Talks by Cercle Lyonnais d'Egyptologie Victor Loret
Le Cercle Lyonnais d'Egyptologie Victor Loret reçoit Marie-Astrid Calmettes, Institut d’égyptolog... more Le Cercle Lyonnais d'Egyptologie Victor Loret reçoit Marie-Astrid Calmettes, Institut d’égyptologie Khéops (Paris), Université Libre de Bruxelles (CIERL), pour une séminaire intitulé :
"Penser et représenter le monde. Les images relatives à la conception du monde dans l’Égypte ancienne"
Tout au long de leur histoire, les anciens Égyptiens ont élaboré une conception du monde d'une grande richesse. Cette pensée témoigne non seulement d'une observation attentive de leur environnement, mais aussi d'une profonde compréhension des lois inhérentes aux grands cycles naturels. Leur perception première - celle du Nil, de la vallée, du désert, du voyage du soleil ou de la nuit - s'est muée en une réflexion cosmologique intense basée sur la notion d'équilibre. C'est ainsi que le concept de Maât, personnifié par une déesse, se trouve au centre des croyances religieuses et de la vision du monde des anciens Égyptiens. Le monde est pensé et représenté comme étant en équilibre, un équilibre fragile et éphémère constamment menacé par les forces entropiques, un équilibre qu'il convient sans cesse de réaffirmer. Si les dieux participent de cet effort, les hommes ne sont pas en reste, tout autant responsables, ils se doivent d'être actifs. Ce double effort, à la fois divin et humain, s'apparente à une tension nécessairement constante et inscrite dans la durée, condition sine qua non pour que le cosmos demeure viable. À partir de différente sources, textuelles et iconographiques, nous explorerons la manière dont les anciens Égyptiens concevaient le monde, le mettaient en mots et en images, c'est-à-dire tout simplement, leur façon d’être au monde.
le Cercle Lyonnais d'Egyptologie reçoit Pascal Vernus, ancien directeur de recherche à l'EPHE (Pa... more le Cercle Lyonnais d'Egyptologie reçoit Pascal Vernus, ancien directeur de recherche à l'EPHE (Paris) :
"Les animaux fantastiques, c'est-à-dire des animaux qui ne correspondent directement à aucun animal ayant une existence réelle, peuplent l'imaginaire des cultures et des civilisations tant anciennes que modernes et, bien entendu, celui de l'Égypte pharaonique. Laquelle en avait élaboré un fort riche répertoire. À l'examiner, il apparaît que l'apparence de ces créatures, loin de le devoir à l'incohérence chaotique de divagations enfiévrées, était construite en modifiant celle d'animaux réels à partir de deux procédés cardinaux et de leurs combinaisons: la déviation par rapport au standard, d'une part, et l'hybridation d'autre part. Dans son effort incessant pour assujettir les croyances à sa vision d'ensemble, la science religieuse manipulait ces deux procédés afin de créer des animaux fantastiques et de les investir de significations symboliques au gré de ses expressions. On se propose d'inventorier et de rendre compte de ce bestiaire monstrueux."
Emmanuel Jambon est chercheur associé au Collège de France. il présente "Le temple d'Edfou"
Situ... more Emmanuel Jambon est chercheur associé au Collège de France. il présente "Le temple d'Edfou"
Situé à une centaine de kilomètres au sud de Louqsor en Haute Égypte, le temple d’Horus d’Edfou est certainement le mieux conservé de tous les sanctuaires égyptiens anciens encore actuellement visibles. Malgré les destructions qu’il a subies, il nous permet de deviner un peu de ce qu’il a dû être au temps de sa splendeur.
Ce temple a été construit et décoré sous les Ptolémées, souverains gréco-macédoniens successeurs d’Alexandre le Grand, aux IIIe-Ier siècles avant notre ère. Il s’inscrit pourtant dans une histoire bien plus longue qu’il a tendance à faire un peu oublier. Dans le début du séminaire, on proposera donc quelques aperçus de tout ce qui s’est passé durant les millénaires qui précèdent sa fondation, le 23 août 237 avant notre ère.
Pour l’essentiel bien entendu on s’intéressera au temple ptolémaïque proprement dit. Celui-ci, par sa décoration foisonnante, est une source d’une immense richesse pour la connaissance de la culture cléricale savante égyptienne des trois derniers siècles avant notre ère. En effet s’il est le lieu des cultes et des rituels que nous font connaître, de manière parfois assez détaillée, les inscriptions de ses parois, le temple n’est pas seulement un monument « religieux » au sens moderne du terme. Il est aussi le réceptacle de savoirs aussi divers que, par exemple, l’astronomie, la géographie ou bien encore l’art du parfumeur ou la nomenclature de la boulangerie.
Concluant notre promenade dans la logique chronologique adoptée dès le départ, nous nous intéresserons finalement au destin du temple d’Edfou une fois celui-ci déconsacré et, en dernier lieu, nous reviendrons sur l’histoire de sa « redécouverte » puis de son étude par les égyptologues, une aventure entreprise au XIXe siècle et qui se poursuit aujourd’hui encore.
Le Cercle reçoit Catherine Defernez, CNRS, UMR 8167 Orient & Méditerranée (Sorbonne Université).
... more Le Cercle reçoit Catherine Defernez, CNRS, UMR 8167 Orient & Méditerranée (Sorbonne Université).
Point stratégique important de l'époque pharaonique, entre le Levant et l'Égypte, le Nord-Sinaï a, dès l'aube de son histoire, été investi par de multiples contingents militaires et diverses structures destinées à les recevoir. Au premier millénaire av. J.-C., sous l'impulsion des dominations étrangères, sa vocation militaire s'affermit, autant que sa vocation économique et commerciale ; en témoignent de multiples vestiges architecturaux et matériels. Cette conférence sera l'occasion de présenter les résultats des travaux archéologiques menés sur les sites majeurs de cette région, en particulier de ceux conduits sur le site fortifié de Tell el-Herr.
Jérémy HOURDIN est directeur adjoint de l'UAR 3172 du CNRS et responsable du service documentatio... more Jérémy HOURDIN est directeur adjoint de l'UAR 3172 du CNRS et responsable du service documentation-archives du CFEETK.
Il présente : Les temples de Karnak à la XXVe dynastie.
Fervents adorateurs du dieu Amon-Rê, les nouveaux rois de la XXVe dynastie (712-656 av. n.-è.), originaires de Napata en Nubie, portèrent un grand intérêt à la ville de Thèbes et notamment à son principal temple à Karnak. Pendant environ 50 ans, les pharaons kouchites vont mener une politique architecturale ambitieuse pour restaurer, agrandir et construire de nombreux sanctuaires pour les divinités du panthéon local. À travers la présentation des récents travaux du CFEETK, ce séminaire vise à présenter les grands projets monumentaux kouchites ainsi que les évolutions architecturales et religieuses à Karnak.
Christian Leblanc est directeur de Recherche émérite au CNRS et directeur de la MAFTO/CNRS-ASR.
I... more Christian Leblanc est directeur de Recherche émérite au CNRS et directeur de la MAFTO/CNRS-ASR.
Il présente : "Rétrospective des travaux de recherche et de restauration au Ramesseum".
Cette conférence présentera une rétrospective des recherches et des travaux de restauration qui sont effectués depuis plusieurs années dans le temple de
Ramsès II à l'ouest de Thèbes, connu depuis J.-Fr. Champollion sous le nom de Ramesseum. Les fouilles menées dans le temple et ses dépendances en brique crue ont apporté une somme considérable d'informations qui permet de mieux comprendre aujourd'hui la véritable vocation de ce que les anciens Égyptiens appelaient des "temples de millions d'années". Bien plus que des mémoriaux à caractère simplement funéraire comme cela a été trop souvent dit, ces fondations royales étaient surtout, en plus de leur aspect purement cultuel, des satellites économiques et administratifs de l'institution royale en milieu régional. Les recherches menées au fil des années sur ce site prestigieux contribuent ainsi dans une large mesure à enrichir nos connaissances sur l'histoire de la société qui vivait dans le IVe nome de Haute-Égypte au cours du Nouvel Empire, et plus particulièrement durant l'époque ramesside.
