Laure Leroux
Situé aux confins du département de la Dordogne et du Lot-et-Garonne, le château de Biron constitue un site castral majeur d’Aquitaine, tant par ses dimensions que sa longévité, d’autant plus étonnante au regard de son isolement. L’analyse archéologique des élévations, associée à plusieurs campagnes de fouilles ont permis de reconsidérer cet ensemble complexe, et d’offrir un nouvel éclairage concernant les sources écrites, le contexte historique et l’architecture d’un Périgord méridional relativement méconnu. Ainsi, les premiers siècles d’existence de Biron, enjeu des rivalités entre le comte de Toulouse et le duc d’Aquitaine, voient le formidable développement de cette place forte périgourdine au contact de l’Agenais et du Quercy. À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, la concurrence des bastides affaiblit le pouvoir seigneurial, qui louvoie pour survivre à la guerre de Cent Ans. Il faut attendre le XVIe siècle pour que s’épanouissent de nouveau les ambitions architecturales des seigneurs de Biron, d’abord en tant que barons du Périgord puis comme serviteurs des derniers Valois durant les guerres de Religion. Les siècles suivants voient la dissolution progressive des liens entre le lignage et ses terres originelles, jusqu’aux destructions révolutionnaires. De sa genèse aux environs de l’an mil jusqu’au dernier marquis de Biron au début du XXe siècle, le croisement des disciplines et la perspective diachronique dessinent ainsi une évolution fort peu linéaire du site castral, lié tant aux stratégies politiques d’un grand lignage seigneurial qu’aux transformations de son territoire.
Situated on the borders of Périgord and Agenais, the château de Biron is one of the main castles of Aquitaine. Its complexity inspired a thesis dedicated to the historical and architectural evolutions of the castle, based on an archaeological approach, combining study of the elevated structures and some excavations in the court of the castle. These four years researches revealed the genesis of the castle around the tenth century, while the count of Toulouse was trying to extend his territorial reach in southern Périgord. Two centuries later, the strategic situation and the development of the fortress attracted the interest of dukes Plantagenêt, to control the counties of Agenais and Quercy. They helped the lineage of Gontaud to take the castle and married their heiress with a mercenary, Martin Algais, seneschal of Périgord for the king John, killed by Simon de Montfort, during the Albigensian Crusade. At the thirteenth and fourteenth century, the creation of bastides near the castle weakened durably the lineage, which played an opportunist politic to survive during the Hundred Years War. At the end of the fifteenth century, the lords of Biron undertook ambitious works to transform the ancient fortress in a gorgeous residence in late flamboyant gothic style, with some ornaments inspired by Italian Renaissance. In the second half of the sixteenth century, their heirs ensured their social ascension by offering their diplomatic and military abilities to the latest Valois and transforming the castle in a spot to keep watch the protestant Agenais. The treason and execution of Charles de Gontaud, Maréchal of Biron in 1602 caused the long desertion of the castle.
Supervisors: Professeur Luc Bourgeois
Address: France
Situated on the borders of Périgord and Agenais, the château de Biron is one of the main castles of Aquitaine. Its complexity inspired a thesis dedicated to the historical and architectural evolutions of the castle, based on an archaeological approach, combining study of the elevated structures and some excavations in the court of the castle. These four years researches revealed the genesis of the castle around the tenth century, while the count of Toulouse was trying to extend his territorial reach in southern Périgord. Two centuries later, the strategic situation and the development of the fortress attracted the interest of dukes Plantagenêt, to control the counties of Agenais and Quercy. They helped the lineage of Gontaud to take the castle and married their heiress with a mercenary, Martin Algais, seneschal of Périgord for the king John, killed by Simon de Montfort, during the Albigensian Crusade. At the thirteenth and fourteenth century, the creation of bastides near the castle weakened durably the lineage, which played an opportunist politic to survive during the Hundred Years War. At the end of the fifteenth century, the lords of Biron undertook ambitious works to transform the ancient fortress in a gorgeous residence in late flamboyant gothic style, with some ornaments inspired by Italian Renaissance. In the second half of the sixteenth century, their heirs ensured their social ascension by offering their diplomatic and military abilities to the latest Valois and transforming the castle in a spot to keep watch the protestant Agenais. The treason and execution of Charles de Gontaud, Maréchal of Biron in 1602 caused the long desertion of the castle.
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Papers by Laure Leroux
Suite à sa vente comme bien national après la Révolution, l’abbaye a connu d’importantes destructions, et en particulier le démantèlement de son cloître.
Depuis la fin du XIXe siècle, ses propriétaires successifs s’emploient à assurer la conservation et la réhabilitation de ce site majeur, notamment par son classement au titre des Monuments Historiques en 1938.
