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PLUTARQUE

 

OEUVRES MORALES

DES NOMS DES FLEUVES ET DES MONTAGNES,

ET DES CHOSES REMARQUABLES QUI S'Y TROUVENT (01).

 

texte grec

 

I. L'HYDASPE.

Chrysipp�, ayant encouru la col�re de V�nus, con�ut un amour criminel pour son p�re Hydaspe, et ne pouvant r�primer ses d�sirs incestueux, elle vint le trouver au milieu de la nuit, accompagn�e de sa nourrice. Ce prince, � qui ce crime involontaire attira des malheurs, fit enterrer toute vive la femme qui l'avait tromp� , attacha sa fille � un gibet, et, accabl� de chagrin, se pr�cipita dans l'lndus, qui depuis fut appel� Hydaspe. C'est un fleuve de l'Inde qui se d�charge avec imp�tuosit� dans le golfe Saronique.

Il s'y forme une pierre appel�e lychnis , de couleur d'huile et extr�mement brillante ; on la trouve au son de la fl�te, quand la lune est � son croissant. Des gens tr�s riches peuvent seuls en faire usage. Dans le voisinage de ce fleuve, et pr�s d'un endroit qu'on appelle les d�fil�s, une plante est assez semblable � l'h�liotrope. Le suc qui s'en exprime, en la broyant, est un pr�servatif contre les rayons ardents du soleil , et ceux qui s'en frottent la peau peuvent supporter sans p�ril les chaleurs les plus excessives.

Quand les filles manquent � la chastet�, les habitants les clouent � un poteau et les pr�cipitent dans l'Hydaspe, en chantant dans la langue du pays un hymne en l'honneur de V�nus. Tous les ans ils enterrent vives, aupr�s d'une colline nomm�e Therogonum (02), une vieille femme � qui l'on a fait son proc�s dans les formes. Aussit�t on voit accourir du haut de la colline une multitude de serpents et d�vorer les insectes qui voltigent autour de cette femme. C'est ce que raconte Chryserme, dans le quatre-vingti�me livre de son histoire de l'Inde (03). Arch�la�s en a parl� avec plus de d�tail dans son treizi�me livre des Fleuves.

Pr�s de l'Hydaspe est le mont El�phas; voici d'o� il a tir� son nom. Quand Alexandre , roi de Mac�doine, fut entr� dans l'Inde; � la t�te de son arm�e, et que les habitants du pays eurent pris la r�solution de le combattre, l'�l�phant de Porus, roi de cette contr�e, entrant tout � coup en fureur, monta sur la colline du soleil et pronon�a distinctement ces mots d'une voix humaine : � roi, mon ma�tre, fis de G�gasius , garde-toi de rien entreprendre contre Alexandre, car il est fils de Jupiter. A peine il eut fini de parler qu'il expira. Porus, instruit de cet �v�nement fut frapp� de terreur, et �tant aller trouver Alexandre, il se jeta � ses genoux et lui demanda la paix ; il l'obtint aux conditions qu'il avait propos�es lui-m�me ; et, changeant le nom de la montagne, il l'appela le mont El�phas. (Dercylle, dans son troisi�me livre des. Montagnes (04).)

II. L'ISM�NE.

L'Ism�ne est un fleuve de B�otie, qui coule aupr�s de Th�bes. Il s'appelait autrefois le pied de Cadmus, pour la raison suivante. Cadmus ayant tu� � coups de fl�ches le dragon qui gardait la fontaine (05), et craignant que l'eau n'en f�t empoisonn�e , parcourut ce pays pour y d�couvrir quelque source. Pallas l'ayant conduit � l'antre de Corycie (06), il enfon�a son pied droit dans une boue tr�s �paisse, et il en sortit une rivi�re � laquelle ce h�ros, apr�s avoir immol� aux dieux un taureau, donna le nom de pied de Cadmus. Quelque temps apr�s, Ism�nus, fils d'Amphion et de Niob�, qu'Apollon avait bless� d'une fl�che, ne pouvant r�sister � l'exc�s de sa douleur, se pr�cipita dans ce fleuve, qui depuis porta son nom, comme le dit Sostrate dans son second livre des Fleuves (07).

Aupr�s de l'Ism�nus est le mont Cyth�ron, qui s'appelait anciennement Ast�rius, pour la raison que je vais dire. B�otus , fils de Neptune , balan�ait entre deux femmes d'une naissance illustre, d�sirant d'�pouser celle qui lui apporterait de plus grands avantages. Une nuit qu'il les attendait toutes deux sur le sommet d'une montagne dont le nom n'est pas connu , tout � coup une �toile, se d�tachant du ciel, tomba sur l'�paule de l'une d'entre elles nomm�e Euryth�miste, et disparut aussit�t. B�otus, d�cid� par ce prodige, �pousa Euryth�miste, et, pour perp�tuer le souvenir de cet �v�nement, il donna le nom d' Ast�rius � la montagne. Elle fut dans la suite appel�e Cyth�ron ; en voici la cause. Tisiphone, l'une des furies, �tant devenue amoureuse d'un jeune homme parfaitement beau, nomm� Cyth�ron, et ne pouvant contenir la violence de sa passion, elle lui en fit l'aveu. Cyth�ron, saisi  d'horreur � cette proposition, ne daigna pas m�me lui r�pondre. Tisiphone, tromp�e dans ses d�sirs, d�tacha un des serpents qui [formaient sa chevelure , et le lan�a sur ce jeune d�daigneux. L'animal l'ayant saisi pendant qu'il gardait ses troupeaux sur le mont Ast�rius, le serra �troitement et l' �touffa. Les dieux voulurent que la montagne f�t de son nom appel�e Cyth�ron. (L�on de Byzance, dans son histoire de B�otie (08).)

Mais Herm�sianax de Cypre (09) rapporte une autre origine de ce nom. Deux fr�res, nomm�s H�licon et Cyth�ron, avaient des caract�res et des m�urs tr�s diff�rents. Le premier, bon et humain, nourrissait avec tendresse ses parents dans leur vieillesse; Cyth�ron, naturellement avare, voulut envahir tout le patrimoine, et commen�a par �gorger son p�re. Ensuite, ayant tendu des emb�ches � son fr�re , il le poussa dans un pr�cipice, mais il y tomba lui-m�me. Les dieux les transform�rent l'un et l'autre dans les montagnes qui portent leurs noms. Cyth�ron, par son impi�t�, donna lieu � la fable des furies. La pi�t� filiale d'H�licon fit placer sur la montagne qui prit son nom le s�jour des Muses.

III. L'H�BRE.

L'H�bre est un fleuve de Thrace qui avait d� son premier nom � la violence de son cours. Cassandre, roi de cette contr�e, eut de son �pouse Crotonice un fils qu'il nomma H�brus. Dans la suite, il r�pudia sa femme, et �pousa Damasippe fille d'Atrax , laquelle �tant devenue amoureuse du fils de son mari, le sollicita de satisfaire ses d�sirs. H�brus ayant fui sa belle-m�re comme une furie, se livra � l'exercice de la chasse. Cette femme impudique, voyant sa 'passion m�pris�e, accusa ce vertueux jeune homme d'avoir entrepris de lui faire violence. Cassandre, aveugl� par la jalousie, courut avec emportement chercher son fils dans les bois, et le poursuivit l'�p�e � la main, pour le punir d'avoir voulu d�shonorer son p�re. Le fils, voyant qu'il ne pouvait lui �chapper, se pr�cipita dans le fleuve Rhombus, qui, depuis, prit le nom d'H�bre, comme Timoth�e le rapporte au premier livre des Fleuves.

Le mont Pang�e , situ� pr�s de ce fleuve, fut ainsi nomm� � l'occasion suivante. Pang�us, fils de Mars et de Critobul�, ayant eu commerce avec sa propre fille, sans la conna�tre, en con�ut une douleur si vive, qu'il courut au mont Carmanius, et, dans son d�sespoir, il se per�a de son �p�e. La montagne prit, par l'ordre des dieux, le nom de Pang�e (10). 

Il cro�t dans l'H�bre une plante semblable � l'origan. Les Thraces coupent Je bout de sa tige, et apr�s s'�tre rassasi�s de pain, ils le mettent sur des charbons ardents et en respirent longtemps la fum�e. Alors leurs sens s'appesantissent, et ils tombent dans un profond sommeil. On trouve sur le mont Pang�e une plante nomm�e cithare ; voici l'origine de ce nom. Les femmes de Thrace, apr�s avoir mis Orph�e en pi�ces, dispers�rent ses membres dans l'H�bre. Sa t�te et son corps prirent, par l'ordre des dieux, la forme d'un dragon ; mais Apollon voulut que sa lyre conserv�t sa figure. Du sang qui coulait de ses plaies il naquit une plante qui fut nomm�e cithare, et qui, dans les f�tes de Bacchus, rend le m�me son que cet instrument. Les naturels du pays, v�tus de peaux de daim et arm�s de leurs thyrses, chantent un hymne dont le vers suivant fait partie :

Fol�trer � propos, c'est savoir �tre sage.

(Voyez Clitonyme dans le second livre des Histoires traciques (11)).

IV. LE GANGE.

Le Gange est un fleuve de l'Inde qui dut son nom au fait suivant. Une femme de Calaurie eut d'un Indien, son mari, un fils d'une beaut� singuli�re, qui fut nomm� Gang�s, et qui, ayant perdu la raison dans l'ivresse, commit un inceste avec sa m�re sans la conna�tre. Le lendemain, instruit par sa nourrice de ce qui s'�tait pass�, il en eut une douleur si vive, qu'il se pr�cipita dans le fleuve Chliarus, qui fut depuis appel� Gange.

