l‟eau est une question vitale. C‟est pour cela qu‟elle est venue en
tête des raisons qui ont poussé Mohamed Ali à annexer le Soudan à L‟Egypte(1).
« J‟ai appris d‟un Cheikh haut placé, contemporain à Mohamed Ali Pacha, qu‟un grand
pays européen avait voulu s‟opposer à lui en colonisant les ressources du Nil. Le
gouverneur s‟était aussitôt préoccupé de cette information et avait immédiatement consulté
.26 ،70- 32 ص،3221 نوفمبر، كياب الي ؿ، القاىرة، الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية السودانية،يوناف لبيب رزؽ
(1)
26
des ingénieurs européens se trouvant en Egypte. Tous ont approuvé le fait que si les
ressources du Nil tombaient entre les mains de ce pays, les conséquences seraient
désastreuses car le devenir de l‟Egypte passerait sous sa dépendance. C‟est pour cela que le
gouverneur a poursuivi l‟exécution de sa campagne au Soudan » (1).
A l’époque de Mohamed Ali Pacha :
Cette période concernant la conquête de Mohamed Ali au Soudan est importante car
elle a joué un rôle essentiel dans l‟aggravation des relations de crise entre l‟Egypte et
l‟Ethiopie.Le mérite revient à Mohamed Ali Pacha d‟avoir découvert une partie importante
du haut Nil.
Le 19ème siècle a été témoin de la croissance et de la progression des découvertes
géographiques dans le bassin du Nil et certaines de ces découvertes ont été attribuées à
l‟Etat égyptien (par des égyptiens ou par des étrangers), alors que d‟autres découvertes
furent attribuées à des pays européens ou à des institutions religieuses chrétiennes (2).
L‟époque de Mohamed Ali Pacha est sans conteste l‟ouverture d‟une nouvelle période
dans l‟histoire des découvertes africaines en général, et du Nil en particulier. Pour se
rendre compte de cela, il faut signaler que toutes les expéditions des explorateurs se
terminaient au Nil Blanc, dans la région El-Sudoud(3).
Mohamed Ali Pacha confia plusieurs missions à l‟explorateur, le capitaine Sélim, entre
1839 et 1841. Celui-ci parvint à franchir la région d‟El-Sudoud pour atteindre la latitude
6°30‟ lors de sa première mission, puis arriva à Gondokoro au nord de l‟Ouganda à 1000
miles au sud de Khartoum au cours des 2 missions suivantes, ce qui permit à l‟Egypte de
communiquer pour la première fois avec le haut Nil. L‟explorateur arriva jusqu‟à 4° de
latitude, sans pouvoir aller plus loin, à cause des obstacles naturels(4).
Ces missions d‟explorations ont attiré l‟attention et la reconnaissance du monde extérieur.
Elles ont eu un énorme écho dans les milieux scientifiques et géographiques en leur
donnant des informations qui deviendront la base de la solution pour la question du Nil.
.62 ص، ىلر3132 ، مطبوة اآلداب و المؤيد، القاىرة، اللزت الثانى، السوداف بيف يد غوردف و كيينر،إبراىيـ فوز بايا
(1)
مركػػز البحػػوث، القػػاىرة، المدرسػػة المص ػرية فػػى السياسػػة الخارليػػة، " السياسػػة األفريقيػػة لمصػػر" فػػى مصػػطفى عمػػو،عبػػد الممػػؾ عػػودة
(2)
.221 ص،7007 ،والدراسات السياسية
.70 ص،7002 ، الييئة الوامة لمكياب، القاىرة، نير النيؿ،محمد عوض محمد
(3)
.70 ص،المرلع السابؽ
(4)
27
L‟association géographique à Paris a publié le rapport de la première mission du capitaine
Sélim au Nil Blanc dans son périodique en juillet 1842 (1).
Quand le grand voyageur écossais James Bruce a réussi à découvrir la source éthiopienne
du Nil à la fin du 18 ème siècle(2), le monde européen s‟imagina qu‟il avait résolu la question
de l‟origine du Nil. Les efforts pour découvrir d‟autres sources ont donc été stoppés
puisque la source éthiopienne avait été déclarée unique(3). Or les missions du capitaine
Sélim, sans parvenir jusqu‟aux sources équatoriales du Nil, prouva l‟erreur de James Bruce
qui continuait d‟affirmer que les sources éthiopiennes sont les seules origines du fleuve(4).
Sur le plan intérieur, Mohamed Ali Pacha et ses conseillers français ont décidé d‟affronter
le problème de stockage des eaux du Nil, en décidant la construction de barrages pour
retenir l‟eau pendant les crues et la réutiliser ultérieurement pendant la baisse du niveau du
Nil. Les barrages du Delta ont été le premier grand projet de stockage, commencé en 1835
et achevé en 1847. A la fin de l‟époque de Mohamed Ali, des terres immenses ont pu être
transformées par ce système d‟irrigation en surfaces cultivables durables(5).
Le mérite ne revient pas seulement à Mohamed Ali Pacha d‟avoir dévoilé une grande
partie du haut Nil, encore ignoré du monde. En effet, son époque profite indirectement au
grand nombre d‟explorations qui se sont succédé au cours de la deuxième moitié du 19 ème
siècle. La communication de l‟Egypte avec le Soudan a facilité la progression des
explorations à de nombreux chercheurs. La découverte du haut Nil est devenue une
problématique liée à son époque(6).
Sans doute Mohamed Ali a-t-il été le premier à rassembler les régions étendues du sud de
l‟Egypte, qui constituent le Soudan, pour en faire un gouvernement uni (7).
La Communauté Internationale a proclamé le Soudan comme une extension naturelle de
l‟Egypte (Cela a eu lieu après le traité de Londres en 1840 qui a reconnu à Mohamed Ali et
à sa famille la gouvernance héréditaire de l‟Egypte à condition qu‟elle reste une province
.91- 97 ص،3222 ، مكيبة األنلمو المصرية، القاىرة، السوداف المواصر،زاىر رياض
(1)
(2)
James Bruce a réussi à découvrir le lac Tana et à son extrémité sud la sortie du Nil, le fleuve Abay. Il s‟est
finalement dirigé vers l‟ouest jusqu'à ce qu‟il arrive au Caire.
.97 ص، مرلع سبؽ ذكره،( زاىر رياض3)
.327 ص،3222، دار الثقافة لمنيرواليوزيع، القاىرة، ياريخ مصر و السوداف الحديث،يو ى اللمؿ و عبد اهلل عبد الرازؽ
(4)
.332 ص،7006 ، الييئة الوامة لمكياب، القاىرة، محمد عمى،لى فارليت
(5)
.73 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد عوض محمد
(6)
.319 ص،3222 ، مكيبة األنلمو المصرية، القاىرة، مصر و أفريقيا،زاىر رياض
(7)
28
ottomane) dans laquelle le sultan ottoman promulgua un firman (une décision du Sultan)
en 1841 pour confier à Mohamed Ali l‟administration du Soudan.
Quand le Soudan fut placé sous la gouvernance turco-égyptienne, l‟état de chaos ainsi que
les guerres tribales se sont rapidement terminés car le gouvernement a créé pour la
première fois un pouvoir central sur la totalité du territoire du Soudan pour instaurer l‟Etat
du Soudan avec ses frontières connues actuellement et pour effectuer un rassemblement de
toutes les communautés ethniques soudanaises.
Tous les historiens ne sont pas d‟accord sur les raisons qui ont poussé Mohamed Ali à
conquérir le Soudan malgré tout ce qui a été dit sur le gouvernement turco-égyptien du
Soudan et son prétendu manque de compétence, néanmoins il a participé à établir l‟état
du Soudan, son unification et le déploiement de la sécurité partout(1).
L‟attitude du pouvoir en Egypte envers le sud a été ordonnée par la vision
tridimensionnelle suivante : le Soudan comme pays riverain du Nil, le Soudan comme une
protection stratégique, le Soudan comme une ressource humaine et économique.
Il est indispensable pour n‟importe quel pouvoir qui gouverne au Caire d‟accorder
une très grande importance au Nil du Soudan. Il est évident que l‟Egypte se
reconnait comme un « don du Nil » et cela s‟est inversé lorsque le pouvoir égyptien
a commencé à établir un système d‟irrigation moderne à l‟époque de Mohamed Ali
pendant la première moitié du 19ème siècle.
La dimension stratégique a toujours pesé sur le pouvoir en Egypte dans ses
décisions vis-à-vis du sud. La plupart des historiens s‟accordent à reconnaître que
la principale raison qui a poussé Mohamed Ali à annexer le Soudan en 1820 était
son inquiétude face à une force armée possible des mamlouks au sud pouvant
menacer l‟Egypte. C'est-à-dire que le gouverneur de l‟Egypte avait eu une vision
stratégique dans sa décision, ce qu‟aucun autre gouverneur précédent n‟avait eu
avant lui, en suivant la logique que la dimension stratégique du pays doit être
préservée.
Les ressources économiques en provenance du Soudan ont existé entre 1820 et
1835, ce qui veut dire que cela a définitivement cessé après cette période. Au pire
des relations entre les deux pays, la contribution du Soudan a été le recrutement des
المدرسة المصرية فى السياسة، فى مصطفى عمو،"" الو ات المصرية السودانية الميراث الياريخىح مدركات و سموؾ،( إبراىيـ نصر الديف1)
.623- 622 ص،7007 ،مركز البحوث و الدراسات السياسية، القاىرة،الخارلية
29
soudanais dans l‟armée égyptienne, la recherche de l‟or, le commerce des esclaves
jusqu‟aux années 70 du 19 ème siècle(1).
A la découverte des sources du Nil
Au centre du continent africain, on voyait un grand vide sur la plupart des cartes
géographiques dessinées jusqu‟à la moitié du 19 ème siècle. C‟est pour cela que les
découvertes se sont multipliées sur la 2 ème moitié du 19ème siècle.
Les esprits de beaucoup de personnes étaient occupés par des questions comme celles-ci :
Où se trouvent les sources équatoriales du Nil ? Et si ces sources sont des lacs, où se
trouvent-ils ? Quel est leur nombre ? Et existe-t-il une communication entre eux ? C‟est à
ces questions que la science et le Monde voulaient apporter des réponses et de nombreux
explorateurs y ont contribué. Citons parmi eux Burton – Speke – Grant – Becker – Gordon
– Amin Pacha – car une seule personne ne saurait être à l‟origine d‟un tel secret(2).
Sir Richard Francis Burton était un commandant de l‟armée anglaise qui a voyagé avec
Speke jusqu‟à la côte orientale de l‟Afrique, leur but étant d‟arriver au grand lac dans
lequel le Nil est sensé prendre sa source. Burton tomba malade et Speke le laissa pour
atteindre la côte méridionale du grand lac connu sous le nom de Nianza et qu‟il rebaptisa
du nom de Victoria. Sa découverte a eu lieu en 1858 et au retour de Speke en
Angleterre, son voyage suscita l‟admiration et l‟enthousiasme.
