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PLUTARQUE

 

OEUVRES MORALES

LES OPINIONS DES PHILOSOPHES.  

 

 

texte grec

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LES OPINIONS DES PHILOSOPHES.

PR�FACE DE L'AUTEUR.

[886b] Apr�s avoir achev� ce que j'avais � dire sur les principes des �tres, sur les �l�ments et sur les objets qui y tiennent de plus pr�s, je vais parler des effets qui en sont le r�sultat, en commen�ant par celui qui contient tous les autres.

LIVRE SECOND.

CHAPITRE PREMIER.

Du monde.

Pythagore est le premier qui ait donn� � l'univers le nom de monde (01), � cause de l'ordre qui y r�gne. Thal�s et les philosophes de son �cole n'ont admis qu'un seul monde (02). [886c] D�mocrite, �picure et M�trodore, leur disciple, supposent une infinit� de mondes dans un espace qui est infini suivant toutes ses dimensions. Emp�docle dit que le monde ne s'�tend pas au del� du cours du soleil, qui eu d�termine les homes. S�leucus a cru le monde infini. Diog�ne pr�tend que l'univers est infini, et que le monde ne l'est pas. Les sto�ciens mettent de la diff�rence entre le monde et l'univers. Ce dernier, selon eux, comprend l'espace plein et le vide, et il est infini ; le vide �t�, il reste le monde ; en sorte que l'univers et le monde ne sont pas une m�me chose.


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CHAPITRE II.

De la figure du monde.

Les sto�ciens disent que le monde a la figure sph�rique ; d'autres lui donnent la forme d'un c�ne, [886d] quelques uns celle d'un �uf. �picure pense que les mondes peuvent avoir la forme sph�rique, mais qu'ils sont susceptibles aussi d'autres figures.

CHAPITRE III.

Si le monde est anim�.

Tous les autres philosophes croient que le monde est anim� et dirig� par une providence ; mais D�mocrite, �picure et tous ceux qui admettent les atomes et le vide disent qu'il n'est ni anim� ni r�gi par une providence intelligente, mais par une certaine nature priv�e de raison (03). Aristote pr�tend que le monde n'est ni anim� dans toutes ses parties, ni sensible, [886e] ni raisonnable, ni intelli-


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gent, ni conduit par la Providence. Toutes ces propri�t�s conviennent, selon lui, aux corps c�lestes, parce que leurs sph�res sont vivantes et anim�es; mais les substances terrestres n'ont aucun de ces attributs, et l'ordre m�me qui s'y trouve est purement accidentel, et n'est pas l'effet d une cause pr�agissante.

CHAPITRE IV.

Si le monde est incorruptible.

Pythagore et Platon (04) disent que le monde est la production de Dieu ; que de sa nature il est corruptible, parce qu'il est sensible, et par cons�quent corporel ; que cependant il ne p�rira pas, et qu'il sera conserv� par la Providence. �picure pr�tend qu'il est corruptible, parce qu'il a �t� produit comme l'est un animal et une plante. X�nophane le croit incr��, incorruptible [886f] et �ternel. Aristote veut que la partie sublunaire du monde soit passible, et que les corps terrestres y �prouvent des alt�rations.

CHAPITRE V.

De quoi se nourrit le monde.

Aristote dit que si le monde prenait de la nourriture, il


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p�rirait un jour; mais que, n'ayant besoin d'aucun aliment, il est �ternel. [887a] Platon croit que le monde trouve sa nourriture dans ce qui p�rit par les alt�rations qu'il �prouve. Philola�s croit que le monde a un double aliment, soit dans le feu qui tombe du ciel, soit dans les eaux de la lune que la r�volution de cet astre verse sur la terre ; et ces doubles exhalaisons sont la nourriture du
monde.

CHAPITRE VI.

Par quel �l�ment Dieu commen�a � former le monde.

Les physiciens disent que la formation du monde a commenc� par la terre, qui en occupe le centre (05), et le centre est le commencement de la sph�re. Pythagore croit que c'est parle feu et par le cinqui�me �l�ment. [887b] Emp�docle pr�tend que l'�ther fut s�par� le premier, le feu le second, ensuite la terre, qui, se trouvant fortement comprim�e par la rapidit� de sa r�volution, fit sourdre l'eau, d'o� l'air se d�gagea. Le ciel fut form� de l'�ther, le soleil du feu, et les corps terrestres des autres �l�ments. Platon dit que le monde visible a �t� form� sur le mod�le du monde id�al ; que l'�me est la premi�re partie du monde visible; qu'apr�s elle vient la substance corporelle, dont la premi�re portion a �t� form�e du feu et de la terre, et la seconde de l'air et de l'eau. Pythagore veut qu'entre les cinq figures des corps solides qu'on appelle math�matiques, la terre ait �t� form�e du cube,[887c]  le feu de la pyramide, l'air de l'octa�dre, l'eau de l'icosa�dre, et la sph�re de l'univers, du dod�ca�dre. Platon est, � cet �gard, de l'avis de Pythagore.


