Papers by Karine Karila-Cohen
Pallas, 2021
Individuals from the past are known through the names they have left in the sources. Access to na... more Individuals from the past are known through the names they have left in the sources. Access to names is now made easier by the existence of online databases that allow rapid retrieval of data. How can we take advantage of this new mode of investigation, which starts from a distant reading of the sources? By combining distant and close reading of sources, this paper deals with the visibility of female names in Attica. More precisely, the implementation of network analysis applied to names linked by filiation, allows us to insert male and female names within kinship networks. It is therefore possible to study the role played by claims of kinship in the visibility of women in Athenian sources.
Notre connaissance des individus du passé est tributaire des traces qu’ils ont laissées de leur nom dans les sources. L’accès aux noms est désormais facilité par l’existence de bases en ligne qui permettent de récupérer rapidement les données. Comment dès lors mettre à profit ce nouveau mode d’enquête, qui part d’une lecture distante des sources ? Combinant lecture distante et rapprochée, cet article s’interroge sur la visibilité des noms féminins en Attique. Plus exactement, la mise en œuvre de l’analyse de réseaux appliquée aux noms liés par la filiation, permet de replacer noms masculins et féminins dans des réseaux de parenté. Dès lors, il est possible de s’interroger sur le rôle que jouent les revendications de parenté dans la visibilité des femmes dans les sources athéniennes.
Annales. Histoire, Sciences Sociales , 2018
The study of ancient Greek individuals and their family relationships is a difficult task. Specif... more The study of ancient Greek individuals and their family relationships is a difficult task. Specific people and connections are complicated to identify not only because of the poorly dated documentation, which offers few continuous series, but also due to the onomastic system based on single names, which does not attach the individual to a lineage beyond their father’s name. However, this onomastic system is an asset for the reconstruction of a particular type of relationship: when a person is identified as their father’s child, their name bears at least an explicit relation of filiation. In this article I use a suggestion made by Alain Bresson in 1984 to explore the Attic corpus: the cohesive groups revealed by network analysis based on links of filiation between two names may represent real kinship networks. This paper thus aims to construct a new methodology for studying the history of civic elites. How can we build onomastic networks that avoid methodological and documentary bias in the new context of accessible digital data? After demonstrating that it is possible to use the online data of the Lexicon of Greek Personal Names for prosopographic purposes, the article explores the modes of investigation and narrative introduced not only by the corpus but also by the network as a tool.
Dans le monde grec antique, il s’avère souvent difficile d’identifier les individus et de retrouver leurs parents, non seulement à cause de la documentation, mal datée et offrant peu de séries continues, mais aussi à cause du système onomastique qui repose sur le nom unique, sans attacher l’individu à une lignée au-delà du nom du père. Cependant, ce mode de nomination s’avère être un atout pour la reconstitution d’un type de lien : quand un individu est identifié comme l’enfant de son père, le nom porte au moins un lien de filiation explicite. En mettant en œuvre une suggestion d’Alain Bresson datant de 1984, nous proposons de mener, sur le corpus attique, une analyse de réseaux bâtie sur ce lien de filiation entre deux noms, afin de voir si les groupes cohésifs qu’ils révèlent sont de réels réseaux de parenté. L’article entend ainsi construire une nouvelle méthode d’étude des élites civiques. Il s’interroge sur la possibilité de construire des réseaux onomastiques qui évitent les biais méthodologiques et documentaires dans le nouveau contexte d’accessibilité des données numériques. Après avoir démontré qu’il est possible d’utiliser à des fins prosopographiques les données mises en ligne par le Lexicon of Greek Personal Names, l’article explore les modes d’enquête et de mise en récit induites non seulement par le corpus documentaire, mais aussi par l’outil réseau.
Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2018
Quels renouveaux pour l'histoire quantitative aujourd'hui ? Autrefois portée aux nues, puis décri... more Quels renouveaux pour l'histoire quantitative aujourd'hui ? Autrefois portée aux nues, puis décriée, celle-ci semble intéresser à nouveaupas toujours sous ce nom, parfois sous couvert d'histoire « numérique » ou de big data, sans doute parce que certaines sources historiques, déjà numérisées, sont désormais plus faciles à transformer en données. Surtout, le financement de la recherche par projet, qui connaît un nouvel âge d'or dans la disciplineaprès de premiers épisodes, notamment en France et aux États-Unis, dans les années 1960 et 1970-, incite de nouveau à la constitution d'équipes hiérarchisées qui intègrent de préférence des informaticiens et informaticiennes, des statisticiens et statisticiennes ou des physiciens et physiciennes, et qui dépensent beaucoup pour constituer de grosses bases de données. La plus grande puissance des ordinateurs et l'amélioration des outils informatiques ne constituent pourtant pas une réponse suffisante aux critiques qui ont touché, notamment à partir des années 1980, la première vague d'histoire quantitative : imposition fréquente de catégories inadaptées et, le plus souvent, anachroniques, tentation positiviste ou risque de dépenser beaucoup d'énergie pour ne parvenir qu'à des résultats triviaux ou déjà connus 1 .
M. Dana & Ivana Savalli-Lestrade (dir.), La cité interconnectée dans le monde gréco-romain, 2019
Si Athènes a une place à part dans les travaux sur la famille, elle le doit à un corpus de source... more Si Athènes a une place à part dans les travaux sur la famille, elle le doit à un corpus de sources particulièrement riches quant à leur volume et leur diversité. Les discours des orateurs, comme les oeuvres dramatiques, ont été largement exploités, tant d'un point de vue juridique qu'anthropologique. Le corpus iconographique, vases et bas-reliefs, permet un éclairage important sur la représentation des membres de la famille. Quant aux sources épigraphiques auxquelles s'intéresse cet article, elles offrent une série documentaire plus riche que dans n'importe quelle autre cité, non seulement par leur volume mais également par leur répartition chronologique et leur diversité typologique 1 . Elles ont, de ce fait, déjà largement été mises à contribution dans les études sur la parenté. En effet, les inscriptions fournissent un tel stock de noms personnels que nous pouvons connaître un grand nombre d'informations biographiques sur les Athéniens de l'Antiquité. La prosopographie 2 , née dans le contexte de la mise en place des grands corpus épigraphiques à la fin du xix e siècle, permet de connaître plusieurs membres d'une même famille et, à ce titre, a nourri les études sur la parenté, en parallèle des sources littéraires. Il n'est pas toujours besoin cependant de recourir à la prosopographie pour repérer les familles dans les inscriptions attiques où le lien de parenté s'affiche de façon explicite. Ce sont ces modalités d'affichage familial qui seront au centre de mon étude.
IT tools have been broadly developed in prosopographical studies irrespective of the period in qu... more IT tools have been broadly developed in prosopographical studies irrespective of the period in question. The payoffs can be seen in the matter of data storage and data query but these tools also raise the question of the prosopographical practices inherited from the scholar tradition. In particular, a relational database enables us to examine the way to build a prosopography from a new point of view. This examination is all the more needed in the context of Attic prosopography, whilst our corpus of sources is incomplete and based on texts established with difficulty. Neither methodological questions, nor the questioning about the validity of the prosopographical data, on which depend many studies, are new. This methodological questioning is nevertheless renewed when we try to translate the prosopographical logic into the relational databases system.
The first part of this paper is a historiographical analysis of the long tradition of Attic prosopography so as to understand why the methodological discourse remains implicit since the end of the XIXth century. It seems that the Historians of Ancient Greece intervene less than those of the Roman world in the epistemological debate, even if prosopography was born at the same time, within the scope of Greek and Roman epigraphical studies. This link with epigraphy remains so important that it is difficult to distinguish between the different kinds of prosopography (onomasticon, epigraphical commentary, social enquiry) when we look back to the publications dealing with Hellenistic Athens for example. In these studies, we can see that making prosopography seems to be obvious when you work with Attic inscriptions. This is maybe the reason why the method used to build the personal lexicon is not systematically explained. Notwithstanding, we can find reflections about methodological considerations in several of those publications.