La Mission Archéologique Française de Thèbes-Ouest (MAFTO/CNRS) qui
oeuvre conjointement avec le Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités et l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum, associe également à ses travaux le Centre d'Étude et de Documentation sur l'Ancienne Égypte (CEDAE, organe du Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte).
Yannis Gourdon est maître de conférences en égyptologie à l’Université Lumière Lyon 2, ancien mem... more Yannis Gourdon est maître de conférences en égyptologie à l’Université Lumière Lyon 2, ancien membre scientifique de l'Ifao, fondateur et co-directeur de la mission archéologique de Hatnoub.
Il présente « Retour sur la Carrière P de Hatnoub : Les missions 2019 et 2021 »
Depuis 2012, une mission franco-anglaise étudie les anciennes carrières d’albâtre calcite du plateau de Hatnoub, en plein coeur de la Moyenne Égypte.
Les travaux menés dans la carrière P ont révélé plus de 160 inscriptions, dont la richesse permet à la fois de comprendre l’organisation des corps expéditionnaires qui étaient envoyés à Hatnoub pour y exploiter l’albâtre, mais aussi la mise en place de la rampe qui permettait de tracter des blocs pesant plusieurs tonnes du fond de la fosse au sommet du plateau.
Ce dispositif de halage, comme les systèmes de circulation à l’intérieur de la carrière, que nous continuons de mettre au jour depuis 2017, ne cessent de surprendre par leur ampleur et leur ingéniosité. Ils fournissent, pour la première fois, des éléments concrets et contextualisés en lien direct avec la construction pharaonique de l’époque des grandes pyramides.
Les recherches sur le plateau de Hatnoub ne s’arrêtent pas à la seule Carrière P. Nos prospections et fouilles de structures inédites (voie antique et vaste complexe administratif) situées dans ses environs immédiats ont mis au jour des données qui contribueront à la redéfinition de la chronologie de l’Ancien Empire.
Dimitri LABOURY est maître de recherches du Fonds national de la recherche scientifique en Belgiq... more Dimitri LABOURY est maître de recherches du Fonds national de la recherche scientifique en Belgique et directeur du service d'histoire de l'art et archéologie de l'Egypte pharaonique à l'université de Liège.
L’Égyptologie a longtemps considéré qu’« il n’y avait pas d’artiste au
sens propre du terme dans l’Égypte pharaonique » (Lexikon der Ägyptologie, s.v. Künstler, « artiste »), malgré l’investissement exceptionnel de cette civilisation dans la production artistique, qui fait encore sa renommée de nos jours. Le séminaire se propose d’interroger les raisons de ce déni égyptologique, mais aussi le concept même d’art et d’artiste, son applicabilité à la culture pharaonique et, surtout, les moyens qui nous permettent d’étudier aujourd’hui les acteurs essentiels de cette civilisation que furent les praticiens des arts dans l’Égypte des pharaons.
Charlotte Lejeune, guide-conférencière, présente "Deux siècles de France-Egypte. Des conseillers ... more Charlotte Lejeune, guide-conférencière, présente "Deux siècles de France-Egypte. Des conseillers français de Mehemet Ali aux fouilles de l’IFAO"
Mai 2021 voit le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte : en 1821
en Europe, une page se tournait…
Il aurait été facile de céder à la simplicité et de sauter sur l’occasion pour
simplement rappeler en détail l’Expédition d’Egypte de Bonaparte en 1798.
Mais ce serait oublier que l’impact de la présence française sur l’Egypte est
bien plus intéressant encore ! De la première imprimerie à la Nahda, du voyage d’un obélisque à celui des Saint-Simoniens, les relations franco-égyptiennes au XIXe siècle sont riches d’échanges scientifiques, culturels et politiques, plus qu’avec n’importe quelle autre nation européenne.
Puis à cette amitié vient s’ajouter l’intérêt des Français pour l’histoire
égyptienne : titillée par les premières Curiosités arrivées de la Petite Echelle
d’Egypte jusqu’en Provence durant l’Ancien Régime, auréolée de gloire
grâce au déchiffrement des hiéroglyphes par le jeune Champollion, la
France se fait pionnière de la recherche archéologique en Egypte et de la
défense de son patrimoine.
Les 5 heures de ce séminaire seront bien nécessaires pour dresser le portrait
de cette relation France-Egypte, parfois houleuse, parfois amoureuse, et de
165 ans de recherches archéologiques françaises sur la terre des Pharaons.
Florence ALBERT est ancien membre scientifique de l’Ifao, chercheuse associée à l’UMR 5140, ASM –... more Florence ALBERT est ancien membre scientifique de l’Ifao, chercheuse associée à l’UMR 5140, ASM – ENiM, Université Montpellier 3.
Elle présente "Les Livres des morts du Nouvel Empire à l’époque ptolémaïque : évolution, production, et circulation d’un corpus de textes funéraires"
Le Livre des morts est un corpus de textes funéraires utilisé à partir du Nouvel Empire jusqu’à l’époque romaine. Le présent séminaire a pour objectif de revenir sur les étapes d’évolution du corpus sur les quelque 1500 ans de son utilisation, de voir quels en ont été les différents bénéficiaires et de comprendre l’environnement sacerdotal et intellectuel dans lequel les papyrus étaient produits.
Julien Siesse est documentaliste scientifique au département des Antiquités égyptiennes du musée ... more Julien Siesse est documentaliste scientifique au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, chargé d’enseignement à la faculté de Lettres de Sorbonne-Université.
Il présente « La XIIIe dynastie : un siècle d’innovations ».
La XIIIe dynastie est souvent décrite comme une période de déclin, qui succède à une XIIe dynastie généralement considérée comme l’âge d’or du Moyen Empire. Cette vision négative est largement conditionnée par l’apparente instabilité politique de la XIIIe dynastie, avec sa succession rapide de rois éphémères, dont le pouvoir aurait été largement affaibli. Après une courte synthèse des principaux enjeux de la chronologie et de la situation politique de la XIIIe dynastie, nous montrerons comment cette période, qui recouvre plus ou moins le XVIIIe siècle avant notre ère, est riche en innovations. Nous examinerons dans le détail ces nouveaux développements qui se manifestent dans de nombreux domaines, tels que la titulature des rois et des reines, les attributs royaux et les représentations de la famille royale. Nous verrons que l’époque est également marquée par
l’apparition de nouveaux titres et une tendance vers une plus grande spécialisation des fonctions administratives et cléricales, annonciatrice de certaines évolutions du début du Nouvel Empire. Enfin, nous montrerons que ces transformations concernent aussi les cultes, les pratiques funéraires, ainsi que l’art de la statuaire et du relief. En replaçant ces changements et autres nouveautés dans le contexte plus général de la fin du Moyen Empire (ou Moyen Empire tardif) et du début de la Deuxième Période intermédiaire, nous proposerons une vision renouvelée de la XIIIe dynastie, la grande oubliée du Moyen Empire.
Cintia Gama, professeure aux FMU (Faculdades Metropolitanas Unidas), São Paulo, chercheuse associ... more Cintia Gama, professeure aux FMU (Faculdades Metropolitanas Unidas), São Paulo, chercheuse associée à l'université de São Paulo (Brésil), membre de TAPHOS, de SESHAT, et de la mission archéologique TT49, présente une conférence sur le thème des collections publiques et privées d'égyptologie au Brésil.
La formation des collections d'antiquités égyptiennes en Amérique latine débute au XIX e siècle avec le désir des nouveaux pays indépendants de se faire une nouvelle place dans l'Histoire, en s'appuyant, paradoxalement, sur les antiquités admirées en Europe. Les élites locales et, dans le cas spécifique du Brésil, d'un Empire d'origine portugaise, achetèrent des artefacts égyptiens antiques pour constituer leurs collections. Cette conférence présente les collections égyptologiques du Brésil en incluant le Musée d'Art de São Paulo, le Musée d'Archéologie et d'Ethnologie, le Musée Eva Klabin Rappaport et aussi la collection plus connue du musée National de Rio de Janeiro. Ce travail a pour but d'évoquer l'histoire de ces collections et de contribuer à leur rayonnement, celles-ci étant pratiquement inédites.
