Cinquième journée de sociologie de l'enfance, novembre 2005, Rome. « Dynamique de la recherche et construction des connaissances. La sociologie de l'enfance au regard de la méthodologie. » Vers une sociologie de l'enfance ? Retour sur un...
moreCinquième journée de sociologie de l'enfance, novembre 2005, Rome. « Dynamique de la recherche et construction des connaissances. La sociologie de l'enfance au regard de la méthodologie. » Vers une sociologie de l'enfance ? Retour sur un terrain d'enquête en milieu pédiatrique Porter un regard réflexif sur le déroulement d'une enquête effectuée en milieu pédiatrique 1 permet d'éclairer les enjeux méthodologiques d'un terrain réalisé à propos et auprès des enfants hospitalisés 2. Je voudrais montrer comment le choix de travailler sur un espace social dans lequel les enfants sont prééminents a pu provoquer un basculement partiel de l'analyse vers une sociologie de l'enfance. Alors que paradoxalement la figure parentale restait privilégiée 3 , je me suis en effet très vite trouvée confrontée à ce « petit objet insolite » décrit par les sociologues de l'enfance. Or, formée à une sociologie « classique » qui pense l'enfant, au mieux, comme partenaire de l'adulte, avant de me diriger vers les travaux de la sociologie de l'enfance 4 , j'étais sans armes théoriques pour donner du sens au contenu de mes observations sur les enfants hospitalisés. Il faut reconnaître que l'intérêt de la sociologie de la famille, dont relevaient mes travaux, pour une problématique de l'enfant-acteur est récent 5. Pour ce qui est de la sociologie francophone, la construction d'un intérêt pour l'enfance au 1 Le travail de terrain a porté sur un service spécialisé dans les pathologies du foie et sur un service de pédiatrie générale. J'ai passé un an et demi à raison de deux à trois jours par semaine sur ce deuxième terrain et deux fois quatre mois à raison de trois jours par semaine dans le service d'hépatologie pédiatrique. 2 Pour une revue de la littérature voir Daniel Bizeul : « Le récit des conditions d'enquête : exploiter l'information en connaissance de cause », Revue française de sociologie, vol. 39, n°4, 1998, pp. 751-787. Pour une critique de cette tendance des comptes-rendus de recherche voir Jean-Pierre Oliver de Sardan : « Le « je » méthodologique. Implication et explicitation dans l'enquête de terrain », Revue française de sociologie, vol. 41, n °3, pp. 417-445. A partir des années 1990, les récits d'enquête deviennent un passage obligé en sociologie et ne passent plus sous silence les difficultés rencontrées et les maladresses du chercheur. Voir par exemple, Peter M. Magolda : « Accessing, waiting, plunging in, wondering and writing : retrospective sense-making of fieldwork », Fields Methods, vol. 12, n°3, 2000, pp. 209-234. Dans la mesure où ces maladresses, analysées après coup, sont une source, parmi d'autres, de connaissances, j'ai opté moi aussi pour une mise en lumière de celles-ci. Voir également les comptes-rendus d'enquêtes proposés par Isabelle Danic, Julie Delalande et Patrick Rayou : Enquêter auprès d'enfants et de jeunes. Objets, méthodes et terrains de recherche en sciences sociales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. 3 La thèse réalisée visait à étudier les conséquences de l'ouverture des services pédiatriques aux parents. 4 La découverte du séminaire assuré par Régine Sirota (« Enfance », INRP-Paris 5) a constitué un point tournant important dans la recherche, m'ouvrant la voie vers une nouvelle conceptualisation de l'enfant et une littérature qui m'était inconnue jusqu'alors. 5 Voir la préface à la seconde édition datant de 1997 de Constructing and reconstructing childhood, op. cit.