The second part of this article aims to demonstrate that a relational database reveals this implicit discourse. After having explained how a database devoted to Attic prosopography should be structured, I illustrate with a precise example the link between the methodological discourse and this specific data structure. Namely, the recording of data in separate tables can stress a set of arguments usually used to read incomplete names in texts, decipher homonyms and find parents. It would be of great benefit if we decided on the permanent combination of arguments sufficient to accept a prosopographical hypothesis as certain. We must first determine each kind of arguments we are used to taking in consideration, such as "sharing of demotic" or "onomastic network". We also must establish if we have to give them the same value. We must finally decide how many of these arguments should be chosen together in the same rationale.
Details of the example of the family of Charikles and Theodoros of Phalereus can be found in the annex, where I examine two possible stemmata.
L’usage des outils numériques s’est largement développé dans les études prosopographiques, toutes périodes confondues. L’apport indéniable en termes de stockage et d’interrogation des données s’accompagne également d’une réflexion, induite par ce nouvel outil, sur les pratiques héritées d’une longue tradition érudite. Le recours à une base de données relationnelle permet de s’interroger sur le processus de fabrication d’une notice prosopographique, interrogation d’autant plus nécessaire en prosopographie attique que l’on travaille avec des sources lacunaires dont le texte lui-même est souvent difficile à établir. Ce questionnement sur la méthode, et donc sur la validité des données publiées dans un catalogue qui sera le support de multiples études, n’est pas neuf, mais il est renouvelé par la nécessité de traduire la démarche prosopographique dans le langage des bases de données relationnelles. Il s’agit donc, dans un premier temps, de parcourir la longue tradition de la prosopographie attique pour voir quelle place a pris le discours de la méthode depuis la fin du XIXe siècle. Dans un second temps, l’article tente de montrer, en s’appuyant sur un exemple précis détaillé en annexe, que la décomposition en tables dans une base de données révèle les implicites de ce discours de la méthode. Il s’agit de s’interroger sur le type, le nombre et la valeur des arguments qu’il faut retenir pour accepter les hypothèses prosopographiques.
This paper deals with the contribution of prosopography to the social history of Hellenistic Athe... more This paper deals with the contribution of prosopography to the social history of Hellenistic Athens. It focuses on Dionysios son of Athenobios of Eupyridai, because his social position and his relationships invite us to ask many important questions. At first, I analyzed all the information about Dionysios’ family. An inscribed base of an honorific statue tells us of a matrimonial alliance with the family of Chrysis daughter of Niketes of Pergase, priestess of Athena Polias and member of the oldest Athenian sacerdotal lineage, the Eteoboutadai. The prosopography of these families enables us to address the issue of matrimonial strategies and criteria for social recognition. The biographical data are then exploited in terms of interpersonal relationships. I have partially drawn the personal network of Dionysios, highlighting his relationships with Medeios of Peiraieus, principal leader of Athens at this time, and also a member of the Eteoboutadai genos. Neither the prosopographical method nor the social network analysis enable us to clearly know what the actors' expectations and actions were, but the exploitation of prosopographical data in terms of relationships does help us appreciate the dynamics of social capital. This case study is a theoretical preliminary to my current project.
This paper is a lexical study of the emotions felt in front of the sacred, focusing on two words ... more This paper is a lexical study of the emotions felt in front of the sacred, focusing on two words –enthymios and enthymistos- found in a corpus known as “sacred laws”, a category now called into question. By browsing through the available databases of epigraphic and literary sources I have found a set of texts in which we can perceive a specific technical meaning to these terms, which mean, more generally, “what weighs upon the mind”. The study begins with the about ten epigraphic attestations of these words used mostly as nominalized adjectives. “Enthymion” is what the divine threatens one with, if one should transgress the rules prescribed in the inscriptions. The geographic concentration of the epigraphic examples might suggest a local use of these terms, but the space and time dispersion of the literary sources denies this fact. In the literary sources “enthymion” means “thought” which can become “consciousness” among Christian writers, but we can also detect another use of the word –frequently as nominalized adjective- close to that we found in the inscriptions. For instance, “enthymion” indicates a sense of danger, involving the action of a higher power, in all the sources that refer to the polytheistic system. While this feeling affects the subject, the disorder does not only come from the conscience, but from an outside power. It is a feeling of religious threat which seizes the human being to guide his action.
