COLLOQUES & JOURNEES D'ETUDES by Kiné Traces
Programme Journée d'études, 2017
L'Association Internationale et Interdisciplinaire de Recherche sur le Patrimoine Cinématographiq... more L'Association Internationale et Interdisciplinaire de Recherche sur le Patrimoine Cinématographique - Kinétraces lance un appel à communications pour le Colloque International "De l'archive au film, du film à l'archive". L'événement aura lieu le 28 et 29 avril 2016 à l'Institut du monde anglophone de l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Les propositions (2500 signes max), accompagnées d'une brève bibliographie, doivent être envoyées à l'adresse [email protected] avant le 31 janvier 2016.
Cinq axes de recherche sont proposés autour de la thématique centrale du colloque. L'objectif est d'explorer la relation dynamique qui s'établit entre archive et film, en mettant en lumière les différents cheminements par lesquels elle peut se concrétiser. Nous proposons des sentiers de recherche étendus afin de donner l'opportunité à des chercheurs et des praticiens d'horizons divers d'intégrer la réflexion proposée et d'enrichir ainsi la pensée historique du cinéma.
Avec la généralisation de l'outil numérique au sein de l'industrie cinématographique se pose plus... more Avec la généralisation de l'outil numérique au sein de l'industrie cinématographique se pose plus que jamais la question du devenir des films. Les professionnels de la restauration de films, les chercheurs et les archivistes du monde entier ne cessent de démontrer depuis plusieurs années, à l'occasion de colloques, de journées d'étude ou de festivals, que le numérique n'est pas une solution en soi et qu'il entraîne des problèmes d'une complexité inégalée. La promesse d'une « libération matérielle » du médium cinématographique demeure utopique, et les questions de la conservation et de la diffusion des films se font elles plus profondes encore.
Malgré ces avancées techniques, le cinéma reste un art fondamentalement précaire. En raison de la fragilité des supports, qu'ils soient photochimiques ou numériques, les œuvres filmiques peuvent disparaître à tout moment. La « mort des films » ne résulte pas seulement de la disparition des copies, mais aussi de leur altération, et du bouleversement irrémédiable que celle-ci entraîne sur leur contenu et ses possibles interprétations. Films perdus dont ne sont conservés que des projets écrits ou des articles dans des journaux ; films incomplets, décomposés par le temps, ou mutilés lors de leur exploitation ; films inachevés ; films restés à l'état de projets ; ou encore films fantômes, projetés une seule fois devant un public restreint… Ces « films morts » font partie intégrante de l'histoire du cinéma.
En l'absence des matériaux d'origine et de copies, les oeuvres s'incarnent dans des archives films (repérages, rushes, chutes...) et non-film (sources iconographiques, écrites, orales, collections d'appareils et d'accessoires). Les films morts nous renseignent sur la façon de conserver les oeuvres encore en vie, sur des décisions artistiques, économiques, politiques prises lors du développement d'un projet cinématographique... Ils sont parfois même plus instructifs que les œuvres dont l'intégrité a été (supposément) préservée. Alors que la préservation pérenne des copies reste aléatoire, comment faire revivre une œuvre disparue ? Et quel est le statut des « films morts » dans la recherche en cinéma et audiovisuel ?
L'altération – voire la disparition – de nombreuses copies passe même parfois inaperçue. La question de la valeur de la copie que nous regardons est donc fondamentale. Elle prend d'autant plus d'ampleur avec l'usage du numérique : la pléthore de normes matérielles et éthiques suscite des usages extrêmement divers, à tel point qu'il semble impossible, malgré le mythe créé par des discours publicitaires omniprésents, de parler de « version définitive » d'un film. Comment doit-on considérer la question de la copie, et donc de la version, que nous, spectateurs, regardons ?
La « mort » des films doit donc être aujourd'hui pensée au regard des questions qu'elle pose à l'historiographie du cinéma. Si la fragilité des œuvres doit absolument être prise en compte, doit-on dès lors repenser le cinéma comme un « art vivant » ?
Pour débattre de ce sujet, nous sommes heureux d'inviter chercheurs, professionnels et doctorants à venir présenter des exemples représentatifs et contribuer à une réflexion théorique générale sur l'écriture de l'histoire du cinéma et la conservation des films.
RENCONTRES MENSUELLES by Kiné Traces
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Campus Censier - 13 rue Santeuil, Paris 5e
Une fois par ... more Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Campus Censier - 13 rue Santeuil, Paris 5e
Une fois par mois, 18h-20h
PROJECTIONS by Kiné Traces
Le cycle « SEANCE TENANTE ! » invite les spectateurs de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à décou... more Le cycle « SEANCE TENANTE ! » invite les spectateurs de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à découvrir une programmation entièrement consacrée à la séance de cinéma des débuts du cinématographe.
Grâce à une recherche unique menée depuis 2016 par l’association Kinétraces, la salle obscure sera proposée à la découverte sous deux angles particuliers : comme acteur cinématographique à part entière dans une sélection de films où la vie de la salle est intégrée au déroulement d’une intrigue, mais aussi à travers des reconstitutions de séances des premiers temps du cinéma.
