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23.12.11

Conte de Noël


La mer s'est déchaînée. 
Elle a rejeté sur son rivage un bout de ferraille dont personne ne sait que faire. On pourrait croire à une oeuvre d'artiste contemporain, tant l'allure se dresse droit dans le ciel. Elle se voit de loin, inutile d'aller payer les droits d'entrée qui se comptent en grains de sable apeurés.
Le ciel est resté gris, il forme un fond neutre à la couleur de la coque orangée. 
Dans les maisons, les lumières des guirlandes.
Ils vont se réunir, se rencontrer, se parler. 
Ils vont dire et cacher. 
Parfois, les carcasses rouillées sont au coeur des foyers. Il subsiste des naufrages, des épaves, qui ne sont jamais démantelées. 
C'est dans le paysage. C'est la géographie humaine, avec ses épreuves, ses peines.
Dans la maison qui vous parle, les murs sont lézardés. Le sol est d'argile. Elle tient par la vertu des volontés, des envies, des espoirs. 
Elle aurait voulu les revoir. Les anciens. Ceux d'avant. Ceux de ses souvenirs quand tout était facile.
Elle n'a pas oublié l'attente, les chaussons, les placards, les recherche, le souhait de deviner.
L'attente, c'est le meilleur.
Elle colmate les fissures avec un sourire, avec une caresse. Elle redresse un pan de mur avec leurs yeux, leur joliesse.
Il va falloir, un jour, dire, écrire, au lieu de ressasser.
Il va falloir couper les ponts, cesser.
Dans la cale du cadavre échoué, une cargaison de questions.
Dans la maison où le sapin brille, des chansons.
Elle s'éloigne et s'approche au gré des vents et des courants, elle ne maîtrise pas les lois de la mer, elle essaie juste d'être elle-même.
Mais elle sait bien que Noël va être un plat qui se mange froid.
Au printemps, on démantèle. Avant, peut-être.

Ah oui, j'oubliais, pardon.
Joyeux Noël.

18.12.11

Bilan

Voilà ouf.
Un lien vers le blog où j'ai mis l'article si vous n'avez pas déjà lu.
Aujourd'hui, j'étais sur le chantier de Jean-Noël, pour rédiger avec lui les "Doléances des ostréiculteurs".
A l'intérieur bien sûr, il associe l'environnement, le bassin versant de la ria d'El etc... Ça fait trois pages alors je ne vais pas résumer.

Cet après-midi, (et ce matin) je m'étais infiltrée à la réunion PCO où j'avais décidé de poser la casquette presse pour celle de "secrétaire" des ostréiculteurs. Y avait du beau monde, Préfet au téléphone, sous-préfet présent, un député, les élus, les équipes techniques de dépollution de Hollande, celle des sapeurs pompiers, et enfin les ostréiculteurs.

La bonne nouvelle est que toutes les exploitations ne sont pas fermées, les analyses sont bonnes pour 33 chantiers ostréicoles. Je dis 33 mais sur ces 33 là, y en a plein qui n'exercent pas pour le moment parce que la mortalité des jeunes huîtres leur a fait mettre la clé sous la porte.
Les exploitations qui seront fermées, peuvent quand même vendre leurs huîtres qui étaient en bassins insubmersibles la veille de la catastrophe, quand l'eau de pompage était encore propre.

Ainsi donc, il y aura des huîtres tout à fait saines à vendre entre Noël, le jour de l'an et après.

Ceux qui vont devoir fermer, mais qui avaient des commandes vont avoir la solidarité de leurs collègues : ils les fourniront en huîtres, le stock est suffisant pour partager.

Les opérations de pompages ont bien commencé, des "tanks" sont déjà vides, il reste des "water-ballast" (me demandez pas) à vider, ils pensent mettre une semaine pour terminer.

A la côte, les opérations de dépollutions faites par les pros ont rendu la plage de Kerminihy propre.
Les pompiers vont, dès que la marée le permettra, accéder aux endroits de la côte où il reste du fuel, grâce aux chalands des ostréiculteurs réquisitionnés.

Et puis demain?
Ben demain, c'est le ministre!
Dégustation d'huîtres et hop.
J'y serai.

Ce soir, c'est quand même un peu de soulagement.



16.12.11

Bêtise humaine

 Ceci est un bateau qui  ne devrait pas se trouver là.
 Ceci est un port où on croit aux miracles
 Ceux-ci sont ceux qui s'organisent avec leurs propres moyens pour empêcher une catastrophe. Mais.
Ceci est un calme trompeur quand on regarde au loin.

27.6.11

Travail? Vacances?