Marie YOYOTTE, chercheuse associée au CNRS (UMR 7041 ArScAn-HAROC) présente un séminaire sur le ... more Marie YOYOTTE, chercheuse associée au CNRS (UMR 7041 ArScAn-HAROC) présente un séminaire sur le thème : Femmes et pouvoir politique au Nouvel Empire égyptien (1550-1069 av. J.-C.)
Pour la période du Nouvel Empire égyptien, nombreuses sont les figures féminines fortes dont le nom a traversé l’Histoire et nous sont parvenues : Hatchepsout, Tiy, Néfertiti, Néfertari etc. Reines souveraines, reines mères, épouses royales, princesses : qu’en était-il de la place et du statut de ces femmes royales au sein de la monarchie égyptienne ?
Ce séminaire s’interrogera sur le rôle des femmes l’entourage royal bien connues, mais aussi sur celles moins « visibles » dont le rôle politique ne doit pas être négligé : épouses étrangères, épouses secondaires, femmes du harem. Ces dernières seront plus largement abordées au travers de l’étude du site de Gourob, qui conserve les seuls vestiges conservés d’un palais-harem pour l’époque pharaonique.
Stéphane Polis, chercheur qualifié du Fonds National de la Recherche Scientifique, présente une c... more Stéphane Polis, chercheur qualifié du Fonds National de la Recherche Scientifique, présente une conférence au sujet de ‘nouveaux’ papyrus turinois concernant les grèves des ouvriers de la Tombe à la XXe dynastie.
Les protestations et manifestations des ouvriers de Deir el-Médineh à la fin du règne de Ramsès III sont bien documentées, notamment grâce au fameux papyrus 'de la Grève' (P. Turin Cat. 1880). Le projet 'Crossing Boundaries' (http://web.philo.ulg.ac.be/x-bound/) a permis d'étudier une série de fragments de papyrus inédits du Museo Egizio de Turin rédigés par un même scribe, lesquels jettent un éclairage nouveau sur ces événements. Ils montrent non seulement que d'autres grèves ont eu lieu peu après, sous le règne de Ramsès IV, mais en outre que ces dernières se situent dans une longue lignée d'expressions diverses de mécontentement et de révoltes qui ont été mâtées par les autorités depuis des temps anciens dans toutes les régions du pays.
Frédéric PAYRAUDEAU, Maître de conférences HdR – laboratoire Orient et Méditerranée, Sorbonne Uni... more Frédéric PAYRAUDEAU, Maître de conférences HdR – laboratoire Orient et Méditerranée, Sorbonne Université Paris IV, présente : Tombes et nécropoles de la Troisième Période intermédiaire : données nouvelles et réinterprétations (Tanis, Memphis, Thèbes)
Si la crise grave que l’Égypte traverse se marque directement par la réduction de l’activité monumentale royale, les nécropoles, elles, subissent une mutation différente. L’activité s’y maintient remarquablement, même si elle change de forme, d’objectifs et de moyens. Trois études de cas successives permettront de montrer tant les continuités que les nouveautés ou les renouveaux au cours des XXIe et XXIIe dynasties. La nécropole privée de Tanis sera appréhendée à travers les vestiges des tombes de l’élite qui montrent à la fois l’héritage ramesside et les liens étroits avec la documentation thébaine contemporaine sur d’autres support. La tombe du prince Chéchonq à Memphis sera l’occasion de présenter une inhumation trouvée inviolée, à la fois dans sa richesse iconotextuelle et son dénuement mobilier relatif. Enfin, l’examen des données sur l’apparition d’une nécropole d’élite à Deir el-Bahari au milieu de la XXIIe dynastie montrera les liens étroits tissés entre paysage funéraire et réseaux rituels à Thèbes.
Émil Joubert, docteur en égyptologie de l'université de la Sorbonne, présente l'évolution du mobi... more Émil Joubert, docteur en égyptologie de l'université de la Sorbonne, présente l'évolution du mobilier et du répertoire funéraire à la XXIème dynastie (1069-945 avant l'ère chrétienne)
La XXIème dynastie (1069-945 avant l’ère chrétienne) se caractérise par d’importantes évolutions des pratiques funéraires. L’architecture décorée est abandonnée au profit de discrètes sépultures, souvent collectives, où un dense programme iconographique et textuel se concentre sur un mobilier restreint composé notamment de cercueils et de papyrus dont le répertoire connaît un intense renouveau au cours de la période. Une série d’études de cas illustrera ce renouvellement, marqué dans la matérialité des objets que dans les images et les textes avec l’apparition de motifs issus du monde du temple et des tombes royales intégrés dans des compositions nouvelles.
Nicolas Gauthier, chargé de cours invité à l'Université Catholique de Louvain (UCLouvain), présen... more Nicolas Gauthier, chargé de cours invité à l'Université Catholique de Louvain (UCLouvain), présente un séminaire consacré aux Enfants d’Horus, dieux incontournables dans le paysage iconographique funéraire égyptien dès le début du Nouvel Empire.
Protecteurs des viscères d’Osiris, ils se voient confier ceux de chaque défunt
qui aspire à associer son devenir à celui de ce dieu. Les Enfants d’Horus
occupent donc une place privilégiée aux côtés du défunt qui souhaite vivre
éternellement dans l’au-delà.
Après une présentation de chaque Enfant d’Horus individuellement à travers
son nom, sa figuration, son costume ainsi que sa fonction et les formules qui lui sont associées, nous examinerons le groupe cohérent qu’ils forment et qui
prends place sur une fleur de lotus ou autour du défunt tant sur le mobilier
funéraire que dans les tombes et les temples.
Yann Tristant, professeur à la KULeuven, présente " À l’ombre d’Hathor, la grande nécropole de De... more Yann Tristant, professeur à la KULeuven, présente " À l’ombre d’Hathor, la grande nécropole de Dendara".
Sur la rive occidentale du Nil, 600 km au sud du Caire, le site de Dendara est
aujourd'hui très connu pour son temple dédié à la déesse Hathor. Pourtant,
derrière le complexe religieux d’époque ptolémaïque, dans la partie désertique
qui s’étend au sud, la grande nécropole pharaonique de Dendara se développe
sur plus de 90 hectares, avec une longueur de 1,5 km d’ouest en est, et 800 m du
nord au sud. C’est là que pendant 3000 ans les habitants de la métropole
tentyrique ont été inhumés.
Depuis 2014, un nouveau projet de recherche unit l’Institut français
d'archéologie orientale (Ifao) et l’université KU Leuven. L’ambition de ce
programme est d’appréhender la nécropole dans sa globalité, de comprendre son
développement spatial et chronologique, la nature et la variété des monuments
et des pratiques funéraires, pour mieux saisir les transformations sociales qui ont
animé les populations de Dendara au cours de la longue occupation du site.
Nadine CHERPION, IFAO et UCLouvain, présente la conférence suivante :
À la recherche d’un langag... more Nadine CHERPION, IFAO et UCLouvain, présente la conférence suivante :
À la recherche d’un langage perdu : l’étrange représentation de nourrice de la tombe de Ken-Amon (TT 93)
La tombe de Ken-Amon, haut-fonctionnaire de l’époque d’Amenhotep II, est peu connue du grand public, car elle n’est pas ouverte à la visite. C’est un monument exceptionnel à de nombreux points de vue : par les dimensions, par l’usage qui est fait du vernis dans la tombe, par l’utilisation d’un fond jaune, par la somptuosité des cadeaux de Nouvel an que Ken-Amon offre à son souverain, mais surtout et avant tout par la qualité et l’originalité du décor. L’un des éléments de ce décor, la représentation de la mère de Ken-Amon, nourrice du prince héritier, servira de prétexte pour aborder la question du langage des images dans l’art égyptien. Chaque aspect du tableau sera « déchiffré » pour tenter, en finale, d’en dégager le sens général.
Si l’horaire le permet, d’autres images de nourrices ou de « pères nourriciers » (c’est-à-dire de tuteurs) seront analysées (TT 109, TT 78, …).
Gaëlle TALLET est professeure d'histoire ancienne-Université de Limoges.