« SEANCE TENANTE ! » met en évidence que de nombreuses productions ont utilisé l’univers de la salle de cinéma, ses cabines de projection, le travail en coulisses, de la vendeuse de billets à l’ouvreuse, en passant par les musiciens et les bruiteurs, sans oublier les spectateurs… qui deviennent le ressort comique ou dramatique du récit. La salle obscure accueille tous les fantasmes, ceux qui défilent sur la pellicule et apparentent la séance à un rêve éveillé, mais aussi ceux qui se déroulent dans les fauteuils transformant la séance en scène de séduction. Le genre policier a aussi d’emblée exploité le pouvoir de révélation du film comme preuve juridique, l’inscription sur la bande permettant de révéler l’identité d’un meurtrier ou… l’infidélité d’un conjoint. Les programmes thématiques sont les suivants : " La séance de cinéma délirée par le projectionniste " ; " Le cinéma comme divertissement " ; " Le cinéma comme illusion " ; " Le cinéma comme révélation " ; " La séance de séduction " et " L'autre séance ".
« SEANCE TENANTE ! » propose également de partir à la découverte de séances de cinéma d’époque reconstituées. Au programme : une ciné-conférence composée et menée par Germaine Dulac en 1924 au musée Galliera, deux séances typiques de l’Omnia-Pathé (quelques mois avant la guerre en juin 1914 et en décembre 1919) ; et la représentation de Vie et passion de notre Seigneur Jésus-Christ de Ferdinand Zecca, film emblématique de la maison Pathé, tel qu’il fut présenté en mars 1907 aux Folies dramatiques avec la partition d’origine composée par Charles Quef.
Des copies rares provenant des cinémathèques françaises et européennes ont été rassemblées pour l’occasion.
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé poursuit son partenariat avec l'Association Kinétraces pour un ... more La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé poursuit son partenariat avec l'Association Kinétraces pour un cycle de projections en neuf séances sur les pionniers de l'image cinématographique. Venez parcourir l'histoire d'une conquête professionnelle, technique et artistique, des premiers opérateurs aux as de la manivelle. Il est temps d'éclairer ces précieux collaborateurs des metteurs en scène, longtemps restés dans l'ombre. Les films et documents rares accompagnés musicalement et les conférences menées par des spécialistes (20-30 min) montreront comment leur magie « opère », tant en milieux naturels qu'artificiels, à travers des cas variés (français, américains, indiens et thaïlandais), du muet aux années soixante.
Kinétraces sort LE GRAND JEU à la Fondation Pathé !
À partir d’un film rare, il s’agit de mett... more Kinétraces sort LE GRAND JEU à la Fondation Pathé !
À partir d’un film rare, il s’agit de mettre en lumière le jeu d’un acteur ou d’une actrice et sa place dans le cinéma français des années 1910-1920.
Chaque séance sera présentée par un chercheur qui retracera le parcours de l’acteur, tout en resituant le film et son réalisateur dans l’histoire du cinéma.
Certaines séances seront composites, associant court et long-métrages, et parfois même accompagnées d’essais d’acteurs ou de making-of.
Projections 2015/2016 - Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, à 19h
13 octobre - Marthe Fabris, par Manon Billaut
17 novembre - Lucien Bataille, par Charlotte Servel
1er décembre - Raquel Meller, par Céline Arzatian
19 janvier - Musidora, par Marién Gomez
16 février - Ivan Mosjoukine, par Myriam Juan
15 mars - Severin-Mars, par Elodie Tamayo
12 avril - Max Linder, par Laurent Guido, Laurent le Forestier et Dimitri Vezyroglou
17 mai - Leontine Massar, par Mélissa Gignac
14 juin - Antonin Artaud, par Virginie di Ricci
KINETRACE EDITIONS by Kiné Traces
La Mort des films, 2017
Pendant les années de dictature militaire en Uruguay (1973-1984), les lieux de culture furent sys... more Pendant les années de dictature militaire en Uruguay (1973-1984), les lieux de culture furent systématiquement persécutés. En ce qui concerne l’activité cinématographique, le régime avait imposé un mécanisme d’autocensure et les distributeurs n’allaient pas prendre le risque de faire entrer au pays des films qui auraient pu être censurés. Malgré des conditions répressives importantes à la liberté d’expression, la Cinémathèque uruguayenne (créée en 1952) s’est lancée dans la publication deCinemateca Revista à partir1977. La revue avait pourobjectif essentiel d’informer car, dans le cadre d’un régime qui contrôle l’information, le simple fait d’informer, la volonté de le faire
ou les di6érents moyens déployés dans ce but, deviennent déjà un acte de contestation. En ce sens, une rubrique de la revue intitulée « Le cinéma qu’on ne voit pas » est devenu un cas emblématique de contestation culturelle au régime. Cet article s’intéresse à cette section de la revue en tant que stratégie de di6usion par l’écrit du cinéma
interdit. Raconter des films était une façon de faire connaître au public les films que pour des raisons politiques n’étaient pas projetés dans le pays, et ainsi préserver le cinéma de l’oubli et de la censure.
