ALFRED DREYFUS, CAHIERS DE L'ÎLE DU DIABLE
Pierrette Turlais
Association Sens-Public | « Cahiers Sens public »
2009/3 n° 11-12 | pages 93 à 101
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ISSN 1767-9397
ISBN 9782952494731
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SENS
CRITIQUE
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Alfred Dreyfus, Cahiers de l’île du Diable1
Pierrette Turlais
D’après le manuscrit conservé à la BnF
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Accusé à tort de trahison, victime d’antisémitisme, déchu de son grade militaire, condamné à la déportation à perpétuité, le capitaine Dreyfus fut détenu au
bagne de l’île du Diable pendant plus de quatre ans (1895-1899). Contraint au silence absolu, surveillé jour et nuit, sans nouvelles des siens durant de longs mois,
ignorant, et du combat mené par ses partisans, et des découvertes en sa faveur
avant janvier 1898, il endura haine, isolement, touffeur, vermine et précarité. Son
stoïcisme fut à la mesure des conditions de détention qui lui étaient imposées.
Au cours de sa captivité, Alfred Dreyfus écrivit des lettres, un journal et des
cahiers de travail.
Les lettres à son épouse, Lucie, ont été publiées dès 1898 par Joseph Reinach,
premier historien de «L’Affaire», sous le titre Lettres d’un innocent. Elles ont été
reprises en 2005 sous le titre Ecris-moi souvent, écris-moi longuement… Correspondance de l’île du Diable, complétées par les échanges entre les époux, depuis
la prison du Cherche Midi à Paris en octobre 1894 jusqu’aux tout premiers jours de
détention à Rennes, en juillet 1899.
Le journal, publié par Alfred Dreyfus lui-même en mai 1901 sous le titre Cinq
années de ma vie, fait état des années qui séparent les deux dates : 15 octobre
1894 – jour de son arrestation ; 19 septembre 1899 – date de sa libération. Il a été
réédité en 1982 puis en 1994 et 2006.
Les cahiers de travail d’Alfred Dreyfus écrits durant son bagne étaient à l’origine au nombre de trente-quatre. L’ensemble a été remis au déporté après sa libération, en 1900, à l’exception d’un seul, oublié. Les vingt premiers, rédigés entre
1895 et 1898, constitués de brouillons de lettres, de mathématiques et de dessins,
ont aujourd’hui disparu, détruits par Alfred Dreyfus lui-même. Les quatorze sui1. Livre à paraître en décembre 2009 aux éditions Artulis (renseignements : Artulis - Pierrette
Turlais, 123 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris ;
[email protected]).
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Avec le soutien de la Fondation Edmond et Benjamin de Rothschild
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vants, rédigés entre 1898 et 1899, comprennent des notes de lectures, des mathématiques, des exercices d’anglais et des dessins. Alfred Dreyfus a délibérément
choisi de les conserver.
Ce sont ces quatorze cahiers, inconnus ou confidentiels, que j’ai choisi d’éditer
sous le titre : Cahiers de l’île du Diable.
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Déporté à l’île du Diable entre avril 1895 et juin 1899, le capitaine Dreyfus s’est
tu pendant plus de quatre ans, soit mille cinq cents jours et autant de nuits. Le
règlement du bagne, durci dès son arrivée et, davantage encore, à partir de septembre 1896 à la suite de sa mise aux fers, impose au détenu des conditions effroyables, que rappelle son journal.
« Les surveillants étaient relevés de deux heures en deux heures ; ils ne
devaient me perdre de vue, ni de jour, ni de nuit. Pour l’exécution de cette
dernière partie du service, la case était éclairée de nuit.
[…] J’ai eu tellement faim cet après-midi que, pour apaiser les tiraillements
de mon estomac, j’ai dévoré crues une dizaine de tomates trouvées dans
l’île.
[…] J’ai demandé hier au commandant des îles une ou deux assiettes de
n’importe quoi ; il m’a répondu qu’il n’en possédait pas. Je suis obligé de
m’ingénier pour manger soit sur du papier, soit sur de vieilles plaques de
tôle ramassées dans l’île.
[…] Chaleur terrible, au moins 45°.
[…] Et toujours ce silence de tombe, sans entendre voix humaine.
