Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine
Facteurs affectant le bien en 2013*
- Cadre juridique
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport maritime
- Pêche/collecte de ressources aquatiques
- Ressources humaines
- Système de gestion/plan de gestion
- Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Présence permanente et croissante de bétail ;
- Mise en œuvre retardée du plan de gestion de la zone spéciale de protection marine ;
- Projet de construction d'une base navale ;
- Absence de réglementation claire pour le bien ;
- Pêche commerciale et sportive ;
- Capacités de gestion insuffisantes dans le bien.
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2013
Montant total accordé au bien: 350 000 dollars EU (planification de gestion, installation de bouées d'amarrage pour les bateaux de plongée, travail avec les communautés locales, renforcement des capacités, plan d'utilisation du bien par le public, travaux visant à une meilleure compréhension par les intervenants locaux des mesures de protection juridique)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2013
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2013**
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2013
L’État partie a soumis le 26 février 2013 un rapport sur l’état de conservation du bien qui détaille l’avancement de la mise en œuvre de la décision 36 COM 7B.33. L’État partie fait remarquer que la Déclaration rétrospective de valeur universelle exceptionnelle (VUE) est incluse à la section II du Rapport périodique, mais celui-ci n’a pas été reçu par le Centre du patrimoine mondial.
a) Gestion prévisionnelle, gestion et gouvernance des ressources halieutiques
L’État partie reconnaît qu’un plan de gestion de la zone spéciale de protection marine (ZSPM) n’est toujours pas achevé, malgré les demandes répétées du Comité du patrimoine mondial dès 2005, en vue de sa finalisation (28 COM 8B.13). Il indique que la Commission pour la gestion durable des pratiques de pêche dans la ZSPM continue à vouloir assurer la mise en œuvre des recommandations du Comité du patrimoine mondial. L’État partie indique que le retard dans l’achèvement du plan de gestion est dû à l’absence d’informations, y compris sur les activités de pêche, ajoutant que des progrès sont en cours pour obtenir ces informations via la collecte de fonds pour des consultations (avec MarViva et Conservation International) et par le biais d’expéditions scientifiques. Il fait part de son soutien à la réalisation d’une évaluation indépendante d’efficacité de la gestion, mais l’on ne note aucun progrès pour entreprendre ce travail.
L’État partie annonce que des actions de conservation favorisant la pêche artisanale sont mises en œuvre, car le nombre de bateaux de pêche artisanale a été réduit, passant de 47 à 21. Il indique que le nombre de permis de pêche sportive est stable et que les délits de pêche illégale ont diminué, sans doute grâce à la présence de Sea-Air Service qui patrouille dans la zone. Le Centre du patrimoine mondial prend note d’un rapport de presse de mars 2013, indiquant que l’État partie a déclassé du matériel de pêche illégale trouvé dans le bien.
b) Constructions sur la côte
L’État partie ne signale que de très modestes constructions localisées le long de la côte et constituées en majorité de petits hôtels pour des visiteurs aux moyens modestes, mais il ne semble pas qu’il y ait de projets de construction d’importants aménagements touristiques ou résidentiels en cours. Il indique que le principal port amenant des visiteurs vers l’île se trouve à 90 km et ne peut accueillir que des petits bateaux. Il précise également qu’un éventuel aménagement touristique devrait respecter le plan directeur d’écotourisme, et que tous les types d’aménagements à l’intérieur du bien doivent respecter une réglementation environnementale complémentaire à cet égard.
Bien que les pressions touristiques actuelles semblent peu importantes, de précédents rapports mentionnant la possibilité d’aménagements beaucoup plus importants sur le littoral juste en face du bien ont incité le Centre du patrimoine mondial et l’UICN à recommander de mener une évaluation stratégique environnementale (ESE) à cet égard. Le Comité avait demandé à l’État partie d’élaborer une politique en matière de construction et de conservation sur la côte pour aider à orienter d’éventuels projets (décision 33 COM 7B.38). Aucun avancement n’a été noté à cet égard.
