Le sacrifice et la création dans l’œuvre d’Antonin Artaud, Georges Bataille et Sergueï M. Eisenstein, 2018
"Le sacrifice et la création dans l’œuvre d’Antonin Artaud, Georges Bataille et Sergueï M. Eisens... more "Le sacrifice et la création dans l’œuvre d’Antonin Artaud, Georges Bataille et Sergueï M. Eisenstein », in Le sacrifice et le don : Représentations dans la littérature et les arts francophones, sous la direction de Irène Chassaing et Juliette Valcke, avec la collaboration de Ziyan Yang, Moncton, Perce-Neige, 2018, pp. 131 - 150.
Уточняется ряд иконографических источников художественного образа сцены взятия Казани фильма С.М.... more Уточняется ряд иконографических источников художественного образа сцены взятия Казани фильма С.М. Эйзенштейна «Иван Грозный». Выявляется конкретное проявление взаимосвязи ее изобразительного решения с иконописными традициями. Данная связь обогащает кинематографическое изображение дополнительным символическим смыслом.
L’œuvre écrite et filmique de S. M. Eisenstein demeure un continent encore partiellement inexplor... more L’œuvre écrite et filmique de S. M. Eisenstein demeure un continent encore partiellement inexploré faute de traductions et de publications complètes, notamment en France. L’ouvrage collectif consacré au film inachevé Que viva Mexico ! sous le titre Eisenstein – Leçons mexicaines se propose de revenir à ce chantier fondateur et aux 14 mois passés par le cinéaste soviétique à sillonner le Mexique, à s’en imprégner, entre décembre 1930 et mars 1932. Les "leçons mexicaines" concernent d’abord l’empreinte dont attestent ces « débris » qui, selon Barthélémy Amengual, « respirent un autre air et une autre force que ses films achevés ». Mais d’autres formes documentent ce point de fracture dans l’œuvre d’Eisenstein et sont analysées : l’activité graphique (ses dessins érotiques sur les motifs de la mort du roi Duncan dans Macbeth, sur la corrida et sur la crucifixion), les écrits sur le montage, sur la composition du plan et sur le cadre, la réflexion sur l’extase, les fulgurants écrits autobiographiques qui reviennent constamment à la « rencontre » avec le Mexique.
Resitué dans la vaste dynamique de fracture anthropologique qui, à partir des travaux de L. Lévy-Bruhl, W. Frazer, A. Warburg nourrit les avant-gardes des années 1930 et inspire G. Bataille, A. Artaud, D.H. Lawrence, le face à face d’Eisenstein avec les stratifications et la puissance d’une civilisation autre, participe de la même énergie transgressive. Mais si les « leçons » qu’il en tire et qui l’occuperont jusqu’à sa mort intéressent en premier lieu le cinéaste échappé pour quelques mois au stalinisme, elles impliquent d’autres cinéastes, à d’autres époques et dans d’autres lieux, dans leur lien hypothétique à ce « second » Eisenstein et dans leur propre rapport documentaire et créatif à l’altérité violente et irrationnelle, « primitive » et historique du réel : Orson Welles, Maya Deren, P.P. Pasolini, Glauber Rocha, Cécilia Mangini, Raymonde Carasco. Et parce qu’elles impliquent autant l’anthropologie et l’archéologie que les domaines du cinéma, des arts visuels, de l’architecture, parce qu’elles engagent toute recherche d’autres formes de conscience, d'autres représentations du temps, d'autres expériences de création, ces « leçons » trouvent aujourd’hui des résonances très contemporaines qui les relient au mouvement des arts dans son entier.
Sortie avril 2016 – 426 pages Isbn : 978-2-84016-237-7 – Prix : 25€ Illustrations N&B + cahier couleur – Langue : français
Un axe essentiel de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Sergueï Eisenstein porte s... more Un axe essentiel de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Sergueï Eisenstein porte sur la régression vers la pensée prélogique et sensitive des peuples dits « primitifs ». Inspiré par les idées des anthropologues Lucien Lévy-Bruhl et James George Frazer, il s’intéresse au syncrétisme des pratiques magiques suite à la découverte de la culture mexicaine dans les années 1930s, ce qui lui permet d’aborder le rapport de l’essence du processus de la création artistique aux rites et aux phénomènes médiumniques. De point de vue d’Eisenstein, l’artiste doit accéder à l’état extatique pour pouvoir extérioriser le rythme de l’image globale [obraz], née dans son esprit, en la transformant par la suite en une œuvre d’art.
La réflexion sur cette idée de transformation et du retour aux sources a été approfondie à travers l’étude de la culture chinoise, notamment les éléments de la philosophie taoïste. Eisenstein relève que l’acte de séparation présent dans le principe du Yin et du Yang constitue la ligne directrice de toutes ses recherches des moyens expressifs du septième art. Selon lui, le phénomène du cinéma représente par excellence la réalisation du principe du Yin et du Yang, accomplissant, en une union organique, l’alliance des principes essentiels des autres arts : la cohérence de tous les détails basée sur un conflit dynamique et dialectique.
Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma d’un cinéaste russe Sergueï E... more Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma d’un cinéaste russe Sergueï Eisenstein porte sur les origines anthropologiques et ethnographiques du processus créatif. Ainsi l’un des phénomènes qui attire particulièrement son attention d’Eisenstein est la production technique des vêtements dans des cultures dites « primitives ». Premièrement, une métaphore d’un nœud occupe une place important dans la théorie de la mise-en-scène d’Eisenstein. L’image d’un nœud dramaturgique incarne donc pour lui la structure spatio-temporelle non-linéaire de la mise-en-scène. Deuxièmement, lors de ses voyages en Russie, en Europe et au Mexique Eisenstein mène une recherche anthropologique sur le problème des pratiques autochtones de la fabrication des tissus et de la construction des vêtements afin de saisir les liens entre l’image globale [obraz] du pays et les formes qu’elle prend dans l’art local. Troisièmement les tapisseries constituent le fond de l’action dans les films d’Eisenstein comme c’est le cas de sa dernière création intitulée Ivan le Terrible, où elles contribuent à la création d’une image spatio-temporelle complexe et stratifiée à travers le moyen de la surimpression des images hétérogènes dans l’intérieur d’un cadre. En me basant sur l’analyse des textes et dessins inédits, matériaux iconographiques préparatoires pour le tournage et des photogrammes des films de Sergueï Eisenstein je proposerai l’étude des métaphores évoquant les nœuds, les tissus et les tapisseries dans le projet de la méthode cinématographique d’Eisenstein.
