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PLUTARQUE
OEUVRES MORALES VIES DES DIX ORATEURS GRECS.
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page 141 VIES DES DIX ORATEURS GRECS. PR�FACE DU TRADUCTEUR. Les Vies des dix orateurs grecs sont regard�es avec raison comme un ouvrage suppos�. Une compilation o� les faits sont entass�s sans ordre et sans discernement, et dont l'auteur tombe fr�quemment dans des redites fastidieuses et des contradictions choquantes, une telle compilation ne peut �tre raisonnablement attribu�e � un biographe aussi ing�nieux,aussi sens� que Plutarque. Il est plus vraisemblable, comme quelques savants l'ont conjectur�, que c'est la production informe d'un �crivain obscur, post�rieur peut-�tre � Photius, qui a �crit les vies de ces dix orateurs, et que son imitateur servile a copi� jusque dans ses erreurs. Plutarque, il est vrai, avait compos� les Vies des dix orateurs grecs, et l'on ne peut en douter d'apr�s le catalogue de ses ouvrages, publi� par son fils Lamprias. Mais elles ne subsistent plus, et c'est peut-�tre aux faibles compilations faites d'apr�s son ouvrage, qu'on doit imputer cette perte. Celles qui ont �t� publi�es sous son nom ne sont pas cependant sans quelque m�rite. Les faits qu'elles contiennent nous int�ressent parce qu'ils sont li�s aux �poques les plus c�l�bres de l'histoire de la Gr�ce; et l'auteur de cet ouvrage nous a conserv� des pi�ces originales assez curieuses, dont l'authenticit� nous est garantie par les historiens du temps, qui les ont cit�es sans les rapporter. Ainsi, quand ces Vies ne se trouveraient pas dans toutes les �ditions des �uvres de Plutarque, ce qui me luit une sorte de loi de les traduire, cette consid�ration seule aurait suffi pour m'y engager. page 142 I. Origine d'Anliphon et ses premi�res occupations. � II. Il est le premier qui ait compos� des plaidoyers pour des citoyens. � III. �loge de son �loquence et ses actions. � IV. Diverses opinions sur sa mort. � V. Nombre de ses oraisons. � VI. Ses autres ouvrages. � VII. D�cret port� contre Antiphon. (832b) Antiphon, fils de Sophilus, du bourg de Rhamnuse (01), (832c) eut pour ma�tre d'�loquence son propre p�re, qui exer�ait la profession de sophiste (02), et qui donna aussi des le�ons � Alcibiade dans sa premi�re jeunesse. Antiphon, n�, dit-on, avec les dispositions les plus heureuses, devint un excellent orateur, et entra dans la carri�re de l'administration publique. Il tint aussi une �cole de rh�torique, et eut avec Socrate le philosophe des controverses fr�quentes, non par envie de disputer, mais pour chercher et d�couvrir la v�rit�, comme X�nophon le raconte dans son ouvrage des dits m�morables de Socrate (03). II. Il est le premier qui ait compos� des plaidoyers pour des citoyens qui avaient � se d�fendre dans les tribunaux (04). (832b) On ne voit en effet avant lui, ni m�me de son page 143 temps, aucun autre orateur qui ait fait des discours de ce genre; l'usage n'en �tait pas encore introduit, il ne nous en reste point de Th�mistocle, d'Aristide et de P�ricl�s, quoique les circonstances dans lesquelles ils se sont trouv�s leur eussent souvent fourni des occasions pressantes d'en faire. Et ce n'�tait pas par insuffisance qu'ils n'en composaient point ; le t�moignage que les historiens rendent � leur capacit� prouve le contraire. (832e) Les plus anciens de ceux qui suivirent cet usage, tels qu'Alcibiade, Critias, Lysias et Archinus(05), avaient tous vu Antiphon dans sa vieillesse. Il fut aussi le premier qui �crivit sur l'art oratoire. Il avait tant de p�n�tration dans l'esprit, qu'on lui donna le surnom de Nestor. C�cilius (06), dans son trait� sur cet orateur, conjecture par l'�loge que Thucydide en fait que cet historien avait �t� son disciple. III. Ses discours ont le m�rite de l'exactitude et de la persuasion, et brillent du c�t� de l'invention. Dans les questions douteuses, il montre un grand art � d�m�ler la v�rit� ; et lorsqu'il tourne son discours du c�t� des lois, ou qu'il veut exciter les passions, il observe avec soin les biens�ances oratoires. (832f) Il naquit pendant la guerre des Perses, et fut contemporain du sophiste Gorgias ; mais il �tait plus jeune que lui. Il v�cut jusqu'au renversement de la d�mocratie par les quatre cents, et fut m�me le principal auteur de cette r�volution. Pendant la guerre du P�loponn�se, il commanda deux gal�res, fut nomm� g�n�ral des troupes de terre, remporta plusieurs victoires, et procura aux Ath�niens des alliances impor- page 144 tantes. Il arma la jeunesse d'Ath�nes, �quipa soixante gal�res, et alla plusieurs fois en ambassade � Lac�d�mone, pour les int�r�ts des Quatre-Cents, pendant qu'ils fortifiaient l'E�tionn�e. IV. (833a) Apr�s que la domination des Quatre-Cents eut �t� abolie, il fut traduit en justice avec Archeptol�mus, l'un d'entre eux, et condamn� au supplice des tra�tres. On le d�clara inf�me, lui et sa post�rit�, et son corps fut laiss� sans s�pulture. D'autres pr�tendent qu'il fut mis � mort par les trente tyrans; c'est l'opinion de Lysias dans son plaidoyer pour la fille d'Antiphon (07), que Calleschrus demandait � �pouser, comme son plus proche parent. Th�opompe est du m�me sentiment dans son histoire philippique (08) ; (833b) mais celui dont cet historien raconte la mort est un autre Antiphon, fils de Lysidonid�s, que Cratinus, dans sa Pytine, repr�sente comme un homme m�chant. En effet, cet Antiphon, qui avait �t� mis � mort bien auparavant, lorsque le gouvernement des Quatre-Cents fut aboli, pouvait-il �tre en vie sous la domination des Trente ? On raconte encore sa mort d'une autre mani�re : il fit, dit-on, dans sa vieillesse un voyage en Sicile, o� Denys exer�ait alors la tyrannie la plus absolue. On mit un jour en question � la table du tyran quel �tait le meilleur bronze. Chacun ayant donn� son avis, Antiphon dit que c'�tait celui dont on avait fait les statues d'Harmodius et d'Aristogiton. Denys regarda ce propos comme une invitation indirecte aux Syracusains d'attenter � sa vie, et il ordonna qu'on le f�t mourir. (833c) D'autres attribuent sa mort au d�pit que caus�rent au page 145 tyran les critiques qu'Antiphon faisait de ses trag�dies (09). V. On compte de lui soixante oraisons, dont, suivant C�cilius, quarante-cinq sont suppos�es (10). Platon, le po�te comique, l'accuse d'avarice dans son Pisandre (11). On dit qu'il composa des trag�dies pendant qu'il vivait en particulier � Ath�nes et lorsqu'il fut � la cour de Denys. Dans le temps qu'il s'occupait de po�sie, il imagina un art pour gu�rir de l'ennui, comme les m�decins en ont un pour traiter les maladies. Il fit m�me b�tir � Corinthe, pr�s de la place publique, une petite maison, et afficha sur sa porte qu'il avait le secret (833b) de dissiper les chagrins par ses discours. Il demandait � ceux qui s'adressaient � lui le sujet de leurs peines, et il les adoucissait. Dans la suite, il regarda cette profession comme indigne de lui, et il se mit � enseigner la rh�torique. VI. Quelques �crivains attribuent � Antiphon l'ouvrage de Glaucus de Rh�gium sur les po�tes (12). Celles de ses oraisons qu'on estime le plus sont le discours sur la mort d'H�rode, le plaidoyer qu'il pronon�a contre Eraristrate, sur des paons, celui qui a pour objet sa propre d�fense, et celui qu'il fit contre le pr�teur D�mosth�ne, dans une accusation capitale. Il accusa aussi le pr�teur Hippocrate, qui fut condamn� par contumace sous l'archontat de Th�opompe, l'ann�e que l'autorit� des Quatre-Cents (833e) fut abolie (13). page 146 VII. C�cilius nous a conserv� le d�cret qui ordonnait que le proc�s serait fait � Antiphon. Il est con�u en ces termes : � Le vingt-uni�me jour de la prytanie (14), D�monicus du bourg d'Alop�ce �tant greffier, et Philostrate de Pall�ne pr�teur, apr�s avoir entendu le rapport d'Andron au sujet d'Archeptol�me, d'Onomacl�s et d'Antiphon, qui, suivant la d�claration qu'en ont faite les magistrats, sont all�s en ambassade � Lac�d�mone contre les int�r�ts de la r�publique, ont quitt� leur camp pour s'embarquer sur un vaisseau ennemi, (833f) et ont travers� par terre la D�c�lie, le S�nat a ordonn� qu'ils seront arr�t�s et constitu�s prisonniers, afin de subir la punition qu'ils m�ritent ; que les pr�teurs les pr�senteront au tribunal avec tels autres s�nateurs qu'il leur plaira de choisir jusqu'au nombre de dix, afin qu'ils prononcent sur les faits all�gu�s au proc�s ; que les thesmoth�tes les ajourneront au lendemain et les conduiront devant les juges qui auront �t� choisis ; que les orateurs qu'on aura nomm�s les accuseront du crime de trahison, conjointement avec les pr�teurs et tous autres qui voudront se porter pour leurs accusateurs ; et quand la sentence aura �t� prononc�e contre ceux qui seront trouv�s coupables, ils subiront la peine port�e par la loi contre les tra�tres. � (834a) Au bas de ce d�cret est la sentence qui les d�clare convaincus du crime de trahison. � Archeptol�me, fils d'Hippodamus du bourg d'Agraule, et Antiphon, fils de Sophilus du bourg de Rham- page 147 nuse, tous deux ici pr�sents, ont �t� condamn�s � �tre livr�s aux Onze (15) ; leurs biens seront confisqu�s apr�s qu'on en aura pr�lev� le dixi�me pour �tre consacr� � Minerve, leurs maisons ras�es, et le sol qu'elles occupaient entour� de bornes, sur l'une desquelles sera grav�e cette inscription : Ici �taient les maisons des tra�tres Archeptot�me et Antiphon, lesquelles ont �t� adjug�es au receveur (834b) des revenus publics (16)... Il est d�fendu de leur donner la s�pulture ni dans Ath�nes ni dans tout autre lieu du domaine de la r�publique. Ils sont d�clar�s inf�mes, eux et toute leur post�rit�, tant l�gitime qu'ill�gitime ; et quiconque adoptera un de leurs enfants sera lui-m�me not� d'infamie. Cette sentence sera grav�e sur une colonne de bronze o� seront aussi inscrits les d�crets contre Phrynicus (17). � page 148 I. Origine et premi�res actions d'Andocid�s. � II. Accus� d'impi�t�, il d�nonce son propre p�re pour se sauver. � IlI. Il commerce en diff�rents pays. � IV. Il est banni d'Ath�nes parles trente tyrans, et ensuite par le peuple. � V. Sujets de ses discours et caract�re de son style. I. Andocid�s, fils de ce L�agoras qui fit conclure la paix entre les Spartiates et les Ath�niens (18), �tait du bourg Cydath�nien, ou de celui de Thur�um (19). Issu d'une race illustre, il remontait, suivant Hellanicus (20), � Mercure m�me, (834c) et �tait de la famille des h�rauts publics (21). Il fut charg� avec Glaucon du commandement des vingt vaisseaux que les Ath�niens envoy�rent au secours de Corcyre contre Corinthe (22). II. Dans la suite il fut accus� d'impi�t�, parce qu'on le soup�onna d'avoir eu part � la mutilation des statues de Mercure et � la profanation des myst�res de C�r�s. Ce soup�on �tait fond� sur ce que, dans sa jeunesse, �tant une nuit en partie de d�bauche, il avait bris� une statue de Mercure, ce qui lui attira une accusation criminelle. (834d) Le refus qu'il fit alors de livrer un esclave que ses accu- page 149 sateurs demandaient pour l'appliquer � la torture le rendit lui-m�me suspect de ce crime, et le fit comprendre dans la seconde accusation qui eut lieu peu de temps apr�s le d�part de la flotte ath�nienne pour la Sicile (23). Les Corinthiens avaient envoy� � Ath�nes des d�put�s de L�ontium et d'Egeste, � qui les Ath�niens devaient donner du secours. Dans une m�me nuit, suivant le r�cit de Cratippe, ils bris�rent toutes les statues de Mercure qui environnaient la place publique. Andocid�s ajouta � cette premi�re impi�t� la profanation des myst�res de C�r�s (24). Cit� en justice, il �vita la condamnation en promettant de d�couvrir les auteurs de ce sacril�ge. Il fit des perquisitions si exactes qu'il vint � bout de conna�tre les profanateurs des myst�res, parmi lesquels il d�non�a son propre p�re. (834d) Ils furent convaincus et punis de mort, � l'exception de son p�re, qui avait �t� arr�t� avec les autres, mais � qui il sauva la vie en assurant les juges qu'il rendrait des services importants � la r�publique ; et il tint parole. L�agoras d�non�a plusieurs citoyens qui d�tournaient � leur profit l'argent du tr�sor public, et qui s'�taient rendus coupables de beaucoup d'autres crimes. III. Quoique Andocid�s se f�t fait une grande r�puta- page 150 tion en administrant les affaires publiques, il ne laissa pas que de s'appliquer au commerce. Celle profession lui donna lieu de former des liaisons particuli�res avec les rois de Chypre et d'autres personnes illustres dont il devint l'h�te et l'ami. Ce fut alors qu'il enleva clandestinement une jeune Ath�nienne sa cousine, fille d'Aristide, qu'il remit entre les mains du roi de Cypre. (834f) Mais, voyant que ce rapt allait lui attirer une affaire criminelle, il voulut l'enlever une seconde fois. Le roi de Chypre en ayant eu avis, le fit arr�ter et mettre en prison. Il brisa ses fers, et revint � Ath�nes pendant que les Quatre-Cents y gouvernaient. IV. Il fut arr�t� par leur ordre, et trouva moyen de s'�chapper. Banni par les trente tyrans, apr�s le renversement de la d�mocratie, il passa le temps de son exil (835a) � �lis, et revint � Ath�nes avec Thrasybule et les autres exil�s. Envoy� � Lac�d�mone pour y traiter de la paix, et soup�onn� d'avoir trahi les int�r�ts de sa patrie, il fut banni de nouveau. V. Tous ces faits sont prouv�s par les discours que nous avons de lui. Dans l'un il se justifie de la profanation des myst�res, dans un autre il demande aux juges son retour; un troisi�me a pour objet la r�v�lation des coupables ; un quatri�me est sa d�fense contre Ph�ax ; un cinqui�me traite de la paix. Il vivait en m�me temps que le philosophe Socrate ; il �tait n� la premi�re ann�e de la soixante-dix-huiti�me olympiade sous l'archontat de Th�ogenid�s, huit ans avant Lysias. (825b) Il y a dans Ath�nes une statue de Mercure qu'on appelle Andocid�e, quoiqu'elle ait �t� consacr�e par la tribu Eg�ide, parce qu'elle est proche de la maison d'Andocid�s (25). Il pr�sida pour sa tribu aux ch�urs cycliques, o� l'on disputait le prix du dithyrambe (26), et il gagna le tr�pied, qu'il consacra dans un lieu tr�s �lev� en face du Sil�ne fait de pierre de porus. Son style est simple, uni, sans ornements et sans figures. page 152