c) Présence permanente d’animaux d’élevage
L’État partie indique que le retrait des animaux d’élevage du bien (surtout du bétail) a été plus difficile que prévu. Il ajoute que la soumission d’une demande d’assistance internationale va être discutée avec le conseil exécutif du Parc national de Coiba, et que des dispositions sont prises en interne pour le retrait du bétail à partir de mars 2013. Le travail est effectué selon le plan d’action récemment établi par l’autorité responsable de l’environnement naturel au Panama, en collaboration avec le Smithsonian Tropical Research Institute et Conservation International. L’État partie mentionne que du bétail pourra peut-être rester sur l’île comme source de viande pour les occupants de la station navale.
d) Station navale sur l’île de Coiba
L’État partie indique qu’une station aéronavale dans la partie de l’ancienne zone pénitentiaire de Coiba est déjà en construction. Il précise que des consultations ont eu lieu pour l’évaluation des études d’impact environnemental et qu’une évaluation d’impact environnemental est en cours de préparation pour l’extension du dock et la restauration de l’infrastructure de la colonie pénitentiaire abandonnée. Toutefois, des exemplaires des évaluations d’impact environnemental n’ont pas été fournis au Centre du patrimoine mondial.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2013
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN notent les améliorations en vue de la réduction des activités de pêche, mais considèrent que l’absence actuelle d’un cadre de gestion clair et d’un plan de gestion pour la ZSPM, qui fait partie du bien, est un sujet croissant de préoccupation. Le Comité du patrimoine mondial a d’abord demandé un plan de gestion en 2005, lors de l’inscription, et a constamment renouvelé sa demande ces huit dernières années. Sans un tel plan, il est impossible de savoir si l’intégrité du bien est assurée. Ils considèrent que l’absence d’informations ne devrait pas empêcher l’État partie de préparer au moins un plan de gestion préliminaire pour la ZSPM, présentant une vue complète des besoins essentiels du bien en matière de conservation, ainsi qu’une définition des réponses préliminaires de gestion. Ils sont également préoccupés de l’absence de politique de construction et de conservation sur la côte, qui garantirait un traitement effectif de l’impact cumulatif et combiné des constructions sur la VUE du bien.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN restent préoccupés que peu de progrès aient été faits depuis que le problème de la présence d’animaux d’élevage dans le bien ait été soulevé pour la première fois par le Comité en 2009 (décision 33 COM 7B.38). Ils font remarquer que l’on dispose facilement des capacités techniques et du savoir-faire pour résoudre ce problème dans la région, où des transferts de ce genre été effectués avec succès pour plusieurs autres biens du patrimoine mondial. Ils précisent aussi qu’autoriser la présence permanente d’animaux d’élevage sur l’île, comme source de nourriture pour le personnel naval sur place, n’est pas compatible avec les exigences de protection du bien.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN n’ont pas obtenu d’exemplaires des évaluations d’impact environnemental des travaux effectuées pour l’établissement d’une base navale sur le bien, et restent préoccupés par les impacts potentiels de cette construction sur la VUE du bien. Ils renouvellent leurs recommandations, présentées au Comité à sa 35e session (UNESCO, 2011) :
· La base ne doit pas devenir la source d’introduction de nouvelles espèces (par exemple, des mesures de biosécurité devraient être prises) ;
· Le personnel de la base doit être tenu bien informé du trafic de faune et de flore sauvages ;
· Le personnel ne doit pas se lancer dans la production agricole ;
· Les limites doivent être très clairement définies, idéalement par un grillage aussi petit que possible, avec des restrictions sur les déplacements de personnes au-delà de ces limites ;
· Les équipements côtiers doivent être construits et gérés de façon à ne pas détruire les fonds marins et à ne pas contribuer à l’érosion ;
· L'aéroport ne doit pas être autorisé à contribuer aux pressions du développement, comme le tourisme et les hôtels.
