Papers by Sonia Le Gouriellec
Afrique contemporaine, 2014
Les recherches qui se concentrent sur l’échec de l’État à remplir ses fonctions régaliennes ren... more Les recherches qui se concentrent sur l’échec de l’État à remplir ses fonctions régaliennes rencontrent un franc succès depuis la fin de la guerre froide et après le 11 septembre 2001. L’une des principales hypothèses est que les États dits faibles ou pire faillis seraient générateurs de conflits : « Most of the security problems of Africa largely hang on the failure of the postcolonial state ». Une priorité stratégique est donnée à ces États qui font également l’objet de débats dans le monde académique. Le 23 février 2015, dans Foreign Policy, Amy Zegart qualifiait l’intérêt porté par les États-Unis aux États faibles ou faillis de « paranoïa » qui détournerait le pays des véritables menaces à la sécurité nationale. Avant elle, Barry Posen appelait également à redéfinir les intérêts vitaux de sécurité nationale des États-Unis.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que d... more La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
L’objet de cette communication est de comprendre les ressorts de l’engagement turc en Somalie et ... more L’objet de cette communication est de comprendre les ressorts de l’engagement turc en Somalie et analyser s’il peut s’intégrer dans un processus plus global. Parvenir à construire un consensus entre les puissances émergentes et les acteurs plus traditionnels de la sécurité en Afrique sur la façon de travailler dans des Etats en conflit ou en reconstruction, est devenu un enjeu majeur. Depuis le début des années 2000, ces nouveaux acteurs, dont fait partie la Turquie, constituent un « challenge to the development paradigm » . L’émergence de ce nouveau paradigme aura des implications majeures pour les acteurs traditionnels, comme l’Union européenne. Comment analyser le rôle de ce nouvel acteur qui impose son agenda dans le processus de paix ? Nous verrons que la Turquie tient sa légitimité de facteurs à la fois historiques et religieux. Les caractéristiques de l’approche globale qu’elle met en œuvre en Somalie en font un « modèle » qui pourrait concurrencer le modèle européen. Cette approche est aussi contestée pour son unilatéralisme tant dans son principe que par les autres acteurs et dans sa mise en œuvre par les Somaliens eux-mêmes.
Une prison, ainsi peut être qualifié ce petit pays de la Corne de l’Afrique, d’où il est presque ... more Une prison, ainsi peut être qualifié ce petit pays de la Corne de l’Afrique, d’où il est presque impossible de sortir ou d’entrer. La prison est aussi l’enfer où se retrouve tous ceux qui ont été arrêtés dans les rafles de rue (les giffas), dans les campagnes ou ayant essayé de fuir . Cette triste réalité explique pourquoi la société érythréenne souffre d’une « puissante obsession migratoire » . Cette hémorragie migratoire s’aggrave chaque année et plus d’un Erythréen sur cinq vit aujourd’hui hors du territoire.
Derrière cette tragédie humaine se cache un échec étatique et la désillusion d’une nation. Après trente ans de guerre de libération contre l’Ethiopie (1962-1991), les Erythréens découvrent les déviances d’un régime qui n’a pas su passer de la lutte armée à la gouvernance civile. Pourtant, c’est bien la capacité politique à changer de paradigme pour passer du statut d’homme militaire à celui d’homme politique, qui doit être analysée comme le fondement d’une sécession réussie. Or, l’histoire de l’Erythrée s’écrit toujours au regard de celle du grand voisin éthiopien et explique le raidissement du régime. Ainsi, depuis la guerre frontalière entre les deux pays, de 1998 à 2000, le régime érythréen se durcit chaque jour un peu plus. La constitution adoptée en 1997 reste suspendue, l’Etat de droit inexistant et les élections reportées. Le Président gouverne par des décisions et concentre entre ses mains les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Les assemblées (nationales et locales) sont noyautées par le parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice (PFDJ). Les syndicats ont été supprimés. L’opposition interne est inexistante et la répression, systématique, s’est étendue aux minorités religieuses.
Alors pourquoi la « nation rêvée », devenue « nation vécue » n’est plus qu’une « nation subie » ? Comment le gouvernement provisoire de 1994, celui qui avait préparé la démocratisation du pays, son développement économique, social et éducatif, est-il devenu un régime autoritaire, fermé et répressif. Pourquoi le libérateur et héros d’hier s’est transformé en dictateur paranoïaque ?
