Papers by Thibon Jean-Jacques
Abū Ḥāmid al-Ġazālī (m.505/1111), la voie du juste milieu, une réforme de l'Islam au 5e s... more Abū Ḥāmid al-Ġazālī (m.505/1111), la voie du juste milieu, une réforme de l'Islam au 5e siècle de l’Hégire. Résumé de la communication Dans nombre de ses écrits, le théologien mamelouk ḥanbalite Ibn Taymiyya (m.728/1328) se réfère à l’œuvre du théologien perse ašʿarite Abū Ḥāmid al-Ġazālī. Même si les propos qu’il tient sont le plus souvent polémiques, il n’en reste pas moins qu’à plusieurs reprises le Šayẖ de l’Islam damascène loue les qualités de la Preuve de l'islam (Ḥuǧǧat al-islam). En réalité, les visées du théologien ḥanbalite s’apparentaient à celles de son illustre prédécesseur. Comme al-Ġazālī, Ibn Taymiyya se pose en rénovateur (Muǧaddid) de son temps. Comme lui, dans une soif inextinguible de retour aux origines, il explore les doctrines de ses prédécesseurs. En particulier, dans ses analyses du corpus ghazalien, il ne manque jamais une occasion de critiquer les emprunts conceptuels réalisés par Ġazālī en dehors de ce qu’il considère être « l’orthodoxie » islamique. Or, ce que nous voudrions montrer ici, en nous attardant sur l’épistémologie et l’herméneutique du théologien perse, c’est qu’en réalisant une fusion des systèmes de pensée de son époque, le théologien perse a fini par déployer une pensée hautement inclusive. Une pensée dont l’un des objectifs affirmés par al-Ġazālī était, entre autres, le dépassement des oppositions entre les différents courants de pensée et dans laquelle il exhortait le croyant à un retour au moment fondateur de l’Islam, sur les traces des pieux prédécesseurs (Salaf al-ṣāliḥ). Ce faisant nous verrons, par exemple, comment al-Ġazālī tenta de dépasser la dichotomie littéralisme/taʾwīl, au sein de son herméneutique.
Collected Works on Early Sufism, Vol. 3, éd. N. Poorjavadi et M. Soori, 2009
Présentation et édition de l'épître de Abū ‘Abd al-Raḥmān al-Sulamī (m. 1021) intitulée Sharḥ ma‘... more Présentation et édition de l'épître de Abū ‘Abd al-Raḥmān al-Sulamī (m. 1021) intitulée Sharḥ ma‘ānī l-ḥurūf ( Commentaire des significations des lettre de l'alphabet)
Ethics and Spirituality in Islam, 2017
International audienc
La premiere partie de cet article presente la lecture que font les soufis des termes orient et oc... more La premiere partie de cet article presente la lecture que font les soufis des termes orient et occident d'apres leurs commentaires des sources scripturaires, en particulier coraniques. L'accent est mis sur la dimension symbolique de ces deux concepts et leur usage dans le cheminement spirituel. Pour les soufis, il n'y a pas d'opposition entre Orient et Occident mais une complementarite ontologique qui se resorbe quand l'homme, depassant le plan horizontal, retrouve sa dimension verticale. Dans la deuxieme partie, est abordee la biographie de trois personnages qui, a des epoques differentes, ont eu un parcours de vie presentant bien des similitudes. Il fut marque en particulier par l'exil qui les conduisit de l'occident du monde musulman vers ce qui en represente pour eux l'orient, le Moyen-Orient, pour finir leur vie dans la ville de Damas. Il s'agit d'Ibn 'Arabi (m.1240), de l'Emir Abd al-Qâdir al-Jazâ'iri (m. 1883) et du cheikh M...