La Royal Geographical Society (association géographique britannique) se mobilisa pour
rassembler l‟argent nécessaire à une nouvelle expédition afin que Speke puisse certifier sa
découverte. En 1860, Speke repartit en compagnie de son camarade Grant, dans le but de
savoir avec certitude si le Nil sortait bien de ce grand lac. Une fois arrivés au lac, ils se
dirigèrent vers sa côte occidentale puis vers l‟Ouganda, puis firent le tour de la côte nord
du lac jusqu‟à ce qu‟ils parviennent à la source du Nil côté nord, où se trouvent les
cascades que Speke va baptiser Ribbon (responsable de la Royal Geographical Society).
Cette découverte remonte à 1862 (3).
Samuel Becker était un homme riche, passionné de voyages. Ses déplacements l‟ont
conduit au Proche Orient puis en Egypte, puis jusqu‟à Gondokoro pour accueillir Speke et
الو ات المصرية السودانية، فى أسامة الغزالى حرب،" "الخبرة الياريخية فى الو ات المصرية السودانيةح محاور أساسية،يوناف لبيب رزؽ
(1)
.62- 61 ص،3220 ، مركز البحوث و الدراسات السياسية، القاىرة، بيف الماضى و الحاضر و المسيقبؿ
.77- 73 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد عوض محمد
(2)
.71- 77 ص،المرلع السابؽ
(3)
30
Grant à leur retour du centre de l‟Afrique. Cette rencontre a conduit Becker à poursuivre
son voyage vers le sud, accompagné de sa femme, jusqu‟au lac Albert. Ils y arrivèrent en
1864 et ils ont été les premiers européens à le découvrir. Puis ils ont rejoint la partie nord
du lac, à l‟endroit où le Nil y rentre. De là, ils ont suivi le fleuve en se dirigeant vers l‟est
jusqu‟aux cascades de Murchinson (1).
A l‟époque du Khédive Ismaïl, de 1863 à 1879, la récolte principale de l‟Egypte était le
coton, après la survenance de la « la famine du coton » qui a touché le monde entier. La
guerre de sécession américaine avait stoppé l‟exportation des récoltes des Etats-Unis vers
l‟Europe ce qui permet d‟exploiter le cours du Nil de façon plus importante(2).
Le Khédive Ismaïl embaucha Beker comme gouverneur du Haut-Nil de 1869 à 1873 et lui
octroya le pouvoir d‟accomplir un programme ayant pour but d‟étendre le pouvoir des
partis égyptiens et de mettre fin à l‟esclavage. Il fonda quatre centres le long de Bahr El
Gabal, se réservant pour lui-même le centre de Gondokoro. Il se dirigea vers le sud jusqu‟à
une latitude de 2° nord(3).
Après les importantes découvertes de Speke – Grant et Becker qui ont comblé le grand
vide dans les cartes géographiques de l‟Afrique, il ne restait aux autres explorateurs qu‟à
continuer ce que ceux-ci avaient commencé(4).
Plusieurs personnes ont fait des voyages importants. Citons parmi eux :
-
Gordon qui a été nommé gouverneur de l‟Afrique équatoriale entre 1874 et 1876 et
qui déplaça sa présidence de Gondokoro à Lado après avoir repoussé les frontières
de l‟Egypte aux limites du fleuve Sobat. Durant son voyage, Gordon était
accompagné par le lieutenant américain Chaillé-Lang(5).
-
Amin Pacha a été le dernier gouverneur de l‟Afrique équatoriale de 1878 à 1889.
C‟était un Docteur allemand converti à l‟Islam, de son vrai nom Edouard Schnitzer,
qui est entré au service du gouvernement égyptien. C‟est lui qui découvrit le
premier le fleuve Semeleki et qui parvint à atteindre avec précision les abords du lac
.76- 71 ص،المرلع السابؽ
(1)
، القػاىرة، فى النيؿ فى الياريخ المصػر الحػديث و المواصػر،"السودانية- " مو ؼ بريطانيا مف الو ات المائية المصرية،يوناف لبيب رزؽ
(2)
.371 ص،7002 ،دار الكيب و الوثائؽ القومية
.310 ص، مرلع سبؽ ذكره،زاىر رياض
(3)
.76 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد عوض محمد
(4)
.310 ص، مرلع سبؽ ذكره،زاىر رياض
(5)
31
Albert. La rébellion d‟El Mahdi en 1885 obligea Amin Pacha à rester isolé au sud
de la province, le coupant de toute relation directe avec l‟Egypte jusqu‟à l‟arrivée
de Stanley pour le sauver en 1888. Ce dernier avait voyagé sur le fleuve Congo puis
avait pénétré la ligne de séparation entre le Congo et le Nil et il fut le premier à
découvrir les montagnes Revenzori ainsi que le fleuve Edouard à l‟occasion de son
second voyage vers les sources du Nil. Lors de son premier voyage, Stanley a
découvert le fleuve Congo et a effectué le tour du lac Victoria (1).
C‟est ainsi que les secrets des sources du Nil se sont dévoilés. Pour montrer l‟importance
accordée par le Khédive Ismaïl à ces découvertes(2), il faut citer ce que Chaillé-Lang a écrit
dans l‟introduction de l‟un de ses ouvrages : « en 1875, j‟ai accepté une invitation de la
société géographique à Paris. J‟ai eu l‟honneur de donner une conférence sur les
expéditions au centre de l‟Afrique. Bien que l‟homme qui se soit dévoué à cette grande
tâche ne soit pas un Européen, il ne mérite pas moins, par l‟élévation de son âme et la
largeur de ses idées, à être placé au premier rang parmi ceux qui ont contribué aux
progrès de notre siècle et qu‟on peut appeler « pionniers de la civilisation » : il ne vous est
pas inconnu , le monde entier rend justice au génie d‟Ismaïl Pacha, Khédive d‟Egypte qui
a couronné les splendeurs de son règne par la solution victorieuse au problème des
sources du Nil » (3).
Après l’occupation anglaise :
Après l‟occupation britannique de l‟Egypte, le congrès de Berlin s‟est tenu en 1884-1885
pour fixer les règles du partage de l‟Afrique entre les pays européens. Le gouvernement
britannique a ordonné à l‟Egypte de quitter les régions du bassin du Nil et les côtes de la
Mer Rouge. Ces régions ont été partagées entre la France, l‟Angleterre, l‟Italie, la Belgique
et l‟Allemagne. Cet accord a été liquidé durant les compromis de la première guerre
mondiale et l‟établissement du régime mandataire.
Au 19ème siècle, l‟institution éducative à vocation islamique, El Azhar, exerce un rôle
croissant dans l‟accueil des étudiants du bassin du Nil et des territoires du Soudan, au sens
.72- 76 ص، مرلع سبؽ ذكره،محمد عوض محمد
(1)
.319 ص،7002 ، الييئة الوامة لمكياب، القاىرة،3997- 3912 نيأة الروح القومية،محمد صبر السربونى
(2)
(3)
CHAILLE-LONG, expédition au lac Victoria-Nyanza et au MakrakaNiam-Niam à l‟ouest du Nil Blanc,
Paris,E. Plon et Cie, 1877, p.156.
32
géographique du terme, c'est-à-dire depuis le littoral de la Mer Rouge à l‟Est jusqu‟à la
côte de l‟océan Atlantique à l‟ouest. Les études montrent l‟augmentation du nombre des
étudiants et l‟importance du réseau des relations culturelles islamiques entre l‟Egypte, la
région arabe africaine et la région islamique africaine.
Avec cela, l‟église orthodoxe égyptienne (l‟église d‟Alexandrie) se lia avec les églises du
Soudan, de l‟Abyssinie (Ethiopie), de quelques régions de l‟est et du centre de l‟Afrique
pour exercer un rôle culturel, pour accueillir les étudiants et envoyer des émissaires dans
ces pays(1).
La carte politique dans la région du bassin Nil a connu plusieurs événements, dont les plus
importants sont :
-
L‟achèvement du projet égyptien pour l‟unification politique et hydrique dans la
région du bassin du Nil après que les forces impériales aient repoussé le projet de
Mohamed Ali. L‟empire égyptien s‟est alors trouvé liquidé dans les années 80 du
19ème siècle, après l‟occupation anglaise de 1882. Seule la situation soudanaise a
fait exception à ce résultat(2).
-
L‟écrasement de la révolution Mahdite en 1885 au Soudan, suivie par une décision
du gouvernement britannique instaurant une séparation entre l‟Egypte et le Soudan.
La décision revient à Sir Evelyn Baring (Lord Cromer) représentant du trône
britannique en Egypte sur deux fondements : en premier, il considérait que la
Grande Bretagne devait cesser d‟alimenter les caisses égyptiennes en fonds
monétaires destinés aux terres du Sud. En second, il considérait que le retrait du
Soudan sera sans impact sur le ruissellement des eaux du Nil vers le Nord puisque
les Mahdistes ne disposent d‟aucun moyen technique pour constituer une réelle
menace. Ces deux fondements n‟ont pas convaincu le premier ministre égyptien
Chérif Pacha, contraint de démissionner de son poste après avoir écrit que la
décision prise par Sir Evelyn Baring (Lord Cromer) revenait à reconnaitre la
domination des révolutionnaires Mahdistes sur les ressources du Nil(3). Il devenait
.222- 226 ص، مرلع سبؽ ذكره،عبد الممؾ عودة
(1)
.31 ص،3222 ، مركز الدراسات السياسية و اإلسيراييلية، القاىرة، السياسة المصرية و مياه النيؿ فى القرف الويريف،عبد الممؾ عودة
(2)
.22 ص،3221 نوفمبر، كياب الي ؿ،القاىرة، السودانية- الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية،يوناف لبيب رزؽ
(3)
33
ainsi victime de l‟intervention britannique dans les relations hydriques égyptosoudanaises(1).
En 1886, l‟Angleterre a pris la décision, sans consulter les autorités égyptiennes, de
récupérer le Soudan en ayant recours à la nouvelle armée égyptienne constituée après la
démobilisation des troupes d‟Ahmed Orabi et conduite par plusieurs officiers anglais ayant
à leur tête le chef militaire Kitchener.
Plusieurs causes ont conduit l‟Angleterre à reconquérir le Soudan et à exterminer les
Mahdistes, avec en particulier :
-
La légitimité de l‟Angleterre à vouloir protéger les frontières sud de l‟Egypte contre
les menaces répétées de ses opposants pouvant entraîner l‟arrêt du débit du Nil sur
le territoire égyptien.
-
En effet, les nombreuses études durant cette période ont montré que le
développement de l‟Egypte, en particulier celui de l‟agriculture, nécessitait
l‟accomplissement des projets menés sur les sources équatoriales du Nil et sur le
cours du fleuve. Cela ne pouvait en aucun cas se réaliser avec une force adverse
dominant le haut Nil et une partie importante de son cours(2). Lord Cromer s‟est
rendu compte de l‟erreur des politiciens, et la preuve en a été apportée par les
informations en provenance du Caire et par les événements qui ont eu lieu
concernant le Haut Nil.