[…] À dater du 6 septembre [1896], je fus mis à la double boucle de nuit,
et ce supplice, qui dura près de deux mois, consista dans les mesures suivantes. Deux fers en forme d’U furent fixés par leur partie inférieure aux
côtés du lit. Dans ces fers, s’engageait une barre en fer, à laquelle étaient
fixées deux boucles.
À l’extrémité de la barre, d’un côté un plein terminal, de l’autre côté un
cadenas, de telle sorte que la barre était fixée aux fers et par suite, au lit.
Quand les pieds étaient donc engagés dans les deux boucles, je n’avais
plus la possibilité de remuer ; j’étais invariablement fixé au lit. Le supplice
était horrible, surtout par ces nuits torrides. Bientôt les boucles très serrées
aux chevilles me blessèrent ».
Les Cahiers de l’île du Diable d’Alfred Dreyfus sont, comme sa correspondance et
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son journal, issus de sa parole recluse. Rédigés par un homme qui se décrit alors
comme « le cœur perdu, le cerveau en lambeaux », ces textes ont, tous trois et
chacun de façon singulière, contribué à sa survie en lui permettant de maintenir
un lien avec le monde, de morceler un temps abstrait et de s’en approprier les
fragments. S’il est apparu assez tôt que la correspondance avec son épouse, Lucie,
et l’écriture de son journal œuvraient pour lui comme une source vitale, il semble
bien que cette part méconnue de ses écrits, les cahiers de travail, lui ait permis
d’entretenir cette même source. Alors que les lettres et le journal autorisent un
épanchement intime et constituent peu à peu une mémoire infalsifiable, les cahiers permettent, eux, une ouverture sur le monde qui excède et, probablement,
soulage la seule limite de soi.
Ignorés ou confidentiels, inédits à ce jour, ces textes démontrent, ici à travers
le travail intellectuel, une volonté de vivre et une force de résistance hors du commun. L’histoire, la morale, la littérature, la philosophie, les langues, les mathématiques jouent la basse continue de cette partition ; la basse obstinée avance, implacable, sur un seul registre : la défense de l’honneur et du nom. Ni complaisance,
ni gloire tirée de son stoïcisme, aucun aménagement de la ligne fixée, jamais de
plaintes, à peu de chose près. Dans la solitude totale, le silence, l’hostilité et le
dénuement, la chape d’une mémoire douloureuse, l’impensable d’un temps liquide, le capitaine Dreyfus se bat et travaille. La réparation nécessaire de l’outrage
pourvoit à toute raison : l’effort intellectuel participe de la survie. La graphie, menue et élégante, lorsque le temps ne l’a pas rendue illisible, révèle ainsi, à travers
plusieurs centaines de pages la vénération pour Montaigne et Shakespeare, le
dialogue avec Taine ou Renan, l’amour, implicite, des mathématiques ou des stratégies napoléoniennes.
Et puis… et puis un élément – comment le nommer – un dessin étrange, abstrait, né d’une structure identique mais protéiforme, vient scander des centaines
de fois le manuscrit. Cette forme suggère tour à tour, arabesques, pédoncules
cérébraux, rictus de diable, masques ou héraldiques indéchiffrables… Si la stupéfaction du lecteur appelle au secours le sens, le sens, ici, ne peut condescendre à
l’explication ou, pire, au jugement, sans injure. Ces dessins, inlassablement répétés, évoquent la saisie compulsive bien que ciselée, exubérante bien qu’ordonnée, profuse bien que maîtrisée, de signaux sans appel ni attente, de sémaphores
devenus fous. Est-ce leur facture qui stupéfie ? Est-ce leur nombre ? Est-ce leur
existence qui étonne le lecteur et que, seule, sa non interprétation protège de
l’effraction ? Est-ce l’empilement de ces figures, leur enchaînement ou leur simple survenue ? Est-ce leur ordonnancement méticuleux, à la mesure, inverse, du
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Albert Dreyfus : Cahiers de l’île du Diable
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chaos ? Est-ce le chaos ? Est-ce la résorption du chaos en un rempart mobile ?
Cris rengorgés quand, ni la pensée, ni le travail, ni l’écriture ne viennent à suffire, ces dessins montrent, si besoin était, une part humaine et fragile, intime, mais
aussi, inattendue, du capitaine Dreyfus.
