Nicolas Guinaudeau
Work to ACTER archéologie since 2012
Preventive excavations managed :
- Village médiéval de Mailloles, Perpignan (66) in 2023
- Ensemble Hospitalier, Ille-sur-Têt (66) in 2023
- Château de Puilaurens (11) in 2022
- Rue Marcadet, Morlaàs (64) in 2021
- Stade des Cordeliers, Morlaàs (64) in 2021
- Plate-forme du Castet, Sainte-Christie-d'Armagnac (32) in 2019, 2020, 2021
- Motte de Sainte-Christie-d'Armagnac (32) in 2018, 2022, 2023, 2024
- Cour arrière du Campo Santo, Perpignan (66) in 2017-2018
- Métairie de Fourques, Talairan (11) in 2017
- Eglise Saint-Jean-le-Vieux, Perpignan (66) in 2016, 2019
- Saint-Gilles le Vieux, Aimargues (30) in 2015
- Village de Chalamont (01) in 2014
- Taxo-l'Orangeraie, Argelès-sur-Mer (66) in 2012-2013
- Château de Peyrepertuse, Duilhac-sous-Peyrepertuse (11) in 2012, 2014
- Château de Termes (11) in 2012, 2014, 2020
- Jardin de la Flore Méditerranéenne, Saint-Génis-des-Fontaines (66) in 2011
Preventive excavations managed :
- Village médiéval de Mailloles, Perpignan (66) in 2023
- Ensemble Hospitalier, Ille-sur-Têt (66) in 2023
- Château de Puilaurens (11) in 2022
- Rue Marcadet, Morlaàs (64) in 2021
- Stade des Cordeliers, Morlaàs (64) in 2021
- Plate-forme du Castet, Sainte-Christie-d'Armagnac (32) in 2019, 2020, 2021
- Motte de Sainte-Christie-d'Armagnac (32) in 2018, 2022, 2023, 2024
- Cour arrière du Campo Santo, Perpignan (66) in 2017-2018
- Métairie de Fourques, Talairan (11) in 2017
- Eglise Saint-Jean-le-Vieux, Perpignan (66) in 2016, 2019
- Saint-Gilles le Vieux, Aimargues (30) in 2015
- Village de Chalamont (01) in 2014
- Taxo-l'Orangeraie, Argelès-sur-Mer (66) in 2012-2013
- Château de Peyrepertuse, Duilhac-sous-Peyrepertuse (11) in 2012, 2014
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Doctoral thesis by Nicolas Guinaudeau
L'étude des résidences aristocratiques dans l'ancien comté d'Astarac résulte de travaux réalisés entre 2003 et 2011. Elle s'inscrit dans l'enquête sur les forteresses médiévales de Midi-Pyrénées qui a débuté en 1994 et qui vise à procéder à l'évaluation du patrimoine régional. L'objectif principal a été d'inventorier les différentes formes de fortification liées à la résidence seigneuriale. Le corpus final, composé d'ouvrages de terre fortifiés (mottes, plates-formes et enclos fossoyés), de tours, salles et tours-salles, constitue la base de notre réflexion. Il ressort de cette enquête que le Gers méridional a connu l'implantation d'un grand nombre de fortifications seigneuriales et de résidences aristocratiques médiévales entre le Xe siècle et le XVIe siècle. Près de 320 sites, dispersés sur 10 cantons ont ainsi été répertoriés. Cette étude a été enrichie par le dépouillement des sources écrites disponibles. Un travail historique sur le comté d'Astarac et les seigneurs de cette zone, constituant l'aristocratie locale généralement peu évoquée dans les études analogues, a également été entrepris afin de mieux cerner le statut des propriétaires des habitats fortifiés repérés. Les informations recueillies sur le terrain et dans les sources consultées ont ainsi permis de réaliser un travail de réflexion sur le peuplement et l'organisation du territoire comtal astaracais.
L'étude des résidences aristocratiques dans l'ancien comté d'Astarac résulte de travaux réalisés entre 2003 et 2011. Elle s'inscrit dans l'enquête sur les forteresses médiévales de Midi-Pyrénées qui a débuté en 1994 et qui vise à procéder à l'évaluation du patrimoine régional. L'objectif principal a été d'inventorier les différentes formes de fortification liées à la résidence seigneuriale. Le corpus final, composé d'ouvrages de terre fortifiés (mottes, plates-formes et enclos fossoyés), de tours, salles et tours-salles, constitue la base de notre réflexion. Il ressort de cette enquête que le Gers méridional a connu l'implantation d'un grand nombre de fortifications seigneuriales et de résidences aristocratiques médiévales entre le Xe siècle et le XVIe siècle. Près de 320 sites, dispersés sur 10 cantons ont ainsi été répertoriés. Cette étude a été enrichie par le dépouillement des sources écrites disponibles. Un travail historique sur le comté d'Astarac et les seigneurs de cette zone, constituant l'aristocratie locale généralement peu évoquée dans les études analogues, a également été entrepris afin de mieux cerner le statut des propriétaires des habitats fortifiés repérés. Les informations recueillies sur le terrain et dans les sources consultées ont ainsi permis de réaliser un travail de réflexion sur le peuplement et l'organisation du territoire comtal astaracais.
Papers by Nicolas Guinaudeau
The study of the ancient county of Astarac results from archeological and historic works done within a thesis named “Fortifications seigneuriales et résidences aristocratiques gasconnes dans l’ancien comté d’Astarac entre le Xe et le XVIe siècle” realized between 2007 and 2012. The examination of available written documents has allowed specifying the genealogy and the policy of the Astarac’s family from the Xth century to the XVIth century. It appears that many foreign influences have conditioned the government of this county during this period.
Archaeological reports by Nicolas Guinaudeau
L'intervention menée dans le village de Sainte-Christie-d'Armagnac (Gers) s'est déroulée entre le 11 et 15 juin 2018 dans le cadre du Programme Collectif de Recherche "Sainte-Christie-d'Armagnac" coordonné par Alain Champagne (Université de Pau et des Pays de l'Adour). Les résultats obtenus lors du sondage intègrent les problématiques entourant l'installation et le développement du village de Sainte-Christie-d'Armagnac. Le site, complexe, comporte notamment une motte avec basse-cour et une plate-forme appelée "le Castet" où sont conservés les vestiges d'un rempart en terre massive et un bâtiment à pans de bois daté de la fin du XVe siècle.
Les premières mentions connues de la famille de Sainte-Christie, tirées du cartulaire de Saint-Mont, sont datées du XIe siècle. Certains membres de cette famille sont également signalés au XIIIe siècle dans les cartulaires noir et blanc de Sainte-Marie-d'Auch. La seigneurie relève toutefois directement du comte d'Armagnac à la fin du XIIIe siècle, Bernard VI l'apportant en dot à sa sœur Mathe en 1291. Le castet de Sainte-Christie-d'Armagnac est cité à cette occasion. Il faut par contre attendre l'année 1500 pour voir apparaître une mention de la motte. La seigneurie restera entre les mains de la famille d'Armagnac jusqu'au XVIe siècle.
Le sondage a été implanté à l'est de la motte, à l'emplacement supposé d'un fossé comblé révélé par une prospection géophysique menée en 2017 par Adrien Camus (ULR Valor - Université de la Rochelle). La tranchée mécanique réalisée, longue de 19 m, a permis l'étude d'un fossé de 10,25 m de large conservé sur 3,20 m de profondeur. La structure fossoyée, au profil en V, cernait la motte à sa base. De plan circulaire (diamètre : 47,50 m), le tertre est conservé sur 10,45 m de haut. Sa plate-forme sommitale, qui mesure 474 m², est actuellement dépourvue de toute construction.
L'étude de la dynamique de comblement du fossé a révélé une séquence stratigraphique qui s'étale entre le Moyen Âge central (XIe-XIIe siècles) et la période moderne (XVIIe siècle). Les premiers comblements (phase I) résultent de l'érosion des parois, phénomène qui s'explique par la nature de l'encaissant (sables fauves de l'Armagnac). Il convient de noter l'absence de strates engendrées par une mise en eau du fossé ; le dispositif fossoyé est resté sec en raison de l'encaissant sableux. Le comblement de la structure s'est poursuivi au cours du bas Moyen Âge et de la période moderne avec l'apport de niveaux limono-sableux anthropisés (phase II). Leur installation est intervenue après une phase de curage. Le mobilier céramique issu de ces niveaux est essentiellement daté entre le XIVe et le début du XVIe siècle, le comblement du fossé s'achevant au cours du XVIIe siècle. Un trou de poteau de 0,44 m de diamètre, placé au niveau de la contrescarpe, est installé entre ces deux grandes phases de comblement. Cette structure pourrait marquer l'emplacement d'un dispositif de franchissement du fossé en raison de ses dimensions et de son positionnement. Cette interprétation demeure toutefois hypothétique, aucun autre fait de ce type n'ayant été repéré à l'emplacement du sondage.
Il convient enfin de mentionner la découverte d'une fosse de plan circulaire (diamètre : 0,75 m) à l'extrémité orientale du sondage. Cette structure, conservée sur 0,60 m de profondeur, présente une profil piriforme caractéristique des silos. L'étude de son comblement a permis de distinguer des niveaux sableux résultant d'effondrements de parois, lesquels alternent avec des apports limono-sableux bruns. Le mobilier retrouvé lors de la fouille de cette structure situe son abandon durant le XVIe ou XVIIe siècle.
Le ferrier s’étend sur le versant nord du plateau, à une vingtaine de mètres du bâtiment d’une plate-forme en grande partie naturelle où se trouvait probablement l’atelier sidérurgique. La stratigraphie du sondage ouvert dans la partie amont de l’amas de scories, sur la bordure nord de la plate-forme, le mobilier céramique recueilli en stratigraphie et deux datations 14C permettent d’identifier sur ce site une seule grande phase d’activité, inscrite entre le milieu du VIIe siècle et la fin du IXe siècle. Au sein de cette grande fourchette chronologique, il semble que l’atelier ait été actif durant un temps relativement court, compte tenu de la stratigraphie du site et de l’absence de hiatus dans la formation de niveaux clairement liés à l’activité métallurgique. Pour autant, deux phases ont été distinguées. La phase la plus ancienne englobe un ensemble de niveaux de travail et de rejets peu abondants produits surtout dans le cadre d’activité d’enrichissement du minerai de fer et de post-réduction. Ces niveaux paraissent témoigner de la présence d’aires de travail dans cette partie de l’atelier, installées peut-être sur une terrasse ou plate-forme dite inférieure, au moins partiellement aménagée par remblaiement. Lors d’une seconde phase, le secteur sondé est entièrement recouvert par des déchets de réduction, rejetés de manière abondante et rapide. Cette évolution suppose une transformation relativement importante de la structuration interne du site. D’un point de vue technologique, l’ensemble des étapes du traitement du minerai de fer, de la minéralurgie à la post-réduction, ont été identifiées sur l’atelier. Compte tenu du caractère limité des observations réalisées et de l’absence de structures de travail dans l’emprise de sondage, il est difficile de préciser, dans le détail, la nature des opérations réalisées et la morphologie des bas-fourneaux.
Bien qu’exigu, ce sondage n’en demeure pas moins important, dans la mesure où il apporte la première preuve d’une production de fer au haut Moyen Âge dans les Corbières et plus largement dans l’Aude. Cette intervention nous incite à réexaminer la carte de distribution des sites de traitement des minerais reconnus dans les Corbières actuellement, notamment dans la zone minière du plateau de Lacamp et sur sa périphérie, dont beaucoup parmi la cinquantaine de sites identifiés demeurent non datés. Il y a fort à parier qu’il existe un décalage relativement grand entre la réalité historique et la chronologie de l’activité telle qu’elle a pu être élaborée jusque-là à partir des données issues de prospections pédestres et de sept sondages.
L'intervention a également permis la réalisation de l'étude d'un bâtiment de plan quadrangulaire (11,25 m x 7,60 m) et aux murs de 1,03-1,24 m d'épaisseur. Ces derniers sont constitués de blocs de tuf, de calcaire éocien, de grès et de conglomérat qui, pour la plupart, sont à peine retouchés sur leur face extérieure. Un soin particulier a toutefois été apporté aux chaînages d'angle ainsi qu'aux ouvertures originelles qui sont constitués de moellons de tuf équarris de grandes dimensions. Seul le rez-de-chaussée est actuellement conservé, mais au moins un étage existait avant sa destruction en 2000. Le dégagement des murs extérieurs et des arases a révélé la présence de 10 ouvertures, parmi lesquelles 10 archères droites à fente étroite et à simple ébrasement régulièrement réparties (3 à l'est et à l'ouest, 2 au nord et au sud). Le premier niveau était accessible à partir d'une porte aménagée sur la façade occidentale naturellement protégée par des pentes naturelles. Plusieurs reprises et aménagements postérieurs (jour à l'est ; portes au nord, au sud et à l'ouest) ont été repérés. Un massif quadrangulaire, vestige probable d'une cheminée, a également été dégagé contre le parement extérieur du mur nord. Ce massif est caractérisé par l'emploi de fragments de tuile canal, élément absent du bâti originel.