La ville d'Hermopolis... more Gaëlle TALLET est professeure d'histoire ancienne-Université de Limoges.
La ville d'Hermopolis, la Khemenou égyptienne, était à l'époque gréco-romaine une capitale régionale à l'intense vie intellectuelle et religieuse. Les sources anciennes, égyptiennes comme grecques, ont amplement documenté la richesse du panthéon local, qui faisait du sanctuaire de la ville le lieu de la naissance du monde, sous l'action d'un collège de Huit dieux, sous la forme de l'éclosion d'une fleur de lotus abritant un jeune enfant solaire. Les fouilles archéologiques ont par ailleurs permis de mieux comprendre la théologie du dieu du sanctuaire principal, Thot, patron des scribes, se présentant parfois sous la forme d'un babouin, parfois d'un homme à tête d'ibis. Avec la collection de figurines de terre cuite et de bronze patiemment réunie par Jean-André Périchon et pour une grande partie conservée au Musée des Beaux-Arts de Limoges, c'est au monde de la piété quotidienne, celles des fidèles et du culte domestique, que nous accédons : elles reflètent la perception des grands dieux du temple qui était celle des dévots hermopolitains, et les attentes qui étaient les leurs quand ils s'adressaient à eux.
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Talks by Cercle Lyonnais d'Egyptologie Victor Loret
"Penser et représenter le monde. Les images relatives à la conception du monde dans l’Égypte ancienne"
Tout au long de leur histoire, les anciens Égyptiens ont élaboré une conception du monde d'une grande richesse. Cette pensée témoigne non seulement d'une observation attentive de leur environnement, mais aussi d'une profonde compréhension des lois inhérentes aux grands cycles naturels. Leur perception première - celle du Nil, de la vallée, du désert, du voyage du soleil ou de la nuit - s'est muée en une réflexion cosmologique intense basée sur la notion d'équilibre. C'est ainsi que le concept de Maât, personnifié par une déesse, se trouve au centre des croyances religieuses et de la vision du monde des anciens Égyptiens. Le monde est pensé et représenté comme étant en équilibre, un équilibre fragile et éphémère constamment menacé par les forces entropiques, un équilibre qu'il convient sans cesse de réaffirmer. Si les dieux participent de cet effort, les hommes ne sont pas en reste, tout autant responsables, ils se doivent d'être actifs. Ce double effort, à la fois divin et humain, s'apparente à une tension nécessairement constante et inscrite dans la durée, condition sine qua non pour que le cosmos demeure viable. À partir de différente sources, textuelles et iconographiques, nous explorerons la manière dont les anciens Égyptiens concevaient le monde, le mettaient en mots et en images, c'est-à-dire tout simplement, leur façon d’être au monde.
"Les animaux fantastiques, c'est-à-dire des animaux qui ne correspondent directement à aucun animal ayant une existence réelle, peuplent l'imaginaire des cultures et des civilisations tant anciennes que modernes et, bien entendu, celui de l'Égypte pharaonique. Laquelle en avait élaboré un fort riche répertoire. À l'examiner, il apparaît que l'apparence de ces créatures, loin de le devoir à l'incohérence chaotique de divagations enfiévrées, était construite en modifiant celle d'animaux réels à partir de deux procédés cardinaux et de leurs combinaisons: la déviation par rapport au standard, d'une part, et l'hybridation d'autre part. Dans son effort incessant pour assujettir les croyances à sa vision d'ensemble, la science religieuse manipulait ces deux procédés afin de créer des animaux fantastiques et de les investir de significations symboliques au gré de ses expressions. On se propose d'inventorier et de rendre compte de ce bestiaire monstrueux."
Situé à une centaine de kilomètres au sud de Louqsor en Haute Égypte, le temple d’Horus d’Edfou est certainement le mieux conservé de tous les sanctuaires égyptiens anciens encore actuellement visibles. Malgré les destructions qu’il a subies, il nous permet de deviner un peu de ce qu’il a dû être au temps de sa splendeur.
Ce temple a été construit et décoré sous les Ptolémées, souverains gréco-macédoniens successeurs d’Alexandre le Grand, aux IIIe-Ier siècles avant notre ère. Il s’inscrit pourtant dans une histoire bien plus longue qu’il a tendance à faire un peu oublier. Dans le début du séminaire, on proposera donc quelques aperçus de tout ce qui s’est passé durant les millénaires qui précèdent sa fondation, le 23 août 237 avant notre ère.
Pour l’essentiel bien entendu on s’intéressera au temple ptolémaïque proprement dit. Celui-ci, par sa décoration foisonnante, est une source d’une immense richesse pour la connaissance de la culture cléricale savante égyptienne des trois derniers siècles avant notre ère. En effet s’il est le lieu des cultes et des rituels que nous font connaître, de manière parfois assez détaillée, les inscriptions de ses parois, le temple n’est pas seulement un monument « religieux » au sens moderne du terme. Il est aussi le réceptacle de savoirs aussi divers que, par exemple, l’astronomie, la géographie ou bien encore l’art du parfumeur ou la nomenclature de la boulangerie.
Concluant notre promenade dans la logique chronologique adoptée dès le départ, nous nous intéresserons finalement au destin du temple d’Edfou une fois celui-ci déconsacré et, en dernier lieu, nous reviendrons sur l’histoire de sa « redécouverte » puis de son étude par les égyptologues, une aventure entreprise au XIXe siècle et qui se poursuit aujourd’hui encore.
Point stratégique important de l'époque pharaonique, entre le Levant et l'Égypte, le Nord-Sinaï a, dès l'aube de son histoire, été investi par de multiples contingents militaires et diverses structures destinées à les recevoir. Au premier millénaire av. J.-C., sous l'impulsion des dominations étrangères, sa vocation militaire s'affermit, autant que sa vocation économique et commerciale ; en témoignent de multiples vestiges architecturaux et matériels. Cette conférence sera l'occasion de présenter les résultats des travaux archéologiques menés sur les sites majeurs de cette région, en particulier de ceux conduits sur le site fortifié de Tell el-Herr.
Il présente : Les temples de Karnak à la XXVe dynastie.
Fervents adorateurs du dieu Amon-Rê, les nouveaux rois de la XXVe dynastie (712-656 av. n.-è.), originaires de Napata en Nubie, portèrent un grand intérêt à la ville de Thèbes et notamment à son principal temple à Karnak. Pendant environ 50 ans, les pharaons kouchites vont mener une politique architecturale ambitieuse pour restaurer, agrandir et construire de nombreux sanctuaires pour les divinités du panthéon local. À travers la présentation des récents travaux du CFEETK, ce séminaire vise à présenter les grands projets monumentaux kouchites ainsi que les évolutions architecturales et religieuses à Karnak.
Il présente : "Rétrospective des travaux de recherche et de restauration au Ramesseum".
Cette conférence présentera une rétrospective des recherches et des travaux de restauration qui sont effectués depuis plusieurs années dans le temple de
Ramsès II à l'ouest de Thèbes, connu depuis J.-Fr. Champollion sous le nom de Ramesseum. Les fouilles menées dans le temple et ses dépendances en brique crue ont apporté une somme considérable d'informations qui permet de mieux comprendre aujourd'hui la véritable vocation de ce que les anciens Égyptiens appelaient des "temples de millions d'années". Bien plus que des mémoriaux à caractère simplement funéraire comme cela a été trop souvent dit, ces fondations royales étaient surtout, en plus de leur aspect purement cultuel, des satellites économiques et administratifs de l'institution royale en milieu régional. Les recherches menées au fil des années sur ce site prestigieux contribuent ainsi dans une large mesure à enrichir nos connaissances sur l'histoire de la société qui vivait dans le IVe nome de Haute-Égypte au cours du Nouvel Empire, et plus particulièrement durant l'époque ramesside.
La Mission Archéologique Française de Thèbes-Ouest (MAFTO/CNRS) qui
oeuvre conjointement avec le Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités et l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum, associe également à ses travaux le Centre d'Étude et de Documentation sur l'Ancienne Égypte (CEDAE, organe du Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte).