Il cro�t sur ses bords une plante semblable � la buglose. Les habitants la broient pour en exprimer le suc qu'ils conservent avec soin, et dont ils vont au milieu de la nuit frotter l'entr�e des cavernes des tigres. Ces animaux, qui craignent l'effet de ce suc, n'osent pas sortir de leurs antres et s'y laissent mourir de faim, au rapport de Callisth�ne dans son troisi�me livre de la Chasse (12).

Aupr�s du Gange est le mont Anatole ; voici l'origine de son nom. Le Soleil ayant vu une jeune fille nomm�e Anaxibia, qui se promenait dans la campagne, en devint amoureux; et ne pouvant r�primer sa passion, il la suivit dans le dessein de lui faire violence. La jeune fille, voyant qu'elle ne pouvait lui �chapper, se r�fugia dans le temple de Diane Orthienne, situ� sur le mont Coryphe, et l� elle disparut tout � coup. Le dieu, qui la suivait de pr�s, ne l'apercevant plus, en fut si outr� de douleur, qu'il se leva sur l'horizon � ce lieu m�me. Cette aventure fit que les gens du pays chang�rent son premier nom en celui d'Anatol�  (13). (C�maron, dans le dixi�me livre de son histoire des Indes (14). )

V. LE PHASE.

Le Phase est un fleuve de la Scythie (15) qui traverse une ville du m�me nom. Il s'appelait auparavant Arcturus, et ce nom venait de ce qu'il coule dans des climats froids (16) ; il en changea � l'occasion suivante. Phasis, fils du Soleil et de la nymphe Ocyrrho�, fille de l'Oc�an, ayant surpris sa m�re en adult�re, la tua. Agit� sans cesse par les furies, en punition de ce crime, il se pr�cipita dans l'Arcturus, qui prit depuis le nom de Phase. Il cro�t dans ce fleuve une plante en forme de verge, nomm�e leucophylle, qu'on trouve au commencement du printemps, par l'inspiration du dieu Pan et pendant la c�l�bration des myst�res d'H�cate. Les hommes jaloux, apr�s l'avoir cueillie, la jettent sous le lit nuptial, et en conservent ainsi la chastet� (17). Si quelqu'un d'impur et pris de vin, entre; imprudemment dans la chambre o� est cette plante, il perd aussit�t la raison, et il avoue publiquement tous les crimes qu'il a faits, ou qu'il projette de faire. Ceux qui se trouvent pr�sents le saisissent � l'instant m�me, le cousent dans un sac et le jettent dans le fleuve, � l'endroit appel� l'embouchure des impies, qui est de forme ronde et semblable � un puits. Au bout de  trente jours, on transporte aux Palus-M�otides son corps, qui est tout rempli de vers, et aussit�t des vautours qu'on n'avait pas encore aper�us dans tout le canton, se jettent sur son cadavre et le d�chirent. Voil� ce que Ct�sippe raconte dans le second livre de l'histoire des Scythes.

Aupr�s de ce fleuve est le mont Caucase, qui s'appelait autrefois le lit de Bor�e, pour la raison que je vais dire. Bor�e ayant enlev� Chloris, fille d'Arcturus, dont il �tait amoureux, la transporta sur une colline nomm�e Niphante, et il en eut un fils qu'il appela Hyrpax, et qui succ�da au tr�ne d'H�niochus. La montagne en prit le nom de lit de Bor�e ; voici � quelle occasion elle le changea en celui de Caucase. Apr�s la guerre des g�ants, Saturne, pour �viter les menaces de Jupiter, s'enfuit sur la montagne du lit de Bor�e, et ayant pris la forme d'un crocodile, il tua un berger du pays, nomm� Caucasus. Par l'inspection de ses entrailles, il connut que les ennemis n'�taient pas loin. Jupiter ayant paru � l'instant m�me, lia son p�re avec une corde de laine, et le pr�cipita
dans le Tartare. Ensuite , pour honorer la m�moire du berger, il donna � la montagne le nom de Caucase. Il y attacha Prom�th�e, et l'abandonna � un vautour qui lui d�chirait les entrailles, pour le punir d'avoir �tabli l'usage de consulter l'avenir par l'inspection des entrailles. (Cl�anthe, dans le livre troisi�me du Combat des dieux (18). )

Il cro�t sur cette montagne une herbe nomm�e prom�th�ienne. M�d�e la prit, la broya, et se servit de son suc pour d�fendre Jason contre la mauvaise volont� de son p�re (19). (Voyez le m�me historien.)

VI. L'ARAR ou LA SA�NE.

L' Arar est un fleuve de la Gaule Celtique, ainsi nomm�, parce qu'il se joint (20) au Rh�ne, pr�s du pays des Allobroges (21). Il s'appelait anciennement Brigulus, et changea de nom � l'occasion suivante. Arar ayant �t� chass� dans les bois, y trouva son fr�re Celtib�rus, qui avait �t� d�chir� par des b�tes f�roces. Dans la douleur qu'il en eut, il se per�a de son �p�e, et se jeta dans le fleuve Brigulus, qui de son nom fut appel� Arar.

On y p�che un grand poisson que les naturels du pays nomment scolopide, qui est blanc quand la lune est dans son croissant, et qui devient noir � son d�cours. Lorsqu'il est parvenu � toute sa grosseur, il se tue avec ses propres �pines. Il a dans la t�te une pierre semblable � un grain de sel, laquelle est un rem�de souverain contre les fi�vres quartes, si on l'applique sur le c�t� gauche dans le d�cours de la lune. (Voyez Callisth�ne le Sybarite dans son treizi�me livre de l'histoire des Gaules, d'o� Timag�ne le Syrien l'a emprunt�.)

Aupr�s de l' Arar est une montagne qui s' appelait Lugdunum, et qui changea de nom pour la cause que je vais rapporter. Momorus et At�pomarus, qui avaient �t� d�tr�n�s par S�s�ron�us, entreprirent, d'apr�s la r�ponse d'un oracle, de b�tir une ville sur cette montagne. Ils en avaient d�j� jet� les fondements, lorsqu'une multitude de corbeaux, dirigeant leur vol de ce c�t�, remplirent les arbres d'alentour. Momorus, tr�s vers� dans la science des augures (22), donna � la ville le nom de Lugdunum. Car  lugus dans la langue du pays, signifie corbeau, et dunus une montagne (23). (Voyez Clitophon, dans le treizi�me livre de la Fondation des Villes (24).)

VII. LE PACTOLE

Le Pactole, fleuve de Lydie, baigne la ville de Sardes. Il s'appelait anciennement Chrysorrhoas (25). Apollon eut d'Apathipp� un fils nomm� Chius, qui exer�ait un art m�canique d'o� il tirait une modique subsistance. Il trouva le moyen d'entrer pendant la nuit dans le tr�sor du roi Cr�sus, et d'en emporter beaucoup d'or qu'il distribuait � ses amis. Mais enfin, ayant �t� surpris par les gardes, et ne voyant aucune issue pour leur �chapper, il se jeta dans le fleuve, qui depuis fut appel� Chrysorrhoas  (26), et qui re�ut ensuite le nom de Pactole � l'occasion suivante.

Pendant la c�l�bration des myst�res de V�nus, Pactole, le fils d'Iolis et de Leucoth�e, fit violence � sa s�ur D�modic�, sans la conna�tre. Quand il fut instruit de son crime, il se jeta de d�sespoir dans le fleuve Chrysorrhoas, qui prit alors le nom de Pactole. Il roule avec son sable des paillettes d'or tr�s pur, et il se d�charge dans le golfe Heureux.

On trouve dans le Pactole une pierre appel�e arurophylax, et qui ressemble � l'argent. Il est assez difficile de la distinguer, parce qu'elle est m�l�e avec les paillettes d'or que le fleuve roule dans le sable. Elle a une propri�t� singuli�re. Les Lydiens riches, qui sont seuls en �tat de l'acheter, la placent sur le seuil de leur tr�sor, et conservent ainsi sans danger l'or qui y est renferm� ; car toutes les fois que des voleurs s'en approchent, cette pierre rend le son d'une trompette, et les voleurs, qui se croient poursuivis, s'enfuient et tombent dans des pr�cipices. L'endroit o� ils meurent ainsi d'une mort violente, est appel� la prison du Pactole.

Il cro�t sur ses bords une plante dont les fleurs sont couleur de pourpre, et qu'on appelle chrysopole. Les habitants des villes voisines s'en servent pour �prouver si l'or est pur. Pendant qu'il est en fusion, ils en approchent cette plante ; et si l'or est sans alliage, les feuilles de la chrysopole se dorent et retiennent la substance de ce m�tal ; mais s'il est alt�r�, elles rejettent cette mati�re d�g�n�r�e. (Voyez Chryserme, dans le second livre des Fleuves. )

Pr�s du Pactole est le mont Tmolus, rempli de b�tes sauvages de toute esp�ce. Il s'appelait anciennement Carmanorium, de Carmanor, fils de Bacchus et d'Alexirrho�, qui mourut de la blessure que lui fit un sanglier � la chasse. Voici � quelle occasion il prit dans la suite le nom de Tmolus. Un roi de Lydie, de ce nom, fils de Mars et de Th�ogone, chassant un jour sur cette montagne, et y ayant rencontr� Arrhip�, nymphe de Diane, il en devint subitement amoureux, et, emport� par sa passion, il la poursuivit dans le dessein de lui faire violence. Comme elle ne pouvait lui �chapper, elle se r�fugia dans le temple de Diane ; mais ce prince, sans �tre retenu par la saintet� du lieu, abusa de la nymphe dans le temple m�me. Arrhip� se pendit de d�sespoir, et la d�esse, indign�e de l'action du roi, envoya contre lui un taureau furieux qui le saisit et le lan�a dans l'air, d'o� il retomba sur des pieux tr�s pointus et p�rit dans des tourments cruels. Th�oclym�ne, son fils, lui rendit les honneurs fun�bres, et donna son nom � la montagne.