La première mention connue du lieu de Fourques remonte à l'année 1128, date à laquelle il appartient en alleu à l'abbaye de Lagrasse. Un acte du cartulaire de l'abbaye daté de 1208 mentionne ensuite la forcia de Fourques, alors que la bastida de Furci est citée en 1271. Les propriétaires d'origine de ce bâtiment (salle, grange?) restent à déterminer. L'historique de Fourques témoigne en effet du rôle de l'abbaye de Lagrasse, mais également des familles seigneuriales locales (Termes puis Narbonne) ainsi que du pouvoir royal. Les données recueillies durant l'intervention et les comparaisons effectuées avec d'autres bâtiments (castrum de Villar-de-Fargues à Narbonne par exemple) placent la construction de la bâtisse étudiée entre le milieu du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe siècle alors que son abandon est intervenu dans le courant du XXe siècle.
La fouille du site de Madame - Saint-Gilles le Vieux 6 (commune d'Aimargues) s'est déroulée entre le 16 février et le 24 avril 2015. Elle a permis l'étude des vestiges se trouvant aux marges sud-ouest du site médiéval de Saint-Gilles de Missignac identifié comme une villa carolingienne. Les données recueillies lors de cette fouille préventive complètent les informations acquises lors des interventions antérieures. Ces dernières avaient notamment révélé la présence de structures parcellaires des Ier-IIe s. de n. è. dans la partie nord-ouest du site. Une vaste aire d'ensilage des VIIe-XIIe s. avait également été mise en évidence au nord de l'emprise. Cet espace dévolu au stockage était relié à un village contemporain (habitats, aménagements agricoles, artisanat, église et cimetière) situé plus à l'est et fouillé sous la direction d'Odile Maufras (INRAP) en 2012-2013.
Occupations attestées sur le site
331 faits archéologiques (silos, espaces excavés, fosses, trous de poteau/piquet, soubassements en pierre, structures de combustion et puits) ont été détectés lors de l'opération Saint Gilles le Vieux-6. Les données recueillies au cours de l'opération Saint Gilles le Vieux-6 laissent entrevoir une occupation du site durant le second âge du Fer marquée par l'existence d'un fossé de 0,34 m de large à l'ouverture conservé sur 0,11 m de profondeur, et d'une fosse de plan ovale de 1,08 m sur 0,83 m (profondeur : 0,17 m) repérés dans la partie ouest de l'emprise. Ces deux faits sont associés à l'existence d'un paléosol mal conservé.
L'étude des autres structures repérées permet de cerner l'occupation de la partie sud-ouest du site de Saint-Gilles le Vieux et de préciser son développement. Une mise en culture du terrain est révélée par un réseau fossoyé dense comblé à la fin de l'Antiquité. Les recoupements et les orientations de ces fossés permettent d'établir l'existence de plusieurs phases, ces structures étant majoritairement comblées dans le courant du Ve s. Des fosses de plantation sont associées à certaines structures fossoyées, des creusements subcirculaires étant alignés en bordure de fossés parcellaires. Leur présence témoigne du maintien de la limite parcellaire malgré le comblement de ces fossés. Une occupation domestique est ensuite attestée aux Ve-VIIe s. Un foyer ainsi qu'une cinquantaine de fosses, interprétées majoritairement comme des silos, sont rattachés à cette fourchette chronologique. Une dizaine de structures de plan circulaire ou oblong, dont les comblements ont livré du mobilier des Ve-VIe siècles, ont également été mises en évidence. Elles pourraient correspondre à des vides sanitaires et à des lieux de stockage (cave/celliers) du fait de leurs caractéristiques morphologiques. L'une des structures fouillées, comblée dans le courant du VIe s., mesurait ainsi près de 4 m de diamètre et était conservée sur 1,37 m de profondeur. Cette occupation se poursuit avec la construction d'un bâtiment de plan quadrangulaire de plus 9 m de long séparé en deux espaces par un mur de refend. Les soubassements en pierre de ce bâtiment, associés à un niveau d'occupation (2° tiers VIe-milieu VIIe s.), étaient conservés du fait d'un tassement des terres, ceux-ci étant installés sur les comblements de fossés antérieurs.
Les structures en creux repérées dans la partie est du site sont majoritairement rattachées à la fourchette chronologique comprise entre le VIIIe s. et la première moitié du XIIe s. Elles correspondent à une soixantaine de structures de stockage et à des fossés qui marquent la limite sud-ouest de la vaste aire d'ensilage étudiée au nord de l'emprise en 1995 puis en 2012-2013. Il convient de signaler la découverte d'un silo hermétiquement clos du fait de la préservation du système de couverture constitué d'une dalle calcaire et de pierres de calage. Les vestiges très arasés d'un four domestique doté d'une fosse cendrier, en activité entre le dernier quart du VIIe s. et le dernier quart du VIIIe s., ont également été identifiés en périphérie de l'aire d'ensilage. Un bâtiment, marqué par la présence de soubassements en pierre et d'un sol excavé, s'installe entre le premier quart du XIe siècle et le milieu du XIIe siècle au sein de cet espace destiné au stockage. Cet habitat ou cette petite unité d'exploitation constitue le vestige médiéval le plus récent détecté sur l'emprise de fouille. Sa destruction marque l'abandon de l'occupation du site de Saint-Gilles le Vieux 6.
La fouille archéologique réalisée par la SARL ACTER dans la commune de Chalamont (Ain), à l’intersection de la Rue de l’Eglise et de la Grande Rue, s’est déroulée entre le 22 avril et le 30 mai 2014. Elle a été conduite après le dépôt par DYNACITÉ d’un projet de construction de commerces, de logements et de réhabilitation d’un bâtiment en logement, et suite au résultat positif du diagnostic mené en novembre-décembre 2011 (étude du bâti) et en octobre 2012 (sondages) par l’Institut national de recherches archéologiques préventives. La fouille réalisée devait permettre d’éclairer l’occupation du sol à l’emplacement de l’actuel village de Chalamont, aucune intervention archéologique n’ayant été menée précédemment sur le territoire communal. L’histoire de Chalamont restait donc largement méconnue malgré l’existence de données textuelles. Cette opération, réalisée sur une superficie de 1300 m², a permis de mettre en évidence une occupation continue depuis le Moyen Âge central jusqu’à nos jours.
Résultats obtenus :
Les vestiges attribués au Moyen Âge central (Xe-milieu XIIIe siècles) indiquent l’installation d’un ou plusieurs habitats dans la partie occidentale du site. Les niveaux d’occupation sont caractérisés par la présence de couches charbonneuses et cendreuses, de foyers et de recharges de sol jaunes à rouges. De nombreux trous de poteaux et de piquets repérés dans ces niveaux ainsi que la découverte de fragments de torchis témoignent de l’utilisation d’une architecture à pans de bois à cette période. Les données stratigraphiques et les informations chronologiques fournies par l’étude céramologique permettent d’associer des structures en creux (fosses, fossés) à cette occupation. Du fait de leur profil caractéristique, certaines fosses ont pu être identifiées comme des structures de stockage de type silo. Dans la partie nord-est du site, des foyers de forge, des fosses et une couche chargée en déchets métallurgiques (scories, culots, parois, battitures…) attestent l’existence d’une activité métallurgique à cette période. Ces déchets en sont les témoins privilégiés ; leur étude témoigne ainsi du travail du fer et d’alliages cuivreux sur le site durant le Moyen Âge central.
La fouille menée a également permis de révéler la présence de vestiges en lien avec des ateliers artisanaux du bas Moyen Âge (teinturerie, travail du cuir, forge et probable tannerie). Deux structures de plan quadrangulaire ont été identifiées comme de probables bassins, alors que des fosses de plan ovale ont également été découvertes. Si les structures associées à ces activités ont été retrouvées en nombre limité, les données recueillies dans les prélèvements réalisés apportent des données inédites du fait de la bonne conservation des matières organiques. L’une des fosses, séparée en deux espaces distincts à l’aide de planches disposées verticalement, a livré un comblement riche en matières végétales et animales (carporestes, brindilles, écorces et chutes de cuir). Leur analyse est venue apporter des résultats déterminants pour la compréhension des activités exercées sur le site au cours du XIVe siècle. La découverte d'un squelette de veau en connexion anatomique présentant les stigmates qui résultent d'un retrait de la peau, semble être associée à une activité de tannerie à cette période.
Au bas Moyen Âge, le rempart villageois de Chalamont est bâti et entraîne la mise en place progressive du parcellaire actuel. Plusieurs bâtiments sont alors élevés dans la première moitié du XVe siècle, leur fondation étant bâtie en galets ou plus rarement en briques liés au mortier de chaux chargé en sable. Des pieux en bois observés sous ces fondations assurent leur stabilité. Un habitat quadrangulaire, doté de deux espaces séparés par un mur de refend, est ainsi construit dans l’angle nord-ouest de l'emprise. Un espace ouvert dont la superstructure reposait sur des piliers (possible grange) est implanté à l’est de cet habitat. Une maison en élévation se trouvant sur les parcelles concernées par le projet d'aménagement a fait l’objet d’analyses dendrochronologiques. Les résultats obtenus placent sa construction en 1442 ou dans une année postérieure très proche. Plusieurs habitats sont ensuite bâtis au cours de l'époque modern sur la parcelle fouillée. L'église dédiée à Notre-Dame et Saint-Roch, dont les chapelles nord ont été identifiées au cours de la fouille, est élevée à l’emplacement de l’actuelle rue de l’Eglise à partir de 1629.
Dans le cadre de l’aménagement du château de Peyrepertuse souhaité par la municipalité de Duilhac-sous-Peyrepertuse, une campagne de fouilles a été autorisée dans la partie basse du site castral. L’opération, qui s’est déroulée sur une période de 12 jours (du 17 au 28 mars 2014), s’est portée dans l’angle nord-ouest de l’enceinte basse. Cette intervention a eu d’une part pour objectif de retirer les remblais récents et les pierres de taille gênantes pour la circulation des visiteurs. Une soixante de pierres de taille situées dans la chicane d’entrée ont été répertoriés et étudiées à cette occasion. L’opération a d’autre part offert l’opportunité d’étudier les niveaux archéologiques et les éléments maçonnés sous-jacents conservés dans 2 espaces distincts : la chicane d’accès de l’enceinte basse (secteur 1) et le bâtiment quadrangulaire appuyé contre la courtine nord (secteur 2). Les conclusions réalisées viennent en complément des observations effectuées lors des précédentes interventions menées par M. Lucien Bayrou et M. David Maso.
La fouille menée au niveau de la chicane d’accès, devant la porte ouverte dans la courtine ouest, a permis de repérer une stratigraphie dont la chronologie s’étale entre le XIIIe siècle et le XVIIe siècle. Plusieurs niveaux de circulation ont été identifiés sous des remblais riches en mobilier datés du XVIIe siècle qui témoignent d’un abandon de l’espace à cette période. Le niveau de circulation le plus ancien, conservé dans les dépressions du rocher, paraît contemporain de la mise en place de la courtine ouest (XIIIe siècle). Un mur de soutènement découvert durant l’intervention, dont la mise en œuvre rappelle celle de la courtine, est rattaché au bas Moyen Âge. Son installation précède l’apport de remblais destiné à niveler l’espace aux XIVe-XVe siècles. Les murs nord et sud de l’emprise, qui reposent contre la courtine de l’enceinte basse, sont bâtis tardivement d’après les relations stratigraphiques observées. Leur construction dans le courant du XVe ou XVIe siècle peut être envisagée.
Les vestiges de l’escalier menant au chemin de ronde de la courtine nord ont également été dégagés durant l’opération. Malgré la détérioration de ce bâti, sa disposition originelle a pu être déterminée. Il s’agissait d’un escalier à quart tournant, le retour parallèle à la courtine reposant au-dessus d’un arc dont le sommier – visible dans le parement oriental du massif maçonné – est conservé. La réalisation d’un sondage à cet emplacement a révélé l’existence d’un remblai du bas Moyen Âge qui repose au-dessus d’une couche de mortier interprétée comme l’aménagement d’un sol. Ces deux niveaux sont postérieurs à la construction de l’escalier et de la courtine nord.
Trois autres sondages ont été réalisés dans l’espace intérieur du bâtiment quadrangulaire, au niveau des archères ouvertes dans la courtine nord. Les observations stratigraphiques réalisées attestent l’existence de deux phases d’occupation postérieures à la mise en place de la courtine de l’enceinte basse. La première phase d’occupation de l’espace sondé est marquée par l’existence d’un sol en mortier de chaux en relation avec le fonctionnement des archères. Son installation a nécessité l’apport préalable d’un remblai sablo-argileux. Les éléments chronologiques recueillis placent cette phase dans le bas Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècles).