Eisenstein reloaded: new directions for research
This interdisciplinary panel explores the rece... more Eisenstein reloaded: new directions for research
This interdisciplinary panel explores the recent trends in the reappropriation of the legacy of revolutionary Russian filmmaker and film theorist Sergei Eisenstein as more of his texts come to light and become translated (his late magnum opus Method, Moscow 2002 and the recently translated Notes for a General History of Cinema, Amsterdam 2015) and as film theory raises new issues pertinent for the twenty first century. It offers an analysis of the mobilization of Eisenstein’s heritage by various approaches within film studies and neighboring disciplines and provides some examples of the emerging ‘readings’ of Eisenstein from the positions of psychology and neurosciences, physiognomy, graphology and chirognomy. The panel bridges historical perspective in film studies and current advances in what can be described as ‘psy’ disciplines - the disciplines that aim to both understand subjectivity and to form, mold or construct a subject, in which attention to the body and the senses become increasingly prominent. Reflecting on more than thirty years of experience as a leading Eisenstein scholar, Professor Ian Christie discusses the evolving graph of Eisenstein’s reputation – away from films and towards a closer engagement with his writings and graphics that allow a growing number of theoretical perspectives to claim his legacy. Drawing on her expertise in neurosciences, Anna Kolesnikova explores how Eisenstein’s treatment of expressive movement, embodiment of emotional theme and pathos anticipates embodied perspective in contemporary film studies. Cultural theorists Ada Ackerman and Olga Kataeva shed light on Eisenstein’s interest in graphology and chirognomy and his fascination with occultism – dimensions of his creative method which are much in need of further exploration and understanding. Film scholar and psychologist Julia Vassilieva revisits Eisenstein’s collaboration with cultural psychologist Lev Vygotsky and neuropsychologist Alexander Luria and analyses how it enabled Eisenstein to address Grundproblem, the main problem of art researched in Method.
The physiognomy of lines: graphology and chirognomony as components of Eisensteinian creative method. Another axis of Eisenstein's research which can be related to the fields of neuroscience and psychology concerns handwriting in general and that of mentally affected persons in particular. While studying the works of graphologists belonging to opposing schools of graphology (French and German, according to W. Benjamin) Eisenstein analyzes and construes handwriting and drawing as various expressions of discharge of a psychosomatic conflict, a material he intends to articulate to his systematic and general attempt to define a creative method in arts and especially in cinematography.
Being himself a patient of graphologists Schermann and Zuev-Insarov, acquiring an important amount of books on the topic, Eisenstein is interested in the physiognomy of lines, in the expression of an emotional tension which is translated into a graphic trace. This interest can be tracked down to his youth, when he discovers physionomony and is appealed by the classification of the world it proposes ; Eisenstein then is even involved in chirognomony and dedicates some of his youth material to the subject, in a conjunction of science and esotericism which deserves deep discussion. Relying on unpublished documents from Russian archives and from the Eisenstein apartment museum in Moscow, our lecture will propose an analysis of the “inexact” science of graphology as components of the Eisensteinian cinematographic method.
Le 10 mars 1940 le cinéaste russe Sergueï Eisenstein écrit dans son carnet de notes :
Au fait je... more Le 10 mars 1940 le cinéaste russe Sergueï Eisenstein écrit dans son carnet de notes :
Au fait je devrais faire le point sur moi-même. M’exposer moi-même [Expose oneself ; en anglais dans le texte] à travers tous les détails, comme un atlas anatomique ou une carte géographique, et explorer moi-même sur tous les points, méridiens et parallèles. Et une capacité de s’enflammer [en français dans le texte] à cause de n’importe quoi. Et résoudre la plupart des choses [And to solve most of the things; en anglais dans le texte] pour lesquelles je m’enflamme [en français dans le texte]… Maintenant où est le secret? [Now where’s the secret? En anglais dans le texte]. [Ma traduction].
Cette démarche eisensteinienne de l’auto-exploration patiente et continue, comme l’on explore un univers, s’inscrit dans l’esprit surréaliste dont l’exemple type est l’œuvre de Paul Éluard Mappemonde, représentant de différentes parties de corps et de différents sentiments sous la forme de continents séparés par des océans et des mers. Mais la source la plus importante de cette approche est la découverte du Mexique (1931- 1932) qui a profondément marqué Eisenstein, ce séjour le conduit à une autre connaissance de lui-même (un autre moi comme il le dit à un moment donné). Le dispositif de la carte géographique devient alors pour lui le moyen de penser la réalité complexe stratifié du pays, mais aussi un milieu de l’autoréflexion. Ainsi, l’image du premier autoportrait-carte d’Eisenstein croqué au Mexique, où il semble atterrir dans un pays impénétrable évoluera au fur à mesure de son voyage. Le dessin de Ledezma fait peu après incarne le résultat de cette évolution : c’est une immersion totale où le corps de l’artiste devient le corps même du pays. En me fondant sur l’analyse de textes théoriques d’Eisenstein, de ses dessins et des photogrammes de ses films, ainsi que des œuvres graphiques de Covarrubias et Ledezma, je proposerai une étude d’une carte géographique comme le dispositif de l’exploration de son identité artistique. Ce défi de tracer la cartographie de soi-même constitue une affirmation de soi comme univers à part, un monde à explorer et à connaitre. Mais il s’inscrit aussi dans la recherche eisensteinienne d’un dispositif cartographique qui lui permettrait de construire un modèle visuel de son grand projet de la méthode globale du cinéma.
Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte s... more Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte sur la régression vers les étapes précoces de la pensée humaine et notamment de celle des peuples dits « primitifs ». Cette régression lui est nécessaire afin de comprendre les principes fondamentaux de construction de l’image cinématographique « efficace », capable d’agir sur le spectateur. Ainsi l’un des phénomènes qui attire particulièrement l’attention d’Eisenstein est le rite du sacrifice dont le principe est selon lui étroitement lié au processus de création. Par ailleurs ce concept retrouve son écho dans les écrits d’Artaud et Bataille qui unissent le jeu de « regarder ce qu’il y a dans le ventre d’un jouet » avec les activités cognitives, basées sur l’interaction dialectique de la destruction et de la construction ainsi que de l’agonie et de la genèse. En me basant sur l’analyse des textes, dessins, matériaux iconographiques préparatoires pour le tournage et des photogrammes des films de Serguei Eisenstein je proposerai l’étude de l’interaction dialectique des processus suivants : D’abord, du sacrifice comme abnégation de l’artiste. Ensuite, du sacrifice comme méthode de la formation des images. Il s’agira de ce « premier carnage de l’essence », de la dissection de la réalité en morceaux et de leur combinaison, qui est à la base de la méthode créatrice du montage. Enfin, l’axe le plus important, celui de l’immolation du médium qui marque le moment du passage de l’esquisse sur papier à l’écriture cinématographique.
Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte s... more Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte sur le syncrétisme des pratiques magiques des peuples primitifs. Notamment il a consacré du temps à mener des recherches sur l’essence du processus de la création artistique en abordant ce sujet sous l’angle des pratiques médiumniques. En me fondant sur l’analyse des documents inédits je proposerai une étude des passages entre la symbolique du culte orthodoxe et la symbolique des pratiques occultes dans l’image du film 'Ivan le Terrible'. L’un des principaux objectifs de ce montage esthético-philosophique est la mise en pratique des éléments principaux du grand projet eisensteinien de la méthode.
La notion de sacrifice est étroitement liée au processus de création et retrouve son écho dans le... more La notion de sacrifice est étroitement liée au processus de création et retrouve son écho dans les écrits d’Artaud, Bataille et Eisenstein, qui unissent le jeu de « regarder ce qu’il y a dans le ventre d’un jouet » avec les activités cognitives, basées sur l’interaction dialectique de la destruction et de la construction ainsi que de l’agonie et de la genèse. En me basant sur l’analyse de la série de dessins de Serguei Eisenstein, intitulée « La mort du roi Duncan » (1931), je proposerai l’étude de l’interaction dialectique des processus suivants. D’abord, de l’abnégation de l’artiste. Ensuite, du sacrifice comme de la méthode de la formation des images. Il s’agira de ce « premier carnage de l’essence », de la dissection de la réalité en morceaux et de leur combinaison, qui est à la base de la méthode créatrice du montage. Enfin, d’immolation du médium qui marque le moment du passage de l’esquisse sur papier à l’écriture cinématographique.