Religions: A Scholarly Journal, 2016
Islam is no exception to the commonplace that women seem to have played a minor role in the elabo... more Islam is no exception to the commonplace that women seem to have played a minor role in the elaboration and transmission of spiritual doctrine in the three monotheistic religions. But as a result of widespread ignorance of the history of Islam, even amongst believers themselves, it is often somewhat hastily upheld that the position of Islam has always been radically misogynist, as if women had never been given the slightest prominence in its history. And yet, as this article demonstrates, the role played by women, or the position they have often acquired with difficulty, has not followed a smooth course throughout nearly fifteen centuries of Islamic history.The aim of this paper is to study the position of women in a specific context: that of the spiritual masters and mystics of Islam who, for purposes of simplification, can be grouped under the generic term of Sufis. This study will be limited chronologically to medieval times, and in particular to the pivotal period of the tenth c...
Cet article aborde la question de l'amour mystique (mahabba) chez les premiers soufis, son le... more Cet article aborde la question de l'amour mystique (mahabba) chez les premiers soufis, son lexique et son role dans le cheminement spirituel. Malgre les fortes reticences des theologiens, le langage de l'experience spirituelle s'est tres tot oriente vers celui de l'amour, si bien qu'au XIe siecle il fait partie de l'enseignement de la grande majorite des maitres spirituels. Une attention particuliere est portee aux premiers manuels du soufisme afin d'observer la maniere dont ils abordent cette question et la terminologie employee. Nous relevons l'apparition de ce terme, ses premiers developpements et les themes auxquels il est associe comme celui de connaissance (ma'rifa), de la chevalerie spirituelle (futuwwa) ou de l'ivresse. Dans la formation de leurs disciples, les points de vue et les approches des maitres spirituels de Bagdad et ceux de Nichapour different. Si l'amour est devenu une donnee essentielle de la voie spirituelle, tous les maitres, n'en usent pas de la meme maniere. Certains, conscients de la difficulte de canaliser ses debordements, reservent l'amour aux plus hauts degres de l'experience spirituelle, tandis que d'autres font appel a sa puissance transformante des l'entree dans la voie.
Archives de sciences sociales des religions, 2017
Les maîtres soufis et leurs disciples des IIIe-Ve siècles de l'hégire (IXe-XIe)
Traduction de l'ouvrage Ṭabaqāt al-ṣūfiyya de Abū ʿAbd al-Raḥmān, Muḥammad b. Ḥusayn al-S... more Traduction de l'ouvrage Ṭabaqāt al-ṣūfiyya de Abū ʿAbd al-Raḥmān, Muḥammad b. Ḥusayn al-Sulamī (325/937-412/1021)
Durant près de quatre-vingt ans, les travaux d'édition ou de traductions mais aussi les monograph... more Durant près de quatre-vingt ans, les travaux d'édition ou de traductions mais aussi les monographies ou les études thématiques liées à l'oeuvre de Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī se sont succédés à un rythme soutenu. Tour à tour historien, muḥaddith, exégète ou maître soufi, l'homme n'est pas facile à saisir, car il parle très rarement de lui-même. Mais son oeuvre est une référence majeure pour l'étude et la compréhension du soufisme durant sa période fondatrice. Si son rôle à l'égard de celui-ci est de l'ordre de la synthèse, à certains égards son entreprise de collecte et de mise en ordre de l'enseignement des maîtres relève d'un travail de fondation, similaire à celui de Ṭabarī pour l'exégèse ou de Shāfi'ī pour le droit. Ce colloque international, organisé à l'occasion du millième anniversaire de son décès, permettra de dresser un bilan de la recherche académique réalisée sur Sulamī, son oeuvre, sa postérité ou son influence sur le soufisme postérieur. Argumentaire Muḥammad b. Ḥusayn Abū 'Abd al-Raḥmān al-Sulamī est décédé il y a exactement un millénaire cette année (3 novembre 1021). Pour tous ceux qui s'intéressent à la période fondatrice du soufisme, c'est une figure incontournable qui, à travers une