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CHAPITRE VII.

De la disposition du monde.

Parm�nide forme le monde de plusieurs couronnes appliqu�es l'une sur l'autre, qui sont, les unes d'une mati�re dense, et les autres d'une mati�re rar�fi�e. Elles sont m�lang�es de la lumi�re et des t�n�bres, qui les s�parent entre elles ; et la substance qui les environne toutes est aussi solide qu'un mur (06). [887d] Leucippe et D�mocrite enveloppent le monde d'une tunique ou membrane. �picure dit que l'extr�mit� de certains mondes est d'une substance rar�fi�e, et celle de quelques autres plus condens�e; que les uns sont en mouvement, et les autres immobiles. Platon met le feu au premier rang, ensuite l'�ther, puis l'air, l'eau, et enfin la terre ; quelquefois il joint l'�ther avec le feu. Aristote place d'abord l'�ther, qui est impassible, et dont il fait une cinqui�me substance ; apr�s lui, les corps passibles, tels que le feu, l'air, l'eau, et, en dernier lieu, la terre. Il donne aux corps c�lestes un mouvement circulaire. Pour les corps sublunaires, il suppose dans les plus l�gers un mouvement d'ascension, et, dans les plus pesants, un mouvement vers le centre. [887e] Emp�docle ne croit pas que les places qu'occupent les �l�ments soient d�termin�es et toujours les m�mes, mais qu'ils en changent entre eux.

CHAPITRE VIII.

Quelle est la cause de l'inclinaison du monde.

Diog�ne et Anaxagore disent qu'apr�s que le monde


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fut form� et les animaux produits de la terre, le monde re�ut une inclinaison spontan�e vers le midi. Peut-�tre fut-elle l'effet de la Providence, afin que certaines parties du monde fussent inhabitables, et que d'autres pussent �tre habit�es � raison de la temp�rature du froid et du chaud. [887f] Emp�docle croit que l'air ayant c�d� � l'action violente du soleil, les p�les furent inclin�s, les parties bor�ales s'�lev�rent, et celles du midi s'abaiss�rent, et ainsi tout le monde fut inclin�.

CHAPITRE IX.

S'il y a du vide hors du monde.

Les pythagoriciens disent qu'il y a hors du monde un vide dans lequel et hors duquel le monde respire (07). [888a] Les sto�ciens admettent un vide infini dans lequel le monde se dissoudra par un embrasement g�n�ral. Posidonius, dans son livre premier sur le vide , croit que le vide n'est pas infini, mais seulement aussi grand qu'il le faut pour que le monde puisse s'y dissoudre. Aristote pr�tend qu'il y a du vide (08). Platon n'en admet ni dans le monde ni hors du monde.

CHAPITRE X.

Quelle est la partie droite du monde, et quelle est sa partie gauche.

Pythagore, Platon et Aristote placent la partie droite du monde [888b] � l'orient, o� les corps c�lestes commencent leur r�volution, et la partie gauche � l'occident. Emp�-


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docle met la partie droite vers le tropique d'�t�, et la gauche vers le tropique d'hiver (09).

CHAPITRE XI.

Du ciel et de sa substance.

Anaxim�nes dit que la derni�re circonf�rence du ciel est d'une substance terrestre (10). Emp�docle croit que le ciel est solide, qu'il est form� d'un air vitrifi� par le feu, et semblable � du cristal, et qu'il contient dans chacun de ses h�misph�res une substance a�rienne et ign�e. Aristote dit qu'il est compos� de la cinqui�me substance; d'autres, qu'il est form� du feu ou d'un m�lange de froid et de chaud.

CHAPITRE XII.

En combien de cercles le ciel est divis�.

[888c] Thal�s, Pythagore et ses sectateurs ont divis� toute la sph�re du ciel en cinq cercles qu'ils appellent zones. Ils nomment le premier cercle, l'arctique (11), toujours visible ; le second, le tropique d'�t�; le troisi�me, l'�quinoxal; le quatri�me, le tropique d'hiver, et le cinqui�me, l'antarctique, qui n'est jamais visible. Il y en a un autre, appel� zodiaque, qui tombe obliquement sur les trois cercles du milieu, et qui les touche tous les trois. Le cercle du m�ridien coupe tous les autres � angles droits d'un p�le � l'autre. On dit que Pythagore a le premier observ� cette


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obliquit� [888d] du zodiaque (12); mais �nopide de Chio s'est attribu� l'honneur de cette d�couverte.

CHAPITRE XIII.

Quelle est la substance des astres, et comment ils ont �t� formes.