Il y a sur le mont Tmolus une pierre assez semblable � la pierre ponce, mais qu'il est difficile de trouver, parce qu'elle change de couleur quatre fois le jour. Elle n'est aper�ue que par les jeunes filles qui n'ont pas encore atteint l'�ge de raison. Si celles qui sont nubiles la trouvent, elle les garantit, suivant le rapport de Clitophon, des outrages qu'on voudrait leur faire.

VIII. LE LYCORMAS.

Le Lycormas, fleuve d'�tolie, fut depuis nomm� Evenus � l'occasion suivante. Idas, fils d'Aphar�us, ayant enlev� Marpisse, dont il �tait amoureux, l'emmena � Pleurone (27). Evenus, indign� de cette violence, poursuivit le ravisseur de sa fille. Arriv� sur le bord du Lycormas, et d�sesp�rant de l'atteindre, il se jeta dans ce fleuve, qui prit le nom d'Evenus. Il y cro�t une plante nomm�e tarisse, qui a la forme d'une lance (28), et qui est bonne pour les maux des yeux. Pr�s de ce fleuve est le mont Mycne, ainsi nomm� de Myenus, fils de Tolestor et d'Alph�sib�, qui, ayant inspir� de l'amour � sa belle-m�re, et ne voulant pas d�shonorer la couche de son p�re, se retira sur le mont Alphius. Tolestor, � qui sa femme avait inspir� de la jalousie contre son fils, le poursuivit sur cette montagne d�serte, et la fit si bien entourer par ses gardes, que Myenus, pour pr�venir les menaces de son p�re, se pr�cipita du haut de la montagne, qui , par l'ordre des dieux, a depuis port� son nom.

Il cro�t sur cette montagne une fleur nomm�e leucoium (29), qui se fl�trit d�s qu'on prononce le nom de belle-m�re, comme le dit Dercylle dans son livre second des Montagnes.

IX. LE M�ANDRE.

Le M�andre, fleuve d'Asie, se nommait anciennement  Anab�non, parce que entre tous les fleuves il est le seul qui, � commencer d�s son origine , a un cours tellement sinueux , qu'il semble remonter vers sa source  (30). Son nom actuel lui vient de M�andre , fils de Cercaphus et d'Anaxabie , lequel , ayant d�clar� la guerre aux habitants de Pessinunte (31), promit � la m�re des dieux, s'il revenait vainqueur, de lui sacrifier le premier qui se pr�senterait � lui pour le f�liciter de sa victoire. Les personnes qui vinrent les premi�res � sa rencontre furent Arch�la�s, son fils, sa m�re et sa s�ur. M�andre, li� par le v�u qu'il avait fait, les conduisit � l'autel, et immola ce qu'il avait de plus cher. Mais bient�t, au d�sespoir de leur perte, il se jeta dans le fleuve Anab�non, qui, depuis, fut appel� M�andre. Ce trait est rapport� parTimola�s dans le premier livre de son histoire de Phrygie, et par Agathocle de Samos dans sa R�publique de Pessinunte (32).

D�mostrate d'Apam�e raconte autrement le fait. M�andre, g�n�ral de l'exp�dition contre les habitants de Pessinunte, ayant, contre toute esp�rance , remport� la victoire, fit distribuer � ses soldats .les offrandes consacr�es � la m�re des dieux. La d�esse , pour le punir de ce sacril�ge , lui �ta la raison , et, dans sa fureur, il tua sa femme et son fils. Bient�t apr�s , revenu � son bon sens, et accabl� de remords pour les meurtres qu'il avait commis, il se jeta dans le fleuve, qui prit le nom de M�andre.

Il s'y trouve une pierre qu'on a nomm�e, par antiphrase, sophron  (33). Si on la jette dans le sein de quelqu'un, il entre aussit�t en fureur et tue un de ses parents ; mais apr�s avoir apais� la m�re des dieux , il est gu�ri de sa folie. (Voyez D�marate, au livre troisi�me des Fleuves. Arch�la�s en parle aussi, dans son premier livre des Pierres.)

Pr�s de ce fleuve est le mont Sipyle , ainsi nomm� de Sipylus, fils d'Ag�nor et de Dioxippe, lequel tua sa m�re sans la conna�tre ; agit� par les furies , en punition de ce meurtre, il alla sur le mont C�raunius, et il s'y pendit de d�sespoir. Les dieux voulurent que la montagne pr�t le nom de Sipyle.

On y trouve une pierre semblable � un cylindre. Lorsque des enfants pieux la rencontrent , ils vont la porter dans le temple de la m�re des dieux ; et d�s lors ils ne commettent aucune impi�t� : ils ch�rissent leurs parents et aiment tous ceux qui leur sont unis par les liens du sang , comme le dit Agatharchide de Samos dans son quatri�me livre des Pierres (34).

X. LE MARSYAS.

Le Marsyas, fleuve de Phrygie, qui baigne la ville de Gal�ne (35), s'appelait anciennement la fontaine de Midas, pour la raison que je vais rapporter. Midas, roi des Phrygiens, voyageant dans les contr�es les plus d�sertes de son royaume, et manquant d'eau, frappa du pied la terre et en fit jaillir une source d'or ; mais comme l'eau qui en coulait �tait aussi d'or, et que la soif le pressait ainsi que ses soldats, il invoqua Bacchus, qui, � sa pri�re, fit sourdre de l'eau en abondance. Les Phrygiens se d�salt�r�rent, et Midas donna au fleuve, dont cette eau fut l'origine, le nom de source de Midas. Voici ce qui lui fit donner celui de Marsyas. Le satyre de ce nom ayant �t� vaincu et �corch� vif par Apollon, le sang qui d�coula de son corps donna naissance aux satyres et au fleuve qui porte son nom, comme le dit Alexandre Corneille dans le second livre de son histoire de Phrygie (36). Evh�m�ridas de Cnide (37) raconte la chose autrement. La peau de Marsyas, ayant �t� dess�ch�e par le temps, fut port�e dans la source de Midas ; et comme elle suivait le fil de l'eau, elle fut trouv�e par un p�cheur. Pisistrate le Lac�d�monien , d'apr�s un ordre de l'oracle , b�tit dans l'endroit o� l'on avait trouv� les restes du satyre une ville qu'il nomma Noricum, nom qui, en langue phrygienne, signifie une peau ou une outre.

Il cro�t sur les bords de ce fleuve une plante nomm�e aulus , qui , lorsqu'elle est agit�e par le vent , rend des sons m�lodieux (38) au rapport de Dercylle dans le premier livre des Satyriques.

Pr�s du fleuve Marsyas est le mont B�r�cynthe, qui prit son nom de B�r�cynthus, le premier pr�tre de la m�re des dieux.

On y voit une pierre appel�e m�chera , qui ressemble beaucoup au fer (39). Si quelqu'un la trouve pendant la c�l�bration
des myst�res de la d�esse, il devient furieux, comme le rapporte Agatharchide dans son histoire de Phrygie.

XI. LE STRYMON.

Le Strymon, fleuve de Thrace, pr�s de la ville d'�donis (40), s'appelait anciennement Palestinus, d'un fils de Neptune, du m�me nom, lequel �tant tomb� dangereusement malade pendant qu'il faisait la guerre � des peuples voisins , donna le commandement de ses troupes � son fils Haliacmon, qui, ayant livr� t�m�rairement la bataille, fut tu� dans le combat. A la nouvelle de sa mort, son p�re, accabl� de douleur , trouva le moyen de tromper ses gardes, et se pr�cipita dans le fleuve Conozus, qui prit depuis le nom de Palestinus. Dans la suite, Strymon, fils de Mars et d'H�lice, ayant appris la mort de Rh�sus, fut si accabl� de douleur, qu'il se jeta dans le fleuve Palestinus, auquel il donna son nom.

Il y cro�t une plante nomm�e pausilype. Lorsqu'une personne afflig�e la trouve, elle est sur-le-champ d�livr�e de son chagrin, au rapport de Jason de Byzance, dans ses R�cits tragiques (41).

Pr�s de ce fleuve sont les monts H�mus et Rhodope. Un fr�re et une s�ur ainsi nomm�s s'aimaient tr�s tendrement ; H�mus donnait le nom de Junon � sa s�ur, qui, de son c�t� , l'appelait Jupiter. Les dieux, irrit�s de leur impi�t�, les transform�rent en deux montagnes qui prirent leur nom.

On y trouve des pierres qu'on appelle philadelphes , qui ont la couleur de plumes de corbeau et la forme humaine. Lorsqu'elles sont s�par�es les unes des autres, si on prononce leur nom, elles tombent aussit�t en dissolution chacune de leur c�t� , au rapport de Thrasylle le Mend�sien (42) dans son second livre des Pierres. Il en parle plus en d�tail dans ses R�cits tragiques.

XII. LE SAGARIS (43).

Le Sagaris est un fleuve de Phrygie qui portait anciennement le nom de X�rabate, parce qu'il est � sec la plus grande partie de l'�t� (44). Voici � quelle occasion il prit celui de Sagaris. Sagaris, fils de Mindonius et d'Alexirrho�, avait souvent t�moign� du m�pris pour les myst�res de la m�re des dieux, et insult� ses pr�tres et ses ministres. La d�esse, indign�e de son impi�t�, le rendit furieux, et, dans sa d�mence, il se pr�cipita dans le fleuve X�rabate, qui, de son nom, fut appel� Sagaris.

II s'y trouve une pierre nomm�e autogryphe, sur laquelle est naturellement empreinte l'image de la m�re des dieux. Si un des pr�tres de Cyb�le rencontre une de ces pierres, ce qui arrive rarement, il ne s'�tonne plus de rien et soutient avec intr�pidit� la vue des objets les plus extraordinaires. (Voyez Ar�tase dans son histoire de Phrygie.)