« Les filles d’Athènes à Delphes. Femmes, cultes et société à Athènes à la basse époque hellénistique », dans V. MEHL, L. BODIOU, J. OULHEN, Fr. PROST (Dir.), Chemin faisant. Mythes, cultes et société en Grèce ancienne. Mélanges en l’honneur de Pierre Brulé, PUR, Rennes, 2009, p. 133-142
The epigraphic documentation, very abundant in late Hellenistic Athens, enabled me to bring toget... more The epigraphic documentation, very abundant in late Hellenistic Athens, enabled me to bring together a lot of information about the thousand Athenians who went to Delphi during the four Pythaïs festivals and whose names have been inscribed in the Pythian sanctuary. It is therefore possible to study the social relations inside the festival in order to determine what role the Pythaïs had in the definition of notables as a group. It is possible to distinguish individuals who were part of the ruling elite of the city from those who were just rich enough to pay for the travel and the offerings. The trip to Delphi as well as the ritual practices accomplished in common in the sanctuary could however create a form of cohesion within a group that had no institutional ground outside the festival. I tried to prove that this cohesion was based on the ability of each individual to recognize a sufficient number of other pythaïstai, including the most important people of the city, so as to feel included in a group to which the ruling elite gave the main color. I demonstrated this fact using the intellectual approach of the social network analysis to study the interpersonal relationships that the pythaïstai had before departure. I wondered then what was the respective social gain for the pythaïstai of a lower status as well as for the ruling elite, all gathered in an informal group during the festival. If we can think about the social promotion for the former, we must mention the ideological dimension to explain the massive presence of the latter. The participation in a festival whose message is the harmony of the civic institutions, the cultural primacy of Athens as well as the renewal of civic worship is conceived as a prolongation of the role usually played by the ruling elite in the city. The Pythaïs appears as a place of socialization of elites because it can weld a set of individuals around values that create their identity within the city.
In the broader context of the debate on the nature of the “myth”, I have studied the way the Athe... more In the broader context of the debate on the nature of the “myth”, I have studied the way the Athenians used their traditional narratives during the renewal of the Pythaïs – an athenian festival worshipping Apollo in Delphi. This study attempts to reconstruct the self-representation that the city gave in the sanctuary of Delphi, through the few literary sources that remain. It turns out that this self-representation was based on the use of different discourses, that we call “mythical”, and that were performed during the rituals. This “mythological” tinkering was not a simple argumentative trick to serve the political propaganda of the city, but a real updating and recreation of traditional stories, that gave them a sacred value. In fact, the hymns in honor of Apollo which were especially composed for the procession during the Pythaïs have created a new attic version of the apollonian “myth” from two former discursive traditions. The “mythological” creation with which the hymns emphasized the link the city wanted to make between the sanctuary of Apollo at Delos and at Delphi went together with a political and cultural propaganda. At the same time that they renewed the Pythaïs, the Athenians restored two others festivals worshipping Apollo –the Pyanepsia and the Thargelia- where more attention was paid to ritual practices which emphasized the cathartic role of Apollo. The “mythological” content of the Pythaïs hymns, as well as some of the ritual practices, suggest that this same cathartic function of the god was central to these three festivals. This helps us understand the status of the narratives we call “mythology”. These narratives in the Pythaïs do not differ by nature from those of the scholars that nourished the mythographers’ books through which the Athenians could renew the festival. They became effectively sacred in being performed in a context of rituals of communication with the sacred world, without being cut off from the rest of the scholarly narratives that could serve to remind the political and cultural power of the city.
Workshops by Karine Karila-Cohen
prosopographie, si elle est le plus souvent associée à l'histoire institutionnelle et politique, ... more prosopographie, si elle est le plus souvent associée à l'histoire institutionnelle et politique, constitue une méthode féconde pour étudier l'économie et la société des périodes ancienne et médiévale. Dans cette perspective, les historiens ont mené l'analyse prosopographique de groupes professionnels, afin d'en définir l'activité économique, le niveau de fortune, la position sociale et juridique, l'ancrage géographique. Des travaux de Jean Hatzfeld sur les Italiens qui pratiquaient des activités commerciales à Délos à ceux de Madalina Dana sur la mobilité culturelle des médecins, des enseignants et autres lettrés dans la région du Pont ou aux analyses d'Alexandre Vincent sur les musiciens dans l'Occident romain, la méthode a livré d'importants résultats. Les études de Lise Saussus sur les travailleurs du cuivre à Douai sont révélatrices de l'intérêt des médiévistes pour ce champ de la recherche.