Thal�s croit qu'ils sont d'une substance terrestre, mais cependant enflamm�e. Emp�docle pr�tend qu'ils sont de nature ign�e, et qu'ils ont �t� form�s de ce feu que l'�ther contient, et qui en a �t� exprim� dans la premi�re s�paration des �l�ments. Anaxagore a cru que l'�ther qui environne la terre est d'une nature ign�e; que la rapidit� de son mouvement circulaire ayant d�tach� de la terre des pierres de son globe, et les ayant enflamm�es, les astres en avaient �t� form�s. [888e] Diog�ne croit que les �toiles sont de la nature des pierres ponces, et qu'elles sont les soupiraux du monde. Il pense que ces pierres sont invisibles, et qu'elles s'�teignent en tombant souvent sur la terre, comme il arriva � Egos-Potamos, o� il tomba un astre de pierre en forme de feu (13). Emp�docle dit que les �toiles fixes sont attach�es au cristal du ciel, et que les plan�tes en sont d�tach�es. Platon veut que les �toiles soient, en grande partie, d'une substance ign�e, � laquelle les parties des autres �l�ments s'attachent comme � une esp�ce de colle. [888f] X�nophane dit que


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les astres se forment de nuages enflamm�s qui s'�teignent chaque jour, et qui, la nuit, se rallument comme des charbons. Il ajoute que leur lever et leur coucher ne sont autre chose que l'embrasement et l'extinction de ces nuages. H�raclide et les pythagoriciens croient que chaque astre est un monde qui contient dans un air infini une terre et un �ther. Ces opinions se trouvent dans les vers orphiques, o� de chaque astre on fait un monde. [889a] �picure ne rejette aucun de ces sentiments, et s'en tient � dire que tout cela est possible.

CHAPITRE XIV.

De la figure des astres.

Les sto�ciens pensent que les astres sont de figure sph�rique, comme le monde, le soleil et la lune. Cl�anthe dit qu'ils ont la forme d'un c�ne ; Anaxim�nes, qu'ils sont attach�s comme des clous au cristal du ciel ; d'autres veulent que ce soient des lames enflamm�es, semblables � des tableaux.

CHAPITRE XV.

De l'ordre et de la situation des astres.

X�nocrate (14) croit que les astres sont plac�s sur une m�me surface. Les autres sto�ciens disent qu'ils occupent des surfaces qui diff�rent en hauteur et en profondeur. [889b] D�mocrite place d'abord les �toiles fixes, ensuite les plan�tes, et apr�s elles le soleil, l'�toile de V�nus et la lune. Platon met au premier rang, apr�s les �toiles fixes, la plan�te de Saturne, qu'il appelle Ph�non, et


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ensuite celle de Pha�ton ou de Jupiter. La troisi�me est Pyro�s ou Mars ; la quatri�me, Lucifer ou V�nus ; la cinqui�me, Stilbon ou Mercure; la sixi�me, le soleil; et la septi�me, la lune. Quelques math�maticiens sont de l'avis de Platon ; d'autres placent le soleil au milieu des autres plan�tes (15). Anaximandre, M�trodore de Chio et Crat�s placent le soleil dans la partie du ciel la plus �lev�e, apr�s lui la [889c] lune, et au-dessous de ces deux astres, les �toiles fixes et les plan�tes.

CHAPITRE XVI.

Du mouvement des astres.

Anaxagore, D�mocrite et Cl�anthe disent que tous les astres vont d'orient en occident, Alcm�on et les math�maticiens croient que les plan�tes ont un mouvement oppos� � celui des �toiles fixes, et qu'elles vont d'occident en orient. Anaximandre pr�tend qu'ils sont emport�s par les sph�res et les cercles sur lesquels ils sont plac�s. Anaxim�nes dit qu'ils sont mus �galement au-dessus et autour de la terre. Platon et les math�maticiens croient que le soleil, V�nus et Mercure font leur r�volution avec la m�me vitesse.

CHAPITRE XVII.

D'o� les astres tirent leur clart�.

[889d] M�trodore dit que toutes les plan�tes empruntent leur lumi�re du soleil. H�raclite et les sto�ciens veulent que les astres soient aliment�s par des exhalaisons qui s'�l�vent de la terre. Aristote croit que les corps c�lestes n'ont pas besoin d'aliment, parce qu'ils ne sont pas cor-


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ruptibles, mais �ternels. Platon et les sto�ciens pensent que les astres, comme le reste de l'univers , tirent leur nourriture d'eux-m�mes.

CHAPITRE XVIII.

Des �toiles nomm�es Dioscures.

X�nophane a cru que ces esp�ces d'�toiles, qui paraissent autour des vaisseaux, sont des vapeurs l�g�res que le mouvement fait briller. M�trodore dit que ce sont des �tincelles qui sortent des yeux de ceux [889e] que la frayeur fait regarder fixement (16).

CHAPITRE XIX.

Des pronostics des astres, et des causes de l'hiver et de l'�t�.