Il ne t'aura pas échappé que je suis peu présente ces temps-ci.
Tu te dis peut-être, comme je l'entends encore, mais puisque tu es à la maison tu as du temps, voire, être à la maison, c'est ne rien faire...
Je vais te dire...
Oui, j'ai du temps.
Du temps pour eux, du temps pour les Zotes, du temps pour la maison qui par définition se doit d'être accueillante, pour les enfants puisque j'en ai trois.
Je m'agace ostensiblement à présent, quand on croit, quand on me dit, quand on pense, que je ne fais rien de mes journées, puisque moi, chaque matin je ne prends pas ma voiture pour aller embaucher à 8 heures.
A vrai dire, j'ai failli. Le plein temps.
Je connais le "travail, le vrai", celui qui te mobilise à l'extérieur, 8 heures par jour, pour gagner ta croûte. Je connais les jours aux 5 lessives,  la fatigue dans les jambes en rentrant le soir et le soupir pour le repas à préparer. Voire sauter. Je l'ai fait. Avec deux enfants. Avec les frais de garde, les frais de gasoil, le bordel dans les chambres, la tête dans le guidon.
Pour un "travail, un vrai" qui ne me plaisait pas.
Certains aspects pourtant, peuvent me manquer, parfois, l'hiver. Les Gens. Le contact. S'apprêter aussi pour aller maquillée (ou non) coquette etc, me placer derrière un guichet, un bureau.
Ce qui ne me manque pas, c'est le bourrage de crâne, la répétition des gestes, le train-train immuable, attendu, la perte de mes neurones à chaque retrait d'argent, les mêmes phrases aux téléphones pour vendre un produit parce que la personne avait été choisie par un logiciel comme "appétante", ou bien "profilée", on lui créait un "besoin".
Je rentrais, je n'avais pas vu les premiers pas de ma fille.
Maintenant, je suis "à la maison". Alors, c'est connu, je glande.
C'est vrai, "un travail, un vrai" c'est produire quelque chose, rapporter, être une valeur ajoutée à la société. Alors, à la maison, je ne crée rien, n'est-ce pas? je ne vends rien, donc, je ne rapporte rien.
Ne me dis plus jamais, qui que tu sois, que j'ai le temps et que être à la maison, c'est pouvoir adhérer à tous les trucs bénévoles (tu ne rapportes rien, mais donne moi tes bras pour que tu sois au moins utile à quelque chose), dire oui à toutes les réunions à toutes les heures (ben oui, tu n'as pas de contrainte horaire) et tant qu'à faire, tiens, c'est toujours toi que j'appelle pour aller réceptionner un colis, puisque moi, j'ai "un travail, un vrai", et que je ne peux pas être là.
Je vais te dire, une vérité vraie.
Je n'ai PAS le temps.
Je suis là, mais je ne suis pas là.
Ce qu'il me plait de créer ne rapporte rien de concret. Ou si. Un art de vivre. Un contexte. Je favorise ton environnement. Je crée un cadre. Comme je cadre les photos et que je choisis mes mots.
Parfois, j'ai l'impression que je sème. Une graine, une plante inconnue, dont le fruit peut mettre des années à maturer. Je ne sais pas ce que je vais récolter. Je m'en moque à vrai dire. J'aimerais bien récolter quelque chose mais ce n'est pas mon but premier. Pas encore. Il me faut vivre, pour le moment, à ma façon, aussi bien que je peux, en correspondance avec l'idée que je me fais de la vie. Je n'ai pas un rond, mais j'ai un jardin. Je peux être à découvert, mais la mer aussi découvre le sable à quelques pas de chez moi. Je mange des pâtes? oui, mais j'aime les pâtes.
J'ai, avec Lui, créé la chambre d'hôtes. Parce ce que nous aimons les gens, parce que nous aimons notre Bretagne et que nous aimons partager. Nous pourrions augmenter les prix. Mais alors, nous perdrions les zôtes qui nous ressemblent. Ceux qui partagent les mêmes goûts, idées, valeurs parfois.
Mon travail, le vrai, c'est celui qui ressemble à vos vacances, puisqu'il se doit de vous faire sentir bien, en vacances.
Mon salaire, c'est votre sourire, votre plaisir, vos mmmmm, ou exclamations de contentement.

Mon salaire, c'est le plaisir que j'ai à faire des salades de fruits qui ressemblent à des fleurs. Façonner le pain. Sentir le pain d'épices quand je tranche en plein.
Mon travail, le vrai, est à l'intérieur. A l'intérieur dans la maison, à l'intérieur de vous, toi, moi.
Ne dis plus jamais qu'à la maison, qui que ce soit, glande.

Mais comme je ne suis pas rancunière, je te donne quelques photos, de mon travail, de mes vacances...

ps: je ne vise personne, seulement les idées préconçues...