Il présente « Retour sur la Carrière P de Hatnoub : Les missions 2019 et 2021 »
Depuis 2012, une mission franco-anglaise étudie les anciennes carrières d’albâtre calcite du plateau de Hatnoub, en plein coeur de la Moyenne Égypte.
Les travaux menés dans la carrière P ont révélé plus de 160 inscriptions, dont la richesse permet à la fois de comprendre l’organisation des corps expéditionnaires qui étaient envoyés à Hatnoub pour y exploiter l’albâtre, mais aussi la mise en place de la rampe qui permettait de tracter des blocs pesant plusieurs tonnes du fond de la fosse au sommet du plateau.
Ce dispositif de halage, comme les systèmes de circulation à l’intérieur de la carrière, que nous continuons de mettre au jour depuis 2017, ne cessent de surprendre par leur ampleur et leur ingéniosité. Ils fournissent, pour la première fois, des éléments concrets et contextualisés en lien direct avec la construction pharaonique de l’époque des grandes pyramides.
Les recherches sur le plateau de Hatnoub ne s’arrêtent pas à la seule Carrière P. Nos prospections et fouilles de structures inédites (voie antique et vaste complexe administratif) situées dans ses environs immédiats ont mis au jour des données qui contribueront à la redéfinition de la chronologie de l’Ancien Empire.
L’Égyptologie a longtemps considéré qu’« il n’y avait pas d’artiste au
sens propre du terme dans l’Égypte pharaonique » (Lexikon der Ägyptologie, s.v. Künstler, « artiste »), malgré l’investissement exceptionnel de cette civilisation dans la production artistique, qui fait encore sa renommée de nos jours. Le séminaire se propose d’interroger les raisons de ce déni égyptologique, mais aussi le concept même d’art et d’artiste, son applicabilité à la culture pharaonique et, surtout, les moyens qui nous permettent d’étudier aujourd’hui les acteurs essentiels de cette civilisation que furent les praticiens des arts dans l’Égypte des pharaons.
Mai 2021 voit le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte : en 1821
en Europe, une page se tournait…
Il aurait été facile de céder à la simplicité et de sauter sur l’occasion pour
simplement rappeler en détail l’Expédition d’Egypte de Bonaparte en 1798.
Mais ce serait oublier que l’impact de la présence française sur l’Egypte est
bien plus intéressant encore ! De la première imprimerie à la Nahda, du voyage d’un obélisque à celui des Saint-Simoniens, les relations franco-égyptiennes au XIXe siècle sont riches d’échanges scientifiques, culturels et politiques, plus qu’avec n’importe quelle autre nation européenne.
Puis à cette amitié vient s’ajouter l’intérêt des Français pour l’histoire
égyptienne : titillée par les premières Curiosités arrivées de la Petite Echelle
d’Egypte jusqu’en Provence durant l’Ancien Régime, auréolée de gloire
grâce au déchiffrement des hiéroglyphes par le jeune Champollion, la
France se fait pionnière de la recherche archéologique en Egypte et de la
défense de son patrimoine.
Les 5 heures de ce séminaire seront bien nécessaires pour dresser le portrait
de cette relation France-Egypte, parfois houleuse, parfois amoureuse, et de
165 ans de recherches archéologiques françaises sur la terre des Pharaons.
Elle présente "Les Livres des morts du Nouvel Empire à l’époque ptolémaïque : évolution, production, et circulation d’un corpus de textes funéraires"
Le Livre des morts est un corpus de textes funéraires utilisé à partir du Nouvel Empire jusqu’à l’époque romaine. Le présent séminaire a pour objectif de revenir sur les étapes d’évolution du corpus sur les quelque 1500 ans de son utilisation, de voir quels en ont été les différents bénéficiaires et de comprendre l’environnement sacerdotal et intellectuel dans lequel les papyrus étaient produits.
Il présente « La XIIIe dynastie : un siècle d’innovations ».
La XIIIe dynastie est souvent décrite comme une période de déclin, qui succède à une XIIe dynastie généralement considérée comme l’âge d’or du Moyen Empire. Cette vision négative est largement conditionnée par l’apparente instabilité politique de la XIIIe dynastie, avec sa succession rapide de rois éphémères, dont le pouvoir aurait été largement affaibli. Après une courte synthèse des principaux enjeux de la chronologie et de la situation politique de la XIIIe dynastie, nous montrerons comment cette période, qui recouvre plus ou moins le XVIIIe siècle avant notre ère, est riche en innovations. Nous examinerons dans le détail ces nouveaux développements qui se manifestent dans de nombreux domaines, tels que la titulature des rois et des reines, les attributs royaux et les représentations de la famille royale. Nous verrons que l’époque est également marquée par
l’apparition de nouveaux titres et une tendance vers une plus grande spécialisation des fonctions administratives et cléricales, annonciatrice de certaines évolutions du début du Nouvel Empire. Enfin, nous montrerons que ces transformations concernent aussi les cultes, les pratiques funéraires, ainsi que l’art de la statuaire et du relief. En replaçant ces changements et autres nouveautés dans le contexte plus général de la fin du Moyen Empire (ou Moyen Empire tardif) et du début de la Deuxième Période intermédiaire, nous proposerons une vision renouvelée de la XIIIe dynastie, la grande oubliée du Moyen Empire.
La formation des collections d'antiquités égyptiennes en Amérique latine débute au XIX e siècle avec le désir des nouveaux pays indépendants de se faire une nouvelle place dans l'Histoire, en s'appuyant, paradoxalement, sur les antiquités admirées en Europe. Les élites locales et, dans le cas spécifique du Brésil, d'un Empire d'origine portugaise, achetèrent des artefacts égyptiens antiques pour constituer leurs collections. Cette conférence présente les collections égyptologiques du Brésil en incluant le Musée d'Art de São Paulo, le Musée d'Archéologie et d'Ethnologie, le Musée Eva Klabin Rappaport et aussi la collection plus connue du musée National de Rio de Janeiro. Ce travail a pour but d'évoquer l'histoire de ces collections et de contribuer à leur rayonnement, celles-ci étant pratiquement inédites.
Pour la période du Nouvel Empire égyptien, nombreuses sont les figures féminines fortes dont le nom a traversé l’Histoire et nous sont parvenues : Hatchepsout, Tiy, Néfertiti, Néfertari etc. Reines souveraines, reines mères, épouses royales, princesses : qu’en était-il de la place et du statut de ces femmes royales au sein de la monarchie égyptienne ?
Ce séminaire s’interrogera sur le rôle des femmes l’entourage royal bien connues, mais aussi sur celles moins « visibles » dont le rôle politique ne doit pas être négligé : épouses étrangères, épouses secondaires, femmes du harem. Ces dernières seront plus largement abordées au travers de l’étude du site de Gourob, qui conserve les seuls vestiges conservés d’un palais-harem pour l’époque pharaonique.
Les protestations et manifestations des ouvriers de Deir el-Médineh à la fin du règne de Ramsès III sont bien documentées, notamment grâce au fameux papyrus 'de la Grève' (P. Turin Cat. 1880). Le projet 'Crossing Boundaries' (http://web.philo.ulg.ac.be/x-bound/) a permis d'étudier une série de fragments de papyrus inédits du Museo Egizio de Turin rédigés par un même scribe, lesquels jettent un éclairage nouveau sur ces événements. Ils montrent non seulement que d'autres grèves ont eu lieu peu après, sous le règne de Ramsès IV, mais en outre que ces dernières se situent dans une longue lignée d'expressions diverses de mécontentement et de révoltes qui ont été mâtées par les autorités depuis des temps anciens dans toutes les régions du pays.
Si la crise grave que l’Égypte traverse se marque directement par la réduction de l’activité monumentale royale, les nécropoles, elles, subissent une mutation différente. L’activité s’y maintient remarquablement, même si elle change de forme, d’objectifs et de moyens. Trois études de cas successives permettront de montrer tant les continuités que les nouveautés ou les renouveaux au cours des XXIe et XXIIe dynasties. La nécropole privée de Tanis sera appréhendée à travers les vestiges des tombes de l’élite qui montrent à la fois l’héritage ramesside et les liens étroits avec la documentation thébaine contemporaine sur d’autres support. La tombe du prince Chéchonq à Memphis sera l’occasion de présenter une inhumation trouvée inviolée, à la fois dans sa richesse iconotextuelle et son dénuement mobilier relatif. Enfin, l’examen des données sur l’apparition d’une nécropole d’élite à Deir el-Bahari au milieu de la XXIIe dynastie montrera les liens étroits tissés entre paysage funéraire et réseaux rituels à Thèbes.