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J’ai rencontré ces Cahiers de l’île du Diable en 1998. La Bibliothèque nationale
de France célébrait le centenaire de J’accuse et le manuscrit des Cahiers y figurait à
côté du brûlot de Zola. C’est à Mauricette Berne, conservateur général honoraire
au département des Manuscrits, que je dois cette rencontre. L’émotion que j’ai
ressentie alors pour le manuscrit fonde, avec mon respect pour l’inflexibilité du
capitaine Dreyfus, le choix de cette édition.
Le monde intérieur du capitaine Dreyfus, déporté, repose dans ces cahiers sur
la fréquentation de quelques textes dont il dispose — Montaigne, Shakespeare
notamment —, sur la tentative éperdue, et souvent vaine, de cheminer à l’intérieur du calcul intégral, sur les exercices d’anglais, ou — davantage encore — sur
la transcription inlassable de textes d’auteurs et de sujets aimés que lui permet la
lecture de revues. Alfred Dreyfus qui, jusqu’à fin 1897, se croit oublié de tous, ou
presque, noircit en effet des pages, souvent copiées d’après l’original et comme
vouées à conjurer l’oubli – celui des autres, le sien. Elles lui permettent, semble-til, de se fabriquer une mémoire du monde et conduisent à ce phénomène étrange
qu’elles modifient sensiblement notre propre manière de lire. Sans doute, Alfred
Dreyfus sait-il confusément, en retrouvant Montaigne, que les lettrés de la Renaissance pratiquent, comme il le fait, l’art d’annoter les textes et d’extraire des fragments, et qu’eux et lui accomplissent alors un exercice de mémoire, un exercice
spirituel et moral, et élisent un corpus. Cette pratique suppose un dialogue d’égal
à égal avec les auteurs, affranchi de la notion médiévale d’autorité, pour les lettrés
humanistes. Dans les Cahiers de l’île du Diable, l’art de l’annotation et de l’extrait
suppose un même dialogue et ouvre un paradoxal espace de liberté.
L’écriture d’Alfred Dreyfus représente ainsi un acte, car elle reflète un paradoxe,
des choix propres, construisant peu à peu un sens autonome. Par-delà la réappropriation de récits qu’évoque cette manducation symbolique, elle me paraît surtout favoriser un ralliement à ce qui fonde et maintient la communauté des hommes, à savoir la culture. Ainsi, davantage encore que la somme de prédilections
intellectuelles ou de traces compulsives, le manuscrit recèle un trésor de sens qui
lui donne tout son poids. Ce trésor touche à la fonction même des humanités, de
la culture, pour Alfred Dreyfus. Gardiennes des valeurs d’avant et de ses propres
capacités à contenir le temps, garantes de son identité d’être humain, elles me
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Albert Dreyfus : Cahiers de l’île du Diable
semblent bien, tout comme le journal et la correspondance, lui avoir permis de
résister – notamment en fabriquant une part imprenable de soi.
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J’ai souhaité, également, garantir au livre une certaine facture. La bibliophilie –
ou l’amitié pour les livres – qui admet volontiers qu’un surcroît de sens advienne
de leur forme, désigne la singularité et le raffinement comme enjeux de distinction. Porté par une sorte de foi laïque en une justice qui, rendue pour lui-même,
fût dès lors garantie pour tous les hommes, Alfred Dreyfus résiste et le combat
qu’il mène pendant douze ans a valeur de témoignage et de caution. Il fait de lui
un être distinct, ce qui appelait à mon sens un critère semblable : l’édition, telle
que je l’imaginais, reposait encore sur ce pari. Complétée par son double numérique, celle-ci a donc l’ambition de saluer, par son contenu mais également par sa
forme elle-même, la valeur édifiante d’un être qui n’a jamais plié.
« Aujourd’hui moins que jamais, écrit-il dans Cinq années de ma vie, commentant sa mise aux fers, en septembre 1896, tu n’as le droit de déserter
ton poste, moins que jamais tu n’as le droit d’abréger, fût-ce d’un seul jour,
ta vie triste et misérable. Quels que soient les supplices qu’on t’inflige, il
faut que tu marches, jusqu’à ce qu’on te jette dans la tombe, il faut que tu
restes, debout devant tes bourreaux, tant que tu auras ombre de forces,
épave vivante à maintenir sous leurs yeux, par l’intangible souveraineté
de l’âme.
