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Les relations hydriques entre l’Egypte et le Soudan

2015

Les relations hydriques de l'Egypte avec les pays du Bassin du Nil Les relations hydriques entre l"Egypte et le Soudan Aperçu général du Bassin du Nil : Le bassin du Nil occupe une superficie étendue sur la moitié nord-est du continent africain et atteint environ 2960 millions de km 2. C"est ainsi qu"il est considéré comme le 2 ème plus grand bassin fluvial de l"Afrique, du point de vue superficie de son bassin, après le bassin du fleuve du Congo de 3820 millions de km 2. Dans le contexte régional, c'est-à-dire concernant le bassin du Nil, l"importance des ressources hydriques renouvelables a pris de plus en plus d"importance dans les discours pour les raisons suivantes : les changements climatiques dans les pays du nord, du centre et de l"est de l"Afrique, le développement de l"agriculture, l"explosion démographique, la progression des zones sèches, l"augmentation du taux de désertification, la dénonciation du principe d"irrigation permanente et les ressources renouvelables comme moyens pour sortir de la crise de sécheresse (1). Dans ce contexte, l"opinion dominante sur la question de l"eau dans la région ne peut se résoudre que dans un cadre de coopération entre les pays riverains du bassin, surtout que (4)

CHAPITRE I Les relations hydriques de l’Egypte avec les pays du Bassin du Nil Les relations hydriques entre l‟Egypte et le Soudan Aperçu général du Bassin du Nil : Le bassin du Nil occupe une superficie étendue sur la moitié nord-est du continent africain et atteint environ 2960 millions de km2. C‟est ainsi qu‟il est considéré comme le 2ème plus grand bassin fluvial de l‟Afrique, du point de vue superficie de son bassin, après le bassin du fleuve du Congo de 3820 millions de km2. Dans le contexte régional, c'est-à-dire concernant le bassin du Nil, l‟importance des ressources hydriques renouvelables a pris de plus en plus d‟importance dans les discours pour les raisons suivantes : les changements climatiques dans les pays du nord, du centre et de l‟est de l‟Afrique, le développement de l‟agriculture, l‟explosion démographique, la progression des zones sèches, l‟augmentation du taux de désertification, la dénonciation du principe d‟irrigation permanente et les ressources renouvelables comme moyens pour sortir de la crise de sécheresse(1). Dans ce contexte, l‟opinion dominante sur la question de l‟eau dans la région ne peut se résoudre que dans un cadre de coopération entre les pays riverains du bassin, surtout que l‟eau douce est devenue un élément primordial dans les enjeux de sécurité (2). Il faut souligner la particularité des ressources hydriques du bassin du Nil qui restent singulièrement très limitées(3). Le bassin du Nil se compose principalement de 3 bassins secondaires qui sont : le bassin du plateau des lacs équatoriaux, le bassin de Bahr el Ghazal et le bassin du plateau éthiopien. La moyenne des chutes de pluie sur le plateau des lacs équatoriaux atteint environ 530 milliards de m3 par an, celle du bassin de Bahr el Ghazal environ 550 milliards de m3 par an et celle des plateaux éthiopiens environ 520 milliards de m3 par an, ce qui veut dire que les chutes de pluie sur le bassin du Nil dépassent en moyenne 1600 milliards de m3 par an(4). Malgré cette quantité abondante de .1‫ ص‬،7002 ،‫ مركز البحوث و الدراسات السياسية‬،‫ القاىرة‬،‫ الصراع الدولى عمى المياه بيئة حوض النيؿ‬،‫محمد سالماف طايع‬ (2) (1) Marry E.MORRIS, The Politics of Water in the Middle East Insight, vol.2, 1991, p.35-36. .33‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (3) ،‫ دار الكيػػب و الوثػػائؽ القوميػػة‬،‫ القػػاىرة‬، ‫إلى أيػػف "فػػىح مصػػر و الوػػالـ المواصػػر‬..‫" مصػػر و مبػػادرة حػػوض النيػػؿ‬، ‫ضػػيات الػػديف القوصػػى‬ (4) .777- 773‫ ص‬،7030 17 ressources hydriques, 95% de son volume, c'est-à-dire 1516 milliards de m3, se perdent annuellement à cause de l‟évaporation et de l‟infiltration souterraine. Il ne reste effectivement de cette ressource annuelle du fleuve qu‟une petite quantité qui ne dépasse pas 84 milliards de m3(1). La part de ce qui arrive du plateau des lacs équatoriaux au Nil principal à Assouan est d‟environ 12 milliards de m3 par an, tandis que les pluies du plateau éthiopien dépassent 72 milliards de m3 par an et que les pluies du bassin du Bahr el Ghazal ne participent que pour une quantité très minime qu‟il est possible de considérer comme nulle(2). Cette part est devenue insuffisante face aux besoins hydriques croissants des pays du bassin, en particulier avec l‟augmentation de la croissance démographique, le changement climatique, l‟augmentation de la pollution environnementale, qui s‟ajoutent à une demande croissante en ressources hydriques pour satisfaire les besoins en développements. Cette capacité hydrique constitue un élément de pression sur le bassin du Nil(3). Cependant le Nil est le plus long fleuve de l‟Afrique et du monde : il fait 6695 km (comme indiqué dans l‟encyclopédie britannique), du point le plus éloigné de sa source au plateau des lacs équatoriaux (le fleuve Lovironza en Burundi) jusqu‟au dernier point de son embouchure à la mer méditerranée. Outre qu‟il est le plus long fleuve de l‟Afrique, il rassemble le plus grand nombre de pays riverains autour de son bassin(4). Le Nil traverse onze pays depuis sa source jusqu‟à son embouchure : BURUNDI – RWANDA – OUGANDA – TANZANIE – KENYA – REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO – ETHIOPIE – ERYTHREE – NORD SOUDAN – SUD SOUDAN – EGYPTE. La latitude du Nil se situe entre 4 degrés sud et 31 degrés nord(5), faisant apparaitre que le Nil traverse 35 degrés de latitude par rapport à l‟équateur(6). A propos de la topographie du bassin du Nil, l‟attention doit être attirée sur la direction du lit du fleuve. Le Nil coule de sa source équatoriale vers le Nord jusqu‟à ce qu‟il se jette .26 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (1) .777‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫ضيات الديف القوصى‬ (2) .26‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (3) ‫ دار‬،‫ مركػز البحػوث الوربيػة‬،‫ القػاىرة‬، ‫ أزمػة ميػاه النيػؿ إلػى أيػف‬، ‫ مسيقبؿ اإلسيفادة مف مياه النيؿ فىح ريد سويد و آخػروف‬، ‫سويد‬ ‫ريد‬ (4) .37‫ ص‬،3222 ،‫الثقافة اللديدة‬ .110- 172‫ ص‬،7001 ،‫ مكيبة األنلمو المصرية‬،‫ القاىرة‬، ‫ إفريقيةح يخصية القارة فى يخصية اإل ميـ‬، ‫محمد عبد الغنى سوود‬ (5) .22‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (6) 18 dans la Méditerranée. Son ruissellement suit la direction nord, ce qui n‟existe pour nul autre fleuve dans le monde. Il est possible que ce phénomène s‟explique par la grande inclinaison du cours d‟eau dans le bassin du Nil car les lieux éminents se centralisent spécialement aux sources orientales et un peu moins aux sources méridionales (1). Le cours du Nil se divise en plusieurs parties(2) : A- Les sources équatoriales : Elles se situent sur le plateau des lacs où se trouvent cinq grands lacs, tous communiquant au Nil. Elles se composent de deux groupes : le groupe Victoria composé du lac Victoria et du lac Kyoga et le groupe Albertien qui se compose des lacs Albert, Edouard et Georges. A-1 Le groupe Victoria Le lac Victoria se situe au centre du plateau des lacs. Il vient en tête des lacs étendus du monde antique avec 69000 km2 de superficie. Sa longueur totale est de 320 km et sa largeur maximale est de 275 km. Plusieurs fleuves se jettent dans ce lac, le plus important étant le fleuve Kagera qui s‟écoule près du lac Tanganyika (latitude 4° sud), considéré comme étant le début du Nil. La profondeur moyenne est de 40m, c'est-à-dire peu profonde, en comparaison du lac Tanganyika par exemple qui fait plus de 1430 m(3). Parmi les réalités géographiques significatives, la surface du lacVictoria se situe à 1132,7m au-dessus du niveau de la mer. Pour cela, il faut préciser que les eaux du fleuve Rhon se cumulent avec celles du lac Géniva qui se trouve à 375 m au-dessus du niveau de la mer, puis il coule en direction de la Méditerranée sur une distance de 600 km. Rapportée à cette échelle et à la longueur du Nil, la situation du lac Victoria devrait se trouver à 3750 m audessus du niveau de la mer. Le Nil blanc par rapport au Rhon est un fleuve à faible dénivellation(4). L‟inclinaison du plateau des lacs équatoriaux vers le Nil principal est faible, elle ne dépasse pas 10cm/km(1). 10cm/km(1). .23- 20‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (1) (2) H.E.HURST, R.P.BLACK and Y.M.SIMAIKA, the Nile Basin, Cairo, Ministry of Public Work, 1966, p.281-303. .111‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬، ‫محمد عبد الغنى سوود‬ (3) .12- 19‫ ص‬،7003 ،‫ الييئة المصرية الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،‫ نير النيؿ‬،‫محمد عوض محمد‬ (4) 19 Le Nil Victoria : Il ne sort du lac Victoria que le Nil qui porte le même nom : « Victoria ». A 1,5 km après sa sortie, se trouve la cascade de « Ribbon » qui a 5 m de profondeur. Plus loin, le lit du fleuve devient étroit et très incliné, mais il ne tarde pas à chuter sur une plaine, provoquant un affaiblissement de son courant et un élargissement de son lit jusqu‟à devenir navigable(2). A 75 km de la cascade de « Ribbon », le Nil arrive à « Namasegali », il s‟approche du lac Kyoga et le pénètre. Ici, le Nil change brusquement : le fleuve rapide, au débit important et au lit étroit devient un large cours d‟eau de 600 m, au lent ruissellement, avec une profondeur moyenne comprise entre 2 et 3 mètres. Ensuite l‟inclinaison s‟accentue, le lit du fleuve devient trop étroit, dans lequel se multiplient les cascades qui se terminent par la cascade « Mertchizone » où le lit devient large d‟environ 8 mètres et l‟eau chute sur environ 40 mètres avant de se jeter dans le lac Albert(3). A-2 Le groupe Albertin Il comprend les lacs « Edouard », « Albert », et le fleuve « Semeliki » qui les relie. Le lac Edouard se situe juste au sud de l‟équateur à 926 m au-dessus du niveau de la mer, c'est-àdire moins haut que le lac Victoria. Sa superficie atteint 2200 km2. Le fleuve Semeliki sort du lac Edouard, et se particularise à son début et à sa fin par sa faible inclinaison, alors qu‟en son milieu des chutes d‟eau se multiplient et gênent la navigation. La fin de ce fleuve se trouve au lac Albert. Sur le plan géographique, on observe que l‟embouchure du fleuve Semeliki au lac Albert est plus basse d‟environ 300 mètres que sa source au lac Edouard, ce qui constitue une déclivité tout à fait remarquable pour un fleuve de cette catégorie(4). Le lac Albert a 5300 km2 de superficie et se trouve à 680 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le Nil Victoria et le Semeliki sont les deux grands fleuves qui alimentent le lac Albert, duquel sort un fleuve unique qui est le Nil Albert ou le Bahr el Gabal(5). A-3 Bahr el Gabal et ses affluents (Bahr el Zaraf et Bahr el Ghazal) .771‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫ضيات الديف القوصى‬ (2) (5) J.W.GREGORY, Geography, Structural, Physical and Comparative, London, 1908, p.28. .19- 11‫ ص‬،3227 ،‫ الطبوة الخامسة‬،‫ مكيبة النيضة المصرية‬،‫ القاىرة‬،‫ نير النيؿ‬،‫محمد عوض محمد‬ (2) .21- 21‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (3) .63- 60‫ ص‬،7003 ،‫ الييئة المصرية الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،‫ نير النيؿ‬،‫محمد عوض محمد‬ (4) 20 Bahr el Gabal est le nom du fleuve du Nil entre sa sortie du Lac Albert au sud jusqu‟à sa communication au fleuve Sobbat au nord, sur une distance d‟environ 1280 km. Quelquesuns voient que la fin du Bahr el Gabal est le lac « Nou », faisant que sa longueur dans ce cas s‟en trouve réduite à 1156 km. Le lit de Bahr el Gabal se particularise par une diversification qui peut être présentée en quatre parties(1) : - n°1 : du lac Albert à Nimoli : sur cette partie, le lit du Nil est large, peu profond, peu incliné, le ruissellement de l‟eau est lent et il se nomme le Nil Albert - n° 2 : de Nimoli à Al- Regaf, le fleuve est étroit, très incliné avec plusieurs cascades - n° 3 : d‟Al - Regaf à Bor, le lit est large, peu incliné, son courant est lent et cette partie est navigable - n°4 : de Bor au lac Nou, ici le fleuve a une très faible inclinaison, avec une profondeur très faible et son cours est sinueux : L‟eau déborde sur les deux rives pour former d‟importants marécages très larges où poussent des plantes aquatiques qui constituent ainsi des barrages végétaux. Bahr el Ghazal est le nom du fleuve entre le projet de Req et le lac Nou mais c‟est le nom principal du groupe de fleuves qui se précipite entre le Nil et le Congo. Ces fleuves sont très nombreux et ont tous la même particularité c'est-à-dire que la partie basse de leur lit donne lieu à une formation de barrages végétaux et de marécages. Bahr el Gazal –après le projet de Req- est un fleuve lent, il se réunit avec Bahr el „Arab qui s‟écoule du sud du Darfour. La quantité d‟eau qui déborde de Bahr el Ghazal vers le