SOMMAIRE :
Introduction ………………………………………………… 3
Le terrorisme et le cosmopolitisme, un lien d’opposition ……………………… 6
Le terrorisme, universalisme ou cosmopolitisme ?................................................ 7
Conclusion………………………………………………………………………… 9
Bibliographie……………………………………………………………………… 10
Le terrorisme est un terme ambigu, de son étymologie nous pouvons comprendre l’un des sens appliqué à ce concept. Du latin terror, ce concept renvoie directement à l’utilisation de la terreur comme technique de guerre.
En effet, la peur peut-être considérée comme une arme de guerre dans l’histoire comme le montre l’ouvrage de Zun Tsu, l’Art de la guerre. Selon lui, l’art suprême de la guerre est la victoire en versant le moins de sang possible. Ainsi, pour ce faire il est nécessaire d'éveiller et d'entretenir en son adversaire un sentiment de peur « il faut tuer une personne pour en terrifier un millier
Tzu, Sun, L’art de la guerre, p. »
Cet usage de la peur a été, dans l'histoire, récurent et un exemple qui peut être donné est celui des portraits des membres du réseau Manouchian sur l'Affiche Rouge. Le réseau Manouchian était un réseau de résistants qui ont été arrêté et fusillés par les Allemands. Leurs exécutions a servis d'exemple et a été utilisée pour la propagande allemande, distillant la peur dans le peuple et contraignant à l'obéissance.
L’utilisation de ce concept renvoie à une utilisation de la terreur à des fins politiques. Si elle est une technique de guerre, celle-ci n’est jamais autre que politique.
Plus contemporainement, le terme « terrorisme » est utilisé pour la première fois en 1798, en rapport avec le régime de terreur de la France de 1793-1794, « le terme de « terroriste » apparaît pour la première fois en 1798 dans le supplément du Dictionnaire de l’Académie française (…) Le 5 septembre 1793, la Convention met « la terreur à l’ordre du jour
L’Heuillet, Hélène, Aux sources du terrorisme, p8.. »
Ainsi, une première définition du terrorisme apparaît en tant qu’utilisation de la terreur comme technique de guerre en vue de fins politiques et serait apparenté à un terrorisme étatique.
Cette définition est dénuée de sens moral, en effet, nous nous appuyons non pas sur un jugement moral pour définir un acte de terroriste mais sur sa fin empirique.
Ainsi, une deuxième définition du terrorisme se dessine, si l’on ajoute une dimension morale à l’acte en lui même.
Le terrorisme de résistance ou révolutionnaire ; ici le terrorisme est toujours relié à la terreur, mais celle-ci est subie par une population. Nous incluons, le domaine moral ici, car le terrorisme, en s’attaquant à des non-combattants, sort directement du cadre de la guerre « conventionnelle ». Ca n’est plus une guerre opposant des combattants, formés pour le combat mais des combattants qui se déchainent sur une population qui elle n’est formée que de civils, « le terrorisme tel que nous l’entendons – un type de violence utilisée à des fins politiques, prenant pour cible des non-combattants revêtant un certain arbitraire
Canto-Sperber, Monique (dir), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, T2, p1918. »
L’image historique de ce terrorisme est le tyrannicide, en effet celui-ci est l’assassinat du tyran par une personne de la population. « La définition minimal de terrorisme (…) est celle d’une violence d’origine politique exercée contre un Etat et/ou une société de la part d’un acteur que l’on peut considérer comme non-étatique
Laurens Henry, Delmas-Marty Mireille (dir), Terrorisme : Histoire et droit, p11.»
La population agit car de elle est elle-même sous le joug la terreur et non en vue de l’instaurer.
De cette définition, un paradoxe voit le jour, celui de l’acte surérogatoire. En effet, un acte peut être considérer comme héroïque par la population comme la décapitation de Louis XVI en 1793, qui pour les révolutionnaires était un acte héroïque d’un changement politique mais pour les monarchistes, cet acte fut le pire qu’il puisse exister et eux-mêmes se retrouvèrent terroriser.
Avec cette dimension morale, le terrorisme prend une autre forme, il est une rébellion contre un pouvoir en place qui, lui même est jugé comme mauvais par une population et celle-ci prend les armes pour se défendre à l’instar de la révolution bolchevique ou encore de la résistance française sous l’occupation nazi.
C’est dans cette tradition que va émerger un « terrorisme contemporain
L’Heuillet Hélène, Aux sources du terrorisme, p7 » après les attentats du 11 Septembre 2001 sur le World Trade Center à New York.