La prosopographie est une discipline ambitieuse qui entend ou prétend rassembler et étudier l'ens... more La prosopographie est une discipline ambitieuse qui entend ou prétend rassembler et étudier l'ensemble de la documentation disponible pour une période historique donnée afin de reconstituer la structure et l'évolution d'un groupe humain déterminé. Il est dès lors indispensable de prendre conscience des limites, des travers et des manques des sources conservées. Ces biais sont d'autant plus importants quand on s'intéresse aux femmes qui, jusqu'à une date récente, étaient davantage spectatrices qu'actrices d'une histoire écrite, occupée, incarnée par des hommes de manière souvent exclusive. L'idée d'appliquer la méthode prosopographique à un groupe spécifiquement féminin s'inscrit dans le développement plus général de l'histoire des femmes à partir des années 1970, et il faut saluer l'oeuvre désormais pionnière que Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier a consacrée aux femmes de l'ordre sénatorial du Haut-Empire. Depuis les années 2000, d'autres études ont vu le jour et porté sur les femmes les mieux documentées, c'est-à-dire celles qui appartiennent à la classe dirigeante. Dames du Moyen Empire égyptien, entourage féminin des diadoques d'Alexandre le Grand, femmes évergètes du monde hellénistique, notables de l'Hispanie romaine ou grandes aristocrates du Mezzogiorno médiéval constituent autant de groupes féminins récemment étudiés qui ont en commun d'être associés de près au pouvoir des hommes qu'elles soutiennent ou suppléent plus qu'elles ne les concurrencent. Il se pose alors la question de savoir si la prosopographie féminine est par essence plus élitiste, plus restrictive et plus biaisée que la prosopographie masculine en raison de la mention plus rare des femmes dans la documentation antique ou médiévale. L'onomastique permet sans doute de nuancer cet aperçu sommaire a priori négatif en révélant comment et combien l'étude sérielle des noms féminins de catégories parfois modestes offre la possibilité de pouvoir écrire une histoire des femmes qui ne soit pas uniquement celle des impératrices et des sénatrices. Il nous semble par conséquent opportun de nous interroger, pour ce troisième atelier prosopographique, sur les rapports tissés -dans les travaux sur les femmes et le genre-entre l'étude des personnes et celle des noms. Comment s'entrecroisent les considérations biographiques/sociologiques et philologiques, quelles avancées les unes permettent-elles dans le champ des autres ?
L'atelier aura lieu le 25 mai 2019 et sera accueilli au sein du séminaire Diktynna dirigé par Mad... more L'atelier aura lieu le 25 mai 2019 et sera accueilli au sein du séminaire Diktynna dirigé par Madalina Dana et Ivana Savalli-Lestrade
Au cours de la discussion qui avait clos la première rencontre de l'atelier que nous consacrons à... more Au cours de la discussion qui avait clos la première rencontre de l'atelier que nous consacrons à la prosopographie dans l'Antiquité et au début du Moyen-Âge, nous avons convenu d'organiser la prochaine rencontre sur le thème « Types de sources et prosopographie ».
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Papers by Karine Karila-Cohen
Notre connaissance des individus du passé est tributaire des traces qu’ils ont laissées de leur nom dans les sources. L’accès aux noms est désormais facilité par l’existence de bases en ligne qui permettent de récupérer rapidement les données. Comment dès lors mettre à profit ce nouveau mode d’enquête, qui part d’une lecture distante des sources ? Combinant lecture distante et rapprochée, cet article s’interroge sur la visibilité des noms féminins en Attique. Plus exactement, la mise en œuvre de l’analyse de réseaux appliquée aux noms liés par la filiation, permet de replacer noms masculins et féminins dans des réseaux de parenté. Dès lors, il est possible de s’interroger sur le rôle que jouent les revendications de parenté dans la visibilité des femmes dans les sources athéniennes.