Dès lors, je pris la résolution de lutter plus énergiquement que jamais. »
Figure de stoïcisme et d’inflexibilité, Alfred Dreyfus incarne des valeurs qui ne
cessent d’interroger notre 21e siècle naissant : laïcité, résistance, inaliénabilité du
droit, fonction des humanités. Cette publication veut rendre compte, à sa mesure,
du pouvoir politique de la culture, garante de la part indestructible de chaque
homme et de l’entité du groupe. Elle souhaite contribuer à nourrir une réflexion
sur l’antisémitisme et les haines, mais encore sur les enjeux et les possibles outils
de leur refus.
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1894 - 20 juillet : Contact à l’ambassade d’Allemagne et à l’initiative du commandant Walsin Esterhazy
de l’attaché militaire allemand, le lieutenant-colonel Maximilian von Schwartzkoppen. 25 septembre :
Interception par les services de renseignements français (appelés alors « Section de statistique ») de
la lettre, non signée, annonçant à l’attaché militaire allemand Schwartzkoppen l’envoi de documents
français confidentiels. C’est ce document qu’on appelle « le bordereau ». 14 octobre : Signature de
l’ordre d’arrestation de Dreyfus par le général Mercier, ministre de la Guerre. 15 octobre : Arrestation
du capitaine Dreyfus, accusé d’espionnage et incarcération à la prison du Cherche-Midi. 3 décembre :
Remise du rapport du commandant d’Ormescheville (acte d’accusation) au gouverneur militaire de
Paris. 19 décembre : Première audience du procès Dreyfus devant le Conseil de guerre de Paris. Arrêt de
huis clos. 20 décembre : Deuxième audience du procès. Faux témoignage du commandant Henry. 21
décembre : Troisième audience. 22 décembre : Quatrième audience. Communication par le lieutenantcolonel Henry, sur ordre du ministre de la Guerre, de documents secrets aux juges militaires, à l’insu
de la défense. Accusation à l’unanimité de trahison ; condamnation à la déportation perpétuelle dans
une enceinte fortifiée, et à la dégradation militaire. 31 décembre : Rejet du pourvoi en révision par le
conseil de révision. 15 octobre 1894 – 5 janvier 1895 : Réclusion et mise au secret dans la prison du
Cherche-Midi.
1895 - 5 janvier : Dégradation, dans la grande cour de l’École militaire, du capitaine Dreyfus clamant
son innocence. 5- 17 janvier : Incarcération à la prison de la Santé. 17 janvier : Transfert vers l’île de Ré.
Mauvais traitement par la foule en gare de La Rochelle. Détention au bagne de Saint-Martin. 21 février :
Embarquement à La Rochelle pour le bagne de Guyane. 15 mars : Traversée dans des conditions
« atroces » ; arrivée aux îles du Salut et réclusion d’un mois à l’île Royale. 13 avril : Arrivée à l’île du
Diable.
1896 - Mars : Arrivée d’une lettre pneumatique — appelée ensuite « le petit bleu » — à la Section de
statistique, dirigée par le commandant Picquart. Signalement du commandant Esterhazy à Picquart
par l’ambassade d’Allemagne et début de l’enquête du commandant Picquart sur Esterhazy. Début
septembre : Prise de connaissance du dossier secret concernant Dreyfus par Picquart et découverte,
grâce à des comparaisons d’écritures, d’Esterhazy comme auteur du « bordereau ». 1er septembre : Note
officielle de Picquart sur les charges accusant Esterhazy. 3 septembre : Suite à l’annonce dans le Daily
Chronicle de la fausse évasion de Dreyfus, durcissement des conditions de détention, condamnation
à la double boucle pendant la nuit. 14 septembre : Révélation par L’Eclair de la communication secrète
aux juges du procès de 1894. 18 septembre : Rejet de la demande de révision du procès (sous forme
de pétition) par Lucie Dreyfus. 27 octobre : Perte du contrôle de la Section de statistique par Picquart,
envoyé en mission sur décision des généraux Gonse et de Boisdeffre. 2 novembre : Remise à l’état-major
par le commandant Henry des « faux » dont il est l’auteur ; l’un d’eux portera son nom. 6 novembre :
publication à Bruxelles d’une brochure de Bernard Lazare, Une Erreur judiciaire. La Vérité sur l’affaire
Dreyfus, point de départ de la campagne de révision. Seconde édition à Paris, chez P.-V. Stock, peu de
temps après. 10 novembre : Publication par Le Matin d’une photographie du « bordereau » permettant
à la famille Dreyfus et aux premiers dreyfusards les premières comparaisons d’écriture. 15 décembre :
Faux télégrammes et lettres contre Picquart, émanant de la Section de statistique.