La XXIème dynastie (1069-945 avant l’ère chrétienne) se caractérise par d’importantes évolutions des pratiques funéraires. L’architecture décorée est abandonnée au profit de discrètes sépultures, souvent collectives, où un dense programme iconographique et textuel se concentre sur un mobilier restreint composé notamment de cercueils et de papyrus dont le répertoire connaît un intense renouveau au cours de la période. Une série d’études de cas illustrera ce renouvellement, marqué dans la matérialité des objets que dans les images et les textes avec l’apparition de motifs issus du monde du temple et des tombes royales intégrés dans des compositions nouvelles.
Protecteurs des viscères d’Osiris, ils se voient confier ceux de chaque défunt
qui aspire à associer son devenir à celui de ce dieu. Les Enfants d’Horus
occupent donc une place privilégiée aux côtés du défunt qui souhaite vivre
éternellement dans l’au-delà.
Après une présentation de chaque Enfant d’Horus individuellement à travers
son nom, sa figuration, son costume ainsi que sa fonction et les formules qui lui sont associées, nous examinerons le groupe cohérent qu’ils forment et qui
prends place sur une fleur de lotus ou autour du défunt tant sur le mobilier
funéraire que dans les tombes et les temples.
Sur la rive occidentale du Nil, 600 km au sud du Caire, le site de Dendara est
aujourd'hui très connu pour son temple dédié à la déesse Hathor. Pourtant,
derrière le complexe religieux d’époque ptolémaïque, dans la partie désertique
qui s’étend au sud, la grande nécropole pharaonique de Dendara se développe
sur plus de 90 hectares, avec une longueur de 1,5 km d’ouest en est, et 800 m du
nord au sud. C’est là que pendant 3000 ans les habitants de la métropole
tentyrique ont été inhumés.
Depuis 2014, un nouveau projet de recherche unit l’Institut français
d'archéologie orientale (Ifao) et l’université KU Leuven. L’ambition de ce
programme est d’appréhender la nécropole dans sa globalité, de comprendre son
développement spatial et chronologique, la nature et la variété des monuments
et des pratiques funéraires, pour mieux saisir les transformations sociales qui ont
animé les populations de Dendara au cours de la longue occupation du site.
À la recherche d’un langage perdu : l’étrange représentation de nourrice de la tombe de Ken-Amon (TT 93)
La tombe de Ken-Amon, haut-fonctionnaire de l’époque d’Amenhotep II, est peu connue du grand public, car elle n’est pas ouverte à la visite. C’est un monument exceptionnel à de nombreux points de vue : par les dimensions, par l’usage qui est fait du vernis dans la tombe, par l’utilisation d’un fond jaune, par la somptuosité des cadeaux de Nouvel an que Ken-Amon offre à son souverain, mais surtout et avant tout par la qualité et l’originalité du décor. L’un des éléments de ce décor, la représentation de la mère de Ken-Amon, nourrice du prince héritier, servira de prétexte pour aborder la question du langage des images dans l’art égyptien. Chaque aspect du tableau sera « déchiffré » pour tenter, en finale, d’en dégager le sens général.
Si l’horaire le permet, d’autres images de nourrices ou de « pères nourriciers » (c’est-à-dire de tuteurs) seront analysées (TT 109, TT 78, …).
La ville d'Hermopolis, la Khemenou égyptienne, était à l'époque gréco-romaine une capitale régionale à l'intense vie intellectuelle et religieuse. Les sources anciennes, égyptiennes comme grecques, ont amplement documenté la richesse du panthéon local, qui faisait du sanctuaire de la ville le lieu de la naissance du monde, sous l'action d'un collège de Huit dieux, sous la forme de l'éclosion d'une fleur de lotus abritant un jeune enfant solaire. Les fouilles archéologiques ont par ailleurs permis de mieux comprendre la théologie du dieu du sanctuaire principal, Thot, patron des scribes, se présentant parfois sous la forme d'un babouin, parfois d'un homme à tête d'ibis. Avec la collection de figurines de terre cuite et de bronze patiemment réunie par Jean-André Périchon et pour une grande partie conservée au Musée des Beaux-Arts de Limoges, c'est au monde de la piété quotidienne, celles des fidèles et du culte domestique, que nous accédons : elles reflètent la perception des grands dieux du temple qui était celle des dévots hermopolitains, et les attentes qui étaient les leurs quand ils s'adressaient à eux.
"Penser et représenter le monde. Les images relatives à la conception du monde dans l’Égypte ancienne"
Tout au long de leur histoire, les anciens Égyptiens ont élaboré une conception du monde d'une grande richesse. Cette pensée témoigne non seulement d'une observation attentive de leur environnement, mais aussi d'une profonde compréhension des lois inhérentes aux grands cycles naturels. Leur perception première - celle du Nil, de la vallée, du désert, du voyage du soleil ou de la nuit - s'est muée en une réflexion cosmologique intense basée sur la notion d'équilibre. C'est ainsi que le concept de Maât, personnifié par une déesse, se trouve au centre des croyances religieuses et de la vision du monde des anciens Égyptiens. Le monde est pensé et représenté comme étant en équilibre, un équilibre fragile et éphémère constamment menacé par les forces entropiques, un équilibre qu'il convient sans cesse de réaffirmer. Si les dieux participent de cet effort, les hommes ne sont pas en reste, tout autant responsables, ils se doivent d'être actifs. Ce double effort, à la fois divin et humain, s'apparente à une tension nécessairement constante et inscrite dans la durée, condition sine qua non pour que le cosmos demeure viable. À partir de différente sources, textuelles et iconographiques, nous explorerons la manière dont les anciens Égyptiens concevaient le monde, le mettaient en mots et en images, c'est-à-dire tout simplement, leur façon d’être au monde.
"Les animaux fantastiques, c'est-à-dire des animaux qui ne correspondent directement à aucun animal ayant une existence réelle, peuplent l'imaginaire des cultures et des civilisations tant anciennes que modernes et, bien entendu, celui de l'Égypte pharaonique. Laquelle en avait élaboré un fort riche répertoire. À l'examiner, il apparaît que l'apparence de ces créatures, loin de le devoir à l'incohérence chaotique de divagations enfiévrées, était construite en modifiant celle d'animaux réels à partir de deux procédés cardinaux et de leurs combinaisons: la déviation par rapport au standard, d'une part, et l'hybridation d'autre part. Dans son effort incessant pour assujettir les croyances à sa vision d'ensemble, la science religieuse manipulait ces deux procédés afin de créer des animaux fantastiques et de les investir de significations symboliques au gré de ses expressions. On se propose d'inventorier et de rendre compte de ce bestiaire monstrueux."
Situé à une centaine de kilomètres au sud de Louqsor en Haute Égypte, le temple d’Horus d’Edfou est certainement le mieux conservé de tous les sanctuaires égyptiens anciens encore actuellement visibles. Malgré les destructions qu’il a subies, il nous permet de deviner un peu de ce qu’il a dû être au temps de sa splendeur.
Ce temple a été construit et décoré sous les Ptolémées, souverains gréco-macédoniens successeurs d’Alexandre le Grand, aux IIIe-Ier siècles avant notre ère. Il s’inscrit pourtant dans une histoire bien plus longue qu’il a tendance à faire un peu oublier. Dans le début du séminaire, on proposera donc quelques aperçus de tout ce qui s’est passé durant les millénaires qui précèdent sa fondation, le 23 août 237 avant notre ère.
Pour l’essentiel bien entendu on s’intéressera au temple ptolémaïque proprement dit. Celui-ci, par sa décoration foisonnante, est une source d’une immense richesse pour la connaissance de la culture cléricale savante égyptienne des trois derniers siècles avant notre ère. En effet s’il est le lieu des cultes et des rituels que nous font connaître, de manière parfois assez détaillée, les inscriptions de ses parois, le temple n’est pas seulement un monument « religieux » au sens moderne du terme. Il est aussi le réceptacle de savoirs aussi divers que, par exemple, l’astronomie, la géographie ou bien encore l’art du parfumeur ou la nomenclature de la boulangerie.