La Mort des films, 2017
En octobre 1911, l’Italie entre en guerre contre la Turquie. Ce conflit, qui a lieu dans l’actuel... more En octobre 1911, l’Italie entre en guerre contre la Turquie. Ce conflit, qui a lieu dans l’actuelle Libye et la mer Égée, sera ensuite oublié pendant de longues années. Son impact médiatique sera cependant très important. En Italie, mais pas uniquement, la demande d’images du con"it est très forte. Trois sociétés de production cinématographique en
tirent profit : Cines, Pathé et Luca Comerio Film. Elles produisent des centaines de films d’actualités ainsi que des films de fiction. Cette production était pourtant immense et variée, probablement plus importante et en partie plus novatrice que celle de la guerre de 1914-1918 par le nombre de titres mais aussi au niveau de l’intérêt de la
population de l’époque. À partir d’un projet initié en 2011 par l’Université de Rome Tor Vergata, la Cinemathèque nationale italienne, l’Office historique de l’État-major de l’Armée italienne et l’Association italienne pour la recherche de l’histoire du cinéma, nous établissons une filmographie de ce con"it, le premier à être couvert par les médias
modernes. Notre article illustre la méthodologie – basée sur une utilisation importante de ressources papier et d’archives militaires – de ce travail commun.
La Mort des films, 2017
Les collections privées de films, à l’heure du tout numérique, constituent une ressource d’une gr... more Les collections privées de films, à l’heure du tout numérique, constituent une ressource d’une grande richesse, complémentaire des collections conservées par les institutions cinématographiques. Le manque de reconnaissance de ces collections dans le contexte de patrimonialisation du film et les rapports historiques complexes entre
collectionneurs privés et institutions ont toutefois considérablement fragilisé ce secteur, garant d’une idée di érente du patrimoine cinématographique. L’évolution actuelle de ce secteur lui prédit un sinistre avenir, que seuls des changements de statuts et un regain d’intérêt pour ces oeuvres et leur support pourront contrecarrer.
La mort des films, 2017
Les archives de films, à l’exemple de la Cinémathèque française, regorgent de films conservés dan... more Les archives de films, à l’exemple de la Cinémathèque française, regorgent de films conservés dans leurs collections, présentant un état de détérioration avancé ou dont nous ne possédons pas d’informations permettant une véritable identification. Ces films, nous les appelons des « ruines », ou « épaves ». Ces nombreuses oeuvres trouvent aujourd’hui difficilement leur place au sein des programmations contemporaines, privilégiant ou ne pouvant utiliser que les projections numériques. Dans les années 1990, un mouvement de programmations, qui s’était accompagné d’une importante production écrite, avait remis en avant ces ruines cinématographiques, en soulignant notamment leur valeur plastique. Des cinéastes se sont également emparé et réapproprié cette esthétique singulière, à l’instar de Dominique Païni ou encore Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi. En outre, à l’exemple de la copie du film Walkover de Jerzy Skolimowski conservée à la Cinémathèque française, ces films, par leur usure, sontporteurs de leur propre histoire. Le numérique, par son esthétique formatée, nous prive de ces oeuvres, de cette esthétique et de cette histoire, nous renvoyant directement à notre univers contemporain aseptis
La Mort des films, 2017
L’expertise des films permet aux archivistes d’identifier les éléments filmiques, de les comparer... more L’expertise des films permet aux archivistes d’identifier les éléments filmiques, de les comparer et de retracer leur parcours dans le temps.Lola Montès, oeuvre particulièrement complexe de par son histoire et de par ses qualités esthétiques et narratives, est employé dans cet article comme étude de cas, dans l’intention d’illustrer la
méthodologie suivie lors d’une expertise. Le Filmmuseum fiim Munchner Stadtmuseum a, pour la première fois depuis les années 50, identifié les di(érentes versions du film dans le cadre de la restauration de la version allemande du film en 2002. La Cinémathèque française, en collaboration avec Les Films du Jeudi, a utilisé des éléments photochimiques inédits – des sélections monochromatiques – dans la restauration de la version française en 2008. Dans le cadre de sa thèse de doctorat en 2012, l’auteur de l’article a mis en lumière les événements qui ont conduit
aux remontages successifs du film et à la reconstruction de la deuxième version française par le producteur Pierre Braunberger en 1968. Le processus de l’expertise requiert une connaissance de l’histoire des techniques et un travail de recherche parallèle dans les sources non-filmiques. Ses résultats étant aussi précieux à l’archiviste qu’à l’historien du cinéma, il est de l’intérêt des cinémathèques et des centres de recherche « traditionnels » de pérenniser leur collaboration et de partager ce savoir précieux.