Un second niveau de sol en mortier de chaux, qui repose sur un remblai argilo-sableux, a été mis en évidence dans deux sondages. Un mur orienté nord-sud, bâti après l’installation de ce niveau de sol de mortier, témoigne d’un réaménagement de l’espace voyant la construction du bâtiment quadrangulaire. Un niveau d’occupation légèrement charbonneux et chargé en mobilier, repéré dans les trois sondages réalisés, marque l’abandon de l’espace intérieur dans le courant du XVIe siècle.
Aucune couche antérieure au XIIIe siècle n’a été mise en évidence dans les sondages réalisés. Toutefois, le rocher n’a pas été rencontré ce qui laisse envisager la conservation de niveaux antérieurs à cette période. Les rapports stratigraphiques indiquent l’implantation tardive du bâtiment quadrangulaire. Le mobilier recueilli ne permet pas de préciser sa fonction ; la présence de déchets métallurgiques dans le niveau d’abandon suggère toutefois l’existence d’une forge au centre de cet espace.
La fouille réalisée confirme la chronologie fournie par les données historiques ; la construction du donjon Sant-Jordi résulte d’un vaste chantier royal intervenu durant le milieu du XIIIe siècle. A cette période, l’aménagement de la salle nord-ouest a nécessité l’apport d’épais remblais stériles constitués d’éclats calcaires sur lequel a été installé un niveau d’aménagement argileux. Le cailloutis observé dans la salle ainsi que dans le secteur de la carrière est lié à l’exploitation du rocher calcaire dans la partie méridionale du donjon. Cette activité est confirmée par la découverte d’un coin métallique dans l’un de ces niveaux d’éclats calcaires. Les données stratigraphiques recueillies dans le secteur de la carrière révèlent une exploitation du substrat rocheux au milieu du XIIIe siècle, mais également à la fin du XIIIe siècle et/ou au cours du XIVe siècle. Si l’extraction des moellons calcaires bien équarris du milieu du XIIIe siècle a nécessité une technique rigoureuse engendrant un front de taille lisse, l’extraction de blocs grossiers à une période postérieure a laissé un rocher étagé et entaillé de manière plus irrégulière.
Plusieurs niveaux d’occupation ont été repérés dans la salle. Un niveau de circulation caractérisé par la présence de mobilier archéologique et de tuiles canal fragmentées, ainsi que des niveaux cendreux engendrés par les activités domestiques (mise en place de foyers, utilisation d’une cheminée) ont été rencontrés. La dernière période d‘occupation de la salle était marquée par l’existence d’un niveau dépotoir de la seconde moitié du XIVe siècle contenant un mobilier riche et diversifié (faune, céramiques, fers de trait, paillettes...). Les niveaux repérés dans cet espace indiquent une occupation des lieux entre 1250 et 1400 environ. Cette chronologie correspond parfaitement aux observations réalisées en 2000 par M. David Maso lors de la fouille de la salle voisine dite à la tour médiane où des niveaux dépotoirs avaient également été repérés. L’étude de vestiges bâtis démontre également l’existence d’une ou plusieurs phases de réaménagement placées à la fin du XIIIe siècle ou dans le courant du XIVe siècle. Un massif de maçonnerie est ainsi bâti dans l’angle occidental de la salle, au-dessus des niveaux de foyers. Un mur de refend est également élevé alors que les murs préexistants connaissent des reconstructions partielles. Ces reprises se distinguent nettement des élévations du milieu du XIIIe siècle en raison de leur mise en œuvre moins soignées et de l’utilisation de blocs calcaires grossièrement équarris. Dans le secteur de la carrière, un collecteur des eaux de ruissellement et des eaux de pluie est bâti à l’extérieur de la salle centrale. Ce dispositif complexe alimentait la citerne bâtie dans cette pièce. Deux murs de soutènement, bâtis à l’aide de pierres liées à la terre, sont ensuite élevés à l’est du collecteur. Leur installation peut également être située dans le courant du XIVe siècle. La réactivation de la carrière paraît directement liée aux réaménagements de cette période visibles dans le donjon Sant-Jordi.
L’occupation de l’enceinte haute du château de Peyrepertuse débute donc au milieu du XIIIe siècle par un chantier de construction d’envergure, le site castral jouant le rôle de poste avancé du royaume capétien jusqu’en 1258. Les garnisons royales s’y succèdent probablement tout au long de la seconde moitié du XIIIe siècle et durant le XIVe siècle, avec des périodes d’occupation moins denses voire d’abandon. Le donjon connaît des phases de réaménagement durant cette période avec la construction de nouvelles élévations et de structures annexes (bassin, possible four), et la restauration des parties bâties existantes. La carrière est de nouveau exploitée afin d’apporter la pierre nécessaire à la réalisation de ces programmes architecturaux. Les niveaux de la fin du XIVe siècle, caractérisés par la formation de dépotoirs, constituent les dernières traces d’occupation intense dans le donjon Sant-Jordi. Le donjon ne connaît plus alors que des installations sporadiques entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle au profit des parties basses du château. Délaissé par les garnisons puis vendu en 1820, le château sera finalement occupé épisodiquement durant le XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle par les villageois alentours qui y réalisent quelques aménagements sommaires, construisant notamment un habitat précaire contre le parement méridional de la salle nord-ouest et un four au-dessus du massif de maçonnerie du XIVe siècle.
La fouille du site de Taxo-l’Orangeraie (commune d’Argelès-sur-Mer) s’est déroulée entre le 26 décembre 2012 et le 26 avril 2013.
Historique de Taxo-d’Avall et objectifs de la fouille :
Taxo-d’Avall est mentionné comme villare dans les sources écrites dès 855, puis comme villa en 981. Ces mentions laissent supposer l’existence d’un ou plusieurs habitats autour de l’église dédiée à saint Martin. L’actuel édifice roman est situé au centre de l’actuel hameau fortifié de Taxo-d’Avall qui devient le siège d’une vicomté éponyme au tournant du XIe siècle. Le premier membre attesté de la lignée vicomtale est Guillaume Adalbert (1013-1052) auquel succède son fils Udalagar. Le titre vicomtal est porté par les seigneurs de Taxo jusqu’au début du XIIIe siècle, bien que sa perte paraisse effective dès la seconde moitié du XIIe siècle. Après être passé entre les mains des familles de Puig puis d’Oms, le territoire entre dans les domaines royaux au début du XVIIIe siècle.
La fouille de Taxo-l’Orangeraie devait apporter de nouvelles données pouvant être associées aux informations acquises lors de l’opération menée en 2011-2012 sur le site de Taxo – Les Gavarettes sous la direction de Carole Puig (ACTER). Les deux sites sont en effet mitoyens, ceux-ci étant uniquement séparés par une route communale menant au hameau de Taxo-d’Avall. Des structures de l’époque chasséenne, du chalcolithique, de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer, une petite nécropole de l’Antiquité tardive, mais surtout une vaste aire d’ensilage de plus de 2000 structures du haut Moyen Âge et du Moyen Âge central avaient été mises au jour durant cette opération.
En raison des données historiques et archéologiques disponibles, de nombreux objectifs ont été édictés dans le cahier de charges de la fouille de l’Orangeraie afin de mieux cerner l’occupation aux abords du village de Taxo-d’Avall et d’appréhender son développement. Une cohérence scientifique avec le chantier de Taxo-les Gavarettes a pu être assurée grâce à la participation des mêmes intervenants. Les études spécialisées réalisées (céramologie, géomorphologie, carpologie, anthracologie et analyses des éléments de construction en terre), inclues au rapport final d’opération, sont venues apporter des éléments essentiels à la compréhension du site. Durant l’opération, la découverte d’un cimetière paroissial non détecté lors du diagnostic sur l’emprise du projet d’aménagement a amené la rédaction d’un relevé de décision, daté de 26 février 2013 et signé par le Conservateur régional de l’Archéologie, qui est venu fixer de nouveaux objectifs liés à cet espace. Une étude anthropologique a par conséquent été effectuée, l’examen des sépultures mises au jour ayant été réalisés par deux anthropologues présents durant l’opération. Les structures fouillées ont généralement livré des éléments de faune en faible densité, les lots les plus importants provenant des niveaux supérieurs interprétés comme des niveaux de terre à jardin des périodes modernes et contemporaines. En raison de ces observations et de l’intérêt porté à l’étude des ossements humains découverts, l’étude archéozoologique n’a été réalisée pour le présent rapport.
Résultats obtenus :
Plus de 500 faits archéologiques, qui renvoient à des fonctions et à des chronologies distinctes, ont été détectés sur le site de l’Orangeraie. Ils sont fréquemment recouverts par des apports alluviaux et perturbés par des creusements naturels. Les différentes séquences d’incision et d’alluvionnement observées révèlent une dynamique complexe placée entre la fin de l’Antiquité et le Moyen-Âge central.
Une occupation protohistorique modeste
Les structures les plus anciennes – limitées à deux fosses – sont datées de la période protohistorique. L’une d’elle a livré du mobilier céramique caractéristique qui la rattache au Bronze final III B. Cette fosse paraît isolée, mais sa présence doit être reliée aux découvertes antérieures effectuées autour du site et sur le territoire communal. Si aucune occupation antique n’est attestée sur le site, du mobilier résiduel – parfois réutilisé – a été rencontré dans les niveaux postérieurs (amphore, fusaïole en sigillée, peson taillé dans une tegula…).
Des témoins d’une installation à la période wisigothique
L’étude des vestiges repérés a permis de mettre en évidence l’existence de deux occupations médiévales distinctes. La première est caractérisée par la présence d’au moins une aire d’ensilage, d’une fosse de travail et d’une structure de combustion. Deux datations radiocarbones réalisées sur les niveaux d’utilisation repérés datent ces vestiges de la seconde moitié du VIe siècle ou de la première moitié du VIIe siècle. Leur présence suggère l’existence d’une ou deux unités domestiques de la période wisigothique dans la partie nord-ouest du site. D’autres faits repérés dans la partie nord-est pourraient également être liés à cette occupation, notamment trois puits de grandes dimensions dont la chronologie n’est pas assurée.
Une occupation bien établie entre le IXe et le XIIe siècle
Les structures médiévales identifiées sont ensuite rattachées aux IXe-XIe siècles, voire au XIIe siècle. Les vestiges liés à cette occupation sont diversifiés : fossés, silos, solins, trous de poteau, structure de combustion, fosse dépotoir et puits/puisards ont ainsi été mis en évidence. Les fossés orientés nord/sud témoignent d’une volonté de drainer les eaux avant l’installation de 11 solins faits de galets. Ces derniers correspondent vraisemblablement à 5 unités distinctes réparties dans la partie nord du site. Les solins de galets du site de l’Orangeraie sont liés à une occupation du IXe siècle, voire du début du Xe siècle d’après les résultats de deux datations radiocarbones et de l’étude céramologique. La découverte de plus d’une centaine de fragments de torchis dans les structures rattachées à cette chronologie permet de restituer en partie l’élévation de ces aménagements. L’hypothèse d’une élévation en terre et pans de bois, reposant sur une sablière basse, peut être envisagée alors que la présence d’un niveau de démolition chargé en tuiles canal suggère leur emploi pour la couverture d’au moins un des bâtiments reconnus. Les silos, repérés en nombre autour de vestiges bâtis, ne sont pas tous directement associés à ces solins. Les données stratigraphiques attestent en effet plusieurs phases d’installation, certains silos ayant d’ailleurs été repérés sous les aménagements bâtis.
La découverte d’une fosse-dépotoir chargée en déchets métallurgiques (scories, culots, battitures et parois scorifiées) témoigne de l’existence d’une forge d’élaboration sur le site dans le courant du Xe siècle ou au début du XIe siècle. Les installations liées à cette forge n’ont laissé que des témoins diffus difficilement exploitables. Les déchets recueillis révèlent toutefois une activité de post-réduction qui soulève de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne l’activité exercée (production, réparation d’objets…). L’occupation du site est ensuite marquée par la présence des structures diverses (silos, puits…), en particulier une fosse atypique de plan quadrangulaire aux angles arrondis dotée d’un canal et d’un dispositif d’évacuation bâti en galets. La fonction de cette structure n’est pas assurée (bassin lié à une activité artisanale ou partie excavé d’un bâtiment), mais sa présence témoigne d’une continuité d’occupation jusqu’au XIe ou XIIe siècle. Passée cette période, le site de l’Orangeraie est mis en culture, ce qui pourrait indiquer un transfert des habitats à l’intérieur du village fortifié. Des apports alluviaux, datés du XIIe siècle et/ou de la première moitié du XIIIe siècle, marquent cette transition.
Une transformation du site et l’implantation d’un cimetière paroissial à la fin du Moyen Âge
Dans la partie nord du site, un enclos quadrangulaire délimité par 4 murs de 0,50 m de large, au centre duquel a été repéré un bassin bâti en briques et en galets, pourrait correspondre à un jardin d’agrément du XIVe siècle. Le fossé défensif du village de Taxo-d’Avall, de 14,70 m de large et de plus de 1,75 m de profondeur, commence à être comblé à cette période d’après les observations stratigraphiques réalisées dans un sondage profond implanté au pied du rempart.