lac Nou est extrêmement minime. Il n‟est navigable que durant l‟été en aval du fleuve(2). A-4 Le Nil blanc Il commence au lac Nou, au point où se termine Bahr el Gabal et s‟étend jusqu‟à Khartoum. Le Bahr el Zaraf le relie sur cette distance. Au commencement, le Nil blanc est très faible, puis après avoir parcouru une distance de 120 km, il ne tarde pas à être rejoint par un affluent important, qui est le fleuve du Sobbat. Le point d‟intersection entre les deux fleuves se situe à Melkal au Sud du Soudan. C‟est grâce à ses eaux fécondes et à son courant important que le Nil blanc tire sa force et .111‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬، ‫محمد عبد الغنى سوود‬ (1) .111‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (2) 21 poursuit son ruissellement jusqu‟au Nord. Après le regroupement du Nil blanc avec le Sobbat, le fleuve devient peu incliné, large et navigable. Son inclinaison est de 1° pour 60km(1): B- Les affluents éthiopiens : Sur le plateau de l‟Ethiopie, 3 affluents principaux permettent au Nil de poursuivre son ruissellement jusqu‟à la Méditerranée : Ces affluents sont : B-1 Le fleuve Sobbat Il résulte du regroupement de deux affluents : le fleuve Bibor et le fleuve de Bars. Ce dernier a une importance hydrologique en raison de sa rapidité puisque aucun fleuve du Nil éthiopien n‟a autant de débit que lui. Au point où se réunissent le Bibor et le Bars, commence le fleuve Sobbat qui devient navigable(2). B-2 Le Nil bleu Il commence au lacTana qui se trouve à 1840 m au-dessus du niveau de la mer. De forme circulaire, le lac couvre une superficie d‟environ 3060 km2 dans laquelle se jettent plusieurs fleuves. Le plus importants d‟entre eux est le grand Abbay. Entre Tana et Roseiros, le fleuve traverse une région rocheuse. L‟inclinaison très importante atteint environ 1440 m sur une distance de 1622 km avec plusieurs chutes d‟eau qui empêchent la navigation. Entre Roseiros et Khartoum l‟inclinaison devient moins forte, le cours d‟eau devient sinueux et navigable au moment de la crue (3). Vers la fin de son parcours, le fleuve se dirige de l‟est vers l‟ouest en direction du Nil blanc, et c‟est à Khartoum, au Soudan que le Nil bleu et le Nil blanc se réunissent. B-3 Le fleuve Atbara Il jaillit des plateaux situés au nord du lac Tana, et il a plusieurs affluents dont le plus importants est le fleuve Tekeze. Il se dirige vers le nord-est pour rejoindre le Nil Nubien. Le lit supérieur de l‟Atbara est trop incliné, ce qui empêche la navigation. En revanche, le .93- 90‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد عوض محمد‬ (2) (1) W.WILCOXAND, Egyptian Irrigation, 3rd edition, London, 1913, p.271-273. .112- 116 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬، ‫محمد عبد الغنى سوود‬ (3) 22 lit inférieur du fleuve qui commence à Khachm el Qerba est peu incliné avec des eaux calmes qui deviennent navigables au moment de la crue(1). Le Nil Nubien : C‟est le nom de la partie qui s‟étend de Khartoum à Assouan. Il se caractérise le plus souvent par une forte pente avec une inclinaison de 1 mètre tous les 6,5 km. Tout au long de son parcours, qui s‟étire sur environ 1885 km, le Nil n‟est alimenté que par les eaux du fleuve Atbara. Les six cataractes sont la principale caractéristique du Nil Nubien. Elles commencent au sud avec la 6ème cataracte et se terminent avec la 1 ère à Assouan. Les 6 cataractes sont non navigables mais certains intervalles entre elles le sont : c‟est le cas pour la distance qui sépare la 1ère et la 2ème et pour celle qui sépare la 4ème et la 5ème, qui sont toutes les deux navigables(2). Ce qui peut attirer l‟attention -peut-être- à ce point du fleuve, c‟est qu‟entre Khartoum et Halfa, le Nil est très incliné et même bien plus incliné qu‟il ne l‟est au début, au sud de Khartoum, ou plus loin au nord de Halfa. Il faut rappeler aussi que cette région est la plus chaude et la plus sèche d‟Afrique, avec un taux d‟évaporation très élevé. Et si on s‟était trouvé dans une région plate, les eaux du Nil auraient été perdues à cause de cette forte évaporation. La présence des cataractes dans cette partie du Nil est donc particulièrement importante, car l‟inclinaison et la grande rapidité de la précipitation des eaux permettent de réduire le taux d‟évaporation du fleuve. Il faut ajouter également que sur cette partie, le fleuve est peu profond et proportionnellement moins large, ce qui explique que l‟évaporation n‟est pas importante(3). Le Nil principal : Il commence à Assouan et se termine à l‟estuaire de la Méditerranée, après s‟être divisé en 2 branches au nord du Caire (Damiette et Rosette). Il occupe 9,5 degrés de latitude avec une position qui est comprise entre 22 degrés nord et 31,5 degrés nord. .112‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (1) .29- 22 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (2) .330- 309 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد عوض محمد‬ (3) 23 Sa longueur est d‟environ 1536km, ce qui équivaut à 23% de la longueur totale du Nil. L‟inclinaison du fleuve est d‟1m tous les 13km. Le fleuve est étroit au sud de l‟Egypte et s‟élargit peu à peu tout au long de sa progression(1). Pour comprendre la formation des eaux du Nil principal, il faut s‟attarder sur la survenance des pluies qui alimentent cette partie du Nil. Les pluies tombent en amont sur le plateau des lacs équatoriaux et sur le bassin de Bahr el Ghazal en suivant deux saisons : une saison longue et une saison courte, qui couvrent la majeure partie de l‟année. Cela permet d‟affirmer que la chute des pluies reste fréquente et continue sur toute l‟année. En revanche, les pluies sur le plateau éthiopien arrivent en une seule saison qui commence en juin et se termine en septembre(2), avec une abondance remarquable pendant le mois d‟août(3). Sur ce point, il revient à dire que les deux plateaux (les lacs équatoriaux et éthiopiens) contribuent tour à tour à l‟approvisionnement hydrologique de l‟Egypte : en premier avec des pluies faibles et permanentes, en second avec des pluies abondantes et temporaires et enfin avec la crue saisonnière, pour compléter ainsi le cycle le plus bas de l‟année. Sans la crue calme, modeste et permanente du plateau des lacs équatoriens, on peut dire que le Nil en Egypte n‟aurait été qu‟un fleuve saisonnier (4). (1) SIDNEY E.EKBLAW and DONALD J.D.MULKERNE, Economic and Social Geography, London, Megraw-Hill, 1958, p.404. .91 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (2) ،‫ بحي ػرة يانػا و النيػؿ األزرؽح الميػروعات المقيرحػة عمػى بحيػرة يانػا و النيػػؿ األزرؽ‬- ‫ وثيقػة حػوؿح اليضػبة األثيوبيػة‬،‫محمػد أمػيف محمػديف‬ (3) .3221 ‫ أكيوبر‬،‫ طاع مياه النيؿ‬،‫القاىرة‬ .22‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد سالماف طايع‬ (4) 24 Un bassin de 2,8 millions de km2 Des précipitations inégales Nil Nil blanc et Nil bleu Autres affluents du Nil Cours d'eau n'appartenant pas au bassin du Nil Moins de 200 mm par an Barrage Entre 200 et 1000 mm par an Barrage en construction Plus de 1000 mm par an Zone marécageuse De nouvelles perspectives pour l'agriculture Agriculture irriguée Terres irriguées à l'horizon 2015 Les nappes souterraines fossiles, une ressource alternative? Les aménagements du bassin Barrage en projet Barrage hors bassin du Nil Canal en projet ou en construction Mais de fortes pressions démographiques et environnementales EGYPE (80) Populataion de l'Etat en millions d'habitants Nécessité d'importer des produits agricoles Pression de l'urbanisation et réduction de la Surface Agricole Utile (SAU) Salinisation des sols Des conflits à plusieurs échelles Attaque du canal du Jonglei en 1983 Etats historiquement en conflit autour du Nil Etats commençant à exprimer leurs revendications frontière Soudan – Soudan du Sud (Etat devenu indépendant en juillet 2011) Des tentatives d'accord peu fructeuses Accord bilatéral égypto-soudanais de 1959 ETHIOPIE Etat membre de l'lnitiative du Bassin du Nil (IBN) 1999. Source : [en ligne :<http:// http://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Nil-axe-de-developpement.html> ; consulté le 17 juin 2015]. 25 Ab géopolitique indique premièrement que l‟Egypte et le Soudan sont deux pays riverains du Nil et que leurs intérêts hydriques s‟accordent, bien que certains affirment le contraire. Ab géopolitique cite deuxièmement que l‟Egypte s‟oriente vers le continent africain en se réalisant à travers le Soudan et que ce dernier s‟oriente lui-même vers le Nord, la mer méditerranée et l‟Europe en se réalisant à travers l‟Egypte (que ce soit une orientation économique ou sociologique). Ab géopolitique affirme troisièmement que pour des menaces venant par le Nord ou l‟Est de l‟Egypte, le Soudan a toujours exercé une protection stratégique pour permettre à l‟Egypte de défier ces dangers. Ces trois affirmations se sont vérifiées sur la nature des relations égypto-soudanaises tout au long de l‟histoire contemporaine. Les relations égypto-soudanaises ont toujours été particulières, et même très particulières : Cette particularité provient du contexte géographique, des manifestations de l‟histoire, de l‟attitude respective des populations des deux pays. La géographie, l‟histoire, les peuples construisent des liens indéfectibles qui créent à leur tour des contextes politiques difficiles à ignorer par la suite. Et même si une opposition se produit pour une raison ou pour une autre, cela est dû en général à l‟intervention d‟un tiers, ou à cause d‟intérêts étroits périodiquement reliés au pouvoir d‟un dirigeant. Et quoi qu‟il en soit, l‟approche des experts s‟accorde à reconnaitre que tous ces points d‟ancrage issus de la géographie, de l‟histoire, des populations sont devenus immuables. Les historiens sont également unanimes sur la raison la plus importante qui a conduit l‟Egypte à s‟étendre vers le Sud à l‟époque de Mohamed Ali Pacha vers 1820-1821. En effet, cet illustre gouverneur a eu la volonté de développer le secteur économique de l‟Egypte en installant un nouveau réseau d‟irrigation pour l‟agriculture et il était inévitable que pour faire avancer ce projet, il fallait se diriger vers le Sud, et atteindre les ressources du Nil. Ajoutons que l‟affaire de l‟eau est une question vitale. C‟est pour cela qu‟elle est venue en tête des raisons qui ont poussé Mohamed Ali à annexer le Soudan à L‟Egypte(1). « J‟ai appris d‟un Cheikh haut placé, contemporain à Mohamed Ali Pacha, qu‟un grand pays européen avait voulu s‟opposer à lui en colonisant les ressources du Nil. Le gouverneur s‟était aussitôt préoccupé de cette information et avait immédiatement consulté .26 ،70- 32 ‫ ص‬،3221 ‫ نوفمبر‬،‫ كياب الي ؿ‬،‫ القاىرة‬،‫ الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية السودانية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (1) 26 des ingénieurs européens se trouvant en Egypte. Tous ont approuvé le fait que si les ressources du Nil tombaient entre les mains de ce pays, les conséquences seraient désastreuses car le devenir de l‟Egypte passerait sous sa dépendance. C‟est pour cela que le gouverneur a poursuivi l‟exécution de sa campagne au Soudan » (1). A l’époque de Mohamed Ali Pacha : Cette période concernant la conquête de Mohamed Ali au Soudan est importante car elle a joué un rôle essentiel dans l‟aggravation des relations de crise entre l‟Egypte et l‟Ethiopie.Le mérite revient à Mohamed Ali Pacha d‟avoir découvert une partie importante du haut Nil. Le 19ème siècle a été témoin de la croissance et de la progression des découvertes géographiques dans le bassin du Nil et certaines de ces découvertes ont été attribuées à l‟Etat égyptien (par des égyptiens ou par des étrangers), alors que d‟autres découvertes furent attribuées à des pays européens ou à des institutions religieuses chrétiennes (2). L‟époque de Mohamed Ali Pacha est sans conteste l‟ouverture d‟une nouvelle période dans l‟histoire des découvertes africaines en général, et du Nil en particulier. Pour se rendre compte de cela, il faut signaler que toutes les expéditions des explorateurs se terminaient au Nil Blanc, dans la région El-Sudoud(3). Mohamed Ali Pacha confia plusieurs missions à l‟explorateur, le capitaine Sélim, entre 1839 et 1841. Celui-ci parvint à franchir la région d‟El-Sudoud pour atteindre la latitude 6°30‟ lors de sa première mission, puis arriva à Gondokoro au nord de l‟Ouganda à 1000 miles au sud de Khartoum au cours des 2 missions suivantes, ce qui permit à l‟Egypte de communiquer pour la première fois avec le haut Nil. L‟explorateur arriva jusqu‟à 4° de latitude, sans pouvoir aller plus loin, à cause des obstacles naturels(4). Ces missions d‟explorations ont attiré l‟attention et la reconnaissance du monde extérieur. Elles ont eu un énorme écho dans les milieux scientifiques et géographiques en leur donnant des informations qui deviendront la base de la solution pour la question du Nil. .62‫ ص‬، ‫ ىلر‬3132 ،‫ مطبوة اآلداب و المؤيد‬،‫ القاىرة‬،‫ اللزت الثانى‬، ‫ السوداف