Ils répètent que la résolution de nombre de ces problèmes est en attente depuis l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en 2005. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN recommandent que le Comité demande à l’État partie d’inviter une mission conjointe de suivi réactif à se rendre dans le bien en 2013-2014.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2013
37 COM 7B.31
Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine (Panama) (N 1138 rev)
Décision 37 COM 7B.31
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-13/37.COM/7B.Add,
2. Rappelant la décision 36 COM 7B.33 , adoptée à sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012),
3. Demande à l’État partie de finaliser d’urgence un projet de plan de gestion pour la zone spéciale de protection marine, de l’adopter et d’en lancer la mise en œuvre, et de démarrer l’évaluation indépendante d’efficacité de la gestion pour orienter la gestion effective du Parc national de Coiba et de sa zone spéciale de protection marine ;
4. Renouvelle sa demande à l’État partie d’élaborer et de mettre en œuvre une politique de conservation et d’aménagement de la zone côtière afin de s’assurer que les impacts cumulés de l’aménagement de la zone côtière sur la valeur universelle exceptionnelle du bien sont efficacement traités, et engage l’État partie à développer cette politique sur la base de l’évaluation stratégique environnementale du potentiel d’aménagement de la zone côtière ;
5. Se déclare préoccupé des impacts potentiels de la base navale sur la valeur universelle exceptionnelle du bien, et demande également à l’État partie de prendre les mesures nécessaires pour minimiser ces impacts, notamment :
a) mettre en place des mesures de biosécurité pour éviter que la base navale ne devienne une source d’introduction d’espèces exotiques,
b) éduquer le personnel pour veiller à ce qu’il ne s’engage pas dans le trafic de faune et de flore sauvages,
c) s’assurer que le personnel ne se lance pas dans la production agricole,
d) marquer clairement les limites, idéalement par un grillage aussi petit que possible, avec des restrictions sur les déplacements de personnes au-delà de ces limites,
e) s’assurer que les équipements côtiers soient construits et gérés de façon à ne pas détruire les fonds marins et à ne pas contribuer à l’érosion,
f) ne pas laisser l’aéroport contribuer aux pressions du développement, comme le tourisme et les hôtels ;
6. Prie instamment l’État partie de finaliser la Déclaration rétrospective de valeur universelle exceptionnelle ;
7. Demande en outre à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif du Centre du patrimoine mondial/UICN pour étudier l’état de conservation du bien dans son ensemble, y compris concernant les impacts des aménagements d’une base navale, et de fournir des informations sur la mise au point d’un plan de gestion et d’une politique d’aménagement de la zone côtière ;
8. Demande par ailleurs à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2014 , un rapport sur l’état de conservation du bien et sur les questions susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 38e session en 2014.
Projet de décision : 37 COM 7B.31
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-13/37.COM/7B.Add,
2. Rappelant la décision 36 COM 7B.33, adoptée à sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012),
3. Demande à l’État partie de finaliser d’urgence un projet de plan de gestion pour la zone spéciale de protection marine, de l’adopter et d’en lancer la mise en œuvre, et de démarrer l’évaluation indépendante d’efficacité de la gestion pour orienter la gestion effective du Parc national de Coiba et de sa zone spéciale de protection marine ;
4. Renouvelle sa demande à l’État partie d’élaborer et de mettre en œuvre une politique de conservation et d’aménagement de la zone côtière afin de s’assurer que les impacts cumulés de l’aménagement de la zone côtière sur la valeur universelle exceptionnelle du bien sont efficacement traités, et engage l’État partie à développer cette politique sur la base de l’évaluation stratégique environnementale du potentiel d’aménagement de la zone côtière ;
5. Se déclare préoccupé des impacts potentiels de la base navale sur la valeur universelle exceptionnelle du bien, et demande également à l’État partie de prendre les mesures nécessaires pour minimiser ces impacts, notamment :
a) Mettre en place des mesures de biosécurité pour éviter que la base navale ne devienne une source d’introduction d’espèces exotiques,
b) Éduquer le personnel pour veiller à ce qu’il ne s’engage pas dans le trafic de faune et de flore sauvages,
c) S’assurer que le personnel ne se lance pas dans la production agricole,
d) Marquer clairement les limites, idéalement par un grillage aussi petit que possible, avec des restrictions sur les déplacements de personnes au-delà de ces limites,
e) S’assurer que les équipements côtiers soient construits et gérés de façon à ne pas détruire les fonds marins et à ne pas contribuer à l’érosion,
f) Ne pas laisser l’aéroport contribuer aux pressions du développement, comme le tourisme et les hôtels.
6. Prie instamment l’État partie de finaliser la Déclaration rétrospective de valeur universelle exceptionnelle ;
7. Demande en outre à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif du Centre du patrimoine mondial/UICN pour étudier l’état de conservation du bien dans son ensemble, y compris concernant les impacts des aménagements d’une base navale, et de fournir des informations sur la mise au point d’un plan de gestion et d’une politique d’aménagement de la zone côtière ;
8. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2014, un rapport sur l’état de conservation du bien et sur les questions susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 38e session en 2014.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.