VIE DE
LYSIAS. I. (835c) Lysias eut pour p�re C�phalus (27), fils de Lysanias, et petit-fils de C�phalus. Le p�re de Lysias, n� � Syracuse, vint s'�tablir � Ath�nes, soit par affection pour cette ville, soit � la persuasion de P�ricl�s, fils de Xantippe, son h�te et son ami, qui l'y attira � cause de ses grandes richesses (28). D'autres disent que C�phalus fut banni de Syracuse, lorsque G�lon en usurpa la tyrannie. Lysias naquit � Ath�nes la deuxi�me ann�e de la quatre-vingti�me olympiade, sous l'archontat de Philocl�s, successeur de Phrasicl�s. Il fut �lev� avec les enfants des premi�res familles d'Ath�nes. II. (835d) Lorsque les Ath�niens envoy�rent une colonie � Sybaris, nomm�e depuis Thurium, Lysias alla en Sicile avec son fr�re a�n� Pol�marque. Il en avait deux autres nomm�s Eudidus et Brachyllus (29). Son p�re �tait mort, et il allait � Syracuse pour recueillir sa succession. Il avait alors quinze ans, et Praxit�l�s �tait archonte (30). Il se fixa en Sicile, et eut pour ma�tres Tisias et Nisias, deux rh�- page 153 leurs syracusains. H�ritier d'une fortune consid�rable, il entra dans l'administration des affaires, et y resta jusqu'� l'�ge de soixante-trois ans, sous l'archontat de Cl�arque. L'ann�e suivante, Callias �tant archonte dans la quatre-vingt-douzi�me olympiade, (835e) les Ath�niens �prouv�rent en Sicile ce d�sastre affreux qui d�tacha de leur parti un grand nombre d'alli�s, et surtout ceux d'Italie. Lysias, soup�onn� de favoriser les Ath�niens, fut chass� de Thurium avec trois cents autres citoyens, et revint � Ath�nes l'ann�e que l'archonte Callias avait succ�d� � Cl�ocritus. Les Quatre-Cents �taient alors ma�tres de la ville ; Lysias y fixa sa demeure. III. Apr�s la bataille navale d'Egos-Potamos, qui fut suivie de la domination des trente tyrans, il fut oblig� de s'expatrier pendant sept ans (31). Il avait perdu sa fortune et vu p�rir son fr�re a�n� Pol�marque. (835f) Pour lui, il se sauva par une porte de derri�re de la maison o� on le tenait enferm� dans le dessein de le faire mourir, et il se retira � M�gare. Lorsque les exil�s qui s'�taient empar�s de Phyl� voulurent rentrer dans Ath�nes, Lysias contribua de tout son pouvoir au succ�s de l'entreprise : il fournit deux mille drachmes (32) et deux cents boucliers. Il fut charg� avec Herman de lever trois cents soldats qu'il soudoya de ses propres deniers. Il persuada aussi � Thrasyl�e d'�lis, son h�te, d'aider les conjur�s de deux talents. IV. En consid�ration de ces services, Thrasybule, rentr� dans Ath�nes, apr�s l'anarchie qui pr�c�da l'archontat d'Euclid�s, proposa qu'on lui accord�t le droit de bourgeoisie (33) ; le peuple y consentit. Mais Archinus (34) ayant re- page 154 pr�sent� que cette concession �tait contraire aux lois, (836a) parce qu'elle n'avait pas �t� confirm�e par le S�nat, le d�cret fut cass�. Lysias, priv� de la qualit� de citoyen, jouit de tous les droits qui y �taient attach�s, et passa le reste de ses jours � Ath�nes, o� il mourut �g� de quatre-vingt-trois ans ; d'autres disent de soixante seize ou de quatre-vingts. Il vit dans sa vieillesse D�mosth�ne qui n'�tait encore qu'un enfant (35) ; Lysias �tait n� sous l'archontat de Philoct�s. V. On a publi� sons son nom quatre cent vingt-cinq oraisons. Mais Denys d'Halicarnasse et C�cilius pr�tendent qu'il n'y en a que deux cent trente qui soient de lui ; et dans un si grand nombre, il ne perdit sa cause que deux fois. Nous avons encore le discours qu'il fit pour d�fendre (836b) contre Archirius la concession que le peuple lui avait faite du droit de citoyen, et celui qu'il pronon�a contre les trente tyrans (36). Son �loquence �tait tr�s persuasive ; et ses discours, presque tous compos�s pour des particuliers, sont �crits d'un style simple et concis. Il a laiss� des pr�ceptes sur l'art oratoire, des harangues au peuple, des �p�tres, des pan�gyriques, des oraisons fun�bres, des trait�s sur l'amour, et une apologie de Socrate, telle qu'il la fallait pour ses juges (37). Sa diction, qui semble facile, n'est pas ais�e � imiter. D�mosth�ne, dans son discours contre N��ra, dit que Lysias fut amoureux de la courti- page 155 sane M�tanira, compagne d'esclavage de cette N��ra; depuis il �pousa la fille de son fr�re Brachyllus. VI. Platon, dans son (836c) Ph�dre, parle de Lysias comme d'un orateur plein de talents, et plus ancien qu'Isocrate. Philiscus (38), disciple de celui-ci, et ami de Lysias, a fait pour ce dernier une �pigramme qui confirme ce qu'en dit Platon. La voici :
Docile � mes d�sirs,
c�l�bre dans tes chants VII. Il composa deux discours pour Iphicrate, l'un contre Harmodius, et l'autre contre Timoth�e, accus� de trahison ; il gagna ces deux causes. Dans le second de ces discours, Iphicrate avait expos� la conduite de Timoth�e. Dans la suite, il fut accus� de trahison, et pronon�a pour sa d�fense un discours que Lysias lui avait compos� (39). Lysias pronon�a dans les jeux olympiques une harangue dont le but �tait de persuader aux Grecs de faire tr�ve � leurs querelles, et de se r�unir pour d�truire la puissance tyrannique de Denys. page 156 1. Naissance et parents d'Isocrate. � II. Ses ma�tres. �III. Son �loignement des affaires publiques. � IV. Il ouvre une �cole de rh�torique. � V. Nombre et qualit� de ses disciples. � VI. �poque de sa mort. � VII. Temps o� il a compos� ses discours. � VIIl. Ses richesses lui font des envieux. � IX. Lieu de sa s�pulture. � X. Honneurs qu'on lui rend apr�s sa mort. � XI. Nombre de ses oraisons. � XII. Ses bons mots. � XIlI. Son penchant � l'amour. � XIV. Proc�s qu'il eut � soutenir. � XV. Ouvrages de son fils adoptif. I. Isocrate �tait fils de Th�odore, du bourg d'Erecth�e (40), citoyen d'un �tat m�diocre, et marchand d'instruments de musique, qu'il faisait fabriquer par ses esclaves. Il s'enrichit tellement dans ce commerce qu'il fut en �tat de faire les frais des jeux publics, et de donner � ses enfants une bonne �ducation. Outre Isocrate, il avait deux autres fils, T�l�sippus et Diomnestus, et une fille. Aristophane et Stratis l'ont plaisant� dans leurs com�dies sur l'�tat de son p�re. (836f) Il naquit la quatre-vingt-sixi�me olympiade, sous l'archontat de Lysimaque, du bourg de Myrrhinuse (41), vingt-deux ans apr�s Lysias, et sept avant Platon. II. Il fut aussi bien �lev� qu'aucun autre Ath�nien, et eut pour ma�tres Prodicus de C�os, Gorgias de L�ontium, Tisias de Syracuse, et le rh�teur Th�ram�nes. Ce dernier, que les trente tyrans voulaient faire arr�ter, s'�tait r�fugi� dans le temple de Vesta. Tous ses amis, effray�s, n'osaient ouvrir la bouche. Isocrate seul se leva pour prendre sa d�fense. Apr�s quelque temps de silence, (837a) comme il se disposait � parler, Th�ram�ne le pria de n'en rien faire, en lui disant qu'il sentirait bien plus vivement ses malheurs s'il voyait quelqu'un de ses amis les partager (42). On dit qu'Isocrate avait r�dig� des pr�ceptes sur page 157 l'art oratoire, dont il fit usage pour se d�fendre dans les tribunaux. Ces pr�ceptes portent le nom de Boton (43). III. Parvenu � l'�ge viril, il ne voulut prendre aucune part au gouvernement, parce qu'il avait la voix faible, qu'il �tait naturellement timide, et que la guerre du P�loponn�se l'avait d�pouill� de ses biens (44). Il s'occupa donc � composer des plaidoyers pour des citoyens. Mais il ne pronon�a jamais en public qu'un seul discours, celui de l'�change des biens (45). (837b) Il ouvrit une �cole d'�loquence, et partagea son temps entre l'�tude de la philosophie et la composition. Ce fut alors qu'il �crivit son Pan�gyrique (46), et d'autres discours du genre d�lib�ratif. Il les lisait lui-m�me dans son �cole, ou les faisait d�clamer par d'autres. Ils avaient pour objet d'exciter ses concitoyens � la vertu et � la pratique de leurs devoirs. IV. Mais tromp� dans son attente, il abandonna ce genre d'occupation, et ouvrit, dit-on, une �cole de rh�- page 158 torique d'abord � Chio, o� il n'eut que neuf disciples. Lorsqu'en comptant ce qu'il avait re�u, il vit le peu de profit qu'il en tirait, il ne put s'emp�cher de dire, les larmes aux yeux : � Voil� donc le prix pour lequel je me suis vendu � ces gens-l�! � Il admettait � ses entretiens tous ceux qui �taient curieux de l'entendre. Il est le premier qui ait s�par� les discours contentieux du barreau des harangues politiques, auxquelles il s'attacha de pr�f�rence. (837c) Il �tablit � Chio les m�mes magistratures et la m�me forme de gouvernement qu'� Ath�nes (47). Il s'enrichit tellement dans cette profession, qu'il amassa plus d'argent que n'avait fait aucun autre ma�tre avant lui, et qu'il fut en �tat d'�quiper une gal�re. V. Il eut dans la suite jusqu'� cent disciples, au nombre desquels �tait Timoth�e, fils de Conon, qui le prit pour l'accompagner dans une de ses exp�ditions, pendant laquelle Isocrate �crivit toutes les d�p�ches de ce g�n�ral aux Ath�niens. Timoth�e lui donna pour r�compense un talent sur ce qui lui revint de la prise de Samos. Il eut aussi pour disciples Th�opompe de Chio, �phore de Cumes, Ascl�piade et Th�odecte de Phas�lis, tous deux po�tes tragiques (48). (Le tombeau de ce dernier est aupr�s de Cyamite (49), le long du chemin sacr� qui m�ne � �leusis ; page 159 mais il n'en reste plus que des ruines. (837d) Il y avait fait placer sa statue avec celles des po�tes les plus c�l�bres. Celle d'Hom�re est la seule que le temps ait respect�e.) On compte encore parmi ses disciples L�odamus d'Ath�nes, Lacritus, qui donna des lois aux Ath�niens (50), enfin Hyp�ride et Is�e. On pr�tend que pendant qu'il tenait �cole d'�loquence, D�mosth�ne vint le trouver et lui t�moigna le plus grand d�sir de prendre ses le�ons, en ajoutant que dans l'impuissance o� il �tait de lui payer les mille drachmes qu'il prenait de ses disciples, il lui en offrait deux cents (51) pour apprendre de lui la cinqui�me partie de l'art oratoire : (837e) � Mon ami, lui dit Isocrate, nous ne morcelons pas notre art, comme on ne vend pas les gros poissons par morceaux. Si vous voulez l'apprendre, il faut l'acheter tout entier (52). � VI. Il mourut l'ann�e que Ch�ronidas �tait archonte. Ayant appris dans le gymnase d'Hippocrate la d�faite de Ch�ron�e, il s'obstina � ne prendre aucune nourriture, et il expira au bout de quatre jours, apr�s avoir prononc� les premiers vers de trois trag�dies d'Euripide. Dana�s, roi d'�gypte, avait cinquante filles. P�lops, fils de Tantale, �tant venu dans Pise, Cadmus avait quitt� la ville de Sydon (53). page 160 (837f) Il �tait �g� de quatre-vingt-dix-neuf ans, ou, selon d'autres, de cent (54). Il ne put survivre � la douleur de voir sa patrie tomber pour la quatri�me fois dans l'esclavage (55). VII. Il composa sa Panath�na�que un an, d'autres disent quatre ans avant sa mort (56). Il mit dix ans ou m�me quinze, suivant quelques auteurs, � travailler son Pan�gyrique, et l'on a pr�tendu qu'il l'avait pris en grande partie des ouvrages de Gorgias et de Lysias (57). Il fit son plaidoyer pour l'�change des biens � quatre-vingt-deux ans, et son discours � Philippe peu de temps avant sa mort. (838a) Il adopta dans sa vieillesse Aphar�us, le plus jeune des trois fils que Plathana avait eus de l'orateur Hippias, son premier mari (58). Isocrate devint fort riche, non seulement par le salaire qu'il retirait de ses disciples, mais encore par les pr�sents que lui fit Nicocl�s, fils d'Evagoras et roi de Chypre, de qui il re�ut vingt talents pour le discours qu'il lui adressa (59). page 161 VIII. Ses richesses lui firent des envieux, qui le cit�rent trois fois en justice pour le faire nommer tri�rarque. Les deux premi�res fois il s'en excusa sur ses infirmit�s, par le minist�re de son fils; la troisi�me, il fut forc� d'accepter cet emploi, et il y d�pensa une partie de son bien (60). Un citoyen lui ayant dit qu'il avait charg� un de ses esclaves de l'�ducation de son fils : � Eh bien, lui dit Isocrate, au lieu d'un esclave, vous en aurez deux (61). � (838b) Il disputa le prix que la reine Art�mise proposa pour l'�loge de Mausole, son mari (62). Ce discours ne nous est point parvenu. Il composa aussi le pan�gyrique d'H�l�ne, et la harangue nomm�e Ar�opagitique (63). IX. Quelques auteurs pr�tendent qu'il mourut eu s'obstinant � ne pas manger pendant neuf jours; d'autres disent pendant quatre. Son fils Aphar�us pronon�a son oraison fun�bre. Il fut d�pos� apr�s sa mort dans le tombeau de sa famille, au pied d'une colline qui est � la gauche du Cynosarge. C'est l� que sont inhum�s son p�re Th�odore, sa m�re, sa tante maternelle Anaco, Aphar�us, (838c) son fils adoptif, Socrate, son cousin, fils d'Anaco, son fr�re Th�odore, les fils d'Aphar�us, et Plathana, sa femme, m�re de son fils adoptif. Leurs tombeaux �taient surmont�s de tables de marbre qui ne subsistent plus. X. Il y avait sur le tombeau d'Isocrate une colonne de page 163 trente coud�es de haut, surmont�e d'une sir�ne de sept, symbole de son �loquence, que le temps a d�truit. (838d) Aupr�s de ce monument �tait une table de marbre, sur laquelle on avait grav� les figures des po�tes et des rh�teurs qu'il avait eus pour ma�tres. On y voyait Gorgias, qui, plac� aupr�s d'Isocrate, avait les yeux fix�s sur un globe c�leste. Thimoth�e lui fit �riger une statue de bronze qu'on voit encore � �leusis, en face du portique, avec cette inscription :
Ce bronze, monument d'une
