Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-12/36.COM/8B et WHC-12/36.COM/INF.8B1,
2. Inscrit le Site néolithique de Çatal Höyük, Turquie, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (iii) et (iv) ;
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Le grand site archéologique de Çatal Höyük comprend deux tertres s’élevant à 20 m au-dessus de la plaine de Konya, du côté sud du plateau anatolien. Les fouilles du tertre oriental ont révélé 18 niveaux d’occupation néolithique datant de 7400 à 6200 av. J.-C. qui ont offert un témoignage unique de l’évolution de l’organisation sociale et des pratiques culturelles préhistoriques, éclairant l’adaptation précoce des hommes à une vie sédentaire et à l’agriculture. Les fouilles du tertre occidental ont d’abord révélé des niveaux d’occupation chalcolithiques datant de 6200 à 5200 av. J.-C qui reflètent la continuité des pratiques culturelles qui apparaissent dans le tertre oriental plus ancien.
Çatal Höyük est un exemple très rare d’établissement néolithique bien préservé et est considéré depuis quelques décennies comme un des sites cruciaux pour la compréhension de l’homme durant la préhistoire. Le site tire son caractère exceptionnel des dimensions considérables et de la grande longévité de cet établissement, de son plan caractéristique de maisons accolées avec accès par les toits, de la présence d’un vaste assemblage de caractéristiques, notamment les peintures murales et les modelages en relief représentant le monde symbolique des habitants. Sur la base de la recherche largement documentée sur le site, les caractéristiques citées ci-dessus en font l’établissement humain le plus important et le plus informatif sur la vie sédentaire agricole d’une communauté néolithique.
Critère (iii) : Çatal Höyük offre un témoignage unique sur une période du Néolithique au cours de laquelle les premiers établissements agricoles furent établis en Anatolie centrale et se développèrent sur plusieurs siècles de villages en centres urbains, largement fondés sur des principes égalitaires. Les premiers principes de ces établissements ont été bien conservés au cours des millénaires d’abandon du site. Ces principes peuvent se voir dans le plan urbain, les structures architecturales, les peintures murales et les témoignages funéraires. La stratigraphie qui comprend jusqu’à 18 niveaux d’occupation offre un témoignage exceptionnel sur le développement progressif, la transformation et l’extension de l’établissement.
Critère (iv) : Les groupes de maisons de Çatal Höyük, caractérisés par des quartiers sans rue et des habitations accessibles par les toits, ainsi que les types de maisons présentant une distribution bien définie des zones d’activité et une organisation spatiale clairement orientée selon les points cardinaux, forment un type d’établissement remarquable de la période néolithique. Les dimensions comparables des habitations à travers toute la ville illustrent un type précoce d’aménagement urbain fondé sur des idéaux égalitaires et communautaires.
Intégrité
Les vestiges fouillés de l’occupation préhistorique s’étendant sur 2 000 ans sont préservés in situ en bon état de conservation et sont entièrement inclus dans les délimitations du bien. Les deux tertres archéologiques s’élèvent au-dessus de la plaine et constituent un paysage caractéristique original qui a conservé son intégrité visuelle. Des abris construits sur les deux principales zones de fouille protègent les structures archéologiques des effets directs du climat et réduisent par conséquent les menaces directes que sont la pluie et l’érosion.
Authenticité
Les vestiges archéologiques de Çatal Höyük ont conservé leur authenticité pour ce qui concerne les matériaux, la substance, le lieu et l’environnement. Plus de quarante années de recherches et de fouilles bien documentées témoignent de la lisibilité du site en tant qu’établissement du Néolithique ancien et, par conséquent, de son authenticité. Le site et les fouilles sont bien préservés. La masse physique et l’échelle des tertres n’ont pas beaucoup changé depuis la découverte du site en 1958
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien est protégé au plus haut niveau en tant que monument ancien par la Direction générale des monuments en vertu de la Loi 2863/1983 sur la protection du patrimoine culturel et naturel, amendée en 1987 et 2004. Il a été enregistré en tant que site de conservation inscrit à l’Inventaire national en 1981 par le Conseil supérieur des antiquités immeubles et des monuments. Selon ces instruments, les autorités locales sont aussi responsables de la protection du bien.
La gestion du site est supervisée par le Conseil de supervision et de coordination de Çatal Höyük (CSC), un Conseil consultatif et une équipe du plan de gestion. Un gestionnaire de site a été officiellement nommé et une équipe du plan de gestion comprenant des experts de l’équipe de fouille de Çatal Höyük et des départements associés au ministère de la Culture et du Tourisme a été constituée. Sur la base de l’expérience acquise au cours de l’élaboration d’un plan précédent en 2004, le nouveau plan de gestion comprendra des sections consacrées à la gestion des visiteurs, à l’accès, à l’éducation, à la préparation aux risques et à l’implication de la communauté locale, et devrait être finalisé fin 2012. L’allocation de ressources financières et humaines permanentes ainsi que des archives dédiées pour la documentation des activités de fouille et de conservation sont des éléments clés pour le système de gestion.
4. Prend note de l’engagement écrit de l’État partie relatif au financement futur du bien ainsi qu’à la finalisation de son plan de gestion d’ici décembre 2012 ;
5. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
a) inclure parmi les indicateurs de suivi l’évaluation de l’impact des changements climatiques et environnementaux, ainsi que de l’impact de l’agriculture, du tourisme et d’autres développements susceptibles d’affecter le bien,
b) définir, parallèlement au Projet de recherche de Çatal Höyük, les entités nationales et locales responsables de la tenue des inventaires et de la documentation sur le bien ;
6. Demande à l’État partie de présenter d’ici au 1er février 2013 un rapport sur la stratégie de financement pour la conservation et de l’entretien du bien, ainsi que sur la finalisation et la mise en œuvre du nouveau plan de gestion, pour examen par le Comité à sa 37e session en 2013.