La Mort des films, 2017
André Antoine a éprouvé la « mort » de ses films sous divers angles : censure, arrêt de la produc... more André Antoine a éprouvé la « mort » de ses films sous divers angles : censure, arrêt de la production, oubli de son oeuvre dans l’histoire du cinéma. L’intégration de l’oeuvre cinématographique d’Antoine dans l’histoire du cinéma a été complètement dépendante de la (re)découverte de ses films, dans les années 1950, par le critique et historien du cinéma Philippe Esnault, qui en supervisa toutes les restaurations. Or, ces films restaurés, s’ils ont d’abord permis l’envol d’une nouvelle historiographie d’Antoine, constituent aujourd’hui un frein à l’étude approfondie de son oeuvre cinématographique, les interventions menées sur les !lms dans les années 1980 obligeant à mobiliser des sources diverses a!n de retrouver le !lm dans sa forme « originelle ». Même si l’on sait que la notion même d’original pose problème dans la considération de la source !lmique, nous voudrions montrer que la connaissance des pratiques de restauration est nécessaire à toute exploration d’une oeuvre cinématographique, qu’il faut ainsi replacer à la fois dans son contexte de production, mais également de restauration qui est nécessairement elle-même production d’une oeuvre nouvelle. Nous appuierons notre démonstration sur l’analyse de la restauration desTravailleurs de la mer (1918) menée en 1989 par la Cinémathèque française sous le conseil historique de Philippe Esnault
La Mort des films, 2017
La mort des films est imputée à leur composition organique, qui se dégrade inexorablement par déc... more La mort des films est imputée à leur composition organique, qui se dégrade inexorablement par décomposition ou « mauvaises » manipulations. Afin de pallier la fragilité du support photochimique, sont apparues les technologies numériques aujourd’hui parfaitement implantées dans l’industrie cinématographique en général et les archives
filmiques en particulier. Le numérique a apporté de nombreux outils salvateurs pour des oeuvres bien trop fragiles, à l’exemple des oeuvres de Berthold Bartosch, récemment restaurées par les Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée (Cnc). Toutefois, malgré ses apports indéniables, le numérique peut-il
véritablement « ressusciter les ⇣lms » comme on le considère généralement ?
La Mort des films, 2017
This paper examines the relationship between the textual and contextual status of Abel Gance’s Na... more This paper examines the relationship between the textual and contextual status of Abel Gance’s Napoléon between 1927 and the present day. In 1927, the film was distributed in two distinct editions. Both of these copies were subsequently altered for various special screenings and a limited general release. In the sound era, Gance reused elements of his 1927 film(s) in Napoléon Bonaparte (1935) and Bonaparte et la Révolution (1971) – as well as authorizing various piecemeal assemblies of original material for screenings at the Cinémathèque française. "e challenge of locating and reassembling the two primary versions of
the silent Napoléon from this chaotic range of prints continues to occupy modern restorers. Parallel to this textual evolution of Gance’s film is an equally complex contextual evolution. "e addition of various soundtracks and dubbing to the silent material altered the film’s mode of address. In 1927, the film was accompanied with music assembled by Arthur Honegger – but in 1935 this was replaced with recorded music by Henri Verdun. Since 1980, new generations have been able to experience the film at special screenings with music created for live performance. Various scores have been used to recreate historical modes of
exhibition – resurrecting a contextual dimension lost since the arrival of sound. Accordingly, this article seeks to understand how the impact of Gance’s creation has been shaped by music, sound, and performance across the eras of silence, sound, and digitization. I argue that the issue of “liveness” is essential to understanding the evolution of Napoléon as a work of experiential cinema – and that Gance’s creation continues to challenge the way in which films may be restored and presented today
La Mort des films, 2017
La conservation des films s’appuie, en règle générale, sur la notion de film-matrice, c’est-à-dir... more La conservation des films s’appuie, en règle générale, sur la notion de film-matrice, c’est-à-dire sur une version pure et jamais modifiée d’un film, servant de référence pour l’historiographie du cinéma. L’usage de cette notion n’a toutefois plus de pertinence dans l’univers du cinéma d’exploitation, où la promotion de ces films confine souvent au spectacle de fête foraine : on vend un film tout autant qu’on promet un spectacle, le tout à moindre coût. À tous les stades de la vie du film, les intermédiaires ne cessent de les mutiler, nous amenant de fait à substituer à la notion de film-matrice celle de film-martyr. Nous développerons cette notion de film -martyr selon trois axes qui peuvent chacun appliquer ce brouillage des identités des films : leur production, leur distribution et leur conservation.
La Mort des films, 2017
Dans sa conférence de novembre 1917, L’esprit nouveau et les poètes, Apollinaire invite ses confr... more Dans sa conférence de novembre 1917, L’esprit nouveau et les poètes, Apollinaire invite ses confrères à s’emparer du cinéma. Cet appel suscite de nombreuses réponses dans les années 1920 chez les poètes d’avant-garde qui se lancent dans l’élaboration de formes nouvelles : « poèmes cinématographiques » pour Soupault, « poème dans l’espace » pour Albert-Birot, « ciné-poèmes » pour Fondane par exemple. Dans les années 20, on compte plus d’une cinquantaine de scénarios écrits notamment par Albert- Birot, Apollinaire, Artaud, Cendrars, Desnos, Fondane, Péret, Ribemont-Dessaignes, Soupault. Certains sont publiés dans des revues plus ou moins confidentielles comme Les Cahiers du mois ou La Revue du Cinéma. Cependant, ces scénarios sont restés lettres mortes, aucun n’a été tourné à l’exception de deux d’entre eux : La Coquille et le Clergyman écrit en 1927 par Antonin Artaud et réalisé par Germaine Dulac en 1928 et L’Étoile de mer écrit par Robert Desnos et réalisé par Man Ray en 1928. Nous proposons une reconsidération de ces scénarios, en estimant qu’ils appartiennent à l’histoire du cinéma, même s’il s’agit d’un « cinéma invisible » pour reprendre le titre de l’ouvrage de Christian Janicot. D’une part, ils éclairent la réception du cinéma par ces poètes de la modernité : ceux-ci jugent les films de l’époque trop liés aux formes usées du roman et du théâtre et éprouvent le besoin de les renouveler en proposant des créations originales qui se réapproprient notamment des motifs de films burlesques. D’autre part, ces scénarios renseignent sur les conditions de production et d’exploitation du cinéma des années 20 en raison même de leurs échecs à devenir des films.