Platon dit que les pronostics de l'hiver et de l'�t� (17) viennent du lever et du coucher des astres, du soleil, de la lune et des autres �toiles, soit fixes, soit errantes. Anaxim�nes n'y fait entrer pour rien la lune, et l'attribue uniquement au soleil. [889f] Eudoxe et Aratus les tirent en commun de toutes les �toiles. Voici comment ce dernier s'en explique :

Jupiter s�parant les astres radieux ,
Les a tous dispers�s dans la vo�te des cieux.
Ils servent � marquer par leur cours admirable
Des ans et des saisons le cours invariable.


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CHAPITRE XX.

De la substance du soleil.

Anaximandre dit que c'est un cercle vingt-huit fois plus grand que la terre (18) ; que son orbite est semblable � la roue d'un char, qu'elle est creuse et remplie de feu, et qu'elle a dans une de ses parties [890a] un orifice par lequel les rayons du soleil sortent comme par le trou d'une fl�te. X�nophane croit qu'il est un assemblage de petits feux form�s d'exhalaisons humides, et dont la r�union compose la masse du soleil, ou m�me qu'il n'est autre chose qu'un nuage embras�. Les sto�ciens veulent que ce soit un corps enflamm� et dou� de raison, qui se forme des vapeurs de la mer. Suivant Platon, c'est une masse consid�rable de feu. Anaxagore, D�mocrite et M�trodore disent que c'est une masse ou une pierre ardente; Aristote, que c'est un globe form� du cinqui�me �l�ment ; le pythagoricien Philola�s, que c'est une substance transparente comme le verre, qui re�oit la r�verb�ration du feu dont le monde est rempli, [890b] et qui nous en transmet la lumi�re comme � travers un tamis. Ainsi, selon Philola�s, il y a comme trois soleils, la mati�re ign�e qui remplit le ciel, la r�verb�ration qu'elle envoie sur le miroir, auquel il compare cet astre, et en troisi�me lieu enfin, la lumi�re qui de ce miroir se r�pand jusqu'� nous par la r�fraction, et � laquelle nous donnons le nom de soleil, comme �tant l'image m�me de l'image (19). Emp�docle a


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cru qu'il y avait deux soleils, l'un qui est le feu m�me �l�mentaire, contenu dans l'autre h�misph�re du monde, qu'il remplit, et toujours oppos� � la lumi�re de ce feu qu'il r�fl�chit vers nous; l'autre soleil est celui qui, par la r�fraction, para�t dans notre h�misph�re, que remplit un air m�l� de feu, et dont l'�clat est l'effet de la r�fraction que la sph�ricit� de la terre cause dans ce soleil, qui est de nature cristalline, et cet �clat nous est apport� par le mouvement [890c] du corps ign�. Pour le dire, en un mot, Emp�docle croit que le soleil n'est autre chose que la r�verb�ration du feu qui est autour de la terre (20). �picure dit que le soleil est une concr�tion terrestre, poreuse comme une pierre ponce, et que le feu a p�n�tr�e.

CHAPITRE XXI.

De la grandeur du soleil.

Anaximandre a cru que le soleil est �gal � la terre, mais que le cercle sur lequel il est port�, et par o� il respire, est vingt-huit fois plus grand que la terre. Anaxagore dit qu'il est plusieurs fois aussi grand que le P�loponn�se ; H�raclite, qu'il n'a qu'un pied de large (21). �picure dit encore ici que toutes ces opinions peuvent �tre vraies ; il ajoute que le soleil est de la grandeur dont il


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para�t, peut-�tre un peu plus, peut-�tre un peu moins.

CHAPITRE XXII.

De la figure du soleil.

[890d] Anaxim�nes croit que le soleil a la figure d'une lame ; H�raclite lui suppose la forme concave d'une nacelle. Les sto�ciens disent qu'il est sph�rique aussi bien que le monde et les astres. �picure regarde toutes ces opinions comme probables.

CHAPITRE XXIII.

Des r�volutions du soleil.

Anaxim�nes dit que les astres sont pouss�s par l'action de l'air condens�; Anaxagore, par l'impulsion de l'air qui environne les p�les, que le soleil lui-m�me presse, et dont il augmente la force en le condensant. [890e] Emp�docle croit que la sph�re qui enferme le soleil, et les cercles tropiques l'emp�chent de s'avancer jusqu'aux extr�mit�s de l'univers. Diog�ne dit que le soleil est �teint par l'action du froid sur la chaleur. Les sto�ciens disent que le soleil parcourt l'espace qui est au-dessous de lui, et dont il fait sa nourriture, c'est-�-dire l'oc�an ou la terre, dont les exhalaisons lui servent d'aliment (22). Platon, Pythagore et Aristote disent qu'il va d'un tropique � l'autre, en suivant l'obliquit� du zodiaque , qui est comme escort� par les deux tropiques ; ce qui est d�montr� par la sph�re m�me.