بيف يد غوردف و كيينر‬،‫إبراىيـ فوز بايا‬ (1) ‫ مركػػز البحػػوث‬،‫ القػػاىرة‬،‫ المدرسػػة المص ػرية فػػى السياسػػة الخارليػػة‬، ‫ " السياسػػة األفريقيػػة لمصػػر" فػػى مصػػطفى عمػػو‬،‫عبػػد الممػػؾ عػػودة‬ (2) .221 ‫ ص‬،7007 ،‫والدراسات السياسية‬ .70 ‫ ص‬،7002 ،‫ الييئة الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬، ‫ نير النيؿ‬،‫محمد عوض محمد‬ (3) .70 ‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (4) 27 L‟association géographique à Paris a publié le rapport de la première mission du capitaine Sélim au Nil Blanc dans son périodique en juillet 1842 (1). Quand le grand voyageur écossais James Bruce a réussi à découvrir la source éthiopienne du Nil à la fin du 18 ème siècle(2), le monde européen s‟imagina qu‟il avait résolu la question de l‟origine du Nil. Les efforts pour découvrir d‟autres sources ont donc été stoppés puisque la source éthiopienne avait été déclarée unique(3). Or les missions du capitaine Sélim, sans parvenir jusqu‟aux sources équatoriales du Nil, prouva l‟erreur de James Bruce qui continuait d‟affirmer que les sources éthiopiennes sont les seules origines du fleuve(4). Sur le plan intérieur, Mohamed Ali Pacha et ses conseillers français ont décidé d‟affronter le problème de stockage des eaux du Nil, en décidant la construction de barrages pour retenir l‟eau pendant les crues et la réutiliser ultérieurement pendant la baisse du niveau du Nil. Les barrages du Delta ont été le premier grand projet de stockage, commencé en 1835 et achevé en 1847. A la fin de l‟époque de Mohamed Ali, des terres immenses ont pu être transformées par ce système d‟irrigation en surfaces cultivables durables(5). Le mérite ne revient pas seulement à Mohamed Ali Pacha d‟avoir dévoilé une grande partie du haut Nil, encore ignoré du monde. En effet, son époque profite indirectement au grand nombre d‟explorations qui se sont succédé au cours de la deuxième moitié du 19 ème siècle. La communication de l‟Egypte avec le Soudan a facilité la progression des explorations à de nombreux chercheurs. La découverte du haut Nil est devenue une problématique liée à son époque(6). Sans doute Mohamed Ali a-t-il été le premier à rassembler les régions étendues du sud de l‟Egypte, qui constituent le Soudan, pour en faire un gouvernement uni (7). La Communauté Internationale a proclamé le Soudan comme une extension naturelle de l‟Egypte (Cela a eu lieu après le traité de Londres en 1840 qui a reconnu à Mohamed Ali et à sa famille la gouvernance héréditaire de l‟Egypte à condition qu‟elle reste une province .91- 97‫ ص‬،3222 ،‫ مكيبة األنلمو المصرية‬،‫ القاىرة‬،‫ السوداف المواصر‬،‫زاىر رياض‬ (1) (2) James Bruce a réussi à découvrir le lac Tana et à son extrémité sud la sortie du Nil, le fleuve Abay. Il s‟est finalement dirigé vers l‟ouest jusqu'à ce qu‟il arrive au Caire. .97‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫( زاىر رياض‬3) .327‫ ص‬،3222،‫ دار الثقافة لمنيرواليوزيع‬،‫ القاىرة‬، ‫ ياريخ مصر و السوداف الحديث‬،‫يو ى اللمؿ و عبد اهلل عبد الرازؽ‬ (4) .332 ‫ ص‬،7006 ،‫ الييئة الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،‫ محمد عمى‬،‫لى فارليت‬ (5) .73‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد عوض محمد‬ (6) .319‫ ص‬،3222 ،‫ مكيبة األنلمو المصرية‬،‫ القاىرة‬،‫ مصر و أفريقيا‬،‫زاىر رياض‬ (7) 28 ottomane) dans laquelle le sultan ottoman promulgua un firman (une décision du Sultan) en 1841 pour confier à Mohamed Ali l‟administration du Soudan. Quand le Soudan fut placé sous la gouvernance turco-égyptienne, l‟état de chaos ainsi que les guerres tribales se sont rapidement terminés car le gouvernement a créé pour la première fois un pouvoir central sur la totalité du territoire du Soudan pour instaurer l‟Etat du Soudan avec ses frontières connues actuellement et pour effectuer un rassemblement de toutes les communautés ethniques soudanaises. Tous les historiens ne sont pas d‟accord sur les raisons qui ont poussé Mohamed Ali à conquérir le Soudan malgré tout ce qui a été dit sur le gouvernement turco-égyptien du Soudan et son prétendu manque de compétence, néanmoins il a participé à établir l‟état du Soudan, son unification et le déploiement de la sécurité partout(1). L‟attitude du pouvoir en Egypte envers le sud a été ordonnée par la vision tridimensionnelle suivante : le Soudan comme pays riverain du Nil, le Soudan comme une protection stratégique, le Soudan comme une ressource humaine et économique.  Il est indispensable pour n‟importe quel pouvoir qui gouverne au Caire d‟accorder une très grande importance au Nil du Soudan. Il est évident que l‟Egypte se reconnait comme un « don du Nil » et cela s‟est inversé lorsque le pouvoir égyptien a commencé à établir un système d‟irrigation moderne à l‟époque de Mohamed Ali pendant la première moitié du 19ème siècle.  La dimension stratégique a toujours pesé sur le pouvoir en Egypte dans ses décisions vis-à-vis du sud. La plupart des historiens s‟accordent à reconnaître que la principale raison qui a poussé Mohamed Ali à annexer le Soudan en 1820 était son inquiétude face à une force armée possible des mamlouks au sud pouvant menacer l‟Egypte. C'est-à-dire que le gouverneur de l‟Egypte avait eu une vision stratégique dans sa décision, ce qu‟aucun autre gouverneur précédent n‟avait eu avant lui, en suivant la logique que la dimension stratégique du pays doit être préservée.  Les ressources économiques en provenance du Soudan ont existé entre 1820 et 1835, ce qui veut dire que cela a définitivement cessé après cette période. Au pire des relations entre les deux pays, la contribution du Soudan a été le recrutement des ‫ المدرسة المصرية فى السياسة‬، ‫ فى مصطفى عمو‬،"‫" الو ات المصرية السودانية الميراث الياريخىح مدركات و سموؾ‬،‫( إبراىيـ نصر الديف‬1) .623- 622‫ ص‬،7007 ،‫مركز البحوث و الدراسات السياسية‬،‫ القاىرة‬،‫الخارلية‬ 29 soudanais dans l‟armée égyptienne, la recherche de l‟or, le commerce des esclaves jusqu‟aux années 70 du 19 ème siècle(1). A la découverte des sources du Nil Au centre du continent africain, on voyait un grand vide sur la plupart des cartes géographiques dessinées jusqu‟à la moitié du 19 ème siècle. C‟est pour cela que les découvertes se sont multipliées sur la 2 ème moitié du 19ème siècle. Les esprits de beaucoup de personnes étaient occupés par des questions comme celles-ci : Où se trouvent les sources équatoriales du Nil ? Et si ces sources sont des lacs, où se trouvent-ils ? Quel est leur nombre ? Et existe-t-il une communication entre eux ? C‟est à ces questions que la science et le Monde voulaient apporter des réponses et de nombreux explorateurs y ont contribué. Citons parmi eux Burton – Speke – Grant – Becker – Gordon – Amin Pacha – car une seule personne ne saurait être à l‟origine d‟un tel secret(2). Sir Richard Francis Burton était un commandant de l‟armée anglaise qui a voyagé avec Speke jusqu‟à la côte orientale de l‟Afrique, leur but étant d‟arriver au grand lac dans lequel le Nil est sensé prendre sa source. Burton tomba malade et Speke le laissa pour atteindre la côte méridionale du grand lac connu sous le nom de Nianza et qu‟il rebaptisa du nom de Victoria. Sa découverte a eu lieu en 1858 et au retour de Speke en Angleterre, son voyage suscita l‟admiration et l‟enthousiasme. La Royal Geographical Society (association géographique britannique) se mobilisa pour rassembler l‟argent nécessaire à une nouvelle expédition afin que Speke puisse certifier sa découverte. En 1860, Speke repartit en compagnie de son camarade Grant, dans le but de savoir avec certitude si le Nil sortait bien de ce grand lac. Une fois arrivés au lac, ils se dirigèrent vers sa côte occidentale puis vers l‟Ouganda, puis firent le tour de la côte nord du lac jusqu‟à ce qu‟ils parviennent à la source du Nil côté nord, où se trouvent les cascades que Speke va baptiser Ribbon (responsable de la Royal Geographical Society). Cette découverte remonte à 1862 (3). Samuel Becker était un homme riche, passionné de voyages. Ses déplacements l‟ont conduit au Proche Orient puis en Egypte, puis jusqu‟à Gondokoro pour accueillir Speke et ‫ الو ات المصرية السودانية‬،‫ فى أسامة الغزالى حرب‬،"‫ "الخبرة الياريخية فى الو ات المصرية السودانيةح محاور أساسية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (1) .62- 61‫ ص‬،3220 ،‫ مركز البحوث و الدراسات السياسية‬،‫ القاىرة‬، ‫بيف الماضى و الحاضر و المسيقبؿ‬ .77- 73‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد عوض محمد‬ (2) .71- 77‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (3) 30 Grant à leur retour du centre de l‟Afrique. Cette rencontre a conduit Becker à poursuivre son voyage vers le sud, accompagné de sa femme, jusqu‟au lac Albert. Ils y arrivèrent en 1864 et ils ont été les premiers européens à le découvrir. Puis ils ont rejoint la partie nord du lac, à l‟endroit où le Nil y rentre. De là, ils ont suivi le fleuve en se dirigeant vers l‟est jusqu‟aux cascades de Murchinson (1). A l‟époque du Khédive Ismaïl, de 1863 à 1879, la récolte principale de l‟Egypte était le coton, après la survenance de la « la famine du coton » qui a touché le monde entier. La guerre de sécession américaine avait stoppé l‟exportation des récoltes des Etats-Unis vers l‟Europe ce qui permet d‟exploiter le cours du Nil de façon plus importante(2). Le Khédive Ismaïl embaucha Beker comme gouverneur du Haut-Nil de 1869 à 1873 et lui octroya le pouvoir d‟accomplir un programme ayant pour but d‟étendre le pouvoir des partis égyptiens et de mettre fin à l‟esclavage. Il fonda quatre centres le long de Bahr El Gabal, se réservant pour lui-même le centre de Gondokoro. Il se dirigea vers le sud jusqu‟à une latitude de 2° nord(3). Après les importantes découvertes de Speke – Grant et Becker qui ont comblé le grand vide dans les cartes géographiques de l‟Afrique, il ne restait aux autres explorateurs qu‟à continuer ce que ceux-ci avaient commencé(4). Plusieurs personnes ont fait des voyages importants. Citons parmi eux : - Gordon qui a été nommé gouverneur de l‟Afrique équatoriale entre 1874 et 1876 et qui déplaça sa présidence de Gondokoro à Lado après avoir repoussé les frontières de l‟Egypte aux limites du fleuve Sobat. Durant son voyage, Gordon était accompagné par le lieutenant américain Chaillé-Lang(5). - Amin Pacha a été le dernier gouverneur de l‟Afrique équatoriale de 1878 à 1889. C‟était un Docteur allemand converti à l‟Islam, de son vrai nom Edouard Schnitzer, qui est entré au service du gouvernement égyptien. C‟est lui qui découvrit le premier le fleuve Semeleki et qui parvint à atteindre avec précision les abords du lac .76- 71‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (1) ،‫ القػاىرة‬،‫ فى النيؿ فى الياريخ المصػر الحػديث و المواصػر‬،"‫السودانية‬- ‫ " مو ؼ بريطانيا مف الو ات المائية المصرية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (2) .371‫ ص‬،7002 ،‫دار الكيب و الوثائؽ القومية‬ .310‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫زاىر رياض‬ (3) .76‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد عوض محمد‬ (4) .310‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫زاىر رياض‬ (5) 31 Albert. La rébellion d‟El Mahdi en 1885 obligea Amin Pacha à rester isolé au sud de la province, le coupant de toute relation directe avec l‟Egypte jusqu‟à l‟arrivée de Stanley pour le sauver en 1888. Ce dernier avait voyagé sur le fleuve Congo puis avait pénétré la ligne de séparation entre le Congo et le Nil et il fut le premier à découvrir les montagnes Revenzori ainsi que le fleuve Edouard à l‟occasion de son second voyage vers les sources du Nil. Lors de son premier voyage, Stanley a découvert le fleuve Congo et a effectué le tour du lac Victoria (1). C‟est ainsi que les secrets des sources du Nil se sont dévoilés. Pour montrer l‟importance accordée par le Khédive Ismaïl à ces découvertes(2), il faut citer ce que Chaillé-Lang a écrit dans l‟introduction de l‟un de ses ouvrages : « en 1875, j‟ai accepté une invitation de la société géographique à Paris. J‟ai eu l‟honneur de donner une conférence sur les expéditions au centre de l‟Afrique. Bien que l‟homme qui se soit dévoué à cette grande tâche ne soit pas un Européen, il ne mérite pas moins, par l‟élévation de son âme et la largeur de ses idées, à être placé au premier rang parmi ceux qui ont contribué aux progrès de notre siècle et qu‟on peut appeler « pionniers de la civilisation » : il ne vous est pas inconnu , le monde entier rend justice au génie d‟Ismaïl Pacha, Khédive d‟Egypte qui a couronné les splendeurs de son règne par la solution victorieuse au problème des sources du Nil » (3). Après l’occupation anglaise : Après l‟occupation britannique de l‟Egypte, le congrès de Berlin s‟est tenu en 1884-1885 pour fixer les règles du partage de l‟Afrique entre les pays européens. Le gouvernement britannique a ordonné à l‟Egypte de quitter les régions du bassin du Nil et les côtes de la Mer Rouge. Ces régions ont été partagées entre la France, l‟Angleterre, l‟Italie, la Belgique et l‟Allemagne. Cet accord a été liquidé durant les compromis de la première guerre mondiale et l‟établissement du régime mandataire. Au 19ème siècle, l‟institution éducative à vocation islamique, El Azhar, exerce un rôle croissant dans l‟accueil des étudiants du bassin du Nil et des territoires du Soudan, au sens .72- 76‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫محمد عوض محمد‬ (1) .319‫ ص‬،7002 ،‫ الييئة الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،3997- 3912 ‫ نيأة الروح القومية‬،‫محمد صبر السربونى‬ (2) (3) CHAILLE-LONG, expédition au lac Victoria-Nyanza et au MakrakaNiam-Niam à l‟ouest du Nil Blanc, Paris,E. Plon et Cie, 1877, p.156. 