Concernant Le Caire en 1897, monsieur Victor Prompt, un ingénieur français
travaillant pour le ministère des travaux égyptien, a précisé dans une conférence
qu‟il donna à la société géographique que n‟importe quelle petite force pouvait
empêcher l‟arrivée des eaux du Nil depuis les plateaux équatoriaux si quelques
pierres se trouvaient jetées dans le fleuve aux endroits où le cours du fleuve se
rétrécit. Il a également précisé l‟épisode « Fachoda » en particulier(3).
Concernant le Haut Nil en 1898, un événement s‟est produit dans le cadre du
partage du gâteau africain entre les deux pôles colonialistes, la Grande Bretagne et
la France. Le Colonel français Marchand, à la tête d‟une force militaire, a rejoint
دار الكيب، القاىرة، "مو ؼ بريطا نيا مف الو ات المصرية السودانية"فى النيؿ فى الياريخ المصر الحديث و المواصر،يوناف لبيب رزؽ
(1)
.372 ص،7002 ،و الوثائؽ القومية
.111- 111 ص، مرلع سبؽ ذكره،يو ى اللمؿ و عبد اهلل عبد الرازؽ
(2)
.20- 22 ص،3221 نوفمبر، كياب الي ؿ، القاىرة، الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية السودانية،يوناف لبيب رزؽ
(3)
34
Fachoda comme cela a été précisé par Prompt. Dans le même temps, les Anglais
ont envoyé une expédition sous le commandement de Kitchener dans le but de
récupérer le Soudan et celle-ci s‟est également dirigée vers Fachoda. C‟est
l‟insistance de la Grande Bretagne, pour avoir le dernier mot dans les relations
hydriques égypto-soudanaises, qui a conduit la France à se retirer(1).
La politique gouvernementale de Paris avait pour but de faire pression pour
l‟acquisition du territoire tout en restant de connivence avec l‟occupation
Britannique en Egypte. Cette « double-logique » suivie par la France a représenté
un danger maximal à la fois pour l‟Egypte et pour la Grande Bretagne, poussant le
gouvernement de Londres à réagir et même à se déclarer prêt pour la guerre face à
l‟importance des enjeux en cause. Cet épisode prouve que tous les intervenants
avaient compris combien les eaux du Nil représentaient une importance vitale et
indiscutable dans des relations égypto-soudanaises. Plusieurs aspects de la politique
Britannique ont secoué la relation égypto-soudanaise à l‟exception des relations
hydriques entre les deux pays en raison du danger que cette situation représentait (2).
En 1899, l‟armée égyptienne s‟est engagé vers le sud dans un combat contre Abdallah El
Ta„ayouchi, le successeur d‟El Mahdi, qu‟elle a vaincu. Cette victoire mit un terme à la
séparation entre l‟Egypte et le Soudan et permit un retour des relations égypto-britanniques
régis sous un nouvel accord « un condominium » (3).
Il est important de préciser que pour la première fois, un accord a inventé des frontières
artificielles entre l‟Egypte et le Soudan(4).
Ce nouveau système, érigé par Lord Cromer, avait pour but de garantir une domination
anglaise parfaite sur les affaires du Soudan, tout en conservant à l‟Egypte des relations de
pures formes avec le Soudan afin que les charges financières et militaires puissent être
injectées dans la caisse et dans l‟armée égyptienne(5).
.372- 372 ص، مرلع سبؽ ذكره، مو ؼ بريطانيا مف الو ات المصرية السودانية،يوناف لبيب رزؽ
(1)
.23- 20 ص، مرلع سبؽ ذكره، الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية السودانية،يوناف لبيب رزؽ
(2)
.397 ص،3222، مكيبة األنلمو المصرية، القاىرة، مصر و أفريقيا،زاىر رياض
(3)
مركز البحوث،القاىرة، فى سياسة مصر الخارلية فى عالـ ميغير،" " السياسة المصرية يلاه السوداف م حظات أولية،أسامة الغزالى حرب
(4)
.269 ص،3220 ،و الدراسات السياسية
.60 ص،3291 الييئة الوامة لمكياب، القاىرة، دور مصر فى أفريقيا فى الوصر الحديث،يو ى عطا اهلل
(5)
35
La politique de l‟Egypte envers le Soudan a été administrée en suivant la volonté et une
orientation britannique. Dans ce contexte, l‟idée directrice dans la politique britannique
était de limiter les relations égypto-soudanaises au strict nécessaire. Sur un autre plan, les
autorités britanniques ont souhaité réduire les interactions égypto-soudanaises et de
sécuriser leur relation mutuelle concentrée exclusivement sur l‟eau et les frontières(1).
Au début du 20ème siècle, les besoins en eau ont commencé à apparaître pour l‟Egypte, en
raison de sa croissance démographique et des terres arrivées à leurs limites. En effet, l‟eau
disponible devenait insuffisante pour satisfaire les besoins croissants de l‟Egypte et c‟est
pourquoi le barrage d‟Assouan a été bâti en 1902 (puis surélevé une première fois en 1912
pour stocker 3,5 milliards de m3 et amélioré une dernière fois pour stocker jusqu‟à
5,3 milliards de m3) (2).
En 1910 Sir Mazen conseilla de se préoccuper de la culture du coton au Soudan, dans la
région Al Gazira. Il attira l‟attention sur la situation du Landshire qui se trouvait en danger
si celle-ci continuait à dépendre du coton égyptien. Il décida de cultiver 300 000 acres à
Al Gazira et fit construire le barrage Sennar en 1914 dont les travaux ont rapidement été
stoppés en raison de la première guerre mondiale, puis repris pour être finalement achevés
en 1925. Les fortes protestations égyptiennes qui se sont multipliées ont poussé Lord
Allenby, le haut-commissaire britannique au Caire à informer le gouvernement égyptien en
1920 que les terres irriguées resteront limitées à 300 000 acres. Malgré cela, le projet a
continué à être la cible de fortes protestations(3).
A l‟époque de l‟occupation britannique de l‟Egypte et de l‟instauration de la gouvernance
égypto-britannique au Soudan, plusieurs évolutions ont eu lieu concernant le Nil :
-
La Grande Bretagne s‟est emparée de plusieurs régions centrales du bassin du Nil
en Egypte, au Soudan, et dans les plateaux des lacs équatoriaux. Après la fin de la
première guerre mondiale, la décolonisation allemande à l‟Est et au Centre de
l‟Afrique a été remplacée par une occupation anglaise alors que le Rwanda et le
Burundi ont été accordés à la Belgique, colonisatrice du bassin du Congo.
.269 ص، مرلع سبؽ ذكره،أسامة الغزالى حرب
(1)
.379 ص، مرلع سبؽ ذكره، مو ؼ بريطانيا مف الو ات المصرية السودانية،يوناف لبيب رزؽ
(2)
.372- 379 ص،المرلع السابؽ
(3)
36
-
L‟Abyssinie est restée autonome, après que la Grande Bretagne, la France et l‟Italie
se soient mis d‟accord en 1906 pour qu‟elle reste telle qu‟elle est.
-
Les opérations de limitation et de tracé des frontières entre les régions dominées
par les pays colonialistes, ont commencé pour le bassin du Nil. A la demande de la
Grande Bretagne, un article a été ajouté à ces accords au sujet des eaux du Nil, en
cas de non-respect de n‟importe quelle modification sans acceptation préalable de
l‟Angleterre, y compris la construction d‟autres barrages et le détournement du
cours du fleuve.
-
La Grande Bretagne est ainsi devenue partenaire dans tous les sujets intéressant les
eaux du Nil, d‟une part sur le plan relationnel entre les régions du bassin du Nil et
d‟autre part sur le rôle du groupe de conseillers et de spécialistes britanniques
travaillant au ministère des travaux égyptiens et aussi dans les administrations de
l‟irrigation et de l‟agriculture au Soudan, l‟Ouganda, le Kenya et la Tanzanie(1).
Après l’Indépendance :
En 1922, La Grande Bretagne a mis fin à son protectorat sur l‟Egypte, qu‟elle a déclaré
pays indépendant sans toutefois étendre sa position au Soudan. Ainsi, le Soudan est
passé sous la dépendance de l‟Egypte autonome et désormais associée à l‟Angleterre
pour former conjointement un gouvernement selon l‟accord de 1899 (2).
Avant la révolution de juillet 1952, les gouvernements égyptiens ne considéraient pas
l‟adoption du principe d‟union de la vallée du Nil comme une association égyptosoudanaise pouvant faire face au colonisateur britannique, mais plutôt une garantie des
droits de l‟Egypte sur les eaux du Nil.
Beaucoup d‟erreurs ont découlé de cette position et parmi elles, l‟éviction du Soudan
dans les programmes politiques de la part des chefs de la révolution de 1919. Il est
possible que ces affirmations soient choquantes pour beaucoup
d‟historiens
égyptiens, mais un retour sur les programmes politiques ou dans le passé des
représentants des partis pourront faire ressortir la suprématie qui dominait sur le
principe d‟union de la vallée du Nil. Il suffit également de revenir sur le degré de
، مركػز البحػوث و الد ارسػات السياسػية، القػاىرة، فى المدرسة المصرية فػى السياسػة الخارليػة،" " السياسة األفريقية لمصر،عبد الممؾ عودة
(1)
.222- 222 ص،7007
.322 ص، مرلع سبؽ ذكره، مصر و أفريقيا،زاىر رياض
(2)
37
leurs relations avec les autorités soudanaises ainsi que sur le nombre de leurs visites
au Soudan pour s‟assurer que les actions et les discours n‟étaient pas au point(1).
En 1924, l‟assassinat de Sir Lee Stack, gouverneur général du Soudan, entraina la
démission du ministère de Zaghloul et le retrait de l‟armée égyptienne du Soudan mais
le grand danger restait l‟annonce faite au gouvernement de Zaghloul par le hautcommissaire au Caire, Lord El Lenbi, que la Grande Bretagne avait l‟intention
d‟augmenter la superficie des terres cultivables en coton dans la région Al Gazira au
Soudan de 300 000 acres à une surface illimitée. Ce sujet était la corde sensible pour
les égyptiens, que le gouvernement de Londres ne souhaitait pas toucher, et Lord
El Lenbi s‟est empressé de transmettre l‟annonce sans attendre l‟acceptation du
ministère des affaires étrangères britanniques et cette négligence lui a couté son poste.
Le gouvernement d‟Ahmad Zewar a succédé à celui de Zaghloul et dans un échange de
lettres entre ce nouveau gouvernement et le haut-commissaire, le gouvernement
britannique a fait savoir qu‟il ne maintenait pas son intention d‟augmenter la superficie
des terres arables à Al Gazira (2).