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CHAPITRE XXIV.

De l'�clipse du soleil.

[890f] Thal�s est le premier qui ait dit que le soleil s'�clipse lorsque la lune, qui est d'une substance terrestre et opaque , se trouve perpendiculairement au-dessous de cet astre, ce qui se voit clairement dans un bassin plein d'eau ou dans un miroir. Anaximandre croit que l'�clipse arrive quand l'orifice par o� sort le feu du soleil est ferm�. H�raclite l'attribue � la forme de nacelle qu'a le soleil; l'�clipse a lieu quand la partie concave est au-dessus, que la partie convexe est en dessous et tourn�e vers nous. X�nophane dit que le soleil s'�teint quand il s'�clipse, et qu'il s'en reproduit [891a] un nouveau � l'orient. Il cite une �clipse de soleil qui dura un mois entier, et une autre qui fut si totale que le jour se changea en nuit. Quelques philosophes croient qu'elle est caus�e par la condensation des nu�es qui viennent imperceptiblement couvrir le disque du soleil. Aristarque met le soleil au nombre des �toiles fixes ; il fait mouvoir la terre autour du cercle solaire, et dit que, par ses inclinaisons, elle couvre de son ombre le disque du soleil. X�nophane croit qu'il y a plusieurs soleils et plusieurs lunes, selon les diff�rents climats et les zones qui divisent la terre, et qu'� certain temps le disque du soleil tombe dans quelqu'une des divisions de la terre qui n'est pas habit�e ; et l�, marchant comme dans le vide, il est �clips�. Le m�me philosophe pr�tend que le soleil suit une ligne droite � l'infini, mais que son grand �loignement nous fait croire qu'il se meut circulairement (23).


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CHAPITRE XXV.

De la substance de la lune.

Anaximandre dit que le cercle de la lune est dix-neuf fois plus grand que la terre (24) ; qu'il est plein de feu comme celui du soleil, et que les r�volutions de son orbite causent son �clipse. Ce cercle, selon lui, est semblable � la roue d'un char, dont la circonf�rence est concave, pleine de feu, et qui n'a qu'un orifice par o� ce feu se r�pand. X�nophane dit que c'est une nu�e �paisse (25) . Les sto�ciens la croient un m�lange de feu et d'air. [891c] Platon dit qu'elle est dans sa plus grande partie compos�e de feu ; Anaxagore et D�mocrite, qu'elle est un corps solide et embras�, qui contient des plaines, des montagnes et des vall�es ; H�raclite, que c'est une terre environn�e de vapeurs �paisses (26). Pythagore dit que le corps de la lune est de nature ign�e.

CHAPITRE XXVI.

De la grandeur de la lune.

Les sto�ciens croient que la lune, comme le soleil, est plus grande que la terre. Parm�nide dit qu'elle est �gale au soleil, et qu'elle tire de lui sa lumi�re.

CHAPITRE XXVII.

De la figure de la lune.

Les sto�ciens disent qu'elle est, aussi bien que le soleil,


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d'une figure sph�rique. Emp�docle croit qu'elle a la forme d'un disque. H�raclite lui donne celle d'une nacelle, et d'autres celle d'un cylindre.

CHAPITRE XXVIII.

De la lumi�re de la lune.

[891d] Anaximandre croit que la lune brille d'une lumi�re qui lui est propre, mais qui est plus rar�fi�e que celle du soleil. Antiphon est du m�me sentiment ; mais il dit que sa lumi�re est affaiblie, parce que le voisinage du soleil l'obscurcit et la cache ; car c'est une loi de la nature qu'un moindre feu soit obscurci par un plus grand, ce qui arrive aussi aux autres astres. Thal�s et ses sectateurs ont cru que la lune est �clair�e par le soleil. H�raclite attribue au soleil et � la lune [891e] les m�mes accidents. Comme ces deux astres ont la forme d'une nacelle, et qu'ils sont aliment�s par des exhalaisons humides, ils nous paraissent lumineux ; mais le soleil brille davantage, parce qu'il roule dans un air plus pur, et la lune dans un air plus trouble, qui la fait para�tre plus obscure.

CHAPITRE XXIX.

De l'�clipse de la lune.

Anaximandre dit que la lune s'�clipse lorsque l'orifice de son orbite se trouve bouch� ; B�rose, quand la face de cet astre qui n'est pas �clair�e se tourne vers nous (27); H�raclite, quand la partie concave de la nacelle regarde la terre. [891f] Quelques pythagoriciens croient que c'est par la r�fraction de la lumi�re de notre terre ou par l'interpo-


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sition de la terre qui est oppos�e � la n�tre (28). Les plus modernes d'entre eux (29) disent que l'�clipse est caus�e par l'�puisement de sa lumi�re, qui se ranime r�guli�rement jusqu'� ce que la lune parvienne � son plein, et qui diminue ensuite dans la m�me proportion jusqu'� sa nouvelle conjonction avec le soleil, o� la lumi�re s'�teint totalement. Platon, Aristote, les disciples de Z�non et les math�maticiens disent d'un commun accord que les disparitions que la lune �prouve tous les mois viennent de ce qu'elle entre en conjonction avec le soleil, qui absorbe enti�rement sa clart�, et qu'elle s'�clipse quand elle entre dans l'ombre de la terre, qui se trouve plac�e entre ces deux astres, mais qui couvre davantage la lune.