tendre amiti�, La statue �tait de L�ochar�s (64). XI. On a sous le nom d'Isocrate soixante oraisons, dont vingt-cinq, suivant Denys d'Halicarnasse, et vingt-huit, selon C�cilius, sont v�ritablement de lui (65); les autres sont suppos�es. Il �tait si peu curieux de se produire, (838b) qu'un jour trois personnes �tant venues pour l'entendre, il n'en re�ut que deux, et renvoya la troisi�me au lendemain, en disant que son auditoire �tait comme son th��tre. Il disait souvent � ses amis qu'il prenait dix mines (66) pour ses le�ons, mais qu'il en paierait volontiers dix mille � celui qui pourrait lui donner de l'assurance et une bonne voix. XII. Quelqu'un lui demandait un jour comment il pouvait former de si grands orateurs, lui qui n'avait pas page 163 le talent de parler en public: � Je suis, r�pondit-il, comme la pierre � rasoir, qui ne coupe pas elle-m�me, mais qui donne au fer la facilit� de couper. � Suivant quelques auteurs, (828b) il avait compos� un trait� sur l'art oratoire; selon d'autres, c'�tait moins par m�thode et par art qu'il formait ses disciples que par l'exercice et par l'usage. Il exigeait d'eux qu'ils se rendissent aux assembl�es publiques, et qu'ils lui rendissent compte des discours qu'ils y avaient entendus. Il ne re�ut jamais de salaire d'aucun citoyen d'Ath�nes. Il fut vivement afflig� de la mort de Socrate, et parut le lendemain en habit de deuil. On lui demanda un jour la d�finition de la rh�torique : � C'est, r�pondit-il, l'art d'amplifier les petites choses et de diminuer les grandes (67). � Un jour qu'il �tait � table chez Nicocr�on, tyran de Chypre, les convives le pri�rent de payer son �cot dans la conversation. � Ce que je puis dire, leur r�pondit-il, ne serait pas ici de saison ; et ce qui serait de saison, je ne le sais pas. � Le po�te Sophocle jetait sur un jeune homme des regards passionn�s. (839a) � Sophocle, lui dit Isocrate, il faut contenir non seulement ses mains, mais encore ses yeux (68). � �phore de Cumes �tait sorti de son �cole sans avoir rien appris. Son p�re D�mophile l'y ayant envoy� une seconde fois, Isocrate l'appelait en plaisantant Diphore. Cependant il se donna beaucoup de peine pour le former, et lui fournit le sujet de l'histoire qu'il a �crite (69). page 164 XIII. Il avait du penchant � l'amour, et il couchait sur des lits parfum�s d'essences. (839b) Il ne se maria pas dans sa jeunesse ; et quand il commen�a � vieillir, il v�cut avec une courtisane nomm�e Lagisca, dont il eut une fille qui mourut � l'�ge de douze ans, sans avoir �t� mari�e. Dans la suite, il �pousa Plathana, veuve de l'orateur Hippias, laquelle avait trois enfants. Il adopta, comme je l'ai d�j� dit, Aphar�us, l'un d'eux, qui lui fit �riger une statue de bronze, plac�e sur une colonne dans le temple de Jupiter Olympien, avec cette inscription:
Aphar�us, jaloux de rendre
hommage aux dieux XIV. On dit que dans sa premi�re jeunesse, il disputa le prix � la course des chevaux. On voit encore dans le gymnase des pr�tres de Minerve, dont le temple est dans la citadelle, sa statue en bronze avec l'attitude d'un homme qui court � cheval. Il n'eut dans toute sa vie que deux proc�s, pour l'�change des biens. Le premier lui fut intent� par M�gaclid�s. Il ne comparut pas en personne, parce qu'il �tait malade. Aphar�us, son fils, plaida pour lui et gagna sa cause. Dans le second, il fut cit� par Lysimaque. Il perdit son proc�s, et fut oblig� d'�quiper � ses frais une gal�re. Il y avait un portrait de lui dans le Pomp�ium (70). XV. Son fils adoptif Aphar�us composa aussi des plaidoyers et des harangues du genre d�lib�ratif en petit nombre, et environ (839d) trente-sept trag�dies, dont deux lui page 165 sont contest�es. Il les fit jouer depuis l'archontat de Lysistrate jusqu'� celui de Sosig�nes (71), pendant l'espace de vingt-huit ans. Il y en eut six de repr�sent�es dans les f�tes publiques, dont deux, jou�es par l'acteur Dionysius, remport�rent le prix, et deux furent repr�sent�es par d'autres acteurs aux f�tes L�n�ennes (72). On voyait dans la citadelle d'Ath�nes les statues de la m�re d'Isocrate, de Th�odore et d'Anaco, sa tante. Celle de sa m�re subsiste encore : elle est aupr�s de la statue de la Sant� ; mais l'inscription en a �t� chang�e ; celle d'Anaco ne s'y trouve plus. Cette tante d'Isocrate eut deux fils, Alexandre et Sosicl�s, l'un fils de C�non, et l'autre de Lysias. page 166 I. Son ma�tre d'�loquence, et temps auquel il florissait. � II. Il enseigne l'�loquence � D�mosth�ne. � III. Ses ouvrages. I. Is�e, n� � Chalcis (73), vint s'�tablir � Ath�nes, o� il prit les le�ons de Lysias. Il imita si bien l'�l�gance et l'harmonie du style de son ma�tre et sa vigueur dans le raisonnement, qu'� moins d'�tre bien exerc� � discerner le caract�re propre de ces deux orateurs, il n'est pas facile de les distinguer. Il florissait vers le temps de la guerre du P�loponn�se, comme on peut le conjecturer par ses discours, et il v�cut jusqu'au r�gne de Philippe. II.(839f) Il avait ouvert une �cole d'�loquence qu'il abandonna afin d'instruire en particulier D�mosth�ne, qui lui donna dix mille drachmes pour sa r�compense (74). C'est � son disciple qu'il a d� sa plus grande r�putation. On dit qu'il eut beaucoup de part aux plaidoyers de D�mosth�ne contre ses tuteurs. III. Il y a sous son nom soixante oraisons, dont cinquante seulement sont de lui. Il avait compos� aussi un trait� sur l'art oratoire. il a le premier fait un usage fr�quent des figures, et tourn� l'�loquence du c�t� de la politique ; en quoi D�mosth�ne l'a beaucoup imit�. Le po�te comique Th�opompe a parl� de lui dans son Th�s�e (75). page 167
I. Sa naissance el ses
premi�res occupations. � II. Sa rivalit� avec D�mosth�ne. � III. Il est banni
d'Ath�nes. � IV. Il ouvre une �cole d'�loquence � Rhodes. � V. Sa mort et ses
ouvrages. � VI. Succ�s de ses I. Eschine, fils de cet Atrom�te qui, banni d'Ath�nes par les trente tyrans, contribua dans la suite au r�tablissement du gouvernement populaire, �tait du bourg de Cothoce (76). Sa m�re s'appelait Glaucot�e (77). Sa naissance et sa fortune n'avaient rien de remarquable. N� robuste de corps, il s'appliqua dans sa jeunesse aux exercices de la gymnastique. Depuis, comme il avait la voix belle, il embrassa la profession de com�dien et joua les r�les tragiques. S'il faut en croire D�mosth�ne, il faisait l'office de souffleur et ne jouait que les troisi�mes r�les dans la troupe d'Aristod�me, qui, pendant les bacchanales, (840b) faisait repr�senter d'anciennes trag�dies (78). Il �tait � peine sorti de l'enfance, qu'il enseignait les lettres avec son p�re. Parvenu � l'adolescence, il porta les armes et fit plusieurs campagnes. Il eut, selon quelques uns, Isocrate et Platon pour ma�tres. C�cilius dit qu'il fut disciple de L�odamas (79). II. Il n'eut pas plut�t commenc� � prendre part aux affaires publiques, qu'il s'y fit une grande r�putation, en embrassant la faction oppos�e � celle de D�mosth�ne. Il fut charg� de plusieurs ambassades, et en particulier de celle que les Ath�niens envoy�rent � Philippe pour n�- page 168 gocier la paix. Au retour, il fut accus� d'avoir caus� la ruine de la Phocide., parce que, ayant �t� �lu pylagore (80), et se trouvant � Amphisse d�put� des amphictyons, qui y faisaient construire un port; il avait excit� la guerre sacr�e et forc� par l� les amphictyons de recourir � Philippe, (840c) qui, second� par Eschine, se m�la de cette exp�dition et s'empara de la Phocide. Mais cet orateur, soutenu par la faveur d'Eubulus, fils de Spintharus, et par les sollicitations de Probalusus, un des d�magogues les plus accr�dit�s, eut pour lui trente suffrages et �vita la condamnation. D'autres disent que les deux orateurs avaient compos� leurs discours, mais que la d�faite de Ch�ron�e, survenue dans cette circonstance, emp�cha que la cause ne f�t plaid�e (81). III. Quelque temps apr�s, Philippe mourut, et Alexandre �tait occup� de son exp�dition d'Asie, lorsque Eschine accusa Ct�siphon d'avoir propos� en faveur de D�mosth�ne un d�cret contraire aux lois (82). Mais il n'eut pas pour lui la cinqui�me partie des suffrages, et fut condamn� � une amende de dix mille drachmes. Il ne voulut pas la payer, et s'exila lui-m�me � Rhodes. (840d) D'autres disent qu'il fut not� d'infamie pour n'avoir pas voulu sortir d'Ath�nes, et qu'il se retira � �ph�se aupr�s d'Alexandre. IV. Les troubles qui suivirent la mort de ce prince l'oblig�rent de s'embarquer pour Rhodes, o� il ouvrit une �cole d'�loquence. Il y lut un jour aux Rhodiens son discours contre Ct�siphon ; et ses auditeurs lui ayant t�moign� leur surprise de ce qu'il avait perdu sa cause page 169 apr�s l'avoir si bien d�fendue : (840e) � Vous n'en seriez pas �tonn�s, leur dit-il, si vous aviez entendu D�mosth�ne y r�pondre. � L'�cole qu'il avait fond�e subsista encore apr�s lui, et fut appel�e l'�cole Rhodienne. V. Dans la suite il quitta Rhodes pour passer � Samos, o� il mourut au bout de quelque temps (83). Il avait la voix belle, � en juger par ce qu'en dit D�mosth�ne et par le discours de D�mochar�s (84). On a sous son nom quatre oraisons, l'une contre Timarque, l'autre sur son ambassade, et une troisi�me contre Ct�siphon. Celles-l� sont v�ritablement de lui (85). La quatri�me, qui porte le titre D�liaque, lui est faussement attribu�e. Il est vrai qu'il fut d�sign� pour plaider la cause qui regardait l'intendance du temple de D�los (86), mais il ne pronon�a point de discours, (840f) parce que Hyp�ride, au rapport de D�mosth�ne, fut nomm� pour le remplacer. Il nous apprend lui-m�me qu'il eut deux fr�res, Aphobus et D�mochar�s. Il apporta le premier la nouvelle de la victoire que les Ath�niens avaient remport�e aupr�s de Tamynes, ce qui lui m�rita une couronne (87). Quelques auteurs disent qu'il n'apprit l'�loquence d'aucun ma�tre, et qu'il se forma au talent d'orateur en remplissant, dans les tribunaux, l'office de greffier. page 170 VI. Il fut le premier qui parla contre Philippe devant l'assembl�e du peuple. Le succ�s qu'eut son discours le f�t d�puter vers les Arcadiens, qu'il engagea � lever dix mille hommes de troupes (841a) contre le roi de Mac�doine. Il accusa Timarque de tenir dans sa maison une �cole de libertinage, et il parla contre lui avec tant de force, que l'accus�, comme le dit D�mosth�ne, sortit de l'audience et alla se pendre de d�sespoir (88). Dans la suite, Eschine fut d�put� vers Philippe avec Ct�siphon et D�mosth�ne, pour n�gocier la paix, et dans cette occasion il parla beaucoup mieux que D�mosth�ne (89). Depuis, il fut envoy�, lui dixi�me, en Mac�doine, pour faire confirmer la paix par les serments r�ciproques des parties contractantes. A son retour, cit� en justice par D�mosth�ne, il �vita la condamnation de la mani�re que je l'ai d�j� dit. page 171 VIE DE LYCURGUE (90). I. Son origine � II. Son intelligence dans l'administration des revenus publics. � III. Ses travaux pour l'embellissement de la ville. � IV. Sa vigilance pour maintenir le bon ordre. � V. Sagesse et pr�voyance de ses lois. � VI. Il prend sous sa protection le philosophe X�nocrate, insult� par un commis. � VII. Simplicit� de ses m�urs et son ardeur pour s'instruire. �VIII. Sa libert� � parler au peuple. � IX. Ingratitude des Ath�niens envers ses enfants r�par�e. � X. Il augmente consid�rablement les revenus d'Ath�nes. � XI. Ses descendants. � XII. N'ombre de ses discours ; honneurs qui lui sont d�cern�s. � XIII. Il se porte fr�quemment pour accusateur. � XIV. Anciennet� de sa famille. � XV. Son z�le pour la religion. I. Lycurgue, fils de Lycophron et petit-fils de ce Lycurgue (841b) que les trente tyrans firent mourir � l'instigation d'un certain Aristod�mus de Batie (91), �tait du bourg de Buta et de la famille des Et�obutades (92). Nomm� tr�sorier-g�n�ral des Grecs, il fut banni sous le gouvernement d�mocratique. Il s'appliqua d'abord � la philosophie, et eut pour ma�tre Platon, qu'il quitta ensuite pour s'attacher � Isocrate. II. Il entra dans l'administration des affaires, et, par sa bonne conduite autant que par ses talents, il m�rita qu'on lui confi�t l'intendance des revenus publics. Il en fut charg� pendant quinze ans, et eut � administrer, dans cet espace de temps, quatorze mille talents (93), d'autres page 172 disent dix-huit mille six cent cinquante. (841c) Ce fut l'orateur Stratocl�s qui en proposa le d�cret. Il exer�a cet emploi en son propre nom pendant les cinq premi�res ann�es, et dans les suivantes, sous le nom d'un ami, parce qu'il y avait une loi qui d�fendait d'administrer plus de cinq ans de suite les revenus de l'�tat. Mais il en avait seul la direction, et il en remplit les fonctions avec la plus grande assiduit� dans la mauvaise comme dans la belle saison. Charg� ensuite du d�partement de la guerre, il y �tablit les r�formes les plus utiles. III. Il fit construire pour le service de la r�publique quatre cents gal�res, b�tir et (841d) planter d'arbres le gymnase du Lyc�e, �difier une palestre (94) et achever le temple de Bacchus, ouvrage auquel il pr�sida en personne. On avait une telle confiance en lui, que diff�rents particuliers lui donn�rent en d�p�t jusqu'� la somme de deux cent cinquante talents (95). Il fit faire, pour la d�coration de la ville, un grand nombre de vases d'or et d'argent, et des statues de la Victoire en or. Il acheva plusieurs �difices publics qui �taient rest�s imparfaits, construisit des arsenaux de terre et de mer (96), entoura d'un parapet le stade Panath�na�que (97), et combla un vaste gouffre, dont le propri�taire, nomm� Dinias, c�da le fonds � la ville, en consid�ration de Lycurgue. IV. (841e) Charg� ensuite de veiller � la s�ret� d'Ath�nes et d'arr�ter les malfaiteurs, il en purgea enti�rement la ville ; page 173 ce qui f�t dire � quelques sophistes que Lycurgue, en faisant ses ordonnances contre ces sc�l�rats, avait moins tremp� sa plume dans l'encre que dans le sang (98). Aussi, quand Alexandre demanda qu'on le lui livr�t, le peuple ne voulut jamais y consentir. Pendant la seconde guerre de Philippe contre les Ath�niens, il fut d�put� avec Polyeucte et D�mosth�ne vers plusieurs villes du P�loponn�se. (841f) Il jouit constamment de la confiance enti�re du peuple, et son int�grit� �tait si g�n�ralement connue, que dans les tribunaux le t�moignage de Lycurgue �tait une pr�somption favorable pour ceux � qui il l'accordait. V. Il porta plusieurs lois, celle entre autres qui ordonnait que tout acteur qui aurait remport� le prix dans la f�te des chytres (99), obtiendrait le droit de bourgeoisie. Cette concession, qui �tait nouvelle, remit en vigueur un talent qu'on avait n�glig� faute d'encouragement. Une autre de ses lois portait qu'on �l�verait des statues de bronze aux po�tes tragiques Eschyle, Sophocle et Euripide ; que leurs trag�dies seraient transcrites aux d�pens du public, et que le greffier de la ville les lirait