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COLLOQUES & JOURNEES D'ETUDES by Kiné Traces
Cinq axes de recherche sont proposés autour de la thématique centrale du colloque. L'objectif est d'explorer la relation dynamique qui s'établit entre archive et film, en mettant en lumière les différents cheminements par lesquels elle peut se concrétiser. Nous proposons des sentiers de recherche étendus afin de donner l'opportunité à des chercheurs et des praticiens d'horizons divers d'intégrer la réflexion proposée et d'enrichir ainsi la pensée historique du cinéma.
Malgré ces avancées techniques, le cinéma reste un art fondamentalement précaire. En raison de la fragilité des supports, qu'ils soient photochimiques ou numériques, les œuvres filmiques peuvent disparaître à tout moment. La « mort des films » ne résulte pas seulement de la disparition des copies, mais aussi de leur altération, et du bouleversement irrémédiable que celle-ci entraîne sur leur contenu et ses possibles interprétations. Films perdus dont ne sont conservés que des projets écrits ou des articles dans des journaux ; films incomplets, décomposés par le temps, ou mutilés lors de leur exploitation ; films inachevés ; films restés à l'état de projets ; ou encore films fantômes, projetés une seule fois devant un public restreint… Ces « films morts » font partie intégrante de l'histoire du cinéma.
En l'absence des matériaux d'origine et de copies, les oeuvres s'incarnent dans des archives films (repérages, rushes, chutes...) et non-film (sources iconographiques, écrites, orales, collections d'appareils et d'accessoires). Les films morts nous renseignent sur la façon de conserver les oeuvres encore en vie, sur des décisions artistiques, économiques, politiques prises lors du développement d'un projet cinématographique... Ils sont parfois même plus instructifs que les œuvres dont l'intégrité a été (supposément) préservée. Alors que la préservation pérenne des copies reste aléatoire, comment faire revivre une œuvre disparue ? Et quel est le statut des « films morts » dans la recherche en cinéma et audiovisuel ?
L'altération – voire la disparition – de nombreuses copies passe même parfois inaperçue. La question de la valeur de la copie que nous regardons est donc fondamentale. Elle prend d'autant plus d'ampleur avec l'usage du numérique : la pléthore de normes matérielles et éthiques suscite des usages extrêmement divers, à tel point qu'il semble impossible, malgré le mythe créé par des discours publicitaires omniprésents, de parler de « version définitive » d'un film. Comment doit-on considérer la question de la copie, et donc de la version, que nous, spectateurs, regardons ?
La « mort » des films doit donc être aujourd'hui pensée au regard des questions qu'elle pose à l'historiographie du cinéma. Si la fragilité des œuvres doit absolument être prise en compte, doit-on dès lors repenser le cinéma comme un « art vivant » ?
Pour débattre de ce sujet, nous sommes heureux d'inviter chercheurs, professionnels et doctorants à venir présenter des exemples représentatifs et contribuer à une réflexion théorique générale sur l'écriture de l'histoire du cinéma et la conservation des films.
RENCONTRES MENSUELLES by Kiné Traces
Campus Censier - 13 rue Santeuil, Paris 5e
Une fois par mois, 18h-20h
PROJECTIONS by Kiné Traces
Grâce à une recherche unique menée depuis 2016 par l’association Kinétraces, la salle obscure sera proposée à la découverte sous deux angles particuliers : comme acteur cinématographique à part entière dans une sélection de films où la vie de la salle est intégrée au déroulement d’une intrigue, mais aussi à travers des reconstitutions de séances des premiers temps du cinéma.
« SEANCE TENANTE ! » met en évidence que de nombreuses productions ont utilisé l’univers de la salle de cinéma, ses cabines de projection, le travail en coulisses, de la vendeuse de billets à l’ouvreuse, en passant par les musiciens et les bruiteurs, sans oublier les spectateurs… qui deviennent le ressort comique ou dramatique du récit. La salle obscure accueille tous les fantasmes, ceux qui défilent sur la pellicule et apparentent la séance à un rêve éveillé, mais aussi ceux qui se déroulent dans les fauteuils transformant la séance en scène de séduction. Le genre policier a aussi d’emblée exploité le pouvoir de révélation du film comme preuve juridique, l’inscription sur la bande permettant de révéler l’identité d’un meurtrier ou… l’infidélité d’un conjoint. Les programmes thématiques sont les suivants : " La séance de cinéma délirée par le projectionniste " ; " Le cinéma comme divertissement " ; " Le cinéma comme illusion " ; " Le cinéma comme révélation " ; " La séance de séduction " et " L'autre séance ".