Notre propos n’est pas ici de revenir sur la formation de la nation et de l’Etat érythréen mais de comprendre sa trajectoire depuis son indépendance de facto en 1991. Nous verrons comment le mouvement qui a conduit le pays à l’indépendance et s’apprêtait à en faire un exemple de réussite pour le continent est tombé dans le despotisme après la guerre frontalière contre l’Ethiopie (1998-2000).
Le 21 septembre 2013, le groupe Harakat al-Shabab al-
Mujahideen revendiquait une fusilla... more Le 21 septembre 2013, le groupe Harakat al-Shabab al-
Mujahideen revendiquait une fusillade dans le Westgate Mall,
un centre commercial de Nairobi. La prise d’otages qui suivit
fût exceptionnellement longue et meurtrière avec 68 morts et
près de 200 blessés. Alors qu’on pensait le groupe
terroriste affaibli par des dissensions internes et par la
perte de contrôle d’une partie du territoire de la Somalie
du Sud, cette action montre que sa capacité de nuisance
reste intacte et marque une évolution dans la stratégie du
groupe. Avant de revenir plus en détail sur l’attaque de
Nairobi et ses répercussions, il convient de comprendre
l’évolution du mouvement.
En octobre 2007 le chimiquier Golden Nori n'a été libéré par les pirates qu'après une rançon de 1... more En octobre 2007 le chimiquier Golden Nori n'a été libéré par les pirates qu'après une rançon de 1 million de dollars ; en avril 2008 le pétrolier Takayama a été attaqué au lance-roquettes ; une tentative d'abordage a eu lieu en février 2010 contre un porte-conteneurs.
Vincent Desportes « La guerre en face » premières Assises nationales de la recherche stratégique ... more Vincent Desportes « La guerre en face » premières Assises nationales de la recherche stratégique 13 Automne 2010 revue Sonia LE GOURiELLEC Doctorante en sciences politiques et chargée d'enseignement à l'université Paris Descartes, membre des jeunes chercheurs de l'institut de recherche stratégique de l'école militaire (iRSEM), elle anime le blog Good Morning Afrika.
Talks by Sonia Le Gouriellec
"Militairement, la France est dotée d’une bonne et presque constante expérience au Sahel. On se r... more "Militairement, la France est dotée d’une bonne et presque constante expérience au Sahel. On se rappelle peut-être de nombreuses (somme toute) opérations extérieures dès les années 80, notamment au Tchad.
Depuis deux ans, la France intervient au Mali, d’abord pour repousser les Touaregs qui voulaient s’arroger la moitié nord du pays et les islamistes radicaux de diverses obédiences, qui voulaient imposer la charia dans l’ensemble du territoire.
Comment se comprend la présence militaire française au Sahel, compte tenu de la multiplication des instabilités politiques (témoin, il y a peu, celles survenues au Burkina-Faso) ?
Que fait la France, pourquoi, comment, avec quelles contraintes et quelles limites ?"
Après la tuerie massive d'étudiants à l'université de Garissa au Kenya...
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Papers by Sonia Le Gouriellec
Derrière cette tragédie humaine se cache un échec étatique et la désillusion d’une nation. Après trente ans de guerre de libération contre l’Ethiopie (1962-1991), les Erythréens découvrent les déviances d’un régime qui n’a pas su passer de la lutte armée à la gouvernance civile. Pourtant, c’est bien la capacité politique à changer de paradigme pour passer du statut d’homme militaire à celui d’homme politique, qui doit être analysée comme le fondement d’une sécession réussie. Or, l’histoire de l’Erythrée s’écrit toujours au regard de celle du grand voisin éthiopien et explique le raidissement du régime. Ainsi, depuis la guerre frontalière entre les deux pays, de 1998 à 2000, le régime érythréen se durcit chaque jour un peu plus. La constitution adoptée en 1997 reste suspendue, l’Etat de droit inexistant et les élections reportées. Le Président gouverne par des décisions et concentre entre ses mains les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Les assemblées (nationales et locales) sont noyautées par le parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice (PFDJ). Les syndicats ont été supprimés. L’opposition interne est inexistante et la répression, systématique, s’est étendue aux minorités religieuses.
Alors pourquoi la « nation rêvée », devenue « nation vécue » n’est plus qu’une « nation subie » ? Comment le gouvernement provisoire de 1994, celui qui avait préparé la démocratisation du pays, son développement économique, social et éducatif, est-il devenu un régime autoritaire, fermé et répressif. Pourquoi le libérateur et héros d’hier s’est transformé en dictateur paranoïaque ?