CHAPITRE XXX.

De l'apparence de la lune, et pourquoi elle ressemble � une terre.

[892a] Les pythagoriciens disent que la lune ressemble � une terre parce qu'elle est habit�e, comme la n�tre, qu'elle est peupl�e de plus grands animaux et de plus belles plantes. Les animaux, selon ces philosophes, y sont quinze fois plus grands que les n�tres, et n'y ont aucune s�cr�tion. La longueur des jours y est dans la m�me proportion. Anaxagore croit que l'in�galit� qui para�t sur la face de la lune vient des concr�tions qu'y �prouvent les parties de froid et de terre qu'elle contient ; car la substance ign�e y est m�l�e avec des substances t�n�breuses. De l� vient qu'on l'appelle un astre � fausse lumi�re. [892b] Les sto�ciens pr�tendent qu'� raison de la diversit� de sa substance, sa masse n'est pas incorruptible. 


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CHAPITRE XXXI.

De la distance de la lune au soleil.

Emp�docle dit que la lune est deux fois plus �loign�e du soleil que de la terre. Les math�maticiens pr�tendent que c'est dix-huit fois plus. �ratosth�ne croit que le soleil est �loign� de la terre de huit cent trois mille stades, et la lune de sept cent quatre-vingt mille (30).

CHAPITRE XXXII.

De la grande ann�e de chaque plan�te.

Saturne fait sa r�volution en trente ann�es solaires, Jupiter en douze, Mars en deux, le soleil en douze mois, Mercure et V�nus dans le m�me temps que le soleil, car leur vitesse est �gale (31). La lune fait la sienne en trente jours. [892c] Cet espace forme le mois parfait, � prendre depuis la premi�re apparition de la lune jusqu'� sa nouvelle conjonction avec le soleil. Quant � la grande ann�e, les uns la font de huit ann�es solaires, d'autres de dix-neuf, d'autres de cinquante-neuf. H�raclite pr�tend qu'elle est de dix-huit mille ann�es solaires; Diog�ne, de trois cent soixante-cinq ann�es semblables � celles d'H�raclite. D'autres enfin veulent qu'elle soit compos�e de sept mille sept cent soixante-dix-sept ann�es solaires (32).


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(01) En grec, le m�me mot signifie ordre et monde. Diog�ne La�rce dit que Pythagore ne donn.i qu'au ciel seul le nom de monde. 

(02) Tous les disciples de Thal�s n'ont pas suivi sur ce point la doctrine de leur ma�tre. Anaximandre, son premier successeur, Anaxim�nes et Archela�s admettaient une infinit� de mondes.

(03) L'auteur, en assurant que tous ceux qui ont admis les atomes et le vide ont enseign� aussi que l� momie n'�tait ni anim� ni gouvern� par aucune providence, attribue � tous ces philosophes de ne supposer dans le monde qu'un mouvement donn� parle hasard, et qui par cons�quent ne pouvait �tre l'effet d'une cause sage et pr�voyante. Il est tr�s possible cependant d'admettre un monde compos� d'atomes et de vide, mais conduit par la Providence, comme Gassendi et plusieurs autres philosophes modernes l'ont d�montr�. Bien plus, parmi les anciens atomistes, plusieurs ont cru que la Providence dirigeait le monde. Sans parler d'Emp�docle, d'H�raclite, de Pythagore et de tant d'autres qui ont regard� les corps indivisibles comme les �l�ments du monde, Ecphantus, dans Stob�e. dit quelle monde est form� d'atomes et qu'il est gouvern� par la Providence.  Il faut donc restreindre la g�n�ralit� que suppose ici notre auteur aux seuls Leucippe, D�mocrite et �picure, qui ont ni� toute Providence, non comme une suite n�cessaire du syst�me qui �tablit pour principes constitutifs du monde les atomes el le vide, mais parce qu'ils ont rejet� toute substance incorporelle, l'�me, Dieu et sa providence, qu'ils attaquaient par d'autres arguments que ceux dont ils se servaient pour prouver leur syst�me physique.