aux acteurs, parce qu'il n'�tait pas permis de les repr�senter (100). Une troisi�me (842a) loi d�fendait � tout citoyen et � tout �tranger domi- page 174 cili� d'acheter des prisonniers de guerre do condition libre pour en faire des esclaves, sans avoir eu le consentement de leur premier ma�tre. Une quatri�me prescrivait de c�l�brer dans le Pir�e, en l'honneur de Neptune, des jeux cycliques qui ne pourraient pas �tre en moindre nombre que trois; de donner aux premiers vainqueurs au moins dix mines (101), huit aux seconds et six aux troisi�mes. Une cinqui�me d�fendait � toute femme ath�nienne d'aller en voiture � �leusis. Le but de cette loi �tait de ne pas laisser trop d'avantage aux femmes riches sur les pauvres. Elle pronon�ait une amende de six mille drachmes (102) contre celles qui contreviendraient � la loi. La femme de Lycurgue s'�tant rendue coupable de cette transgression, il fit donner un talent (842c) � celui qui l'avait d�nonc�e (103). Accus� depuis devant le peuple � ce sujet, il dit : � Vous voyez qu'on ne me reproche point d'avoir re�u de l'argent, mais d'en avoir donn�. � VI. Un receveur des impositions ayant arr�t� dans les rues d'Ath�nes le philosophe X�nocrate, et se disposant � le tra�ner en prison parce qu'il n'avait pas pay� l'imp�t d� par les �trangers domicili�s, Lycurgue, qui survint dans ce moment, d�livra le philosophe, frappa de sa canne le commis et le fit mettre en prison pour le punir de son audace. Cette action fut g�n�ralement applaudie (104). page 175 Aussi, peu de jours apr�s, X�nocrate ayant trouv� les fils de Lycurgue, il leur dit : � Votre p�re (842c) m'a veng�, mais je me suis acquitt� sur-le-champ par tout le bien que j'ai fait dire de lui. � Lycurgue f�t rendre plusieurs d�crets par l'entremise d'un Olynthien nomm� Euclid�s, homme tr�s vers� dans la science politique. VII. Lycurgue, quoique riche, portait toujours le m�me habit hiver et �t�, et il n'usait gu�re de chaussure que les jours o� il ne pouvait s'en dispenser. Comme il ne parlait pas facilement sans pr�paration, il s'exer�ait nuit et jour � composer. Il n'avait pour matelas qu'une peau de mouton �tendue sur le bois de son lit, avec un simple oreiller. Il voulait pouvoir se lever plus facilement pour reprendre son travail. Comme on le bl�mait de ce qu'il payait des sophistes (842d) pour l'instruire : � Si quelqu'un, dit-il, pouvait rendre mes enfants meilleurs, je lui donnerais volontiers, non pas mille drachmes, mais la moiti� de mon bien. � Vlll. Sa conduite g�n�reuse lui donnait droit de parler au peuple avec une enti�re libert�. Un jour qu'il haranguait en public, et qu'on ne voulait pas l'�couter, il s'�cria : � � fouet de Corcyre, combien tu vaux de talents ! � Une autre fois, ayant entendu donner � Alexandre le nom de dieu : � Quelle divinit�, dit-il, dont les adorateurs auront besoin de se faire purifier en sortant de son temple ! � IX. (842e) Apr�s sa mort, le peuple livra ses enfants aux Onze, sur l'accusation de M�n�sechme, dont Thrasycl�s �tait le greffier, et ils furent mis en prison. D�mosth�ne, alors en exil, �crivit aux Ath�niens qu'ils allaient se d�shonorer par leur ingratitude envers Lycurgue. Cette lettre les fit rentrer en eux-m�mes, et les enfants de cet orateur, d�fendus par D�mod�s, disciple de Th�ophraste, page 176 furent d�clar�s innocents. Lycurgue et quelques autres personnes de sa famille furent enterr�s aux d�pens du public, et on voit leurs tombeaux en face du temple de Minerve P�onienne, dans le jardin du philosophe M�lanthius. Ils sont couverts de tables de marbre qui subsistent encore, et sur lesquelles sont grav�s les noms de Lycurgue et de ses enfants. X. Ce qui fait le plus d'honneur (842f) � son administration, c'est qu'il porta jusqu'� mille deux cents talents (105) les revenus de la r�publique, qui n'�taient auparavant que de soixante(106). Lorsqu'il sentit sa fin approcher, il se fit porter dans le temple de Cyb�le et ensuite au S�nat, pour y rendre compte de sa conduite pendant qu'il avait administr� les finances. Personne n'ayant os� l'accuser, � l'exception de M�n�sechme, il r�futa ses calomnies et se fit reporter dans sa maison, o� il mourut, laissant la r�putation d'une probit� qui ne s'�tait jamais d�mentie et d'un grand talent pour l'�loquence. Quoique cit� plusieurs fois en justice, il ne fut jamais condamn�. XI. Il avait �pous� Callisto, fille d'Abron et s�ur de Callias, fils d'Abron, du bourg de Batie, qui fut tr�sorier de l'arm�e sous l'archontat de Charondas. (843d) Dinarque parle de cette alliance dans son discours contre Pasias. Lycurgue laissa trois fils : Abron, Lycurgne et Lycophron. Les deux premiers moururent sans enfants. Abron avait eu part au gouvernement et s'y �tait distingu�. Lycophron �pousa Callistomach�, fille de Philippe, du bourg d'Exone, et en eut une fille nomm�e Callisto, qui, mari�e � Cl�ombrote d'Acarnanie, fils de Dinocrate, devint m�re de Lycophron : celui-ci, adopt� par Lycophron, son a�eul, ne laissa point de post�rit�. (843b) Apr�s sa mort, Callisto, sa m�re, se remaria � Socrate, dont elle eut un fils nomm� Symmachus, p�re d'Aristonyme. De celui-ci page 177 naquit M�dius, l'interpr�te des Eumolpides. Il eut de Timoth�e, fille de Glaucus, trois enfants : Laodamie, M�dius, pr�tre de Neptune Erecthien, Philippe, qui finit par �tre pr�tresse de Minerve. Elle avait �t� d'abord mari�e � Diocl�s de M�litte, dont elje eut Diocl�s, qui commanda un corps d'infanterie. Celui-ci �pousa H�dista, fille d'Abron, (843c) et fut p�re de Philippid�s et de Nicostrata. Cette derni�re devint femme de Th�mistocle, fils de Th�ophraste, ministre du temple de C�r�s, et qui eut aussi le sacerdoce de Neptune Erecthien. De ce mariage naquirent deux fils, Th�ophraste et Diocl�s. XII. On a de lui quinze oraisons (107). Il fut couronn� plusieurs fois par le peuple, qui lui fit aussi �riger des statues. On en voit encore une de bronze dans le C�ramique. Elle lui fut d�cern�e sous l'archontat d'Anaxicrat�s, par un d�cret public qui portait qu'il serait nourri dans le Prytan�e, lui et l'a�n� de ses enfants. Lycophron, le plus �g� de ses fils, eut un proc�s � soutenir pour cette concession. XIII. Lycurgue plaida aussi plusieurs fois pour des affaires de religion. (843d) Il accusa Autolycus, membre de l'Ar�opage, le g�n�ral Lysicl�s, D�made, fils de D�mius, M�n�sechme et plusieurs autres, qui tous furent condamn�s. Il appela aussi en justice Diphilus, pour avoir, contre la d�fense des lois, enlev� les colonnes qui soutenaient les vo�tes des mines d'argent, et s'�tre enrichi par cette fraude. Le crime �tait capital, et l'accus� fut puni de mort. Lycurgue fit pr�lever sur les biens de Diphilus, qui avaient �t� confisqu�s, de quoi faire au peuple une distribution de cinquante drachmes par t�te, d'autres disent d'une mine (108). (843a) La somme totale fut de cent soixante ta- page 178 lents (109). Il accusa aussi Aristogiton, L�ocrat�s et Autolycus pour crime de l�chet�. On lui avait donn� le surnom d'Ibis, comme on le voit dans ce vers d'Aristophane : Lycurgue avait l'ibis, Ch�r�phon le hibou (110). XIV. On fait remonter son origine jusqu'� Erect�e, fils de Vulcain et de la Terre (111), et, dans une �poque beaucoup plus rapproch�e, � Lycom�de et � Lycurgue, que le peuple avait honor�s d'obs�ques publiques. La succession des pr�tres de Neptune �recthien, conserv�e dans sa famille, a �t� repr�sent�e par Ism�nias de Chalcis ; le tableau est encore dans le temple de ce dieu. On y voit aussi les statues en bois de Lycurgue et de ses trois fils, faites par Timaque et C�phisodote, deux fils de Praxit�le. Le tableau fut consacr� dans le temple de Neptune par Abron, (843f) fils de Lycurgue, � qui le sacerdoce �tait �chu par droit de succession (112), et qui le c�da � Lycophron. Il est repr�sent� remettant le trident entre les mains de son fr�re (113). Lycurgue ayant fait un tableau de son admi- page 179 nistration, le suspendit � une colonne plac�e devant la palestre qu'il avait fait construire, et l'exposa ainsi aux regards publics. Personne ne put jamais le convaincre d'avoir rien diverti � son profit des revenus do l'�tat. XV. Il fit d�cerner une couronne et une statue � N�optol�me, fils d'Anticl�s, parce qu'il avait offert de faire dorer (844a) � ses frais l'autel d'Apollon qui est dans la place publique, ornement qu'un oracle de ce dieu avait ordonn�. Il proposa aussi qu'on rendit des honneurs publics � Diotimus, fils de Diopith�s, du bourg d'Euonyme. Ce fut sous l'archontat de Ct�sicl�s. page 180 I. Son origine, ses ma�tres et son go�t pour l'�loquence. � II. Son proc�s contre ses tuteurs. � IlI. Ses efforts pour se former � l'art de la parole. � IV. Ses premiers succ�s. � V. Chagrins qu'il �prouve. � VI. Il se d�clare contre Philippe. � VIl. Sa conduite g�n�reuse envers Eschine. � VIlI. Ses d�penses pour des travaux publics lui font d�cerner des couronnes. � IX. Son accusation et son exil. � X. Son rappel. � XI. Son opinion sur les affaires de la Gr�ce. � XIl. La crainte d'Antipater l'oblige de se retirer � Calaurie. � XIlI. Sa mort. � XIV. Ses enfants ; honneurs qui lui sont rendus. � XV. Ses oraisons et ses anecdotes. � XVI. Ses bons mots. I. D�mosth�ne, fils de D�mosth�ne et de Cl�obule, fille de Gylon, du bourg de P�anie, perdit son (844b) p�re � l'�ge de sept ans : sa s�ur en avait cinq. Il passa aupr�s de sa m�re les premiers temps de sa jeunesse. Il eut, selon quelques uns, Isocrate pour ma�tre, et, suivant l'opinion la plus commune, l'orateur Is�e de Chalcis, ancien disciple d'Isocrate, et qui s'�tait �tabli � Ath�nes. D�mosth�ne fut initi� dans les sciences par Thucydide et Platon le philosophe, dont il fr�quentait assid�ment l'�cole (114). H�g�sias de Magn�sie (115) raconte que D�mosth�ne ayant su que l'orateur Callistrate d'Aphidne, celui qui commanda un corps de cavalerie et d�dia l'autel de Mercure �loquent, devait plaider devant le peuple une affaire importante, il conjura son instituteur de l'y mener, et le page 181 plaisir qu'il eut � l'entendre (844c) lui inspira le plus grand go�t pour l'�loquence. Il prit Callistrate pour son ma�tre ; mais il ne put pas profiter longtemps des le�ons de cet orateur, qui, oblig� de sortir d'Ath�nes, se retira dans la Thrace (116). D�mosth�ne, qui entrait alors dans l'adolescence, s'attacha � Isocrate et � Platon ; ensuite il prit chez lui Is�e, qu'il garda pendant quatre ans, et dont il s'appliqua � imiter le style. Ct�sibius, dans son trait� sur la Philosophie, dit que Callias de Syracuse avait procur� � D�mosth�ne les discours de Z�thus d'Amphipolis, et Charicl�s le Carystien, ceux d'Alcidamas, et qu'il les prit pour ses mod�les. II. Parvenu � sa majorit� (117), et voyant que ses tuteurs avaient diminu� son bien, il les cita devant les tribunaux, l'ann�e que Timocrat�s �tait archonte, pour qu'ils eussent � rendre compte de leur tutelle. Ils �taient trois : Aphobus, Th�rippid�s (844d) et D�mophon, nomm� par d'autres D�m�as. Il se plaignait surtout de ce dernier, parce qu'il �tait son oncle maternel. Ils furent condamn�s � lui payer chacun dix talents (118) ; mais il ne les exigea point, et les tint m�me quittes de la reconnaissance. Aristophon ne pouvant plus, � cause de son grand �ge, remplir les fonctions de surintendant du th��tre, D�mosth�ne fut choisi pour le remplacer. Insult� et frapp� par Midias page 182 dans l'exercice de cet emploi, il lo cita en justice ; mais il se d�sista de cette accusation pour la somme de trois mille drachmes que Midias lui paya (119). III. On dit que dans sa jeunesse il s'enfermait dans un souterrain, la t�te � moiti� ras�e, afin de n'�tre pas m�me tent� de sortir, et de se livrer tout entier � l'�tude. (844e) Il couchait sur un lit tr�s �troit, pour pouvoir se lever plus matin. Il avait de la peine � prononcer la lettre R : il vint � bout de surmonter cette difficult�. En d�clamant, il haussait d�sagr�ablement une �paule beaucoup plus que l'autre. Pour s'en corriger, il attacha au plancher un fer pointu ou une �p�e, et la crainte qu'il avait de se blesser r�forma cette mauvaise habitude. Lorsqu'il eut fait des progr�s dans l'�loquence, il d�clamait devant un miroir qui �tait de toute sa grandeur, afin de corriger ce qu'il avait de vicieux dans ses gestes. (844f) Il allait souvent se promener sur le Pir�e, et d�clamait aux bords de la mer agit�e, dont le bruit l'accoutumait � braver les clameurs des assembl�es du peuple. Comme il avait une difficult� naturelle de respirer, il donna mille drachmes au com�dien N�optol�me, qui parvint � lui faire prononcer de suite de longues p�riodes (120). IV. Lorsqu'il commen�a de prendre part aux affaires publiques, il trouva la ville partag�e en deux factions, page 183 dont l'une �tait pour Philippe et l'autre pour la libert�. Il embrassa le dernier parti, et, toute sa vie, il ne cessa de conseiller aux Ath�niens de secourir les peuples que mena�ait l'ambition de Philippe. Il suivit en cela l'exemple d'Hyp�ride, (845e) de Nausicl�s, de Polyeucte et de Domitius. Il fit entrer dans l'alliance d'Ath�nes les Th�bains, les habitants de l'Eub�e, de Corcyre et de Corinthe, les B�otiens et plusieurs autres peuples. V. Siffl� un jour dans l'assembl�e du peuple, comme il s'en retournait chez lui triste et d�courag�, il rencontra un vieillard de Thryase, appel� Eunomus, qui l'exhorta � ne pas se laisser abattre par ce revers. Il fut encore plus consol� par l'acteur Andronicus, qui lui dit que ses discours �taient excellents, et qu'on pouvait seulement y d�sirer quelque chose pour l'action. En m�me temps, il lui r�p�ta (845d) plusieurs traits de sa harangue. D�mosth�ne, sentant ranimer sa confiance, prit des le�ons d'Andronicus, et depuis, quand on lui demandait quelle �tait la premi�re partie de l'art oratoire, il r�pondait : l'action ; et la seconde, l'action ; et la troisi�me, l'action. Il se pr�senta de nouveau � l'assembl�e du peuple, et ayant employ� quelques expressions peu usit�es, il fut encore siffl� et tourn� m�me en ridicule par les po�tes comiques Antiphane et Timocl�s. Un jour, en haranguant le peuple, il jura par la terre, par les fontaines, les fleuves