Papers by Benoît Melançon
Laurence L. Bongie propose ici une lecture radicale de l'œuvre de Sade et met à mal nombre d&... more Laurence L. Bongie propose ici une lecture radicale de l'œuvre de Sade et met à mal nombre d'idées reçues sur l'auteur de La philosophie dans le boudoir. Qui oserait réhabiliter la belle-mère de Sade, la redoutable Présidente de Montreuil ? Contester à Sade la qualité de philosophe ? Avancer que les lettres de cachet l'ont, en quelque sorte, protégé de la justice, tout en menant à son enfermement ? Cette réinterprétation du rôle de la Présidente n'est pas la seule proposée par l'auteur qui, à partir de recherches nouvelles en archives, invite notamment les lecteurs à repenser le rapport de Sade avec sa mère, dont on a dit longtemps qu'elle était absente de son œuvre. Pour Bongie, au contraire, la haine de la mère est capitale. Originellement paru en anglais, ce livre s'adresse évidemment aux spécialistes de Sade, mais aussi à un grand public friand de détails sur la vie aristocratique au siècle des Lumières. À la fois essai biographique et relecture de l'œuvre sadienne, il affirme haut et fort des positions loin de toutes les orthodoxies. Les nouveaux lecteurs, ni apôtres ni spécialistes, mais esprits curieux souhaitant se faire une idée par eux-mêmes sur un écrivain aujourd'hui devenu canonique, pourraient être étonnés
reprises les salons parisiens, dont celui de Bertin (p. 77), mais sans leur réserver de dévdoppem... more reprises les salons parisiens, dont celui de Bertin (p. 77), mais sans leur réserver de dévdoppement. 2.0 Les dérèglements de l'art Diderot choisit [ ... ] de faire converser le philosophe et le Neveu dans l'espace peu conventionnel d'un café. Le café, au XVJn• siècle, constitue avec le salon un nouveau lieu de sociabilité qui correspond à l'émergence d'une sphère publique, littéraire er politique. Mais le café n'est pas un salon, et les choses qui s'y disent, les propos qu'on y hasarde, ne s'accordent pas toujours avec les règles de la société policée des salons et le code d'honnêteté auquel elle se réfère. Il suffit de le voir : le Neveu n'a pas sa place dans un salon, et l'on comprend aisément pourquoi 3 .
Jeu Revue De Theâtre, 1988
Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y ... more Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
Jeu Revue De Theâtre, 1995
Benoît Melançon est professeur titulaire au Département des littératures de langue française de l... more Benoît Melançon est professeur titulaire au Département des littératures de langue française de l'Université de Montréal. Il a été directeur scientifique des Presses de cette université de 2002 à 2016. Commençons par l'un de vos projets les plus connus : le blogue L'Oreille tendue ! Qu'est-ce donc ? J'ai une très ancienne pratique numérique. J'ai commencé à faire du courrier électronique dès la fin des années 1980, sur America On Line (AOC). Je recevais des disquettes par la poste afin d'avoir le logiciel pour me brancher. J'ai aussi eu un compte de courrier électronique sur une plateforme populaire dans les années 1980 et qui a complètement disparu, Compuserve. J'ai commencé aussi à monter des pages Web pour mes cours presque au moment où le Web est arrivé. Les premières pages que j'ai faites, au milieu des années 1990, je les tapais entièrement, les éditeurs HTML n'existaient pas encore ! Mes étudiant.es me regardaient comme un Martien quand je leur disais qu'il y avait des choses sur le Web qu'iels pouvaient consulter. Je regardais le blogue depuis longtemps et je n'arrivais pas à trouver ce que je pouvais en faire, jusqu'au moment où j'ai dirigé le mémoire de maîtrise d'Éric Vignola au Département des littératures de langue française ; il ne porte pas précisément sur la pratique du blogue, mais sur la transformation de trois blogues québécois en livres. Faisant ça, Éric a dû se poser la question de la nature du blogue, et donc j'ai dû me la poser moi aussi. C'est là que le déclic s'est fait. Le mémoire a été déposé en 2010, et j'ai commencé à bloguer en 2009. L'idée était là. J'ai compris deux choses : d'une part, le blogue ne peut marcher, ne peut avoir des lecteur.ices, que s'il a une certaine régularité; d'autre part, il lui faut une cohérence, un centre fort, même si l'on aborde toutes sortes de choses. Il faut qu'il y ait un objet récurrent pour que le blogue trouve son lectorat. Dans