oeuvre abondante, a collecté, organisé et transmis les enseignements des premiers soufis. Héritier de l'une des familles savantes de Nishapour, à une époque où la métropole du Khurasan connaît une intense activité intellectuelle lui permettant de rivaliser avec Bagdad, ce personnage représente un maillon essentiel de l'histoire du soufisme primitif. Muḥaddith de formation et par tradition familiale, il apparaît comme un historien du soufisme rédigeant une histoire monumentale, Ta'rīkh al-ṣūfiyya, qui ne subsiste qu'à travers des citations d'auteurs postérieurs. Ses Ṭabaqāt al-ṣūfiyya constituent une histoire de la doctrine du soufisme à travers les enseignements de ses premiers maîtres, dans une tentative qui vise à unifier une spiritualité encore très largement dépendante des contextes locaux. L'ouvrage est complété par un opuscule exclusivement dédié aux femmes, qui pourrait être l'un des premiers du genre (Dhikr al-niswa al-muta'abbidāt alṣūfiyyāt). Il compose par ailleurs un ensemble de textes liés aux pratiques des soufis, souvent cité sous le titre de Sunan al-ṣūfiyya, qui ne nous est pas parvenu. Certains des traités mineurs, en général organisés de manière thématique (samā', adab, rukhaṣ, etc.), pourraient représenter des fragments de cette 'Somme'. Il est également exégète : ses Ḥaqā'iq al-tafsīr, complétées par les Ziyādāt, compilent l'une des premières exégèses composées exclusivement des paroles des soufis et couvrent la totalité du texte coranique, sans toutefois proposer des gloses pour l'ensemble de ses versets. Par ailleurs certains de ses ouvrages sont parmi les rares témoignages documentant des courants qui ont par la suite disparu ou ont connu des évolutions profondes, comme celui des Malāmatiyya ou la Futuwwa du Khurāsān. L'organisation de cette oeuvre prolifique qui couvre l'ensemble des thèmes qui intéressent les soufis de son temps répond aux nécessités d'une époque dans laquelle les différentes sciences sont en voie de constitution, dressant la liste de leurs autorités, définissant leurs principes, affinant leur méthodologie et leurs finalités. Le soufisme entend bien occuper une place à part entière parmi les sciences de l'islam et cette oeuvre contribue à préciser les contours de ce qui sera reconnu sous les appellations de taṣawwuf (pour désigner la science des soufis) et de ṣūfiyya (pour désigner les hommes qui la revendiquent ou s'y rattachent). Ces termes, à partir de l'époque de Sulamī, vont s'imposer pour désigner les diverses formes de spiritualité. L'oeuvre est donc volumineuse et, fort heureusement pour nous, a bénéficié d'une large diffusion, si bien que la liste des titres qui nous sont parvenus avoisine la cinquantaine. Si elle est presqu'entièrement dédiée au soufisme, cette oeuvre ne permet pas de percer facilement les liens de son auteur avec le soufisme. Sulamī fut-il lui-même un maître soufi? La question reste ouverte. Abū 'Alā' al-'Afīfī fut le premier à éditer un texte complet de Sulamī au Caire en 1945 avec la Risāla al-malāmatiyya. Texte dont R. Hartmann avait proposé une analyse dans un article pionnier (Der Islam 8, 1918). Les éditions suivantes de textes appartenant à son oeuvre datent des années cinquante (M. J. Kister, F. Taeschner, N. Shurayba). Ce travail éditorial s'est poursuivi dans les décennies suivantes (J. Pedersen, P. Nwyia, E. Kohlberg, S. Ates, N. Zeidan) Les travaux universitaires se sont accélérés à partir des années 90. La majorité des textes connus de Sulamī sont maintenant édités grâce en particulier aux efforts érudits de G. Böwering et de B. Orfali et à l'entreprise de publication des oeuvres complètes de N. Pourjavadi (trois tomes édités et le quatrième sous presse) qui réunissent des textes édités, mais parfois peu accessibles, et d'autres édités pour la première fois. Des thèses ont été rédigées sur cet auteur (L. Berger, J.-J. Thibon, J. Welle, S. Z. Chowdhury et sans doute d'autres dans le monde arabe et iranien). Des articles nombreux ont abordé tel ou tel aspect de son oeuvre (voir la bibliographie). Une importante activité de traduction a vu le jour, en français, en allemand, en anglais, en italien, en turc (R.