et les rivi�res. Ce serment excita de la rumeur dans l'assembl�e. Une autre fois, en jurant par Esculape, il mit l'accent sur l'avant-derni�re syllabe, et soutint que cette prononciation �tait exacte, parce que Esculape �tait (845c) un dieu doux et cl�ment. Il en fut depuis souvent plaisant�. Mais les le�ons d'Eubulide de Milet, le plus grand dialecticien de son temps, le corrig�rent de tous ses d�fauts (121). page 184 VI. Un jour, � l'assembl�e solennelle des jeux olympiques, il entendit Lamachus, en faisant l'�loge de Philippe et d'Alexandre, insulter aux Th�bains et aux Olynthiens. Aussit�t il se l�ve, et r�citant de m�moire plusieurs passages d'anciens po�tes qui c�l�braient les exploits de ces deux peuples, il oblige l'orateur de se taire et de sortir de l'assembl�e. (845d) Philippe ayant lu les discours que D�mosth�ne avait prononc�s contre lui, il avoua de bonne foi que s'il e�t entendu cet orateur, il aurait �t� lui-m�me d'avis de faire la guerre, et l'aurait nomm� pour commander l'arm�e. Il le comparait � un soldat, � cause de la vigueur de son �loquence, et Isocrate � un athl�te, parce que ses discours semblaient faits pour la pompe d'un spectacle. A l'�ge de trente-sept ans, � compter depuis Dexith�e jusqu'� Callimaque, sous l'archontat duquel les Olynthiens firent demander du secours � Ath�nes contre Philippe, qui les serrait de pr�s, (845e) il d�termina le peuple � leur envoyer des troupes. L'ann�e suivante, qui fut celle de la mort de Platon, Philippe d�truisit Olynthe (122). VII. X�nophon, le disciple de Socrate, vit D�mosth�ne dans son enfance ou � la fleur de son �ge ; car il a conduit son histoire de la Gr�ce jusqu'� la bataille de Mantin�e, sous l'archonte Chariclid�s (123). Et D�mosth�ne avait d�j� gagn� son proc�s contre ses tuteurs sous l'archontat de Timocrat�s. Lorsque Eschine sortit d'Ath�nes page 183 apr�s sa condamnation, D�mosth�ne courut apr�s lui � cheval. Eschine, qui crut qu'il venait pour l'arr�ter, tomba � ses genoux et se couvrit le visage. D�mosth�ne le releva, et apr�s l'avoir consol� de son malheur, (845f) il lui donna un talent. VIII. Cet orateur conseilla aux Ath�niens d'entretenir � Thasos des troupes �trang�res, et il y alla lui-m�me � cet effet avec le titre de tri�rarque. Il fut charg� d'approvisionner la ville de bl� ; et accus� de malversation dans cet emploi, il fut absous. Il se trouva � la bataille de Ch�ron�e, qui suivit la prise d'�lat�e par Philippe. On raconte qu'il y quitta son rang, et qu'arr�t� dans sa fuite par un buisson qui avait accroch� sa robe, il se retourna en criant : Sauvez-moi la vie ! Il avait grav� pour devise ces mots sur son bouclier : Bonne fortune. Il pronon�a l'oraison fun�bre de ceux qui avaient p�ri � cette bataille (124). Quelque temps apr�s, charg� de faire r�parer les murailles d'Ath�nes, et de diriger les travaux pour l'embellissement de la ville, il y mit du sien la valeur de cent mines (125). (846a) Il en donna dix mille pour la d�coration des spectacles (126), et s'�tant embarqu� sur une gal�re, il alla chez tous les peuples alli�s d'Ath�nes pour les engager � contribuer aux d�penses de la r�publique. Ces services lui firent d�cerner plusieurs couronnes d'or, la premi�re � la r�quisition de D�motel�s, d'Aristonicus et d'Hyp�rid�s. Le d�cret pour la derni�re, propos� par Ct�siphon, fut attaqu� par Diodote et par Eschine, comme contraire aux lois. D�mosth�ne en prit la d�fense, et ga- page 186 gna sa cause ; l'accusateur n'eut pas pour lui la cinqui�me partie des suffrages. IX. Dans la suite, pendant l'exp�dition d'Alexandre en Asie, Harpalus, un de ses g�n�raux, s'enfuit d'aupr�s de ce prince, emportant une partie de ses tr�sors; et s'�tant pr�sent� devant Ath�nes, D�mosth�ne s'opposa d'abord � ce qu'on le re��t; mais lorsque Harpalus fut d�barqu� et qu'il lui eut fait pr�sent de mille dariques, l'orateur changea de disposition. (846b) Les Ath�niens voulaient livrer Harpalus � Antipater; D�mosth�ne les en emp�cha, et fut d'avis qu'on l'oblige�t de d�poser ses richesses dans la citadelle, et d'en d�clarer la somme. Harpalus dit qu'il avait apport� sept cent cinquante talents, ou m�me plus, suivant l'historien Philochore. Ce g�n�ral s'�tant sauv� de la prison o� on le tenait enferm� en attendant les ordres d'Alexandre, passa en Cr�te selon les uns, et suivant d'autres, � T�nare, ville de Laconie. D�mosth�ne fut accus� de s'�tre laiss� corrompre par Harpalus, (846c) pour lui laisser faire une d�claration inexacte des sommes qu'il avait apport�es, et pour faciliter son �vasion. Cit� en justice par Hyp�ride, Pyth�as, M�n�sechme, Him�r�e et Patrocl�s, il fut condamn� par l'Ar�opage, et oblig� de s'en aller en exil, parce qu'il �tait hors d'�tat de payer l'amende qu'on avait prononc�e contre lui ; elle �tait de cinq fois autant que la somme qu'on pr�tendait qu'il avait re�ue ; il �tait accus� d'avoir touch� trente talents. D'autres disent qu'il pr�vint le jugement par un exil volontaire. X. A peu pr�s vers ce temps-l�, les Ath�niens envoy�rent Polyeucte en ambassade ver les (846d) Arcadiens, pour les d�tacher de l'alliance du roi de Mac�doine. Polyeucte n'ayant pu rien obtenir d'eux, D�mosth�ne se rendit � l'assembl�e et leur persuada tout ce qu'il voulut. Les Ath�niens, ravis d'un tel succ�s, donn�rent un d�cret pour son rappel, et envoy�rent une gal�re pour le cher- page 187 cher et le ramener � Ath�nes. Il fut ordonn� qu'au lieu de payer les trente talents auxquels il avait �t� condamn�, il ferait �lever dans le Pir�e un autel � Jupiter Sauveur. Ce d�cret fut rendu sur la proposition de D�mon, du bourg de P�anie, qui �tait son parent. D�mosth�ne rentra aussit�t dans l'administration des affaires. XI. Lorsque Antipater fut assi�g� par les Grecs dans la ville de Lamia, (846e) les Ath�niens offrirent des sacrifices d'actions de gr�ces pour cet heureux �v�nement. D�mosth�ne dit � un de ses amis nomm� Ag�sistrate qu'il avait sur les affaires pr�sentes une autre opinion que le public. � Les Grecs, ajouta-t-il, sont bons pour un coup de main, mais non pour une longue guerre. � XII. Dans la suite, Antipater s'�tant rendu ma�tre de Pharsale, et mena�ant les Ath�niens d'assi�ger leur ville s'ils ne lui livraient leurs orateurs, D�mosth�ne en sortit, et se retira d'abord � �gine, dans le temple d'Ajax. La crainte de tomber entre les mains d'Antipater le fit bient�t passer da*ns l'�le de Calaurie. L�, ayant appris que les Ath�niens avaient r�solu de livrer leurs orateurs, (846f) et lui-m�me nomm�ment, il se r�fugia comme suppliant dans le temple de Neptune. Archias, surnomm� le Phygadoth�re (127), ancien disciple du rh�teur Anaxim�ne, vint l'y trouver pour lui persuader de sortir de cet asile, en l'assurant qu'il serait bien trait� d'Antipater. � Mon ami, lui dit D�mosth�ne, quand tu jouais sur le th��tre, tu n'avais pas le talent de me persuader ; tu ne me persuaderas pas davantage aujourd'hui que tu veux me donner des conseils. � Archias voulut l'enlever de force, mais les habitants l'en emp�ch�rent. � Ce n'est point pour sauver ma vie, dit alors D�mosth�ne aux Calauriens, que je me suis r�fugi� dans votre �le, mais pour convaincre les Ma- page 188 c�doniens qu'ils usent de violence envers les dieux eux-m�mes. � (847a) Aussit�t il demanda des tablettes, et, suivant le r�cit de D�m�trius de Magn�sie, il �crivit ces vers que les Ath�niens firent depuis graver au bas de sa statue :
D�mosth�ne, pourquoi la
force et ta puissance Cette statue, ouvrage de Polyeucte, est plac�e aupr�s du parvis de l'autel des douze dieux. D'autres disent qu'il �crivit simplement ces mots : D�mosth�ne � Antipater, salut. XIII. Philochore rapporte qu'il s'empoisonna dans une potion. L'historien Satyrus dit que la (847b) plume dont il se servit pour �crire son commencement de lettre � Antipater �tait empoisonn�e, et qu'� peine il en eut suc� le bout qu'il mourut. Eratoth�ne pr�tend que, pr�cautionn� depuis longtemps contre les violences des Mac�doniens, il portait toujours du poison dans un bracelet pour s'en servir au besoin. Quelques uns veulent qu'il soit mort � force de retenir son haleine, d'autres enfin en avalant du poison qu'il avait dans son anneau. Il �tait �g� de soixante-huit ou soixante-dix ans au plus, et en avait �t� vingt-deux � la t�te des affaires. Quand il apprit la mort de Philippe, il parut en public avec une robe blanche, pour t�moigner sa joie de cet �v�nement, quoiqu'il v�nt de perdre sa fille depuis tr�s peu de temps.(847c) Les Th�bains ayant pris les armes contre Alexandre, il se d�clara pour eux, et ne cessa d'animer tous les peuples de la Gr�ce � faire la guerre � ce prince. Aussi, quand Alexandre eut d�truit la ville de Th�bes, il somma les Ath�niens, avec de grandes menaces, de le lui livrer. Lorsque ce prince porta la guerre en Asie, il fit demander des vaisseaux aux Ath�niens. D�mosth�ne opina pour qu'on ne lui en don- page 189 n�t point, en disant qu'il s'en servirait peut-�tre contre ceux m�mes qui les lui auraient fournis. XIV. Il laissa deux enfants d'une fille d'H�liodore, citoyen d'une famille honn�te. La fille qu'il en avait eue mourut jeune avant d'avoir �t� mari�e. La s�ur de D�mosth�ne avait �pous� Lach�s, du bourg de Leuconie, et fut m�re de D�mochar�s, homme aussi brave et aussi �loquent (847d) qu'aucun autre de son temps. On voit encore dans le Prytan�e, � droite en entrant, un portrait de D�mosth�ne o� il est peint avec une �p�e � sa ceinture, tel qu'il �tait en haranguant le peuple, lorsque Antipater demanda qu'on lui livr�t les orateurs. Il est le premier qu'on ait repr�sent� avec ce costume. Dans la suite, les Ath�niens accord�rent � ses descendants le privil�ge d'�tre nourris dans le Prytan�e ; et sur la proposition de son neveu D�mochar�s, ils lui �lev�rent une statue dans la place publique, l'ann�e de l'archontat de Gorgias. (847e) Dix ans apr�s, sous celui de Pytharatus, Lach�s, fils de D�mochar�s, du bourg de Leuconie, demanda aussi qu'on �rige�t � son p�re une statue dans la place publique, et qu'on lui accord�t d'�tre nourri dans le Prytan�e, lui et l'a�n� de sa famille, � perp�tuit�, avec le droit de pr�s�ance dans tous les jeux publics. Les deux d�crets existent encore. La statue de D�mochar�s a �t� transport�e depuis dans le Prytan�e. XV. On a sous le nom de D�mosth�ne soixante-cinq oraisons qui sont toutes de lui. Quelques auteurs ont �crit qu'il menait une vie tr�s licencieuse, qu'il s'habillait en femme et passait sa vie dans des parties de d�bauche, ce qui lui avait fait donner le surnom de Battalus (128). D'autres disent qu'il lui avait �t� donn� par mignardise, du (847f) nom de sa nourrice. Diog�ne le Cynique le vit un jour dans un cabaret o�, honteux d'�tre aper�u, il cherchait � se ca- page 190 cher. �Mon ami, lui dit le philosophe, plus tu te caches dans ce cabaret, et plus tu t'y enfonces.� Il disait, en plaisantant sur lui-m�me, qu'il �tait Scythe dans ses discours et bourgeois d'Ath�nes dans les combats. Il re�ut de l'argent d'Ephialte, orateur ath�nien, qui, ayant �t� en ambassade aupr�s du roi de Perse, en rapporta secr�tement des sommes consid�rables qu'il distribua aux orateurs d'Ath�nes, afin de les engager � faire d�clarer la guerre � Philippe. (848a) On dit que D�mosth�ne eut pour sa part trois mille dariques. Il fit arr�ter un certain Anaxilas d'Or�e, qui avait �t� autrefois son h�te, et qu'il soup�onnait d'�tre espion. Appliqu� � la torture, il n'avoua rien ; mais D�mosth�ne n'en demanda pas moins qu'il f�t livr� aux Onze. XVI. Un jour, voyant que les Ath�niens n'�taient pas dispos�s � l'�couter, il leur repr�senta qu'il n'avait que deux mots � leur dire. Le peuple ayant fait silence, il commen�a ainsi ; � Un jour d'�t�, un jeune homme loua un �ne pour aller d'Ath�nes � M�gare; sur le midi, le ma�tre de l'�ne et le jeune Ath�nien, br�l�s par l'ardeur du soleil, voulurent tous deux se mettre � l'ombre sous l'�ne, et se disputaient la place, le ma�tre, en disant qu'il n'avait lou� que son �ne, et non pas son (840b) ombre ; et le jeune homme, en soutenant qu'il avait lou� l'�ne avec toutes ses d�pendances. � L�, D�mosth�ne fit mine de vouloir descendre de la tribune. Les Ath�niens le rappel�rent et le pri�rent d'achever. � Eh quoi ! leur dit-il alors, vous voulez bien m'�couter quand je vous fais un conte sur l'ombre d'un �ne, et lorsqu'il s'agit de vos plus grands int�r�ts, vous refusez de m'entendre? � Le com�dien Polus se vantait d'avoir gagn� un talent pour deux jours qu'il avait jou�. � Et moi, lui dit D�mosth�ne, j'en ai gagn� cinq pour avoir gard� le silence un seul jour (129).