mon cas, ça a été la langue. J'avais ces deux choses-là, et subitement j'ai eu l'illumination du titre L'Oreille tendue. J'avais les trois choses qu'il me fallait : la régularité, un centre fort et un nom. À l'origine, c'était surtout les questions de langue qui m'intéressaient. Depuis, j'ai fait beaucoup d'autres choses, qui ont souvent un rapport avec la langue, mais pas toujours. À partir de là se posait la question de la technique : où est-ce que j'allais faire ça ? Mon blogue a eu une entrée sur Blogspot. Une seule. J'étais en discussion avec un ami qui disait qu'il allait m'héberger sur son serveur, mais ça n'aboutissait pas assez vite à mon goût. Alors j'ai créé mon blogue sur Blogspot. Il m'a écrit tout de suite pour me dire qu'il avait créé mon blogue sur WordPress ! Aujourd'hui, donc, je suis sur WordPress. Ce qui fait que le choix de technique m'a été un peu imposé : il se trouve que la personne qui m'héberge travaillait déjà sur WordPress. Ça me convient. C'est du logiciel ouvert, ce n'est pas une structure propriétaire, ce qui faisait mon bonheur. C'est aussi, peut-être moins maintenant, très facile à utiliser. Depuis, les gens de WordPress ont fait des modifications à l'interface qui ne me conviennent pas, mais ça, ce sont mes habitudes. Quand on fait 4500 entrées de la même façon et que quelqu'un change l'éditeur de texte, ça nous embête ! On a pris nos habitudes. Le 14 juin 2009, la première entrée du blogue paraît. Même pas de compteur de visites : les six premiers mois, j'avais oublié de mettre un compteur. Je ne l'ai fait qu'au début de l'année suivante. Depuis, la plateforme me convient parfaitement même si je râle contre certaines modifications. Comme je suis hébergé sur un serveur qui n'est pas à moi, mais qui est le mien d'une certaine façon, je peux faire des modifications assez facilement. Quand je regarde les premières interfaces du blogue en 2009, je suis assez honteux, c'était fort laid. C'était les configurations standards de l'époque ; j'ai bidouillé pas mal depuis. On peut utiliser WordPress sans avoir de connaissances techniques. Si on en a, même basiques, on peut entrer dans le code et faire des modifications. Un exemple : je déteste voir apparaître dans les blogues les mots-clés qu'on peut mettre, donc je tripatouille dans le HTML de mon gabarit pour enlever l'apparition des mots-clés. Je peux faire ça, mais on peut très bien utiliser WordPress sans rien en savoir. Ce qui m'a beaucoup étonné, c'est quand j'ai donné un cours sur le blogue. Je demandais aux étudiant.es d'utiliser WordPress et, à la fin de l'année, quand on a fait un retour sur le cours, iels m'ont dit qu'iels ne savaient pas comment l'utiliser. C'est un logiciel pour moi d'une simplicité totale. Ça révèle clairement les présupposés qu'on peut avoir sur les étudiant.es : iels utilisent un ordinateur depuis tout-petit.e.s, iels doivent savoir comment ça marche ! Je ne redonnerai jamais ce cours, mais, si je le devais, je ferais une séance technique au début pour expliquer comment ça marche, WordPress, par exemple qu'il y a deux façons d'éditer ses textes, soit par l'éditeur de blocs ou avec l'ancien éditeur qui est d'une simplicité parfaite. C'est ce que j'utilise tous les jours. Une interface aussi simple que ça a besoin d'être introduite auprès des étudiant.es. Depuis, il y a eu plus de 4500 entrées, des pistes nouvelles qui se sont ajoutées au fil du temps, des choses que je n'avais pas prévues. J'en suis au moment où je dois me dire : qu'estce que je fais pour la suite ? Est-ce que je continue ce que je fais depuis le début : du texte avec trois fichiers sonores (depuis la création) ou est-ce que je décide de me diriger vers plus de contenus audio ? Comme du balado (du podcast) par exemple ? Ou je reprends une autre chose que j'ai faite avec d'autres, de la vidéo ? Mon expérience de vidéo sur YouTube dépend essentiellement d'une autre personne, pour la chaîne L'histoire nous le dira de Laurent Turcot. Tout ça est relayé sur mon blogue, mais c'est Laurent qui organise sa chaîne, je n'y vais que comme invité. Je n'ai utilisé YouTube que sous cet angle-là, à part, peut-être, deux ou trois très courts fichiers pour annoncer des parutions de livres. Je suis tout à fait content de WordPress et je vais continuer à faire du texte. La question, c'est : est-ce que j'utilise d'autres canaux pour continuer ce que je fais ?