Pr�s de ce fleuve est le mont Ballen�um, qui , en langue phrygienne, signifie royal. Il fut ainsi nomm� de Ballen�us, fils de Ganym�de et de M�d�sigiste, lequel, voyant son p�re pr�s de mourir de langueur, institua pour les habitants du pays une f�te qui porte encore aujourd'hui le nom de Ballen�um (45).

Il y a sur cette montagne une pierre nomm�e aster (46), qui, au commencement de l'automne, a, pendant la nuit, tout l'�clat du feu. Dans la langue du pays, elle s'appelle Ballen, nom qui signifie roi, au rapport d'Herm�sianax de Cypre dans le livre second de son histoire de Phrygie.

XIII. LE SCAMANDRE.

Le Scamandre est un fleuve de la Troade, qui, anciennement, s'appelait le Xanthe; il changea de nom pour la raison que je vais dire. Scamandre, fils de Goryhas et de D�modice, ayant paru tout � coup dans le lieu o� l'on c�l�brait les myst�res de Rh�a, la d�esse le rendit furieux, et il courut pr�cipitamment se jeter dans le Xanthe, qui, depuis, fut appel� Scamandre.

Il y cro�t une plante nomm�e sistros, qui ressembler l'�r�binthe, et dont les graines sont toujours en mouvement; c'est de l� qu'elle a pris son nom (47). Ceux qui l'ont sur eux ne craignent ni les fant�mes ni les apparitions des dieux, au rapport de D�mostrate dans le second livre des Fleuves (48). Dans le voisinage du Scamandre est le mont Ida, appel� anciennement Gargarus (49), sur lequel sont les autels de Jupiter et de la m�re des dieux. Voici � quelle occasion il prit le nom d'Ida. Egesthius, qui tirait son origine de Diosphore, eut d'une jeune fille nomm�e Ida les dactyles id�ens : elle perdit la raison dans le sanctuaire de Rh�a, et Egesthius donna en son honneur � la montagne le nom d'Ida.

On y trouve une pierre nomm�e cryphius, qui ne se voit que pendant la c�l�bration des myst�res des dieux, au rapport d'H�raclide de Sicyone dans le second livre des Pierres (50).

XIV. LE TANA�S (51).

Le Tana�s, fleuve de Scythie, s'appelait anciennement Amazonius, parce que les Amazones allaient s'y baigner. Voici � quelle occasion il changea de nom. Tana�s, fils de Borossus et de l'amazone Lysippe, vivait dans la plus grande chastet�, ha�ssait les femmes, n'honorait que le dieu Mars, et m�prisait le mariage. V�nus, pour le punir, lui inspira de l'amour pour sa propre m�re. Tana�s r�sista d'abord � cette passion ; mais, ne pouvant pins r�primer la violence de ses d�sirs , et voulant conserver sa chastet�, il se pr�cipita dans le fleuve des Amazones, qui fut depuis appel� Tana�s.

Il cro�t sur ses bords une plante nomm�e halinde,dont les feuilles sont semblables � celles du chou. Les naturels du pays en expriment le suc et s'en frottent le corps. Il les �chauffe tellement qu'ils peuvent r�sister au plus grand froid. Ils l'appellent en leur langue l'huile de Borosse.

Il y a aussi une pierre qui ressemble au cristal et repr�sente un homme couronn�. Quand le roi du pays est  mort, le peuple s'assemble sur les bords du fleuve : celui qui trouve cette pierre est sur-le-champ d�clar� roi , et re�oit le sceptre du prince mort. (Voyez Ct�siphon dans le second livre des Plantes. Aristobule en fait aussi mention dans le second livre des Pierres (52).)

La montagne voisine s'appelle , dans la langue du pays, Brixaba, c'est-�-dire front du b�lier. Voici l'origine de ce nom. Phryxus perdit sa s�ur Hell� en traversant le Pont-Euxin. Vivement afflig� de cette perte, il se retira sur le sommet d'une colline. Quelques Barbares l'ayant aper�u y mont�rent arm�s; le b�lier � la toison d'or sur lequel il voyageait , en regardant au bas de la colline , vit cette troupe d'hommes marcher contre Phryxus, qui �tait endormi : il le r�veille en lui parlant d'une voix humaine, le prend sur son dos et le porte jusqu'en Colchide. La colline fut depuis appel�e le front du b�lier (53). Il cro�t sur cette montagne une plante que les Barbares nomment dans leur langue phryxa, c'est-�-dire qui hait les m�chants ; elle est semblable � la rue, et les enfants d'un premier lit qui en portent sur eux, n'ont rien � craindre de leurs belles-m�res. On la trouve en abondance pr�s de l'antre de Bor�e , et quand on l'a cueillie , elle est plus froide que la neige. Si une belle-m�re tend des emb�ches � son fils , la plante jette des flammes et lui fait �viter les dangers dont il est menac� par une mar�tre cruelle. (Voyez Agathon de Samos dans le second livre de son histoire de Scythie (54).)

XV. LE THERMODON.

Le Thermodon, fleuve de Scythie, d'abord nomm� Cristal parce qu'il g�le , m�me en �t� , par le froid du climat , changea de nom � l'occasion suivante .... (55).

XVI. LE NIL.

Le Nil , fleuve d'�gypte , qui coule aupr�s d'Alexandrie , s'appelait anciennement M�las , d'un fils de Neptune de ce nom. Il prit ensuite le nom d'Egyptus, parla raison que je vais rapporter. Egyptus , fils de Vulcain et de Leucippe, r�gnait dans cette contr�e. Pendant une guerre qu'il eut � soutenir contre ses propres sujets , les eaux du Nil ne se retirant point des terres , et les peuples �tant press�s par la famine , l'oracle leur promit une r�colte abondante si , pour apaiser les dieux , le roi du pays sacrifiait sa propre fille. Egyptus , que les maux accablaient de toutes parts , conduisit � l'autel sa fille Aganipp� , et l'immola. Mais bient�t , d�sesp�r� de cette perte , il se jeta dans le fleuve M�las, qui prit d�s lors le nom d'Egyptus (56). Il le changea depuis en celui de Nil , et voici quelle en fut la cause. Garmathone, reine d'�gypte , pleurait am�rement , avec toute sa cour, son fils Chrysochoas, qui �tait mort avant d'avoir atteint l'�ge de pubert�. Isis lui ayant apparu subitement , la reine suspendit les t�moignages de sa douleur, fit � la d�esse l'accueil le plus gracieux , et lui laissa voir toute la satisfaction que sa pr�sence lui causait. Isis , pour reconna�tre sa pi�t�, engagea Osiris � rappeler son fils des enfers. Il se rendit aux pri�res de la d�esse (57); mais Cerb�re, que  d'autres appellent Phob�rus (58), poussa des hurlements si terribles, que Nilus, le mari de Garmathone , saisi d'une fureur Soudaine , se pr�cipita dans le fleuve Egyptus , qui depuis prit son nom.

On trouve dans ce fleuve une pierre qui ressemble � une f�ve : d�s qu'un chien l'aper�oit, il cesse d'aboyer. Elle a la plus grande vertu contre les possessions des esprits , car on ne l'a pas plut�t approch�e du nez d'un homme poss�d� du d�mon, que l'esprit malin se retire de lui.

Il produit d'autres pierres nomm�es collotes, que les hirondelles ramassent apr�s que les eaux du Nil se sont retir�es, pour construire le mur Ch�lidonien, qui r�siste � l'imp�tuosit� des flots et emp�che que le pays ne soit ravag� par l'inondation du fleuve. (Voyez Thrasybule dans son histoire d'�gypte.)

Pr�s du Nil est le mont Argillus, qui fut ainsi nomm� � l'occasion suivante. Jupiter ayant enlev� de Lycte, ville de Cr�te, la nymphe Arg�, dont il �tait amoureux , la transporta sur la montagne d'�gypte nomm�e aujourd'hui Argillus. Il en eut un fils nomm� Dionysus, et qui , devenu grand , donna � cette montagne le nom d' Argillus, en l'honneur de sa m�re. Dans la suite , il rassembla une arm�e de pans et de satyres , fit la conqu�te de l'Inde , et apr�s avoir soumis l'Ib�rie , il y laissa pour gouverneur Pan, qui, de son nom, appela le pays Panie , dont on a form� depuis celui de Spanie (59). (Voyez Sosth�ne dans le livre treize de l'histoire d'Ib�rie 60).)

XVII. L'EUROTAS.

Him�rus, fils de Lac�d�mon et de la nymphe Tayg�te, s'�tant attir� la col�re de V�nus , abusa , dans la veill�e de celte d�esse , de sa s�ur Cl�odice, sans la conna�tre. Le lendemain , instruit de son crime et accabl� par ses remords , il se pr�cipita dans le fleuve Marathon , qui fut depuis appel� Him�rus et prit dans la suite le nom d'Eurotas � l'occasion suivante. Les Spartiates �tant en guerre avec les Ath�niens, attendaient la pleine lune pour combattre. Enr�las, leur g�n�ral, qui n'�tait retenu par aucune crainte superstitieuse , rangea les troupes en bataille malgr� les �clairs et les foudres qui semblaient devoir l'en d�tourner. Mais son arm�e fut taill�e en pi�ces , et dans la douleur que cette d�faite lui causa , il se jeta dans le fleuve Him�rus , qui fut depuis nomm� Eurotas.

On y trouve une pierre nomm�e thrasylide , qui ressemble � un casque : d�s qu'elle entend le son d'une trompette , elle s'�lance sur le rivage ; mais si on prononce le nom des Ath�niens , elle se plonge aussit�t sous les eaux. Il y a plusieurs de ces pierres dans le temple de Minerve Chalci�que (61), o� elles ont �t� consacr�es, au rapport de Nicanor le Samien dans le second livre des Fleuves (62).