Les négociations pour l‟eau du Nil avec l‟Egypte se sont poursuivies après 1924 tandis
que les égyptiens restaient persuadés que pour résoudre cette question, il fallait
reconnaitre de l‟autre côté les droits de l‟Egypte au Soudan. Pour leur part, les anglais
voyaient que l‟affaire devait se résoudre plus précisément, et notamment avec l‟accord
qui sera mis en place en 1929 sous la forme de deux lettres échangées entre le premier
ministre égyptien Mohamad Mahmoud Pacha et le haut-commissaire britannique(3).
Les deux parties se sont mis d‟accord pour que le Soudan ne retienne pas les eaux du
fleuve au niveau du barrage de Sennar avant que le gouvernement égyptien ne termine
de remplir le barrage d‟Assouan(4).
Le coté égyptien s‟est rassuré avec cet accord qui garantissait le niveau d‟eau dont
l‟Egypte avait besoin. Le côté britannique pour sa part avait accueilli cet accord avec
bienveillance car entre-temps les revendications égyptiennes en faveur d‟une
collaboration avec le Soudan pour dominer les ressources du Nil avaient enfin disparu.
، فػى النيػػؿ فػى اليػػاريخ المصػر الحػػديث و المواصػػر،"3262- 3262 " النيػؿ فػػى الو ػات المص ػرية السػػودانية،السػيد عمػػى أحمػد فميفػػؿ
(1)
.316- 311 ص،7002 ، دار الكيب و الوثائؽ القومية،القاىرة
.313- 310 ص، مرلع سبؽ ذكره،يوناف لبيب رزؽ
(2)
.313 ص،المرلع السابؽ
(3)
.702 ص، مرلع سبؽ ذكره،زاىر رياض
(4)
38
Entre la tranquillité d‟un côté et l‟accueil pacifique de l‟autre, les relations hydriques
égypto-soudanaises allaient se figer pour une durée de trente ans(1).
Avec le traité de 1936, le Soudan a continué d‟être administré selon l‟accord antérieur
de 1899, les soldats britanniques et égyptiens ayant été remis à la disposition du
gouverneur général ce qui revient à dire que la situation des égyptiens était revenue
comme auparavant, en 1924(2).
La classe intellectuelle soudanaise a compris que le sort du Soudan se dessinait sans
qu‟on se préoccupe de son peuple, ce qui fut le point de départ du réveil du mouvement
national au Soudan en 1938. Quelques personnalités de la classe intellectuelle
assistèrent à un congrès culturel dans le but de voter un conseil permanent de
représentation(3). Parmi toutes les questions traitées, la plus importante était la
promulgation d‟une déclaration reconnaissant aux Soudanais
le droit de disposer
(4)
d‟eux-mêmes .
L‟union de la vallée du Nil traversa une crise après que les Soudanais aient demandé à
disposer d‟eux-mêmes. Sur le plan de la stratégie, la Grande Bretagne souhaitait un
maintien de la situation pour conserver le contrôle sur l‟Egypte et sur le canal de Suez
tandis que l‟Egypte souhaitait le départ des forces britanniques dans le but d‟exercer
une domination sur le Soudan en particulier concernant la question de l‟eau.
Les allers retours dans les pourparlers au niveau des deux parties ont finalement
conduit à une double libération : celle des Egyptiens avec le départ des Britanniques
qui perdent le Canal de Suez et celle des Soudanais avec le retrait de l‟Egypte qui
renonce à sa domination sur les eaux du Nil(5).
Les égyptiens ont cependant gardé la certitude que l‟évacuation des Britanniques du
territoire égyptien avait un lien avec le renoncement de l‟Egypte sur le Soudan et que
cette double séparation n‟était qu‟un moyen de prolonger la domination britannique sur
.311- 317 ص، مرلع سبؽ ذكره،يوناف لبيب رزؽ
(1)
.709- 702 ص، مرلع سبؽ ذكره،زاىر رياض
(2)
.721 ص،3222 ، مكيبة األنلمو المصرية، القاىرة، السوداف المواصر،زاىر رياض
(3)
.169 ص،3222 ، دار الثقافة لمنير و اليوزيع، القاىرة، ياريخ مصر و السوداف الحديث و المواصر،يو ى اللمؿ و عبد اهلل عبد الرازؽ
(4)
.312 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(5)
39
le Soudan sans tenir compte des intentions réelles des partis soudanais(1).
L‟Egypte souhaitait défendre ses prérogatives sur le Soudan, en particulier pour les
eaux du Nil, avec le même esprit colonisateur que la Grande Bretagne vis-à-vis du
canal de Suez(2).
Les politiciens égyptiens ne faisaient que reproduire l‟attitude britannique pour se
garantir les eaux du Nil(3). Ceux-ci apparaissaient très matérialistes, bien loin de l‟esprit
de concertation qui aurait dû régner entre les deux peuples(4).
Malgré tout, la Grande Bretagne a réussi à inciter beaucoup de politiciens soudanais, et
même le parti national unitaire qui proclamait l‟Union de la Vallée du Nil, à réclamer
un partage équitable des eaux du Nil entre l‟Egypte et le Soudan(5).
Pour résumer la situation, l‟insistance des politiciens égyptiens pour maintenir une
domination de l‟Egypte sur le Soudan, dans le but de mieux préserver sa prérogative
sur les eaux du Nil, a été un échec. Mais en revanche, cela a incité beaucoup de
soudanais à revendiquer une situation opposée à celle réclamée par les politiciens
égyptiens : il s‟agit du droit pour les soudanais à disposer d‟eux-mêmes et de revoir la
question des eaux du Nil. C‟est sur la base de ce constat qu‟une négociation a pu être
envisagée pour un départ des Britanniques de l‟Egypte, tout en reliant cette question au
droit des Soudanais à disposer d‟eux-mêmes puisqu‟il s‟agit d‟un droit incontestable
pour un peuple frère, sachant que les liens qui unissent les deux pays ne doivent pas se
baser sur des prérogatives de domination héritées de l‟ancienne Egypte.
Par ailleurs, la recherche de nouveaux piliers dans les liens entre les deux peuples, doit
être basée sur une réalité politique, effective et directe pour les relier, sans intervention
de la part d‟une troisième partie. De la même façon, il n‟est pas convenable que
l‟Egypte adopte une position de domination sur un peuple alors que dans le même
temps les forces de la colonisation britannique occupent son territoire.
(1)
Au Soudan il y eut plusieurs partis qu‟il est possible de classer en 2 groupes : en premier, les partis
unionistes qui proclamèrent le principe de l‟union de la vallée du Nil et l‟évacuation rapide des anglais de
l‟Egypte et du Soudan(le parti unioniste, le parti libéral, le parti de l‟union de la vallée du Nil, le parti des
frères) ; et en second, les partis indépendantistes qui proclamèrent l‟indépendance du Soudan (le parti de la
nation, le parti nationaliste).
.309 ص،3291، دار األنصار، القاىرة،3262- 3261 دراسات فى ياريخ الو ات المصرية السودانية، ( نواؿ عبد الوزيز ميد راضى2)
.303 ص،3222 ، الييئة المصرية الوامة لمكياب، القاىرة،3261- 3212 السياسة المصرية يلاه السوداف،يماـ ىماـ يماـ
(3)
.32 ص، كمية البنات لاموة عيف يمس، رسالة دكيوراه غير منيورة،3222- 3261 الو ات المصرية السودانية،أمانى محمد كماؿ الديف الطويؿ
(4)
دار، القػػاىرة،3261 - 3212 الحركػػة السياسػػية السػودانية و الص ػراع المصػر البريطػػانى بيػأف السػػوداف،فيصػؿ عبػػد الػرحمف عمػػى طػو
(5)
.122- 129 ،327 ص،3229 ،األميف
40
C‟est pour cela que le nouveau régime mis en place avec la révolution de 1952 a du
statuer sur les avantages maintenus à l‟Egypte par l‟intermédiaire du Soudan : De
quelle façon fallait-il gérer ces avantages au regard de la vallée du Nil sous la
colonisation britannique ? Fallait-il que l‟Egypte garde son emprise sur le Soudan au
détriment des intérêts des populations des deux pays ou fallait-il au contraire privilégier
la situation des populations en favorisant le départ des britanniques et ainsi chasser la
colonisation?
(1)
A l’époque de Nasser :
En 1952, deux semaines après la révolution, Abd El Nasser réprouve la lenteur des
Britanniques à quitter le pays ainsi que leur stratégie vis-à-vis du Soudan résolument
contraire au principe d‟autonomie des Soudanais alors que la règle de droit des
Soudanais à disposer d‟eux-mêmes doit conduire à l‟obtention de leur indépendance.
Empêcher cela est une façon de conforter la colonisation britannique au détriment des
intérêts des Soudanais, et suivre une telle politique revient à monter que les égyptiens
sont davantage colonialistes que les Britanniques.
Nasser réalisa également que son objectif de croissance économique et sociale au profit
d‟une réforme agraire ne pourra intervenir qu‟en exécutant des projets colossaux sur le
Nil qui ne pourront avoir lieu qu‟après le départ définitif des Britanniques et après
l‟acquisition par les Soudanais du droit à disposer d‟eux-mêmes.
Nasser étudia dans le même temps le dossier du Haut-barrage et la négociation de
l‟affaire du Soudan et fixa des ambitions élevées dans la politique égyptienne vis-à-vis
du Soudan avec une stratégie précise concernant les eaux du Nil et l‟évacuation de la
colonisation britannique(2).
La révolution en Egypte a traité l‟affaire du Soudan en s‟engageant dans une guerre
pour libérer totalement le territoire national égyptien, la vallée du Nil mais aussi toute
l‟Afrique(3).
La Grande Bretagne a utilisé les eaux du Nil comme moyen de pression sur l‟Egypte et
sur ses projets hydriques, en faisant valoir les besoins hydriques du Soudan et en
faisant éclater des troubles dans la vallée du Nil pour heurter les objectifs de l‟Egypte
.369 ،362- 366 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(1)
.327 ،320- 362 ص،المرلع السابؽ
(2)
.73 ص،7007 ، الييئة الوامة لقصور الثقافة، القاىرة، عبد الناصر و الثورة األفريقية،محمد فايؽ
(3)
41
dans la construction du haut barrage. L‟ancienne stratégie britannique fut réactivée(1)
avec l‟inauguration du projet Al Manaqel qui prévoyait de cultiver trois quarts de
millions d‟acres en utilisant les eaux du Nil et avec des accusations répétées envers
l‟Egypte de vouloir s‟approprier la part du Soudan selon l‟accord de 1929. Cela a
poussé les journaux soudanais à mobiliser les habitants contre le projet du Haut
Barrage et de cette manière, la rumeur avancée par la Grande Bretagne allait devenir
une réalité(2).
Il était donc établi que le refoulement des Anglais d‟Egypte, l„injustice de la nouvelle
situation sociale et les prérogatives de l‟Egypte sur le Soudan se trouvaient concentrés
sur le projet du Haut Barrage(3).