La fouille a également permis de mettre au jour un cimetière paroissial du bas Moyen Âge en dehors des remparts dans la partie sud-est du site. Si 197 sépultures ont été repérées durant l’opération, le nombre d’individus inhumés dans cette aire funéraire est estimé à près d’un millier. Des éléments maçonnés, identifiés comme des signalisations de surface, ont été observés à l’intérieur de l’espace sépulcral délimité au XIVe siècle par la construction d’un mur de clôture doté d’un porche. L’étude anthropologique réalisée fournit des informations primordiales sur les rites d’inhumation et sur la population enterrée dans ce cimetière. Les 5 datations radiocarbones effectuées sur des sujets fouillés datent ces inhumations entre la fin du XIIIe siècle et le début du XVe siècle. Abandonné dans le courant du XVe ou XVIe siècle, l’espace sépulcral sera ensuite mis en culture durant la période moderne.
Dans le cadre de l’aménagement du château de Termes souhaité par la municipalité du lieu, une campagne de travaux a été autorisée afin de faciliter la circulation des visiteurs dans deux espaces distincts. L’opération s’est déroulée en 2012 durant une période de quatre semaines (du 9 juillet au 3 août). Elle avait pour double objectif de réaliser le dégagement des déblais visibles sur la terrasse sommitale et de fouiller une salle située au nord-est du noyau castral. Cette intervention se plaçait dans la continuité des opérations archéologiques réalisées sur le site depuis le début des années 90 et des travaux d’aménagement effectués par la société ACTER depuis 2005.
Dans la partie septentrionale de la plate-forme sommitale, le retrait des remblais modernes entamé en 2009 a permis de suivre un niveau de circulation attribué au bas Moyen Âge. Plusieurs assises des murs appartenant à l’enceinte intérieure (XIe-XIIe siècles) et à une citerne postérieure ont également été dégagées. Au sud de cet espace, l’évacuation des déblais n’a pas permis de retrouver de vestiges bâtis en place. Plusieurs éléments du donjon – détruit à la poudre au milieu du XVIIe siècle – ont toutefois été repérés dans le niveau de démolition, notamment des fragments de voûte ainsi que des maçonneries pouvant être attribuées au mur occidental du donjon. Le parement extérieur du mur oriental de la chapelle, édifiée dans la seconde moitié du XIIIe siècle, a été dégagé en partie à cette occasion.
L’intervention s’est également portée sur une salle de plan quadrangulaire dont la construction est intervenue au cours du XIIIe siècle. Elle intègre un vaste programme architectural postérieur à la prise de possession du château par le roi de France qui modifia profondément le plan et la physionomie du site. Le profil de cette salle à deux niveaux est adapté au profil du substrat rocheux ; cette situation explique l’absence de rez-de-chaussée dans sa partie occidentale. Plusieurs portes ouvertes dans les murs nord et sud facilitaient l’accès à l’espace intérieur de la salle. La communication entre les deux niveaux était assurée par un dispositif en bois – révélé par des percements pratiqués dans les murs du rez-de-chaussée – et par un massif maçonné. Le rez-de-chaussée était pourvu d’un arc central dont les départs sont encore conservés alors que les parties effondrées, notamment les claveaux en tuf, ont été retrouvées dans un niveau de destruction du XVIIe siècle. Cet arc et la rangée de corbeaux visibles sur les murs gouttereaux supportaient le plancher du premier étage. Un niveau de circulation moderne est apparu à hauteur du seuil de la porte d’entrée après le dégagement des niveaux de destruction des murs et d’effondrement de la toiture. Il reposait sur des couches médiévales contemporaines de la mise en place de la salle (niveau de mortier et remblais).
L’étude du bâti réalisée dans cet espace a révélé différentes phases architecturales. Si les murs nord, sud et est de la salle sont rattachés au XIIIe siècle, le mur ouest a été élevé au cours du bas Moyen Âge. Des structures bâties, antérieures au mur nord, ont également été découvertes dans la partie occidentale de la salle. Cette étude révèle surtout la présence des deux murs chaînés qui, par comparaison avec le bâti présent sur le site, peuvent être datés de la seconde moitié du Xe siècle ou du début du XIe siècle. Ces deux murs pourraient ainsi appartenir à une construction contemporaine de la première occupation du site castral de Termes
Les parcelles sondées, localisées à une centaine de mètres à l’ouest de l’ensemble abbatial, se situent également à proximité de l’habitat rural du Mas Frère daté du Haut-Empire. Les 14 tranchées ouvertes en zone basse correspondant à un talweg n’ont pas révélées de structures antérieures au XVème siècle. Cette zone très humide en cas d’averses abondantes est aujourd’hui traversée par un canal contemporain maçonné amenant les eaux vers le Tech. Les sondages réalisés dans ce secteur ont permis de retrouver l’ancien cours d’eau figurant sur le cadastre napoléonien de 1811, ainsi qu’un second paléochenal plus ancien comblé à l’aide de colluvions contenant du mobilier antique (Ier et IIème siècles après J.C.). La présence dans les comblements inférieurs de terres cuites architecturales (tegulae et imbrices) et de mobilier céramique, provenant probablement de l’habitat du Haut-Empire localisé à l’est du talweg, s’explique par le déversement des terres du versant.
Les 5 tranchées ouvertes sur la partie haute du site ont révélé plusieurs vestiges architecturaux et des structures en creux, notamment des fosses à dolia dont l’une d’elle a livré un exemplaire fragmenté en place. Elles démontrent que le domaine antique du Mas Frère s’étendait jusqu’en bordure du versant dominant le talweg. Parmi les structures retrouvées, il faut noter la présence de fondations bâties en galets noyés dans un mortier de chaux blanc conservant parfois une partie de l’élévation. Cette dernière, bâtie selon la même méthode que la fondation, se distingue par la présence de fragments de terres cuites architecturales. Un sol en terre battue a également été découvert, associé à l’une de ces fondations. Les remblais de la partie basse du versant ont livré des surcuits de tegulae, ainsi qu’un fragment de paroi de four, confirmant l’idée d’une production de terres cuites architecturales sur le site. Le mobilier archéologique retrouvé au cours de l’opération témoigne de la richesse de cet établissement (tesselles blanches et grises, plaques de marbre blanc, carreau de pavement en schiste, enduits rouges et rosés, céramiques, amphores, verre…). L’analyse du mobilier céramique recueilli atteste une occupation du site entre le début du Ier siècle avant J.C. et la fin du IIème siècle après J.C.
L'étude des résidences aristocratiques dans l'ancien comté d'Astarac résulte de travaux réalisés entre 2003 et 2011. Elle s'inscrit dans l'enquête sur les forteresses médiévales de Midi-Pyrénées qui a débuté en 1994 et qui vise à procéder à l'évaluation du patrimoine régional. L'objectif principal a été d'inventorier les différentes formes de fortification liées à la résidence seigneuriale. Le corpus final, composé d'ouvrages de terre fortifiés (mottes, plates-formes et enclos fossoyés), de tours, salles et tours-salles, constitue la base de notre réflexion. Il ressort de cette enquête que le Gers méridional a connu l'implantation d'un grand nombre de fortifications seigneuriales et de résidences aristocratiques médiévales entre le Xe siècle et le XVIe siècle. Près de 320 sites, dispersés sur 10 cantons ont ainsi été répertoriés. Cette étude a été enrichie par le dépouillement des sources écrites disponibles. Un travail historique sur le comté d'Astarac et les seigneurs de cette zone, constituant l'aristocratie locale généralement peu évoquée dans les études analogues, a également été entrepris afin de mieux cerner le statut des propriétaires des habitats fortifiés repérés. Les informations recueillies sur le terrain et dans les sources consultées ont ainsi permis de réaliser un travail de réflexion sur le peuplement et l'organisation du territoire comtal astaracais.
L'étude des résidences aristocratiques dans l'ancien comté d'Astarac résulte de travaux réalisés entre 2003 et 2011. Elle s'inscrit dans l'enquête sur les forteresses médiévales de Midi-Pyrénées qui a débuté en 1994 et qui vise à procéder à l'évaluation du patrimoine régional. L'objectif principal a été d'inventorier les différentes formes de fortification liées à la résidence seigneuriale. Le corpus final, composé d'ouvrages de terre fortifiés (mottes, plates-formes et enclos fossoyés), de tours, salles et tours-salles, constitue la base de notre réflexion. Il ressort de cette enquête que le Gers méridional a connu l'implantation d'un grand nombre de fortifications seigneuriales et de résidences aristocratiques médiévales entre le Xe siècle et le XVIe siècle. Près de 320 sites, dispersés sur 10 cantons ont ainsi été répertoriés. Cette étude a été enrichie par le dépouillement des sources écrites disponibles. Un travail historique sur le comté d'Astarac et les seigneurs de cette zone, constituant l'aristocratie locale généralement peu évoquée dans les études analogues, a également été entrepris afin de mieux cerner le statut des propriétaires des habitats fortifiés repérés. Les informations recueillies sur le terrain et dans les sources consultées ont ainsi permis de réaliser un travail de réflexion sur le peuplement et l'organisation du territoire comtal astaracais.
The study of the ancient county of Astarac results from archeological and historic works done within a thesis named “Fortifications seigneuriales et résidences aristocratiques gasconnes dans l’ancien comté d’Astarac entre le Xe et le XVIe siècle” realized between 2007 and 2012. The examination of available written documents has allowed specifying the genealogy and the policy of the Astarac’s family from the Xth century to the XVIth century. It appears that many foreign influences have conditioned the government of this county during this period.
L'intervention menée dans le village de Sainte-Christie-d'Armagnac (Gers) s'est déroulée entre le 11 et 15 juin 2018 dans le cadre du Programme Collectif de Recherche "Sainte-Christie-d'Armagnac" coordonné par Alain Champagne (Université de Pau et des Pays de l'Adour). Les résultats obtenus lors du sondage intègrent les problématiques entourant l'installation et le développement du village de Sainte-Christie-d'Armagnac. Le site, complexe, comporte notamment une motte avec basse-cour et une plate-forme appelée "le Castet" où sont conservés les vestiges d'un rempart en terre massive et un bâtiment à pans de bois daté de la fin du XVe siècle.
Les premières mentions connues de la famille de Sainte-Christie, tirées du cartulaire de Saint-Mont, sont datées du XIe siècle. Certains membres de cette famille sont également signalés au XIIIe siècle dans les cartulaires noir et blanc de Sainte-Marie-d'Auch. La seigneurie relève toutefois directement du comte d'Armagnac à la fin du XIIIe siècle, Bernard VI l'apportant en dot à sa sœur Mathe en 1291. Le castet de Sainte-Christie-d'Armagnac est cité à cette occasion. Il faut par contre attendre l'année 1500 pour voir apparaître une mention de la motte. La seigneurie restera entre les mains de la famille d'Armagnac jusqu'au XVIe siècle.
Le sondage a été implanté à l'est de la motte, à l'emplacement supposé d'un fossé comblé révélé par une prospection géophysique menée en 2017 par Adrien Camus (ULR Valor - Université de la Rochelle). La tranchée mécanique réalisée, longue de 19 m, a permis l'étude d'un fossé de 10,25 m de large conservé sur 3,20 m de profondeur. La structure fossoyée, au profil en V, cernait la motte à sa base. De plan circulaire (diamètre : 47,50 m), le tertre est conservé sur 10,45 m de haut. Sa plate-forme sommitale, qui mesure 474 m², est actuellement dépourvue de toute construction.
L'étude de la dynamique de comblement du fossé a révélé une séquence stratigraphique qui s'étale entre le Moyen Âge central (XIe-XIIe siècles) et la période moderne (XVIIe siècle). Les premiers comblements (phase I) résultent de l'érosion des parois, phénomène qui s'explique par la nature de l'encaissant (sables fauves de l'Armagnac). Il convient de noter l'absence de strates engendrées par une mise en eau du fossé ; le dispositif fossoyé est resté sec en raison de l'encaissant sableux. Le comblement de la structure s'est poursuivi au cours du bas Moyen Âge et de la période moderne avec l'apport de niveaux limono-sableux anthropisés (phase II). Leur installation est intervenue après une phase de curage. Le mobilier céramique issu de ces niveaux est essentiellement daté entre le XIVe et le début du XVIe siècle, le comblement du fossé s'achevant au cours du XVIIe siècle. Un trou de poteau de 0,44 m de diamètre, placé au niveau de la contrescarpe, est installé entre ces deux grandes phases de comblement. Cette structure pourrait marquer l'emplacement d'un dispositif de franchissement du fossé en raison de ses dimensions et de son positionnement. Cette interprétation demeure toutefois hypothétique, aucun autre fait de ce type n'ayant été repéré à l'emplacement du sondage.