Dans le voisinage de l'Eurotas est le mont Tayg�te , ainsi nomm� de la nymphe Tayg�te , qui , d�shonor�e par Jupiter, se pendit de d�sespoir sur le sommet du mont Amycl�e , qui porta depuis son nom.

Il cro�t sur cette montagne une plante nomm�e charisium que les femmes attachent autour de leur cou au commencement du printemps, et elles en sont plus tendrement aim�es de leurs maris , comme le dit Cl�anthe dans le second livre des Montagnes. Sosth�ne de Cnide en parle plus en d�tail , et c'est de lui qu'Hermog�ne a tir� ce qu'il en dit  (63).

XVIII. L'INACHUS.

L'Inachus est un fleuve de l'Argolide qui s'appelait anciennement Carmanor. Haliacmon, originaire de TyrinIhe, faisant pa�tre un jour ses troupeaux sur le mont Coccygius , vit , sans les conna�tre , Jupiter et Rh�a qui avaient commerce ensemble. Aussit�t il devint furieux, et s' �lan�a avec imp�tuosit� dans le fleuve Carmanor, qui fut appel� depuis Haliacmon. Il prit ensuite le nom d'inachus par la raison que je vais dire. Inachus, fils de l'Oc�an , ayant vu sa fille Io d�shonor�e par Jupiter, se mit � la poursuite du dieu en l'accablant d'injures. Jupiter, irrit� , envoya contre lui Tisiphone , une des furies , qui lui troubla tellement la raison , qu'il courut se jeter dans le fleuve Haliacmon , qui d�s lors prit le nom d'inachus.

Il produit une plante nomm�e cyura , qui ressemble � la rue , et que les femmes qui veulent se faire avorter sans p�ril mettent sur leur nombril apr�s l'avoir fait tremper dans le vin.

On y trouve aussi une pierre semblable au b�ril (64), qui noircit dans les mains de ceux qui veulent porter un faux t�moignage. On voit un grand nombre de ces pierres dans le temple de Junon Prosymn�e (65), au rapport de Timoth�e dans son histoire d'Argos. Agathon le Samien en fait mention dans le second livre des Fleuves. Agathocle de Milet (66), dans son trait� des Fleuves , raconte que le fleuve Inachus fut , � cause de son astuce , foudroy� par Jupiter, et son lit presque dess�ch�.

Dans son voisinage sont les monts Myc�ne , Ap�sante, Coccygius et Ath�n�us : voici d'o� ils avaient tir� leurs noms. Le mont Ap�sante portait anciennement le nom de S�l�n�e , parce que Junon , qui voulait se venger d'Hercule , invoqua le secours de la lune, qui, par ses enchantements magiques , remplit un coffre d'�cume de laquelle naquit un lion �norme qu'Iris attacha avec sa ceintur� et conduisit sur le mont Opheltus , o� il mit en pi�ces un berger nomm� Ap�sante , dont les dieux voulurent que la montagne pr�t le nom (67), suivant le r�cit de D�modocus, dans le premier livre de son H�raclide (68).

Il cro�t sur cette montagne une plante nomm�e sel�ne (69): elle rend une �cume que les bergers ramassent avec soin au commencement du printemps. Ils s'en frottent les pieds , et elle les pr�serve de la morsure des serpents.

Le mont Myc�ne s'appelait anciennement Argium, du nom de l'Argus aux cent yeux. Voici � quelle occasion il prit celui de Myc�ne. Apr�s que Pers�e eut tu� M�duse, Sth�no et Euryal� , s�urs de cette gorgone , le poursuivirent pour le punir de sa trahison. Arriv�es au sommet du mont Argium, et d�sesp�rant de l'atteindre, leurs regrets pour une s�ur qui leur �tait ch�re leur firent pousser d'affreux mugissements, et c'est de l� que les naturels du pays donn�rent � cette montagne le nom de Myc�ne(70), comme le dit Ct�sias d'�ph�se dans le premier livre de sa Pers�ide (71). Mais Chryserme de Corinlhe, dans ses P�loponn�siaques , raconte l'histoire suivante. Pers�e , en traversant les airs , laissa tomber sur le sommet de cette montagne la garde de son �p�e. Gorgophonus , roi des Epidauriens , ayant �t� chass� de son tr�ne , re�ut ordre de l'oracle de parcourir les villes dans l'Argolide, et d'en b�tir une dans le lieu o� il trouverait la garde d'une �p�e. Arriv� au mont Argium , il y trouva celle de Pers�e, qui �tait d'ivoire, et y construisit une ville qu'il nomma Myc�ne � cause de cette aventure (72).

On trouve sur le mont Myc�ne une pierre nomm�e corybas, dont la couleur ressemble � celle du corbeau. Ceux qui la portent sur leur personne n'ont � craindre aucune vision monstrueuse.

Le mont Ap�sante fut ainsi nomm� d'Ap�santus , fils d'Acrisius, lequel ayant march� sur un serpent venimeux pendant qu'il chassait sur cette montagne , en fut mordu et expira sur-le-champ. Acrisius y fit ensevelir son fils , et changea son ancien nom de S�linuntium en celui d' Ap�sante (73).

Voici d'o� le mont Coccygius prit son nom. Jupiter �tant devenu amoureux de sa s�ur Junon , et l'ayant �pous�e , il en eut un fils, et , depuis , la montagne sur laquelle il avait �t� con�u changea son nom de Duc�ium en celui de Coccygius, au rapport d'Agatonyme dans sa Pers�ide (74).

Il cro�t sur cette montagne un arbre nomm� palinure. Le coucou est le seul animal qui puisse s'y poser, sans y rester attach� comme avec de la glu. (Voyez Ct�siphon dans le premier livre de son trait� des Arbres.)

Le mont Ath�n�e prit son nom de Minerve (75). Apr�s la ruine de Troie , Diom�de �tant retourn� � Argos , construisit un temple � Minerve sur le mont C�raunius, auquel il donna le nom d'Ath�n�e , de celui de la d�esse.

Il cro�t sur son sommet une plante semblable � la rue, qu'on nomme adrast�e. Si une femme en mange par m�garde, elle devient furieuse, au rapport de Pl�simachus, au livre premier des Retours (76).

XIX. L'ALPH�E.

L'Alph�e, fleuve d'Arcadie qui coule pr�s de Pis� d'Olympie, s'appela d'abord Stymph�le, du nom de Stymph�lus, fils de Mars et de Dormoth�e, lequel, vivement afflig� de la mort d'Alcm�on Philippe, son fils, se pr�cipita dans le fleuve Nyctime, qui, de son nom, fut appel� Stymph�le. Il prit dans la suite le nom d'Alph�e, parce que Alph�e, un des descendants du soleil, disputant  de valeur avec son fr�re Cercaphus, le tua, et ayantI �t� chass� par les bergers du canton, il se jeta dans le fleuve Nyctime, qui prit d�s lors le nom d'Alph�e (77).

Il cro�t sur les bords de ce fleuve une plante nomm�e cenchritis, qui ressemble � un rayon de miel. Les m�decins en font une d�coction qu'ils donnent � ceux qui ont perdu l'usage de la raison, et qui les gu�rit de leur folie, comme le dit Ct�sias dans le premier livre de son trait� des Fleuves.

Le mont Cronius, qui est pr�s de l'Alph�e, fut ainsi nomm� pour la raison suivante. Apr�s la guerre des g�ants, Saturne, pour se d�rober aux menaces de Jupiter, se retira sur le mont Cturus, qu'il appela de son nom le mont Cronius (78). Il s'y tint cach� pendant quelque temps, �tala premi�re occasion qu'il trouva de s'�chapper, il se retira sur le mont Caucase en Scythie.

On trouve sur le mont Cronius une pierre nomm�e cylindre pour la raison que je vais dire. Toutes, les fois que Jupiter �claire ou tonne, cette pierre roule du haut de la montagne en bas, au rapport de Dercylle dans le premier livre de son trait� des Pierres (79). 

XX. L'EUPHRATE.

L'Euphrate est un fleuve de la Parthie (80) qui traverse la ville de Babylone. Il se nommait autrefois M�dus, du nom d'un fils d'Artaxerx�s, qui fit violence � Roxane, fille de Cordyus, dont il �tait amoureux. D�s le lendemain, son p�re ayant donn� ordre qu'on l'arr�t�t pour le punir de son crime, M�dus, saisi de crainte, se jeta dans le fleuve Zarande, qui depuis porta le nom de M�dus. Voici � quelle occasion il eut celui d'Euphrate. Euphrate, fils d'Arandacus, ayant trouv� son fils Axurtas couch� avec sa m�re, et le prenant pour un de ses sujets, dans le transport de sa jalousie, il le per�a de son �p�e. Mais quand ensuite il se reconnut l'auteur d'un meurtre qu'il ne pouvait plus r�parer, il se pr�cipita dans le fleuve M�dus, auquel on donna depuis le nom d'Euphrate.

On y trouve une pierre nomm�e astyg�, que les sages-femmes mettent sur le ventre des femmes dont le travail est difficile, et qui les fait sur-le-champ accoucher sans douleur (81).

Il cro�t sur ses bords une plante qu'on appelle exalla, nom qui signifie chaleur. Les personnes qui ont la fi�vre quarte la mettent sur leur poitrine pendant l'acc�s, et sont aussit�t gu�ries, au rapport de Chryserme le Corinthien dans le treizi�me livre de son trait� des Fleuves.

Pr�s de ce fleuve est le mont Drymillus, sur lequel on trouve une pierre semblable � la sardoine, que les rois du pays portent sur leurs diad�mes. Infus�e dans l'eau ti�de, elle gu�rit les maux des yeux, comme le dit Nicias de Malles dans son trait� des Pierres (82).

