Papers by Elena Simona Bonelli
In Shakespeare’s Julius Caesar, Cinna the Poet is killed by an angry mob
because he is mistaken f... more In Shakespeare’s Julius Caesar, Cinna the Poet is killed by an angry mob
because he is mistaken for another Cinna, one of the conspirators against Caesar. The aim of this paper is to analyse how Shakespeare insists on the unfortunate destiny of this poet whose proper name is fatally misread. From the references to Plutarch and the legend of Orpheus, to the modern adaptation by the British playwright Tim Crouch, the fate of this poet raises questions on the political, literary and
intertextual dimensions of the proper names. The uncanny doubling of identities unveils the ambivalence of language.
While the proper name is thought to be something that marks one’s
identity, the face is that part... more While the proper name is thought to be something that marks one’s
identity, the face is that part of the body in which the subject’s individuality is inscribed.
The Inconnue de la Seine (The Unknown Woman of the Seine) – the mask of a drowned young woman that fascinated the Surrealists – has inspired numerous literary works. The death mask is a trace, a transposition, what remains of a lifeless face; the popularity of the Inconnue makes of this mask a face without a name, but
at the same time its reproductions create a proliferation of identities.
Il Nome nel testo n° V
Rivista internazionale di onomastica letteraria (2003)
Prophetic writings of the English prophetess Eleanor Davies
Talks by Elena Simona Bonelli
Princesa est un des premiers textes de la littérature migrante en langue italienne, publié en Ita... more Princesa est un des premiers textes de la littérature migrante en langue italienne, publié en Italie en 1994. Il s’agit d’une écriture réaliste et documentaire qui narre les métamorphoses et les créations identitaires et sexuelles de Fernanda, une personne transgenre immigrée du Brésil en Italie à la fin des années 1980.
Ce qui rend cette narration singulière, est la réfraction entre le corps du protagoniste et le corps du texte : pendant sa détention dans la prison de Rebibbia, à Milan, un berger sarde devient son confident et ensemble ils écrivent la vie de Fernanda dans une langue qui est un mélange de leurs langues maternelles (portugais et sarde). Le brigadiste rouge Maurizio Iannelli – se trouvant dans la même prison – est fasciné par cette narration, et traduit le texte en italien.
Les deux transcripteurstraducteurs entretiennent avec la narration de Fernanda un corps à corps qui passe de l’oralité à l’écriture, d’une langue à l’autre, et dont le résultat final est une version en italien qui laisse entrevoir l’origine portugaise, à travers des phrases en langue originale qui exaltent les moments de la narration, mais aussi pour la présence d’un glossaire qui explique les mots portugais qui restent intraduisibles. Le processus de traduction produit un nouveau texte, tout en révélant l’ancien, dans un va-et-vient entre original et traduction.
L’étude d’un texte original qui est un texte hybride, métissé, le produit d’un processus
d’écrituretraduction, est un intéressant point de départ pour une analyse théorique de la traduction vue comme ouverture, dialogue, décentrement. Ce genre de texte semble effacer la distinction traditionnelle entre langue de départ et langue d’arrivée, pour produire ce que Edouard Glissant appelle une « intervalorisation », lorsqu’il définit l’identité comme rhizome.
La traduction rend possible l’ouverture à l’Autre et constitue, par conséquent, un des
premiers actes de culture. Traduire c’est penser la culture non seulement comme fondement de toute compréhension, mais aussi et surtout comme rapport et rencontre avec l’altérité : traduire sans culture(s) n’est pas traduire. La figure du traducteur qui, dans le cas de Pricesa, succombe au charme de l’altérité et à l’étrangeté de l’original, opère au milieu d’une pluralité de langues et de cultures, faites de tissages et métissages.
"Il nome proprio tra veli e simulacri" -
Inconnue de la Seine et Aurélien de Louis Aragon
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Papers by Elena Simona Bonelli
because he is mistaken for another Cinna, one of the conspirators against Caesar. The aim of this paper is to analyse how Shakespeare insists on the unfortunate destiny of this poet whose proper name is fatally misread. From the references to Plutarch and the legend of Orpheus, to the modern adaptation by the British playwright Tim Crouch, the fate of this poet raises questions on the political, literary and
intertextual dimensions of the proper names. The uncanny doubling of identities unveils the ambivalence of language.
identity, the face is that part of the body in which the subject’s individuality is inscribed.
The Inconnue de la Seine (The Unknown Woman of the Seine) – the mask of a drowned young woman that fascinated the Surrealists – has inspired numerous literary works. The death mask is a trace, a transposition, what remains of a lifeless face; the popularity of the Inconnue makes of this mask a face without a name, but
at the same time its reproductions create a proliferation of identities.