Il convient enfin de mentionner la découverte d'une fosse de plan circulaire (diamètre : 0,75 m) à l'extrémité orientale du sondage. Cette structure, conservée sur 0,60 m de profondeur, présente une profil piriforme caractéristique des silos. L'étude de son comblement a permis de distinguer des niveaux sableux résultant d'effondrements de parois, lesquels alternent avec des apports limono-sableux bruns. Le mobilier retrouvé lors de la fouille de cette structure situe son abandon durant le XVIe ou XVIIe siècle.
Le ferrier s’étend sur le versant nord du plateau, à une vingtaine de mètres du bâtiment d’une plate-forme en grande partie naturelle où se trouvait probablement l’atelier sidérurgique. La stratigraphie du sondage ouvert dans la partie amont de l’amas de scories, sur la bordure nord de la plate-forme, le mobilier céramique recueilli en stratigraphie et deux datations 14C permettent d’identifier sur ce site une seule grande phase d’activité, inscrite entre le milieu du VIIe siècle et la fin du IXe siècle. Au sein de cette grande fourchette chronologique, il semble que l’atelier ait été actif durant un temps relativement court, compte tenu de la stratigraphie du site et de l’absence de hiatus dans la formation de niveaux clairement liés à l’activité métallurgique. Pour autant, deux phases ont été distinguées. La phase la plus ancienne englobe un ensemble de niveaux de travail et de rejets peu abondants produits surtout dans le cadre d’activité d’enrichissement du minerai de fer et de post-réduction. Ces niveaux paraissent témoigner de la présence d’aires de travail dans cette partie de l’atelier, installées peut-être sur une terrasse ou plate-forme dite inférieure, au moins partiellement aménagée par remblaiement. Lors d’une seconde phase, le secteur sondé est entièrement recouvert par des déchets de réduction, rejetés de manière abondante et rapide. Cette évolution suppose une transformation relativement importante de la structuration interne du site. D’un point de vue technologique, l’ensemble des étapes du traitement du minerai de fer, de la minéralurgie à la post-réduction, ont été identifiées sur l’atelier. Compte tenu du caractère limité des observations réalisées et de l’absence de structures de travail dans l’emprise de sondage, il est difficile de préciser, dans le détail, la nature des opérations réalisées et la morphologie des bas-fourneaux.
Bien qu’exigu, ce sondage n’en demeure pas moins important, dans la mesure où il apporte la première preuve d’une production de fer au haut Moyen Âge dans les Corbières et plus largement dans l’Aude. Cette intervention nous incite à réexaminer la carte de distribution des sites de traitement des minerais reconnus dans les Corbières actuellement, notamment dans la zone minière du plateau de Lacamp et sur sa périphérie, dont beaucoup parmi la cinquantaine de sites identifiés demeurent non datés. Il y a fort à parier qu’il existe un décalage relativement grand entre la réalité historique et la chronologie de l’activité telle qu’elle a pu être élaborée jusque-là à partir des données issues de prospections pédestres et de sept sondages.
L'intervention a également permis la réalisation de l'étude d'un bâtiment de plan quadrangulaire (11,25 m x 7,60 m) et aux murs de 1,03-1,24 m d'épaisseur. Ces derniers sont constitués de blocs de tuf, de calcaire éocien, de grès et de conglomérat qui, pour la plupart, sont à peine retouchés sur leur face extérieure. Un soin particulier a toutefois été apporté aux chaînages d'angle ainsi qu'aux ouvertures originelles qui sont constitués de moellons de tuf équarris de grandes dimensions. Seul le rez-de-chaussée est actuellement conservé, mais au moins un étage existait avant sa destruction en 2000. Le dégagement des murs extérieurs et des arases a révélé la présence de 10 ouvertures, parmi lesquelles 10 archères droites à fente étroite et à simple ébrasement régulièrement réparties (3 à l'est et à l'ouest, 2 au nord et au sud). Le premier niveau était accessible à partir d'une porte aménagée sur la façade occidentale naturellement protégée par des pentes naturelles. Plusieurs reprises et aménagements postérieurs (jour à l'est ; portes au nord, au sud et à l'ouest) ont été repérés. Un massif quadrangulaire, vestige probable d'une cheminée, a également été dégagé contre le parement extérieur du mur nord. Ce massif est caractérisé par l'emploi de fragments de tuile canal, élément absent du bâti originel.
La première mention connue du lieu de Fourques remonte à l'année 1128, date à laquelle il appartient en alleu à l'abbaye de Lagrasse. Un acte du cartulaire de l'abbaye daté de 1208 mentionne ensuite la forcia de Fourques, alors que la bastida de Furci est citée en 1271. Les propriétaires d'origine de ce bâtiment (salle, grange?) restent à déterminer. L'historique de Fourques témoigne en effet du rôle de l'abbaye de Lagrasse, mais également des familles seigneuriales locales (Termes puis Narbonne) ainsi que du pouvoir royal. Les données recueillies durant l'intervention et les comparaisons effectuées avec d'autres bâtiments (castrum de Villar-de-Fargues à Narbonne par exemple) placent la construction de la bâtisse étudiée entre le milieu du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe siècle alors que son abandon est intervenu dans le courant du XXe siècle.
La fouille du site de Madame - Saint-Gilles le Vieux 6 (commune d'Aimargues) s'est déroulée entre le 16 février et le 24 avril 2015. Elle a permis l'étude des vestiges se trouvant aux marges sud-ouest du site médiéval de Saint-Gilles de Missignac identifié comme une villa carolingienne. Les données recueillies lors de cette fouille préventive complètent les informations acquises lors des interventions antérieures. Ces dernières avaient notamment révélé la présence de structures parcellaires des Ier-IIe s. de n. è. dans la partie nord-ouest du site. Une vaste aire d'ensilage des VIIe-XIIe s. avait également été mise en évidence au nord de l'emprise. Cet espace dévolu au stockage était relié à un village contemporain (habitats, aménagements agricoles, artisanat, église et cimetière) situé plus à l'est et fouillé sous la direction d'Odile Maufras (INRAP) en 2012-2013.
Occupations attestées sur le site
331 faits archéologiques (silos, espaces excavés, fosses, trous de poteau/piquet, soubassements en pierre, structures de combustion et puits) ont été détectés lors de l'opération Saint Gilles le Vieux-6. Les données recueillies au cours de l'opération Saint Gilles le Vieux-6 laissent entrevoir une occupation du site durant le second âge du Fer marquée par l'existence d'un fossé de 0,34 m de large à l'ouverture conservé sur 0,11 m de profondeur, et d'une fosse de plan ovale de 1,08 m sur 0,83 m (profondeur : 0,17 m) repérés dans la partie ouest de l'emprise. Ces deux faits sont associés à l'existence d'un paléosol mal conservé.
L'étude des autres structures repérées permet de cerner l'occupation de la partie sud-ouest du site de Saint-Gilles le Vieux et de préciser son développement. Une mise en culture du terrain est révélée par un réseau fossoyé dense comblé à la fin de l'Antiquité. Les recoupements et les orientations de ces fossés permettent d'établir l'existence de plusieurs phases, ces structures étant majoritairement comblées dans le courant du Ve s. Des fosses de plantation sont associées à certaines structures fossoyées, des creusements subcirculaires étant alignés en bordure de fossés parcellaires. Leur présence témoigne du maintien de la limite parcellaire malgré le comblement de ces fossés. Une occupation domestique est ensuite attestée aux Ve-VIIe s. Un foyer ainsi qu'une cinquantaine de fosses, interprétées majoritairement comme des silos, sont rattachés à cette fourchette chronologique. Une dizaine de structures de plan circulaire ou oblong, dont les comblements ont livré du mobilier des Ve-VIe siècles, ont également été mises en évidence. Elles pourraient correspondre à des vides sanitaires et à des lieux de stockage (cave/celliers) du fait de leurs caractéristiques morphologiques. L'une des structures fouillées, comblée dans le courant du VIe s., mesurait ainsi près de 4 m de diamètre et était conservée sur 1,37 m de profondeur. Cette occupation se poursuit avec la construction d'un bâtiment de plan quadrangulaire de plus 9 m de long séparé en deux espaces par un mur de refend. Les soubassements en pierre de ce bâtiment, associés à un niveau d'occupation (2° tiers VIe-milieu VIIe s.), étaient conservés du fait d'un tassement des terres, ceux-ci étant installés sur les comblements de fossés antérieurs.
Les structures en creux repérées dans la partie est du site sont majoritairement rattachées à la fourchette chronologique comprise entre le VIIIe s. et la première moitié du XIIe s. Elles correspondent à une soixantaine de structures de stockage et à des fossés qui marquent la limite sud-ouest de la vaste aire d'ensilage étudiée au nord de l'emprise en 1995 puis en 2012-2013. Il convient de signaler la découverte d'un silo hermétiquement clos du fait de la préservation du système de couverture constitué d'une dalle calcaire et de pierres de calage. Les vestiges très arasés d'un four domestique doté d'une fosse cendrier, en activité entre le dernier quart du VIIe s. et le dernier quart du VIIIe s., ont également été identifiés en périphérie de l'aire d'ensilage. Un bâtiment, marqué par la présence de soubassements en pierre et d'un sol excavé, s'installe entre le premier quart du XIe siècle et le milieu du XIIe siècle au sein de cet espace destiné au stockage. Cet habitat ou cette petite unité d'exploitation constitue le vestige médiéval le plus récent détecté sur l'emprise de fouille. Sa destruction marque l'abandon de l'occupation du site de Saint-Gilles le Vieux 6.
La fouille archéologique réalisée par la SARL ACTER dans la commune de Chalamont (Ain), à l’intersection de la Rue de l’Eglise et de la Grande Rue, s’est déroulée entre le 22 avril et le 30 mai 2014. Elle a été conduite après le dépôt par DYNACITÉ d’un projet de construction de commerces, de logements et de réhabilitation d’un bâtiment en logement, et suite au résultat positif du diagnostic mené en novembre-décembre 2011 (étude du bâti) et en octobre 2012 (sondages) par l’Institut national de recherches archéologiques préventives. La fouille réalisée devait permettre d’éclairer l’occupation du sol à l’emplacement de l’actuel village de Chalamont, aucune intervention archéologique n’ayant été menée précédemment sur le territoire communal. L’histoire de Chalamont restait donc largement méconnue malgré l’existence de données textuelles. Cette opération, réalisée sur une superficie de 1300 m², a permis de mettre en évidence une occupation continue depuis le Moyen Âge central jusqu’à nos jours.
Résultats obtenus :
Les vestiges attribués au Moyen Âge central (Xe-milieu XIIIe siècles) indiquent l’installation d’un ou plusieurs habitats dans la partie occidentale du site. Les niveaux d’occupation sont caractérisés par la présence de couches charbonneuses et cendreuses, de foyers et de recharges de sol jaunes à rouges. De nombreux trous de poteaux et de piquets repérés dans ces niveaux ainsi que la découverte de fragments de torchis témoignent de l’utilisation d’une architecture à pans de bois à cette période. Les données stratigraphiques et les informations chronologiques fournies par l’étude céramologique permettent d’associer des structures en creux (fosses, fossés) à cette occupation. Du fait de leur profil caractéristique, certaines fosses ont pu être identifiées comme des structures de stockage de type silo. Dans la partie nord-est du site, des foyers de forge, des fosses et une couche chargée en déchets métallurgiques (scories, culots, parois, battitures…) attestent l’existence d’une activité métallurgique à cette période. Ces déchets en sont les témoins privilégiés ; leur étude témoigne ainsi du travail du fer et d’alliages cuivreux sur le site durant le Moyen Âge central.
La fouille menée a également permis de révéler la présence de vestiges en lien avec des ateliers artisanaux du bas Moyen Âge (teinturerie, travail du cuir, forge et probable tannerie). Deux structures de plan quadrangulaire ont été identifiées comme de probables bassins, alors que des fosses de plan ovale ont également été découvertes. Si les structures associées à ces activités ont été retrouvées en nombre limité, les données recueillies dans les prélèvements réalisés apportent des données inédites du fait de la bonne conservation des matières organiques. L’une des fosses, séparée en deux espaces distincts à l’aide de planches disposées verticalement, a livré un comblement riche en matières végétales et animales (carporestes, brindilles, écorces et chutes de cuir). Leur analyse est venue apporter des résultats déterminants pour la compréhension des activités exercées sur le site au cours du XIVe siècle. La découverte d'un squelette de veau en connexion anatomique présentant les stigmates qui résultent d'un retrait de la peau, semble être associée à une activité de tannerie à cette période.
Au bas Moyen Âge, le rempart villageois de Chalamont est bâti et entraîne la mise en place progressive du parcellaire actuel. Plusieurs bâtiments sont alors élevés dans la première moitié du XVe siècle, leur fondation étant bâtie en galets ou plus rarement en briques liés au mortier de chaux chargé en sable. Des pieux en bois observés sous ces fondations assurent leur stabilité. Un habitat quadrangulaire, doté de deux espaces séparés par un mur de refend, est ainsi construit dans l’angle nord-ouest de l'emprise. Un espace ouvert dont la superstructure reposait sur des piliers (possible grange) est implanté à l’est de cet habitat. Une maison en élévation se trouvant sur les parcelles concernées par le projet d'aménagement a fait l’objet d’analyses dendrochronologiques. Les résultats obtenus placent sa construction en 1442 ou dans une année postérieure très proche. Plusieurs habitats sont ensuite bâtis au cours de l'époque modern sur la parcelle fouillée. L'église dédiée à Notre-Dame et Saint-Roch, dont les chapelles nord ont été identifiées au cours de la fouille, est élevée à l’emplacement de l’actuelle rue de l’Eglise à partir de 1629.
