Le voile de mariée : à Stéphanie Lenouvel |
Si jamais mon
chemin s’arrêtait là,
pardonnez-moi
d’avoir aimé
à en mourir un
jour...
Roger Dautais
En mon vaste
jardin..
à Raymond Anisten
...et
si l’amour absolu reste inconcevable pour beaucoup, considéré
comme un excès, je le préfère à la haine. Mon cœur usé en
témoigne, d’avoir dansé sur le tambour du monde. Que ma mère
soit remerciée de m’avoir fait ainsi.
Je
suis né bien avant les GAFA . En 1942 exactement, au cœur de
la barbarie qui s’exprimait par des rafles et des camps
d’extermination. Est-ce trop de dire que je suis horrifié par la
recrudescence de cette haine là, jusque sur nos tombes, nos murs
des villes.
J’aime
trop la vie pour ne pas en parler régulièrement sur ce petit blog,
et depuis dix ans, puisqu’il a presque cet âge à quelques jours
près. Je veux dire par là que je n’ai pas attendu internet
pour choisir mon camp et m’engager dans des actions publiques et
politiques. C’est connu.
Je
n’ai pas que des amis. J’avais sans doute besoin de réparer une
enfance piétinée, besoin d’être aimé mieux. C’est pour cette
raison que j’ai choisi le chemin de l’art.
À
Maria-Dolorès Cano
Des
femmes sont venues en nombre, pour m’accompagner de leur amitié, m’encourager,
m’aimer et j’avais besoin de leur regard pour exister comme
artiste. Mais on est jamais à la hauteur d’un pareil amour,
alors, j’ai tout donné ce que j’avais à donner en amour.
L’histoire n’est pas terminée.
Oui,
j’ai étudié le dessin, la gravure, la peinture, la sculpture, la
photographie, la vidéo. J’ai beaucoup pratiqué avant d’être
appelé par le land art, en 1997. Répondant au journaliste venu
m’interviewer à la maison, il y a deux jours, à propos de mon
CV. Je lui ai dit : je n’en ai pas. J’ai abandonné ces
longues listes que peu de gens lisent, pour entrer dans le vif du
sujet :
le
land art. Regarder-t-on 25OOOphotos sur un PC ? Non bien sûr.
Pour moi-même cette collection est devenue un vaste jardin. Une
centaine a suffit pour qu’il se fasse une idée.
Incarner un discours de land artiste passe par la photo. Je l’ai
fait, une fois de plus et ce papier sortira dans Ouest-France, au
moment où je serai hospitalisé à Rennes.
À
Marie-Claude, femme aimée
Cette
nuit, encore blanche comme gel sur l’herbe je me disais : je
suis, ni dans le monde, ni hors du monde. J’avance dans cette
insécurité partagée avec ma femme aimée, espérant du mieux,
comme je souhaite une meilleure vie au cairn qui s’écroule. Nos
enfants et petits enfants, s’en chargeront. Mais hier, je pensais
sincèrement, qu’il y a des jours où le vent semble
inépuisable. Avec la pluie pour compagne, bien accroché entre le
ciel et les terres noirs de mon pays, il n’y avait rien d’autre
à faire que de marcher, avec mon cœur malade et les forces qu’il
me reste. Je marchais, dos courbé, parce que je suis vieux et qu’un
vieil homme adopte cette allure dans le mauvais temps, content
d’être là, vivant, heureux de l’être, encore.
À
ma fille
La
spirale représentée, ici, au moment où la mer la recouvre d’un
voile de mariée, je l’ai faite en hommage à ma fille, qui se
mariait en début de ce vingt et unième siècle, avec Tony, son
amour de toute jeunesse.
Spirale
emblématique de mon œuvre de land artiste, mais aussi,symbole du
temps qui passe. Tout ce que j’ai créé est né d’une émotion,
n’en déplaise à ceux qui pensent qu’elle doit être extraite
de la création. C’est mon mode d’expression,c’est un geste
d’amour, envers la nature,avant tout, puis envers la personne à
qui je pense. Vous avez pourquoi, l’Étoile de David est présente
dans mon œuvre, au même titre qu’un gisant de sable,cent fois
expliqué.
Le
land art est aussi pour moi,expression poétique, prolongé par
une littérature personnelle, écrite, jour après jour .
;
Quinze
jours ont passé depuis mon premier malaise cardiaque sur l’île
aux Moines, préparant un projet land art Les Voyageurs du Ponant
qui devait commencer en compagnie de 6 artiste, le 20 avril 2019.
Évacuation par le Samu d’Auray, hospitalisation en cardiologie à
Vannes, Consultation avec la chirurgienne de Rennes et date
d’opération prévue le 9 Avril.
Je
n’ai rien changé de mes habitudes de vie, si ce n’est d’avoir
encore plus parlé et échangé avec Marie -Claude. Nous avions
besoin de cette proximité. Nous sommes prés.
Lorsque
vous ouvrirez mon thorax, mardi, entourée de cette équipe du bloc
opératoire, tout ce que j’ai dit et fait dans ma vie,sera entre
vos mains. Réparez-Madame, si c’est possible et redonnez-moi ma
vie qui s’échappe. Je saurai quoi en faire et Marie-Claude
m’attend.
Quoiqu’il
arrive, soyez en remerciée.
Roger Dautais