Dans le monde grec antique, il s’avère souvent difficile d’identifier les individus et de retrouver leurs parents, non seulement à cause de la documentation, mal datée et offrant peu de séries continues, mais aussi à cause du système onomastique qui repose sur le nom unique, sans attacher l’individu à une lignée au-delà du nom du père. Cependant, ce mode de nomination s’avère être un atout pour la reconstitution d’un type de lien : quand un individu est identifié comme l’enfant de son père, le nom porte au moins un lien de filiation explicite. En mettant en œuvre une suggestion d’Alain Bresson datant de 1984, nous proposons de mener, sur le corpus attique, une analyse de réseaux bâtie sur ce lien de filiation entre deux noms, afin de voir si les groupes cohésifs qu’ils révèlent sont de réels réseaux de parenté. L’article entend ainsi construire une nouvelle méthode d’étude des élites civiques. Il s’interroge sur la possibilité de construire des réseaux onomastiques qui évitent les biais méthodologiques et documentaires dans le nouveau contexte d’accessibilité des données numériques. Après avoir démontré qu’il est possible d’utiliser à des fins prosopographiques les données mises en ligne par le Lexicon of Greek Personal Names, l’article explore les modes d’enquête et de mise en récit induites non seulement par le corpus documentaire, mais aussi par l’outil réseau.
The first part of this paper is a historiographical analysis of the long tradition of Attic prosopography so as to understand why the methodological discourse remains implicit since the end of the XIXth century. It seems that the Historians of Ancient Greece intervene less than those of the Roman world in the epistemological debate, even if prosopography was born at the same time, within the scope of Greek and Roman epigraphical studies. This link with epigraphy remains so important that it is difficult to distinguish between the different kinds of prosopography (onomasticon, epigraphical commentary, social enquiry) when we look back to the publications dealing with Hellenistic Athens for example. In these studies, we can see that making prosopography seems to be obvious when you work with Attic inscriptions. This is maybe the reason why the method used to build the personal lexicon is not systematically explained. Notwithstanding, we can find reflections about methodological considerations in several of those publications.
The second part of this article aims to demonstrate that a relational database reveals this implicit discourse. After having explained how a database devoted to Attic prosopography should be structured, I illustrate with a precise example the link between the methodological discourse and this specific data structure. Namely, the recording of data in separate tables can stress a set of arguments usually used to read incomplete names in texts, decipher homonyms and find parents. It would be of great benefit if we decided on the permanent combination of arguments sufficient to accept a prosopographical hypothesis as certain. We must first determine each kind of arguments we are used to taking in consideration, such as "sharing of demotic" or "onomastic network". We also must establish if we have to give them the same value. We must finally decide how many of these arguments should be chosen together in the same rationale.
Details of the example of the family of Charikles and Theodoros of Phalereus can be found in the annex, where I examine two possible stemmata.
L’usage des outils numériques s’est largement développé dans les études prosopographiques, toutes périodes confondues. L’apport indéniable en termes de stockage et d’interrogation des données s’accompagne également d’une réflexion, induite par ce nouvel outil, sur les pratiques héritées d’une longue tradition érudite. Le recours à une base de données relationnelle permet de s’interroger sur le processus de fabrication d’une notice prosopographique, interrogation d’autant plus nécessaire en prosopographie attique que l’on travaille avec des sources lacunaires dont le texte lui-même est souvent difficile à établir. Ce questionnement sur la méthode, et donc sur la validité des données publiées dans un catalogue qui sera le support de multiples études, n’est pas neuf, mais il est renouvelé par la nécessité de traduire la démarche prosopographique dans le langage des bases de données relationnelles. Il s’agit donc, dans un premier temps, de parcourir la longue tradition de la prosopographie attique pour voir quelle place a pris le discours de la méthode depuis la fin du XIXe siècle. Dans un second temps, l’article tente de montrer, en s’appuyant sur un exemple précis détaillé en annexe, que la décomposition en tables dans une base de données révèle les implicites de ce discours de la méthode. Il s’agit de s’interroger sur le type, le nombre et la valeur des arguments qu’il faut retenir pour accepter les hypothèses prosopographiques.