1897 - 2 avril : Rédaction par Picquart d’un exposé de l’affaire Dreyfus sous forme testamentaire,
destiné au président de la République, seul. 13 juillet : Auguste Scheurer-Kestner, vice-président
du Sénat, averti par Louis Leblois, avocat de Picquart, des découvertes de ce dernier. 14 juillet :
Engagement d’Auguste Scheurer-Kestner auprès de ses collègues du Sénat de faire rendre justice à
Dreyfus. Septembre-décembre : Démarches infructueuses de dreyfusards auprès des autorités de l’État.
15 novembre : Dénonciation publique d’Esterhazy par Mathieu Dreyfus, frère du condamné, par une
lettre au ministre de la Guerre. 1er décembre : Premier article de Zola sur l’affaire Dreyfus, en hommage
aux premiers dreyfusards, sous le titre : Le Syndicat.
1898 - 11 janvier : Acquittement d’Esterhazy par le conseil de guerre, après un simulacre de procès.
13 janvier : Publication de J’accuse… ! de Zola dans L’Aurore, journal animé par Georges Clemenceau.
Arrêt du lieutenant-colonel Picquart, conduit à la forteresse du Mont-Valérien. 14-15 janvier : Première
« pétition des Intellectuels » et premier meeting à Paris en faveur de la révision du procès. 18 janvier :
1. Chronologie de l’Affaire Dreyfus, établie à partir des ouvrages suivants :
Alfred Dreyfus, Cinq années de ma vie, Paris, La Découverte, 2006
Jean Jaurès, Les Preuves Affaire Dreyfus, Paris, La Découverte, 1998
Vincent Duclerc, Alfred Dreyfus, l’honneur d’un patriote, Paris, Fayard, 2006
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Chronologie de l’Affaire Dreyfus1
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Début des grandes manifestations antisémites à Paris et dans les grandes villes de provinces. 19
janvier : Publication, à l’initiative de Joseph Reinach, de lettres de Dreyfus à son épouse, Lucie, par
Le Siècle, sous le titre Lettres d’un Innocent d’Alfred Dreyfus. 24 janvier : Nouvelle intervention de
Jaurès à la Chambre au sujet de la communication de pièces secrètes au procès de 1894. 7-23 février :
Procès d’Emile Zola devant la cour d’assises de Paris. Condamnation au maximum de la peine prévue
: un an de prison. 26 février : Le lieutenant-colonel Picquart, chassé de l’armée. 7 juillet : Mention, à la
Chambre par Cavaignac, ministre de la Guerre, d’une pièce détenue par l’état-major, accablante pour
Dreyfus. Démonstration par Jaurès et d’autres dreyfusards qu’il s’agit d’un faux. 13 juillet : Arrestation
du lieutenant-colonel Picquart. 18 juillet : Nouvelle condamnation de Zola et exil en Angleterre.
10 août-31 août : Publication par le quotidien La Petite République d’articles de Jaurès concluant à
l’existence de faux à l’état-major et au ministère de la Guerre. Réunis et publiés la même année sous
le titre Les Preuves chez P.-V. Stock. 30-31 août : Aveu du lieutenant-colonel Henry, chef de la Section
de statistique, comme auteur du faux, confectionné deux ans auparavant. Suicide au Mont-Valérien.