Dans le cadre de l’aménagement du château de Peyrepertuse souhaité par la municipalité de Duilhac-sous-Peyrepertuse, une campagne de fouilles a été autorisée dans la partie basse du site castral. L’opération, qui s’est déroulée sur une période de 12 jours (du 17 au 28 mars 2014), s’est portée dans l’angle nord-ouest de l’enceinte basse. Cette intervention a eu d’une part pour objectif de retirer les remblais récents et les pierres de taille gênantes pour la circulation des visiteurs. Une soixante de pierres de taille situées dans la chicane d’entrée ont été répertoriés et étudiées à cette occasion. L’opération a d’autre part offert l’opportunité d’étudier les niveaux archéologiques et les éléments maçonnés sous-jacents conservés dans 2 espaces distincts : la chicane d’accès de l’enceinte basse (secteur 1) et le bâtiment quadrangulaire appuyé contre la courtine nord (secteur 2). Les conclusions réalisées viennent en complément des observations effectuées lors des précédentes interventions menées par M. Lucien Bayrou et M. David Maso.
La fouille menée au niveau de la chicane d’accès, devant la porte ouverte dans la courtine ouest, a permis de repérer une stratigraphie dont la chronologie s’étale entre le XIIIe siècle et le XVIIe siècle. Plusieurs niveaux de circulation ont été identifiés sous des remblais riches en mobilier datés du XVIIe siècle qui témoignent d’un abandon de l’espace à cette période. Le niveau de circulation le plus ancien, conservé dans les dépressions du rocher, paraît contemporain de la mise en place de la courtine ouest (XIIIe siècle). Un mur de soutènement découvert durant l’intervention, dont la mise en œuvre rappelle celle de la courtine, est rattaché au bas Moyen Âge. Son installation précède l’apport de remblais destiné à niveler l’espace aux XIVe-XVe siècles. Les murs nord et sud de l’emprise, qui reposent contre la courtine de l’enceinte basse, sont bâtis tardivement d’après les relations stratigraphiques observées. Leur construction dans le courant du XVe ou XVIe siècle peut être envisagée.
Les vestiges de l’escalier menant au chemin de ronde de la courtine nord ont également été dégagés durant l’opération. Malgré la détérioration de ce bâti, sa disposition originelle a pu être déterminée. Il s’agissait d’un escalier à quart tournant, le retour parallèle à la courtine reposant au-dessus d’un arc dont le sommier – visible dans le parement oriental du massif maçonné – est conservé. La réalisation d’un sondage à cet emplacement a révélé l’existence d’un remblai du bas Moyen Âge qui repose au-dessus d’une couche de mortier interprétée comme l’aménagement d’un sol. Ces deux niveaux sont postérieurs à la construction de l’escalier et de la courtine nord.
Trois autres sondages ont été réalisés dans l’espace intérieur du bâtiment quadrangulaire, au niveau des archères ouvertes dans la courtine nord. Les observations stratigraphiques réalisées attestent l’existence de deux phases d’occupation postérieures à la mise en place de la courtine de l’enceinte basse. La première phase d’occupation de l’espace sondé est marquée par l’existence d’un sol en mortier de chaux en relation avec le fonctionnement des archères. Son installation a nécessité l’apport préalable d’un remblai sablo-argileux. Les éléments chronologiques recueillis placent cette phase dans le bas Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècles).
Un second niveau de sol en mortier de chaux, qui repose sur un remblai argilo-sableux, a été mis en évidence dans deux sondages. Un mur orienté nord-sud, bâti après l’installation de ce niveau de sol de mortier, témoigne d’un réaménagement de l’espace voyant la construction du bâtiment quadrangulaire. Un niveau d’occupation légèrement charbonneux et chargé en mobilier, repéré dans les trois sondages réalisés, marque l’abandon de l’espace intérieur dans le courant du XVIe siècle.
Aucune couche antérieure au XIIIe siècle n’a été mise en évidence dans les sondages réalisés. Toutefois, le rocher n’a pas été rencontré ce qui laisse envisager la conservation de niveaux antérieurs à cette période. Les rapports stratigraphiques indiquent l’implantation tardive du bâtiment quadrangulaire. Le mobilier recueilli ne permet pas de préciser sa fonction ; la présence de déchets métallurgiques dans le niveau d’abandon suggère toutefois l’existence d’une forge au centre de cet espace.
La fouille réalisée confirme la chronologie fournie par les données historiques ; la construction du donjon Sant-Jordi résulte d’un vaste chantier royal intervenu durant le milieu du XIIIe siècle. A cette période, l’aménagement de la salle nord-ouest a nécessité l’apport d’épais remblais stériles constitués d’éclats calcaires sur lequel a été installé un niveau d’aménagement argileux. Le cailloutis observé dans la salle ainsi que dans le secteur de la carrière est lié à l’exploitation du rocher calcaire dans la partie méridionale du donjon. Cette activité est confirmée par la découverte d’un coin métallique dans l’un de ces niveaux d’éclats calcaires. Les données stratigraphiques recueillies dans le secteur de la carrière révèlent une exploitation du substrat rocheux au milieu du XIIIe siècle, mais également à la fin du XIIIe siècle et/ou au cours du XIVe siècle. Si l’extraction des moellons calcaires bien équarris du milieu du XIIIe siècle a nécessité une technique rigoureuse engendrant un front de taille lisse, l’extraction de blocs grossiers à une période postérieure a laissé un rocher étagé et entaillé de manière plus irrégulière.
Plusieurs niveaux d’occupation ont été repérés dans la salle. Un niveau de circulation caractérisé par la présence de mobilier archéologique et de tuiles canal fragmentées, ainsi que des niveaux cendreux engendrés par les activités domestiques (mise en place de foyers, utilisation d’une cheminée) ont été rencontrés. La dernière période d‘occupation de la salle était marquée par l’existence d’un niveau dépotoir de la seconde moitié du XIVe siècle contenant un mobilier riche et diversifié (faune, céramiques, fers de trait, paillettes...). Les niveaux repérés dans cet espace indiquent une occupation des lieux entre 1250 et 1400 environ. Cette chronologie correspond parfaitement aux observations réalisées en 2000 par M. David Maso lors de la fouille de la salle voisine dite à la tour médiane où des niveaux dépotoirs avaient également été repérés. L’étude de vestiges bâtis démontre également l’existence d’une ou plusieurs phases de réaménagement placées à la fin du XIIIe siècle ou dans le courant du XIVe siècle. Un massif de maçonnerie est ainsi bâti dans l’angle occidental de la salle, au-dessus des niveaux de foyers. Un mur de refend est également élevé alors que les murs préexistants connaissent des reconstructions partielles. Ces reprises se distinguent nettement des élévations du milieu du XIIIe siècle en raison de leur mise en œuvre moins soignées et de l’utilisation de blocs calcaires grossièrement équarris. Dans le secteur de la carrière, un collecteur des eaux de ruissellement et des eaux de pluie est bâti à l’extérieur de la salle centrale. Ce dispositif complexe alimentait la citerne bâtie dans cette pièce. Deux murs de soutènement, bâtis à l’aide de pierres liées à la terre, sont ensuite élevés à l’est du collecteur. Leur installation peut également être située dans le courant du XIVe siècle. La réactivation de la carrière paraît directement liée aux réaménagements de cette période visibles dans le donjon Sant-Jordi.
L’occupation de l’enceinte haute du château de Peyrepertuse débute donc au milieu du XIIIe siècle par un chantier de construction d’envergure, le site castral jouant le rôle de poste avancé du royaume capétien jusqu’en 1258. Les garnisons royales s’y succèdent probablement tout au long de la seconde moitié du XIIIe siècle et durant le XIVe siècle, avec des périodes d’occupation moins denses voire d’abandon. Le donjon connaît des phases de réaménagement durant cette période avec la construction de nouvelles élévations et de structures annexes (bassin, possible four), et la restauration des parties bâties existantes. La carrière est de nouveau exploitée afin d’apporter la pierre nécessaire à la réalisation de ces programmes architecturaux. Les niveaux de la fin du XIVe siècle, caractérisés par la formation de dépotoirs, constituent les dernières traces d’occupation intense dans le donjon Sant-Jordi. Le donjon ne connaît plus alors que des installations sporadiques entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle au profit des parties basses du château. Délaissé par les garnisons puis vendu en 1820, le château sera finalement occupé épisodiquement durant le XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle par les villageois alentours qui y réalisent quelques aménagements sommaires, construisant notamment un habitat précaire contre le parement méridional de la salle nord-ouest et un four au-dessus du massif de maçonnerie du XIVe siècle.
La fouille du site de Taxo-l’Orangeraie (commune d’Argelès-sur-Mer) s’est déroulée entre le 26 décembre 2012 et le 26 avril 2013.
Historique de Taxo-d’Avall et objectifs de la fouille :
Taxo-d’Avall est mentionné comme villare dans les sources écrites dès 855, puis comme villa en 981. Ces mentions laissent supposer l’existence d’un ou plusieurs habitats autour de l’église dédiée à saint Martin. L’actuel édifice roman est situé au centre de l’actuel hameau fortifié de Taxo-d’Avall qui devient le siège d’une vicomté éponyme au tournant du XIe siècle. Le premier membre attesté de la lignée vicomtale est Guillaume Adalbert (1013-1052) auquel succède son fils Udalagar. Le titre vicomtal est porté par les seigneurs de Taxo jusqu’au début du XIIIe siècle, bien que sa perte paraisse effective dès la seconde moitié du XIIe siècle. Après être passé entre les mains des familles de Puig puis d’Oms, le territoire entre dans les domaines royaux au début du XVIIIe siècle.
La fouille de Taxo-l’Orangeraie devait apporter de nouvelles données pouvant être associées aux informations acquises lors de l’opération menée en 2011-2012 sur le site de Taxo – Les Gavarettes sous la direction de Carole Puig (ACTER). Les deux sites sont en effet mitoyens, ceux-ci étant uniquement séparés par une route communale menant au hameau de Taxo-d’Avall. Des structures de l’époque chasséenne, du chalcolithique, de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer, une petite nécropole de l’Antiquité tardive, mais surtout une vaste aire d’ensilage de plus de 2000 structures du haut Moyen Âge et du Moyen Âge central avaient été mises au jour durant cette opération.
En raison des données historiques et archéologiques disponibles, de nombreux objectifs ont été édictés dans le cahier de charges de la fouille de l’Orangeraie afin de mieux cerner l’occupation aux abords du village de Taxo-d’Avall et d’appréhender son développement. Une cohérence scientifique avec le chantier de Taxo-les Gavarettes a pu être assurée grâce à la participation des mêmes intervenants. Les études spécialisées réalisées (céramologie, géomorphologie, carpologie, anthracologie et analyses des éléments de construction en terre), inclues au rapport final d’opération, sont venues apporter des éléments essentiels à la compréhension du site. Durant l’opération, la découverte d’un cimetière paroissial non détecté lors du diagnostic sur l’emprise du projet d’aménagement a amené la rédaction d’un relevé de décision, daté de 26 février 2013 et signé par le Conservateur régional de l’Archéologie, qui est venu fixer de nouveaux objectifs liés à cet espace. Une étude anthropologique a par conséquent été effectuée, l’examen des sépultures mises au jour ayant été réalisés par deux anthropologues présents durant l’opération. Les structures fouillées ont généralement livré des éléments de faune en faible densité, les lots les plus importants provenant des niveaux supérieurs interprétés comme des niveaux de terre à jardin des périodes modernes et contemporaines. En raison de ces observations et de l’intérêt porté à l’étude des ossements humains découverts, l’étude archéozoologique n’a été réalisée pour le présent rapport.
Résultats obtenus :
Plus de 500 faits archéologiques, qui renvoient à des fonctions et à des chronologies distinctes, ont été détectés sur le site de l’Orangeraie. Ils sont fréquemment recouverts par des apports alluviaux et perturbés par des creusements naturels. Les différentes séquences d’incision et d’alluvionnement observées révèlent une dynamique complexe placée entre la fin de l’Antiquité et le Moyen-Âge central.
Une occupation protohistorique modeste
Les structures les plus anciennes – limitées à deux fosses – sont datées de la période protohistorique. L’une d’elle a livré du mobilier céramique caractéristique qui la rattache au Bronze final III B. Cette fosse paraît isolée, mais sa présence doit être reliée aux découvertes antérieures effectuées autour du site et sur le territoire communal. Si aucune occupation antique n’est attestée sur le site, du mobilier résiduel – parfois réutilisé – a été rencontré dans les niveaux postérieurs (amphore, fusaïole en sigillée, peson taillé dans une tegula…).