« De nos jours les bylines se composent sur la vie moderne du peuple,
sur nos héros d’aujourd’hui... more « De nos jours les bylines se composent sur la vie moderne du peuple, sur nos héros d’aujourd’hui; et la voix des conteurs qui créent un nouvel epos, ne semble pas étrangère à la poésie soviétique. Plus que jamais, notre temps est le temps de l’epos » (Batchelis I., « Serguei Eisenstein », revue Izvestia [Известия], 1940, p. 4)
Sergueï Eisenstein considérait la littérature comme l’un des précurseurs de l’art synthétique du cinéma. Il met en valeur les codes de l’écriture épique pour révéler les liens entre le passé et l’époque soviétique dans le film Ivan le Terrible. Ainsi il réunit la régression vers le mythe et l’expression du mouvement progressif de l’histoire dans le cadre d’une oeuvre d’art (la tâche impossible selon Wagner, dont l’oeuvre était au centre de l’attention d’Eisenstein avant le commencement du travail sur Ivan le Terrible). En me basant sur l’analyse de la séquence de la prise de Kazan, je proposerai une étude du passage du style des bylines, inspiré par l’iconographie des icônes russes, à une volonté stylistique d’un témoignage documentaire. L’un des principaux objectifs de cette synthèse stylistique, qui s’inscrit dans le projet de la synthèse des arts théorisée par Eisenstein, est la mythification de l’histoire soviétique et la construction de nouveau discours esthétique basé sur les idées patriotiques développées notamment lors de la période de la Seconde Guerre mondiale.
L’intérêt de cette étude est de repérer dans la série de dessins de Sergueï Eisenstein « La mort ... more L’intérêt de cette étude est de repérer dans la série de dessins de Sergueï Eisenstein « La mort du roi Duncan » les axes forts de réflexion sur des questions d’esthétique que l’on retrouve dans sa pensée des années 1930 – 1940. La mise en évidence des liens existants entre les idées de ces dessins et les recherches théoriques ultérieures du cinéaste, concernant la méthode totale et la théorie du montage, devrait permettre de confirmer la cohérence et l’organicité de l’ensemble de son œuvre. Elle permettrait également d’envisager ensuite de nouvelles approches à l’étude de l’image de ses films. Le thème principal de la série des dessins de Sergueï Eisenstein « La mort du roi Duncan » est constitué par l’interaction dialectique des contraires dont l’essentiel est celui du Yin et du Yang. Tous les autres éléments binaires de l’image générale [obraz] de la série découlent de cette opposition fondamentale. Les réflexions autour de la théorie Taoïste évoquent la perception eisensteinienne du principe du montage concernant la création d’un nouveau sens au-delà de deux images juxtaposées.
Flower Bridge and Archimedean Points. Essay on Eisenstein's links with various cultures: Japan, C... more Flower Bridge and Archimedean Points. Essay on Eisenstein's links with various cultures: Japan, China, Pre-Columbian, etc. Imagist and other modes of thinking. His drawing from their resources as well as enriching them. Published in the attached open source Naum Kleiman Festschrift edited by Joan Neuberger and Antonio Somaini. Released on December 1, 2017.
Le sacrifice et la création dans l’œuvre d’Antonin Artaud, Georges Bataille et Sergueï M. Eisenstein, 2018
"Le sacrifice et la création dans l’œuvre d’Antonin Artaud, Georges Bataille et Sergueï M. Eisens... more "Le sacrifice et la création dans l’œuvre d’Antonin Artaud, Georges Bataille et Sergueï M. Eisenstein », in Le sacrifice et le don : Représentations dans la littérature et les arts francophones, sous la direction de Irène Chassaing et Juliette Valcke, avec la collaboration de Ziyan Yang, Moncton, Perce-Neige, 2018, pp. 131 - 150.
Уточняется ряд иконографических источников художественного образа сцены взятия Казани фильма С.М.... more Уточняется ряд иконографических источников художественного образа сцены взятия Казани фильма С.М. Эйзенштейна «Иван Грозный». Выявляется конкретное проявление взаимосвязи ее изобразительного решения с иконописными традициями. Данная связь обогащает кинематографическое изображение дополнительным символическим смыслом.
L’œuvre écrite et filmique de S. M. Eisenstein demeure un continent encore partiellement inexplor... more L’œuvre écrite et filmique de S. M. Eisenstein demeure un continent encore partiellement inexploré faute de traductions et de publications complètes, notamment en France. L’ouvrage collectif consacré au film inachevé Que viva Mexico ! sous le titre Eisenstein – Leçons mexicaines se propose de revenir à ce chantier fondateur et aux 14 mois passés par le cinéaste soviétique à sillonner le Mexique, à s’en imprégner, entre décembre 1930 et mars 1932. Les "leçons mexicaines" concernent d’abord l’empreinte dont attestent ces « débris » qui, selon Barthélémy Amengual, « respirent un autre air et une autre force que ses films achevés ». Mais d’autres formes documentent ce point de fracture dans l’œuvre d’Eisenstein et sont analysées : l’activité graphique (ses dessins érotiques sur les motifs de la mort du roi Duncan dans Macbeth, sur la corrida et sur la crucifixion), les écrits sur le montage, sur la composition du plan et sur le cadre, la réflexion sur l’extase, les fulgurants écrits autobiographiques qui reviennent constamment à la « rencontre » avec le Mexique.
Resitué dans la vaste dynamique de fracture anthropologique qui, à partir des travaux de L. Lévy-Bruhl, W. Frazer, A. Warburg nourrit les avant-gardes des années 1930 et inspire G. Bataille, A. Artaud, D.H. Lawrence, le face à face d’Eisenstein avec les stratifications et la puissance d’une civilisation autre, participe de la même énergie transgressive. Mais si les « leçons » qu’il en tire et qui l’occuperont jusqu’à sa mort intéressent en premier lieu le cinéaste échappé pour quelques mois au stalinisme, elles impliquent d’autres cinéastes, à d’autres époques et dans d’autres lieux, dans leur lien hypothétique à ce « second » Eisenstein et dans leur propre rapport documentaire et créatif à l’altérité violente et irrationnelle, « primitive » et historique du réel : Orson Welles, Maya Deren, P.P. Pasolini, Glauber Rocha, Cécilia Mangini, Raymonde Carasco. Et parce qu’elles impliquent autant l’anthropologie et l’archéologie que les domaines du cinéma, des arts visuels, de l’architecture, parce qu’elles engagent toute recherche d’autres formes de conscience, d'autres représentations du temps, d'autres expériences de création, ces « leçons » trouvent aujourd’hui des résonances très contemporaines qui les relient au mouvement des arts dans son entier.