La situation du Haut Barrage nécessita des négociations directes entre l‟Egypte et le
Soudan pour arriver jusqu‟à un accord qui fixe la part du Soudan et le financement de
la submersion du nord du pays avec l‟eau du lac. La Grande Bretagne s‟immisça dans
l‟affaire estimant que sa responsabilité restait engagée vis-à-vis du Soudan et délégua
aux négociations monsieur Morris, de nationalité anglaise et conseiller à l‟irrigation
soudanaise. Celui-ci s‟orienta vers une nécessité pour l‟Egypte d‟accepter le
commencement du barrage Roseiros, sans que celui-ci soit lié au projet du Haut
Barrage. Il a insisté sur la question du partage de l‟eau et la détermination des parts en
soulignant que le principe des droits acquis était ignoré(4).
Les négociations égypto-soudanaises ont commencé en 1955 et il était clair que du côté
soudanais l‟affaire de l‟eau était traitée sans référence aux accords précédents. L‟affaire
de la superficie des terres arables a également été débattue pour permettre de fixer les
parts en eaux. Le Soudan a continué de mener ses projets hydriques sans se préoccuper
de leur acceptation par l‟Egypte. Sur un autre plan, le Soudan demanda une
indemnisation pour n‟importe quel préjudice causé par n‟importe quel projet ainsi que
la participation des autres pays du bassin du Nil encore colonisés. Cela est un
indicateur clair de l‟accès de la Grande Bretagne à la table des négociations, non
.396 ص،3220 ، القاىرة، الزعيـ األزىر و عصره،بيير محمد سويد
(1)
مويد، لاموة القاىرة، رسالة مالسيير غير منيورة، ميروع اللزيرة فى المفاوضات المصرية البريطانية،حسف عمى أحمد المكحؿ اليريؼ
(2)
.16 ص،البحوث و الدراسات األفريقية
.322 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(3)
.707- 703 ص،3290 ، اليار ة، الحركة الوطنية السودانيةح اإلسيق ؿ و ما بوده،خضر حامد
(4)
42
seulement par la présence du conseiller Morris mais aussi avec les négociations menées
au nom des autres colonisations britanniques dans le bassin du Nil(1).
Du côté égyptien, l‟argumentation s‟est appuyée :
- sur le maintien des droits acquis,
- sur la nécessité de prendre en considération le nombre d‟habitants comme élément
déterminant dans le partage de l‟eau,
- sur la nécessité de fixer les besoins en eaux du Nil pour l‟irrigation dans les deux
pays, faisant allusion à la pluie qui tombe au Soudan,
- sur un besoin évident de soumettre le partage des eaux entre les deux pays en
fonction des pluies mesurées à Assouan
- sur une définition complète des mesures de financement.
Les négociateurs égyptiens ont confirmé leur engagement total aux accords précédents
ainsi que le droit pour l‟Egypte à exprimer ses revendications dans n‟importe quel
nouveau projet hydrique concernant le Soudan(2).
Pour les négociateurs égyptiens, il est devenu clair que les Britanniques se
maintenaient
dans une position obstinée, non constructive, fondée sur un avantage
privé à court terme, c‟est à dire le barrage Roseiros ce qui faisait passer le Haut
Barrage au second plan. Sur ce point, la réponse des négociateurs égyptiens étaient de
montrer leur non-précipitation dans l‟affaire du Haut Barrage ou, dans le but d‟aboutir
à un accord, de communiquer avec les diverses organisations internationales pour
justifier n‟importe quelle protestation au sujet du financement d‟un projet hydrique non
admis par l‟Egypte(3). Enfin, Nasser fit des déclarations directes pour assurer que
l‟Egypte maintenait la construction du Haut Barrage à Assouan sans l‟accord de qui
que ce soit(4).
Les autorités égyptiennes ont poursuivi malgré tout l‟avancement du projet sans
s‟intéresser aux manœuvres britanniques et sans se préoccuper de la position du
gouvernement soudanais d‟Ismaïl El Azhari. Cela devint évident après la déclaration
.702- 701 ص،المرلع السابؽ
(1)
.327- 323 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(2)
.717- 713 ص، مرلع سبؽ ذكره،أمانى محمد كماؿ الديف الطويؿ
(3)
. يق رير سر مرفوع لرئيس اللميورية، سر لمغاية،7/1/2/112 ممؼ ر ـ،31 محفظة ر ـ، أرييؼ،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(4)
43
historique de Nasser de nationaliser le canal de Suez le 26 juillet 1956 et cette annonce
radiodiffusée a donné une direction irrévocable à la construction du Haut Barrage(1).
L‟Egypte venait à peine de se débarrasser de l‟agression tripartite quand Abdallah
Khalil, successeur de d‟Ismaïl El Azhari a surpris tout le monde avec plusieurs
interventions de sa part pour s‟élever contre l‟opposition internationale au projet du
Haut Barrage. Il y eut notamment ses déclarations concernant les intérêts de l‟Ouganda
et de l‟Ethiopie, ses paroles au sujet de l‟attitude de la Grande Bretagne concernant les
droits de ses colonies sur les eaux du Nil. Il se rajoute à cela l‟accueil du vice-président
américain Nikson en 1957 qui a été à l‟origine d‟une fondation dédiée aux pays
concernés par les eaux du Nil et enfin la déclaration de l‟Ethiopie pour sa décision de
construire un barrage sur le Nil Bleu à 2 km du lac Tana(2).
Le plus surprenant reste que l‟incursion des puissances extérieures a été sur le point
d‟exposer l‟Egypte et le Soudan à une usurpation de leurs intérêts hydriques jusqu‟à
devenir nuisibles pour les deux pays. Les Etats Unis exerçaient une forte pression sur
l‟Egypte avec des propositions d‟installations hydriques et électriques en Ethiopie et
avec le démarrage d‟un grand barrage sur le lac Tana. Cela concernait aussi la
nécessité d‟élever le barrage Sennar pour absorber les débordements du Nil Bleu
résultant des effets négatifs du barrage sur le lac Tana (3). Le Soudan et l‟Egypte se sont
donc trouvés dans une situation identique concernant les eaux du Nil. Pour une
personne sensée, il était devenu évident que leurs avantages étaient devenus communs
et que les interventions étrangères leur causaient des ennuis en rafale.
Tous les scientifiques travaillant sur le sujet des eaux du Nil avaient compris que les
intérêts du Soudan étaient unis à ceux de l‟Egypte et malgré cela, le gouvernement
d‟Abdallah Khalil fit savoir à la Grande Bretagne et à l‟Egypte qu‟il ne respecterait
plus les accords de 1929. Quelques scientifiques ont essayé de lui dire que les
frontières du Soudan avaient été tracées par les autorités colonialistes et que par
conséquent ce qui s‟applique aux frontières s‟applique aussi pour l‟eau. Mais le
gouvernement soudanais a continué d‟aller à l‟encontre de ses intérêts.
.326 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(1)
بي ػػاريخ، يقري ػػر مرف ػػوع م ػػف إدارة الي ػػئوف األفريقي ػػة، المو ػػؼ السياس ػػى ف ػػى الس ػػوداف، 31 محفظ ػػة ر ػػـ،أري ػػيؼ و ازرة الخارلي ػػة المصػ ػرية
(2)
.3262 / ابريؿ/31
و كػذلؾ عػف3262/2/2 بيػاريخ، القسـ السياسػى،3262 اليقرير اليير عف يونيو،7ح172 محفظة،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(3)
.3269/3/31 إلى وكيؿ و ازرة الخارلية فى، مف السفير محمود سيؼ اليزؿ خميفة932 إفاده،6 نفس المصدرح
44
A cette période, l‟Egypte fit preuve de patience à l‟égard du gouvernement d‟Abdallah
Khalil et dans le maintien des relations publiques, en facilitant le déplacement des
soudanais vers l‟Egypte, en adoptant une politique préférentielle pour les marchandises
en provenance du Soudan et même en renonçant au principe d‟une égalité de
traitement concernant les visas : pour les Soudanais, le visa égyptien était accordé le
jour même de la demande pour une durée de 3 mois alors que le gouvernement
soudanais accordait un visa de 2 semaines seulement avec un délai de 2 jours pour un
diplomate ou 5 jours pour un citoyen égyptien
(1)
.
Un incident diplomatique se produisit à l‟initiative du gouvernement d‟Abdallah Khalil
pour l‟accueil du conseiller de l‟ambassade égyptienne à Khartoum. Après 2 jours,
celui-ci a dû quitter le Soudan, au motif que sa présence était indésirable, après qu‟un
rapport de la police soudanaise a déclaré son activité douteuse
(2)
. Après cet épisode,
l‟Egypte décida d‟adopter la même attitude vis-à-vis des Soudanais, pour faire pression
sur les gouvernements, et cette mesure fut plutôt bien accueillie par les citoyens
soudanais en Egypte (3).
C‟est pendant ces manœuvres « khaliliennes » que l‟accord de construction fut donné
pour la 1ère étape du Haut Barrage, en octobre 1958 (4).
A ce moment, Abdallah Khalil invita les pays du Nil Blanc à un congrès pour examiner
l‟affaire, ce qui veut dire qu‟il négocia des transformations avec la Grande Bretagne. Il
s‟envola ensuite vers l‟Ethiopie, pour y rencontrer l‟empereur et pour étudier la
situation avec celui-ci et un responsable des affaires étrangères américaines. C‟est
après un second séjour à Addis-Abeba que l‟Ethiopie déclara son absence
d‟engagement dans n‟importe quel accord avec l‟Egypte et le Soudan. Elle estimait
avoir le droit absolu d‟exécuter des projets agricoles, irrigables et électriques dès
lors que ceux-ci se trouvent à l‟intérieur de ses frontières. Par conséquent, elle ne
.399- 392 ،322 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(1)
، مػذكرة يحيػى عبػد القػادر مسييػار السػفارة المصػرية بػالخرطوـ،7 ح7/39/211 ممؼ،31 محفظة ر ـ،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(2)
.3269 يوليو72
.3269 يوليو72- 70 يقارير صحفية عف الفيرة مف،7 ح1/32/211 ممؼ،36 محفظة ر ـ،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(3)
مقػاب ت سػفير مصػر مػع بوػض، اليقػارير السياسػية،3 ح32/12/3/7 ممػؼ ر ػـ،3722 محفظة ر ـ،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(4)
.3269/2/70 بياريخ،القيادات السودانية
45
reconnaissait aucun accord puisqu‟elle n‟était pas membre adhérent dans cette
entente(1).
Une campagne s‟éleva ensuite contre Abdallah Khalil car une comparaison fut établie
entre la relation égypto-soudanaise d‟une part et celle du gouvernement soudanais et
des pays de l‟Occident d‟autre part, en insistant sur une communauté fraternelle entre
Egyptiens et Soudanais opposée au soutien d‟Abdallah Khalil par les puissances
colonialistes d‟Occident.