Des témoins d’une installation à la période wisigothique
L’étude des vestiges repérés a permis de mettre en évidence l’existence de deux occupations médiévales distinctes. La première est caractérisée par la présence d’au moins une aire d’ensilage, d’une fosse de travail et d’une structure de combustion. Deux datations radiocarbones réalisées sur les niveaux d’utilisation repérés datent ces vestiges de la seconde moitié du VIe siècle ou de la première moitié du VIIe siècle. Leur présence suggère l’existence d’une ou deux unités domestiques de la période wisigothique dans la partie nord-ouest du site. D’autres faits repérés dans la partie nord-est pourraient également être liés à cette occupation, notamment trois puits de grandes dimensions dont la chronologie n’est pas assurée.
Une occupation bien établie entre le IXe et le XIIe siècle
Les structures médiévales identifiées sont ensuite rattachées aux IXe-XIe siècles, voire au XIIe siècle. Les vestiges liés à cette occupation sont diversifiés : fossés, silos, solins, trous de poteau, structure de combustion, fosse dépotoir et puits/puisards ont ainsi été mis en évidence. Les fossés orientés nord/sud témoignent d’une volonté de drainer les eaux avant l’installation de 11 solins faits de galets. Ces derniers correspondent vraisemblablement à 5 unités distinctes réparties dans la partie nord du site. Les solins de galets du site de l’Orangeraie sont liés à une occupation du IXe siècle, voire du début du Xe siècle d’après les résultats de deux datations radiocarbones et de l’étude céramologique. La découverte de plus d’une centaine de fragments de torchis dans les structures rattachées à cette chronologie permet de restituer en partie l’élévation de ces aménagements. L’hypothèse d’une élévation en terre et pans de bois, reposant sur une sablière basse, peut être envisagée alors que la présence d’un niveau de démolition chargé en tuiles canal suggère leur emploi pour la couverture d’au moins un des bâtiments reconnus. Les silos, repérés en nombre autour de vestiges bâtis, ne sont pas tous directement associés à ces solins. Les données stratigraphiques attestent en effet plusieurs phases d’installation, certains silos ayant d’ailleurs été repérés sous les aménagements bâtis.
La découverte d’une fosse-dépotoir chargée en déchets métallurgiques (scories, culots, battitures et parois scorifiées) témoigne de l’existence d’une forge d’élaboration sur le site dans le courant du Xe siècle ou au début du XIe siècle. Les installations liées à cette forge n’ont laissé que des témoins diffus difficilement exploitables. Les déchets recueillis révèlent toutefois une activité de post-réduction qui soulève de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne l’activité exercée (production, réparation d’objets…). L’occupation du site est ensuite marquée par la présence des structures diverses (silos, puits…), en particulier une fosse atypique de plan quadrangulaire aux angles arrondis dotée d’un canal et d’un dispositif d’évacuation bâti en galets. La fonction de cette structure n’est pas assurée (bassin lié à une activité artisanale ou partie excavé d’un bâtiment), mais sa présence témoigne d’une continuité d’occupation jusqu’au XIe ou XIIe siècle. Passée cette période, le site de l’Orangeraie est mis en culture, ce qui pourrait indiquer un transfert des habitats à l’intérieur du village fortifié. Des apports alluviaux, datés du XIIe siècle et/ou de la première moitié du XIIIe siècle, marquent cette transition.
Une transformation du site et l’implantation d’un cimetière paroissial à la fin du Moyen Âge
Dans la partie nord du site, un enclos quadrangulaire délimité par 4 murs de 0,50 m de large, au centre duquel a été repéré un bassin bâti en briques et en galets, pourrait correspondre à un jardin d’agrément du XIVe siècle. Le fossé défensif du village de Taxo-d’Avall, de 14,70 m de large et de plus de 1,75 m de profondeur, commence à être comblé à cette période d’après les observations stratigraphiques réalisées dans un sondage profond implanté au pied du rempart.
La fouille a également permis de mettre au jour un cimetière paroissial du bas Moyen Âge en dehors des remparts dans la partie sud-est du site. Si 197 sépultures ont été repérées durant l’opération, le nombre d’individus inhumés dans cette aire funéraire est estimé à près d’un millier. Des éléments maçonnés, identifiés comme des signalisations de surface, ont été observés à l’intérieur de l’espace sépulcral délimité au XIVe siècle par la construction d’un mur de clôture doté d’un porche. L’étude anthropologique réalisée fournit des informations primordiales sur les rites d’inhumation et sur la population enterrée dans ce cimetière. Les 5 datations radiocarbones effectuées sur des sujets fouillés datent ces inhumations entre la fin du XIIIe siècle et le début du XVe siècle. Abandonné dans le courant du XVe ou XVIe siècle, l’espace sépulcral sera ensuite mis en culture durant la période moderne.
Dans le cadre de l’aménagement du château de Termes souhaité par la municipalité du lieu, une campagne de travaux a été autorisée afin de faciliter la circulation des visiteurs dans deux espaces distincts. L’opération s’est déroulée en 2012 durant une période de quatre semaines (du 9 juillet au 3 août). Elle avait pour double objectif de réaliser le dégagement des déblais visibles sur la terrasse sommitale et de fouiller une salle située au nord-est du noyau castral. Cette intervention se plaçait dans la continuité des opérations archéologiques réalisées sur le site depuis le début des années 90 et des travaux d’aménagement effectués par la société ACTER depuis 2005.
Dans la partie septentrionale de la plate-forme sommitale, le retrait des remblais modernes entamé en 2009 a permis de suivre un niveau de circulation attribué au bas Moyen Âge. Plusieurs assises des murs appartenant à l’enceinte intérieure (XIe-XIIe siècles) et à une citerne postérieure ont également été dégagées. Au sud de cet espace, l’évacuation des déblais n’a pas permis de retrouver de vestiges bâtis en place. Plusieurs éléments du donjon – détruit à la poudre au milieu du XVIIe siècle – ont toutefois été repérés dans le niveau de démolition, notamment des fragments de voûte ainsi que des maçonneries pouvant être attribuées au mur occidental du donjon. Le parement extérieur du mur oriental de la chapelle, édifiée dans la seconde moitié du XIIIe siècle, a été dégagé en partie à cette occasion.
L’intervention s’est également portée sur une salle de plan quadrangulaire dont la construction est intervenue au cours du XIIIe siècle. Elle intègre un vaste programme architectural postérieur à la prise de possession du château par le roi de France qui modifia profondément le plan et la physionomie du site. Le profil de cette salle à deux niveaux est adapté au profil du substrat rocheux ; cette situation explique l’absence de rez-de-chaussée dans sa partie occidentale. Plusieurs portes ouvertes dans les murs nord et sud facilitaient l’accès à l’espace intérieur de la salle. La communication entre les deux niveaux était assurée par un dispositif en bois – révélé par des percements pratiqués dans les murs du rez-de-chaussée – et par un massif maçonné. Le rez-de-chaussée était pourvu d’un arc central dont les départs sont encore conservés alors que les parties effondrées, notamment les claveaux en tuf, ont été retrouvées dans un niveau de destruction du XVIIe siècle. Cet arc et la rangée de corbeaux visibles sur les murs gouttereaux supportaient le plancher du premier étage. Un niveau de circulation moderne est apparu à hauteur du seuil de la porte d’entrée après le dégagement des niveaux de destruction des murs et d’effondrement de la toiture. Il reposait sur des couches médiévales contemporaines de la mise en place de la salle (niveau de mortier et remblais).
L’étude du bâti réalisée dans cet espace a révélé différentes phases architecturales. Si les murs nord, sud et est de la salle sont rattachés au XIIIe siècle, le mur ouest a été élevé au cours du bas Moyen Âge. Des structures bâties, antérieures au mur nord, ont également été découvertes dans la partie occidentale de la salle. Cette étude révèle surtout la présence des deux murs chaînés qui, par comparaison avec le bâti présent sur le site, peuvent être datés de la seconde moitié du Xe siècle ou du début du XIe siècle. Ces deux murs pourraient ainsi appartenir à une construction contemporaine de la première occupation du site castral de Termes
Les parcelles sondées, localisées à une centaine de mètres à l’ouest de l’ensemble abbatial, se situent également à proximité de l’habitat rural du Mas Frère daté du Haut-Empire. Les 14 tranchées ouvertes en zone basse correspondant à un talweg n’ont pas révélées de structures antérieures au XVème siècle. Cette zone très humide en cas d’averses abondantes est aujourd’hui traversée par un canal contemporain maçonné amenant les eaux vers le Tech. Les sondages réalisés dans ce secteur ont permis de retrouver l’ancien cours d’eau figurant sur le cadastre napoléonien de 1811, ainsi qu’un second paléochenal plus ancien comblé à l’aide de colluvions contenant du mobilier antique (Ier et IIème siècles après J.C.). La présence dans les comblements inférieurs de terres cuites architecturales (tegulae et imbrices) et de mobilier céramique, provenant probablement de l’habitat du Haut-Empire localisé à l’est du talweg, s’explique par le déversement des terres du versant.
Les 5 tranchées ouvertes sur la partie haute du site ont révélé plusieurs vestiges architecturaux et des structures en creux, notamment des fosses à dolia dont l’une d’elle a livré un exemplaire fragmenté en place. Elles démontrent que le domaine antique du Mas Frère s’étendait jusqu’en bordure du versant dominant le talweg. Parmi les structures retrouvées, il faut noter la présence de fondations bâties en galets noyés dans un mortier de chaux blanc conservant parfois une partie de l’élévation. Cette dernière, bâtie selon la même méthode que la fondation, se distingue par la présence de fragments de terres cuites architecturales. Un sol en terre battue a également été découvert, associé à l’une de ces fondations. Les remblais de la partie basse du versant ont livré des surcuits de tegulae, ainsi qu’un fragment de paroi de four, confirmant l’idée d’une production de terres cuites architecturales sur le site. Le mobilier archéologique retrouvé au cours de l’opération témoigne de la richesse de cet établissement (tesselles blanches et grises, plaques de marbre blanc, carreau de pavement en schiste, enduits rouges et rosés, céramiques, amphores, verre…). L’analyse du mobilier céramique recueilli atteste une occupation du site entre le début du Ier siècle avant J.C. et la fin du IIème siècle après J.C.
Plusieurs résidences seigneuriales ont été étudiées. Le château de Mazères, résidence des archevêques d’Auch depuis la fin du XIIIe siècle, est le plus imposant et le mieux conservé des bâtiments seigneuriaux, même s’il a connu diverses transformations durant la période moderne. Les remaniements ont également totalement dénaturé le bâtiment seigneurial d’origine de Nux dont les assises encore visibles sont à dater des XIII-XIVe siècles. Il en va de même pour le site de Château Vieux où les vestiges d’un bâtiment du XIIe siècle sont apparus, noyés dans une construction des XVI-XVIIe siècles. Les destructions de bâtiments seigneuriaux ont été nombreuses dans le secteur, comme en témoigne la disparition du château comtal de Pavie mentionné à la fin du XIIIe siècle et encore attesté à la fin du XVIIIe siècle.
Enfin l’étude des enclos fossoyés permet à présent de distinguer les sites fortifiés médiévaux des aménagements modernes liés au désir d’organiser le paysage aux abords des habitats. Les enclos circulaires et ovales répertoriés sont à mettre en rapport avec une occupation médiévale (XIIe-XIVe siècles), alors que les enclos quadrangulaires installés à différentes périodes (médiévales ou modernes) renvoient à des fonctions diverses. Un nombre non négligeable de sites reste impossible à classer (près de 30%) par manque de données et seule une enquête approfondie pour chacun d’entre eux permettrait de connaître leur(s) fonction(s), certains sites pouvant appartenir aux périodes antérieures au Moyen Age .
Le canton d’Auch sud-ouest a donc connu l’implantation de résidences fortifiés comtales et archiépiscopales aux XIIe (Durban) et XIIIe siècles (Lasseube-Propre, Mazères, Pavie), ainsi que de nombreuses mises en défense collectives gérées par le pouvoir royal, comtal et ecclésial, mais également seigneurial au cours du XIIIe siècle. Le pouvoir seigneurial se retrouve également à travers les demeures fortifiées de type salle attestée au milieu du XIIIe siècle dans les sources écrites, et au XIVe siècle d’après les vestiges conservés. Cette dénomination a pu perdurer dans les sources écrites des XVI-XVIIe siècles, même si elle renvoie à une réalité architecturale différente à cette période, le terme salle s’appliquant alors peut-être aux habitats d’une classe sociale particulière (bourgeoisie locale).