Sortie avril 2016 – 426 pages Isbn : 978-2-84016-237-7 – Prix : 25€ Illustrations N&B + cahier couleur – Langue : français
Un axe essentiel de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Sergueï Eisenstein porte s... more Un axe essentiel de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Sergueï Eisenstein porte sur la régression vers la pensée prélogique et sensitive des peuples dits « primitifs ». Inspiré par les idées des anthropologues Lucien Lévy-Bruhl et James George Frazer, il s’intéresse au syncrétisme des pratiques magiques suite à la découverte de la culture mexicaine dans les années 1930s, ce qui lui permet d’aborder le rapport de l’essence du processus de la création artistique aux rites et aux phénomènes médiumniques. De point de vue d’Eisenstein, l’artiste doit accéder à l’état extatique pour pouvoir extérioriser le rythme de l’image globale [obraz], née dans son esprit, en la transformant par la suite en une œuvre d’art.
La réflexion sur cette idée de transformation et du retour aux sources a été approfondie à travers l’étude de la culture chinoise, notamment les éléments de la philosophie taoïste. Eisenstein relève que l’acte de séparation présent dans le principe du Yin et du Yang constitue la ligne directrice de toutes ses recherches des moyens expressifs du septième art. Selon lui, le phénomène du cinéma représente par excellence la réalisation du principe du Yin et du Yang, accomplissant, en une union organique, l’alliance des principes essentiels des autres arts : la cohérence de tous les détails basée sur un conflit dynamique et dialectique.
Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma d’un cinéaste russe Sergueï E... more Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma d’un cinéaste russe Sergueï Eisenstein porte sur les origines anthropologiques et ethnographiques du processus créatif. Ainsi l’un des phénomènes qui attire particulièrement son attention d’Eisenstein est la production technique des vêtements dans des cultures dites « primitives ». Premièrement, une métaphore d’un nœud occupe une place important dans la théorie de la mise-en-scène d’Eisenstein. L’image d’un nœud dramaturgique incarne donc pour lui la structure spatio-temporelle non-linéaire de la mise-en-scène. Deuxièmement, lors de ses voyages en Russie, en Europe et au Mexique Eisenstein mène une recherche anthropologique sur le problème des pratiques autochtones de la fabrication des tissus et de la construction des vêtements afin de saisir les liens entre l’image globale [obraz] du pays et les formes qu’elle prend dans l’art local. Troisièmement les tapisseries constituent le fond de l’action dans les films d’Eisenstein comme c’est le cas de sa dernière création intitulée Ivan le Terrible, où elles contribuent à la création d’une image spatio-temporelle complexe et stratifiée à travers le moyen de la surimpression des images hétérogènes dans l’intérieur d’un cadre. En me basant sur l’analyse des textes et dessins inédits, matériaux iconographiques préparatoires pour le tournage et des photogrammes des films de Sergueï Eisenstein je proposerai l’étude des métaphores évoquant les nœuds, les tissus et les tapisseries dans le projet de la méthode cinématographique d’Eisenstein.
Eisenstein reloaded: new directions for research
This interdisciplinary panel explores the rece... more Eisenstein reloaded: new directions for research
This interdisciplinary panel explores the recent trends in the reappropriation of the legacy of revolutionary Russian filmmaker and film theorist Sergei Eisenstein as more of his texts come to light and become translated (his late magnum opus Method, Moscow 2002 and the recently translated Notes for a General History of Cinema, Amsterdam 2015) and as film theory raises new issues pertinent for the twenty first century. It offers an analysis of the mobilization of Eisenstein’s heritage by various approaches within film studies and neighboring disciplines and provides some examples of the emerging ‘readings’ of Eisenstein from the positions of psychology and neurosciences, physiognomy, graphology and chirognomy. The panel bridges historical perspective in film studies and current advances in what can be described as ‘psy’ disciplines - the disciplines that aim to both understand subjectivity and to form, mold or construct a subject, in which attention to the body and the senses become increasingly prominent. Reflecting on more than thirty years of experience as a leading Eisenstein scholar, Professor Ian Christie discusses the evolving graph of Eisenstein’s reputation – away from films and towards a closer engagement with his writings and graphics that allow a growing number of theoretical perspectives to claim his legacy. Drawing on her expertise in neurosciences, Anna Kolesnikova explores how Eisenstein’s treatment of expressive movement, embodiment of emotional theme and pathos anticipates embodied perspective in contemporary film studies. Cultural theorists Ada Ackerman and Olga Kataeva shed light on Eisenstein’s interest in graphology and chirognomy and his fascination with occultism – dimensions of his creative method which are much in need of further exploration and understanding. Film scholar and psychologist Julia Vassilieva revisits Eisenstein’s collaboration with cultural psychologist Lev Vygotsky and neuropsychologist Alexander Luria and analyses how it enabled Eisenstein to address Grundproblem, the main problem of art researched in Method.
The physiognomy of lines: graphology and chirognomony as components of Eisensteinian creative method. Another axis of Eisenstein's research which can be related to the fields of neuroscience and psychology concerns handwriting in general and that of mentally affected persons in particular. While studying the works of graphologists belonging to opposing schools of graphology (French and German, according to W. Benjamin) Eisenstein analyzes and construes handwriting and drawing as various expressions of discharge of a psychosomatic conflict, a material he intends to articulate to his systematic and general attempt to define a creative method in arts and especially in cinematography.
Being himself a patient of graphologists Schermann and Zuev-Insarov, acquiring an important amount of books on the topic, Eisenstein is interested in the physiognomy of lines, in the expression of an emotional tension which is translated into a graphic trace. This interest can be tracked down to his youth, when he discovers physionomony and is appealed by the classification of the world it proposes ; Eisenstein then is even involved in chirognomony and dedicates some of his youth material to the subject, in a conjunction of science and esotericism which deserves deep discussion. Relying on unpublished documents from Russian archives and from the Eisenstein apartment museum in Moscow, our lecture will propose an analysis of the “inexact” science of graphology as components of the Eisensteinian cinematographic method.
Le 10 mars 1940 le cinéaste russe Sergueï Eisenstein écrit dans son carnet de notes :
Au fait je... more Le 10 mars 1940 le cinéaste russe Sergueï Eisenstein écrit dans son carnet de notes :
Au fait je devrais faire le point sur moi-même. M’exposer moi-même [Expose oneself ; en anglais dans le texte] à travers tous les détails, comme un atlas anatomique ou une carte géographique, et explorer moi-même sur tous les points, méridiens et parallèles. Et une capacité de s’enflammer [en français dans le texte] à cause de n’importe quoi. Et résoudre la plupart des choses [And to solve most of the things; en anglais dans le texte] pour lesquelles je m’enflamme [en français dans le texte]… Maintenant où est le secret? [Now where’s the secret? En anglais dans le texte]. [Ma traduction].