XXI. LE CA�QUE.

Le Ca�que, fleuve de Mysie, s'appelait anciennement l'Astr�e, du nom d'un fils de Neptune. Pendant qu'on c�l�brait la veill�e des f�tes de Minerve, il abusa de sa s�ur Alcippe, sans la conna�tre, et lui prit son anneau. Le lendemain il reconnut le cachet de sa s�ur, et accabl� par la douleur, il se pr�cipita dans le fleuve Adure, qui, de son nom, fut appel� Astr�e. Voici pourquoi il fut nomm� Calque. Ca�cus, fils de Mercure et de la nymphe Ocyrrho�, ayant tu� un habitant du pays distingu� par sa naissance, et craignant la vengeance des parents du mort, se pr�cipita dans l'Astr�e, qui porta depuis le nom de Ca�que.

Il cro�t sur ses bords une esp�ce de pavot qui porte des pierres au lieu de fruits. Elles contiennent des graines noires qui ont la forme de lyres, et que les Mysiens jettent dans les terres labour�es. Si l'ann�e doit �tre st�rile, les pierres restent immobiles dans les endroits o� elles sont tomb�es ; mais s'il doit y avoir une r�colte abondante, elles bondissent comme des sauterelles.

On y trouve aussi une plante nomm�e �lipharmaque, que les m�decins emploient dans les pertes de sang, parce qu'elle a la propri�t� de resserrer les vaisseaux, au rapport de Timagoras dans le premier livre du trait� des Fleuves (83).

Pr�s de ce fleuve est le mont Teuthras, ainsi appel� du nom d'un roi de Mysie qui �tant all� chasser sur le mont Thrasylle, et ayant lanc� un sanglier �norme, se mit � le poursuivre avec toute sa suite. L'animal eut le temps de se jeter en quelque sorte comme suppliant dans le temple de Diane Orthosie (84). Tous les chasseurs se disposant � l'y forcer, le sanglier s'�cria d'une voix humaine tr�s intelligible : Prince, �pargnez le nourrisson de la d�esse. Mais Teuthras se dressant fi�rement sur ses pieds, tua l'animal. La d�esse, irrit�e de ce m�pris, rendit la vie au sanglier, et pour punir Teuthras, elle le frappa de la l�pre et le rendit furieux. Ce prince, honteux de son �tat, faisait sa demeure ordinaire sur le sommet des montagnes. Sa m�re Lysippe, instruite de ce qui �tait arriv� � son fils, accourut � la for�t avec le devin Polyide, fils de Cyranus, qui lui ayant appris tout ce qui s'�tait pass�, l'engagea � apaiser la d�esse par des sacrifices. Son fils ayant recouvr� l'usage de la raison, elle b�tit un autel � Diane, sous le nom d'Orthosie, et fit placer un sanglier en or avec une t�te d'homme. Encore aujourd'hui, s'il arrive qu'un de ces animaux soit lanc� par des chasseurs, il entre dans le temple, et y fait entendre une voix humaine. Teuthras revenu, contre toute esp�rance, � son bon sens, donna son nom � la montagne.

On y trouve une pierre nomm�e antipath�s, qui, mac�r�e dans le vin, est souveraine contre les dartres et la l�pre, au rapport de Ct�sias le Cnidien dans le second livre de son trait� des Montagnes.

XXII. L'ACH�LO�S.

L'Ach�lo�s, fleuve d'�tolie, fut anciennement appel� Thestius pour la raison suivante. Thestius, fils de Mars et de Pisidice, ayant transport� sa demeure � Sicyone, a cause de quelque chagrin domestique, et y ayant fait un assez long s�jour, retourna enfin dans sa patrie. Il trouva son fils Calidonius dans le lit de sa m�re, et ne doutant pas que ce ne f�t un adult�re, il tua son fils sans le conna�tre. Quand ensuite il eut vu de quelle perte irr�parable il �tait lui-m�me l'auteur, il se pr�cipita dans le fleuve Ax�nus, qui prit depuis le nom de Thestius. Voici � quelle occasion il eut celui d'Ach�lo�s. Ach�lo�s, fils de Mars et de la nymphe Na�s, ayant eu commerce avec sa fille Clistoria , sans la conna�tre, en con�ut une douleur si vive, qu'il se pr�cipita dans le fleuve Thestius, qui prit alors le nom d' Ach�lo�s.

Il y cro�t une plante nomm�e zancle, qui ressemble � de la laine. Si on la broie et qu'on la jette dans le vin, elle le change en eau ; mais elle ne lui �te que sa force, et  lui laisse son odeur.

Il s'y trouve aussi une pierre de couleur livide, que sa propri�t� a fait nommer linurque. Si on la jette dans un drap, aussit�t, par une sorte de sympathie, elle en prend la forme et la blancheur, comme le dit Antisth�ne dans le livre troisi�me de sa M�l�agride. Diocl�s le Rhodien en parle avec un grand d�tail dans ses �toliques (85).

Pr�s de ce fleuve est le mont Calydon, ainsi nomm� de Calydon, fils de Mars et d'Astynom�, qui, ayant vu par m�garde Diane dans le bain, fut m�tamorphos� en pierre ; et la montagne qui s'appelait auparavant Cyrus fut, par l'ordre des dieux, nomm�e Calydon.

Il y cro�t une plante nomm�e myope. Si on la trouve dans l'eau, et qu'on s'en frotte le visage, elle fait perdre la vue; mais on la recouvre d�s qu'on a apais� Diane par des sacrifices, comme le raconte Dcrcylle dans le troisi�me livre de ses Etoliques.

XXIII. L'ARAXE.

L'Araxe, fleuve d'Arm�nie, tira son nom d'Araxus, fils de Pylus, qui tua � coups de fl�ches Arb�lus, son a�eul, � qui il disputait le tr�ne. Agit� par les furies en punition de ce crime, il se jeta dans le fleuve Bactus, qui prit le nom d'Araxe, comme le dit Ct�siphon dans le premier livre des Persiques. Araxe, roi d'Arm�nie, ayant d�clar� la guerre aux Perses ses voisins, et voyant qu'on diff�rait, d'en venir aux mains, consulta l'oracle, qui lui promit la victoire s'il immolait aux dieux pr�servateurs deux jeunes filles de la plus haute naissance. La tendresse paternelle lui ayant fait �pargner ses propres enfants, il fit conduire � l'autel les filles d'un de ses sujets, toutes deux de la plus grande beaut�, et elles y furent immol�es. Mn�salque, leur p�re, irrit� de cette violence, dissimula d'abord son ressentiment ; mais ayant trouv� une occasion favorable, il tua les deux filles du roi, qu'il avait attir�es dans le pi�ge, et quittant son pays natal, il s'enfuit dans la Scythie. A cette nouvelle, Araxe, accabl� de chagrin, se pr�cipita dans le fleuve Halmus, qui prit le nom d'Araxe.

Il cro�t sur ses bords une plante nomm�e araxa, terme qui signifie, en langue du pays, ennemie des vierges. D�s qu'une jeune fille l'a prise, elle jette beaucoup de sang et se fl�trit.

On y trouve aussi une pierre de couleur noir�tre, nomm�e sicyone. Lorsqu'un oracle a ordonn� le sacrifice d'une victime humaine, deux jeunes filles posent cette pierre sur l'autel des dieux pr�servateurs. A peine le pr�tre l'a touch�e de son couteau, qu'il en sort une grande quantit� de sang ; et aussit�t tous ceux qui ont part � cette c�r�monie superstitieuse se retirent en poussant de grands cris, et reportent la pierre dans le temple. Voila ce que raconte Doroth�e le Chald�en dans le livre second
de son trait� des Pierres.

Pr�s de l'Araxe est le mont Diorphe , ainsi nomm� de Diorphus, fils de la Terre, dont on raconte l'histoire suivante : Mithras, qui voulait avoir un fils, mais qui d�testait les femmes, vint � bout d'�chauffer une pierre, et l'ayant rendue f�conde, il en eut, dans le terme ordinaire, un fils qu'il nomma Diorphus, qui, parvenu a la fleur de son �ge, osa disputer de valeur avec le dieu Mars et fut tu� dans le combat. Les dieux le m�tamorphos�rent en une montagne qui porta son nom.

On y voit une esp�ce d'arbre qui ressemble au grenadier; il porte une grande quantit� de fruits dont le go�t approche de celui du raisin. Si on cueille un de ces fruits lorsqu'il a atteint une trop grande maturit� et qu'on prononce en m�me temps le nom de Mars, aussit�t le fruit redevient vert, comme le dit Ct�siphon dans le livre treizi�me de son trait� des Arbres.

XXIV. LE TIGRE.

Le Tigre, fleuve d'Arm�nie qui se jette dans l'Araxe et dans le lac Arsacide (86) , eut d'abord le nom de Sollax (87), c'est-�-dire rapide. Voici ce qui lui fit donner le nom de Tigre (88). Bacchus, que la haine de Junon avait rendu furieux, parcourait la terre et les mers dans l'espoir de se gu�rir de sa folie. Arriv� en Arm�nie, et ne pouvant pas traverser le fleuve Sollax, il implora le secours de Jupiter, qui, touch� de sa pri�re, lui envoya un tigre sur lequel il passa le fleuve sans danger ; et, en reconnaissance, il lui donna le nom de cet animal , comme le dit Th�ophile dans le livre premier de son trait� des Pierres. Herm�sianax de Cypre raconte le fait autrement. Bacchus �tant devenu amoureux de la nymphe Alph�sib�e, et ne pouvant vaincre sa r�sistance ni par ses dons ni par ses pri�res, prit la forme d'un tigre ; et en ayant triomph� par la crainte, il la transporta au del� du fleuve, et en eut un fils qu'il nomma M�dus, et qui, devenu grand, donna � ce fleuve le nom de Tigre, en m�moire de cet �v�nement. (Voyez Aristonyme dans le livre troisi�me de son histoire (89).)