(04) Suivant Stob�e, Pythagore disait que le monde avait �t� cr��, non pas r�ellement dans le temps, mais seulement dans notre id�e. Le sentiment de Platon n'est pas pr�sent� d'une mani�re bien exacte. Il semblerait que Dieu, suivant ce philosophe, avait produit toute la substance du monde, tandis qu'il croyait avec presque tous les autres philosophes que la mati�re du monde �tait �ternelle, et que Dieu n'avait fait que la s�parer, lui donner une forme et en distribuer les parties. Voici comment Plutarque, dans ses Questions platoniques, quest. 2, expose la doctrine de Platon: �Le monde �tant compos� de deux parties, le corps et l'�me, Dieu n'a point cr�� les corps que la mati�re lui a fournis, et auxquels il n'a fait que donner la forme et l'arrangement; il en a li� les diff�rentes parties, et d'infini qu'il �tait, il l'a rendu fini et d�termin�. Pour l'�me du monde, qui est une substance intelligente et raisonnable, non seulement elle est l'ouvrage de Dieu, mais elle est une portion, une �manation de sa substance. �

(05) On sait que presque tous les anciens pla�aient la terre au centre du monde.

(06) Il est assez difficile de dire ce que Parm�nide entendait par ces couronnes appliqu�es l'une sur l'autre. Le P. Corsini conjecture que ce sont des �corces concentriques dont l'une environnait l'autre, comme ou croit que les trois r�gions de l'atmosph�re environnent la terre. Ainsi, dans cette hypoth�se, la terre, que Parm�nide croyait ronde, avait autour de son globe plusieurs de ces r�gions, ou �corces, ou couronnes, dont l'une �tait distingu�e de l'autre par la densit� ou la rarit�, par l'�clat ou l'obscurit�.

(07) Pour entendre ces expressions et d'autres semblables qu'on a d�j� vues et qu'on verra encore dans la suite de cet ouvrage, il faut se souvenir que la plupart des philosophes anciens regardaient le monde comme
un animal. 

(08) L'auteur se trompe ici en attribuant ce sentiment � Aristote, qui enseigne formellement le contraire.

(09) Les astronomes modernes se tournent du c�t� du midi, en sorte que la droite du monde est � l'occident, et la gauche � l'orient.

(10) Cette opinion para�t s'accorder avec celle de Parm�nide, qui dit que le monde est form� de plusieurs couronnes ou �corces appliqu�es l'une sur l'autre, et que la substance qui les environne est aussi solide qu'un mur.

(11) C'est le p�le arctique, ou septentrional.

(12) Il para�t, par Diog�ne La�rce , que Thal�s avait connu l'obliquit� du zodiaque, et l'auteur lui-m�me semble le dire au commencement ni de ce chapitre, o� il para�t rendre compte de l'opinion de Thal�s sur les divers cercles de la terre. Pline le Naturaliste fait honneur � Anaximandre de cette d�couverte, dont il fixe l'�poque � la cinquante-huiti�me olympiade, cinq cent quarante-quatre ans avant J�sus-Christ.

(13) La chute de cette pierre, arriv�e en plein jour, est fix�e par Pline � la deuxi�me ann�e de la soixante-dix-huiti�me olympiade, quatre cent soixante-huit ans avant J�sus-Christ. Cet �v�nement devint si fameux, qu'il fit une des �poques des marbres de Paros; c'est la cinquante-sixi�me.

(14) Le P. Corsini et M. Beck croient qu'au lieu de X�nocrate, auquel d'autres substituent X�nophane, il faut lire Z�non. Ils se fondent sur ce que tout de suite, l'auteur rapporte l'opinion des autres sto�ciens; ce qui suppose qu'il avait nomm� pr�c�demment quelque philosophe de celle �cole. D'ailleurs Stob�e attribue cette opinion � l'�cole du Portique.

(15) Ce syst�me est celui de ceux qui croyaient que le soleil occupait le centre du monde; ce qui �tait le sentiment d'Aristote et de plusieurs autres philosophes.

(16) Tout le monde sait aujourd'hui que ce m�t�ore, connu sous le nom de feu Saint-Elme, tinet � l'�lectricit� dont ta mati�re, universellement r�pandue, se manifeste, d�s qu'elle est mise en jeu, par le frottement. Si ces effets sont plus fr�quents sur mer que sur terre, c'est parce que le vaisseau dans sa course, en fendant rapidement l'air et l'onde, acquiert un frottement tr�s propre � meure en jeu autour de lui les ressorts de l'�lectricit�. 

(17) Ces pronostics ne sont autre chose que les changements remarquables qui s'op�rent dans l'air, et qui produisent les diverses saisons du l'ann�e. Les vers d'Aratus sont tir�s de ses Ph�nom�nes.

(18) Il n'est personne qui ne sache combien ce calcul est �loign� de la v�rit�, puisque le soleil est douze cent mille fuis plus gros que la terre.

(19) Achille Tatius rend d'une mani�re plus claire l'opinion de Philola�s. Le soleil, dit-il d'apr�s ce philosophe, nous renvoie la chaleur et la lumi�re qu'il re�oit du feu �th�r�, et il le transmet par une esp�ce de tamis. Il y a donc un triple soleil : celui qui est form� du feu de l'�ther, celui que ce feu communique � l'astre, qui est semblable � une glace, et enfin celui qui est r�fl�chi de cet astre jusqu'� nous.