Scholarly correspondences--a window into the DNA of scholarship: The case of Rudolf Strothmann
Les enjeux de l'écriture mystique, 2020
Notre réflexion se base sur un échange poétique qui, selon la présentation rapportée par Sulamī (... more Notre réflexion se base sur un échange poétique qui, selon la présentation rapportée par Sulamī (m. 412/1021) dans ses T. abaqāt al-s .ū fiyya, met en scène Nūrī (m. 295/907),Ǧunayd (m. 297/910) et Šiblī (m. 334/946), trois figures majeures du soufisme bagdadien primitif. À partir d'un prétexte, la maladie qui frappe les deux premiers personnages, le motif de l'épreuve qui est nodal dans l'architecture doctrinale du soufisme, est traité de trois manières différentes, à l'aide de la prose ou de la poésie par chacun des protagonistes, illustration d'une controverse feutrée. Nous interrogeons les usages de la prose et de la poésie dans ces discours et leurs relations avec l'expérieence mystique et les formulations doctrinales. Après avoir présenté ces fragments poétiques, nous devrons tenter d'expliciter des contenus, abscons de prime abord. Ensuite, nous envisagerons les raisons du choix de ces divers modes d'expression, afin de mieux cerner l'un des usages de la poésie pour les soufis : à savoir rendre compte de l'expérience spirituelle. Le propos est finalement de tenter de retrouver le noyau primitif autour duquel le h abar s'est développé, et les temporalités successives qui le composent. Mots-clés : soufisme, Bagdad,Ǧunayd, Nūrī, Šiblī, poésie mystique, maladie, épreuve, expérience mystique , doctrine. S'intéresser à l'usage que les soufis font de la poésie et aux diverses fonctions qu'elle peut remplir à l'époque médiévale conduit au préalable à rappeler le cadre des débats dans lequel celle-ci s'inscrit. La question qu'ils se posent est la suivante : pourquoi ne pas s'en tenir au Coran et lui préférer une parole humaine, quelle qu'en soit sa forme ? Abū Nas. r al-Sarrāǧ (m. 378/988), l'auteur des al-Luma'fī-l-tas. awwuf, rappelle ce débat et désigne deux groupes distincts d'auditeurs : ceux qui privilégient l'audition du Coran et d'autres qui eux se sont tournés vers l'écoute de la poésie et du chant, en particulier à travers la pratique du samā'. L'argument de ces derniers est que la nature humaine, d'après les traits qui la caractérisent, éprouve une familiarité avec
Archives de sciences sociales des religions, 178 (juillet-septembre 2017), p. 71-88
Au début du ... more Archives de sciences sociales des religions, 178 (juillet-septembre 2017), p. 71-88
Au début du ve/xie siècle, l’attachement de nombreux soufis à la collecte, à la transmission et à l’exégèse du hadith représente déjà une forme de dévotion à la personne du Prophète. La chaîne de transmission (isnâd) des hadiths n’est plus seulement perçue comme la garante de l’authenticité de la parole prophétique, elle porte également la trace de la présence du Prophète qui chemine à travers les générations de transmetteurs. De ce fait, elle peut être perçue comme une relique transmise avec ferveur. Cette nouvelle dimension de l’isnâd est à relier avec l’émergence progressive, vers la fin du ive/xe siècle, d’une part du modèle prophétique comme source fondamentale de la voie spirituelle et d’autre part de la formalisation du rôle et du statut du maître spirituel dans l’éducation des disciples. L’enseignement des maîtres, collecté sous forme de sentences selon les normes des traditionnistes, reçoit un statut similaire à celui du hadith.
Mots-clés : enseignement, exégèse, modèle prophétique, sentences, transmission.