3 septembre : Démission de Cavaignac. Nouvelle demande de révision de Lucie Dreyfus. 4 septembre
: Fuite d’Esterhazy. 22 septembre : Incarcération de Picquart à la prison du Cherche-Midi et mise au
secret. 26 septembre : Autorisation accordée par le conseil des ministres au ministre de la Justice, de
transmettre à la Cour de cassation la demande en révision déposée par Lucie Dreyfus. 25 octobre :
Démission du nouveau ministre de la Guerre et chute du gouvernement. 29 octobre : Déclaration de
recevabilité par la chambre criminelle de la Cour de cassation de la demande de révision du procès
Dreyfus et ouverture d’une enquête. Audition des anciens ministres de la Guerre. 25 novembre :
Témoignage devant la chambre criminelle de Picquart, accusé de faux et incarcéré depuis cent vingt
jours à la prison du Cherche-Midi.
1899 - 5 janvier : Interrogation du capitaine Dreyfus, sur commission rogatoire, par le président de
la Cour de Cayenne. 10 février : Vote de la loi de dessaisissement de la chambre criminelle de la Cour
de cassation. Vote par le Sénat de ce même texte le 1er mars. 18 février : Emile Loubet, président de
la République, à la suite de Félix Faure, mort le 16. 21 mars : Première séance plénière de la Cour
de cassation, toutes chambres réunies. 3 juin : Arrêt de révision renvoi de Dreyfus devant le conseil
de guerre de Rennes. 5 juin : Information, à l’île du Diable, d’une dépêche annonçant à Dreyfus la
révision et le replaçant provisoirement dans son grade. 9 juin : Départ de l’île du Diable du capitaine
Dreyfus. Libération de Picquart, après 325 jours de détention. 22 juin : Constitution du gouvernement
Waldeck-Rousseau, dit de « Défense républicaine ». 30 juin : Transfert de Dreyfus à la prison militaire
de Rennes. 9 juillet : Le commandant des îles du Salut, Oscar Deniel, relevé de ses fonctions. 7 août-9
septembre : Procès de Rennes. Condamnation de Dreyfus à la majorité de cinq voix contre deux, à
dix ans de détention. « Circonstances atténuantes » accordées à la même majorité. Signature d’un
pourvoi en révision suivi d’un désistement le 15 septembre. 19 septembre : Grâce présidentielle
accordée par le président Loubet. Remise en liberté du capitaine Dreyfus. 21 septembre : Déclaration
du capitaine Dreyfus indiquant sa volonté de réparer « l’effroyable erreur judiciaire dont je suis encore
victime… »
1900 - 27 décembre : Loi d’amnistie pour les infractions commises à l’occasion de l’affaire Dreyfus. À
sa demande, Dreyfus en est excepté.
1903 - 6-7 avril : Discours de Jaurès à la Chambre des députés, qui relance une « troisième » affaire
Dreyfus. Ouverture d’une enquête du ministre de la Guerre sur les faux pouvant encore exister au
ministère de la Guerre. 25 décembre : Saisie de la Cour de cassation par le gouvernement, de l’arrêt du
procès de Rennes.
1904 - 5 mars : Arrêt de recevabilité de la Cour de cassation, l’enquête ayant mis à jour de nouveaux
faits introduits dans le « dossier secret » en 1897 et 1898. Début de l’enquête de la chambre criminelle.
19 novembre : Fin de l’enquête de la chambre criminelle.
1906 - 12 juillet : Cassation par la Cour de cassation, toutes chambres réunies, sans renvoi du capitaine
Dreyfus devant un troisième conseil de guerre, du jugement du Conseil de guerre de Rennes.
Proclamation solennelle de l’innocence du capitaine Dreyfus. 13 juillet : Lois réintégrant Dreyfus
et Picquart dans l’armée. 21 juillet : Réintégration dans l’armée du capitaine Dreyfus et remise des
insignes de chevalier de la Légion d’honneur lors d’une cérémonie à l’École militaire. 15 octobre :
Affectation à la direction de l’artillerie du chef d’escadron Dreyfus. 25 octobre : Le général Picquart,
nommé ministre de la Guerre dans le nouveau gouvernement de Georges Clemenceau.
1907 - 26 juin : Retraite anticipée du capitaine Dreyfus, à sa demande, en raison de sa réintégration
incomplète dans l’armée.
1908 - 4 juin : Alfred Dreyfus, blessé par le journaliste nationaliste Grégori lors du transfert des cendres
d’Émile Zola au Panthéon. Acquittement de Grégori par la cour d’assises de la Seine.
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Albert Dreyfus : Cahiers de l’île du Diable
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