Workshops by Karine Karila-Cohen
Notre connaissance des individus du passé est tributaire des traces qu’ils ont laissées de leur nom dans les sources. L’accès aux noms est désormais facilité par l’existence de bases en ligne qui permettent de récupérer rapidement les données. Comment dès lors mettre à profit ce nouveau mode d’enquête, qui part d’une lecture distante des sources ? Combinant lecture distante et rapprochée, cet article s’interroge sur la visibilité des noms féminins en Attique. Plus exactement, la mise en œuvre de l’analyse de réseaux appliquée aux noms liés par la filiation, permet de replacer noms masculins et féminins dans des réseaux de parenté. Dès lors, il est possible de s’interroger sur le rôle que jouent les revendications de parenté dans la visibilité des femmes dans les sources athéniennes.
Dans le monde grec antique, il s’avère souvent difficile d’identifier les individus et de retrouver leurs parents, non seulement à cause de la documentation, mal datée et offrant peu de séries continues, mais aussi à cause du système onomastique qui repose sur le nom unique, sans attacher l’individu à une lignée au-delà du nom du père. Cependant, ce mode de nomination s’avère être un atout pour la reconstitution d’un type de lien : quand un individu est identifié comme l’enfant de son père, le nom porte au moins un lien de filiation explicite. En mettant en œuvre une suggestion d’Alain Bresson datant de 1984, nous proposons de mener, sur le corpus attique, une analyse de réseaux bâtie sur ce lien de filiation entre deux noms, afin de voir si les groupes cohésifs qu’ils révèlent sont de réels réseaux de parenté. L’article entend ainsi construire une nouvelle méthode d’étude des élites civiques. Il s’interroge sur la possibilité de construire des réseaux onomastiques qui évitent les biais méthodologiques et documentaires dans le nouveau contexte d’accessibilité des données numériques. Après avoir démontré qu’il est possible d’utiliser à des fins prosopographiques les données mises en ligne par le Lexicon of Greek Personal Names, l’article explore les modes d’enquête et de mise en récit induites non seulement par le corpus documentaire, mais aussi par l’outil réseau.
The first part of this paper is a historiographical analysis of the long tradition of Attic prosopography so as to understand why the methodological discourse remains implicit since the end of the XIXth century. It seems that the Historians of Ancient Greece intervene less than those of the Roman world in the epistemological debate, even if prosopography was born at the same time, within the scope of Greek and Roman epigraphical studies. This link with epigraphy remains so important that it is difficult to distinguish between the different kinds of prosopography (onomasticon, epigraphical commentary, social enquiry) when we look back to the publications dealing with Hellenistic Athens for example. In these studies, we can see that making prosopography seems to be obvious when you work with Attic inscriptions. This is maybe the reason why the method used to build the personal lexicon is not systematically explained. Notwithstanding, we can find reflections about methodological considerations in several of those publications.
The second part of this article aims to demonstrate that a relational database reveals this implicit discourse. After having explained how a database devoted to Attic prosopography should be structured, I illustrate with a precise example the link between the methodological discourse and this specific data structure. Namely, the recording of data in separate tables can stress a set of arguments usually used to read incomplete names in texts, decipher homonyms and find parents. It would be of great benefit if we decided on the permanent combination of arguments sufficient to accept a prosopographical hypothesis as certain. We must first determine each kind of arguments we are used to taking in consideration, such as "sharing of demotic" or "onomastic network". We also must establish if we have to give them the same value. We must finally decide how many of these arguments should be chosen together in the same rationale.
Details of the example of the family of Charikles and Theodoros of Phalereus can be found in the annex, where I examine two possible stemmata.