Études françaises, 1990
Jeune, ma famille habitait très haut dans le nord du Québec. Notre appareil radio captait toujour... more Jeune, ma famille habitait très haut dans le nord du Québec. Notre appareil radio captait toujours ensemble, jamais séparément, Buffalo et Montréal, de sorte que la récitation radiophonique du chapelet se faisait toujours sur un fond agréable de musique western. C'était beau et fascinant. Mon père disait: «à cheval pour le chapelet.» Nous, les petits enfants, nous récitions donc le rosaire au galop, apprenant qu'au Québec les rêves les plus contradictoires sont permis. Gilles Carie Vaste entité aux contours flous, l'Amérique est à la mode dans le Québec d'aujourd'hui 1. Suivant la saison de l'année et les intérêts Université de Montréal, Faculté des arts et des sciences, Département d'études françaises, Centre de documentation des études québécoises, coll. «Rapports de recherche», 6, mai 1989, 39 p. Nous tenons à remercier le Département d'études fran
Pratique et concis, ce guide explique comment effectuer une recherche documentaire efficace et fr... more Pratique et concis, ce guide explique comment effectuer une recherche documentaire efficace et fructueuse. Comment définir et préciser votre sujet de recherche ? Quels sont vos besoins documentaires ? Quels ouvrages de référence devez-vous consulter ? Comment pouvez-vous tirer parti des outils et services offerts en bibliothèque ? Où pouvez-vous trouver, dans Internet, des documents pertinents et fiables ? Accompagné de divers tableaux permettant de rappeler l'essentiel des informations, le texte se lit et se consulte facilement grâce à une présentation claire et attrayante. Enfin, un guide de la recherche véritablement adapté aux étudiants
Espaces critiques. Écrire sur la littérature et les autres arts au Québec (1920-1960), 2018
Collection : Dont actes ; no 1
Vst - Vie Sociale Et Traitements, 2001
Reproduit avec !'autorisation de l'éditeur.
French Studies, 2018
This study sets out to defend fiction against the ‘menac[e] de dissolution’ Françoise Lavocat arg... more This study sets out to defend fiction against the ‘menac[e] de dissolution’ Françoise Lavocat argues it faces (p. 13). One threat is the phenomenon of ‘storytelling’ in the sense laid out by Christian Salmon’s Storytelling: la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits (Paris: La Découverte, 2007), which highlights how political and commercial discourses use the power of narratives to seduce the masses, thereby discrediting narratives and fictionality. The other culprit is critical theory from the 1960s to the 1990s. Arguing that no discourse can be purely factual and that consequently what we know as history is also just fiction, Barthes, Ricœur, Veyne, Foucault, Lacan, and Hayden White, Lavocat claims, undermined the distinction between fact and fiction, radically expanding the latter. Baudrillard and Lyotard, meanwhile, inspired Japanese theorists Masachi Osawa and Hiroki Azuma to declare the end of the age of fiction under the impact of cyberculture. It can be objected, however, that such ‘panfictionalist’ approaches are hardly dominant today and that most of them do not deny the existence of the real, but simply show the distorting nature of discourse or introduce a new ontological category: the simulacrum or the virtual, which are distinct from fiction. The nature of the alleged threat thus remains blurry: is it a dissolution of ontological or discursive borders that has already taken place, a risk we are facing, or something that is not the case but that some theorists think may be imminent? Lavocat also states that ‘[n]otre époque ne peut s’empêcher de présupposer ces frontières et de les poser comme une exigence normative, sans que leur tracé soit explicité ni stabilisé’ (p. 293). The image of the enemy outlined in the first part is less important than the defence, however, which forms the core contribution of the book, consisting of a comprehensive and thorough overview of the history and current state of all things fictional or that play with ontological boundaries. The second part focuses on cultures and beliefs, retracing the history of the distinction between fact and fiction back to medieval Japanese monogatari, contesting the received idea that the modern West invented it. Lavocat also questions the indispensability of fiction, which the anthropological perspective reveals to be an ‘anomalie anthropologique’ (p. 212), before discussing how the distinction becomes indispensable once it appeared, as cases of blasphemy, lawsuits attacking fictional or semi-fictional works, or psychological trauma due to aggression against one’s online avatar well illustrate. The last part turns to logical and ontological considerations, and tackles the case of paradoxes and border-crossing, concluding that these phenomena also rely on the distinction between fact and fiction. Overall, Lavocat examines everything from tribal rituals to massively multiplayer online games, with copious references to literature from East and West and from classical to contemporary times, drawing on arguments from semiotics, narratology, history, philosophy, anthropology, cognitive science, and more. The book is thus the most erudite demonstration that logically and ontologically, socially and politically, cognitively and pragmatically, we cannot dispense with the distinction between fact and fiction.