Cette démarche eisensteinienne de l’auto-exploration patiente et continue, comme l’on explore un univers, s’inscrit dans l’esprit surréaliste dont l’exemple type est l’œuvre de Paul Éluard Mappemonde, représentant de différentes parties de corps et de différents sentiments sous la forme de continents séparés par des océans et des mers. Mais la source la plus importante de cette approche est la découverte du Mexique (1931- 1932) qui a profondément marqué Eisenstein, ce séjour le conduit à une autre connaissance de lui-même (un autre moi comme il le dit à un moment donné). Le dispositif de la carte géographique devient alors pour lui le moyen de penser la réalité complexe stratifié du pays, mais aussi un milieu de l’autoréflexion. Ainsi, l’image du premier autoportrait-carte d’Eisenstein croqué au Mexique, où il semble atterrir dans un pays impénétrable évoluera au fur à mesure de son voyage. Le dessin de Ledezma fait peu après incarne le résultat de cette évolution : c’est une immersion totale où le corps de l’artiste devient le corps même du pays. En me fondant sur l’analyse de textes théoriques d’Eisenstein, de ses dessins et des photogrammes de ses films, ainsi que des œuvres graphiques de Covarrubias et Ledezma, je proposerai une étude d’une carte géographique comme le dispositif de l’exploration de son identité artistique. Ce défi de tracer la cartographie de soi-même constitue une affirmation de soi comme univers à part, un monde à explorer et à connaitre. Mais il s’inscrit aussi dans la recherche eisensteinienne d’un dispositif cartographique qui lui permettrait de construire un modèle visuel de son grand projet de la méthode globale du cinéma.
Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte s... more Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte sur la régression vers les étapes précoces de la pensée humaine et notamment de celle des peuples dits « primitifs ». Cette régression lui est nécessaire afin de comprendre les principes fondamentaux de construction de l’image cinématographique « efficace », capable d’agir sur le spectateur. Ainsi l’un des phénomènes qui attire particulièrement l’attention d’Eisenstein est le rite du sacrifice dont le principe est selon lui étroitement lié au processus de création. Par ailleurs ce concept retrouve son écho dans les écrits d’Artaud et Bataille qui unissent le jeu de « regarder ce qu’il y a dans le ventre d’un jouet » avec les activités cognitives, basées sur l’interaction dialectique de la destruction et de la construction ainsi que de l’agonie et de la genèse. En me basant sur l’analyse des textes, dessins, matériaux iconographiques préparatoires pour le tournage et des photogrammes des films de Serguei Eisenstein je proposerai l’étude de l’interaction dialectique des processus suivants : D’abord, du sacrifice comme abnégation de l’artiste. Ensuite, du sacrifice comme méthode de la formation des images. Il s’agira de ce « premier carnage de l’essence », de la dissection de la réalité en morceaux et de leur combinaison, qui est à la base de la méthode créatrice du montage. Enfin, l’axe le plus important, celui de l’immolation du médium qui marque le moment du passage de l’esquisse sur papier à l’écriture cinématographique.
Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte s... more Un axe important de la réflexion sur la méthode créatrice du cinéma de Serguei Eisenstein porte sur le syncrétisme des pratiques magiques des peuples primitifs. Notamment il a consacré du temps à mener des recherches sur l’essence du processus de la création artistique en abordant ce sujet sous l’angle des pratiques médiumniques. En me fondant sur l’analyse des documents inédits je proposerai une étude des passages entre la symbolique du culte orthodoxe et la symbolique des pratiques occultes dans l’image du film 'Ivan le Terrible'. L’un des principaux objectifs de ce montage esthético-philosophique est la mise en pratique des éléments principaux du grand projet eisensteinien de la méthode.
La notion de sacrifice est étroitement liée au processus de création et retrouve son écho dans le... more La notion de sacrifice est étroitement liée au processus de création et retrouve son écho dans les écrits d’Artaud, Bataille et Eisenstein, qui unissent le jeu de « regarder ce qu’il y a dans le ventre d’un jouet » avec les activités cognitives, basées sur l’interaction dialectique de la destruction et de la construction ainsi que de l’agonie et de la genèse. En me basant sur l’analyse de la série de dessins de Serguei Eisenstein, intitulée « La mort du roi Duncan » (1931), je proposerai l’étude de l’interaction dialectique des processus suivants. D’abord, de l’abnégation de l’artiste. Ensuite, du sacrifice comme de la méthode de la formation des images. Il s’agira de ce « premier carnage de l’essence », de la dissection de la réalité en morceaux et de leur combinaison, qui est à la base de la méthode créatrice du montage. Enfin, d’immolation du médium qui marque le moment du passage de l’esquisse sur papier à l’écriture cinématographique.
« De nos jours les bylines se composent sur la vie moderne du peuple,
sur nos héros d’aujourd’hui... more « De nos jours les bylines se composent sur la vie moderne du peuple, sur nos héros d’aujourd’hui; et la voix des conteurs qui créent un nouvel epos, ne semble pas étrangère à la poésie soviétique. Plus que jamais, notre temps est le temps de l’epos » (Batchelis I., « Serguei Eisenstein », revue Izvestia [Известия], 1940, p. 4)
Sergueï Eisenstein considérait la littérature comme l’un des précurseurs de l’art synthétique du cinéma. Il met en valeur les codes de l’écriture épique pour révéler les liens entre le passé et l’époque soviétique dans le film Ivan le Terrible. Ainsi il réunit la régression vers le mythe et l’expression du mouvement progressif de l’histoire dans le cadre d’une oeuvre d’art (la tâche impossible selon Wagner, dont l’oeuvre était au centre de l’attention d’Eisenstein avant le commencement du travail sur Ivan le Terrible). En me basant sur l’analyse de la séquence de la prise de Kazan, je proposerai une étude du passage du style des bylines, inspiré par l’iconographie des icônes russes, à une volonté stylistique d’un témoignage documentaire. L’un des principaux objectifs de cette synthèse stylistique, qui s’inscrit dans le projet de la synthèse des arts théorisée par Eisenstein, est la mythification de l’histoire soviétique et la construction de nouveau discours esthétique basé sur les idées patriotiques développées notamment lors de la période de la Seconde Guerre mondiale.
L’intérêt de cette étude est de repérer dans la série de dessins de Sergueï Eisenstein « La mort ... more L’intérêt de cette étude est de repérer dans la série de dessins de Sergueï Eisenstein « La mort du roi Duncan » les axes forts de réflexion sur des questions d’esthétique que l’on retrouve dans sa pensée des années 1930 – 1940. La mise en évidence des liens existants entre les idées de ces dessins et les recherches théoriques ultérieures du cinéaste, concernant la méthode totale et la théorie du montage, devrait permettre de confirmer la cohérence et l’organicité de l’ensemble de son œuvre. Elle permettrait également d’envisager ensuite de nouvelles approches à l’étude de l’image de ses films. Le thème principal de la série des dessins de Sergueï Eisenstein « La mort du roi Duncan » est constitué par l’interaction dialectique des contraires dont l’essentiel est celui du Yin et du Yang. Tous les autres éléments binaires de l’image générale [obraz] de la série découlent de cette opposition fondamentale. Les réflexions autour de la théorie Taoïste évoquent la perception eisensteinienne du principe du montage concernant la création d’un nouveau sens au-delà de deux images juxtaposées.
Flower Bridge and Archimedean Points. Essay on Eisenstein's links with various cultures: Japan, C... more Flower Bridge and Archimedean Points. Essay on Eisenstein's links with various cultures: Japan, China, Pre-Columbian, etc. Imagist and other modes of thinking. His drawing from their resources as well as enriching them. Published in the attached open source Naum Kleiman Festschrift edited by Joan Neuberger and Antonio Somaini. Released on December 1, 2017.