On y trouve une pierre d'une blancheur �clatante ; on appelle myndan, et elle garantit des attaques des b�tes f�roces, suivant L�on de Byzance dans le second livre de son trait� des Fleuves.

Pr�s du Tigre est le mont Gauranus, ainsi nomm� de Gauranus, fils du satrape Roxane, qui, en r�compense de sa pi�t� envers les dieux, obtint la faveur singuli�re d'�tre le seul, entre les Perses, qui vivrait trois cents ans et mourrait sans maladie. Il fut enterr� sur le mont Mausorus, o� on lui fit des obs�ques magnifiques, et qui, par l'ordre des dieux, re�ut d�s lors le nom de mont Gauranus.

Il y cro�t une plante semblable � l'orge sauvage, que les naturels font bouillir ; ils se frottent de l'huile qu'ils en expriment, et il les pr�serve de toute esp�ce de maladie, jusqu'� ce qu'ils c�dent enfin � la n�cessit� de mourir, comme le dit Sostrate dans le premier Recueil des histoires fabuleuses.

XXV. L' INDUS.

L'Indus, fleuve de l'Inde, qui traverse avec beaucoup de rapidit� le pays des Ichtyophages (90), s'appelait anciennement Mausolus, du nom de Mausole, fils du Soleil ; il changea de nom � l'occasion suivante. Pendant qu'on c�l�brait la f�te de Bacchus et que les gens du pays �taient tout occup�s de cette c�r�monie religieuse, un jeune homme d'une naissance illustre, nomm� Indus, fit violence � Damasalcide, fille du roi Oxyalus, et l'une des can�phores (91). Ce prince l'ayant fait chercher pour tirer vengeance de ce crime, Indus, par la frayeur qu'il en eut, se pr�cipita dans le fleuve Mausole, qui, depuis, porta son nom.

On y trouve une pierre (92) qui, port�e par les jeunes filles, les d�fend de toute violence contre leur honneur.

Il y cro�t une plante semblable � la buglose , et qu'on nomme carpyce. Infus�e dans l'eau ti�de, elle est tr�s efficace contre la jaunisse, comme le dit Clitophon de Rhodes dans le dixi�me livre de l'Histoire des Indes.

Dans le voisinage est le mont Lil�e, qui tire son nom d'un berger naturellement fort superstitieux ; il n'adorait d'autre divinit� que la Lune, et c�l�brait en pleine nuit les myst�res de cette d�esse. Les autres dieux, irrit�s du m�pris qu'il avait pour eux, envoy�rent contre lui deux �normes lions qui le mirent en pi�ces et le d�vor�rent. La Lune changea cet adorateur fid�le en une montagne qui prit son nom.

Elle produit une pierre d'une couleur noire, qu'on nomme clytoris. Les habitants du pays la portent comme lin ornement dans les soieries (93). (Voyez Aristote dans le quatri�me livre de son trait� des Fleuves (94).) 


(01) Le d�faut de jugement, les incorrections de style et les erreurs nombreuses qu'on rencontre � chaque page, tout annonce que ce trait� n est pas de Plutarque. Amyot ne l'a pas traduit, mais il se trouve dans l'�dition donn�e par Vauvillier et Brolier, et nous avons cru devoir le joindre � Ia n�tre.

(02) Ce nom signifie qui produit des b�tes f�roces.

(03) Chryserme �tait de Corinthe. Stob�e cite son histoire de Perse ; celle de l'Inde n'est connue que par notre auteur, et peut fort bien n'avoir jamais exist�, aussi bien que l'Arch�la�s qu'il cite en t�moignage de ce m�me fait.

(04) Dercylle est cit� par Ath�n�e comme auteur d'une histoire d'Argos et de quelques autres ouvrages. Son histoire des Fleuves n'y est pas nomm�e, et pourrait bien �tre de l'invention de l'auteur.

(05) Cette fontaine, qui n'est point nomm�e dans le texte, s'appelait fontaine de Mars.

(06) Cet antre �tait voisin de la ville de Delphes, et pr�s du temple d'Apollon.

(07) Il y a eu deux auteurs de ce nom : l'un, appel� le grammairien vivait du temps d'Auguste; l'autre �tait de Ph�nagore, ville de la Tauride.

(08) L�on de Byzance, dont Philostrate a �crit la Vie, fut auteur de plusieurs ouvrages historiques. Suidas nous en a conserv� les titres.

(09) Herm�sianax est nomm� plus bas comme auteur d'une histoire de Phrygie, ouvrage qui l'est cit� par aucun des autres �crivains qui ont parl� de lui.

(10) Le mont Pang�e �tait dans la Thrace et dans la Thessalie, mais aupr�s de la mer et non pas de l'H�bre; ce qui a fait croire � Palin�rius qu'il s'agissait du mont Rhodope.

(11) Cet �crivain n'est connu que par ce trait� et celui des Parall�les, et doit par cons�quent �tre fort suspect.

(12) Ce Callisth�ne n'est cit� par aucun autre auteur tant soit peu ancien.

(13)  Anatol�, en grec, veut dire le levant.

(14) Cet auteur est absolument inconnu, ainsi que son ouvrage.

(15) Le Phase, selon Strabon, liv. II, est un fleuve d'Arm�nie; mais Vibius Sequester, dans son livre des Fleuves, le donne � la Colchide, ce qui est plus vrai.

(16) Arcturus signifie gardien de l'ourse ; c'est le nom qu'on donne � une constellation voisine de l'ourse, et plac�e pr�s du p�le septentrional.

(17) Cette pr�tendue propri�t� de la plante leucophylle est tir�e presque mot pour mot de la fin d'un ouvrage d'Aristote, intitul� : Des Histoires merveilleuses. Mais Maussac observe avec raison que ce passage a �t� interpol� dans l'ouvrage d'Aristote, et la supposition est en effet �vidente.

(18)  Cet ouvrage de Cl�anthe est cit� par Ath�n�e, Diog�ne La�rce et Suidas.

(19) Il voulait emp�cher Jason de s'emparer de la Toison d'Or.

(20) Il fait venir son nom d'un mot grec, qui signifie se joindre, s'adapter.

(21) C'est aujourd'hui le Dauphin�.

(22) Le corbeau �tait l'oiseau le plus observ� dans son vol par les augures.

(23) Encore aujourd'hui nous appelons dunes les c�tes �lev�es de la mer.

(24) Clitophon, suivant Stob�e, �tait de l'�le de Rhodes. Aucun autre �crivain que le n�tre ne cite son ouvrage sur la Fondation des Villes.

(25) Ce mol signifie qui roule de l'or.

(26)  Si ce fils d'Apollon se nommait Chius, comment le fleuve s'est-il, de son nom, appel� Chrysorrhoas ? Je ne rel�ve pas les autres inepties de ce r�cit, elles sautent aux yeux des lecteurs. Quelle ignorance, par exemple, de dire que ce fleuve s'appelait Chrysorrhoas du temps de Cr�sus, comme si tout le monde ne savait pas qu'il portait d�s lors le nom de Pactole ? Chrysorrhoas n'�tait vraisemblablement qu'un surnom qu'on lui donnait, � cause de ces paillettes d'or qu'il roulait avec son sable.

(27) C'�tait une ville d'�olie.

(28) La sarisse, suivant H�sychius, �tait une longue lance en usage chez les Mac�doniens.

(29) Ce mot grec signifie violette blanche.

(30) Anab�non, en grec, veut dire qui remonte vers sa source ; et il est probable que c'�tait plut�t une �pith�te du M�andre, qu'un nom plus ancien de ce fleuve. Mais ce que l'auteur ajoute, qu'il est le seul dont le cours soit sinueux, est d�menti par Pausanias , qui dit la m�me chose du N�da.

(31) Pessinunte �tait une ville de Phrygie dans laquelle Cyb�le, la m�re des dieux, �tait singuli�rement honor�e ; et c'�tait un usage assez ordinaire aux anciens d'�voquer pas des v�ux et des offrandes les dieux des villes ennemies, avant de les attaquer. Notre auteur, comme il est ais� de s'en apercevoir, transporte aux villes d'Asie, m�me les plus �loign�es des m�urs grecques, non seulement les noms, mais les usages de la Gr�ce.

(32) Voil� encore des historiens qui ne sont gu�re connus que! par notre auteur, el dont par cons�quent l'existence est au moins douteuse. Je dis autant de celui qu'il va citer dans l'article suivant.

(33) C'est-�-dire  sage.

(34) Il y a eu un historien c�l�bre de ce nom, qui �tait de Cnide; celui de Samos n'est point connu d'ailleurs.

(35)  Cette ville de Phrygie fut depuis appel�e Apam�e, du nom de la s�ur de S�leucus. 

(36) Il y a eu plusieurs auteurs de ce nom dans l'antiquit� ; celui-ci n est gu�re connu que par notre auteur.

(37) On conna�t plusieurs historiens qui ont port� le nom mais �vh�m�ridas n'est cit� que dans ce trait�.

(38) Le nom de celte pr�tendue plante signifie fl�te.

(39) Le mot grec m�chera veut dire couteau.

(40) Celle ville d'Edonis, au rapport d'Aristote,�lait dans le pays des Clmm�riens, et non dans la Thrace; peut-�tre l'auteur a-t-il confondu un nom de ville avec un nom de contr�e, car il y avait en effet une contr�e d'�don dans la Thrace.

(41) Le nom de cette plante signifie qui fait cesser la douleur. On voit dans tous ces r�cits que les noms des plantes ou des pierres sont forg�s sur les pr�tendus effets qu'on leur attribue. Jason de Byzance est inconnu.

(42) Mend�s �tait une ville d'�gypte o� le bouc �tait singuli�rement honor�, ou plut�t le dieu Pan sous la figure de cet animal. Je ne remarque pas que le nom de l'historien cit�, et qui n'est pas connu d'ailleurs, est purement grec, tandis qu'il le fait �gyptien.