Transmission of the hadith and prophetic model in early Sufism
At the beginning of the 5th/11th century, the attachment of numerous Sufis to gathering, transmission and exegesis of the hadith already represents a form of devotion to the Prophet’s person. The chain of transmitters (isnâd) in the hadith is not merely perceived as a guarantee of the authenticity of the prophetic word, but it also carries the trace of the prophetic presence, which travels through generations of transmitters and can therefore be understood as a relic passed on devoutly. In the late 4th/10th century, this new dimension of isnâd is linked with the gradual emergence, on the one hand, of the prophetic model as fundamental source of the spiritual path and on the other of the role and status of the spiritual master in the training of disciples. The master’s teaching, collected as sentences with the traditionalists’ standards, receives a similar status to that of the hadith.
Keywords: teaching, exegesis, imitation of the Prophet, spiritual master, chain of transmission.
Dans les premiers manuels de soufisme, l'usage du terme adab est cantonné pour l'essentiel à la m... more Dans les premiers manuels de soufisme, l'usage du terme adab est cantonné pour l'essentiel à la maîtrise des passions humaines ou à des emplois qui relèvent d'une sorte d'étiquette du bel-agir. Peu présent dans le lexique des maîtres de Nīshāpūr dans la première moitié du IXe siècle, le terme est très présent dans l'expression du soufisme bagdadien du moins à l'époque de Ǧunayd. Par la suite, il occupe une place centrale dans l'éducation des disciples telle que la formalise Abū ‘Uṯmān al-Ḥīrī, en lien avec l'émergence de la figure du maître comme héritier du Prophète. Les multiples ouvrages que Sulamī consacre à cette notion, rende compte de cette évolution qui conduit le terme adab à devenir un élément incontournable de l'expression du soufisme. Cet article s'emploie à retracer les étapes et les figures majeures qui ont contribué à cette évolution.
Religions/Adyān, "Women & the Feminine", n°8, p. 64-76
The aim of this paper is to study the position of women in a specific context: that of the spirit... more The aim of this paper is to study the position of women in a specific context: that of the spiritual masters and sufis. Focus is placed on religious practices and teaching work, and consequently on the mission of spiritual transmission which these women undertook throughout their lives. Around the tenth century, the great metropolis of Nishapur offered an environment which enabled women to participate actively in the spiritual life of the city, at least for those belonging to a certain elite: teaching, debates or studies, they undertake the same activities as men. But Bassora, Baghdad, Damascus or Cairo are not outdone. Thus women are seen to travel so they can study and become recognised and respected masters. On occasion they can lecture men; they have disciples, both male and female; they give financial support to the development of a Sufi group around a master. They devote themselves to serving the very poor and spend their fortunes to further the cause of God.
Essays on The Arabian Nights, éd. Rizwanur Rahman § Syed Akhtar Husain , India International Centre, Delhi, Primus Book, Mar 2015
This paper explores the presence of sufism in The Arabian Nights. My aim is to identify how this ... more This paper explores the presence of sufism in The Arabian Nights. My aim is to identify how this work portrays spirituality in general and sainthood in particular. The present paper does not claim to offer a complete answer to the question, but only to suggest some hitherto little explored lines of thought. Searching for signs of the presence of sufis leads to two main questions. The first is how their presence is expressed; the second is what conclusion can be drawn from their presence without running the risk of unjustifiable interpolations.
To answer these questions, this essay will address first sufi masters and other types of mystics; second saints and finally the values and beliefs conveyed by the tales in which they are the players.