« SEANCE TENANTE ! » propose également de partir à la découverte de séances de cinéma d’époque reconstituées. Au programme : une ciné-conférence composée et menée par Germaine Dulac en 1924 au musée Galliera, deux séances typiques de l’Omnia-Pathé (quelques mois avant la guerre en juin 1914 et en décembre 1919) ; et la représentation de Vie et passion de notre Seigneur Jésus-Christ de Ferdinand Zecca, film emblématique de la maison Pathé, tel qu’il fut présenté en mars 1907 aux Folies dramatiques avec la partition d’origine composée par Charles Quef.
Des copies rares provenant des cinémathèques françaises et européennes ont été rassemblées pour l’occasion.
À partir d’un film rare, il s’agit de mettre en lumière le jeu d’un acteur ou d’une actrice et sa place dans le cinéma français des années 1910-1920.
Chaque séance sera présentée par un chercheur qui retracera le parcours de l’acteur, tout en resituant le film et son réalisateur dans l’histoire du cinéma.
Certaines séances seront composites, associant court et long-métrages, et parfois même accompagnées d’essais d’acteurs ou de making-of.
Projections 2015/2016 - Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, à 19h
13 octobre - Marthe Fabris, par Manon Billaut
17 novembre - Lucien Bataille, par Charlotte Servel
1er décembre - Raquel Meller, par Céline Arzatian
19 janvier - Musidora, par Marién Gomez
16 février - Ivan Mosjoukine, par Myriam Juan
15 mars - Severin-Mars, par Elodie Tamayo
12 avril - Max Linder, par Laurent Guido, Laurent le Forestier et Dimitri Vezyroglou
17 mai - Leontine Massar, par Mélissa Gignac
14 juin - Antonin Artaud, par Virginie di Ricci
KINETRACE EDITIONS by Kiné Traces
ou les di6érents moyens déployés dans ce but, deviennent déjà un acte de contestation. En ce sens, une rubrique de la revue intitulée « Le cinéma qu’on ne voit pas » est devenu un cas emblématique de contestation culturelle au régime. Cet article s’intéresse à cette section de la revue en tant que stratégie de di6usion par l’écrit du cinéma
interdit. Raconter des films était une façon de faire connaître au public les films que pour des raisons politiques n’étaient pas projetés dans le pays, et ainsi préserver le cinéma de l’oubli et de la censure.
tirent profit : Cines, Pathé et Luca Comerio Film. Elles produisent des centaines de films d’actualités ainsi que des films de fiction. Cette production était pourtant immense et variée, probablement plus importante et en partie plus novatrice que celle de la guerre de 1914-1918 par le nombre de titres mais aussi au niveau de l’intérêt de la
population de l’époque. À partir d’un projet initié en 2011 par l’Université de Rome Tor Vergata, la Cinemathèque nationale italienne, l’Office historique de l’État-major de l’Armée italienne et l’Association italienne pour la recherche de l’histoire du cinéma, nous établissons une filmographie de ce con"it, le premier à être couvert par les médias
modernes. Notre article illustre la méthodologie – basée sur une utilisation importante de ressources papier et d’archives militaires – de ce travail commun.
collectionneurs privés et institutions ont toutefois considérablement fragilisé ce secteur, garant d’une idée di érente du patrimoine cinématographique. L’évolution actuelle de ce secteur lui prédit un sinistre avenir, que seuls des changements de statuts et un regain d’intérêt pour ces oeuvres et leur support pourront contrecarrer.
méthodologie suivie lors d’une expertise. Le Filmmuseum fiim Munchner Stadtmuseum a, pour la première fois depuis les années 50, identifié les di(érentes versions du film dans le cadre de la restauration de la version allemande du film en 2002. La Cinémathèque française, en collaboration avec Les Films du Jeudi, a utilisé des éléments photochimiques inédits – des sélections monochromatiques – dans la restauration de la version française en 2008. Dans le cadre de sa thèse de doctorat en 2012, l’auteur de l’article a mis en lumière les événements qui ont conduit
aux remontages successifs du film et à la reconstruction de la deuxième version française par le producteur Pierre Braunberger en 1968. Le processus de l’expertise requiert une connaissance de l’histoire des techniques et un travail de recherche parallèle dans les sources non-filmiques. Ses résultats étant aussi précieux à l’archiviste qu’à l’historien du cinéma, il est de l’intérêt des cinémathèques et des centres de recherche « traditionnels » de pérenniser leur collaboration et de partager ce savoir précieux.
filmiques en particulier. Le numérique a apporté de nombreux outils salvateurs pour des oeuvres bien trop fragiles, à l’exemple des oeuvres de Berthold Bartosch, récemment restaurées par les Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée (Cnc). Toutefois, malgré ses apports indéniables, le numérique peut-il
véritablement « ressusciter les ⇣lms » comme on le considère généralement ?