� page 191 Une fois, en parlant devant le peuple, la voix lui manqua et il fut siffl�. Il dit qu'il fallait juger les com�diens sur leur voix, et les orateurs sur leurs pens�es. (848c) Epicl�s lui ayant reproch� le soin avec lequel il pr�parait ses discours : � J'aurais honte, lui dit D�mosth�ne, de venir donner des conseils � un si grand peuple sans avoir pr�vu ce que je dois lui dire. � On disait de lui qu'il n'�teignait jamais sa lampe (130) ; et il retoucha ses discours jusqu'� l'�ge de cinquante ans. Il dit lui-m�me qu'il ne buvait jamais que de l'eau. L'orateur Lysias l'avait vu lorsqu'il �tait encore dans sa premi�re jeunesse, et Isocrate, - avec quelques philosophes de l'�cole de Socrate, le virent � la t�te des affaires jusqu'� l'�poque de la bataille de Ch�ron�e. Il pronon�a la plupart de ses discours sans pr�paration, parce qu'il avait une grande facilit� � parler sur-le-champ (131). (848b) Aristonicus l'Anagyrasien, fils de Nicophan�s, fut le premier qui proposa de lui d�cerner une couronne d'or; et Diondas y forma opposition en demandant d'�tre re�u � serment. page 192 I. Son origine, ses ma�tres et ses premi�res actions. � II. Quoique ami de D�mosth�ne, il se rend son accusateur. � IIl. Il est accus� pour un d�cret qu'il avait fait rendre � IV. Sa mort. � V. Diverses mani�res dont on la raconte. �VI. Son �loquence. � VII. Sa passion pour les femmes. � VIII. Ses m�moires contre D�mosth�ne. � IX. Traits de son patriotisme. � X. Caract�res et effets de son �loquence. I. Hyp�ride, fils de Glaucippe, et petit-fils de Denys, du bourg de Colytte (132), eut un fils nomm� Glaucippe comme son a�eul, qui fut rh�teur, et composa des discours oratoires; son fils s'appelait Alphinus. Hyp�ride fut disciple de Platon le philosophe, et des orateurs Lycurgue et Isocrate. (848e) Il avait part au gouvernement d'Ath�nes dans le temps qu'Alexandre s'occupait des affaires de la Gr�ce, et il s'opposa � ce qu'on lui fourn�t des g�n�raux et des gal�res (133). Il conseilla aux Ath�niens de ne pas cong�dier les troupes �trang�res qu'ils entretenaient � T�nare, et que Char�s commandait ; ce g�n�ral �tait fort son ami. Dans les commencements, Hyp�ride plaida pour avoir de quoi subsister. Il fut soup�onn� d'avoir eu part � la distribution de l'argent qu'Ephialte avait apport� de Perse ; ce qui ne l'emp�cha pas d'�tre nomm� tri�rarque, pour aller au secours de Byzance, que Philippe assi�geait. Il fut charg� cette m�me ann�e de pr�sider aux page 193 jeux publics, tandis que les autres tri�rarque (848f) avaient �t� priv�s de tout emploi. II. Il proposa qu'on d�cern�t des honneurs publics � D�mosth�ne. Diondas accusa le d�cret comme contraire aux lois ; mais Hyp�ride fut absous. Il avait �t� d'abord l'ami de D�mosth�ne, de Lysicl�s et de Lycurgue. Dans la suite il changea de disposition, et apr�s la mort des deux derniers, D�mosth�ne ayant �t� soup�onn�, d'avoir re�u de l'argent d'Harpalus, Hyp�ride fut choisi entre tous les orateurs pour suivre l'affaire en justice, parce qu'il �tait le seul qui ne se f�t pas laiss� corrompre, et il l'accusa. III. Il fut ensuite accus� lui-m�me par Aristogiton d'avoir agi contre les lois, (849a) en proposant, apr�s la bataille de Ch�ron�e, d'accorder les droits de citoyen aux �trangers et aux esclaves, et d'envoyer dans le Pir�e les femmes, les enfants, et tout ce qui servait au culte des dieux. Comme on lui reprochait de n'avoir pas vu que par ce seul d�cret il violait plusieurs lois : � Les armes des Mac�doniens, dit-il, m'offusquaient la vue ; et d'ailleurs ce n'est pas moi qui ai propos� le d�cret, c'est la bataille de Ch�ron�e. � Cependant, apr�s cette r�solution prise par les Ath�niens, Philippe, qui en craignit les suites, leur permit d'ensevelir les morts; ce qu'il avait d'abord refus� aux h�rauts qu'on lui avait envoy�s de L�badie. IV. Apr�s la d�faite de Cranon (134), Antipater demanda qu'on lui livr�t Hyp�ride, (849b) et le peuple se disposant � le faire, il s'enfuit � �gine avec les autres proscrits. Il y rencontra D�mosth�ne, et t�cha de justifier la conduite qu'il avait tenue envers lui. Comme il pensait � chercher une page 194 autre retraite, il fut arr�t� par ordre d'Archias de Thurium, surnomm� Phygadoth�re, qui, d'abord com�dien de profession, �tait alors aux gages d'Antipater. Il le fit enlever de force du temple de Neptune, dont il embrassait la statue. Il fut conduit � Corinthe aupr�s d'Antipater, et appliqu� � la question, pour tirer de lui les secrets de la r�publique. Mais de peur de c�der � la violence des tourments, il se d�chira la langue, et expira ainsi le (849c) 9 du mois pyanepsion (135). V. Hermippus raconte qu'il fut men� en Mac�doine, qu'il s'y coupa la langue, et que son corps fut laiss� sans s�pulture; mais qu'AIphinus, son cousin, et, suivant d'autres, son petit-fils par Glaucippe, obtint, par le cr�dit du m�decin Philopith�s, la permission d'enlever son corps. Il le fit br�ler, et malgr� les d�fenses des Ath�niens et des Mac�doniens, il en rapporta les cendres � Ath�nes. Non seulement il avait �t� banni par les premiers, lui et tous ses coaccus�s, mais on avait d�fendu de les inhumer dans l'Attique. D'autres disent qu'il fut conduit � Cl�ones avec les autres bannis, qu'il s'y d�chira la langue, et y mourut^de la mani�re que je viens de dire ; que ses parents ayant recueilli ses ossements, ils les d�pos�rent dans le tombeau de sa famille, pr�s de la porte aux Chevaux. C'est ce que raconte H�liodore dans son troisi�me (849b) livre des Monuments. Mais ce tombeau est enti�rement d�truit, et il n'en reste pas le moindre vestige. VI. On pr�tend qu'aucun orateur n'avait autant de talent que lui pour parler dans les assembl�es du peuple. Quelques uns m�me le mettent � cet �gard au-dessus de D�mosth�ne. On a publi� sous son nom soixante-dix-sept oraisons ; mais il n'y en a que cinquante-deux qui soient vraiment de lui (136). page 195 VII. Il eut une telle passion pour les femmes, qu'il chassa de chez lui son propre fils, afin d'y introduire Myrrhin�, la courtisane la plus somptueuse qui f�t alors. Il entretenait en m�me temps dans le Pir�e, Aristagora, et dans sa maison d'�leusis, Philt�, courtisane de Th�bes, (849e) qu'il avait rachet�e de l'esclavage pour le prix de vingt mines (137). Il se promenait tous les jours dans le march� aux poissons. Il semble qu'il ait �t� compris dans l'accusation d'impi�t� qui fut intent�e � la courtisane Phryn�e. Du moins le donne-t-il � entendre au commencement du plaidoyer qu'il pronon�a pour elle. Comme il vit qu'elle allait �tre condamn�e, il la fit avancer au milieu de l'Ar�opage ; et ouvrant sa robe, il montra son sein � d�couvert. Les juges, frapp�s de sa beaut�, n'eurent pas le courage de la condamner. VIII. Il composa des m�moires secrets contre D�mosth�ne, qui, �tant venu le voir pendant qu'il �tait malade, (849f) le surprit lisant ces m�moires ; et comme cet orateur lui en t�moignait son indignation : � Tant que nous serons amis, lui dit Hyp�ride, ces m�moires ne vous feront aucun tort ; mais si jamais vous devenez mon ennemi, ils vous emp�cheront de me nuire. � Il proposa qu'on d�cern�t des honneurs publics � Jolas, qui passait pour avoir donn� du poison � Alexandre. Il contribua beaucoup avec L�osth�nes � faire d�clarer la guerre Lamiaque, et eut le plus brillant succ�s en pronon�ant l'�loge fun�bre de ceux qui y avaient p�ri. IX. Lorsqu'il vit que Philippe se disposait � faire une descente dans l'Eub�e, et que ses desseins donnaient de vives inqui�tudes aux Ath�niens, il leva une contribution sur les citoyens, fit �quiper quarante gal�res, et en fournit lui-m�me deux, une pour lui et une pour son fils. (850a) Il s'�tait �lev� une dispute entre les Ath�niens et les habi- page 196 tants de D�los, sur l'intendance du temple d'Apollon dans cette �le. Le peuple avait nomm� Eschine pour plaider la cause des Ath�niens. Mais l'Ar�opage choisit Hyp�ride et nous avons encore l'oraison qu'il pronon�a et qui porte le titre de D�liaque. Il fut envoy� en d�putation � Rhodes, o� il vint des ambassadeurs d'Antipater qui vantaient la probit� de ce prince. � Nous savons que c'est un honn�te homme, leur dit Hyp�rid�s ; mais nous ne voulons point de ma�tre, quelque probit� qu'il ait. � X. (850b) On dit qu'il ne mettait aucune pr�tention dans ses harangues au peuple, et que dans ses plaidoyers, content d'exposer simplement les faits, il ne cherchait point � �mouvoir les juges. Il fut d�put� vers les �l�ens, pour plaider devant eux la cause de l'athl�te Calippe, qu'on accusait d'avoir corrompu les juges des jeux, et il le justifia. Sur la d�nonciation de Midias l'Anagyrasien, fils de Midias, il accusa Phocion d'avoir voulu corrompre le peuple par des largesses; mais il perdit sa cause. Ce fut sous l'archontat de X�nias, le 24 du mois de gam�lion. page 197
1. Sa patrie, ses ma�tres, son entr�e dans les
affaires. � Il. Il amasse de I. Dinarque, fils de Socrate ou de Sostrates, �tait d'Ath�nes, suivant les uns, et selon d'autres, de Corinthe. Il vint (850c) jeune � Ath�nes, dans le temps qu'Alexandre passa en Asie (138), et il s'y fixa. Il fut disciple de Th�ophraste, successeur d'Aristote dans l'�cole du Lyc�e, et se lia avec D�m�trius de Phal�re. Apr�s la mort d'Antipater, comme les anciens orateurs �taient presque tous ou morts ou en exil, il se trouva � la t�te de l'administration. II. Il s'insinua dans les bonnes gr�ces de Cassandre; et par la faveur de ce prince, autant que par les plaidoyers qu'il composait pour des citoyens, il amassa de grandes richesses. Il eut pour adversaires les plus c�l�bres orateurs de son temps, non qu'il parl�t lui-m�me contre eux devant le peuple, car il ne le pouvait pas ; mais il composait les discours des citoyens qui leur �taient oppos�s. (850d) Apr�s la fuite d'Harpalus, il fit plusieurs plaidoyers pour les accusateurs de ceux qui �taient soup�onn�s d'avoir re�u de l'argent de ce g�n�ral d'Alexandre. III Dans la suite, accus� lui-m�me d'avoir entretenu des intelligences avec Antipater et Cassandre, lorsque le fort de Munychium fut pris par Antigonus et D�m�trius, sous l'archontat d'Anaxicrat�s (139) il vendit la plus grande partie de ses effets, et s'enfuit � Chalcis, o� il v�cut en exil pendant quinze ans. Il y gagna beaucoup d'argent, et fut rappel� � Ath�nes par le cr�dit de Th�ophraste, avec plusieurs autres exil�s. Il alla demeurer chez un de ses amis, nomm� Prox�ne, o� on lui vola (850e) son argent. page 198 Quoique vieux et presque aveugle, il intenta proc�s � son h�te, qui avait refus� de faire informer sur ce vol ; et ce fut la premi�re fois qu'il plaida lui-m�me. Nous avons encore ce plaidoyer. IV. On a sous son nom soixante-quatre oraisons qu'on croit toutes de lui. Des critiques cependant en attribuent quelques unes � Aristogiton. Il prit, dit-on, Hyp�ride pour mod�le ; d'autres disent D�mosth�ne, et ils se fondent sur la chaleur, sur la v�h�mence de son style, et sur le genre de figures qu'il emploie. (01) Bourg de l'Attique de la tribu Eantide. Ce nom lui venait des buissons qui y croissaient en grande quantit�. (02) Le nom de sophiste ne se prenait pas toujours en mauvaise pari. Il d�signait, soit les rh�teurs qui enseignaient l'art oratoire, la morale et la philosophie, soit les sophistes qui, se parant d'une fausse sagesse, abusent de leur talent pour substituer � la vraie philosophie de vaines subtilit�s et de faux raisonnements. (03) Le commencement de cette Vie est plein d'erreurs ; elles viennent de ce que l'auteur a confondu trois Antiphons : le plus ancien de tous est notre orateur; ayant �t� l'un des principaux agents du renversement de la d�mocratie, il fut mis � mort lorsque le peuple eut recouvr� sa libert�. Ce fui lui, et non son p�re Sophilus, qui eut Alcibiade pour disciple. Le second Antiphon, contemporain du premier el Ath�nien comme lui, �tait sophiste et expliquait les songes ; c'est lui qui avait avec Socrate ces disputes fr�quentes dont parle l'auteur. Le troisi�me Antiphon �tait po�te tragique, et c'est lui qui fut mis � mort par ordre de Denys le Tyran, pour la r�ponse hardie que nous allons voir et que l'auteur attribue faussement � notre orateur. (04) A Ath�nes, les citoyens qui avaient des proc�s �taient oblig�s de plaider eux-m�mes leur cause; mais comme la plupart n'avaient pas assez de talent pour cela, ils s'adressaient � des orateurs qui composaient leurs plaidoyers. J'ai peine � croire, sur le t�moignage de notre auteur, qu'Antiphon soit le premier qui ail introduit cet usage. (05) Arciiinus eut, avec Thrasybule, la plus grande part � l'expulsion des trente tyrans: Critias �tait de ce nombre. Socrate, qui avait cultiv� ses talents avec soin, ne pr�voyait pas l'usage qu'il en ferait. (06) C�cilius �tait un rh�teur grec estim� qui vivait du temps d'Auguste. (07) Ce discours de Lysias est perdu ; mais cet orateur, dans celui qu'il a fait contre �ratosth�ne, et que nous avons encore, dit qu'Antiphon fut mis � mort par le peuple apr�s l'abolition des Quatre-Cents. (08) Th�opompe de Chios, l'un des plus illustres disciples d'Isocrate, avait �crit une histoire de la Gr�ce qui commen�ait o� Thucydide avait fini. On lui donnait le nom d'histoire philippique, parce qu'il s'�tait particuli�rement attach� � d�crire les actions de Philippe. (09) Tout ceci regarde un Antiphon po�te, post�rieur � notre orateur, puisqu'il vivait du temps de Denys. On sait qu'Harmodius et Aristogiton avaient tu� Hipparque, fils de Pisistrate et tyran d'Ath�nes. (10) Il ne nous en reste aujourd'hui que quinze. M. l'abb� Auger en a donn� quelques unes � la suite de la traduction d'Isocrate. (11) Platon le po�te avait fait une com�die intitul�e Pixanire, qui est cit�e par le Scoliaste d'Aristophane et par Ath�n�e. Pisandre avait �t� un des chefs de la faction aristocratique dont Antiphon �tait l'�me; il fut mis au nombre des Quatre-Cents. (12) Glaucus de Rh�gium en Italie avait compos�, dit Plutarque dans son trait� de la Musique, l'histoire des anciens po�les et musiciens. Il vivait du temps de Socrate. (13) La vingt-uni�me ann�e de la guerre du P�loponn�se, et la deuxi�me de la quatre-vingt-douzi�me olympiade, quatre cent onze ans avant J�sus-Christ. (14) Des magistrats pris dans les dix tribus d'Ath�nes, et qu'on nommait prytanes parce qu'ils s'assemblaient dans le Prytan�e, gouvernaient alternativement. On donnait le nom de prytanie � la dur�e du temps pendant lequel chaque tribu �tait en lourde gouverner, et il durait ou trente-cinq ou trente-six jours. Et comme les tribus, ainsi que nous venons de le dire, �taient au nombre de dix, cela compl�tait l'ann�e ath�nienne, compos�e de trois cent soixante jours. (15) C'�tait le nom qu'on donnait � Ath�nes aux officiers charg�s de faire ex�cuter les arr�ts de mort. (16) Il y a ici dans le texte une lacune qu'aucun des critiques qui ont fait des remarques sur cette Vie n'a pu remplir. J'ai suivi le sens qui m'a paru mettre plus de suite et de liaison dans le discours. (17) Phrynicus avait �t� avec Antiphon un des principaux agents de la r�volution qui renversa le gouvernement d�mocratique, et il fut mis au nombre des Quatre-Cents. Cette faction �tait tr�s oppos�e au retour d'Alcibiade, et Phrynicus surtout l'emp�chait de tout son pouvoir. Au retour de cette ambassade dont il est parl� dans le d�cret contre Antiphon, et qui �tait contraire aux int�r�ts de la r�publique, Phrynicus, qui avait �t� l'un des d�put�s, fut assassin� au milieu de la place publique sans que personne se mil en peine de prendre sa d�fense ou de venger sa mort. (18) Taylor, dans ses remarques sur Lysias, observe que notre auteur attribue � Andocid�s ce qui a �t� fait par son a�eul, qui portait le m�me