Notre propos n’est pas ici de revenir sur la formation de la nation et de l’Etat érythréen mais de comprendre sa trajectoire depuis son indépendance de facto en 1991. Nous verrons comment le mouvement qui a conduit le pays à l’indépendance et s’apprêtait à en faire un exemple de réussite pour le continent est tombé dans le despotisme après la guerre frontalière contre l’Ethiopie (1998-2000).
Mujahideen revendiquait une fusillade dans le Westgate Mall,
un centre commercial de Nairobi. La prise d’otages qui suivit
fût exceptionnellement longue et meurtrière avec 68 morts et
près de 200 blessés. Alors qu’on pensait le groupe
terroriste affaibli par des dissensions internes et par la
perte de contrôle d’une partie du territoire de la Somalie
du Sud, cette action montre que sa capacité de nuisance
reste intacte et marque une évolution dans la stratégie du
groupe. Avant de revenir plus en détail sur l’attaque de
Nairobi et ses répercussions, il convient de comprendre
l’évolution du mouvement.
Talks by Sonia Le Gouriellec
Depuis deux ans, la France intervient au Mali, d’abord pour repousser les Touaregs qui voulaient s’arroger la moitié nord du pays et les islamistes radicaux de diverses obédiences, qui voulaient imposer la charia dans l’ensemble du territoire.
Comment se comprend la présence militaire française au Sahel, compte tenu de la multiplication des instabilités politiques (témoin, il y a peu, celles survenues au Burkina-Faso) ?
Que fait la France, pourquoi, comment, avec quelles contraintes et quelles limites ?"
Derrière cette tragédie humaine se cache un échec étatique et la désillusion d’une nation. Après trente ans de guerre de libération contre l’Ethiopie (1962-1991), les Erythréens découvrent les déviances d’un régime qui n’a pas su passer de la lutte armée à la gouvernance civile. Pourtant, c’est bien la capacité politique à changer de paradigme pour passer du statut d’homme militaire à celui d’homme politique, qui doit être analysée comme le fondement d’une sécession réussie. Or, l’histoire de l’Erythrée s’écrit toujours au regard de celle du grand voisin éthiopien et explique le raidissement du régime. Ainsi, depuis la guerre frontalière entre les deux pays, de 1998 à 2000, le régime érythréen se durcit chaque jour un peu plus. La constitution adoptée en 1997 reste suspendue, l’Etat de droit inexistant et les élections reportées. Le Président gouverne par des décisions et concentre entre ses mains les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Les assemblées (nationales et locales) sont noyautées par le parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice (PFDJ). Les syndicats ont été supprimés. L’opposition interne est inexistante et la répression, systématique, s’est étendue aux minorités religieuses.
Alors pourquoi la « nation rêvée », devenue « nation vécue » n’est plus qu’une « nation subie » ? Comment le gouvernement provisoire de 1994, celui qui avait préparé la démocratisation du pays, son développement économique, social et éducatif, est-il devenu un régime autoritaire, fermé et répressif. Pourquoi le libérateur et héros d’hier s’est transformé en dictateur paranoïaque ?
Notre propos n’est pas ici de revenir sur la formation de la nation et de l’Etat érythréen mais de comprendre sa trajectoire depuis son indépendance de facto en 1991. Nous verrons comment le mouvement qui a conduit le pays à l’indépendance et s’apprêtait à en faire un exemple de réussite pour le continent est tombé dans le despotisme après la guerre frontalière contre l’Ethiopie (1998-2000).
Mujahideen revendiquait une fusillade dans le Westgate Mall,
un centre commercial de Nairobi. La prise d’otages qui suivit
fût exceptionnellement longue et meurtrière avec 68 morts et
près de 200 blessés. Alors qu’on pensait le groupe
terroriste affaibli par des dissensions internes et par la
perte de contrôle d’une partie du territoire de la Somalie
du Sud, cette action montre que sa capacité de nuisance
reste intacte et marque une évolution dans la stratégie du
groupe. Avant de revenir plus en détail sur l’attaque de
Nairobi et ses répercussions, il convient de comprendre
l’évolution du mouvement.
Depuis deux ans, la France intervient au Mali, d’abord pour repousser les Touaregs qui voulaient s’arroger la moitié nord du pays et les islamistes radicaux de diverses obédiences, qui voulaient imposer la charia dans l’ensemble du territoire.
Comment se comprend la présence militaire française au Sahel, compte tenu de la multiplication des instabilités politiques (témoin, il y a peu, celles survenues au Burkina-Faso) ?
Que fait la France, pourquoi, comment, avec quelles contraintes et quelles limites ?"