(43) Ce fleuve est appel� Sangarius par Hom�re, Strabon, Pausanias, etc et Sangaris par d'autres.

(44) Le mot X�rabate signifie qu'on passe � pied sec. Pline, liv. VI, ch. I, dit qu'avant de recevoir le nom de Sangarius, il portait celui de Coralius.

(45) Euphorion, cit� par le scoliaste d'Eschyle dans sa trag�die des Perses, dit que ce mot appartient � la langue des Thuriens.

(46) Plusieurs auteurs anciens parlent de la pierre asterius et asterite ; mais aucun autre ne cite la pierre aster.

(47) Son nom vient d'un mot grec, qui signifie mouvoir, agiter.

(48) Damostrate est inconnu d'ailleurs.

(49) Ce n'est pas le mont Ida lui-m�me, mais seulement son sommet, qui s'appelait Gargarus, au rapport de Strabon, liv. XIII Les dactyles �taient ainsi nomm�s parce qu'ils �taient dix, comme les doigts de la main.

(50) Voil� encore un �crivain qui n'est point connu.

(51) Eustathe, dans ses notes sur Denys P�ri�g�te, observe que le Tana�s, en langue barbare, se nommait Silis; que les Grecs lui avaient donne nom de Tana�s � cause de la rapidit� de son cours, et qu'ils avaient chang� les noms de plusieurs autres fleuves.

(52) Ct�siphon est cit� avec �loge par Macrobe, liv. II, chap, 14. Arien parle d'un officier d'Alexandre, nomm� Aristobule, qui �crivit l'histoire de ce prince. Plutarque le cite souvent dans la Vie d'Alexandre. Je ne sais si c'est celui de notre auteur.

(53) La tradition g�n�rale des mythologistes est que Phryxus fuyait, avec sa s�ur Hell�, la col�re de leur p�re Athamas, et qu'Hell� se noya dans le d�troit d'Abyde, qui prit le nom d'Hellespont, aujourd'hui le d�troit des Dardanelles.

(54) Cet historien n'est connu que par l'auteur de ce trait�, et par celui des Parall�les.

(55) Tout le reste du chapitre manque dans le texte.

(56)  C'est le nom qu'Hom�re donne toujours au Nil; et Eustathe, sur le quatri�me livre de l'Odyss�e, pag. 1499 de l'�dition de Rome, dit que ce nom lui fut donn�, ainsi qu'au pays qu'il arrose, parce que les ch�vres s'engraissaient, de ἆιξ, ch�vre. Plusieurs autres �crivains, entre autres Slob�e et H�sychius, attestent qu'il eut d'abord le nom de M�las, et qu'il le re�ut � cause de la profondeur de ses eaux, qui les faisait para�tre noires.

(57) Plutarque, dans son trait� d'Isis et d'Osiris, dit que ce dieu exerce l'empire sur les morts, et qu'il est le m�me que celui que les Grecs appellent Ad�s et Pluton. 

(58) Ce second nom de Cerb�re signifie terrible, et n'est sans doute qu'un surnom de ce gardien redoutable des enfers.

(59) C'est aujourd'hui l'Espagne, que les auteurs latins nomment souvent l'Ib�rie, � cause de l'�bre, qui la traverse.

(60) Sosth�ne �tait de Cnide.

(61) Ce mot signifie maison d'airain ; c'�tait un temple rev�tu d'airain que Minerve avait � Sparte.

(62) Il y a eu plusieurs auteurs de ce nom; celui-ci n'est gu�re connu que par notre auteur.

(63) Cet auteur n'est point connu.

(64) B�ril est le nom que Ire anciens ont donn� � l'aigue-marine des modernes, et � plusieurs autres esp�ces de pierres pr�cieuses qui portent pr�sentement d'autres noms. Le b�ril tenait le huiti�me rang sur le pectoral du grand-pr�tre juif. L'aigue-marine est ainsi nomm�e � cause du rapport de sa couleur avec celle de la mer. Sa couleur est m�l�e de vert et de bleu; elle la tient des substances m�talliques.

(65) Ce nom lui venait de Prosymne, ville de l'Argolide o� elle �tait honor�e.

(66) Cet Agathocle pourrait bien �tre le m�me que celui de Samos, d�j� cit� dans le M�andre.

(67) Placidus Lactance, dans ses notes sur la Th�ba�de du Stace, dit que l'Ap�sante est une montagne voisine de Tarse en Cilicie, d'o� Pers�e avait pris son vol lorsqu'il partit pour aller en Libye exterminer Gorgone. Il  fait venir d'un verbe grec qui signifie s'en aller, partir.

(68) Cet auteur ne m'est point connu; son ouvrage, s'il a exist�, devait contenir le r�cit des exploits d'Hercule.

(69) C'est-�-dire lune.

(70) Μυκάω signifie mugir, et c'est de l�, suivant celle �tymologie, que vient le nom de Myc�ne.

(71) Ce Ct�sias n'est pas l'historien de ce nom qui a �crit l'histoire des Perses, et dont il nous reste des fragments assez consid�rables.

(72)  Μύκη veut dire la garde d'une �p�e, et c'est d'apr�s celte �tymologie que l'auteur a form� le nom de Myc�ne. Il est, au reste, fort embrouill� dans ce r�cit. Gorgophonus, nom grec qui signifie meurtrier de la gorgone, est le surnom ordinaire de Pers�e, que la tradition commune fait fondateur de la ville de Myc�ne, et c'est en particulier l'opinion de Pausanias, liv. II, chap. xvi. Il y a donc grande apparence que ce roi des �pidauriens est de l'invention de notre auteur.

(73)  Il a d�j� parl� de l'origine du nom d'Ap�sante, et ce qu'il en dit ici apr�s coup est une seconde tradition sur la d�nomination de cette montagne, qu'il a oubli� de placer plus haut.

(74) Cet historien n'est point du tout connu.

(75) On sait qu'Ath�n�e est le nom grec de Minerve, et que c'est de celle d�esse que la ville d'Ath�nes prit son nom.

(76) Suidas et les anciens commentateurs lie Pindare et d'Apollonius nomment cet historien Lysimachus. Son ouvrage avait vraisemblablement pour sujet le retour des princes grecs dans leur patrie, apr�s la prise de Troie. L'histoire de Diom�de donne lieu de le penser.

(77) Eustalhe, dans ses commentaires sur Dyonisius Afer, pr�tend que le nom d'Alph�e venait de la propri�t� qu'avait l'eau de ce fleuve de gu�rir la l�pre.

(78) Pindare, dans sa dixi�me ode olympique, dit que le mont Cronius, avant que  Saturne, appel� Cronos par les Grecs, lui donn�t ce nom, n'en avait aucun. Le scoliaste de ce po�te confirme cette opinion.

(79) Il a �t� d�j� question dans le M�andre d'une pierre cylindre ; mais ses effets �taient diff�rents.

(80) La Parthie �tait l'ancienne M�sopotamie ou Babylonie, qui changea d� nom lorsque les Parthes s'en furent empar�s ; de l� vient que, d�s le si�cle d'Auguste, les auteurs donnent fr�quemment aux Parthes les noms de Perses et de M�des.

(81) Cette pierre est nomm�e a�tite par Stob�e et par Dioscoride, qui s'accorrdent avec notre auteur pour lui attribuer cette vertu presque miraculeuse.

(82) Dans le trait� des Parall�les, ce Nicias est cit� comme �tant de Mal�e, promontoire de Laconie. Malles est une ville de Cilicie. Cet historien, d'ailleurs, est peu connu.

(83) Ce Timagoras n'est cit� que par Stob�e, qui n'a fait que copier notre auteur.

(84) C'est la m�me que Diane Orthienne. ( Voyez ce que nous en avons dit a l'article du Gange, )

(85) Cet Antisth�ne n'est s�rement pas le philosophe sto�cien de ce nom; celui-ci n'est pas plus connu que son ouvrage. J'en dis autant de Diocl�s.

(86) Strabon et Donysius Afer nomment ce lac Ars�ne et Thonithis. Il est faux que le Tigre se d�charge dans l'Araxe, comme le pr�tend notre auteur: il se joint � l'Euphrate au-dessous de Bassora.

(87) Eustache, dans ses notes sur Denys le P�ri�g�te, dit qu'il s'appelait Sulas, c'est-�-dire rapide.

(88) Tous les �crivains conviennent que le Tigre �tait ainsi nomm� d cause de son extr�me rapidit�. Mais ce nom n'�tait pas tir� du tigre, comme on le croit commun�ment, c'�tait du mot m�dique tigris, qui signifie fl�che, et qui �tait bien propre � donner une id�e de l'imp�tuosit� de ce fleuve.

(89) Aristonyme n'est point connu d'ailleurs.

(90) C'�tait un peuple d'Asie, ainsi nomm� parce qu'il se nourrissait  de poisson. 

(91) Les can�phores , comme leur nom le signifie, �taient de jeunes filles qui, aux c�r�monies publiques de religion, portaient dans des corbeilles les offrandes sacr�es.

(92) Le nom de celte pierre manque dans le texte.

(93) J'ai conserv� le mot grec, afin d'�viter une trop longue p�riphrase. Il signifie proprement salutaires. C'�taient des f�les ou des sacrifices qu'on faisait pour remercier les dieux d'avoir �chapp� � quelque grand p�ril, et d'avoir sauv� sa vie.

(94) Je ne sais si cet Aristote est le fameux philosophe de Stagyre ; car plusieurs auteurs anciens ont port� ce nom. Cet ouvrage ne se trouve pas parmi ceux que nous avons de ce fondateur du Lyc�e, et Diog�ne La�rce ne l'a point mis dans le catalogue qu'il a donne de ses ouvrages, ce qui porte � croire qu'il s'agit d'un autre Aristote.