nom que lui. Cet orateur dit lui-m�me, dans son oraison pour la paix, que les Ath�niens nomm�rent dix d�put�s charg�s de pleins pouvoirs pour aller � Sparte traiter de la paix, et que son a�eul Andocid�s �tait de ce nombre. (19) Le bourg Cydath�nien �tait de la tribu Pandionide, et celui de Thur�um de la tribu Antiochide. Andocid�s n'habitait ni dans l'un ni dans l'autre. Nous allons voir que sa maison �tait situ�e dans la tribu Eg�ide. Cela venait, suivant Taylor, de ce qu'on classait les citoyens, non dans la tribu o� ils demeuraient, mais dans celle d'o� ils tiraient leur origine, comme, chez les Romains, les meilleures familles �taient inscrites dans les tribus rustiques, quoiqu'elles demeurassent � Rome. (20) Il y eut deux historiens de ce nom, l'un de Lesbos, plus ancien qu'H�rodote ; l'autre, plus moderne, �tait de Milet. (21) Les h�rauts publics avaient pour patron Mercure, le messager des dieux. (22) Une rupture �clatante entre la ville de Corinthe et l'�le de Corcyre, sa colonie, aujourd'hui Corfou, fut le premier germe de la guerre du P�loponn�se. (23) Il y eut contre Andocid�s une double accusation que notre auteur n'a pas assez bien expliqu�e. La premi�re est indiqu�e par Thucydide, qui dit, liv. VI, chap. 28, que la mutilation de quelques statues fut faite par des jeunes gens ivres; c'est celle qu'Andocid�s subit dans sa premi�re jeunesse; mais on ne donna pas de suite aux informations commenc�es sur ce sacril�ge. Ce ne fut qu'� la seconde mutilation, qui avait �t� presque g�n�rale, que les Ath�niens poursuivirent les coupables avec la derni�re rigueur. (24) Il n'y a pas d'apparence que cette profanation soit la m�me que celle dont Alcibiade se rendit coupable en repr�sentant les myst�res de C�r�s, comme on l'a vu. Dans le discours d'Andocid�s relatif � cette accusation, on voit que le sacril�ge qu'on lui imputait �tait d'avoir pos� sur l'autel de C�r�s � �leusis un rameau d'olivier entour� de bandelettes; c�r�monie usit�e pour les suppliants, mais d�fendue pendant ta c�l�bration des myst�res, sous peine de mort ou d'une forte amende. Andocid�s pr�tend que ses ennemis avaient plac� m�chamment le rameau sur l'autel, pour l'accuser ensuite de ce sacril�ge. (25) Cette statue, qui �tait d'une grande beaut�, fut la seule conserv�e. (26) On appelait ch�urs cycliques ceux dont les acteurs marchaient circulairement sans s'arr�ter, du mot grec cercle. Les anciens, dit Marius Victorinus, chantaient en vers les louanges des dieux, en faisant le tour de leurs autels. Le premier tour, qu'ils commen�aient par la droite, se nommait strophe. Ils revenaient sur leurs pas en tournant � gauche, et ce second tour s'appelait antistrophe. Alors ils s'arr�taient devant les images des dieux, et achevaient de chanter leur po�me dans cette posture qu'ils nommaient �pode. On donnait encore le nom de cycliques aux po�tes qui allaient dans les places publiques r�citer leurs po�mes, qui ordinairement �taient des dithyrambes, aux spectateurs assembl�s en rond. Ils disputaient le prix entre eux. (27) C�phalus, p�re de Lysias, �tait fort ami de Socrate, et ce fut chez lui que se tinrent ces conversations si int�ressantes que Platon a r�dig�es dans sa R�publique. (28) Platon, dans le commencement de sa R�publique, parle des grandes richesses de C�phalus, qu'il avait, dit-on, acquises des profits d'une manufacture de boucliers, � laquelle il occupait cent vingt esclaves. L'auteur de cette Vie fait douter, par la mani�re dont il s'explique, s'il avait d�j� cette fortune consid�rable lorsqu'il vint s �tablir � Ath�nes, ou si c'est dans cette ville qu'il l'avait acquise. On peut conjecturer, d'apr�s Platon, que ses p�res �taient fort riches et lui avaient laiss� de grands biens. (29) Platon ne donne que deux fr�res � Lysias: Pol�marque, qui �tait l'a�n�, et un second, qu'il appelle Euthyd�me. (30) C'�tait la premi�re ann�e de la quatre-vingt-quatri�me olympiade. Lysias, n� la deuxi�me ann�e de la quatre-vingti�me, devait avoir alors seize ans. (31) On trouve un d�tail 1r�s int�ressant de cette pers�cution de Lysias et de sa famille dans ses discours contre Agorathus et contre �ratosth�ne. (32) Environ mille huit cents livres de notre monnaie actuelle. (33) On d�signait par le nom d'anarchie la premi�re ann�e de la quatre-vingt-quatorzi�me olympiade, qui fut celle de la domination des Trente ; et on datait de la suivante, o� les tyrans furent chass�s, le r�tablissement de l'ordre et des lois. (34) Archinus, qui avait tant contribu� avec Thrasybule � l'expulsion des tyrans, s'opposa � ce d�cret, non par haine ou par envie, mais par un grand respect pour les lois et les coutumes d'Ath�nes. (35) Lysias mourut la deuxi�me ou la troisi�me ann�e de la centi�me olympiade, deux ans apr�s la naissance de D�mosth�ne Par cons�quent il �tait �g� de quatre-vingts ou quatre-vingt-un an au plus. (36) Cette oraison est celle qu'il pronon�a contre �ratosth�ne, qui avait �t� l'un des trente tyrans d'Ath�nes. Lysias s'y plaint des pers�cutions excit�es contre lui et sa famille. (37) Plusieurs amis de Socrate offrirent de le d�fendre, mais il refusa leurs offres. Les juges devant qui sa cause fut plaid�e �taient de ceux qui sont plus sensibles aux mouvements de l'�loquence qu'aux int�r�ts de la justice ; et ses adversaires n'avaient pas n�glig� ce moyen de s�duction. (38) Philiscus �tait un rh�teur de Milet. (39) La fin de cette Vie est encore tr�s alt�r�e et presque inintelligible. J'ai suivi les corrections faites par Taylor dans sa collection des fragments de Lysias, qui est dans le sixi�me volume des orateurs de Reiske. Iphicrate et Timoth�e, deux g�n�raux ath�niens, se distingu�rent dans la guerre sociale. (40) Il y a dans le texte : grand-pr�tre, tandis que Th�odore n'�tait qu'un simple luthier. Etienne de Byzance dit formellement qu'Isocrate �tait du bourg d'Erecth�e. (41) C'�tait un bourg de la tribu Pandionide. (42) Ce trait est attribu� par d'autres au philosophe Socrate. (43) Ce trait� d'Isocrate n'existe plus. (44) C'est ce qui l'obligea de composer des plaidoyers pour gagner de quoi vivre. (45) Tout citoyen d'Ath�nes contribuait de son bien � l'entretien des gal�res. Celui dont le bien montait � dix talents (environ quarante-huit mille livres de notre monnaie) pouvait �tre nomm� tri�rarque, ou capitaine de gal�re ; auquel cas il �tait oblig� d'�quiper une gal�re, et avait droit de la commander. Ceux dont le bien �tait au-dessous de dix talents se joignaient plusieurs ensemble, jusqu'� la concurrence du nombre n�cessaire, el contribuaient � frais communs � l'armement d'une gal�re. La charge de tri�rarque �tant fort on�reuse, il �tait permis � ceux qui �taient nomm�s d'indiquer quelqu'un qui f�t plus riche qu'eux, et de demander qu'on le m�t � leur place, pourvu qu'ils fussent pr�ts � changer de bien avec lui, et � faire la fonction de tri�rarque apr�s cet �change. Cette loi �tait de Solon, et s'appelait la loi des �changes. Je doute, au reste, qu'Isocrate ait jamais prononc� ce discours devant ses juges. (46) Ce discours est g�n�ralement regard� comme le chef-d'�uvre d'Isocrate. C'est le pan�gyrique de la ville d'Ath�nes, qui fut publi� dans une de ces assembl�es solennelles que les Grecs nommaient pan�gyries, dit H. de Br�quigny, Vie d'Isocrate, trait� sur la Gioire d'Ath�nes. Plutarque reproche avec beaucoup de duret� � Isocrate d'avoir �t� quinze ans � composer ce discours. D'autres n'en mettent que dix, ce qui est encore beaucoup. Le savant acad�micien que je viens de citer prouve tr�s bien qu'il n'y travailla tout au plus que quatre ans. (47) Ce que l'auteur dit ici para�t destitu� de tout fondement, et je crois, comme M. de Br�quigny, qu'il a imagin� cette pr�tendue r�forme d'apr�s un passage mal entendu de Cic�ron, qui dit que l'�cole d'Isocrate �tait une image d'Ath�nes, et qu'� l'exemple de cette r�publique, qui envoyait souvent ses sujets former au loin des �tablissements nouveaux, il partait chaque ann�e de l'�cole d'Isocrate, pour toutes les parties de la terre, des colonies de savants. (48) Les deux premiers �crivains furent de c�l�bres historiens. Phodus dit qu'Isocrate leur conseilla d'embrasser le genre de l'histoire, et qu'il leur proposa � chacun des sujets conformes � leur g�nie. Ascl�piade �tait de Tragile, ville de Thrace ; etTh�odecte, de Phas�lis en Pamphylie, avait compos� cinquante trag�dies dont il ne nous reste rien. L'auteur s'exprime assez obscur�ment sur ces deux po�tes. J'ai traduit d'apr�s Photius. (49) Pausanias parle aussi du tombeau de Th�odecte; mais il avoue son ignorance sur l'origine du mot Cyamite. Il ne sait si c'�tait le nom d'un h�ros honor� par les Ath�niens, ou de la personne qui, la premi�re, leur avait enseign� � cultiver les f�ves. �leusis �tait �loign�e d'Ath�nes de quatre lieues. Comme on y c�l�brait les myst�res de C�r�s, on donnait le nom de sacr� au chemin qui y conduisait. (50) Ce Lacritus ne m'est point connu d'ailleurs. Fabricius, dans le catalogue des anciens l�gislateurs, ne le cite que sur la foi de notre auteur et de Photius, qui ne sont pas de s�rs garants. Il est �tonnant qu'un l�gislateur soit ignor� dans une �poque aussi rapproch�e que celle-l�. Peut-�tre qu'il n'avait fait qu'�crire ses lois, et que les Ath�niens no les avaient pas adopt�es. (51) Les 1,000 drachmes valaient environ 800 livres. (52) Ce fait, qui contraste si fort avec les principes de morale r�pandus dans tous les ouvrages d'Isocrate, va �tre d�menti par l'auteur lui-m�me, qui nous dira que cet orateur ne recevait aucun salaire de ceux de ses disciples qui �taient citoyens d'Ath�nes. (53) Je ne puis dire � quoi Isocrate faisait allusion en r�citant ces trois vers. (54) Isocrate �tait n� la premi�re ann�e de la quatre-vingt-sixi�me olympiade. Ch�ronidas fut archonte la troisi�me ann�e de la cent dixi�me. Isocrate mourut donc �g� de quatre-vingt-dix-neuf ans. (55) Ath�nes avait �t� subjugu�e une premi�re fois par Pisistrate, du temps de Solon, la seconde fois par les Quatre-Cents, la troisi�me sous les trente tyrans, et la quatri�me par Philippe. Isocrate avait vu les trois derni�res r�volutions. (56) Isocrate dit lui-m�me au commencement de ce discours qu'il �tait �g� de quatre-vingt-quatorze ans lorsqu'il se mit � le travailler; qu'une maladie de trois ans l'obligea de l'interrompre, et que, l'ayant repris ensuite, il l'acheva � l'�ge de quatre-vingt-dix-sept ans. Ce discours est encore un bel �loge d'Ath�nes diff�rent du Pan�gyrique, en ce que, dans le premier, il ne se propose que de louer les Ath�niens, et que, dans l'autre, il a encore pour but de les engager � faire la guerre aux Perses. On croit que son nom de Panath�na�que lui vient de ce qu'il fut publi� pendant les f�les Panath�n�es. (57) Photius dit au contraire que ce discours n'est point du tout �crit � la mani�re de Gorgias et de Lysias. (58) D'autres disent qu'elle �tait s�ur d'H�ppias, et qu'Aphar�us �tait fils de Lagisca, c�l�bre courtisane qu'Isocrate �pousa. (59) Isocrate composa l'oraison fun�bre d'Evagoras, roi de Chypre, p�re de Nicocl�s, el il adressa � celui-ci, lorsqu'il fut sur le tr�ne, un premier discours sur la mani�re de bien r�gner, et un second qui porte le nom de Nicocl�s, dans lequel l'orateur traite des devoirs des sujets envers leur prince. Ces trois ouvrages ont �chapp� � l'injure des temps. (60) Notre auteur se contredit ici lui-m�me ; il va dire plus bas qu'Isocrate n'eut que deux proc�s dans sa vie. C'est au second r�cit qu'il faut s'en tenir. (61) Dans le trait� de l'�ducation, ce mot est attribu� au philosophe Aristippe. (62) Je crois que l'auteur a �t� ici induit en erreur par une conformit� de noms. Isocrate �tait trop timide et avait la voix trop faible pour avoir os� se mesurer dans une pareille lice � l'�ge de quatre-vingt-trois ans. Il est plus vraisemblable que ce fut un autre Isocrate d'Apollonie, ancien disciple de notre orateur, qui se pr�senta � ce concours. (63) Isocrate, dans ce discours, se propose d'�clairer ses concitoyens sur les abus du gouvernement, et de les exhorter � les r�former. On croit qu'il fut nomm� Ar�opagitique parce qu'il contient l'�loge de l'ancien Ar�oppage (64) L�ochar�s �tait un artiste c�l�bre qui avait travaill� au superbe tombeau qu'Art�mise fil �lever � son �poux Mausole. L'attachement que Timoth�e montra constamment pour son ma�tre est d'un bel exemple, et malheureusement trop peu imit�. Ce n'�tait pas un sentiment rare dans un temps o� l'on sentait tout le prix d'une bonne �ducation. (65) Il nous reste aujourd'hui de cet orateur vingt-un discours et neuf lettres. (66) La mine valait 100 drachmes; ainsi c'�tait environ 800 livres de notre monnaie en 1789. (67) Isocrate plaisantait s�rement en donnant cette d�finition ; il avait une trop grande id�e de l'�loquence pour la r�duire � si peu de chose. Peut-�tre aussi �tait-ce une critique de quelques orateurs de son temps. (68) Dans la Vie de P�ricl�s, Plutarque met dans la bouche de ce g�n�ral le propos qu'on attribue ici par erreur a Isocrate. Sophocle �tait n� soixante ans avant cet orateur, et quoiqu'il ait pu voir Isocrate, on ne peut gu�re supposer que ce po�te ail m�rit�, � plus de quatre-vingts ans, un pareil reproche, et encore moins qu'Isocrate le lui ait fait, n'�tant �g� que de vingt ans. (69) �phore profita mieux cette fois des le�ons d'Isocrate. Son histoire de la Gr�ce m�rite nos regrets, � en juger par les �loges que les anciens enont faits. C'�tait de lui qu'Isocrate disait qu'il avait besoin de l'�peron, tandis qu'il fallait un frein � Th�opompe. (70) C'�tait une maison, une chapelle ou un temple dans lequel on tenait en d�p�t les ornements destines aux c�r�monies publiques de religion, tels que les v�tements pontificaux, les vases, les pat�res et autres. Son nom vient de solennit�. (71) Lysistrate fui archonte la quatri�me ann�e de la cent deuxi�me olympiade, et Sosig�nes la troisi�me ann�e de la cent neuvi�me, ce qui fait bien vingt-huit ans. (72) Les f�tes L�n�ennes faisaient partie des f�tes Anthest�riennes, qu'on c�l�brait � Ath�nes pendant trois jours dans le mois d'anthest�rion, qui r�pondait � notre mois de f�vrier.