the silent Napoléon from this chaotic range of prints continues to occupy modern restorers. Parallel to this textual evolution of Gance’s film is an equally complex contextual evolution. "e addition of various soundtracks and dubbing to the silent material altered the film’s mode of address. In 1927, the film was accompanied with music assembled by Arthur Honegger – but in 1935 this was replaced with recorded music by Henri Verdun. Since 1980, new generations have been able to experience the film at special screenings with music created for live performance. Various scores have been used to recreate historical modes of
exhibition – resurrecting a contextual dimension lost since the arrival of sound. Accordingly, this article seeks to understand how the impact of Gance’s creation has been shaped by music, sound, and performance across the eras of silence, sound, and digitization. I argue that the issue of “liveness” is essential to understanding the evolution of Napoléon as a work of experiential cinema – and that Gance’s creation continues to challenge the way in which films may be restored and presented today
Cinq axes de recherche sont proposés autour de la thématique centrale du colloque. L'objectif est d'explorer la relation dynamique qui s'établit entre archive et film, en mettant en lumière les différents cheminements par lesquels elle peut se concrétiser. Nous proposons des sentiers de recherche étendus afin de donner l'opportunité à des chercheurs et des praticiens d'horizons divers d'intégrer la réflexion proposée et d'enrichir ainsi la pensée historique du cinéma.
Malgré ces avancées techniques, le cinéma reste un art fondamentalement précaire. En raison de la fragilité des supports, qu'ils soient photochimiques ou numériques, les œuvres filmiques peuvent disparaître à tout moment. La « mort des films » ne résulte pas seulement de la disparition des copies, mais aussi de leur altération, et du bouleversement irrémédiable que celle-ci entraîne sur leur contenu et ses possibles interprétations. Films perdus dont ne sont conservés que des projets écrits ou des articles dans des journaux ; films incomplets, décomposés par le temps, ou mutilés lors de leur exploitation ; films inachevés ; films restés à l'état de projets ; ou encore films fantômes, projetés une seule fois devant un public restreint… Ces « films morts » font partie intégrante de l'histoire du cinéma.
En l'absence des matériaux d'origine et de copies, les oeuvres s'incarnent dans des archives films (repérages, rushes, chutes...) et non-film (sources iconographiques, écrites, orales, collections d'appareils et d'accessoires). Les films morts nous renseignent sur la façon de conserver les oeuvres encore en vie, sur des décisions artistiques, économiques, politiques prises lors du développement d'un projet cinématographique... Ils sont parfois même plus instructifs que les œuvres dont l'intégrité a été (supposément) préservée. Alors que la préservation pérenne des copies reste aléatoire, comment faire revivre une œuvre disparue ? Et quel est le statut des « films morts » dans la recherche en cinéma et audiovisuel ?
L'altération – voire la disparition – de nombreuses copies passe même parfois inaperçue. La question de la valeur de la copie que nous regardons est donc fondamentale. Elle prend d'autant plus d'ampleur avec l'usage du numérique : la pléthore de normes matérielles et éthiques suscite des usages extrêmement divers, à tel point qu'il semble impossible, malgré le mythe créé par des discours publicitaires omniprésents, de parler de « version définitive » d'un film. Comment doit-on considérer la question de la copie, et donc de la version, que nous, spectateurs, regardons ?
La « mort » des films doit donc être aujourd'hui pensée au regard des questions qu'elle pose à l'historiographie du cinéma. Si la fragilité des œuvres doit absolument être prise en compte, doit-on dès lors repenser le cinéma comme un « art vivant » ?
Pour débattre de ce sujet, nous sommes heureux d'inviter chercheurs, professionnels et doctorants à venir présenter des exemples représentatifs et contribuer à une réflexion théorique générale sur l'écriture de l'histoire du cinéma et la conservation des films.
Campus Censier - 13 rue Santeuil, Paris 5e
Une fois par mois, 18h-20h
Grâce à une recherche unique menée depuis 2016 par l’association Kinétraces, la salle obscure sera proposée à la découverte sous deux angles particuliers : comme acteur cinématographique à part entière dans une sélection de films où la vie de la salle est intégrée au déroulement d’une intrigue, mais aussi à travers des reconstitutions de séances des premiers temps du cinéma.
« SEANCE TENANTE ! » met en évidence que de nombreuses productions ont utilisé l’univers de la salle de cinéma, ses cabines de projection, le travail en coulisses, de la vendeuse de billets à l’ouvreuse, en passant par les musiciens et les bruiteurs, sans oublier les spectateurs… qui deviennent le ressort comique ou dramatique du récit. La salle obscure accueille tous les fantasmes, ceux qui défilent sur la pellicule et apparentent la séance à un rêve éveillé, mais aussi ceux qui se déroulent dans les fauteuils transformant la séance en scène de séduction. Le genre policier a aussi d’emblée exploité le pouvoir de révélation du film comme preuve juridique, l’inscription sur la bande permettant de révéler l’identité d’un meurtrier ou… l’infidélité d’un conjoint. Les programmes thématiques sont les suivants : " La séance de cinéma délirée par le projectionniste " ; " Le cinéma comme divertissement " ; " Le cinéma comme illusion " ; " Le cinéma comme révélation " ; " La séance de séduction " et " L'autre séance ".
« SEANCE TENANTE ! » propose également de partir à la découverte de séances de cinéma d’époque reconstituées. Au programme : une ciné-conférence composée et menée par Germaine Dulac en 1924 au musée Galliera, deux séances typiques de l’Omnia-Pathé (quelques mois avant la guerre en juin 1914 et en décembre 1919) ; et la représentation de Vie et passion de notre Seigneur Jésus-Christ de Ferdinand Zecca, film emblématique de la maison Pathé, tel qu’il fut présenté en mars 1907 aux Folies dramatiques avec la partition d’origine composée par Charles Quef.
