Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-12/36.COM/8B et WHC-12/36.COM/INF.8B1,
2. Inscrit les Sites miniers majeurs de Wallonie, Belgique, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii) et (iv) ;
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Les sites du Grand-Hornu, de Bois-du-Luc, de Bois du Cazier et de Blegny-Mine représentent les lieux les mieux conservés de l’exploitation charbonnière en Belgique, du début du XIXe siècle à la seconde moitié du XXe siècle. Le bassin houiller wallon est l’un des plus anciens et les plus emblématiques de la révolution industrielle sur le continent européen. Les quatre biens comprennent de nombreux vestiges techniques et industriels, tant de l’exploitation charbonnière en surface que dans le sous-sol, de l’architecture industrielle associée aux mines, de l’habitat ouvrier, de l’urbanisme des villes minières et des valeurs sociales et humaines de leur histoire, en particulier le souvenir de la catastrophe de Bois du Cazier (1956).
Critère (ii) : Parmi les plus anciennes et les plus importantes d’Europe, les quatre mines de charbon de Wallonie témoignent d’un lieu précoce de diffusion des innovations techniques, sociales et urbaines de la révolution industrielle. Elles ont ensuite joué un rôle d’exemple technique et social majeur, jusqu’à une période récente. Elles sont enfin l’un des lieux les plus importants de l’inter-culturalité née de l’industrie de masse, par la participation d’ouvriers venant d’autres régions de Belgique, d’Europe puis d’Afrique.
Critère (iv) : L’ensemble des quatre sites miniers de Wallonie offre un exemple éminent et complet du monde industriel minier en Europe continentale, aux différentes étapes de la révolution industrielle. Il témoigne de manière significative de ses composantes industrielles et technologiques, de ses choix urbains et architecturaux, de ses valeurs sociales, notamment suite à l’accident de Bois-du-Cazier (1956).
Intégrité
Les éléments de la série ont été choisis pour la qualité, la diversité et la richesse des témoignages qu’ils apportent. Chacun d’eux exprime une dimension originale et complémentaire de la valeur de l’ensemble du bien en série, et chacun possède les composantes nécessaires et suffisamment intègres pour une expression intelligible de cette valeur d’ensemble.
Authenticité
L’authenticité des composantes individuelles du bien en série est un peu inégale, suivant les éléments considérés et suivant les différents sites du bien, mais elle atteint un niveau globalement satisfaisant. Les programmes annoncés pour la rénovation de certains éléments, comme la cité ouvrière du Grand-Hornu, devraient restaurer favorablement les conditions d’authenticité de ce bien. Toutefois, un programme d’ensemble de la conservation serait bienvenu pour assurer durablement le maintien de l’authenticité du bien en série.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
L’ensemble des mesures de protection des sites est satisfaisant. Des garanties ont été apportées pour une bonne gestion des zones tampons urbaines et rurales via les plans locaux d’urbanisme, ou plans de secteur, mettant en œuvre les dispositions générales du Code de l’aménagement prévues pour l’environnement des monuments et sites classés.
Parti d’une addition de sites aux systèmes de gestion et de conservation indépendants, le bien en série vient de se doter récemment d’une instance transversale pérenne au fonctionnement effectif, le Groupe de coordination transversal. Les capacités scientifiques de ce groupe doivent être renforcées et les programmes et actions coordonnées afin d’atteindre un niveau de gestion et de conservation conforme à celui d’un bien de valeur universelle et exceptionnelle reconnue.
4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
a) renforcer les capacités scientifiques du Groupe de coordination transversal par la réunion des quatre comités scientifiques de sites, pour le moins par leur coordination,
b) renforcer la présence et l’implication professionnelle du Département régional du patrimoine au sein des instances transversales de la gestion du bien,
c) rédiger les plans de gestion et de conservation de chacun des sites sur un format commun préparé par le Groupe de coordination et par les instances scientifiques et professionnelles associées, en dégager un plan d’ensemble de la conservation,
d) réaliser, pour les projets de reconversions urbaines ou industrielles au sein des zones tampons, des études d’impact paysager en relation avec les valeurs visuelles du bien,
e) confirmer les capacités financières de la Fondation de Grand-Hornu en vue de la restauration des conditions d’authenticité de la cité ouvrière,
f) faire parvenir au Centre du patrimoine mondial l’acte de transfert de droit emphytéotique du sous-sol du site de Blegny-Mine à la Région wallonne lorsqu’il sera promulgué.