Ce terrorisme particulier à l’ère contemporaine est différent des autres, historiquement défini, car il est la synthèse de ces derniers. En effet, le « terrorisme islamiste », utilise la terreur en tant qu’arme de guerre, sur des populations civiles en vu d’un reversement politique de l’ordre mondial posé depuis la fin de la guerre froide. Le « Jihad » est une guerre politico-sainte contre l’hégémonie américaine et l’américanisation du monde par la mondialisation.
Le terroriste ici, ne prend plus le risque de perdre sa vie pour une valeur plus noble comme la liberté, à l’instar de Moulin pendant la résistance, le jihadiste a déjà perdu sa vie. En effet, pour terroriser, celui-ci utilise son propre corps comme arme. C’est l’apparition des attentats-suicides. Ceux-ci déjà utilisés, dans l’histoire, comme arme de guerre comme l’on fait les japonais lors de l’attaque du Pearl Harbour, il est détourné non pas en arme de destruction mais en arme faisant passer la terreur à une population. Etre chanceux de survivre mais ne pouvant prédire une nouvelle attaque, la population vit dans la peur.
Un autre caractère qui singularise le terrorisme contemporain est qu’il dépasse les frontières. Celui-ci prétend s’appliquer au monde, comme le montre les multiples attentats revendiqués par Al Qu’Aïda à New York, le 11 septembre 2001, Madrid, le 11 mars 2004 et à Londres, le 7 juillet 2005.
Nous remarquons le caractère politique, récurrent, du terrorisme. Le terroriste n’est pas satisfait du monde politique dans lequel il vit et entend utiliser toutes armes afin d’opérer un changement.
Ainsi le terrorisme ne serait pas une fin en soi mais un moyen d’atteindre une fin politique.
Tout comme le terrorisme, le cosmopolitisme est une conception politique.
Cosmopolitisme est tiré du grec cosmos, l’univers, le monde et politês, citoyen, ainsi le citoyen d’un Etat particulier, peut se projeter dans une échelle supérieure que représente l’échelle mondiale et il devient citoyen du monde dans lequel il vit.
En effet l’homme vit dans un monde politique, monde où il détient une place particulière. Cela signifie que l’homme avant d’être dans une cité n’est qu’un animal fait pour la politique, pour agir sur la partie public de la cité. Mais celui-ci ne devient homme qu’à partir de son appartenance à une cité et de l’action qu’il y effectue. Le terme politique renvoie à la sphère publique de cette cité et l’action faite par l’homme dans cette sphère.
L’homme appartient à une cité et c’est cette cité qui le défini en tant qu’homme. Ainsi le patriotisme est la défense de cette cité avec le sentiment moral et non juste physique de notre appartenance à une cité particulière. Ainsi une dimension morale rentre en jeu dans l’appréhension que nous avons d’une cité.
C’est justement de cette conception morale que se fonde le cosmopolitisme. Nous pouvons, effectivement appartenir à une cité particulière comme la France, mais nous pouvons aussi avoir le sentiment moral d’appartenir à quelque chose de supérieur, un « Etat-Monde ». L’idée d’universalité est comprise dans le cosmopolitisme, « Le cosmopolitisme est la référence par laquelle le citoyen d’un État particulier se projette dans une échelle supérieure, l’échelle mondiale : se dire cosmopolite revient donc à se dire citoyen du monde
Lourme, Louis (2008), « Cosmopolitisme », in V. Bourdeau et R. Merrill (dir.), DicoPo, Dictionnaire de théorie politique.. »
Ainsi pouvons-nous lier le cosmopolitisme avec le terrorisme ?
Nous pouvons effectivement penser a priori, dans ce travail de défrichage, plusieurs connexions de natures différentes, une qui se penserait en terme d’opposition, le terrorisme serait, en somme, un anti-cosmopolitisme. Paradoxalement, dans le terrorisme nous pouvons retrouver des éléments qui le rapprocherait du cosmopolitisme et que le terrorisme pourrait participer à l’idée de cosmopolitisme.
Comme énoncé dans notre introduction, le terrorisme peut simplement se définir en tant que technique de guerre et donc un prolongement de celle-ci.
En effet, le terrorisme en tant que technique guerrière consiste en l’utilisation systématique de la terreur à des fins de paralysie de l’ennemi, « une technique de combat, d’inspiration ancienne mais aux prolongements modernes, visant à paralyser un adversaire par le recours systématique à la peur
Pierre Mannoni, Logique du terrorisme, Paris, In Press, 2004. ». Cela renvoie à la dimension psychologique de la guerre.
L’utilisation de la terreur contre l’ennemi, le force à se terrer dans ses retranchements de manière systématique et sans fin.