Collection : Rapports de recherche ;
Dans un texte paru en 1993, Pierre Berthiaume trace, à partir de l'oeuvre de Turgot et de celle d... more Dans un texte paru en 1993, Pierre Berthiaume trace, à partir de l'oeuvre de Turgot et de celle de Condorcet, l'évolution de ce qu'il nomme la "Déliquçscence du Sauvage" tout au long du XVIIIe siècle. Selon lui, Le Sauvage se place en dehors du modèle humain défini par Turgot et par Condorcet et, par conséquent, il met en doute l'idée même de l'universalité de la nature de l'être humain. Le Sauvage est proprement impensable. Sa différence est inentamable malgré tous les efforts intellectuels de Turgot et de Condorcet pour l'inscrire, non plus seulement dans le «tab leau des progrès de l'esprit humain», mais même dans le modèle universel de l'homme 1. Ce jugement, précisément démontré par Berthiaume, ne caractérise pas uniquement la pensée de Turgot et de Condorcet; il peut s'appliquer également à une bonne partie de la pensée des Lumières dans son rapport à l'habitant primitif de l'Amérique. Pour Je dire autrement-et à titre d'hypothèse-, on peut avancer que si cet Amérindien est "proprement impensable", c'est qu'il ne correspond pas aux attentes des penseurs du XVTIIe siècle et que cette non-correspondance explique pourquoi il sera progressivement remplacé, dans la fantasmatique européenne de l'altérité, par un primitif inédit, le Polynésien par exemple. Des textes fictivement ou réellement épistolaires, échelonnés sur les soixante premières années du XVIIIe siècle, permettront de poser les jalons d'une réflexion sur cette mise à l'écart du Sauvage de l'Amérique dans la pensée des Lumières; ils feront voir quelles sont alors les limites du dialogue culturel mis en scène par les relations de voyage. Ces textes, il faut y insister, ne représentent pas des moments clés de l'évolution qu'on parcourra: ils sont simplement les révélateurs d' attitudes diverses dont la transformation ne sera pas marquée par une ouverture de plus en plus grande, bien au contraire. Le corpus sera constitué de trois ensembles récemment édités ou réédités et qui portent sur les Sauvages de l'Amérique de la fin du XVIIe siècle au milieu du XVIIIe siècle. Datés de 1703 mais parus en 1702, les Nouveaux voyages de M. le baron de Lahontan dans l'Amérique septentrionale, qu'ont édités Réal Ouellet et Alain Beaulieu en 1990, obligent le lecteur à constater que, même chez un auteur sensible comme l'est Lahontan à la tolérance qu'il faut manifester envers les Amérindiens, le dialogue vient parfois buter sur des barrières qu'il est difficile de lever : la langue, la cul ture, la littérature. Il reste néanmoins que c'est chez lui que l'ouverture à l'altérité est la plus grande, si on la compare aux deux autres ensembles étudiés. Les Lettres édifiantes et
The concept of 'instrument constituencies' has recently emerged in policy research to reflect act... more The concept of 'instrument constituencies' has recently emerged in policy research to reflect actors and practices focused primarily on articulating and promoting policy solutions. A central component of this is that, with such an emphasis on promotion, policy-maker decisions are subject to supply push rather than being demand-led. In particular, the 'solutions' of instrument constituencies come before, rather than after, the problems they are held to solve-solutions chasing problems. Key actors here are external consultants. However, the extent to which their activities match the problem chasing of the instrument constituency concept is untested. As a start in addressing such neglect, this article draws on data from secondary sources from research, outside the policy field, in organisation studies. In particular, it compares promotional practices in consulting with the supply push element of the instrument constituency model, finding that they correspond, but only partially. Consultants do not always construct problems for their clients to fit their prepared solutions, nor do they simply conform to the conventional, 'rational' model. Rather, it is shown that they also simultaneously co-produce both problems and solutions with clients, combining supply-push and demand-led approaches. Thus, it is argued that the model need not be so strongly associated with problem chasing (and non-rational decisions). Rather, the case of consultancy draws attention to how decision-making through instrument constituencies can occur along a continuum of three positions, from problems pre-dating solutions, being (co-) constructed at the same time, to their production after the 'solution' .
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