La crise réside également sur le fait que l‟orientation du
gouvernement soudanais suivait un programme de l‟Occident alors que l‟Egypte
aspirait à voir le Soudan prendre son indépendance pour être dirigé par Khartoum et
non par les capitales occidentales(2).
Beaucoup de journaux et de politiciens ont soutenu le point de vue égyptien, en
dénonçant l‟attitude d‟Abdallah Khalil. L‟ancien premier ministre Ismaïl El Azhari
déclara que l‟intérêt du Soudan était la suppression de l‟aide américaine, l‟amélioration
de sa relation avec l‟Egypte ainsi que la non suppression de l‟accord de 1929 et il
demanda que Abdallah Khalil soit écarté du gouvernement(3).
En novembre 1958, Abdallah Khalil remit le pouvoir au général Ibrahim Aboud, le
commandant de l‟armée, en annonçant que cela lui était imposé pour éviter un coup
d‟état. Le risque d‟un coup d‟état n‟est absolument pas fondé, par contre, il est vrai que
le gouvernement de Khalil venait de tomber au début de la réunion du parlement. Cela
était dû à une alliance entre le parti national unioniste conduit par son leadership Ismaïl
El Azhari et le parti du peuple représenté par Ali Abdel Rahman son leadership, qui
avait été accueillie au Caire pour se coordonner(4). Ce n‟est donc pas un coup d‟état
puisque c‟est le gouvernement civil qui a transféré son pouvoir à l‟armée(5).
، القػػاىرة، مويػػد البحػػوث و الد ارسػػات الوربيػػة، رسػػالة لنيػػؿ الػػدكيوراه،3262- 3267 سياسػػة مصػػر يلػػاه السػػوداف،حنػػاف محمػػود عػػزوز
(1)
.769 ص،7001
فػ ػ ػ309/377/ س،330/6 محفظ ػ ػػة ر ػ ػػـ، م ػ ػػذكرة إدارة األبح ػ ػػاث،7 ح32/122/7 مم ػ ػػؼ ر ػ ػػـ،أري ػ ػػيؼ و ازرة الخارلي ػ ػػة المصػ ػ ػرية
(2)
.3269/33/37
مف الوزير المفوض القائـ باألعماؿ محمد سامى إلى وكيػؿ و ازرة7/92/211 ممؼ ر ـ،37 محفظة ر ـ،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(3)
.3262/30/6 بياريخ،الخارلية
.721 ص، مرلع سبؽ ذكره،أمانى محمد كماؿ الديف الطويؿ
(4)
بيػ ػ ػػاريخ، يقريػ ػ ػػر الس ػ ػػفير المص ػ ػػر ب ػ ػػالخرطوـ، 7 ح32/122/7 مم ػ ػػؼ ر ػ ػػـ،3722 محفظػ ػ ػػة ر ػ ػػـ،أري ػ ػػيؼ و ازرة الخارلي ػ ػػة المصػ ػ ػرية
(5)
.3269/37/33
46
La chute du gouvernement a eu plusieurs causes, tels que le mécontentement de
l‟opinion publique et des puissances politiques soudanaises, le refus du Soudan à
reconnaitre les accords concernant les eaux du Nil mais la cause la plus importante
reste son opposition à l‟Egypte. L‟affaire des eaux du Nil était donc devenue une cause
majeure dans la crise du gouvernement de Khalil puis de sa chute(1).
Après avoir pris le pouvoir, le général Ibrahim Aboud, commandant général de l‟armée
soudanaise, déclara que la priorité absolue restait le maintien d‟une bonne relation avec
l‟Egypte, la reconnaissance de son gouvernement, des accords et des pactes(2), ce qui a
permis de relancer des problèmes restés en suspens à commencer par l‟affaire du
Haut Nil(3).
Cette décision confirme que les tensions relatives à l‟eau étaient purement artificielles
et que la mauvaise gestion des relations communes révélait davantage une façon de
parler qu‟une crise réelle. De cette façon, la rencontre égypto-soudanaise pour les
négociations relatives à l‟eau du Nil n‟était plus qu‟une question de temps, ce qu‟a
confirmé le côté soudanais en août 1959 (4).
Le 8 novembre 1959, monsieur Zakariya Mohy El Din et le général Mohamad Talaat
Farid, un membre du conseil suprême des forces armées et le ministre des
renseignements et du travail du côté soudanais, ont signé un accord qui sera nommé
« l‟accord concernant l‟utilisation des eaux du Nil » pour le compte de la République
Arabe Unie et de la République du Soudan. Des deux côtés, les accords de délégation
ont été échangés et authentifiés pour autoriser les deux représentants à signer au nom
de leur gouvernement respectif. Une vérification du compte rendu des signatures
viendra plus tard lever le doute sur cet accord alors que deux exemplaires originaux
avaient été remis aux deux pays signataires pour confirmer officiellement le document
et pour écarter tout risque de contestation(5).
L‟élément le plus important de cet accord concerne la coopération technique des deux
pays riverains dans la vallée du Nil, avec la fondation de « l‟Organisation Technique
.707 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(1)
.721- 720 ص، مرلع سبؽ ذكره،حناف محمود عزوز
(2)
. يقرير عف سياسة أثيوبيا الخارلية و ع ييا بمصر، 1/10/12 ممؼ ر ـ،3332 محفظة ر ـ،أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية
(3)
.792 ص، مرلع سبؽ ذكره،حناف محمود عزوز
(4)
.)3262 مارس32( ىلر3129 رمضاف2 االثنيف،377 الودد،الو ائع المصرية
(5)
47
Permanente des Eaux du Nil » constituée d‟un nombre égal d‟experts pour les deux
pays chargés d‟entretenir une relation permanente entre les deux pays.
Cette organisation était devenue l‟élément de référence dans la relation entre l‟Egypte
et le Soudan, et reposait sur deux piliers, qui sont le maintien des relations sociales et la
protection des relations hydriques. En cas de désaccord entre les politiciens, des
relations durables pouvaient ainsi être préservées contre les séismes politiques et leurs
conséquences.
Avec l‟accord de 1959, les pays sous protection colonialiste se sont vus reconnaître le
droit de discuter les termes de cet accord(1). Les puissances soudanaises hostiles au
régime militaire n‟étaient pas opposées ni aux principes de l‟accord ni à ce qu‟il
représentait, seulement après la chute du régime en 1964 quand les politiciens (en
particulier le parti de la nation) ont commencé à s‟en prendre au régime militaire
dictatorial, à la fois dans le cadre des offensives dirigées vers le régime mais aussi
contre les relations égypto-soudanaises. Et cela s‟est produit malgré la contre signature
de l‟accord adopté par un parlement élu et par les représentants d‟un régime qui s‟était
emparé du pouvoir.
Par référence aux relations existantes entre les deux pays, il est prouvé que le régime
du général Aboud n‟était pas un coup d‟état ni dans l‟organisation judiciaire de son
gouvernement ni dans la façon de gérer les relations sociales. C‟est Abdallah Khalil qui
fut à l‟origine du retournement de situation, et lorsque les relations entre l‟Egypte et le
Soudan se sont détériorées sur tous les plans, c‟est à dire nilotiques, économiques,
commerciales et sociales, certains leaders politiciens du parti de la nation ont préféré
qu‟un nouveau dirigeant prenne le pouvoir pour redresser la situation.
Et même si les représentants du parti national ont essayé de montrer que l‟accord
concernant l‟eau est intervenu dans des conditions exceptionnelles de bouleversement,
cet accord est venu matérialiser des intérêts communs aux deux pays pour la gestion du
fleuve, en les réunissant d‟un seul bloc face aux pays tiers. Et si cet accord a résisté aux
périodes de doute et aux tentatives de suspicions, y compris lorsque le parti national en
a été responsable, c‟est pour la simple raison que les calculs réalisés par les techniciens
.أحكاـ عامة مف اإليفا ية- البند خامسا،المرلع السابؽ
(1)
48
ont prêté attention aux événements, à la réalité des chiffres, sans prendre en compte les
profits militaires ou politiques(1).
Les axes principaux sur lesquels se sont basées les politiques de Nasser vis-à-vis du
Soudan peuvent être résumés autour des quatre points suivants :
-
le premier point est basé sur le maintien des intérêts hydriques égyptiens au
Soudan. Cet axe se matérialise avec la signature de l‟accord en 1959, en
remarquant qu‟il a été le premier, trente années après celui de 1929. Cet accord a
été réalisé pour faire face à la nouvelle situation hydrique après le début de la
construction du Haut Barrage.
-
Le deuxième point est basé sur une politique de pacification dans les relations entre
les gouvernements se trouvant à Khartoum sans créer de difficulté.
-
Le troisième point est basé sur la politique volontariste de l‟Egypte, pour un
maintien de sa présence effective au Soudan, sous n‟importe quelle condition. Le
meilleur exemple de cette présence se traduit sur le plan culturel.
-
Le quatrième et dernier point est basé sur un appui stratégique au Soudan pour
l‟Egypte (en effet, certaines forces de l‟armée égyptienne, en particulier celles de
l‟aviation, ont été transférées au Soudan, après la guerre de 1967 afin de les
éloigner des bombardements israéliens)
(2)
.
A l’époque de Sadat
Les relations égypto-soudanaises ont vu une amélioration sensible à partir des années
soixante-dix jusqu‟à la chute du régime Noméri en 1985.
Les caractéristiques principales de cette amélioration se situent sur les axes suivants :
-
L‟aide de l‟Egypte et de la Lybie à Noméri pour rétablir le pouvoir après le coup
d‟état de 1971
-
La participation des forces soudanaises à la guerre d‟octobre 1973
-
La signature du programme politique et d‟intégration économique par l‟Egypte et le
Soudan en 1974(3) pour un développement des puissances économiques, politiques
.736- 731 ص، مرلع سبؽ ذكره،السيد عمى أحمد فميفؿ
(1)
.310- 312 ص،7006 ، الييئة المصرية الوامة لمكياب، القاىرة، يئوف و يلوف ياريخية،يوناف لبيب رزؽ
(2)
،القاىرة، "الو ات المصرية السودانية الميراث الياريخىح مدركات و سموؾ" فى المدرسة المصرية فى السياسة الخارلية،إبراىيـ نصر الديف
(3)
.696- 691 ص،7007 ،مركز البحوث و الدراسات السياسية
49
et intellectuelles des deux pays(1) y compris la signature de plusieurs protocoles
renfermant le projet du canal Gongleï en 1974(2).
-
La signature de plusieurs accords entre l‟Egypte et le Soudan, parmi lesquels :
l‟accord de défense commune en 1976, celui de la coopération pour l‟hygiène et le
médical en 1977, celui pour l‟encouragement et la protection de l‟investissement en
1977, et beaucoup d‟autres(3)….
-
La position du Soudan qui, avec très peu de pays arabes, a conservé ses liens
diplomatiques avec l‟Egypte, après que l‟accord de paix a été signé entre l‟Egypte
et l‟Israël(4).