32 géographique du terme, c'est-à-dire depuis le littoral de la Mer Rouge à l‟Est jusqu‟à la côte de l‟océan Atlantique à l‟ouest. Les études montrent l‟augmentation du nombre des étudiants et l‟importance du réseau des relations culturelles islamiques entre l‟Egypte, la région arabe africaine et la région islamique africaine. Avec cela, l‟église orthodoxe égyptienne (l‟église d‟Alexandrie) se lia avec les églises du Soudan, de l‟Abyssinie (Ethiopie), de quelques régions de l‟est et du centre de l‟Afrique pour exercer un rôle culturel, pour accueillir les étudiants et envoyer des émissaires dans ces pays(1). La carte politique dans la région du bassin Nil a connu plusieurs événements, dont les plus importants sont : - L‟achèvement du projet égyptien pour l‟unification politique et hydrique dans la région du bassin du Nil après que les forces impériales aient repoussé le projet de Mohamed Ali. L‟empire égyptien s‟est alors trouvé liquidé dans les années 80 du 19ème siècle, après l‟occupation anglaise de 1882. Seule la situation soudanaise a fait exception à ce résultat(2). - L‟écrasement de la révolution Mahdite en 1885 au Soudan, suivie par une décision du gouvernement britannique instaurant une séparation entre l‟Egypte et le Soudan. La décision revient à Sir Evelyn Baring (Lord Cromer) représentant du trône britannique en Egypte sur deux fondements : en premier, il considérait que la Grande Bretagne devait cesser d‟alimenter les caisses égyptiennes en fonds monétaires destinés aux terres du Sud. En second, il considérait que le retrait du Soudan sera sans impact sur le ruissellement des eaux du Nil vers le Nord puisque les Mahdistes ne disposent d‟aucun moyen technique pour constituer une réelle menace. Ces deux fondements n‟ont pas convaincu le premier ministre égyptien Chérif Pacha, contraint de démissionner de son poste après avoir écrit que la décision prise par Sir Evelyn Baring (Lord Cromer) revenait à reconnaitre la domination des révolutionnaires Mahdistes sur les ressources du Nil(3). Il devenait .222- 226‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (1) .31‫ ص‬،3222 ،‫ مركز الدراسات السياسية و اإلسيراييلية‬،‫ القاىرة‬،‫ السياسة المصرية و مياه النيؿ فى القرف الويريف‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (2) .22‫ ص‬،3221‫ نوفمبر‬،‫ كياب الي ؿ‬،‫القاىرة‬،‫ السودانية‬- ‫ الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (3) 33 ainsi victime de l‟intervention britannique dans les relations hydriques égyptosoudanaises(1). En 1886, l‟Angleterre a pris la décision, sans consulter les autorités égyptiennes, de récupérer le Soudan en ayant recours à la nouvelle armée égyptienne constituée après la démobilisation des troupes d‟Ahmed Orabi et conduite par plusieurs officiers anglais ayant à leur tête le chef militaire Kitchener. Plusieurs causes ont conduit l‟Angleterre à reconquérir le Soudan et à exterminer les Mahdistes, avec en particulier : - La légitimité de l‟Angleterre à vouloir protéger les frontières sud de l‟Egypte contre les menaces répétées de ses opposants pouvant entraîner l‟arrêt du débit du Nil sur le territoire égyptien. - En effet, les nombreuses études durant cette période ont montré que le développement de l‟Egypte, en particulier celui de l‟agriculture, nécessitait l‟accomplissement des projets menés sur les sources équatoriales du Nil et sur le cours du fleuve. Cela ne pouvait en aucun cas se réaliser avec une force adverse dominant le haut Nil et une partie importante de son cours(2). Lord Cromer s‟est rendu compte de l‟erreur des politiciens, et la preuve en a été apportée par les informations en provenance du Caire et par les événements qui ont eu lieu concernant le Haut Nil. Concernant Le Caire en 1897, monsieur Victor Prompt, un ingénieur français travaillant pour le ministère des travaux égyptien, a précisé dans une conférence qu‟il donna à la société géographique que n‟importe quelle petite force pouvait empêcher l‟arrivée des eaux du Nil depuis les plateaux équatoriaux si quelques pierres se trouvaient jetées dans le fleuve aux endroits où le cours du fleuve se rétrécit. Il a également précisé l‟épisode « Fachoda » en particulier(3). Concernant le Haut Nil en 1898, un événement s‟est produit dans le cadre du partage du gâteau africain entre les deux pôles colonialistes, la Grande Bretagne et la France. Le Colonel français Marchand, à la tête d‟une force militaire, a rejoint ‫ دار الكيب‬،‫ القاىرة‬،‫ "مو ؼ بريطا نيا مف الو ات المصرية السودانية"فى النيؿ فى الياريخ المصر الحديث و المواصر‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (1) .372‫ ص‬،7002 ،‫و الوثائؽ القومية‬ .111- 111‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫يو ى اللمؿ و عبد اهلل عبد الرازؽ‬ (2) .20- 22‫ ص‬،3221‫ نوفمبر‬،‫ كياب الي ؿ‬،‫ القاىرة‬،‫ الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية السودانية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (3) 34 Fachoda comme cela a été précisé par Prompt. Dans le même temps, les Anglais ont envoyé une expédition sous le commandement de Kitchener dans le but de récupérer le Soudan et celle-ci s‟est également dirigée vers Fachoda. C‟est l‟insistance de la Grande Bretagne, pour avoir le dernier mot dans les relations hydriques égypto-soudanaises, qui a conduit la France à se retirer(1). La politique gouvernementale de Paris avait pour but de faire pression pour l‟acquisition du territoire tout en restant de connivence avec l‟occupation Britannique en Egypte. Cette « double-logique » suivie par la France a représenté un danger maximal à la fois pour l‟Egypte et pour la Grande Bretagne, poussant le gouvernement de Londres à réagir et même à se déclarer prêt pour la guerre face à l‟importance des enjeux en cause. Cet épisode prouve que tous les intervenants avaient compris combien les eaux du Nil représentaient une importance vitale et indiscutable dans des relations égypto-soudanaises. Plusieurs aspects de la politique Britannique ont secoué la relation égypto-soudanaise à l‟exception des relations hydriques entre les deux pays en raison du danger que cette situation représentait (2). En 1899, l‟armée égyptienne s‟est engagé vers le sud dans un combat contre Abdallah El Ta„ayouchi, le successeur d‟El Mahdi, qu‟elle a vaincu. Cette victoire mit un terme à la séparation entre l‟Egypte et le Soudan et permit un retour des relations égypto-britanniques régis sous un nouvel accord « un condominium » (3). Il est important de préciser que pour la première fois, un accord a inventé des frontières artificielles entre l‟Egypte et le Soudan(4). Ce nouveau système, érigé par Lord Cromer, avait pour but de garantir une domination anglaise parfaite sur les affaires du Soudan, tout en conservant à l‟Egypte des relations de pures formes avec le Soudan afin que les charges financières et militaires puissent être injectées dans la caisse et dans l‟armée égyptienne(5). .372- 372‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫ مو ؼ بريطانيا مف الو ات المصرية السودانية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (1) .23- 20‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫ الثوابت و الميغيرات فى الو ات المصرية السودانية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (2) .397‫ ص‬،3222،‫ مكيبة األنلمو المصرية‬،‫ القاىرة‬،‫ مصر و أفريقيا‬،‫زاىر رياض‬ (3) ‫ مركز البحوث‬،‫القاىرة‬،‫ فى سياسة مصر الخارلية فى عالـ ميغير‬،"‫ " السياسة المصرية يلاه السوداف م حظات أولية‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (4) .269‫ ص‬،3220 ،‫و الدراسات السياسية‬ .60‫ ص‬،3291 ‫ الييئة الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،‫ دور مصر فى أفريقيا فى الوصر الحديث‬،‫يو ى عطا اهلل‬ (5) 35 La politique de l‟Egypte envers le Soudan a été administrée en suivant la volonté et une orientation britannique. Dans ce contexte, l‟idée directrice dans la politique britannique était de limiter les relations égypto-soudanaises au strict nécessaire. Sur un autre plan, les autorités britanniques ont souhaité réduire les interactions égypto-soudanaises et de sécuriser leur relation mutuelle concentrée exclusivement sur l‟eau et les frontières(1). Au début du 20ème siècle, les besoins en eau ont commencé à apparaître pour l‟Egypte, en raison de sa croissance démographique et des terres arrivées à leurs limites. En effet, l‟eau disponible devenait insuffisante pour satisfaire les besoins croissants de l‟Egypte et c‟est pourquoi le barrage d‟Assouan a été bâti en 1902 (puis surélevé une première fois en 1912 pour stocker 3,5 milliards de m3 et amélioré une dernière fois pour stocker jusqu‟à 5,3 milliards de m3) (2). En 1910 Sir Mazen conseilla de se préoccuper de la culture du coton au Soudan, dans la région Al Gazira. Il attira l‟attention sur la situation du Landshire qui se trouvait en danger si celle-ci continuait à dépendre du coton égyptien. Il décida de cultiver 300 000 acres à Al Gazira et fit construire le barrage Sennar en 1914 dont les travaux ont rapidement été stoppés en raison de la première guerre mondiale, puis repris pour être finalement achevés en 1925. Les fortes protestations égyptiennes qui se sont multipliées ont poussé Lord Allenby, le haut-commissaire britannique au Caire à informer le gouvernement égyptien en 1920 que les terres irriguées resteront limitées à 300 000 acres. Malgré cela, le projet a continué à être la cible de fortes protestations(3). A l‟époque de l‟occupation britannique de l‟Egypte et de l‟instauration de la gouvernance égypto-britannique au Soudan, plusieurs évolutions ont eu lieu concernant le Nil : - La Grande Bretagne s‟est emparée de plusieurs régions centrales du bassin du Nil en Egypte, au Soudan, et dans les plateaux des lacs équatoriaux. Après la fin de la première guerre mondiale, la décolonisation allemande à l‟Est et au Centre de l‟Afrique a été remplacée par une occupation anglaise alors que le Rwanda et le Burundi ont été accordés à la Belgique, colonisatrice du bassin du Congo. .269‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (1) .379‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫ مو ؼ بريطانيا مف الو ات المصرية السودانية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (2) .372- 379 ‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (3) 36 - L‟Abyssinie est restée autonome, après que la Grande Bretagne, la France et l‟Italie se soient mis d‟accord en 1906 pour qu‟elle reste telle qu‟elle est. - Les opérations de limitation et de tracé des frontières entre les régions dominées par les pays colonialistes, ont commencé pour le bassin du Nil. A la demande de la Grande Bretagne, un article a été ajouté à ces accords au sujet des eaux du Nil, en cas de non-respect de n‟importe quelle modification sans acceptation préalable de l‟Angleterre, y compris la construction d‟autres barrages et le détournement du cours du fleuve. - La Grande Bretagne est ainsi devenue partenaire dans tous les sujets intéressant les eaux du Nil, d‟une part sur le plan relationnel entre les régions du bassin du Nil et d‟autre part sur le rôle du groupe de conseillers et de spécialistes britanniques travaillant au ministère des travaux égyptiens et aussi dans les administrations de l‟irrigation et de l‟agriculture au Soudan, l‟Ouganda, le Kenya et la Tanzanie(1). Après l’Indépendance : En 1922, La Grande Bretagne a mis fin à son protectorat sur l‟Egypte, qu‟elle a déclaré pays indépendant sans toutefois étendre sa position au Soudan. Ainsi, le Soudan est passé sous la dépendance de l‟Egypte autonome et désormais associée à l‟Angleterre pour former conjointement un gouvernement selon l‟accord de 1899 (2). Avant la révolution de juillet 1952, les gouvernements égyptiens ne considéraient pas l‟adoption du principe d‟union de la vallée du Nil comme une association égyptosoudanaise pouvant faire face au colonisateur britannique, mais plutôt une garantie des droits de l‟Egypte sur les eaux du Nil. Beaucoup d‟erreurs ont découlé de cette position et parmi elles, l‟éviction du Soudan dans les programmes politiques de la part des chefs de la révolution de 1919. Il est possible que ces affirmations soient choquantes pour beaucoup d‟historiens égyptiens, mais un retour sur les programmes politiques ou dans le passé des représentants des partis pourront faire ressortir la suprématie qui dominait sur le principe d‟union de la vallée du Nil. Il suffit