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Papers by Olga Kataeva
Научная библиотека КиберЛенинка: http://cyberleninka.ru/article/n/ikonopis-kak-pervoosnova-hudozhestvennogo-obraza-stseny-vzyatiya-kazani-v-filme-s-m-eyzenshteyna-ivan-groznyy#ixzz4XLGl0O1f
Resitué dans la vaste dynamique de fracture anthropologique qui, à partir des travaux de L. Lévy-Bruhl, W. Frazer, A. Warburg nourrit les avant-gardes des années 1930 et inspire G. Bataille, A. Artaud, D.H. Lawrence, le face à face d’Eisenstein avec les stratifications et la puissance d’une civilisation autre, participe de la même énergie transgressive. Mais si les « leçons » qu’il en tire et qui l’occuperont jusqu’à sa mort intéressent en premier lieu le cinéaste échappé pour quelques mois au stalinisme, elles impliquent d’autres cinéastes, à d’autres époques et dans d’autres lieux, dans leur lien hypothétique à ce « second » Eisenstein et dans leur propre rapport documentaire et créatif à l’altérité violente et irrationnelle, « primitive » et historique du réel : Orson Welles, Maya Deren, P.P. Pasolini, Glauber Rocha, Cécilia Mangini, Raymonde Carasco. Et parce qu’elles impliquent autant l’anthropologie et l’archéologie que les domaines du cinéma, des arts visuels, de l’architecture, parce qu’elles engagent toute recherche d’autres formes de conscience, d'autres représentations du temps, d'autres expériences de création, ces « leçons » trouvent aujourd’hui des résonances très contemporaines qui les relient au mouvement des arts dans son entier.
Sortie avril 2016 – 426 pages
Isbn : 978-2-84016-237-7 – Prix : 25€
Illustrations N&B + cahier couleur – Langue : français
Talks by Olga Kataeva
La réflexion sur cette idée de transformation et du retour aux sources a été approfondie à travers l’étude de la culture chinoise, notamment les éléments de la philosophie taoïste. Eisenstein relève que l’acte de séparation présent dans le principe du Yin et du Yang constitue la ligne directrice de toutes ses recherches des moyens expressifs du septième art. Selon lui, le phénomène du cinéma représente par excellence la réalisation du principe du Yin et du Yang, accomplissant, en une union organique, l’alliance des principes essentiels des autres arts : la cohérence de tous les détails basée sur un conflit dynamique et dialectique.
Deuxièmement, lors de ses voyages en Russie, en Europe et au Mexique Eisenstein mène une recherche anthropologique sur le problème des pratiques autochtones de la fabrication des tissus et de la construction des vêtements afin de saisir les liens entre l’image globale [obraz] du pays et les formes qu’elle prend dans l’art local.
Troisièmement les tapisseries constituent le fond de l’action dans les films d’Eisenstein comme c’est le cas de sa dernière création intitulée Ivan le Terrible, où elles contribuent à la création d’une image spatio-temporelle complexe et stratifiée à travers le moyen de la surimpression des images hétérogènes dans l’intérieur d’un cadre.
En me basant sur l’analyse des textes et dessins inédits, matériaux iconographiques préparatoires pour le tournage et des photogrammes des films de Sergueï Eisenstein je proposerai l’étude des métaphores évoquant les nœuds, les tissus et les tapisseries dans le projet de la méthode cinématographique d’Eisenstein.
This interdisciplinary panel explores the recent trends in the reappropriation of the legacy of revolutionary Russian filmmaker and film theorist Sergei Eisenstein as more of his texts come to light and become translated (his late magnum opus Method, Moscow 2002 and the recently translated Notes for a General History of Cinema, Amsterdam 2015) and as film theory raises new issues pertinent for the twenty first century. It offers an analysis of the mobilization of Eisenstein’s heritage by various approaches within film studies and neighboring disciplines and provides some examples of the emerging ‘readings’ of Eisenstein from the positions of psychology and neurosciences, physiognomy, graphology and chirognomy. The panel bridges historical perspective in film studies and current advances in what can be described as ‘psy’ disciplines - the disciplines that aim to both understand subjectivity and to form, mold or construct a subject, in which attention to the body and the senses become increasingly prominent.
Reflecting on more than thirty years of experience as a leading Eisenstein scholar, Professor Ian Christie discusses the evolving graph of Eisenstein’s reputation – away from films and towards a closer engagement with his writings and graphics that allow a growing number of theoretical perspectives to claim his legacy.
Drawing on her expertise in neurosciences, Anna Kolesnikova explores how Eisenstein’s treatment of expressive movement, embodiment of emotional theme and pathos anticipates embodied perspective in contemporary film studies.
Cultural theorists Ada Ackerman and Olga Kataeva shed light on Eisenstein’s interest in graphology and chirognomy and his fascination with occultism – dimensions of his creative method which are much in need of further exploration and understanding.
Film scholar and psychologist Julia Vassilieva revisits Eisenstein’s collaboration with cultural psychologist Lev Vygotsky and neuropsychologist Alexander Luria and analyses how it enabled Eisenstein to address Grundproblem, the main problem of art researched in Method.
The physiognomy of lines: graphology and chirognomony as components of Eisensteinian creative method.
Another axis of Eisenstein's research which can be related to the fields of neuroscience and psychology concerns handwriting in general and that of mentally affected persons in particular.
While studying the works of graphologists belonging to opposing schools of graphology (French and German, according to W. Benjamin) Eisenstein analyzes and construes handwriting and drawing as various expressions of discharge of a psychosomatic conflict, a material he intends to articulate to his systematic and general attempt to define a creative method in arts and especially in cinematography.
Being himself a patient of graphologists Schermann and Zuev-Insarov, acquiring an important amount of books on the topic, Eisenstein is interested in the physiognomy of lines, in the expression of an emotional tension which is translated into a graphic trace. This interest can be tracked down to his youth, when he discovers physionomony and is appealed by the classification of the world it proposes ; Eisenstein then is even involved in chirognomony and dedicates some of his youth material to the subject, in a conjunction of science and esotericism which deserves deep discussion.
Relying on unpublished documents from Russian archives and from the Eisenstein apartment museum in Moscow, our lecture will propose an analysis of the “inexact” science of graphology as components of the Eisensteinian cinematographic method.
Au fait je devrais faire le point sur moi-même. M’exposer moi-même [Expose oneself ; en anglais dans le texte] à travers tous les détails, comme un atlas anatomique ou une carte géographique, et explorer moi-même sur tous les points, méridiens et parallèles.
Et une capacité de s’enflammer [en français dans le texte] à cause de n’importe quoi.
Et résoudre la plupart des choses [And to solve most of the things; en anglais dans le texte] pour lesquelles je m’enflamme [en français dans le texte]…
Maintenant où est le secret? [Now where’s the secret? En anglais dans le texte]. [Ma traduction].