Concluant notre promenade dans la logique chronologique adoptée dès le départ, nous nous intéresserons finalement au destin du temple d’Edfou une fois celui-ci déconsacré et, en dernier lieu, nous reviendrons sur l’histoire de sa « redécouverte » puis de son étude par les égyptologues, une aventure entreprise au XIXe siècle et qui se poursuit aujourd’hui encore.
Point stratégique important de l'époque pharaonique, entre le Levant et l'Égypte, le Nord-Sinaï a, dès l'aube de son histoire, été investi par de multiples contingents militaires et diverses structures destinées à les recevoir. Au premier millénaire av. J.-C., sous l'impulsion des dominations étrangères, sa vocation militaire s'affermit, autant que sa vocation économique et commerciale ; en témoignent de multiples vestiges architecturaux et matériels. Cette conférence sera l'occasion de présenter les résultats des travaux archéologiques menés sur les sites majeurs de cette région, en particulier de ceux conduits sur le site fortifié de Tell el-Herr.
Il présente : Les temples de Karnak à la XXVe dynastie.
Fervents adorateurs du dieu Amon-Rê, les nouveaux rois de la XXVe dynastie (712-656 av. n.-è.), originaires de Napata en Nubie, portèrent un grand intérêt à la ville de Thèbes et notamment à son principal temple à Karnak. Pendant environ 50 ans, les pharaons kouchites vont mener une politique architecturale ambitieuse pour restaurer, agrandir et construire de nombreux sanctuaires pour les divinités du panthéon local. À travers la présentation des récents travaux du CFEETK, ce séminaire vise à présenter les grands projets monumentaux kouchites ainsi que les évolutions architecturales et religieuses à Karnak.
Il présente : "Rétrospective des travaux de recherche et de restauration au Ramesseum".
Cette conférence présentera une rétrospective des recherches et des travaux de restauration qui sont effectués depuis plusieurs années dans le temple de
Ramsès II à l'ouest de Thèbes, connu depuis J.-Fr. Champollion sous le nom de Ramesseum. Les fouilles menées dans le temple et ses dépendances en brique crue ont apporté une somme considérable d'informations qui permet de mieux comprendre aujourd'hui la véritable vocation de ce que les anciens Égyptiens appelaient des "temples de millions d'années". Bien plus que des mémoriaux à caractère simplement funéraire comme cela a été trop souvent dit, ces fondations royales étaient surtout, en plus de leur aspect purement cultuel, des satellites économiques et administratifs de l'institution royale en milieu régional. Les recherches menées au fil des années sur ce site prestigieux contribuent ainsi dans une large mesure à enrichir nos connaissances sur l'histoire de la société qui vivait dans le IVe nome de Haute-Égypte au cours du Nouvel Empire, et plus particulièrement durant l'époque ramesside.
La Mission Archéologique Française de Thèbes-Ouest (MAFTO/CNRS) qui
oeuvre conjointement avec le Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités et l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum, associe également à ses travaux le Centre d'Étude et de Documentation sur l'Ancienne Égypte (CEDAE, organe du Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte).
Il présente « Retour sur la Carrière P de Hatnoub : Les missions 2019 et 2021 »
Depuis 2012, une mission franco-anglaise étudie les anciennes carrières d’albâtre calcite du plateau de Hatnoub, en plein coeur de la Moyenne Égypte.
Les travaux menés dans la carrière P ont révélé plus de 160 inscriptions, dont la richesse permet à la fois de comprendre l’organisation des corps expéditionnaires qui étaient envoyés à Hatnoub pour y exploiter l’albâtre, mais aussi la mise en place de la rampe qui permettait de tracter des blocs pesant plusieurs tonnes du fond de la fosse au sommet du plateau.
Ce dispositif de halage, comme les systèmes de circulation à l’intérieur de la carrière, que nous continuons de mettre au jour depuis 2017, ne cessent de surprendre par leur ampleur et leur ingéniosité. Ils fournissent, pour la première fois, des éléments concrets et contextualisés en lien direct avec la construction pharaonique de l’époque des grandes pyramides.
Les recherches sur le plateau de Hatnoub ne s’arrêtent pas à la seule Carrière P. Nos prospections et fouilles de structures inédites (voie antique et vaste complexe administratif) situées dans ses environs immédiats ont mis au jour des données qui contribueront à la redéfinition de la chronologie de l’Ancien Empire.
L’Égyptologie a longtemps considéré qu’« il n’y avait pas d’artiste au
sens propre du terme dans l’Égypte pharaonique » (Lexikon der Ägyptologie, s.v. Künstler, « artiste »), malgré l’investissement exceptionnel de cette civilisation dans la production artistique, qui fait encore sa renommée de nos jours. Le séminaire se propose d’interroger les raisons de ce déni égyptologique, mais aussi le concept même d’art et d’artiste, son applicabilité à la culture pharaonique et, surtout, les moyens qui nous permettent d’étudier aujourd’hui les acteurs essentiels de cette civilisation que furent les praticiens des arts dans l’Égypte des pharaons.
Mai 2021 voit le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte : en 1821
en Europe, une page se tournait…
Il aurait été facile de céder à la simplicité et de sauter sur l’occasion pour
simplement rappeler en détail l’Expédition d’Egypte de Bonaparte en 1798.
Mais ce serait oublier que l’impact de la présence française sur l’Egypte est
bien plus intéressant encore ! De la première imprimerie à la Nahda, du voyage d’un obélisque à celui des Saint-Simoniens, les relations franco-égyptiennes au XIXe siècle sont riches d’échanges scientifiques, culturels et politiques, plus qu’avec n’importe quelle autre nation européenne.
Puis à cette amitié vient s’ajouter l’intérêt des Français pour l’histoire
égyptienne : titillée par les premières Curiosités arrivées de la Petite Echelle
d’Egypte jusqu’en Provence durant l’Ancien Régime, auréolée de gloire
grâce au déchiffrement des hiéroglyphes par le jeune Champollion, la
France se fait pionnière de la recherche archéologique en Egypte et de la
défense de son patrimoine.
Les 5 heures de ce séminaire seront bien nécessaires pour dresser le portrait
de cette relation France-Egypte, parfois houleuse, parfois amoureuse, et de
165 ans de recherches archéologiques françaises sur la terre des Pharaons.
Elle présente "Les Livres des morts du Nouvel Empire à l’époque ptolémaïque : évolution, production, et circulation d’un corpus de textes funéraires"
Le Livre des morts est un corpus de textes funéraires utilisé à partir du Nouvel Empire jusqu’à l’époque romaine. Le présent séminaire a pour objectif de revenir sur les étapes d’évolution du corpus sur les quelque 1500 ans de son utilisation, de voir quels en ont été les différents bénéficiaires et de comprendre l’environnement sacerdotal et intellectuel dans lequel les papyrus étaient produits.
Il présente « La XIIIe dynastie : un siècle d’innovations ».
La XIIIe dynastie est souvent décrite comme une période de déclin, qui succède à une XIIe dynastie généralement considérée comme l’âge d’or du Moyen Empire. Cette vision négative est largement conditionnée par l’apparente instabilité politique de la XIIIe dynastie, avec sa succession rapide de rois éphémères, dont le pouvoir aurait été largement affaibli. Après une courte synthèse des principaux enjeux de la chronologie et de la situation politique de la XIIIe dynastie, nous montrerons comment cette période, qui recouvre plus ou moins le XVIIIe siècle avant notre ère, est riche en innovations. Nous examinerons dans le détail ces nouveaux développements qui se manifestent dans de nombreux domaines, tels que la titulature des rois et des reines, les attributs royaux et les représentations de la famille royale. Nous verrons que l’époque est également marquée par
l’apparition de nouveaux titres et une tendance vers une plus grande spécialisation des fonctions administratives et cléricales, annonciatrice de certaines évolutions du début du Nouvel Empire. Enfin, nous montrerons que ces transformations concernent aussi les cultes, les pratiques funéraires, ainsi que l’art de la statuaire et du relief. En replaçant ces changements et autres nouveautés dans le contexte plus général de la fin du Moyen Empire (ou Moyen Empire tardif) et du début de la Deuxième Période intermédiaire, nous proposerons une vision renouvelée de la XIIIe dynastie, la grande oubliée du Moyen Empire.