L’usage des outils numériques s’est largement développé dans les études prosopographiques, toutes périodes confondues. L’apport indéniable en termes de stockage et d’interrogation des données s’accompagne également d’une réflexion, induite par ce nouvel outil, sur les pratiques héritées d’une longue tradition érudite. Le recours à une base de données relationnelle permet de s’interroger sur le processus de fabrication d’une notice prosopographique, interrogation d’autant plus nécessaire en prosopographie attique que l’on travaille avec des sources lacunaires dont le texte lui-même est souvent difficile à établir. Ce questionnement sur la méthode, et donc sur la validité des données publiées dans un catalogue qui sera le support de multiples études, n’est pas neuf, mais il est renouvelé par la nécessité de traduire la démarche prosopographique dans le langage des bases de données relationnelles. Il s’agit donc, dans un premier temps, de parcourir la longue tradition de la prosopographie attique pour voir quelle place a pris le discours de la méthode depuis la fin du XIXe siècle. Dans un second temps, l’article tente de montrer, en s’appuyant sur un exemple précis détaillé en annexe, que la décomposition en tables dans une base de données révèle les implicites de ce discours de la méthode. Il s’agit de s’interroger sur le type, le nombre et la valeur des arguments qu’il faut retenir pour accepter les hypothèses prosopographiques.
La prosopographie des Athéniens de l’Antiquité est le cœur d’une base de données relationnelle en cours d’élaboration au CReAAH, d’ors et déjà hébergée par le TGIR Huma-num, en passe de devenir un outil collaboratif entre plusieurs chercheurs spécialistes de l’Athènes hellénistique. Notre projet est résolument orienté vers les humanités numériques dans la mesure où la base que nous créons ne se contente pas de stocker des données en ligne, mais est pensée comme un outil interactif qui n’a pour le moment pas d’équivalent dans le domaine prosopographique.
Notre communication portera en particulier sur les questions de relation entre les tables et de configuration des interfaces qui permettent d’intégrer les doutes dans la reconnaissance des personnes. Si l’outil a d’abord pour vocation de ne pas figer les hypothèses prosopographiques comme résultats acquis, et de développer les études sociologiques qui pourront être testées sur différents niveaux de certitude, il permet en outre d’intégrer l’analyse matérielle du monument épigraphique sur lequel les noms sont lus.
La quatrième rencontre du groupe Res Hist met l’accent sur les problèmes que peut poser la formalisation du contenu des sources. Nous sommes donc invités à nous pencher sur la nature même de notre documentation, sur les biais qu’elle induits quand il s’agit de passer de la source aux données qui pourront ensuite être traitées par des logiciels de réseaux. L’historien de l’Antiquité a pour habitude de déplorer la pauvreté de sa documentation, au regard de ce que ses collègues des périodes postérieures peuvent traiter. Plus que le petit nombre, ce sont les lacunes, la difficulté d’établir les textes, l’absence de série, l’impossibilité parfois de comparer des types de documents différents qui rendent le codage complexe. Je suis habituée pour ma part à travailler quasi-exclusivement avec des sources épigraphiques, qui, pour Athènes hellénistique dont je suis spécialiste, forment un corpus très abondant. Pour autant, il faut rappeler les limites de la documentation épigraphique : c’est par quoi commencera mon exposé. Je présenterai ensuite le projet d’analyse de réseau onomastique qui a été évoqué dans les années 80 par Alain Bresson, qui travaillait sur les structures de parenté . Si ce projet permet en effet d’éviter une partie des biais de nos sources, sa mise en œuvre, compte tenu de l’accessibilité des données, pose divers problèmes. Elle peut néanmoins être tentée à partir du Lexicon of Greek Personal Names , qui est un outil de travail indispensable mais qui oriente le codage.
Les propositions de communication, d’une longueur d’une page et accompagnées des nom, statut et adresse mail, devront être adressées avant le 31 mars 2019 par courriel à Karine Karila-Cohen ([email protected]) et à Isabelle Rosé ([email protected]). Le résultat de la sélection sera communiqué à la fin du mois de mai 2019, après examen par le conseil scientifique.
Les textes présentés seront fournis avant le 1er septembre 2019. L’organisation prendra en charge une à deux nuitées, dans certains cas, et la plupart des repas au cours de la rencontre. Les frais de transport sont à la charge des intervenant.e.s ou de leur laboratoire.
Cette initiative est possible grâce au soutien du LAHM-CReAAH (Université Rennes 2 / UMR 6566), de Tempora (Université Rennes 2), de l’UFR Sciences sociales et l’Université Rennes 2, de l’URFIST, de la MSHB et du GDR CNRS Analyse de réseaux en SHS.