Cette démarche eisensteinienne de l’auto-exploration patiente et continue, comme l’on explore un univers, s’inscrit dans l’esprit surréaliste dont l’exemple type est l’œuvre de Paul Éluard Mappemonde, représentant de différentes parties de corps et de différents sentiments sous la forme de continents séparés par des océans et des mers. Mais la source la plus importante de cette approche est la découverte du Mexique (1931- 1932) qui a profondément marqué Eisenstein, ce séjour le conduit à une autre connaissance de lui-même (un autre moi comme il le dit à un moment donné). Le dispositif de la carte géographique devient alors pour lui le moyen de penser la réalité complexe stratifié du pays, mais aussi un milieu de l’autoréflexion. Ainsi, l’image du premier autoportrait-carte d’Eisenstein croqué au Mexique, où il semble atterrir dans un pays impénétrable évoluera au fur à mesure de son voyage. Le dessin de Ledezma fait peu après incarne le résultat de cette évolution : c’est une immersion totale où le corps de l’artiste devient le corps même du pays.
En me fondant sur l’analyse de textes théoriques d’Eisenstein, de ses dessins et des photogrammes de ses films, ainsi que des œuvres graphiques de Covarrubias et Ledezma, je proposerai une étude d’une carte géographique comme le dispositif de l’exploration de son identité artistique. Ce défi de tracer la cartographie de soi-même constitue une affirmation de soi comme univers à part, un monde à explorer et à connaitre. Mais il s’inscrit aussi dans la recherche eisensteinienne d’un dispositif cartographique qui lui permettrait de construire un modèle visuel de son grand projet de la méthode globale du cinéma.
D’abord, du sacrifice comme abnégation de l’artiste. Ensuite, du sacrifice comme méthode de la formation des images. Il s’agira de ce « premier carnage de l’essence », de la dissection de la réalité en morceaux et de leur combinaison, qui est à la base de la méthode créatrice du montage. Enfin, l’axe le plus important, celui de l’immolation du médium qui marque le moment du passage de l’esquisse sur papier à l’écriture cinématographique.
sur nos héros d’aujourd’hui; et la voix des conteurs qui créent
un nouvel epos, ne semble pas étrangère à la poésie soviétique.
Plus que jamais, notre temps est le temps de l’epos »
(Batchelis I., « Serguei Eisenstein », revue Izvestia [Известия], 1940, p. 4)
Sergueï Eisenstein considérait la littérature comme l’un des précurseurs de l’art synthétique du cinéma. Il met en valeur les codes de l’écriture épique pour révéler les liens entre le passé et l’époque soviétique dans le film Ivan le Terrible. Ainsi il réunit la régression vers le mythe et l’expression du mouvement progressif de l’histoire dans le cadre d’une oeuvre d’art (la tâche impossible selon Wagner, dont l’oeuvre était au centre de l’attention d’Eisenstein avant le commencement du travail sur Ivan le Terrible). En me basant sur l’analyse de la séquence de la prise de Kazan, je proposerai une étude du passage du style des bylines, inspiré par l’iconographie des icônes russes, à une volonté stylistique d’un témoignage documentaire. L’un des principaux objectifs de cette synthèse stylistique, qui s’inscrit dans le projet de la synthèse des arts théorisée par Eisenstein, est la mythification de l’histoire soviétique et la construction de nouveau discours esthétique basé sur les idées patriotiques développées notamment lors de la période de la Seconde Guerre mondiale.
Le thème principal de la série des dessins de Sergueï Eisenstein « La mort du roi Duncan » est constitué par l’interaction dialectique des contraires dont l’essentiel est celui du Yin et du Yang. Tous les autres éléments binaires de l’image générale [obraz] de la série découlent de cette opposition fondamentale. Les réflexions autour de la théorie Taoïste évoquent la perception eisensteinienne du principe du montage concernant la création d’un nouveau sens au-delà de deux images juxtaposées.
Books by Olga Kataeva
Published in the attached open source Naum Kleiman Festschrift edited by Joan Neuberger and Antonio Somaini. Released on December 1, 2017.
Научная библиотека КиберЛенинка: http://cyberleninka.ru/article/n/ikonopis-kak-pervoosnova-hudozhestvennogo-obraza-stseny-vzyatiya-kazani-v-filme-s-m-eyzenshteyna-ivan-groznyy#ixzz4XLGl0O1f
Resitué dans la vaste dynamique de fracture anthropologique qui, à partir des travaux de L. Lévy-Bruhl, W. Frazer, A. Warburg nourrit les avant-gardes des années 1930 et inspire G. Bataille, A. Artaud, D.H. Lawrence, le face à face d’Eisenstein avec les stratifications et la puissance d’une civilisation autre, participe de la même énergie transgressive. Mais si les « leçons » qu’il en tire et qui l’occuperont jusqu’à sa mort intéressent en premier lieu le cinéaste échappé pour quelques mois au stalinisme, elles impliquent d’autres cinéastes, à d’autres époques et dans d’autres lieux, dans leur lien hypothétique à ce « second » Eisenstein et dans leur propre rapport documentaire et créatif à l’altérité violente et irrationnelle, « primitive » et historique du réel : Orson Welles, Maya Deren, P.P. Pasolini, Glauber Rocha, Cécilia Mangini, Raymonde Carasco. Et parce qu’elles impliquent autant l’anthropologie et l’archéologie que les domaines du cinéma, des arts visuels, de l’architecture, parce qu’elles engagent toute recherche d’autres formes de conscience, d'autres représentations du temps, d'autres expériences de création, ces « leçons » trouvent aujourd’hui des résonances très contemporaines qui les relient au mouvement des arts dans son entier.
Sortie avril 2016 – 426 pages
Isbn : 978-2-84016-237-7 – Prix : 25€
Illustrations N&B + cahier couleur – Langue : français
La réflexion sur cette idée de transformation et du retour aux sources a été approfondie à travers l’étude de la culture chinoise, notamment les éléments de la philosophie taoïste. Eisenstein relève que l’acte de séparation présent dans le principe du Yin et du Yang constitue la ligne directrice de toutes ses recherches des moyens expressifs du septième art. Selon lui, le phénomène du cinéma représente par excellence la réalisation du principe du Yin et du Yang, accomplissant, en une union organique, l’alliance des principes essentiels des autres arts : la cohérence de tous les détails basée sur un conflit dynamique et dialectique.
Deuxièmement, lors de ses voyages en Russie, en Europe et au Mexique Eisenstein mène une recherche anthropologique sur le problème des pratiques autochtones de la fabrication des tissus et de la construction des vêtements afin de saisir les liens entre l’image globale [obraz] du pays et les formes qu’elle prend dans l’art local.
Troisièmement les tapisseries constituent le fond de l’action dans les films d’Eisenstein comme c’est le cas de sa dernière création intitulée Ivan le Terrible, où elles contribuent à la création d’une image spatio-temporelle complexe et stratifiée à travers le moyen de la surimpression des images hétérogènes dans l’intérieur d’un cadre.
En me basant sur l’analyse des textes et dessins inédits, matériaux iconographiques préparatoires pour le tournage et des photogrammes des films de Sergueï Eisenstein je proposerai l’étude des métaphores évoquant les nœuds, les tissus et les tapisseries dans le projet de la méthode cinématographique d’Eisenstein.