La formation des collections d'antiquités égyptiennes en Amérique latine débute au XIX e siècle avec le désir des nouveaux pays indépendants de se faire une nouvelle place dans l'Histoire, en s'appuyant, paradoxalement, sur les antiquités admirées en Europe. Les élites locales et, dans le cas spécifique du Brésil, d'un Empire d'origine portugaise, achetèrent des artefacts égyptiens antiques pour constituer leurs collections. Cette conférence présente les collections égyptologiques du Brésil en incluant le Musée d'Art de São Paulo, le Musée d'Archéologie et d'Ethnologie, le Musée Eva Klabin Rappaport et aussi la collection plus connue du musée National de Rio de Janeiro. Ce travail a pour but d'évoquer l'histoire de ces collections et de contribuer à leur rayonnement, celles-ci étant pratiquement inédites.
Pour la période du Nouvel Empire égyptien, nombreuses sont les figures féminines fortes dont le nom a traversé l’Histoire et nous sont parvenues : Hatchepsout, Tiy, Néfertiti, Néfertari etc. Reines souveraines, reines mères, épouses royales, princesses : qu’en était-il de la place et du statut de ces femmes royales au sein de la monarchie égyptienne ?
Ce séminaire s’interrogera sur le rôle des femmes l’entourage royal bien connues, mais aussi sur celles moins « visibles » dont le rôle politique ne doit pas être négligé : épouses étrangères, épouses secondaires, femmes du harem. Ces dernières seront plus largement abordées au travers de l’étude du site de Gourob, qui conserve les seuls vestiges conservés d’un palais-harem pour l’époque pharaonique.
Les protestations et manifestations des ouvriers de Deir el-Médineh à la fin du règne de Ramsès III sont bien documentées, notamment grâce au fameux papyrus 'de la Grève' (P. Turin Cat. 1880). Le projet 'Crossing Boundaries' (http://web.philo.ulg.ac.be/x-bound/) a permis d'étudier une série de fragments de papyrus inédits du Museo Egizio de Turin rédigés par un même scribe, lesquels jettent un éclairage nouveau sur ces événements. Ils montrent non seulement que d'autres grèves ont eu lieu peu après, sous le règne de Ramsès IV, mais en outre que ces dernières se situent dans une longue lignée d'expressions diverses de mécontentement et de révoltes qui ont été mâtées par les autorités depuis des temps anciens dans toutes les régions du pays.
Si la crise grave que l’Égypte traverse se marque directement par la réduction de l’activité monumentale royale, les nécropoles, elles, subissent une mutation différente. L’activité s’y maintient remarquablement, même si elle change de forme, d’objectifs et de moyens. Trois études de cas successives permettront de montrer tant les continuités que les nouveautés ou les renouveaux au cours des XXIe et XXIIe dynasties. La nécropole privée de Tanis sera appréhendée à travers les vestiges des tombes de l’élite qui montrent à la fois l’héritage ramesside et les liens étroits avec la documentation thébaine contemporaine sur d’autres support. La tombe du prince Chéchonq à Memphis sera l’occasion de présenter une inhumation trouvée inviolée, à la fois dans sa richesse iconotextuelle et son dénuement mobilier relatif. Enfin, l’examen des données sur l’apparition d’une nécropole d’élite à Deir el-Bahari au milieu de la XXIIe dynastie montrera les liens étroits tissés entre paysage funéraire et réseaux rituels à Thèbes.
La XXIème dynastie (1069-945 avant l’ère chrétienne) se caractérise par d’importantes évolutions des pratiques funéraires. L’architecture décorée est abandonnée au profit de discrètes sépultures, souvent collectives, où un dense programme iconographique et textuel se concentre sur un mobilier restreint composé notamment de cercueils et de papyrus dont le répertoire connaît un intense renouveau au cours de la période. Une série d’études de cas illustrera ce renouvellement, marqué dans la matérialité des objets que dans les images et les textes avec l’apparition de motifs issus du monde du temple et des tombes royales intégrés dans des compositions nouvelles.
Protecteurs des viscères d’Osiris, ils se voient confier ceux de chaque défunt
qui aspire à associer son devenir à celui de ce dieu. Les Enfants d’Horus
occupent donc une place privilégiée aux côtés du défunt qui souhaite vivre
éternellement dans l’au-delà.
Après une présentation de chaque Enfant d’Horus individuellement à travers
son nom, sa figuration, son costume ainsi que sa fonction et les formules qui lui sont associées, nous examinerons le groupe cohérent qu’ils forment et qui
prends place sur une fleur de lotus ou autour du défunt tant sur le mobilier
funéraire que dans les tombes et les temples.
Sur la rive occidentale du Nil, 600 km au sud du Caire, le site de Dendara est
aujourd'hui très connu pour son temple dédié à la déesse Hathor. Pourtant,
derrière le complexe religieux d’époque ptolémaïque, dans la partie désertique
qui s’étend au sud, la grande nécropole pharaonique de Dendara se développe
sur plus de 90 hectares, avec une longueur de 1,5 km d’ouest en est, et 800 m du
nord au sud. C’est là que pendant 3000 ans les habitants de la métropole
tentyrique ont été inhumés.
Depuis 2014, un nouveau projet de recherche unit l’Institut français
d'archéologie orientale (Ifao) et l’université KU Leuven. L’ambition de ce
programme est d’appréhender la nécropole dans sa globalité, de comprendre son
développement spatial et chronologique, la nature et la variété des monuments
et des pratiques funéraires, pour mieux saisir les transformations sociales qui ont
animé les populations de Dendara au cours de la longue occupation du site.
À la recherche d’un langage perdu : l’étrange représentation de nourrice de la tombe de Ken-Amon (TT 93)
La tombe de Ken-Amon, haut-fonctionnaire de l’époque d’Amenhotep II, est peu connue du grand public, car elle n’est pas ouverte à la visite. C’est un monument exceptionnel à de nombreux points de vue : par les dimensions, par l’usage qui est fait du vernis dans la tombe, par l’utilisation d’un fond jaune, par la somptuosité des cadeaux de Nouvel an que Ken-Amon offre à son souverain, mais surtout et avant tout par la qualité et l’originalité du décor. L’un des éléments de ce décor, la représentation de la mère de Ken-Amon, nourrice du prince héritier, servira de prétexte pour aborder la question du langage des images dans l’art égyptien. Chaque aspect du tableau sera « déchiffré » pour tenter, en finale, d’en dégager le sens général.
Si l’horaire le permet, d’autres images de nourrices ou de « pères nourriciers » (c’est-à-dire de tuteurs) seront analysées (TT 109, TT 78, …).
La ville d'Hermopolis, la Khemenou égyptienne, était à l'époque gréco-romaine une capitale régionale à l'intense vie intellectuelle et religieuse. Les sources anciennes, égyptiennes comme grecques, ont amplement documenté la richesse du panthéon local, qui faisait du sanctuaire de la ville le lieu de la naissance du monde, sous l'action d'un collège de Huit dieux, sous la forme de l'éclosion d'une fleur de lotus abritant un jeune enfant solaire. Les fouilles archéologiques ont par ailleurs permis de mieux comprendre la théologie du dieu du sanctuaire principal, Thot, patron des scribes, se présentant parfois sous la forme d'un babouin, parfois d'un homme à tête d'ibis. Avec la collection de figurines de terre cuite et de bronze patiemment réunie par Jean-André Périchon et pour une grande partie conservée au Musée des Beaux-Arts de Limoges, c'est au monde de la piété quotidienne, celles des fidèles et du culte domestique, que nous accédons : elles reflètent la perception des grands dieux du temple qui était celle des dévots hermopolitains, et les attentes qui étaient les leurs quand ils s'adressaient à eux.