Des copies rares provenant des cinémathèques françaises et européennes ont été rassemblées pour l’occasion.
À partir d’un film rare, il s’agit de mettre en lumière le jeu d’un acteur ou d’une actrice et sa place dans le cinéma français des années 1910-1920.
Chaque séance sera présentée par un chercheur qui retracera le parcours de l’acteur, tout en resituant le film et son réalisateur dans l’histoire du cinéma.
Certaines séances seront composites, associant court et long-métrages, et parfois même accompagnées d’essais d’acteurs ou de making-of.
Projections 2015/2016 - Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, à 19h
13 octobre - Marthe Fabris, par Manon Billaut
17 novembre - Lucien Bataille, par Charlotte Servel
1er décembre - Raquel Meller, par Céline Arzatian
19 janvier - Musidora, par Marién Gomez
16 février - Ivan Mosjoukine, par Myriam Juan
15 mars - Severin-Mars, par Elodie Tamayo
12 avril - Max Linder, par Laurent Guido, Laurent le Forestier et Dimitri Vezyroglou
17 mai - Leontine Massar, par Mélissa Gignac
14 juin - Antonin Artaud, par Virginie di Ricci
ou les di6érents moyens déployés dans ce but, deviennent déjà un acte de contestation. En ce sens, une rubrique de la revue intitulée « Le cinéma qu’on ne voit pas » est devenu un cas emblématique de contestation culturelle au régime. Cet article s’intéresse à cette section de la revue en tant que stratégie de di6usion par l’écrit du cinéma
interdit. Raconter des films était une façon de faire connaître au public les films que pour des raisons politiques n’étaient pas projetés dans le pays, et ainsi préserver le cinéma de l’oubli et de la censure.
tirent profit : Cines, Pathé et Luca Comerio Film. Elles produisent des centaines de films d’actualités ainsi que des films de fiction. Cette production était pourtant immense et variée, probablement plus importante et en partie plus novatrice que celle de la guerre de 1914-1918 par le nombre de titres mais aussi au niveau de l’intérêt de la
population de l’époque. À partir d’un projet initié en 2011 par l’Université de Rome Tor Vergata, la Cinemathèque nationale italienne, l’Office historique de l’État-major de l’Armée italienne et l’Association italienne pour la recherche de l’histoire du cinéma, nous établissons une filmographie de ce con"it, le premier à être couvert par les médias
modernes. Notre article illustre la méthodologie – basée sur une utilisation importante de ressources papier et d’archives militaires – de ce travail commun.
collectionneurs privés et institutions ont toutefois considérablement fragilisé ce secteur, garant d’une idée di érente du patrimoine cinématographique. L’évolution actuelle de ce secteur lui prédit un sinistre avenir, que seuls des changements de statuts et un regain d’intérêt pour ces oeuvres et leur support pourront contrecarrer.
méthodologie suivie lors d’une expertise. Le Filmmuseum fiim Munchner Stadtmuseum a, pour la première fois depuis les années 50, identifié les di(érentes versions du film dans le cadre de la restauration de la version allemande du film en 2002. La Cinémathèque française, en collaboration avec Les Films du Jeudi, a utilisé des éléments photochimiques inédits – des sélections monochromatiques – dans la restauration de la version française en 2008. Dans le cadre de sa thèse de doctorat en 2012, l’auteur de l’article a mis en lumière les événements qui ont conduit
aux remontages successifs du film et à la reconstruction de la deuxième version française par le producteur Pierre Braunberger en 1968. Le processus de l’expertise requiert une connaissance de l’histoire des techniques et un travail de recherche parallèle dans les sources non-filmiques. Ses résultats étant aussi précieux à l’archiviste qu’à l’historien du cinéma, il est de l’intérêt des cinémathèques et des centres de recherche « traditionnels » de pérenniser leur collaboration et de partager ce savoir précieux.
filmiques en particulier. Le numérique a apporté de nombreux outils salvateurs pour des oeuvres bien trop fragiles, à l’exemple des oeuvres de Berthold Bartosch, récemment restaurées par les Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée (Cnc). Toutefois, malgré ses apports indéniables, le numérique peut-il
véritablement « ressusciter les ⇣lms » comme on le considère généralement ?
the silent Napoléon from this chaotic range of prints continues to occupy modern restorers. Parallel to this textual evolution of Gance’s film is an equally complex contextual evolution. "e addition of various soundtracks and dubbing to the silent material altered the film’s mode of address. In 1927, the film was accompanied with music assembled by Arthur Honegger – but in 1935 this was replaced with recorded music by Henri Verdun. Since 1980, new generations have been able to experience the film at special screenings with music created for live performance. Various scores have been used to recreate historical modes of
exhibition – resurrecting a contextual dimension lost since the arrival of sound. Accordingly, this article seeks to understand how the impact of Gance’s creation has been shaped by music, sound, and performance across the eras of silence, sound, and digitization. I argue that the issue of “liveness” is essential to understanding the evolution of Napoléon as a work of experiential cinema – and that Gance’s creation continues to challenge the way in which films may be restored and presented today