également de revenir sur le degré de ،‫ مركػز البحػوث و الد ارسػات السياسػية‬،‫ القػاىرة‬،‫ فى المدرسة المصرية فػى السياسػة الخارليػة‬،"‫ " السياسة األفريقية لمصر‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (1) .222- 222‫ ص‬،7007 .322‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫ مصر و أفريقيا‬،‫زاىر رياض‬ (2) 37 leurs relations avec les autorités soudanaises ainsi que sur le nombre de leurs visites au Soudan pour s‟assurer que les actions et les discours n‟étaient pas au point(1). En 1924, l‟assassinat de Sir Lee Stack, gouverneur général du Soudan, entraina la démission du ministère de Zaghloul et le retrait de l‟armée égyptienne du Soudan mais le grand danger restait l‟annonce faite au gouvernement de Zaghloul par le hautcommissaire au Caire, Lord El Lenbi, que la Grande Bretagne avait l‟intention d‟augmenter la superficie des terres cultivables en coton dans la région Al Gazira au Soudan de 300 000 acres à une surface illimitée. Ce sujet était la corde sensible pour les égyptiens, que le gouvernement de Londres ne souhaitait pas toucher, et Lord El Lenbi s‟est empressé de transmettre l‟annonce sans attendre l‟acceptation du ministère des affaires étrangères britanniques et cette négligence lui a couté son poste. Le gouvernement d‟Ahmad Zewar a succédé à celui de Zaghloul et dans un échange de lettres entre ce nouveau gouvernement et le haut-commissaire, le gouvernement britannique a fait savoir qu‟il ne maintenait pas son intention d‟augmenter la superficie des terres arables à Al Gazira (2). Les négociations pour l‟eau du Nil avec l‟Egypte se sont poursuivies après 1924 tandis que les égyptiens restaient persuadés que pour résoudre cette question, il fallait reconnaitre de l‟autre côté les droits de l‟Egypte au Soudan. Pour leur part, les anglais voyaient que l‟affaire devait se résoudre plus précisément, et notamment avec l‟accord qui sera mis en place en 1929 sous la forme de deux lettres échangées entre le premier ministre égyptien Mohamad Mahmoud Pacha et le haut-commissaire britannique(3). Les deux parties se sont mis d‟accord pour que le Soudan ne retienne pas les eaux du fleuve au niveau du barrage de Sennar avant que le gouvernement égyptien ne termine de remplir le barrage d‟Assouan(4). Le coté égyptien s‟est rassuré avec cet accord qui garantissait le niveau d‟eau dont l‟Egypte avait besoin. Le côté britannique pour sa part avait accueilli cet accord avec bienveillance car entre-temps les revendications égyptiennes en faveur d‟une collaboration avec le Soudan pour dominer les ressources du Nil avaient enfin disparu. ،‫ فػى النيػػؿ فػى اليػػاريخ المصػر الحػػديث و المواصػػر‬،"3262- 3262 ‫ " النيػؿ فػػى الو ػات المص ػرية السػػودانية‬،‫السػيد عمػػى أحمػد فميفػػؿ‬ (1) .316- 311‫ ص‬،7002 ،‫ دار الكيب و الوثائؽ القومية‬،‫القاىرة‬ .313- 310‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (2) .313‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (3) .702‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫زاىر رياض‬ (4) 38 Entre la tranquillité d‟un côté et l‟accueil pacifique de l‟autre, les relations hydriques égypto-soudanaises allaient se figer pour une durée de trente ans(1). Avec le traité de 1936, le Soudan a continué d‟être administré selon l‟accord antérieur de 1899, les soldats britanniques et égyptiens ayant été remis à la disposition du gouverneur général ce qui revient à dire que la situation des égyptiens était revenue comme auparavant, en 1924(2). La classe intellectuelle soudanaise a compris que le sort du Soudan se dessinait sans qu‟on se préoccupe de son peuple, ce qui fut le point de départ du réveil du mouvement national au Soudan en 1938. Quelques personnalités de la classe intellectuelle assistèrent à un congrès culturel dans le but de voter un conseil permanent de représentation(3). Parmi toutes les questions traitées, la plus importante était la promulgation d‟une déclaration reconnaissant aux Soudanais le droit de disposer (4) d‟eux-mêmes . L‟union de la vallée du Nil traversa une crise après que les Soudanais aient demandé à disposer d‟eux-mêmes. Sur le plan de la stratégie, la Grande Bretagne souhaitait un maintien de la situation pour conserver le contrôle sur l‟Egypte et sur le canal de Suez tandis que l‟Egypte souhaitait le départ des forces britanniques dans le but d‟exercer une domination sur le Soudan en particulier concernant la question de l‟eau. Les allers retours dans les pourparlers au niveau des deux parties ont finalement conduit à une double libération : celle des Egyptiens avec le départ des Britanniques qui perdent le Canal de Suez et celle des Soudanais avec le retrait de l‟Egypte qui renonce à sa domination sur les eaux du Nil(5). Les égyptiens ont cependant gardé la certitude que l‟évacuation des Britanniques du territoire égyptien avait un lien avec le renoncement de l‟Egypte sur le Soudan et que cette double séparation n‟était qu‟un moyen de prolonger la domination britannique sur .311- 317 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (1) .709- 702 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫زاىر رياض‬ (2) .721 ‫ ص‬،3222 ،‫ مكيبة األنلمو المصرية‬،‫ القاىرة‬،‫ السوداف المواصر‬،‫زاىر رياض‬ (3) .169 ‫ ص‬،3222 ،‫ دار الثقافة لمنير و اليوزيع‬،‫ القاىرة‬،‫ ياريخ مصر و السوداف الحديث و المواصر‬،‫يو ى اللمؿ و عبد اهلل عبد الرازؽ‬ (4) .312 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (5) 39 le Soudan sans tenir compte des intentions réelles des partis soudanais(1). L‟Egypte souhaitait défendre ses prérogatives sur le Soudan, en particulier pour les eaux du Nil, avec le même esprit colonisateur que la Grande Bretagne vis-à-vis du canal de Suez(2). Les politiciens égyptiens ne faisaient que reproduire l‟attitude britannique pour se garantir les eaux du Nil(3). Ceux-ci apparaissaient très matérialistes, bien loin de l‟esprit de concertation qui aurait dû régner entre les deux peuples(4). Malgré tout, la Grande Bretagne a réussi à inciter beaucoup de politiciens soudanais, et même le parti national unitaire qui proclamait l‟Union de la Vallée du Nil, à réclamer un partage équitable des eaux du Nil entre l‟Egypte et le Soudan(5). Pour résumer la situation, l‟insistance des politiciens égyptiens pour maintenir une domination de l‟Egypte sur le Soudan, dans le but de mieux préserver sa prérogative sur les eaux du Nil, a été un échec. Mais en revanche, cela a incité beaucoup de soudanais à revendiquer une situation opposée à celle réclamée par les politiciens égyptiens : il s‟agit du droit pour les soudanais à disposer d‟eux-mêmes et de revoir la question des eaux du Nil. C‟est sur la base de ce constat qu‟une négociation a pu être envisagée pour un départ des Britanniques de l‟Egypte, tout en reliant cette question au droit des Soudanais à disposer d‟eux-mêmes puisqu‟il s‟agit d‟un droit incontestable pour un peuple frère, sachant que les liens qui unissent les deux pays ne doivent pas se baser sur des prérogatives de domination héritées de l‟ancienne Egypte. Par ailleurs, la recherche de nouveaux piliers dans les liens entre les deux peuples, doit être basée sur une réalité politique, effective et directe pour les relier, sans intervention de la part d‟une troisième partie. De la même façon, il n‟est pas convenable que l‟Egypte adopte une position de domination sur un peuple alors que dans le même temps les forces de la colonisation britannique occupent son territoire. (1) Au Soudan il y eut plusieurs partis qu‟il est possible de classer en 2 groupes : en premier, les partis unionistes qui proclamèrent le principe de l‟union de la vallée du Nil et l‟évacuation rapide des anglais de l‟Egypte et du Soudan(le parti unioniste, le parti libéral, le parti de l‟union de la vallée du Nil, le parti des frères) ; et en second, les partis indépendantistes qui proclamèrent l‟indépendance du Soudan (le parti de la nation, le parti nationaliste). .309‫ ص‬،3291،‫ دار األنصار‬،‫ القاىرة‬،3262- 3261 ‫ دراسات فى ياريخ الو ات المصرية السودانية‬، ‫( نواؿ عبد الوزيز ميد راضى‬2) .303‫ ص‬،3222 ،‫ الييئة المصرية الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،3261- 3212 ‫ السياسة المصرية يلاه السوداف‬،‫يماـ ىماـ يماـ‬ (3) .32‫ ص‬،‫ كمية البنات لاموة عيف يمس‬،‫ رسالة دكيوراه غير منيورة‬،3222- 3261 ‫ الو ات المصرية السودانية‬،‫أمانى محمد كماؿ الديف الطويؿ‬ (4) ‫ دار‬،‫ القػػاىرة‬،3261 - 3212 ‫ الحركػػة السياسػػية السػودانية و الص ػراع المصػر البريطػػانى بيػأف السػػوداف‬،‫فيصػؿ عبػػد الػرحمف عمػػى طػو‬ (5) .122- 129 ،327‫ ص‬،3229 ،‫األميف‬ 40 C‟est pour cela que le nouveau régime mis en place avec la révolution de 1952 a du statuer sur les avantages maintenus à l‟Egypte par l‟intermédiaire du Soudan : De quelle façon fallait-il gérer ces avantages au regard de la vallée du Nil sous la colonisation britannique ? Fallait-il que l‟Egypte garde son emprise sur le Soudan au détriment des intérêts des populations des deux pays ou fallait-il au contraire privilégier la situation des populations en favorisant le départ des britanniques et ainsi chasser la colonisation? (1) A l’époque de Nasser : En 1952, deux semaines après la révolution, Abd El Nasser réprouve la lenteur des Britanniques à quitter le pays ainsi que leur stratégie vis-à-vis du Soudan résolument contraire au principe d‟autonomie des Soudanais alors que la règle de droit des Soudanais à disposer d‟eux-mêmes doit conduire à l‟obtention de leur indépendance. Empêcher cela est une façon de conforter la colonisation britannique au détriment des intérêts des Soudanais, et suivre une telle politique revient à monter que les égyptiens sont davantage colonialistes que les Britanniques. Nasser réalisa également que son objectif de croissance économique et sociale au profit d‟une réforme agraire ne pourra intervenir qu‟en exécutant des projets colossaux sur le Nil qui ne pourront avoir lieu qu‟après le départ définitif des Britanniques et après l‟acquisition par les Soudanais du droit à disposer d‟eux-mêmes. Nasser étudia dans le même temps le dossier du Haut-barrage et la négociation de l‟affaire du Soudan et fixa des ambitions élevées dans la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan avec une stratégie précise concernant les eaux du Nil et l‟évacuation de la colonisation britannique(2). La révolution en Egypte a traité l‟affaire du Soudan en s‟engageant dans une guerre pour libérer totalement le territoire national égyptien, la vallée du Nil mais aussi toute l‟Afrique(3). La Grande Bretagne a utilisé les eaux du Nil comme moyen de pression sur l‟Egypte et sur ses projets hydriques, en faisant valoir les besoins hydriques du Soudan et en faisant éclater des troubles dans la vallée du Nil pour heurter les objectifs de l‟Egypte .369 ،362- 366 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (1) .327 ،320- 362 ‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (2) .73 ‫ ص‬،7007 ،‫ الييئة الوامة لقصور الثقافة‬،‫ القاىرة‬،‫ عبد الناصر و الثورة األفريقية‬،‫محمد فايؽ‬ (3) 41 dans la construction du haut barrage. L‟ancienne stratégie britannique fut réactivée(1) avec l‟inauguration du projet Al Manaqel qui prévoyait de cultiver trois quarts de millions d‟acres en utilisant les eaux du Nil et avec des accusations répétées envers l‟Egypte de vouloir s‟approprier la part du Soudan selon l‟accord de 1929. Cela a poussé les journaux soudanais à mobiliser les habitants contre le projet du Haut Barrage et de cette manière, la rumeur avancée par la Grande Bretagne allait devenir une réalité(2). Il était donc établi que le refoulement des Anglais d‟Egypte, l„injustice de la nouvelle situation sociale et les prérogatives de l‟Egypte sur le Soudan se trouvaient concentrés sur le projet du Haut Barrage(3). La situation du Haut Barrage nécessita des négociations directes entre l‟Egypte et le Soudan pour arriver jusqu‟à un accord qui fixe la part du Soudan et le financement de la submersion du nord du pays avec l‟eau du lac. La Grande Bretagne s‟immisça dans l‟affaire estimant que sa responsabilité restait engagée vis-à-vis du Soudan et délégua aux négociations monsieur Morris, de nationalité anglaise et conseiller à l‟irrigation soudanaise. Celui-ci s‟orienta vers une nécessité pour l‟Egypte d‟accepter le commencement du barrage Roseiros, sans que celui-ci soit lié au projet du Haut Barrage. Il a insisté sur la question du partage de l‟eau et la détermination des parts en soulignant que le principe des droits acquis était ignoré(4). Les négociations égypto-soudanaises ont commencé en 1955 et il était clair que du côté soudanais l‟affaire de l‟eau était traitée sans référence aux accords précédents. L‟affaire de la superficie des terres arables a également été débattue pour permettre de fixer les parts en eaux. Le Soudan a continué de mener ses projets hydriques sans se préoccuper de leur acceptation par l‟Egypte. Sur un autre plan, le Soudan demanda une indemnisation pour n‟importe quel préjudice causé par n‟importe quel projet ainsi que la participation des autres