En effet, terroriser n’est pas terrifier. Nous ne sommes terrifié que sur un cours terme avant de pouvoir réaliser notre situation et ce qui détient une emprise terrifiante sur nous. C’est un sentiment intense qui s’en prend à l’ensemble de notre esprit mais qui peut être déconstruit par le langage et la prise de conscience de notre état actuel. Terrorisé, en revanche est un concept plus fort, qui tient sur la durée. Ce concept s’étend sur la durée car entre les attaques terroristes, il y a toujours un répit permettant dans un premier temps une attente de la prochaine attaque mêlé d’un oubli de cette terreur. L’attaque suivante viendra casser cet oubli inconscient et réactiver l’attente dans la peur de la prochaine attaque. « En revanche on n’est terrorisé que dans la longue duré. Pour l’être durablement, il faut connaître entre les actes de terreur des plages de répit consacrées à l’attente confuse mêlée d’oubli de la terreur
Hélène l’Heuillet, Aux sources du terrorisme, p37. ».
Ces deux choses sont constitutives du fait que le terrorisme serait une « guerre sans fin
Paul Dumouchel, « Le terrorisme entre guerre et crime, ou de l’empire », In Stéphane Courtois (dir), Enjeux philosophique de la guerre, de la paix et du terrorisme, op, cit, p.26 ».
Ainsi plus qu’une technique d’une guerre conventionnelle, le terrorisme serait une nouvelle forme de guerre. Une guerre sans fin par la volonté de terroriser sur le long terme.
En quoi cette guerre sans fin serait-elle anti-cosmopolitique ?
Bien que le cosmopolitisme serait l’appartenance à la cité-monde, être citoyen de cette cité quelles en sont ses fins ?
Kant, par le cosmopolitisme, cherche à penser les conditions de possibilités d’une paix perpétuelle qui serait une exigence de la raison pratique. C’est pour arriver à cette paix qu’il faut appliquer le droit à toutes les sphères de actions humaines. Autant la sphère nationale par les constitutions républicaines que dans la sphère internationale par le fédéralisme d’Etats libres et enfin dans la sphère cosmopolitique par l’institution d’une « hospitalité universelle ».
C’est un cosmopolitisme juridique que pose Kant. Le monde est clos et donc se trouve une détermination du contact humain et des moyens de communication se développent. De ce fait la conscience d’appartenir à un monde commun se développe aussi.
Ainsi, la guerre sans fin engagée par le terrorisme est en rupture totale avec cette idée de paix perpétuelle dans le fait que le terrorisme n’essaye pas de développer une conscience d’appartenir à un monde commun ou une hospitalité universelle.
Pourquoi le terrorisme ne développe pas une conscience d’appartenir à un monde commun ?
Les acteurs du terrorisme, ne développent pas cette conscience car eux-mêmes ne se sentent pas appartenir à un monde qui serait commun.
La structure de la logique terroriste se fonde sur un refus du pouvoir en place et de la hiérarchie à l’instar de l’anarchisme ou de la résistance. De ce fait, il n’a pas d’autre choix que de faire appel à la violence quand celui-ci se sent opprimé.
Le terrorisme est lié à la politique mais c’est une liaison dans l’opposition ; le terrorisme est politique car il combat par la violence et les armes, le contexte politique dans lequel il se trouve par la terreur.
L’idée d’assassinat sur lequel repose le terrorisme est en totale contradiction avec l’esprit cosmopolite de considérer autrui. Être cosmopolite c’est aussi l’être envers autrui en intégrant que nous sommes du même monde géographique comme politique
Pourtant le terrorisme moderne pourrait nous indiquer une forme d’universalisme par ses enjeux et ses racines.
Bien que celui-ci tire, en parti, ses racines de l’anarchisme et des formes de terrorisme antérieurs, le « jihad » est une guerre sainte.
Le terrorisme islamiste tire son fondement de la religion de l’Islam et du coran interprété de manière extrêmement radical.
Celle-ci fait partie des religions monothéistes prosélytes qui « appelle », à une adhésion.
Cette religion est fondé sur le fait que le prophète prêche la parole de Dieu et essaye de montrer le caractère véridique de Dieu. Ainsi elle essaye de changer les esprits et d’entrainer un mouvement d’adhésion à une vision du monde qui serait la bonne. Il y a une conscience et une volonté d’appartenir à un même monde. Elle entend s’universaliser à travers le prophète.
Cette universalisation se retrouve aussi dans l’accusation terroriste. Tout le monde est coupable même les civils. Il n’y a pas de victimes innocentes dans le terrorisme islamiste.