La politique égyptienne vis-à-vis du Soudan a reconnu officiellement une activité
remarquable, bien que dans les faits, la réalisation des accords signés entre les deux pays
soit restée limitée, et cela, malgré des slogans et des objectifs ambitieux(5). Cette situation
s‟explique par un manque d‟études pour traiter les difficultés et les interrogations des deux
pays et par un manque de concertation(6). Il faut ajouter à cela qu‟il n‟y avait pas de volonté
réelle pour transformer ces accords en réalisations concrètes et aussi que ces accords ont
été repoussés de la part des organisations nationales opposées au régime Noméri, en
constante augmentation(7).
Concernant le fleuve du Nil, le gouvernement égyptien a commencé en 1926 à établir un
projet de construction de canal pour drainer l‟eau de la région El Sudud, au sud du
Soudan, à Bahr El Gabal, Bahr El Gazal, El Zaraf et le Subat. Le gouvernement égyptien a
présenté ce projet au gouvernement anglais du Soudan, en 1928, sous le nom de « projet du
Nil équatorial ». Le Soudan a alors demandé une modification sur le projet pour y intégrer
مركز، القاىرة،" مسيقبؿ الو ات المصرية السودانية " فى الو ات المصرية السودانية الماضى و الحاضر و المسيقبؿ،عبد الممؾ عودة
(1)
.201- 201 ص،3220 ،البحوث و الدراسات السياسية
.696 ص، مرلع سبؽ ذكره،إبراىيـ نصر الديف
(2)
مركزالبحوث، القاىرة، فى سياسة مصر الخارلية فى عالـ ميغير،" " السياسة المصرية يلاه السوداف م حظات أولية،أسامة الغزالى حرب
(3)
.269 ص،3220 ،و الدراسات السياسية
.696 ص، مرلع سبؽ ذكره،إبراىيـ نصر الديف
(4)
.222 ص، مرلع سبؽ ذكره،أسامة الغزالى حرب
(5)
.201 ص، مرلع سبؽ ذكره،عبد الممؾ عودة
(6)
.222 ص، مرلع سبؽ ذكره،أسامة الغزالى حرب
(7)
50
la ville de Gongleï et le fleuve Sobat. Les études menées pour ce nouveau projet ont été
achevées en 1946 et resteront dans l‟oubli jusqu‟en 1974, c‟est-à-dire jusqu‟à la signature
d‟un accord officiel par l‟Egypte et le Soudan pour la construction et le financement du
canal(1).
Les deux pays se sont regroupés, à l‟écart du projet du canal Gongleï et n‟ont pas ouvert de
relations politiques avec les autres pays du fleuve car l‟accord de creuser le canal de
Gongleï 1 et 2 a été le dernier projet d‟envergure sur le Nil à l‟intérieur du Soudan, et que
désormais pour tout projet en dehors de celui-ci, les accords devaient intervenir avec tous
les pays du bassin du Nil.
Dans le bassin du Nil, d‟autres pays ont commencé à discuter des projets d‟irrigation
permanente pour leur territoire, en faisant valoir leurs propres intérêts concernant l‟eau et
l‟électricité, comme par exemple les projets de l‟Ethiopie, et ceux autour du lac Victoria en
Ouganda et en Tanzanie, ou ceux pour une fondation concernant l‟organisation du fleuve
Kagira entre la Tanzanie, l‟Ouganda, le Burundi et le Rwanda (2).
En 1976, l‟Egypte et le Soudan ont signé un contrat avec la société française des
constructions internationales CCI, mais le projet a été interrompu en 1983 avec la guerre
qui a éclaté au sud du Soudan, mais aussi à cause de plusieurs litiges sur l‟avancement du
projet(3). Il y eut aussi des rumeurs non fondées, auxquelles contribua l‟Israël, pour
présager que le canal allait assécher les marais et les prairies, privant les bêtes de leur
pâturage et entrainant l‟avancée du désert. D‟autres rumeurs ont couru au sujet d‟une
colonisation égyptienne, d‟une émigration des paysans égyptiens pour s‟installer au sud du
Soudan(4).
D‟une façon générale, la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan est restée tempérée tout
au long du régime de Noméri, c‟est-à-dire à partir des années 70 et jusqu‟à la moitié des
années 80, et cela, malgré toutes les réalisations annoncées sur le plan officiel(5). Cette
période n‟a pas connu de situation de crise entre les deux pays concernant les eaux du Nil.
.32 ص،3223 يوليو،306 عدد، السياسة الدولية،" " نحو بنات نظاـ لديد لميواوف اإل ميمى فى حوض النيؿ،أنس مصطفى كامؿ
(1)
.201- 201 ص، مرلع سبؽ ذكره،عبد الممؾ عودة
(2)
.32 ص، مرلع سبؽ ذكره،أنس مصطفى كامؿ
(3)
.92 ص،7030 ، مكيبة اليروؽ الدولية، القاىرة، إسرائيؿ فى النيؿ،زبيده عطا
(4)
.222 ص، مرلع سبؽ ذكره،أسامة الغزالى حرب
(5)
51
A l’époque de Moubarak
En 1982, est intervenue la signature d‟une charte d‟intégration entre l‟Egypte et le
Soudan, et malgré cela, les réalisations n‟ont pas été à la hauteur des attentes. Ce manque
de réalisation a montré que ces accords d‟intégration ne visaient qu‟un seul but, celui de
protéger le régime soudanais(1).
A la fin du régime de Noméri, les pratiques ont conduit à affaiblir les relations entre les
deux pays, en particulier avec la déclaration d‟application des lois du droit musulman en
1983, l‟augmentation de la répression contre les partis d‟opposition qui pensaient que ce
régime bénéficierait du soutien de la part du gouvernement égyptien, et enfin avec ses
agissements dont le but étaient de neutraliser toutes les tentatives de l‟Egypte à sortir de
son isolement arabique pendant cette période(2).
En 1985, l‟armée bougea et renversa le régime de Noméri. Un conseil militaire
provisoire, ayant à sa tête Abdel Rahman Sowar El Dahab, s‟empara du pouvoir pour un an
durant lequel des élections parlementaires eurent lieu. Un gouvernement élu avec El Sadeq
El Mahdi comme président accéda au pouvoir de 1986 jusqu‟à 1989 (3).
Durant cette période, les relations entre les deux pays devinrent le plus souvent
agressives(4). Le gouvernement soudanais ne s‟est pas contenté de refuser tous les accords
de l‟époque Noméri mais il a repoussé tous les pactes qui avaient été signés antérieurement
entre l‟Egypte et le Soudan comme par exemple l‟accord concernant l‟eau du Nil
de 1959, l‟engagement pour une redistribution occasionnelle des eaux du Nil en faveur de
l‟Egypte, et l‟ouverture du dossier concernant des frontières(5).
En 1989 l‟armée renversa le régime civil avec Omar Hassan El Bachir qui mena le coup
d‟état pour ensuite accéder au poste de présidence de la République(6).
، مركز دراسات الوحدة الوربية، بيروت، فىدراسة فى الو ات السياسية الوربية،" "النظاـ اإل ميمى الوربى،لميؿ مطر و عمى الديف ى ؿ
(1)
.326 ص،3292
فى الو ات المصرية السودانية الماضى و الحاضر،" " الو ات السودانية المصرية ما بيف اليكامؿ و ميثاؽ اإلخات،مرغنى النور لاويش
(2)
.212 ص،3220 ، مركز البحوث و الدراسات السياسية، القاىرة،و المسيقبؿ
.21 ص،7002 ، مويد البحوث و الدراسات األفريقية، القاىرة، دليؿ الدوؿ األفريقية، محمد عايور ميد
(3)
.219 ص، مرلع سبؽ ذكره،مرغنى النور لاويش
(4)
الييئػة المصػرية الوامػة، القػاىرة، ميػاه النيػؿ فػى السياسػة المصػرية ث ثيػة الينميػة و السياسػة و الميػراث اليػاريخى،أيمف السيد عبد الوىاب
(5)
.332 ص،7002 ،لمكياب
.21 ص، مرلع سبؽ ذكره، محمد عايور ميد
(6)
52
Les relations égypto-soudanaises se sont peu à peu crispées jusqu‟à produire une véritable
lutte dans les assemblées internationales. L‟alliance entre El Bachir et Hassan El Torrabi a
conduit le régime islamiste à s‟installer et cette méthode radicale a été désapprouvée par
l‟Egypte.
Le désaccord idéologique entre les deux régimes a accentué leurs différends, en
particulier :
-
La mésentente frontalière entre les deux pays, que les périodes de relations tendues
ont fait ressortir à plusieurs reprises ;
-
La question de l‟eau du Nil que souhaite régulièrement évoquer le Soudan pour
revoir l‟accord de 1959
-
Les possessions de la mission égyptienne rattachées au ministère de l‟irrigation qui
ont été confisquées par le Soudan ainsi que la fermeture de la branche de
l‟université du Caire à Khartoum
Le désaccord s‟amplifia et provoqua la rupture des relations entre les deux pays après la
tentative d‟assassinat de Moubarak en 1995 pendant sa présence à la conférence du
sommet africain en Ethiopie, à Addis-Abeba et l‟Egypte a montré que le Soudan avait été
impliqué dans cette tentative(1).
Sur le plan idéologique, l‟identité au régime radical soudanais peut clairement être
rapprochée avec la domination du front national islamique sur le gouvernement, avec
l‟effort d‟imposer son modèle intellectuel au niveau régional. Par opposition au régime
égyptien, cela a été la cause essentielle de la série de crises survenue avec l‟Egypte. En ce
qui concerne l‟eau du Nil, les relations de l‟Egypte avec le Soudan ont souvent été
ponctuées par de profonds désaccords(2).
Le gouvernement soudanais a commencé la construction du barrage Roseiros sur une
hauteur d‟environ 10 mètres pour constituer une réserve d‟eau d‟environ 4 milliards de m3.
En plus d‟accroitre la production électrique de 50%, cela a apporté une aide pour
l‟irrigation sur 1,5 millions d‟âcres jusqu‟alors cultivés grâce à l‟eau des pluies.
Par ailleurs, le commencement des travaux pour le canal Kenana et pour celui d‟El-Rohd
permettra au Soudan d‟économiser environ 6 milliards de m3 d‟eau, venant se soustraire du
.370 ص، مرلع سبؽ ذكره،أيمف السيد عبد الوىاب
(1)
.373- 370 ص،المرلع السابؽ
(2)
53
volume annuel se déversant dans le Haut Barrage. Cela s‟est produit sans coordination
avec l‟Egypte ce qui constituait une violation de l‟accord de 1959 (1).
Les mauvaises relations égypto-soudanaises ont continué après l‟arrêt des travaux
communs de l‟Organisme Technique Permanent pour l‟eau du Nil en décembre 1992 (cette
organisation se réunira malgré tout encore une fois en 1998) et plus tard, l‟alliance égyptosoudanaise concernant le domaine de l‟eau s‟arrêta définitivement. Le Soudan se dirigea
vers une négociation avec l‟Ethiopie pour l‟eau du Nil et il en résulta un accord soudanoéthiopien pour un projet sur le Nil Bleu en 1992. Et si ces accords avaient été menés à leur
terme, cela aurait constitué une véritable menace pour les acquis issus de l‟accord de 1959.