Talks by Elena Simona Bonelli
Ce qui rend cette narration singulière, est la réfraction entre le corps du protagoniste et le corps du texte : pendant sa détention dans la prison de Rebibbia, à Milan, un berger sarde devient son confident et ensemble ils écrivent la vie de Fernanda dans une langue qui est un mélange de leurs langues maternelles (portugais et sarde). Le brigadiste rouge Maurizio Iannelli – se trouvant dans la même prison – est fasciné par cette narration, et traduit le texte en italien.
Les deux transcripteurstraducteurs entretiennent avec la narration de Fernanda un corps à corps qui passe de l’oralité à l’écriture, d’une langue à l’autre, et dont le résultat final est une version en italien qui laisse entrevoir l’origine portugaise, à travers des phrases en langue originale qui exaltent les moments de la narration, mais aussi pour la présence d’un glossaire qui explique les mots portugais qui restent intraduisibles. Le processus de traduction produit un nouveau texte, tout en révélant l’ancien, dans un va-et-vient entre original et traduction.
L’étude d’un texte original qui est un texte hybride, métissé, le produit d’un processus
d’écrituretraduction, est un intéressant point de départ pour une analyse théorique de la traduction vue comme ouverture, dialogue, décentrement. Ce genre de texte semble effacer la distinction traditionnelle entre langue de départ et langue d’arrivée, pour produire ce que Edouard Glissant appelle une « intervalorisation », lorsqu’il définit l’identité comme rhizome.
La traduction rend possible l’ouverture à l’Autre et constitue, par conséquent, un des
premiers actes de culture. Traduire c’est penser la culture non seulement comme fondement de toute compréhension, mais aussi et surtout comme rapport et rencontre avec l’altérité : traduire sans culture(s) n’est pas traduire. La figure du traducteur qui, dans le cas de Pricesa, succombe au charme de l’altérité et à l’étrangeté de l’original, opère au milieu d’une pluralité de langues et de cultures, faites de tissages et métissages.
because he is mistaken for another Cinna, one of the conspirators against Caesar. The aim of this paper is to analyse how Shakespeare insists on the unfortunate destiny of this poet whose proper name is fatally misread. From the references to Plutarch and the legend of Orpheus, to the modern adaptation by the British playwright Tim Crouch, the fate of this poet raises questions on the political, literary and
intertextual dimensions of the proper names. The uncanny doubling of identities unveils the ambivalence of language.
identity, the face is that part of the body in which the subject’s individuality is inscribed.
The Inconnue de la Seine (The Unknown Woman of the Seine) – the mask of a drowned young woman that fascinated the Surrealists – has inspired numerous literary works. The death mask is a trace, a transposition, what remains of a lifeless face; the popularity of the Inconnue makes of this mask a face without a name, but
at the same time its reproductions create a proliferation of identities.
Ce qui rend cette narration singulière, est la réfraction entre le corps du protagoniste et le corps du texte : pendant sa détention dans la prison de Rebibbia, à Milan, un berger sarde devient son confident et ensemble ils écrivent la vie de Fernanda dans une langue qui est un mélange de leurs langues maternelles (portugais et sarde). Le brigadiste rouge Maurizio Iannelli – se trouvant dans la même prison – est fasciné par cette narration, et traduit le texte en italien.
Les deux transcripteurstraducteurs entretiennent avec la narration de Fernanda un corps à corps qui passe de l’oralité à l’écriture, d’une langue à l’autre, et dont le résultat final est une version en italien qui laisse entrevoir l’origine portugaise, à travers des phrases en langue originale qui exaltent les moments de la narration, mais aussi pour la présence d’un glossaire qui explique les mots portugais qui restent intraduisibles. Le processus de traduction produit un nouveau texte, tout en révélant l’ancien, dans un va-et-vient entre original et traduction.
L’étude d’un texte original qui est un texte hybride, métissé, le produit d’un processus
d’écrituretraduction, est un intéressant point de départ pour une analyse théorique de la traduction vue comme ouverture, dialogue, décentrement. Ce genre de texte semble effacer la distinction traditionnelle entre langue de départ et langue d’arrivée, pour produire ce que Edouard Glissant appelle une « intervalorisation », lorsqu’il définit l’identité comme rhizome.
La traduction rend possible l’ouverture à l’Autre et constitue, par conséquent, un des
premiers actes de culture. Traduire c’est penser la culture non seulement comme fondement de toute compréhension, mais aussi et surtout comme rapport et rencontre avec l’altérité : traduire sans culture(s) n’est pas traduire. La figure du traducteur qui, dans le cas de Pricesa, succombe au charme de l’altérité et à l’étrangeté de l’original, opère au milieu d’une pluralité de langues et de cultures, faites de tissages et métissages.