(73)
Chalcis
�tait une ville de l'�le d'Eub�e. Denys d'Halicarnasse le fait (74) L'est une grande contradiction avec ce qu'il a dit dans la Vie d'Isocrate, que D�mosth�ne n'avait pas �t� en �tat de donner � cet orateur mille drachmes pour payer ses le�ons. Mais nous y avons fait observer que ce dernier fait �tait hors de vraisemblance, Photius dit que D�mosth�ne ne donna � Is�e que deux mille drachmes de r�compense. (75) Th�opompe, po�te de l'ancienne com�die, avait compos� dix-sept pi�ces de th��tre, et, selon d'autres, vingt-quatre, qui sont toutes perdues. (76) C'�tait un des bourgs de l'Attique. (77) D�mosth�ne, dans son discours sur la Couronne, dit que le p�re d'Eschine s'appelait Trom�s, et que son fils, allongeant son nom de doux syllabes, en avait fait Atrom�te; que sa m�re, qu'il appelait avec beaucoup de dignit� Glaucot�e, �tait plus connue sous le nom d'Empuse (c'est ainsi qu'on appelait les spectres nocturnes), parce qu'elle initiait aux bacchanales. (78) Voyez D�mosth�ne, sur la Fausse L�gation. (79) Suidas le nomme Alcidamas. (80) On donnait ce nom aux d�put�s que chaque ville grecque envoyait au conseil des amphictyons aux Thermopyles. (81) Les deux discours d'Eschine et de D�mosth�ne ont �t� conserv�s. (82) Ce d�cret portail que D�mosth�ne, en r�compense de ses travaux politiques et des services qu'il avait rendus � sa patrie, soit au dedans, soit au dehors de la ville, recevrait en plein th��tre une couronne d'or. L'accusation qu'Eschine avait intent�e � Ct�siphon, avant la mort de Philippe, ne fut reprise que la sixi�me ann�e du r�gne d'Alexandre. (83) De fut la deuxi�me ann�e de la cent quatorzi�me olympiade, un an apr�s Alexandre; il avait soixante-quinze ans. (84) D�mochar�s �tait fils d'une s�ur de D�mosth�ne ; il �tait aussi �loquent que brave. Outre des discours oratoires, il avait compos� des ouvrages historiques. Il ne faut pas le confondre avec un fr�re d'Eschine du m�me nom. (85) Elles existent encore, et depuis longtemps ce sont les seules qu'on ait de cet orateur, car Photius ne parle que de ces trois-l�. (86) Les Ath�niens et les habitants de D�los se la disputaient; elle fut adjug�e aux premiers. (87) Tamynes �tait une ville d'�r�trie dans l'�le d'Eub�e. Eschine, dans son oraison sur son ambassade, dit qu'il se distingua dans ce combat parmi les plus braves; que les g�n�raux lui donn�rent une couronne sur le champ de bataille, et qu'� son retour � Ath�nes, le peuple lui en d�cerna une seconde. (88) Timarque �tait un rh�teur ath�nien ami de D�mosth�ne et fort d�cri� par son go�t pour les courtisanes. (89) D�mosth�ne parut dans cette occasion d'une mani�re bien humiliante pour lui, et qui dut relever encore le triomphe de son rival. A peine il eut prononc�, en h�sitant, quelques phrases obscures, que sa m�moire l'abandonna enti�rement, el qu'ayant inutilement essay� de se remettre, sur les invitations de Philippe, qui jouissait avec un plaisir malin de son embarras, il se vit oblig� de garder le silence. Il est vrai que la circonstance �tait bien critique pour lui. Il ne se trouvait plus dans cette assembl�e du peuple d'Ath�nes, dont la confiance g�n�rale donnait tant d'essor � son talent. Il �tait presque seul vis-�-vis d'un prince qu'il voyait pour la premi�re fois, dont il s'�tait constamment d�clar� l'ennemi, et dont la mauvaise volont� connue devait le jeter dans le plus grand embarras. (90) On peut �tre surpris que notre auteur n'ait pas, � l'exemple de Photius, plac� D�mosth�ne � la suite d'Eschine, car on ne s�pare gu�re ces deux orateurs ; mais il s'est astreint � l'ordre chronologique, et Lycurgue �tait plus ancien de quelques ann�es que D�mosth�ne. (91) C'�tait un bourg de la tribu Eg�ide. (92) Buta on But�s �tait, suivant plusieurs anciens auteurs, un bourg de la tribu On�ide. Mais Taylor, dans la Vie de Lycurgue, croit qu'il n'y a jamais eu dans l'Attique de bourg de ce nom, et que c'est celui de la famille des El�obutades qu'on a pris pour un nom de lieu. Cette famille tirait le sien de But�s, fils de Pandion, roi d'Ath�nes. Comme plusieurs autres familles se pr�tendaient issues de celle-l�,, el prenaient faussement le nom de Butades, les descendants de la premi�re prirent le nom d'Et�ohutades, ou vrais-Butades. C'�tait dans cette famille qu'on prenait les pr�tres de Minerve Polyade, ou protectrice de la ville. (93) C'�tait environ 70 millions de notre monnaie en 1789. (94) Lieu o� l'on s'exer�ait � la lutte. (95) Environ 1,200,000 livres. Rien ne prouve mieux la confiance qu'on avait en Lycurgue. Ordinairement les citoyens d�posaient dans les temples l'argent qu'ils voulaient mettre en s�ret�. La probit� de Lycurgue leur paraissait un asile encore plus s�r. (96) On voit encore � Ath�nes, pr�s du temple de Minerve, un ch�teau qu'on appelle l'arsenal de Lycurgue. (97) C'�tait celui o� l'on c�l�brait les Panath�n�es, f�tes institu�es en l'honneur de Minerve, d'abord, dit-on, pour Orph�e, sous le nom d'Ath�n�es, et renouvel�es ensuite par Th�s�e sous celui de Panath�n�es, lorsque ce prince eut r�uni en une seule ville tous les bourgs de l'Attique. (98) On a dit de Dracon, le premier l�gislateur des Ath�niens, que ses lois avaient �t� �crites avec du sang. La s�v�rit� de Lycurgue est attest�e aussi par d'autres �crivains, et en particulier par Diodore de Sicile, qui atteste en m�me temps son int�grit� et son �loquence. (99) Elle faisait partie des f�tes Anthest�riennes qui duraient trois jours. Dans le premier, on faisait la pyth�gie, ou l'ouverture des tonneaux, pour go�ter le vin nouveau ; le second, on c�l�brait la f�te des conges; le troisi�me �tait la f�te des chytres, ainsi nomm�e parce qu'on offrait ce jour-l� � Bacchus et � Mercure des l�gumes bouillis, qu'on servait dans une esp�ce de marmite. (100) Cette d�fense de repr�senter ces pi�ces ne doit vraisemblablement s'entendre que pour les temps des f�tes de Bacchus, destin�s ordinaire ment � la repr�sentation des nouvelles pi�ces que les po�tes mettaient au concours pour le prix. Alors le but de cette lecture faite aux acteurs devait �tre de les animer et d'exciter leur talent, en leur faisant entendre ces chefs-d'�uvre de l'art. (101) Environ huit cents livres de notre monnaie. (102) C'�tait la m�me somme qu'un talent, pr�s de cinq mille livres. Il y a apparence que cette d�fense, qui est aussi attest�e par �lien, n'avait lieu que pour les jours o� on allait en c�r�monie publique � �leusis pour y c�l�brer les myst�res de C�r�s. (103) Le nom grec d�signe proprement des �trangers qui, habitant � Ath�nes sans s'y �tre fait naturaliser, �taient sujets � un tribut annuel de douze drachmes, environ onze livres de notre monnaie. (104) Le philosophe X�nocrate jouissait � Ath�nes d'une si grande consid�ration, et sa bonne foi y �tait si connue, que, quoique personne ne f�t admis � rendre t�moignage en justice sans le confirmer par le serment, on le dispensa de cette loi, dit Diog�ne La�rce dans sa Vie. Cela n'emp�cha pas les Ath�niens de le vendre, parce qu'il ne pouvait pas payer le tribut dont nous venons de parler. D�m�trius de Phal�re l'acheta, paya le tribut et lui donna la libert�. Un pareil proc�d� n'�tonne point de la part d'un peuple aussi incons�quent et aussi l�ger que celui d'Ath�nes. (105) Environ six millions de notre monnaie en 1789. (106) Pr�s de six cent mille livres. (107) Il n'en reste qu'une, que M. l'abb� Auger a traduite. (108) La mine �tait le double de la somme pr�c�dente, et valait environ quatre-vingts livres. (109) Pr�s de huit cent mille livres. On voit par l� que le nombre des citoyens d'Ath�nes n'�tait pas consid�rable et n'allait pas � vingt mille. Il est vrai qu'on ne comprenait pas dans cette distribution les esclaves, les �trangers et ceux m�me des Ath�niens qui, par leur pauvret�, diff�raient peu des esclaves ; et ces trois classes �taient assez nombreuses. (110) Aristophane, dans sa com�die des Oiseaux, d�signe par dos noms d'oiseaux plusieurs personnages connus. Il donne � Lycurgue l'ibis, et le hibou � Oh�r�pbon. Le surnom d'Ibis, disent les commentateurs, fut donn� � Lycurgue � cause de sa s�v�rit� pour les m�chants I'ibis, esp�ce de cigogne, fait la guerre aux reptiles venimeux. D'autres ont cru qu'on avait d�sign� par l� son origine �gyptienne ou la maigreur de ses jambes. Bayle, au mot Lycurgue, d�truit toutes ces opinions, par cette seule raison que lorsque Aristophane fit jouer cette pi�ce, Lycurgue �tait beaucoup trop jeune pour �tre l'objet de la critique de ce po�le, qui n'attaquait gu�re que des personnages en place. (111) �rechth�e r�gnait � Ath�nes environ mille quatre cent vingt-trois ans avant J�sus-Christ. (112) Cela prouve encore qu'Abron �tait l'a�n�, et non pas Lycophron, comme il vient de le dire. (113) Le trident �tait le symbole du pouvoir de Neptune sur les mers, et ses pr�tres le portaient, comme ministres de ce dieu. (114) D�mosth�ne go�tait singuli�rement le style vif et serr� de Thucydide. On pr�tend qu'il avait copi� huit fois de sa main son histoire. Cic�ron, dans son livre sur les Orateurs illustres, et Quintilien attestent aussi cette assiduit� de D�mosth�ne � l'�cole de Platon. Le premier dit que c'�tait moins dans l'�cole des rh�teurs que sous les portiques de l'Acad�mie, que D�mosth�ne avait puis� son �loquence; et il l'assure �gaiement de lui-m�me. (115) H�g�sias avait compos� une histoire d'Alexandre qui, au jugement de Photius, n'�tait pas bien �crite. C'est de lui que Plutarque se moque avec raison dans la Vie d'Alexandre, pour avoir dit que Diane ne put aller au secours de son temple d'�ph�se, br�l� par �rosirate, parce qu'elle �tait retenue aupr�s d'Olympias, qui accouchait alors d'Alexandre. Il n'est pas plus sage lui-m�me lorsqu'il ajoute que cette pens�e �tait si froide, qu'elle aurait suffi pour �teindre l'incendie. (116) Callistrate fut un des plus c�l�bres orateurs de son temps, et gouvernait, pour ainsi dire, � son gr� le peuple d'Ath�nes. D�mosth�ne, � qui l'on demandait qui des deux, de Callistrate ou de lui, �tait meilleur orateur, r�pond�t : � Je suis meilleur � lire, et lui � entendre.� Il commanda l'arm�e des Ath�niens avec Iphicrate et Chabrias, dans la guerre sociale. Condamn� � mort et oblig� de s'exiler, il revint � Ath�nes sans l'agr�ment du peuple, qui le punit du dernier supplice. (117) La tutelle finissait � Ath�nes � l'�ge de seize ans accomplis. D�mosth�ne intenta ce proc�s � ses tuteurs d�s qu'il fut sorti de tutelle, suivant Plutarque dans sa Vie ; i! commen�ait donc alors sa dix-septi�me ann�e. Timocrat�s �tait archonte la premi�re ann�e de la cent quatri�me olympiade. D�mosth�ne �tait donc n� la quatri�me ann�e de la quatre-vingt-dix-neuvi�me olympiade. (118) Environ quarante-huit mille livres de notre monnaie. (119) C'�tait � peu pr�s deux mille quatre cents livres. C'est � cette occasion qu'Eschine disait que D�mosth�ne portait sur ses �paules, non une t�te, mais une ferme. Plaisanterie qu'on a lou�e, mais qui me parait assez froide. (120) Photius nous apprend de quel moyen N�optol�me se servit pour lui rendre l'haleine moins courte ; on jugera de sa valeur. Voyant que les conduits par o� l'air ext�rieur entre et rafra�chit sans cesse le poumon �taient fort resserr�s dans le jeune homme, il lui conseilla de tenir une olive dans sa bouche et de s'accoutumer � courir dans des lieux qui allassent en pente. Le fruit de cette olive amollie par la salive et serr�e dans la bouche par la rapidit� du mouvement, passait du palais dans le nez et sortait par les narines; en sorte que l'organe de la respiration et de la voix se trouvait insensiblement �largi et plus propre aux fonctions de l'orateur. (121) Eubulide de Milet fut surnomm� le Dialecticien parce qu'il avait invent� plusieurs arguments captieux. Ce n'�tait pas pour corriger des d�fauts de prononciation que D�mosth�ne s'�tait adress� a ce philosophe, mais afin qu'il ne lui manqu�t rien du c�t� de la dialectique et du raisonnement. (122) Platon mourut la premi�re ann�e de la cent huiti�me olympiade, selon Diog�ne La�rce. On s'accorde assez sur cette �poque, mais il n'en est pas de m�me sur celle de sa naissance. Les uns la fixent � la premi�re ann�e de la quatre-vingt-huiti�me olympiade, et le font vivre quatre-vingt-un ans; d'autres la placent � la deuxi�me ann�e de la quatre-vingt-septi�me olympiade, et lui donnent quatre-vingt-quatre ans de vie. Cette derni�re opinion para�t la plus probable. (123) La bataille de Mantin�e est de la deuxi�me ann�e de la cent quatri�me olympiade, et X�nophon mourut � Corinthe quatre ans apr�s. (124) Ce discours est si fort au-dessous de la r�putation de D�mosth�ne que plusieurs critiques ont pens� que ce n'�tait pas celui qu'il avait prononc�. D'autres le croient de lui, et n'attribuent sa faiblesse qu'a celle du sujet, qui, en effet, n'�tait pas facile � traiter. (125) Environ huit mille livres de notre monnaie. (126) La disproportion de ces deux sommes pour des objets si diff�rents montre quelle pr�f�rence les Ath�niens donnaient � eu plaisir dangereux sur les objets les plus importants. (127) Ce mot signifie : qui va � ta chasse des exil�s, et convient parfaitement � ce vil satellite qu'Antipater soudoyait pour aller � la d�couverte de ceux que sa politique soup�onneuse et cruelle obligeait de s'expatrier. (128) Ce surnom d�signait en g�n�ral un homme mou et eff�min�. (129) Aulu-Gelle, liv. Xl. chap. ix, rapporte que les habitants de Milet ayant fait demander du secours aux Ath�niens, D�mosth�ne s'opposa d'abord fortement � ce qu'on leur en accord�t. Mais les d�put�s l'�tant all� trouver pour le prier de ne pas leur �tre contraire, il exigea d'eux une somme d'argent, qu'ils lui donn�rent. Le lendemain, l'affaire ayant �t� remise en d�lib�ration, D�mosth�ne parut dans rassembl�e le cou envelopp� de laine, et dit qu'il ne pouvait pas parler, parce qu'il avait une esquinancie. Un plaisant s'�cria que c'�tait une argyranrie. (130) C'est-�-dire qu'il travaillait jour et nuit (131) Ceci n'est pas contraire � ce que D�mosth�ne vient de dire du soin avec lequel il se pr�parait avant que de parler en public. Il avait assez de facilit� pour le faire sans pr�paration, et il le faisait dans les causes judiciaires ou dans les objets peu importants ; mais dans les affaires qui �taient d'un grand int�r�t, il aurait cru, en parlant sans s'�tre pr�par�, se manquer � lui-m�me et au public. (132) C'�tait le bourg de l'Attique le plus agr�able et dont les Ath�niens pr�f�raient le s�jour. (133) Alexandre, peu de temps apr�s son av�nement au tronc, porta la guerre en Illyrie. Le bruit avant couru qu'il y avait p�ri, les Ath�niens pens�rent � secouer le joug de la Mac�doine, et les Th�bains massacr�rent les commandants de la garnison mac�donienne, violence qui fut punie par la ruine de leur ville. Alors les Ath�niens ne song�rent qu'� fl�chir Alexandre, qui demanda qu'on lui livrai D�mosth�ne, Lycurgue, Hyp�ride et cinq autres orateurs qu'il accusait d'avoir excit� la s�dition dans Ath�nes. Un d�cret s�v�re rendu contre ces orateurs apaisa ce prince, et l'affaire n'eut pas de suites. Tous les �tats de la Gr�ce, except� celui de Sparte, fournirent � Alexandre leur contingent de troupes pour son exp�dition d'Asie. (134) Cranon �tait une ville de Thessalie o� Antipater et Crat�re d�firent les Ath�niens la troisi�me ann�e de la cent quatorzi�me olympiade. Les Grecs y perdirent peu de inonde, et le d�faut de discipline fut la seule cause de cette d�faite. Mais le judicieux Polybe observe qu'elle porta le dernier coup � la puissance et � la libert� d'Ath�nes. Antipater assi�gea cette Tille, la prit et lui dicta les lois qu'il voulut. (135) Il r�pondait � nos mois de septembre et d'octobre. (136) De ces cinquante-deux oraisons, il n'en existe qu'une seule imprim�e parmi celles de D�mosth�ne. Elle roule sur la paix faite avec Alexandre. (137) Environ mille huit cents livres de notre monnaie. (138) Ce fut la troisi�me ann�e de la cent onzi�me olympiade.
(139)
La deuxi�me ann�e de la cent quinzi�me olympiade.
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