Notre projet de thèse s’inscrit dans une démarche analogue de recherche sur les fortifications seigneuriales médiévales actuellement situées dans la partie méridionale du département du Gers. L’étude est centrée autour d’un secteur géographique qui se devait d’être assez vaste pour permettre d’obtenir un nombre suffisant de sites, mais devait également être limité pour que l’inventaire soit matériellement réalisable. De plus, les études historiques et archéologiques concernant cette ancienne entité historique sont rares . C’est pourquoi nous avons choisi de prendre pour cadre de travail le comté d’Astarac, entité territoriale historique gasconne de faible importance dont les seigneurs n’apparaissent qu’épisodiquement dans les chroniques régionales. La période chronologique considérée s’étale sur sept siècles, débutant au Xe siècle, période probable de l’apparition des premières mottes castrales dans le secteur considéré, au XVIe siècle durant lequel la construction des châteaux gascons tend à s’essouffler. L’annexion définitive du comté par le pouvoir royal coïncide également avec cette dernière limite chronologique.
Cette nouvelle année de prospection réalisée dans la partie nord de l’ancien comté d’Astarac a, une fois de plus, permis d’inventorier un nombre non négligeable de fortifications seigneuriales remontant entre les Xe et XVIe siècles. Les résultats de notre étude présentés dans ce volume de texte résultent d’un travail de prospection inventaire réalisé au cours de l’année 2009 dans l’actuel canton d’Auch sud-est, situé dans le département du Gers. Le travail de terrain (prospection pédestre, enquête orale) a été couplé avec une recherche documentaire (étude bibliographique, recherches en archives, enquêtes cadastrales…). Cette recherche se situe dans le prolongement d’un travail de terrain mené depuis 6 ans dans le Gers méridional. Elle s’inscrit dans une démarche double : l’élaboration d’un inventaire archéologique des fortifications seigneuriales et des résidences aristocratiques des Xe–XVIe siècles dans l’ancien comté d’Astarac et un travail de réflexion autour de ces sites. Ce travail vise à répertorier, décrire et dresser l’historique des ouvrages de terre fortifiés de type motte, plate-forme et enclos fossoyé observés dans les actuels cantons d’Auch sud-est, Auch sud-ouest, Lombez, Masseube, Miélan, Mirande, Montesquiou, Samatan et Saramon. L’étude s’intègre à une recherche universitaire de doctorat actuellement en réalisation à l’université de Bordeaux 3 - Montaigne sous la direction de M. Philippe Araguas et avec la collaboration de Mme Sylvie Faravel .
L’étude est centrée autour d’une zone d’étude qui se devait d’être assez vaste pour permettre d’obtenir un nombre suffisant de sites, mais devait également être limité pour que l’inventaire soit matériellement réalisable. C’est pourquoi nous avons choisi de prendre pour cadre d’étude le comté d’Astarac, entité territoriale historique gasconne de faible dont les seigneurs n’apparaissent qu’épisodiquement dans les chroniques régionales. Dans le but d’appréhender le réseau des habitats seigneuriaux fortifiés qui sont venus modifier l’espace qu’ils contrôlaient, nous étudions les puissances présentes en Astarac et les différents systèmes défensifs employés pour protéger leurs demeures. Dans ces perspectives, il convient de réaliser un inventaire systématique de toutes les formes d’habitats aristocratiques fortifiés en prenant des limites chronologiques très larges. Nous avons donc retenu les 7 siècles qui séparent l’apparition des premières mottes castrales et l’annexion définitive du comté d’Astarac par le pouvoir royal.
Les sites fortifiés repérés lors de la prospection de l’actuel canton de Saramon ont été décrits et une étude historique de chaque forteresse a été dressée dans la limite de nos possibilités. Nous avons utilisé pour cela une base de données informatisée fonctionnant sous le logiciel FileMaker Pro. Nous ne pouvions convenablement mener à bien notre projet sans compléter notre travail de terrain par une étude de la bibliographie existante, ainsi que des sources disponibles nous permettant d’obtenir des informations précieuses sur ces fortifications et sur l’ancien comté d’Astarac. Les conclusions qui vont être évoquées ont été obtenues à la suite des résultats de notre enquête dans le canton d’Auch sud-est, mais également des observations précédemment réalisées dans les cantons prospectés. De nombreuses fortifications de terre ont ainsi été repérées, qu’il s’agisse de mottes, de plates-formes castrales ou d’enclos fossoyés. Plusieurs exemples de résidences aristocratiques gasconnes des XIV-XVIe siècles ont également été localisés. Nous verrons qu’ils sont principalement localisés au nord de la zone d’étude.
Enfin, la prospection et l’étude des sources écrites ne suffiront pas à répondre à nos problématiques, notamment celles évoquant le plan et la structure des bâtiments fortifiés sur mottes et plates-formes, ainsi que dans les enclos fossoyés. Aucune étude du bâti n’est envisageable pour les constructions sur mottes en l’absence de vestiges visibles. C’est pourquoi un ou plusieurs sondages archéologiques devront être réalisés sur des sites de référence. Nous envisageons notamment l’implantation de sondages dès l’été 2008 sur le site de la motte de Castillon (commune de Villefranche-d’Astarac), siège d’une demeure fortifiée comtale dirigeant l’une des quatre châtellenies d’Astarac . Un autre sondage devra également être considéré sur la plate-forme d’un enclos fossoyé en l’absence de sources écrites et d’éléments de datation. Il viendra confirmer ou infirmer l’hypothèse selon laquelle ces sites fossoyés s’apparentent aux vestiges défensifs de maisons-fortes ou de fermes fortifiées, fortifications d’initiative individuelle où les caractères militaires ne sont présents que pour souligner le statut social privilégié de leurs propriétaires.
Les sources médiévales, principalement les cartulaires noir et blanc de Sainte-Marie d’Auch, ainsi que celui de Berdoues, ont permis de référencer 34 forteresses entre 1020 et 1329. Les investigations ont permis de révéler l’existence de 24 mottes, 9 plates-formes et 12 enclos fossoyés, soit 45 ouvrages de terre fortifiés. Les vestiges bâtis contemporains de ces fortifications sont inexistants ; des forteresses en place (tours, salles, châteaux gascons) remontant aux XIVe-XVIe siècles ont cependant été observées à proximité immédiate, prouvant vraisemblablement la permanence du centre aristocratique.
A ce stade, l’enquête reste inachevée. Il reste à comprendre quelles ont été les motivations de ces installations. La prospection est venue apporter l’existence d’un grand nombre de sites fortifiés. Alors que les mottes et les plates-formes ont eu une préférence pour les reliefs dominants, les enclos fossoyés se retrouvent en vallée au cœur des terrains cultivés. Le cas du site fossoyé reste problématique : s’agit-il de vestiges défensifs de maisons-fortes, de fermes fortifiées ou de simples jardins modernes liés à une demeure noble ? L’absence de mobilier archéologique nous oblige à laisser cette question en suspend en l’état actuel de nos recherches.
L’objectif de l’année 2007 sera de réaliser une étude analogue dans les cantons de Miélan et de Masseube dans le but d’accomplir un inventaire d’ensemble dont les limites géographiques correspondent à celles du comté d’Astarac au début du XIIIe siècle. L’étude des enclos fossoyés sera également l’un des objectifs de ce travail. Des sondages sont à envisager dans les années à venir afin de répondre aux problématiques posées.
Plusieurs conclusions ressortent de notre analyse. Tout d’abord, les mottes les plus anciennes qui ont été répertoriées sont installées en plaine, à proximité d’un centre domanial antique. Ces structures seraient à étudier plus en détail. En effet, si nous acceptons l’idée qu’elles n’entrent pas dans la catégorie des mottes, elles peuvent constituer un nouveau jalon dans la typologie des ouvrages de terre fortifiés. Dans le cas contraire, elles pourraient faire remonter la motte à la fin du Xe siècle – idée qui a déjà été émise. En l’absence de toute source écrite pouvant venir confirmer cette hypothèse, il ne nous reste plus qu’une seule alternative : la réalisation d’une typologie céramique fiable pour la Gascogne toulousaine permettant de dater ces tertres.
De nombreuses mottes plus récentes, généralement du XIIe ou XIIIe siècle, sont clairement attestées. De forme circulaire ou rectangulaire aux bords arrondis, elles adoptent le même profil que celles observées par Jean-Michel Lassure à l’ouest de notre zone d’étude. Les observations de ce dernier concordent avec celles réalisées par nos soins et aucune spécificité n’a pu être relevée , si ce n’est l’absence de constructions fortifiées sur les sites répertoriés. Celle-ci s’explique du fait de l’utilisation de matériaux périssables ou du démantèlement systématique de celles réalisées en pierre ou brique.
Les données concernant les mottes attestées au XIe siècle sont bien trop peu nombreuses pour en tirer une quelconque conclusion en ce qui concerne leur implantation, si ce n’est qu’elles sont généralement installées en vallée et qu’elles adoptent une forme circulaire. Nous possédons un peu plus d’informations pour les mottes reconnues au XIIe siècle. Alors qu’une partie reste dans les vallées, une majorité commence à s’implanter sur les hauteurs.
Les constructions souvent modestes surmontant ces ouvrages de terre démontrent que la zone n’a visiblement pas eu besoin de systèmes défensifs réellement performants. A moins qu’elle n’en eut pas les moyens puisque les terres étaient essentiellement allodiales et appartenaient à de petits propriétaires trop peu fortunés pour élever une réelle forteresse. Il faut donc s’imaginer un territoire contrôlé par les autorités comtales où le système allodial était largement répandu, du moins à partir de la seconde moitié du XIIe siècle et plus largement au XIIIe siècle.
Le travail de prospection a été privilégié du fait de l’état d’urgence dû aux destructions des sites de terre qui se multiplient devant la puissance des engins mécaniques actuels. Il convient maintenant de confronter les données de terrain qui ont été amassées dans le cadre de cette maîtrise aux sources provenant des archives qui n’ont pu être consultées, dans le but de mieux appréhender le phénomène d’implantation des ouvrages de terre fortifiés dans le sud-est du Gers.
Although well known through the study of textual sources, agrarian productions and practices were, so far, poorly documented by archaeology in northern Catalonia (Pyrénées-Orientales, France). The increase of archaeobotanical investigations in this region allow us to present a first review of medieval farming practices. Based on the study of fifteen rural sites, this paper aims to document, through archaeobotanical data, the characteristics of northern Catalan agriculture between the 8th and the 13th c. (cultivated crops, prevalence of certain species, farming practices associated, types of exploited landscapes), while attempting to detect possible specificities or evolutions over the long term (integration of new species to the staple crops, agrarian specialization).
Entre 2011 et 2013, deux opérations consécutives réalisées autour du village de Taxo-d'Avall (commune d'Argelès-sur-Mer, Pyrénées-Orientales) apportent un éclairage notable sur la formation du village roussillonnais et la constitution des terroirs afférents. La première intervention, nommée Taxo-Les Gavarettes, a permis de mettre au jour des vestiges couvrant une large période allant du VIe au XIe siècle. Ceux-ci prennent néanmoins diverses forme (nécropole, habitat, structures de combustion), mais c'est surtout la découverte d'une vaste aire d'ensilage, comptant plus de 2000 structures, qui constitue l'intérêt de cette découverte. La seconde opération, Taxo-l'Orangeraie, couvre une chronologie plus longue qui déborde sur le bas Moyen Âge. Jouxtant l'enceinte médiévale, une occupation assez lâche associée à une activité artisanale (forge) a été mise en évidence entre la seconde moitié du VIe siècle et le XIIe siècle. Le bas Moyen Âge, illustré par le creusement d'un large fossé défensif et l'implantation d'un cimetière hors-les-murs, ne sera pas abordé dans le cadre de cette communication.
Bien que ces opérations n'apportent qu'une vision partielle de la formation du village de Taxo-d'Avall, cette communication a pour objectif de présenter un phasage des occupations. A partir de cet état des lieux, nous caractériserons la formation de ce village en soulignant à la fois les éléments qui s'insèrent dans un schéma traditionnel défini par l'historiographie, mais aussi les particularités mises en évidence. Dans un dernier temps, nous essaierons de déterminer le statut de ce site et son apport à une meilleure connaissance à la formation du village roussillonnais.
Plusieurs structures des XIVe et XVe siècles ont retenu notre attention en raison de leur morphologie et de leurs comblements particuliers. Deux structures de plan quadrangulaire ont ainsi été identifiées comme de probables bassins. Des fosses de plan ovale ont également été mises en évidence. L’une de ces structures en creux (STR 143), séparée en deux espaces distincts à l’aide de planches disposées verticalement, a livré un comblement dont l’état semi-imbibé a permis une conservation exceptionnelle de matières végétales et animales (centaines de milliers de graines, brindilles, écorces et chutes de cuir). La singularité de ce dépôt réside dans sa richesse et dans son hétérogénéité, les éléments le composant renvoyant à différentes chaînes opératoires, à savoir celles du tannage et de la teinture du cuir, mais aussi à l’exploitation d’un certain type d’environnement végétal. Cette approche, par sa pluridisciplinarité, apporte un éclairage inédit sur les activités exercées sur le site durant le bas Moyen Âge.