This interdisciplinary panel explores the recent trends in the reappropriation of the legacy of revolutionary Russian filmmaker and film theorist Sergei Eisenstein as more of his texts come to light and become translated (his late magnum opus Method, Moscow 2002 and the recently translated Notes for a General History of Cinema, Amsterdam 2015) and as film theory raises new issues pertinent for the twenty first century. It offers an analysis of the mobilization of Eisenstein’s heritage by various approaches within film studies and neighboring disciplines and provides some examples of the emerging ‘readings’ of Eisenstein from the positions of psychology and neurosciences, physiognomy, graphology and chirognomy. The panel bridges historical perspective in film studies and current advances in what can be described as ‘psy’ disciplines - the disciplines that aim to both understand subjectivity and to form, mold or construct a subject, in which attention to the body and the senses become increasingly prominent.
Reflecting on more than thirty years of experience as a leading Eisenstein scholar, Professor Ian Christie discusses the evolving graph of Eisenstein’s reputation – away from films and towards a closer engagement with his writings and graphics that allow a growing number of theoretical perspectives to claim his legacy.
Drawing on her expertise in neurosciences, Anna Kolesnikova explores how Eisenstein’s treatment of expressive movement, embodiment of emotional theme and pathos anticipates embodied perspective in contemporary film studies.
Cultural theorists Ada Ackerman and Olga Kataeva shed light on Eisenstein’s interest in graphology and chirognomy and his fascination with occultism – dimensions of his creative method which are much in need of further exploration and understanding.
Film scholar and psychologist Julia Vassilieva revisits Eisenstein’s collaboration with cultural psychologist Lev Vygotsky and neuropsychologist Alexander Luria and analyses how it enabled Eisenstein to address Grundproblem, the main problem of art researched in Method.
The physiognomy of lines: graphology and chirognomony as components of Eisensteinian creative method.
Another axis of Eisenstein's research which can be related to the fields of neuroscience and psychology concerns handwriting in general and that of mentally affected persons in particular.
While studying the works of graphologists belonging to opposing schools of graphology (French and German, according to W. Benjamin) Eisenstein analyzes and construes handwriting and drawing as various expressions of discharge of a psychosomatic conflict, a material he intends to articulate to his systematic and general attempt to define a creative method in arts and especially in cinematography.
Being himself a patient of graphologists Schermann and Zuev-Insarov, acquiring an important amount of books on the topic, Eisenstein is interested in the physiognomy of lines, in the expression of an emotional tension which is translated into a graphic trace. This interest can be tracked down to his youth, when he discovers physionomony and is appealed by the classification of the world it proposes ; Eisenstein then is even involved in chirognomony and dedicates some of his youth material to the subject, in a conjunction of science and esotericism which deserves deep discussion.
Relying on unpublished documents from Russian archives and from the Eisenstein apartment museum in Moscow, our lecture will propose an analysis of the “inexact” science of graphology as components of the Eisensteinian cinematographic method.
Au fait je devrais faire le point sur moi-même. M’exposer moi-même [Expose oneself ; en anglais dans le texte] à travers tous les détails, comme un atlas anatomique ou une carte géographique, et explorer moi-même sur tous les points, méridiens et parallèles.
Et une capacité de s’enflammer [en français dans le texte] à cause de n’importe quoi.
Et résoudre la plupart des choses [And to solve most of the things; en anglais dans le texte] pour lesquelles je m’enflamme [en français dans le texte]…
Maintenant où est le secret? [Now where’s the secret? En anglais dans le texte]. [Ma traduction].
Cette démarche eisensteinienne de l’auto-exploration patiente et continue, comme l’on explore un univers, s’inscrit dans l’esprit surréaliste dont l’exemple type est l’œuvre de Paul Éluard Mappemonde, représentant de différentes parties de corps et de différents sentiments sous la forme de continents séparés par des océans et des mers. Mais la source la plus importante de cette approche est la découverte du Mexique (1931- 1932) qui a profondément marqué Eisenstein, ce séjour le conduit à une autre connaissance de lui-même (un autre moi comme il le dit à un moment donné). Le dispositif de la carte géographique devient alors pour lui le moyen de penser la réalité complexe stratifié du pays, mais aussi un milieu de l’autoréflexion. Ainsi, l’image du premier autoportrait-carte d’Eisenstein croqué au Mexique, où il semble atterrir dans un pays impénétrable évoluera au fur à mesure de son voyage. Le dessin de Ledezma fait peu après incarne le résultat de cette évolution : c’est une immersion totale où le corps de l’artiste devient le corps même du pays.
En me fondant sur l’analyse de textes théoriques d’Eisenstein, de ses dessins et des photogrammes de ses films, ainsi que des œuvres graphiques de Covarrubias et Ledezma, je proposerai une étude d’une carte géographique comme le dispositif de l’exploration de son identité artistique. Ce défi de tracer la cartographie de soi-même constitue une affirmation de soi comme univers à part, un monde à explorer et à connaitre. Mais il s’inscrit aussi dans la recherche eisensteinienne d’un dispositif cartographique qui lui permettrait de construire un modèle visuel de son grand projet de la méthode globale du cinéma.
D’abord, du sacrifice comme abnégation de l’artiste. Ensuite, du sacrifice comme méthode de la formation des images. Il s’agira de ce « premier carnage de l’essence », de la dissection de la réalité en morceaux et de leur combinaison, qui est à la base de la méthode créatrice du montage. Enfin, l’axe le plus important, celui de l’immolation du médium qui marque le moment du passage de l’esquisse sur papier à l’écriture cinématographique.
sur nos héros d’aujourd’hui; et la voix des conteurs qui créent
un nouvel epos, ne semble pas étrangère à la poésie soviétique.
Plus que jamais, notre temps est le temps de l’epos »
(Batchelis I., « Serguei Eisenstein », revue Izvestia [Известия], 1940, p. 4)
Sergueï Eisenstein considérait la littérature comme l’un des précurseurs de l’art synthétique du cinéma. Il met en valeur les codes de l’écriture épique pour révéler les liens entre le passé et l’époque soviétique dans le film Ivan le Terrible. Ainsi il réunit la régression vers le mythe et l’expression du mouvement progressif de l’histoire dans le cadre d’une oeuvre d’art (la tâche impossible selon Wagner, dont l’oeuvre était au centre de l’attention d’Eisenstein avant le commencement du travail sur Ivan le Terrible). En me basant sur l’analyse de la séquence de la prise de Kazan, je proposerai une étude du passage du style des bylines, inspiré par l’iconographie des icônes russes, à une volonté stylistique d’un témoignage documentaire. L’un des principaux objectifs de cette synthèse stylistique, qui s’inscrit dans le projet de la synthèse des arts théorisée par Eisenstein, est la mythification de l’histoire soviétique et la construction de nouveau discours esthétique basé sur les idées patriotiques développées notamment lors de la période de la Seconde Guerre mondiale.
Le thème principal de la série des dessins de Sergueï Eisenstein « La mort du roi Duncan » est constitué par l’interaction dialectique des contraires dont l’essentiel est celui du Yin et du Yang. Tous les autres éléments binaires de l’image générale [obraz] de la série découlent de cette opposition fondamentale. Les réflexions autour de la théorie Taoïste évoquent la perception eisensteinienne du principe du montage concernant la création d’un nouveau sens au-delà de deux images juxtaposées.
Published in the attached open source Naum Kleiman Festschrift edited by Joan Neuberger and Antonio Somaini. Released on December 1, 2017.