Fāṭima bint ‘Abbās al-Baġdādiyya, Fāṭima bint Abī ‘Alī al-Daqqāq, Fāṭima bint ibn al-Muṯannā de C... more Fāṭima bint ‘Abbās al-Baġdādiyya, Fāṭima bint Abī ‘Alī al-Daqqāq, Fāṭima bint ibn al-Muṯannā de Cordoue, Fāṭima de Nichapour, Rayḥāna al-Maajnūna, Ša‘wāna, Umm al-Faḍl al-Wahṭiyya, Umm ‘Alī, Rābi‘a bint Ismā‘īl al-Šāmiyya
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Papers by Thibon Jean-Jacques
Au début du ve/xie siècle, l’attachement de nombreux soufis à la collecte, à la transmission et à l’exégèse du hadith représente déjà une forme de dévotion à la personne du Prophète. La chaîne de transmission (isnâd) des hadiths n’est plus seulement perçue comme la garante de l’authenticité de la parole prophétique, elle porte également la trace de la présence du Prophète qui chemine à travers les générations de transmetteurs. De ce fait, elle peut être perçue comme une relique transmise avec ferveur. Cette nouvelle dimension de l’isnâd est à relier avec l’émergence progressive, vers la fin du ive/xe siècle, d’une part du modèle prophétique comme source fondamentale de la voie spirituelle et d’autre part de la formalisation du rôle et du statut du maître spirituel dans l’éducation des disciples. L’enseignement des maîtres, collecté sous forme de sentences selon les normes des traditionnistes, reçoit un statut similaire à celui du hadith.
Mots-clés : enseignement, exégèse, modèle prophétique, sentences, transmission.
Transmission of the hadith and prophetic model in early Sufism
At the beginning of the 5th/11th century, the attachment of numerous Sufis to gathering, transmission and exegesis of the hadith already represents a form of devotion to the Prophet’s person. The chain of transmitters (isnâd) in the hadith is not merely perceived as a guarantee of the authenticity of the prophetic word, but it also carries the trace of the prophetic presence, which travels through generations of transmitters and can therefore be understood as a relic passed on devoutly. In the late 4th/10th century, this new dimension of isnâd is linked with the gradual emergence, on the one hand, of the prophetic model as fundamental source of the spiritual path and on the other of the role and status of the spiritual master in the training of disciples. The master’s teaching, collected as sentences with the traditionalists’ standards, receives a similar status to that of the hadith.
Keywords: teaching, exegesis, imitation of the Prophet, spiritual master, chain of transmission.
To answer these questions, this essay will address first sufi masters and other types of mystics; second saints and finally the values and beliefs conveyed by the tales in which they are the players.
Au début du ve/xie siècle, l’attachement de nombreux soufis à la collecte, à la transmission et à l’exégèse du hadith représente déjà une forme de dévotion à la personne du Prophète. La chaîne de transmission (isnâd) des hadiths n’est plus seulement perçue comme la garante de l’authenticité de la parole prophétique, elle porte également la trace de la présence du Prophète qui chemine à travers les générations de transmetteurs. De ce fait, elle peut être perçue comme une relique transmise avec ferveur. Cette nouvelle dimension de l’isnâd est à relier avec l’émergence progressive, vers la fin du ive/xe siècle, d’une part du modèle prophétique comme source fondamentale de la voie spirituelle et d’autre part de la formalisation du rôle et du statut du maître spirituel dans l’éducation des disciples. L’enseignement des maîtres, collecté sous forme de sentences selon les normes des traditionnistes, reçoit un statut similaire à celui du hadith.
Mots-clés : enseignement, exégèse, modèle prophétique, sentences, transmission.
Transmission of the hadith and prophetic model in early Sufism
At the beginning of the 5th/11th century, the attachment of numerous Sufis to gathering, transmission and exegesis of the hadith already represents a form of devotion to the Prophet’s person. The chain of transmitters (isnâd) in the hadith is not merely perceived as a guarantee of the authenticity of the prophetic word, but it also carries the trace of the prophetic presence, which travels through generations of transmitters and can therefore be understood as a relic passed on devoutly. In the late 4th/10th century, this new dimension of isnâd is linked with the gradual emergence, on the one hand, of the prophetic model as fundamental source of the spiritual path and on the other of the role and status of the spiritual master in the training of disciples. The master’s teaching, collected as sentences with the traditionalists’ standards, receives a similar status to that of the hadith.
