Il ne t'aura pas échappé que je suis peu présente ces temps-ci.
Tu te dis peut-être, comme je l'entends encore,
mais puisque tu es à la maison tu as du temps, voire,
être à la maison, c'est ne rien faire...
Je vais te dire...
Oui, j'ai du temps.
Du temps pour eux, du temps pour les Zotes, du temps pour la maison qui par définition se doit d'être accueillante, pour les enfants puisque j'en ai trois.
Je m'agace ostensiblement à présent, quand on croit, quand on me dit, quand on pense, que je ne fais rien de mes journées, puisque moi, chaque matin je ne prends pas ma voiture pour aller embaucher à 8 heures.
A vrai dire, j'ai failli. Le plein temps.
Je connais le "travail, le vrai", celui qui te mobilise à l'extérieur, 8 heures par jour, pour gagner ta croûte. Je connais les jours aux 5 lessives, la fatigue dans les jambes en rentrant le soir et le soupir pour le repas à préparer. Voire sauter. Je l'ai fait. Avec deux enfants. Avec les frais de garde, les frais de gasoil, le bordel dans les chambres, la tête dans le guidon.
Pour un "travail, un vrai" qui ne me plaisait pas.
Certains aspects pourtant, peuvent me manquer, parfois, l'hiver. Les Gens. Le contact. S'apprêter aussi pour aller maquillée (ou non) coquette etc, me placer derrière un guichet, un bureau.
Ce qui ne me manque pas, c'est le bourrage de crâne, la répétition des gestes, le train-train immuable, attendu, la perte de mes neurones à chaque retrait d'argent, les mêmes phrases aux téléphones pour vendre un produit parce que la personne avait été choisie par un logiciel comme "appétante", ou bien "profilée", on lui créait un "besoin".
Je rentrais, je n'avais pas vu les premiers pas de ma fille.
Maintenant, je suis "à la maison". Alors, c'est connu, je glande.
C'est vrai, "un travail, un vrai" c'est produire quelque chose, rapporter, être une valeur ajoutée à la société. Alors, à la maison, je ne crée rien, n'est-ce pas? je ne vends rien, donc, je ne rapporte rien.
Ne me dis plus jamais, qui que tu sois, que j'ai le temps et que être à la maison, c'est pouvoir adhérer à tous les trucs bénévoles (tu ne rapportes rien, mais donne moi tes bras pour que tu sois au moins utile à quelque chose), dire oui à toutes les réunions à toutes les heures (ben oui, tu n'as pas de contrainte horaire) et tant qu'à faire, tiens, c'est toujours toi que j'appelle pour aller réceptionner un colis, puisque moi, j'ai "un travail, un vrai", et que je ne peux pas être là.
Je vais te dire, une vérité vraie.
Je n'ai PAS le temps.
Je suis là, mais je ne suis pas là.
Ce qu'il me plait de créer ne rapporte rien de concret. Ou si. Un art de vivre. Un contexte. Je favorise ton environnement. Je crée un cadre. Comme je cadre les photos et que je choisis mes mots.
Parfois, j'ai l'impression que je sème. Une graine, une plante inconnue, dont le fruit peut mettre des années à maturer. Je ne sais pas ce que je vais récolter. Je m'en moque à vrai dire. J'aimerais bien récolter quelque chose mais ce n'est pas mon but premier. Pas encore. Il me faut vivre, pour le moment, à ma façon, aussi bien que je peux, en correspondance avec l'idée que je me fais de la vie. Je n'ai pas un rond, mais j'ai un jardin. Je peux être à découvert, mais la mer aussi découvre le sable à quelques pas de chez moi. Je mange des pâtes? oui, mais j'aime les pâtes.
J'ai, avec Lui, créé la chambre d'hôtes. Parce ce que nous aimons les gens, parce que nous aimons notre Bretagne et que nous aimons partager. Nous pourrions augmenter les prix. Mais alors, nous perdrions les zôtes qui nous ressemblent. Ceux qui partagent les mêmes goûts, idées, valeurs parfois.
Mon travail, le vrai, c'est celui qui ressemble à vos vacances, puisqu'il se doit de vous faire sentir bien, en vacances.
Mon salaire, c'est votre sourire, votre plaisir, vos mmmmm, ou exclamations de contentement.
Mon salaire, c'est le plaisir que j'ai à faire des salades de fruits qui ressemblent à des fleurs. Façonner le pain. Sentir le pain d'épices quand je tranche en plein.
Mon travail, le vrai, est à l'intérieur. A l'intérieur dans la maison, à l'intérieur de vous, toi, moi.
Ne dis plus jamais qu'à la maison, qui que ce soit, glande.
Mais comme je ne suis pas rancunière, je te donne quelques photos, de mon travail, de mes vacances...
ps: je ne vise personne, seulement les idées préconçues...