(20) Il semble, d'apr�s notre auteur, qu'Emp�docle supposait que l'h�misph�re du ciel ou du monde est plein d'un feu �l�mentaire, et que le corps du soleil est comme un miroir sur lequel vont frapper les rayons de ce feu, qui de l� sont r�fl�chis jusqu'� nous ; que l'h�misph�re, rempli de ce feu primordial, et le corps solaire sont mus �galement autour de la terre, et que le soleil nous parait toujours � l'opposite du feu, � peu pr�s comme si le soleil et la lune �taient mus avec la m�me c�l�rit�, et que la lune f�t toujours oppos�e au soleil, la clart� de la lune proviendrait des rayons solaires r�fl�chis sur la surface de la lune comme sur un miroir. Ainsi l'on comprend facilement pourquoi Emp�docle admettait deux soleils, et disait que celui que nous voyons fait sa r�volution avec le tourbillon du feu, et tourne avec la m�me rapidit�. 

(21) Suivant Diog�ne La�rce, H�raclite disait que le soleil n'est pas plus grand qu'il ne le para�t � nos yeux.

(22) Dans l'hypoth�se de ces philosophes, le soleil, par la combinaison de son mouvement diurne et de son mouvement annuel, forme une spirale de figure sph�rique, qui s'�tend d'un tropique � l'autre, et qu'il parcourt de nouveau dans son cours r�trograde.

(23) Du temps de Pline, les id�es physiques sur ce point �taient plus exactes. Le savant naturaliste dit, liv. II, ch. X, qu'il est d�montr� que c'est l'interposition de la lune qui �clipse le soleil, et que c'est celle de la terre qui fait �clipser la lune. Thal�s, le plus ancien des philosophes physiciens, avait entrevu cette difficult�.

(24) Il s'en faut bien que la lune soit plus grande que la terre; sa solidit�, au contraire, suivant les astronomes modernes, n'est que la quarante-neuvi�me partie de celle de la terre.

(25) Lactance dit que, selon X�nophane, la lune est une seconde terre, et qu'elle a des habitants. D'apr�s cela il est difficile de croire qu'il la regard�t comme une nu�e �paisse. �

(26) Dans Stob�e, cette opinion est attribu�e � H�raclides, et non � H�raclite, qui comparait la lune � une nacelle remplie de feu. La confusion de ces deux noms a �t� facile.

(27)  Pour entendre l'opinion de B�rose, il faut savoir que ce philosophe, au rapport de Stob�e, disait que le globe de la lune �tait, dans sa moiti�, compos� de feu, et par cons�quent �clair�, au lieu que l'autre moiti� �tait d'une substance terrestre et obscure. Mais si cela �tait, les �clipses arriveraient r�guli�rement tous les mois, ce qui n'est pas.

(28) C'est-�-dire nos antipodes. 

(29) Les pythagoriciens, plus modernes, connaissaient beaucoup mieux que les anciens les r�volutions du soleil et de la lune, et les vraies causes des �clipses et des phases.

(30) Ce calcul est bien au-dessous du vrai. La distance moyenne du soleil � la terre est de plus de trenle-quatrt millions de lieues ; et la lune n'est �loign�e de la terre , dans sa plus grande distance , que de quatre-vingt-dix mille lieues. Les sept cent quatre-vingt mille stades d'�ratosth�ne ne feraient que quarante mille lieues. Au reste, ce passage est tr�s alt�r� dans le texte. 

(31) L'auteur se trompe, en attribuant la m�me dur�e � la r�volution de Mercure et de V�nus. Cette derni�re plan�te fait la sienne en huit mois, et Mercure en trois mois et onze jours. Cette r�volution ne d�pend pas seulement, pour son plus ou moins de dur�e, de la vitesse des plan�tes, mais encore de l'�tendue de l'orbite qu'elles parcourent.

(32) C'est une grande question que la connaissance exacte de cette r�volution compl�te.... Les modernes n'ont encore rien statu� de certain � cet �gard... Au reste, il ne faut pas confondre cette grande ann�e plan�taire avec lu grande ann�e du firmament ou des �toiles fixes; cette grande r�volution, qui a son cours d'occident en orient, se fait, selon Ptol�m�e, en trente six mille ans... Les derniers calculs modernes n'�tendent cette r�volution apparente des �toiles autour du cercle �cliptique qu'� vingt-cinq mille ans; je dis apparente, car cette r�volution ne proc�de point du mouvement des �toiles, mais de celui de la terre. Il y a beaucoup de physiciens qui regardent la figure sph�ro�dale de la terre comme l'une des principales causes du mouvement apparent des �toiles, ou de la pr�cession des �quinoxes.