pays du bassin du Nil encore colonisés. Cela est un indicateur clair de l‟accès de la Grande Bretagne à la table des négociations, non .396 ‫ ص‬،3220 ،‫ القاىرة‬،‫ الزعيـ األزىر و عصره‬،‫بيير محمد سويد‬ (1) ‫ مويد‬،‫ لاموة القاىرة‬،‫ رسالة مالسيير غير منيورة‬،‫ ميروع اللزيرة فى المفاوضات المصرية البريطانية‬،‫حسف عمى أحمد المكحؿ اليريؼ‬ (2) .16 ‫ ص‬،‫البحوث و الدراسات األفريقية‬ .322 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (3) .707- 703 ‫ ص‬،3290 ،‫ اليار ة‬،‫ الحركة الوطنية السودانيةح اإلسيق ؿ و ما بوده‬،‫خضر حامد‬ (4) 42 seulement par la présence du conseiller Morris mais aussi avec les négociations menées au nom des autres colonisations britanniques dans le bassin du Nil(1). Du côté égyptien, l‟argumentation s‟est appuyée : - sur le maintien des droits acquis, - sur la nécessité de prendre en considération le nombre d‟habitants comme élément déterminant dans le partage de l‟eau, - sur la nécessité de fixer les besoins en eaux du Nil pour l‟irrigation dans les deux pays, faisant allusion à la pluie qui tombe au Soudan, - sur un besoin évident de soumettre le partage des eaux entre les deux pays en fonction des pluies mesurées à Assouan - sur une définition complète des mesures de financement. Les négociateurs égyptiens ont confirmé leur engagement total aux accords précédents ainsi que le droit pour l‟Egypte à exprimer ses revendications dans n‟importe quel nouveau projet hydrique concernant le Soudan(2). Pour les négociateurs égyptiens, il est devenu clair que les Britanniques se maintenaient dans une position obstinée, non constructive, fondée sur un avantage privé à court terme, c‟est à dire le barrage Roseiros ce qui faisait passer le Haut Barrage au second plan. Sur ce point, la réponse des négociateurs égyptiens étaient de montrer leur non-précipitation dans l‟affaire du Haut Barrage ou, dans le but d‟aboutir à un accord, de communiquer avec les diverses organisations internationales pour justifier n‟importe quelle protestation au sujet du financement d‟un projet hydrique non admis par l‟Egypte(3). Enfin, Nasser fit des déclarations directes pour assurer que l‟Egypte maintenait la construction du Haut Barrage à Assouan sans l‟accord de qui que ce soit(4). Les autorités égyptiennes ont poursuivi malgré tout l‟avancement du projet sans s‟intéresser aux manœuvres britanniques et sans se préoccuper de la position du gouvernement soudanais d‟Ismaïl El Azhari. Cela devint évident après la déclaration .702- 701 ‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (1) .327- 323 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (2) .717- 713 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أمانى محمد كماؿ الديف الطويؿ‬ (3) .‫ يق رير سر مرفوع لرئيس اللميورية‬،‫ سر لمغاية‬،7/1/2/112 ‫ ممؼ ر ـ‬،31 ‫ محفظة ر ـ‬،‫ أرييؼ‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (4) 43 historique de Nasser de nationaliser le canal de Suez le 26 juillet 1956 et cette annonce radiodiffusée a donné une direction irrévocable à la construction du Haut Barrage(1). L‟Egypte venait à peine de se débarrasser de l‟agression tripartite quand Abdallah Khalil, successeur de d‟Ismaïl El Azhari a surpris tout le monde avec plusieurs interventions de sa part pour s‟élever contre l‟opposition internationale au projet du Haut Barrage. Il y eut notamment ses déclarations concernant les intérêts de l‟Ouganda et de l‟Ethiopie, ses paroles au sujet de l‟attitude de la Grande Bretagne concernant les droits de ses colonies sur les eaux du Nil. Il se rajoute à cela l‟accueil du vice-président américain Nikson en 1957 qui a été à l‟origine d‟une fondation dédiée aux pays concernés par les eaux du Nil et enfin la déclaration de l‟Ethiopie pour sa décision de construire un barrage sur le Nil Bleu à 2 km du lac Tana(2). Le plus surprenant reste que l‟incursion des puissances extérieures a été sur le point d‟exposer l‟Egypte et le Soudan à une usurpation de leurs intérêts hydriques jusqu‟à devenir nuisibles pour les deux pays. Les Etats Unis exerçaient une forte pression sur l‟Egypte avec des propositions d‟installations hydriques et électriques en Ethiopie et avec le démarrage d‟un grand barrage sur le lac Tana. Cela concernait aussi la nécessité d‟élever le barrage Sennar pour absorber les débordements du Nil Bleu résultant des effets négatifs du barrage sur le lac Tana (3). Le Soudan et l‟Egypte se sont donc trouvés dans une situation identique concernant les eaux du Nil. Pour une personne sensée, il était devenu évident que leurs avantages étaient devenus communs et que les interventions étrangères leur causaient des ennuis en rafale. Tous les scientifiques travaillant sur le sujet des eaux du Nil avaient compris que les intérêts du Soudan étaient unis à ceux de l‟Egypte et malgré cela, le gouvernement d‟Abdallah Khalil fit savoir à la Grande Bretagne et à l‟Egypte qu‟il ne respecterait plus les accords de 1929. Quelques scientifiques ont essayé de lui dire que les frontières du Soudan avaient été tracées par les autorités colonialistes et que par conséquent ce qui s‟applique aux frontières s‟applique aussi pour l‟eau. Mais le gouvernement soudanais a continué d‟aller à l‟encontre de ses intérêts. .326‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (1) ‫ بي ػػاريخ‬،‫ يقري ػػر مرف ػػوع م ػػف إدارة الي ػػئوف األفريقي ػػة‬،‫ المو ػػؼ السياس ػػى ف ػػى الس ػػوداف‬، 31 ‫ محفظ ػػة ر ػػـ‬،‫أري ػػيؼ و ازرة الخارلي ػػة المصػ ػرية‬ (2) .3262 /‫ ابريؿ‬/31 ‫ و كػذلؾ عػف‬3262/2/2 ‫ بيػاريخ‬،‫ القسـ السياسػى‬،3262 ‫ اليقرير اليير عف يونيو‬،7‫ح‬172 ‫ محفظة‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (3) .3269/3/31‫ إلى وكيؿ و ازرة الخارلية فى‬،‫ مف السفير محمود سيؼ اليزؿ خميفة‬932 ‫ إفاده‬،6 ‫نفس المصدرح‬ 44 A cette période, l‟Egypte fit preuve de patience à l‟égard du gouvernement d‟Abdallah Khalil et dans le maintien des relations publiques, en facilitant le déplacement des soudanais vers l‟Egypte, en adoptant une politique préférentielle pour les marchandises en provenance du Soudan et même en renonçant au principe d‟une égalité de traitement concernant les visas : pour les Soudanais, le visa égyptien était accordé le jour même de la demande pour une durée de 3 mois alors que le gouvernement soudanais accordait un visa de 2 semaines seulement avec un délai de 2 jours pour un diplomate ou 5 jours pour un citoyen égyptien (1) . Un incident diplomatique se produisit à l‟initiative du gouvernement d‟Abdallah Khalil pour l‟accueil du conseiller de l‟ambassade égyptienne à Khartoum. Après 2 jours, celui-ci a dû quitter le Soudan, au motif que sa présence était indésirable, après qu‟un rapport de la police soudanaise a déclaré son activité douteuse (2) . Après cet épisode, l‟Egypte décida d‟adopter la même attitude vis-à-vis des Soudanais, pour faire pression sur les gouvernements, et cette mesure fut plutôt bien accueillie par les citoyens soudanais en Egypte (3). C‟est pendant ces manœuvres « khaliliennes » que l‟accord de construction fut donné pour la 1ère étape du Haut Barrage, en octobre 1958 (4). A ce moment, Abdallah Khalil invita les pays du Nil Blanc à un congrès pour examiner l‟affaire, ce qui veut dire qu‟il négocia des transformations avec la Grande Bretagne. Il s‟envola ensuite vers l‟Ethiopie, pour y rencontrer l‟empereur et pour étudier la situation avec celui-ci et un responsable des affaires étrangères américaines. C‟est après un second séjour à Addis-Abeba que l‟Ethiopie déclara son absence d‟engagement dans n‟importe quel accord avec l‟Egypte et le Soudan. Elle estimait avoir le droit absolu d‟exécuter des projets agricoles, irrigables et électriques dès lors que ceux-ci se trouvent à l‟intérieur de ses frontières. Par conséquent, elle ne .399- 392 ،322‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (1) ،‫ مػذكرة يحيػى عبػد القػادر مسييػار السػفارة المصػرية بػالخرطوـ‬،7‫ ح‬7/39/211 ‫ ممؼ‬،31 ‫ محفظة ر ـ‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (2) .3269 ‫ يوليو‬72 .3269 ‫ يوليو‬72- 70‫ يقارير صحفية عف الفيرة مف‬،7‫ ح‬1/32/211 ‫ ممؼ‬،36 ‫ محفظة ر ـ‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (3) ‫ مقػاب ت سػفير مصػر مػع بوػض‬،‫ اليقػارير السياسػية‬،3‫ ح‬32/12/3/7 ‫ ممػؼ ر ػـ‬،3722 ‫ محفظة ر ـ‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (4) .3269/2/70 ‫ بياريخ‬،‫القيادات السودانية‬ 45 reconnaissait aucun accord puisqu‟elle n‟était pas membre adhérent dans cette entente(1). Une campagne s‟éleva ensuite contre Abdallah Khalil car une comparaison fut établie entre la relation égypto-soudanaise d‟une part et celle du gouvernement soudanais et des pays de l‟Occident d‟autre part, en insistant sur une communauté fraternelle entre Egyptiens et Soudanais opposée au soutien d‟Abdallah Khalil par les puissances colonialistes d‟Occident. La crise réside également sur le fait que l‟orientation du gouvernement soudanais suivait un programme de l‟Occident alors que l‟Egypte aspirait à voir le Soudan prendre son indépendance pour être dirigé par Khartoum et non par les capitales occidentales(2). Beaucoup de journaux et de politiciens ont soutenu le point de vue égyptien, en dénonçant l‟attitude d‟Abdallah Khalil. L‟ancien premier ministre Ismaïl El Azhari déclara que l‟intérêt du Soudan était la suppression de l‟aide américaine, l‟amélioration de sa relation avec l‟Egypte ainsi que la non suppression de l‟accord de 1929 et il demanda que Abdallah Khalil soit écarté du gouvernement(3). En novembre 1958, Abdallah Khalil remit le pouvoir au général Ibrahim Aboud, le commandant de l‟armée, en annonçant que cela lui était imposé pour éviter un coup d‟état. Le risque d‟un coup d‟état n‟est absolument pas fondé, par contre, il est vrai que le gouvernement de Khalil venait de tomber au début de la réunion du parlement. Cela était dû à une alliance entre le parti national unioniste conduit par son leadership Ismaïl El Azhari et le parti du peuple représenté par Ali Abdel Rahman son leadership, qui avait été accueillie au Caire pour se coordonner(4). Ce n‟est donc pas un coup d‟état puisque c‟est le gouvernement civil qui a transféré son pouvoir à l‟armée(5). ،‫ القػػاىرة‬،‫ مويػػد البحػػوث و الد ارسػػات الوربيػػة‬،‫ رسػػالة لنيػػؿ الػػدكيوراه‬،3262- 3267 ‫ سياسػػة مصػػر يلػػاه السػػوداف‬،‫حنػػاف محمػػود عػػزوز‬ (1) .769‫ ص‬،7001 ‫ فػ ػ ػ‬309/377/‫ س‬،330/6 ‫ محفظ ػ ػػة ر ػ ػػـ‬،‫ م ػ ػػذكرة إدارة األبح ػ ػػاث‬،7‫ ح‬32/122/7 ‫ مم ػ ػػؼ ر ػ ػػـ‬،‫أري ػ ػػيؼ و ازرة الخارلي ػ ػػة المصػ ػ ػرية‬ (2) .3269/33/37 ‫ مف الوزير المفوض القائـ باألعماؿ محمد سامى إلى وكيػؿ و ازرة‬7/92/211 ‫ ممؼ ر ـ‬،37‫ محفظة ر ـ‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (3) .3262/30/6 ‫ بياريخ‬،‫الخارلية‬ .721‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أمانى محمد كماؿ الديف الطويؿ‬ (4) ‫ بيػ ػ ػػاريخ‬،‫ يقريػ ػ ػػر الس ػ ػػفير المص ػ ػػر ب ػ ػػالخرطوـ‬، 7‫ ح‬32/122/7 ‫ مم ػ ػػؼ ر ػ ػػـ‬،3722 ‫ محفظػ ػ ػػة ر ػ ػػـ‬،‫أري ػ ػػيؼ و ازرة الخارلي ػ ػػة المصػ ػ ػرية‬ (5) .3269/37/33 46 La chute du gouvernement a eu plusieurs causes, tels que le mécontentement de l‟opinion publique et des puissances politiques soudanaises, le refus du Soudan à reconnaitre les accords concernant les eaux du Nil mais la cause la plus importante reste son opposition à l‟Egypte. L‟affaire des eaux du Nil était donc devenue une cause majeure dans la crise du gouvernement de Khalil puis de sa chute(1). Après avoir pris le pouvoir, le général Ibrahim Aboud, commandant général de l‟armée soudanaise, déclara que la priorité absolue restait le maintien d‟une bonne relation avec l‟Egypte, la reconnaissance de son gouvernement, des accords et des pactes(2), ce qui a permis de relancer des problèmes restés en suspens à commencer par l‟affaire du Haut Nil(3). Cette décision confirme que les tensions relatives à l‟eau étaient purement artificielles et que la mauvaise gestion des relations communes révélait davantage une façon de parler qu‟une crise réelle. De cette façon, la rencontre égypto-soudanaise pour les négociations relatives à l‟eau du Nil n‟était plus qu‟une question de temps, ce qu‟a confirmé le côté soudanais en août 1959 (4). Le 8 novembre 1959, monsieur Zakariya Mohy El Din et le général Mohamad Talaat Farid, un membre du conseil suprême des forces armées et le ministre des renseignements et du travail du côté soudanais, ont signé un accord qui sera nommé « l‟accord concernant l‟utilisation des eaux du Nil » pour le compte de la République Arabe Unie et de la République du Soudan. Des deux côtés, les accords de délégation ont été échangés et authentifiés pour autoriser les deux représentants à signer au nom de leur gouvernement respectif. Une vérification du compte rendu des signatures viendra plus tard lever le doute sur cet accord alors que deux exemplaires originaux avaient été remis aux deux pays signataires pour confirmer officiellement le document et pour écarter tout risque de contestation(5). L‟élément le plus important de cet accord concerne la coopération technique des deux pays riverains dans la vallée du Nil, avec la fondation de « l‟Organisation Technique .707‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (1) .721- 720 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫حناف محمود عزوز‬ (2) .