Les principaux acteurs visés sont les « dirigeants » du monde d’aujourd’hui, comme les Etats-Unis. Les civils ne sont pas considérés comme innocents par Al Qaïda par exemple, car ils participent à se système et à cette américanisation du monde.
Le terrorisme contemporain, va à l’encontre des politiques de mondialisation et de libéralisation économique.
Cet universalisme peut-il se métamorphoser en cosmopolitisme ?
Dans le terrorisme contemporain, on peut trouver une volonté dépassant le simple universalisme. Sayyid Qotb, réadapte l’Islam à des fins politiques « Le Coran est notre Constitution
Gilles Kepel, Jihad, op, cit, p.57 ». Il est mû par l’œuvre d’Abdul Maudoudi, Le Jihad dans l’Islam, dans lequel celui-ci condamne le nationalisme car il restreint son action à l’échelle d’un Etat, « L’islam ne se soucie pas de l’hégémonie de tel ou tel Etat sur terre. Le seul intérêt de l’islam est le bien être du l’humanité
Abdul Al-Madoudi, le Jihad en islam, op, cit, p.4 »
Ainsi le terrorisme islamique aurait pour vocation d’annihiler l’expansion américaine et d’imposer sa propre constitution que serait le Coran étant donné que le combat n’est plus réduit aux frontières d’une nation.
Le terrorisme contemporain n’est pas seulement le terrorisme islamiste. En effet, l’éco-terrorisme joue son rôle dans le terrorisme contemporain et est directement lié à une idée moderne du cosmopolitisme.
Au XXème siècle, après les deux grandes guerres mondiales, le sentiment d’appartenir à un monde politique commun émerge. Le monde s’est constitué en réalité propre. Cela amène une double-conséquence :
1-Le cosmopolitisme peut être contraint par les évolutions du monde, puisqu’il apparaît à la suite de crises successives importantes. La réalité impose sa vérité telle que : nous vivons dans un monde commun.
2-Cette constitution d’un « monde commun » change de niveau lorsqu’on se trouve face à des périls qui supposent que nous devenions capables d’agir. Habermas montre que les périls modernes (écologiques, militaires, religieux par exemple) sont des périls qui mettent en jeu l’ensemble des populations de la planète. Non pas en tant que citoyen d’un Etat en particulier, mais en tant qu’habitant de la planète. « Je » n’est suis pas mis en danger par la déforestation comme français mais comme citoyen du monde.
L’éco-terrorisme, dans sa finalité, se voit passer un message cosmopolitique d’un monde commun qu’il faudrait protéger. La destruction de la faune et de la flore est funeste pour tout habitant de la planète
Le terrorisme entretient un lien des plus sinueux avec le cosmopolitisme. Autant ce lien peut être de nature d’opposition comme le suggère le terrorisme islamiste où celui-ci se veut universel mais anti-cosmopolite dans sa démarche et ses conséquences.
Tandis qu’il apparaît, aussi contemporainement, un terrorisme qui serait cosmopolitique et attire l’attention sur le fait que nous vivons bien dans un monde commun et non pas dans un monde où chaque Etat aurait sa propre réalité indépendamment des autres.
La destruction de la faune et la flore détient un impact sur le monde entier, d’où la nécessité de la mise en place d’une politique cosmopolite avancé par l’éco-terrorisme.
BIBLIOGRAPHIE :
Monographies :
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Yves Bourdillon, Terrorisme de l’Apocalypse : Enquête sur les idéologies de destruction massive, Paris, Ellipses, 2007
Daniel Cohen, La mondialisation et ses ennemis, Grasset & Fasquelle, Pluriel, 2004
Hélène l’Heuillet, Aux sources du terrorisme : De la petite guerre aux attentas-suicides, Fayard, 2009
Syed Abul A'la Maududi, Jihad in Islam, Salimia (Koweit), International Islamic Federation of Student Organizations, 13 avril 1939
Gilles, Kepel, Jihad, Folio, 2003
Pierre Mannoni, Logique du terrorisme, Paris, In Press, 2004
Paul Dumouchel, Le terrorisme entre guerre et crime, ou l’empire, Stéphane Courtois (dir), Publisher [Québec] : Presses de l'Université Laval, 2003
Sun Tzu, L’art de la guerre, Candide & Cyrano, France, 2012
Monique Canto-Sperber (dir), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, Paris, Puf, 1996
SITE INTERNET :
www.Dicopo.fr/spip.php?article111
http://www.memoireonline.com/01/07/330/le-terrorisme-les-causes-et-les-remedes.html
DOCUMENTAIRES OU REPORTAGES
Manufacturing Consent, Noam Chomsky : https://www.youtube.com/watch?v=PQhEBCWMe44
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