À partir des années 1960, l’abbaye fait l’objet de fouilles archéologiques, qui révèlent un vaste ensemble bâti au nord-est des bâtiments conventuels et apparemment indépendants de ces derniers, assurant vraisemblablement une fonction d’hospice. Dans les décennies suivantes, les travaux d’assainissement et de mise en valeur dictent la réalisation de sondages. Les vestiges ainsi découverts, quoique fragmentaires, alimentent les essais de restitution du plan de l’abbaye. La synthèse des rapports de fouille révèle la fragilité des vestiges, altérés par les crues récurrentes impactant le site.
Depuis son acquisition de l’abbaye en 1997, le département s’est employé à poursuivre la restauration et la valorisation du complexe monastique. La présente campagne de sondages s’inscrit dans cette logique : il s’agissait d’évaluer le potentiel archéologique de l’aile principale, notamment concernant la conservation de sols anciens, dans la perspective d’un projet d’assainissement et de réhabilitation des circulations anciennes.
Si un cadastre du XVIIe siècle, établi en prévision de l’installation du couvent, figurait dans cette zone des parcelles vacantes, la fouille archéologique a révélé une occupation dense, dont la longévité égale la complexité.
L’aménagement initial du terrain se manifeste par un fossé de plus de 8,5 m d’ouverture (Fs 24) pour une profondeur de 2,5 m, qui atteint la nappe phréatique et permet la constante mise en eau du fossé. De fait, son principal comblement est formé de lits millimétriques d’argiles décantées sous tranche d’eau constante, sur près d’un mètre d’épaisseur, correspondant à plusieurs siècles de fonctionnement. L’absence d’artefacts anthropiques et l’uniformité de ce comblement indiquent l’isolement de ce vaste fossé, et laisse supposer l’existence d’un glacis défensif le précédant, tirant profit de l’escarpement et de la nature argileuse du terrain. Le comblement de ce fossé interviendrait entre le milieu du XIIe et le milieu du XIIIe siècle, laissant supposer une origine alto-médiévale pour son fonctionnement.
Le comblement final du fossé traduit une réaffectation globale du terrain : devenu un véritable cloaque, il reçoit les rejets du site castral en contrehaut. Ce dernier est attesté par la présence d’une levée de terre à l’extrémité orientale de la parcelle (Mr 27). En vis-à-vis un trou de poteau de 80 cm de diamètre pour plus d’1 m de profondeur (TP 56), sans doute jumelé (TP 63), indique un dispositif de franchissement de cette enceinte, daté entre le milieu du XIIe et le milieu du XIIIe siècle. Le fossé, encore présent dans la topographie, délimite sans doute un espace de basse cour, constitutif du site castral, et au sein duquel est foré un puits (Fs 42), dont l’emplacement est sans doute guidé par la proximité du fossé, signalant une nappe phréatique.
Dès le XIIIe siècle, intervient l’effacement final du fossé 24, scellé par près d’1 m de remblais. Ce remodelage de la topographie constitue le préalable à l’établissement d’habitations, dont l’expression la plus concrète tient en l’alignement de deux murs bahuts, destinés à supporter l’étage de maisons médiévales (Mrs 19 et 20). La formation d’un couloir de circulation et la présence de murs dans leur prolongement (Mr 25) et en vis-à-vis (Mr 59), attestent de la formation d’un véritable tissu urbain, organisé suivant l’axe du franchissement du rempart.
Il est pourtant partiellement recouvert par la création d’un second rempart de terre, de près de 2,50 m d’épaisseur (Mr 59), appuyé contre des poteaux verticaux (Tp 60). Attribuée à la remise en défense des bourgs méridionaux durant la Guerre de Cent ans, cette fortification occasionne un réagencement du parcellaire, avec l’alignement, sur le tracé du rempart, de murs appartenant à de nouvelles habitations intra-muros (Mr 26 et Mr 28).
À l’extérieur du rempart, les unités d’habitation médiévales (Mr 19 et 20) sont intégrées à une vaste demeure (Mr 17 et 43), organisée autour d’un foyer dont l’architecture mérite d’être signalée (FY 53). Établie sur une calade en galets, une couronne de maçonnerie supporte une dalle massive, comportant une cupule centrale. Contre ce bloc, une structure de rubéfaction indique l’usage de ce dispositif comme structure de chauffe. Cependant, en l’absence de sole foyère et de rubéfaction de la dalle, elle s’apparente plutôt à un dispositif de maintien à température des aliments plutôt qu’à leur cuisson. Un second état de cette demeure voit le recouvrement de la calade par un carrelage en terre cuite (Sol 30) et la création d’un nouveau foyer (Fy 57) nettement plus modeste mais de même fonctionnement.
Cet espace densément habité disparaît pourtant au début de l’ère moderne. La création du couvent des Ursulines dans ces terrains désormais vacants donne lieu à un parcellaire orthonormé, à partir duquel se développe un nouveau tissu urbain.