Keywords: teaching, exegesis, imitation of the Prophet, spiritual master, chain of transmission.
To answer these questions, this essay will address first sufi masters and other types of mystics; second saints and finally the values and beliefs conveyed by the tales in which they are the players.
Tous ceux intéressés par la formation du soufisme, ses maîtres, Les générations des Soufis Ṭabaqāt al-ṣūfiyya de Abū ʿAbd al-Raḥmān, Muḥammad b. Ḥusayn al-Sulamī (325/937-412/1021) Editor: Jean-Jacques Thibon In his book Generations of Sufis, Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī (died 1021), the Sufi master of Nishapur and Shafiʿi traditionist and historian, collected the teachings of 105 Sufi masters who lived between the 2nd/8th and the 4th/10th centuries. Sulami gives a short biography of each master with representative quotations from his teachings. He thereby illustrates the numerous approaches to the spiritual path and the unity of its principles. One of the oldest works of the sort, it assembles the doctrinal foundations from which medieval Sufism developed. It is a key reference which influenced all Sufi literature and even historiography. This is the first translation of a work of this type to be published in a European language.
Dans Les générations des Soufis Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī (m. 1021), maître soufi de Nishapur, traditionniste šāʿite et historien, collecte l'enseignement de cent cinq maîtres soufis qui vécurent entre le 2e/8e et le 4e/10e siècles. Pour chacun d'eux, Sulamī propose une courte notice biographique et un ensemble de citations représentatives de son enseignement. Il rend ainsi compte de la diversité des approches de la voie spirituelle et de l'unité de ses principes. Cet ouvrage, l'un des plus anciens de ce type, rassemble le socle doctrinal sur lequel s'élabora le soufisme médiéval. Référence incontournable, il eut une influence considérable sur toute la littérature du soufisme et même l'historiographie. Cette traduction est la première en langue européenne d'un ouvrage de ce type.
Dates : Lundi 4 novembre 2019 - 18:00 - 20:00
Lieu : Inalco, PLC (65, rue des Grands Moulins 75013 Paris), Auditorium
Le CERMOM vous convie à la IIe Conférence en Sciences des Religions « Viviane Comerro de Prémare » :
Orientalisme et monothéisme : Renan, le judaïsme et l’islam
avec Guy Stroumsa
Professeur « Religions comparées », Université hébraïque de Jérusalem
Professeur « Religions abrahamiques », Université d'Oxford.
Tout au long du 19e siècle, la naissance de ce qu’on peut appeler philologia orientalis, et la découverte des affinités entre le Sanskrit et les langues européennes transformèrent de façon radicale la perception de l’Orient. Le cas d’Ernest Renan est ici emblématique. Renan (1823-1892) est, de loin, la figure centrale de l’histoire des religions en France, et fait partie des savants européens les plus remarquables. Je me propose d’analyser la conception renanienne du judaïsme et de l’islam, à travers l’invention de la catégorie de « religions sémitiques », et de réfléchir sur les conséquences de cette catégorie, d’une part sur l’approche du monothéisme chez les historiens des religions, et de l’autre sur le développement de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans les dernières décennies du dix-neuvième siècle.
Organisateurs : Madalina Vartejanu-Joubert, Jean-Jacques Thibon, Alessandro Guetta et Francesco Chiabotti.
- Ruggero Vimercati : L'isnād-paradigme ou l'histoire de l'islam comme histoire du renouvellement du lien (en anglais reconnection) au Prophète
- Catherine Mayeur-Jaouen : « Sainteté et culte des saints : quelle périodisation ? »
- Mohamed Touazi : « La šafāʿa et le dôme du Rocher : quelle lecture ? »
Pierre Lory : « Lectures eschatologiques du Coran dans le soufisme ancien (2e et 3e siècle AH) »
Modérateur : Jean-Jacques Thibon
http://www.inalco.fr/formations/formation-distance/diplome-civilisation-islamologie