Dans les faits, les relations soudano-éthiopiennes se sont dégradées à cause de la politique
menée par le Soudan dans son idéologie vis-à-vis des pays voisins. La coopération
hydrique a donc été stoppée. Cependant, le fantôme des manœuvres soudanaises
restera présent au niveau de la politique générale des projets hydriques dans tout le bassin
du Nil(2).
En 1995, le chef du Front National Islamique Soudanais Hassan El Torrabi est aussi à ce
moment-là un homme d‟influence dans le gouvernement dirigeant du Soudan qui rejette
l‟accord de 1959 et menace même de le faire sauter(3). Malgré cela, les communications
continuèrent entre l‟Egypte et le Soudan sur le plan des échanges ministériels(4) dans
lesquels le ministre de l‟irrigation Abou Chouri assura l‟engagement de son pays aux
accords de 1959(5).
La réunion des deux présidents Moubarak et El Bachir au Caire a eu lieu en 1996 en marge
du sommet arabe, et le ministre des affaires étrangères Amr Moussa fut amené à préciser
les trois conditions nécessaires à une amélioration des relations égypto-soudanaises :
l‟acceptation de remettre les terroristes devant la justice égyptienne, le respect des relations
de bonne entente entre les deux pays et la résolution du problème des possessions
égyptiennes au Soudan(6).
ف ػػى مص ػػر و أفريقيػ ػػا مس ػػيرة الو ػػات ف ػػى عػ ػػالـ،" " ال ػػدور اإل ميمػ ػػى الم ص ػػر ف ػػى أفريقي ػػا و ميغي ػ ػرات اليس ػػوينات،محم ػػود أب ػػو الوين ػػيف
(1)
.361 ص،3222 ، مويد البحوث و الدراسات األفريقية، القاىرة،ميغير
.61 ص،3222 ، مركز الدراسات السياسية و اإلسيراييلية، القاىرة، مياه النيؿ فى القرف الويريف،عبد الممؾ عودة
(2)
.370 ص، مرلع سبؽ ذكره،أيمف السيد عبد الوىاب
(3)
.7002 أغسطس6، لريدة األىراـ،"" مسيقبؿ الو ات المائية بيف مصر و دوؿ حوض النيؿ،مغاور يحايو دياب
(4)
.332 ص، مرلع سبؽ ذكره،أيمف السيد عبد الوىاب
(5)
.313 ص،7007 ، مويد البحوث و الدراسات األفريقية، ا لقاىرة،7007- 7003 اليقرير اإلسيراييلى األفريقى،محمود أبو الوينيف
(6)
54
Ces évolutions ont poussé les deux pays sur une nouvelle voie dans leurs relations, et le
plus important a été l‟échange respectifs des ambassadeurs du Caire et de Khartoum, le
retour de la navigation fluviale entre Assouan et Wadi Halfa, et enfin les efforts vers une
réouverture des universités et des instituts égyptiens au Soudan(1).
En 1999, le président soudanais décida de faire machine arrière : il écarta Hassan El
Torrabi du pouvoir et le fit arrêter. Cet événement a été un fait marquant dans le
changement de la politique du Soudan. Le Caire a été la première capitale visitée par le
président soudanais à l‟occasion de ses déplacements à l‟extérieur et avec cette visite, une
nouvelle page fut tournée pour que les relations égypto-soudanaises soient désormais
basées sur une bonne entente, pour garantir une concertation dans les problèmes régionaux,
une coordination et une consultation entre les deux pays(2).
Les derniers désaccords, comme cela sera mentionné plus tard, placeront l‟Egypte et le
Soudan d‟un côté et le reste des pays riverains du Nil de l‟autre. Cette situation est apparue
au cours des réunions ministérielles des pays du bassin du Nil en 2009 et 2010 et elle
souligne l‟importance d‟une coordination continuelle entre l‟Egypte et le Soudan pour
protéger leur part d‟eau du Nil car les deux pays continuent de refuser toute remise en
cause de leurs droits historiques. Sur ce fait, Le Caire et Khartoum sont d‟accord sur le
besoin impératif de se coordonner de part et d‟autre pour pouvoir parler d‟une seule et
même voix dans toutes les négociations concernant le partage des eaux du Nil(3).
Le regard attentif de la politique égyptienne sur l‟attitude du Soudan pendant cette période
conduit à souligner plusieurs points et notamment :
-
Ce qui pourra être nommé « une mission minimaliste ». En effet, quand la politique
extérieure d‟un pays consiste à protéger ses intérêts nationaux et à vouloir les
développer, cela signifie que des actions doivent s‟engager dans plusieurs domaines
tels que la sécurité, la politique, l‟économie, l‟éducation, etc. … Cela signifie aussi
que le minimum d‟une telle politique doit garantir pour l‟essentiel la sécurité du
pays. Et pour ce qui est de la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan, ce
.373 ص، مرلع سبؽ ذكره،أيمف السيد عبد الوىاب
(1)
.373 ص،المرلع السابؽ
(2)
.702 ص،7002 أكيوبر،329 عدد، السياسة الدولية،" "الو ات المصرية السودانية فى عالـ ميغير،أسمات الحسينى
(3)
55
minimum a consisté à protéger les intérêts fondamentaux découlant de l‟eau et des
frontières communes.
-
La
prédominance
d‟une
information
bureaucratique
officielle
sur
une
communication publique et politique et avec cela, une politique de communication
pénalisée par une démarche minimaliste de l‟Egypte dans ses relations extérieures.
L‟information dans les milieux populaires a toujours continué d‟exister très
largement au Soudan comme en Egypte, bien au-delà des relations officielles entre
les deux pays.
-
Le favoritisme régional pour les écoles, les missions religieuses et sanitaires qui
continuent de se réunir que dans le bassin du Nil, avec une participation presque
toujours inexistante de l‟Egypte, à titre officiel ou populaire, à l‟est, à l‟ouest et au
sud du Soudan. Sur ce point, la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan ne
favorisait ni les relations ni les affaires entre les deux pays et de ce point de
vue, cette politique a davantage ressemblé à une « cause perdue » qu‟autre-chose(1).
En conclusion, les relations égypto-soudanaises ont traversé plusieurs crises hydriques
superficielles, dans les années 40 du 20 ème siècle jusqu‟au moment où la politique
égyptienne s‟est durcie vis-à-vis du Soudan pour s‟approprier l‟eau du Nil, écartant
toute bienveillance à l‟égard des partis soudanais, ce qui va finalement conduire les
soudanais à réclamer leur droit à disposer d‟eux-mêmes. La grande Bretagne a réussi à
pousser beaucoup de partis soudanais, y compris ceux qui incitaient à rallier « l‟union de
la vallée du Nil », à revendiquer un partage équitable des eaux du Nil entre l‟Egypte et le
Soudan. Dans ce contexte, Nasser considérait que s‟opposer aux revendications des
Soudanais conduirait l‟Egypte à se tenir aux côtés de la Colonisation Britannique contre
les intérêts du peuple soudanais et que les Anglais ne sortiraient jamais de l‟Egypte, sauf à
reconnaitre le droit des Soudanais à devenir indépendants.
Une 2ème crise est apparue au début des années 50 du 20 ème siècle, avant l‟indépendance du
Soudan en 1956, avec la décision de l‟Egypte de construire le Haut Barrage. La Grande
Bretagne utilisa l‟eau du Nil comme moyen de pression sur les projets hydriques de
l‟Egypte en faisant valoir les besoins énergétiques soudanais de façon à faire éclater des
.229 – 222 – 221 ص، مرلع سبؽ ذكره،أسامة الغزالى حرب
(1)
56
troubles dans l‟esprit des ressortissants de la vallée du Nil et à critiquer les objectifs de
l‟Egypte dans son projet de construction du Haut Barrage. Quand les négociations égyptosoudanaises ont commencé en 1955, il était clair que la position du Soudan dans l‟affaire
de l‟eau ne respectait plus les accords antérieurs. Malgré cela, les autorités égyptiennes ont
négligé la stratégie de la Grande Bretagne, suivie par le gouvernement d‟Ismaïl El Azahri
au Soudan, ce que va mettre en évidence la décision irrévocable de Nasser dans les travaux
du Haut Barrage.
Une troisième crise éclata après l‟indépendance du Soudan quand Abdallah Khalil déclara
son non-engagement dans l‟accord de 1929 concernant la Grande Bretagne et l‟Egypte.
Plusieurs raisons ont provoqué la chute du gouvernement de Khalil mais la question de
l‟eau a été réactivée de façon encore plus délicate.
Une autre crise a surgi pendant le régime d‟El-Sadeq El Mahdi, entre 1986 et 1989, quand
il refusa l‟ensemble des accords signés entre l‟Egypte et le Soudan, en particulier l‟accord
pour l‟eau du Nil de 1959.
Une dernière crise se produisit avec le régime l‟Omar El Bachir quand le gouvernement
soudanais émit l‟idée de revoir l‟accord de 1959, poussé par une idéologie identitaire qui a
nettement favorisé la domination du front national islamique sur le régime radical
soudanais, malgré l‟opposition du gouvernement égyptien. Cela fut la cause d‟une série
de crises avec l‟Egypte. Les mauvaises relations entre les deux pays ont abouti à faire
cesser en 1992 les travaux de l‟organisme technique permanent concernant les eaux du Nil.
En 1995, Hassan El Torrabi qui est le chef du front national islamique soudanais et aussi
l‟homme influent du moment dans le gouvernement soudanais, avant d‟en être
écarté, annonça son refus de suivre l‟accord de 1959. Mais en 1999, les deux pays ont
commencé une nouvelle page de leur histoire, basée sur une bonne entente dans leurs
relations, une concertation mutuelle dans le problème des régions ainsi qu‟une
coordination et une consultation des deux pays.
Il est évident que la question de l‟eau a été sujette à une manipulation politique qui a réussi
servir les intérêts des deux pays et de leurs populations lorsqu‟il a enfin été possible de
mettre de côté les obstacles. Les décisions politiques ont été guidées dans la bonne voie, en
faisant preuve de diplomatie dans les relations égypto-soudanaises selon un esprit de
57
fraternité. L‟amélioration des relations entre les deux pays a souffert de l‟empressement
des puissances extérieures à exercer des ravages et à répandre des rumeurs. Fort
heureusement, le maintien de la coopération entre les deux pays a su éviter d‟endommager
leur destin.
Le Nil est l‟élément essentiel dans les relations égypto-soudanaises, sans être le seul
puisque d‟autres éléments importants tels que la contribution au panarabisme, l‟Islam et
l‟Afrique, mais aussi la bonne entente et les origines constituent autant de liens pour
soutenir la communauté d‟intérêts et pour protéger le Nil égyptien et soudanais.
58