‫ يقرير عف سياسة أثيوبيا الخارلية و ع ييا بمصر‬، 1/10/12 ‫ ممؼ ر ـ‬،3332 ‫ محفظة ر ـ‬،‫أرييؼ و ازرة الخارلية المصرية‬ (3) .792 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫حناف محمود عزوز‬ (4) .)3262 ‫ مارس‬32( ‫ ىلر‬3129 ‫ رمضاف‬2 ‫ االثنيف‬،377 ‫ الودد‬،‫الو ائع المصرية‬ (5) 47 Permanente des Eaux du Nil » constituée d‟un nombre égal d‟experts pour les deux pays chargés d‟entretenir une relation permanente entre les deux pays. Cette organisation était devenue l‟élément de référence dans la relation entre l‟Egypte et le Soudan, et reposait sur deux piliers, qui sont le maintien des relations sociales et la protection des relations hydriques. En cas de désaccord entre les politiciens, des relations durables pouvaient ainsi être préservées contre les séismes politiques et leurs conséquences. Avec l‟accord de 1959, les pays sous protection colonialiste se sont vus reconnaître le droit de discuter les termes de cet accord(1). Les puissances soudanaises hostiles au régime militaire n‟étaient pas opposées ni aux principes de l‟accord ni à ce qu‟il représentait, seulement après la chute du régime en 1964 quand les politiciens (en particulier le parti de la nation) ont commencé à s‟en prendre au régime militaire dictatorial, à la fois dans le cadre des offensives dirigées vers le régime mais aussi contre les relations égypto-soudanaises. Et cela s‟est produit malgré la contre signature de l‟accord adopté par un parlement élu et par les représentants d‟un régime qui s‟était emparé du pouvoir. Par référence aux relations existantes entre les deux pays, il est prouvé que le régime du général Aboud n‟était pas un coup d‟état ni dans l‟organisation judiciaire de son gouvernement ni dans la façon de gérer les relations sociales. C‟est Abdallah Khalil qui fut à l‟origine du retournement de situation, et lorsque les relations entre l‟Egypte et le Soudan se sont détériorées sur tous les plans, c‟est à dire nilotiques, économiques, commerciales et sociales, certains leaders politiciens du parti de la nation ont préféré qu‟un nouveau dirigeant prenne le pouvoir pour redresser la situation. Et même si les représentants du parti national ont essayé de montrer que l‟accord concernant l‟eau est intervenu dans des conditions exceptionnelles de bouleversement, cet accord est venu matérialiser des intérêts communs aux deux pays pour la gestion du fleuve, en les réunissant d‟un seul bloc face aux pays tiers. Et si cet accord a résisté aux périodes de doute et aux tentatives de suspicions, y compris lorsque le parti national en a été responsable, c‟est pour la simple raison que les calculs réalisés par les techniciens .‫أحكاـ عامة مف اإليفا ية‬- ‫ البند خامسا‬،‫المرلع السابؽ‬ (1) 48 ont prêté attention aux événements, à la réalité des chiffres, sans prendre en compte les profits militaires ou politiques(1). Les axes principaux sur lesquels se sont basées les politiques de Nasser vis-à-vis du Soudan peuvent être résumés autour des quatre points suivants : - le premier point est basé sur le maintien des intérêts hydriques égyptiens au Soudan. Cet axe se matérialise avec la signature de l‟accord en 1959, en remarquant qu‟il a été le premier, trente années après celui de 1929. Cet accord a été réalisé pour faire face à la nouvelle situation hydrique après le début de la construction du Haut Barrage. - Le deuxième point est basé sur une politique de pacification dans les relations entre les gouvernements se trouvant à Khartoum sans créer de difficulté. - Le troisième point est basé sur la politique volontariste de l‟Egypte, pour un maintien de sa présence effective au Soudan, sous n‟importe quelle condition. Le meilleur exemple de cette présence se traduit sur le plan culturel. - Le quatrième et dernier point est basé sur un appui stratégique au Soudan pour l‟Egypte (en effet, certaines forces de l‟armée égyptienne, en particulier celles de l‟aviation, ont été transférées au Soudan, après la guerre de 1967 afin de les éloigner des bombardements israéliens) (2) . A l’époque de Sadat Les relations égypto-soudanaises ont vu une amélioration sensible à partir des années soixante-dix jusqu‟à la chute du régime Noméri en 1985. Les caractéristiques principales de cette amélioration se situent sur les axes suivants : - L‟aide de l‟Egypte et de la Lybie à Noméri pour rétablir le pouvoir après le coup d‟état de 1971 - La participation des forces soudanaises à la guerre d‟octobre 1973 - La signature du programme politique et d‟intégration économique par l‟Egypte et le Soudan en 1974(3) pour un développement des puissances économiques, politiques .736- 731‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫السيد عمى أحمد فميفؿ‬ (1) .310- 312 ‫ ص‬،7006 ،‫ الييئة المصرية الوامة لمكياب‬،‫ القاىرة‬،‫ يئوف و يلوف ياريخية‬،‫يوناف لبيب رزؽ‬ (2) ،‫القاىرة‬،‫ "الو ات المصرية السودانية الميراث الياريخىح مدركات و سموؾ" فى المدرسة المصرية فى السياسة الخارلية‬،‫إبراىيـ نصر الديف‬ (3) .696- 691 ‫ ص‬،7007 ،‫مركز البحوث و الدراسات السياسية‬ 49 et intellectuelles des deux pays(1) y compris la signature de plusieurs protocoles renfermant le projet du canal Gongleï en 1974(2). - La signature de plusieurs accords entre l‟Egypte et le Soudan, parmi lesquels : l‟accord de défense commune en 1976, celui de la coopération pour l‟hygiène et le médical en 1977, celui pour l‟encouragement et la protection de l‟investissement en 1977, et beaucoup d‟autres(3)…. - La position du Soudan qui, avec très peu de pays arabes, a conservé ses liens diplomatiques avec l‟Egypte, après que l‟accord de paix a été signé entre l‟Egypte et l‟Israël(4). La politique égyptienne vis-à-vis du Soudan a reconnu officiellement une activité remarquable, bien que dans les faits, la réalisation des accords signés entre les deux pays soit restée limitée, et cela, malgré des slogans et des objectifs ambitieux(5). Cette situation s‟explique par un manque d‟études pour traiter les difficultés et les interrogations des deux pays et par un manque de concertation(6). Il faut ajouter à cela qu‟il n‟y avait pas de volonté réelle pour transformer ces accords en réalisations concrètes et aussi que ces accords ont été repoussés de la part des organisations nationales opposées au régime Noméri, en constante augmentation(7). Concernant le fleuve du Nil, le gouvernement égyptien a commencé en 1926 à établir un projet de construction de canal pour drainer l‟eau de la région El Sudud, au sud du Soudan, à Bahr El Gabal, Bahr El Gazal, El Zaraf et le Subat. Le gouvernement égyptien a présenté ce projet au gouvernement anglais du Soudan, en 1928, sous le nom de « projet du Nil équatorial ». Le Soudan a alors demandé une modification sur le projet pour y intégrer ‫ مركز‬،‫ القاىرة‬،‫" مسيقبؿ الو ات المصرية السودانية " فى الو ات المصرية السودانية الماضى و الحاضر و المسيقبؿ‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (1) .201- 201‫ ص‬،3220 ،‫البحوث و الدراسات السياسية‬ .696‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫إبراىيـ نصر الديف‬ (2) ‫ مركزالبحوث‬،‫ القاىرة‬،‫ فى سياسة مصر الخارلية فى عالـ ميغير‬،" ‫ " السياسة المصرية يلاه السوداف م حظات أولية‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (3) .269‫ ص‬،3220 ،‫و الدراسات السياسية‬ .696‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫إبراىيـ نصر الديف‬ (4) .222‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (5) .201‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (6) .222‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (7) 50 la ville de Gongleï et le fleuve Sobat. Les études menées pour ce nouveau projet ont été achevées en 1946 et resteront dans l‟oubli jusqu‟en 1974, c‟est-à-dire jusqu‟à la signature d‟un accord officiel par l‟Egypte et le Soudan pour la construction et le financement du canal(1). Les deux pays se sont regroupés, à l‟écart du projet du canal Gongleï et n‟ont pas ouvert de relations politiques avec les autres pays du fleuve car l‟accord de creuser le canal de Gongleï 1 et 2 a été le dernier projet d‟envergure sur le Nil à l‟intérieur du Soudan, et que désormais pour tout projet en dehors de celui-ci, les accords devaient intervenir avec tous les pays du bassin du Nil. Dans le bassin du Nil, d‟autres pays ont commencé à discuter des projets d‟irrigation permanente pour leur territoire, en faisant valoir leurs propres intérêts concernant l‟eau et l‟électricité, comme par exemple les projets de l‟Ethiopie, et ceux autour du lac Victoria en Ouganda et en Tanzanie, ou ceux pour une fondation concernant l‟organisation du fleuve Kagira entre la Tanzanie, l‟Ouganda, le Burundi et le Rwanda (2). En 1976, l‟Egypte et le Soudan ont signé un contrat avec la société française des constructions internationales CCI, mais le projet a été interrompu en 1983 avec la guerre qui a éclaté au sud du Soudan, mais aussi à cause de plusieurs litiges sur l‟avancement du projet(3). Il y eut aussi des rumeurs non fondées, auxquelles contribua l‟Israël, pour présager que le canal allait assécher les marais et les prairies, privant les bêtes de leur pâturage et entrainant l‟avancée du désert. D‟autres rumeurs ont couru au sujet d‟une colonisation égyptienne, d‟une émigration des paysans égyptiens pour s‟installer au sud du Soudan(4). D‟une façon générale, la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan est restée tempérée tout au long du régime de Noméri, c‟est-à-dire à partir des années 70 et jusqu‟à la moitié des années 80, et cela, malgré toutes les réalisations annoncées sur le plan officiel(5). Cette période n‟a pas connu de situation de crise entre les deux pays concernant les eaux du Nil. .32‫ ص‬،3223 ‫ يوليو‬،306 ‫ عدد‬،‫ السياسة الدولية‬،"‫ " نحو بنات نظاـ لديد لميواوف اإل ميمى فى حوض النيؿ‬،‫أنس مصطفى كامؿ‬ (1) .201- 201 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (2) .32 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أنس مصطفى كامؿ‬ (3) .92 ‫ ص‬،7030 ،‫ مكيبة اليروؽ الدولية‬،‫ القاىرة‬،‫ إسرائيؿ فى النيؿ‬،‫زبيده عطا‬ (4) .222‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (5) 51 A l’époque de Moubarak En 1982, est intervenue la signature d‟une charte d‟intégration entre l‟Egypte et le Soudan, et malgré cela, les réalisations n‟ont pas été à la hauteur des attentes. Ce manque de réalisation a montré que ces accords d‟intégration ne visaient qu‟un seul but, celui de protéger le régime soudanais(1). A la fin du régime de Noméri, les pratiques ont conduit à affaiblir les relations entre les deux pays, en particulier avec la déclaration d‟application des lois du droit musulman en 1983, l‟augmentation de la répression contre les partis d‟opposition qui pensaient que ce régime bénéficierait du soutien de la part du gouvernement égyptien, et enfin avec ses agissements dont le but étaient de neutraliser toutes les tentatives de l‟Egypte à sortir de son isolement arabique pendant cette période(2). En 1985, l‟armée bougea et renversa le régime de Noméri. Un conseil militaire provisoire, ayant à sa tête Abdel Rahman Sowar El Dahab, s‟empara du pouvoir pour un an durant lequel des élections parlementaires eurent lieu. Un gouvernement élu avec El Sadeq El Mahdi comme président accéda au pouvoir de 1986 jusqu‟à 1989 (3). Durant cette période, les relations entre les deux pays devinrent le plus souvent agressives(4). Le gouvernement soudanais ne s‟est pas contenté de refuser tous les accords de l‟époque Noméri mais il a repoussé tous les pactes qui avaient été signés antérieurement entre l‟Egypte et le Soudan comme par exemple l‟accord concernant l‟eau du Nil de 1959, l‟engagement pour une redistribution occasionnelle des eaux du Nil en faveur de l‟Egypte, et l‟ouverture du dossier concernant des frontières(5). En 1989 l‟armée renversa le régime civil avec Omar Hassan El Bachir qui mena le coup d‟état pour ensuite accéder au poste de présidence de la République(6). ،‫ مركز دراسات الوحدة الوربية‬،‫ بيروت‬،‫ فىدراسة فى الو ات السياسية الوربية‬،"‫ "النظاـ اإل ميمى الوربى‬،‫لميؿ مطر و عمى الديف ى ؿ‬ (1) .326‫ ص‬،3292 ‫ فى الو ات المصرية السودانية الماضى و الحاضر‬،"‫ " الو ات السودانية المصرية ما بيف اليكامؿ و ميثاؽ اإلخات‬،‫مرغنى النور لاويش‬ (2) .212 ‫ ص‬،3220 ،‫ مركز البحوث و الدراسات السياسية‬،‫ القاىرة‬،‫و المسيقبؿ‬ .21 ‫ ص‬،7002 ،‫ مويد البحوث و الدراسات األفريقية‬،‫ القاىرة‬،‫ دليؿ الدوؿ األفريقية‬، ‫محمد عايور ميد‬ (3) .219 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫مرغنى النور لاويش‬ (4) ‫ الييئػة المصػرية الوامػة‬،‫ القػاىرة‬،‫ ميػاه النيػؿ فػى السياسػة المصػرية ث ثيػة الينميػة و السياسػة و الميػراث اليػاريخى‬،‫أيمف السيد عبد الوىاب‬ (5) .332‫ ص‬،7002 ،‫لمكياب‬ .21‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬، ‫محمد عايور ميد‬ (6) 52 Les relations égypto-soudanaises se sont peu à peu crispées jusqu‟à produire une véritable lutte dans les assemblées internationales. L‟alliance entre El Bachir et Hassan El Torrabi a conduit le régime islamiste à s‟installer et cette méthode radicale a été désapprouvée par l‟Egypte. Le désaccord idéologique entre les deux régimes a accentué leurs différends, en particulier : - La mésentente frontalière entre les deux pays, que les périodes de relations tendues ont fait ressortir à plusieurs reprises ; - La question de l‟eau du Nil que souhaite régulièrement évoquer le Soudan pour revoir l‟accord de 1959 - Les possessions de la mission égyptienne rattachées au ministère de l‟irrigation qui ont été confisquées par le Soudan ainsi que la fermeture de la branche de l‟université du Caire à Khartoum Le désaccord s‟amplifia et provoqua la rupture des relations entre les deux pays après la tentative d‟assassinat de Moubarak en 1995 pendant sa présence à la conférence du sommet africain en Ethiopie, à Addis-Abeba et l‟Egypte a montré que le Soudan avait été impliqué dans cette tentative(1). Sur le plan idéologique, l‟identité au régime radical soudanais peut clairement être rapprochée avec la domination du front national islamique sur le gouvernement, avec l‟effort d‟imposer son modèle intellectuel au niveau régional. Par opposition au régime égyptien, cela a été la cause essentielle de la série de crises survenue avec l‟Egypte. En ce qui concerne l‟eau du Nil, les relations de l‟Egypte avec le Soudan ont souvent été ponctuées par de profonds désaccords(2). Le gouvernement soudanais a commencé la construction du barrage Roseiros sur une hauteur d‟environ 10 mètres pour constituer une réserve d‟eau d‟environ 4 milliards de m3. En plus d‟accroitre la production électrique de 50%, cela a apporté une aide pour l‟irrigation sur 1,5 millions d‟âcres jusqu‟alors cultivés grâce à l‟eau des pluies. Par ailleurs, le commencement des travaux pour le canal Kenana et pour celui d‟El-Rohd permettra au Soudan d‟économiser environ 6 milliards de m3 d‟eau, venant se soustraire du .370 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أيمف السيد عبد الوىاب‬ (1) .373- 370 ‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (2) 53 volume annuel se déversant dans le Haut Barrage. Cela s‟est produit sans coordination avec l‟Egypte ce qui constituait une violation de l‟accord de 1959 (1). Les mauvaises relations égypto-soudanaises ont continué après l‟arrêt des travaux communs de l‟Organisme Technique Permanent pour l‟eau du Nil en décembre 1992 (cette organisation se réunira malgré tout encore une fois en 1998) et plus tard, l‟alliance égyptosoudanaise concernant le domaine de l‟eau s‟arrêta définitivement. Le Soudan se dirigea vers une négociation avec l‟Ethiopie pour l‟eau du Nil et il en résulta un accord soudanoéthiopien pour un projet sur le Nil Bleu en 1992. Et si ces accords avaient été menés à leur terme, cela aurait constitué une véritable menace pour les acquis issus de l‟accord de 1959. Dans les faits, les relations soudano-éthiopiennes se sont dégradées à cause de la politique menée par le Soudan dans son idéologie vis-à-vis des pays voisins. La coopération hydrique a donc été stoppée. Cependant, le fantôme des manœuvres soudanaises restera présent au niveau de la politique générale des projets hydriques dans tout le bassin du Nil(2). En 1995, le chef du Front National Islamique Soudanais Hassan El Torrabi est aussi à ce moment-là un homme d‟influence dans le gouvernement dirigeant du Soudan qui rejette l‟accord de 1959 et menace même de le faire sauter(3). Malgré cela, les communications continuèrent entre l‟Egypte et le Soudan sur le plan des échanges ministériels(4) dans lesquels le ministre de l‟irrigation Abou Chouri assura l‟engagement de son pays aux accords de 1959(5). La réunion des deux présidents Moubarak et El Bachir au Caire a eu lieu en 1996 en marge du sommet arabe, et le ministre des affaires étrangères Amr Moussa fut amené à préciser les trois conditions nécessaires à une amélioration des relations égypto-soudanaises : l‟acceptation de remettre les terroristes devant la justice égyptienne, le respect des relations de bonne entente entre les deux pays et la résolution du problème des possessions égyptiennes au Soudan(6). ‫ ف ػػى مص ػػر و أفريقيػ ػػا مس ػػيرة الو ػػات ف ػػى عػ ػػالـ‬،"‫ " ال ػػدور اإل ميمػ ػػى الم ص ػػر ف ػػى أفريقي ػػا و ميغي ػ ػرات اليس ػػوينات‬،‫محم ػػود أب ػػو الوين ػػيف‬ (1) .361 ‫ ص‬،3222 ،‫ مويد البحوث و الدراسات األفريقية‬،‫ القاىرة‬،‫ميغير‬ .61 ‫ ص‬،3222 ،‫ مركز الدراسات السياسية و اإلسيراييلية‬،‫ القاىرة‬،‫ مياه النيؿ فى القرف الويريف‬،‫عبد الممؾ عودة‬ (2) .370 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أيمف السيد عبد الوىاب‬ (3) .7002 ‫ أغسطس‬6،‫ لريدة األىراـ‬،"‫" مسيقبؿ الو ات المائية بيف مصر و دوؿ حوض النيؿ‬،‫مغاور يحايو دياب‬ (4) .332 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أيمف السيد عبد الوىاب‬ (5) .313 ‫ ص‬،7007 ،‫ مويد البحوث و الدراسات األفريقية‬،‫ ا لقاىرة‬،7007- 7003 ‫ اليقرير اإلسيراييلى األفريقى‬،‫محمود أبو الوينيف‬ (6) 54 Ces évolutions ont poussé les deux pays sur une nouvelle voie dans leurs relations, et le plus important a été l‟échange respectifs des ambassadeurs du Caire et de Khartoum, le retour de la navigation fluviale entre Assouan et Wadi Halfa, et enfin les efforts vers une réouverture des universités et des instituts égyptiens au Soudan(1). En 1999, le président soudanais décida de faire machine arrière : il écarta Hassan El Torrabi du pouvoir et le fit arrêter. Cet événement a été un fait marquant dans le changement de la politique du Soudan. Le Caire a été la première capitale visitée par le président soudanais à l‟occasion de ses déplacements à l‟extérieur et avec cette visite, une nouvelle page fut tournée pour que les relations égypto-soudanaises soient désormais basées sur une bonne entente, pour garantir une concertation dans les problèmes régionaux, une coordination et une consultation entre les deux pays(2). Les derniers désaccords, comme cela sera mentionné plus tard, placeront l‟Egypte et le Soudan d‟un côté et le reste des pays riverains du Nil de l‟autre. Cette situation est apparue au cours des réunions ministérielles des pays du bassin du Nil en 2009 et 2010 et elle souligne l‟importance d‟une coordination continuelle entre l‟Egypte et le Soudan pour protéger leur part d‟eau du Nil car les deux pays continuent de refuser toute remise en cause de leurs droits historiques. Sur ce fait, Le Caire et Khartoum sont d‟accord sur le besoin impératif de se coordonner de part et d‟autre pour pouvoir parler d‟une seule et même voix dans toutes les négociations concernant le partage des eaux du Nil(3). Le regard attentif de la politique égyptienne sur l‟attitude du Soudan pendant cette période conduit à souligner plusieurs points et notamment : - Ce qui pourra être nommé « une mission minimaliste ». En effet, quand la politique extérieure d‟un pays consiste à protéger ses intérêts nationaux et à vouloir les développer, cela signifie que des actions doivent s‟engager dans plusieurs domaines tels que la sécurité, la politique, l‟économie, l‟éducation, etc. … Cela signifie aussi que le minimum d‟une telle politique doit garantir pour l‟essentiel la sécurité du pays. Et pour ce qui est de la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan, ce .373 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أيمف السيد عبد الوىاب‬ (1) .373 ‫ ص‬،‫المرلع السابؽ‬ (2) .702 ‫ ص‬،7002 ‫ أكيوبر‬،329 ‫ عدد‬،‫ السياسة الدولية‬،"‫ "الو ات المصرية السودانية فى عالـ ميغير‬،‫أسمات الحسينى‬ (3) 55 minimum a consisté à protéger les intérêts fondamentaux découlant de l‟eau et des frontières communes. - La prédominance d‟une information bureaucratique officielle sur une communication publique et politique et avec cela, une politique de communication pénalisée par une démarche minimaliste de l‟Egypte dans ses relations extérieures. L‟information dans les milieux populaires a toujours continué d‟exister très largement au Soudan comme en Egypte, bien au-delà des relations officielles entre les deux pays. - Le favoritisme régional pour les écoles, les missions religieuses et sanitaires qui continuent de se réunir que dans le bassin du Nil, avec une participation presque toujours inexistante de l‟Egypte, à titre officiel ou populaire, à l‟est, à l‟ouest et au sud du Soudan. Sur ce point, la politique égyptienne vis-à-vis du Soudan ne favorisait ni les relations ni les affaires entre les deux pays et de ce point de vue, cette politique a davantage ressemblé à une « cause perdue » qu‟autre-chose(1). En conclusion, les relations égypto-soudanaises ont traversé plusieurs crises hydriques superficielles, dans les années 40 du 20 ème siècle jusqu‟au moment où la politique égyptienne s‟est durcie vis-à-vis du Soudan pour s‟approprier l‟eau du Nil, écartant toute bienveillance à l‟égard des partis soudanais, ce qui va finalement conduire les soudanais à réclamer leur droit à disposer d‟eux-mêmes. La grande Bretagne a réussi à pousser beaucoup de partis soudanais, y compris ceux qui incitaient à rallier « l‟union de la vallée du Nil », à revendiquer un partage équitable des eaux du Nil entre l‟Egypte et le Soudan. Dans ce contexte, Nasser considérait que s‟opposer aux revendications des Soudanais conduirait l‟Egypte à se tenir aux côtés de la Colonisation Britannique contre les intérêts du peuple soudanais et que les Anglais ne sortiraient jamais de l‟Egypte, sauf à reconnaitre le droit des Soudanais à devenir indépendants. Une 2ème crise est apparue au début des années 50 du 20 ème siècle, avant l‟indépendance du Soudan en 1956, avec la décision de l‟Egypte de construire le Haut Barrage. La Grande Bretagne utilisa l‟eau du Nil comme moyen de pression sur les projets hydriques de l‟Egypte en faisant valoir les besoins énergétiques soudanais de façon à faire éclater des .229 – 222 – 221 ‫ ص‬،‫ مرلع سبؽ ذكره‬،‫أسامة الغزالى حرب‬ (1) 56 troubles dans l‟esprit des ressortissants de la vallée du Nil et à critiquer les objectifs de l‟Egypte dans son projet de construction du Haut Barrage. Quand les négociations égyptosoudanaises ont commencé en 1955, il était clair que la position du Soudan dans l‟affaire de l‟eau ne respectait plus les accords antérieurs. Malgré cela, les autorités égyptiennes ont négligé la stratégie de la Grande Bretagne, suivie par le gouvernement d‟Ismaïl El Azahri au Soudan, ce que va mettre en évidence la décision irrévocable de Nasser dans les travaux du Haut Barrage. Une troisième crise éclata après l‟indépendance du Soudan quand Abdallah Khalil déclara son non-engagement dans l‟accord de 1929 concernant la Grande Bretagne et l‟Egypte. Plusieurs raisons ont provoqué la chute du gouvernement de Khalil mais la question de l‟eau a été réactivée de façon encore plus délicate. Une autre crise a surgi pendant le régime d‟El-Sadeq El Mahdi, entre 1986 et 1989, quand il refusa l‟ensemble des accords signés entre l‟Egypte et le Soudan, en particulier l‟accord pour l‟eau du Nil de 1959. Une dernière crise se produisit avec le régime l‟Omar El Bachir quand le gouvernement soudanais émit l‟idée de revoir l‟accord de 1959, poussé par une idéologie identitaire qui a nettement favorisé la domination du front national islamique sur le régime radical soudanais, malgré l‟opposition du gouvernement égyptien. Cela fut la cause d‟une série de crises avec l‟Egypte. Les mauvaises relations entre les deux pays ont abouti à faire cesser en 1992 les travaux de l‟organisme technique permanent concernant les eaux du Nil. En 1995, Hassan El Torrabi qui est le chef du front national islamique soudanais et aussi l‟homme influent du moment dans le gouvernement soudanais, avant d‟en être écarté, annonça son refus de suivre l‟accord de 1959. Mais en 1999, les deux pays ont commencé une nouvelle page de leur histoire, basée sur une bonne entente dans leurs relations, une concertation mutuelle dans le problème des régions ainsi qu‟une coordination et une consultation des deux pays. Il est évident que la question de l‟eau a été sujette à une manipulation politique qui a réussi servir les intérêts des deux pays et de leurs populations lorsqu‟il a enfin été possible de mettre de côté les obstacles. Les décisions politiques ont été guidées dans la bonne voie, en faisant preuve de diplomatie dans les relations égypto-soudanaises selon un esprit de 57 fraternité. L‟amélioration des relations entre les deux pays a souffert de l‟empressement des puissances extérieures à exercer des ravages et à répandre des rumeurs. Fort heureusement, le maintien de la coopération entre les deux pays a su éviter d‟endommager leur destin. Le Nil est l‟élément essentiel dans les relations égypto-soudanaises, sans être le seul puisque d‟autres éléments importants tels que la contribution au panarabisme, l‟Islam et l‟Afrique, mais aussi la bonne entente et les origines constituent autant de liens pour soutenir la communauté d‟intérêts et pour protéger le Nil égyptien et soudanais. 58