[OPEN ACCESS] Although the need for global history is well acknowledged internationally, it has r... more [OPEN ACCESS] Although the need for global history is well acknowledged internationally, it has rarely been imple-mented properly. Pomeranz's Great Divergence theory on China has stimulated the publication of thou-sands of historical and economic researches worldwide for the past two decades. However, while hav-ing been placed on a pedestal, this monumental inquiry has been turned into a “West versus the Rest” dichotomy, which can no longer be expected to produce proper global approaches.1 It is especially striking that Japan has not attracted much attention and has gained little benefit from the “heat” of the controversy. Equally notable is the fact that business history studies have mostly sidestepped the ques-tion of divergence. As Geoffrey Jones has recently pointed out, “business historians have a real oppor-tunity to engage in the Great Divergence debate by investigating managerial practices and systems in the early modern period.”2 We agree with this view. However, as Jones has also stated clearly, “by the interwar years, there is evidence of a more general emergence of modern business enterprise in Asia, Latin America, and Africa.” Keeping both of these views in mind, we have collected in this special issue researches on Japanese business activities in the Asian-Pacific region during the period in ques-tion.
Our ambition here is to stimulate new global approaches in business history and launch a global reflection that combines both the Emergence and Divergence paradigms.
The importance of general trading companies in Japan’s economic development is widely acknowledged, but little is known about their role in the transfer of technology and innovations. We address this issue by examining the emerging aircraft industry in Japan during the 1920s, focusing on its main foreign partner, France, and one of the largest Japanese groups, Mitsubishi. We show that while the French influence in the Japanese market remained unchallenged up to the mid-1920s, it faded away afterward due to the absence of French trading companies on the ground, despite considerable support from the French government. This contrasts with our analysis of the Japanese side. Using its worldwide network, Mitsubishi Trading Co. provided Mitsubishi Motors Co. with appropriate information and contracts with French as well as German companies. It eventually succeeded in creating joint ventures with these close partners. Their early failure in 1926 sparked a shift from importing technology via trade agreements to developing the industry through manufacturing (e.g., creation of Mitsubishi Aircraft Co. in 1928). Thus, Mitsubishi Trading proved to be an efficient early market developer for the Japanese side, whereas French business suffered from not having similar trading companies in Japan and being overdependent on state structures.
[OPEN ACCESS] Entre les années difficiles de la « déflation Matsukata » (années 1881‑1884) et le ... more [OPEN ACCESS] Entre les années difficiles de la « déflation Matsukata » (années 1881‑1884) et le « boom des entreprises » (années 1887‑1889) considéré comme le début de la Révolution industrielle au Japon, l’histoire économique japonaise est comme marquée par un vide. En étudiant le port de Moji, à la pointe Nord de Kyûshû, on peut a priori vérifier cette vision générale : un endroit réputé « perdu » avant que le gouvernement décrète en 1889 son ouverture aux exportations internationales, ouvrant la success story de ce port devenant à partir des années 1890 le poumon industriel de l’Asie du Nord-Est… Or, nous montrons ici que les années 1885‑1886 ne furent en réalité pas « vides » mais qu’elles furent au contraire celles de la première ouverture du port au commerce international, à l’initiative d’ une combinaison d’acteurs régionaux et locaux, associant les milieux marchands d’Ôsaka et miniers du Chikuhô sur le port de Moji.
Étudiant la structure et la stratégie de l’entreprise, le traitement administratif par le gouvernement de sa demande d’action internationale et l’évolution du marché intérieur et extérieur, nous montrons que l’élément majeur qui explique l’échec des exportations internationales de charbon depuis Moji fut le refus du ministre des Affaires étrangères, Inoue Kaoru d’autoriser à l’entreprise d’employer des navires étrangers. Cela nous amène à interroger les raisons profondes d’Inoue et ses liens bien connus avec le groupe Mitsui, montrant que si les forces fondatrices de la Révolution industrielle japonaise ont bien été régionales, elles ont pu être très tôt contraintes par l’action de certaines forces gouvernementales liées aux grands groupes (zaibatsu) en formation.
Cahiers d'études japonaises 22 | 2015 Du particulier et de l'universel Le développement de la sci... more Cahiers d'études japonaises 22 | 2015 Du particulier et de l'universel Le développement de la science économique au Japon dans la seconde moitié du XIX e siècle et les premiers travaux japonais en histoire économique The Emergence of Economics in Japan during the Second Half of the Nineteenth Century and the First Japanese Works on Economic History
OPEN ACCESS PDF available here : https://tufs.repo.nii.ac.jp/records/5658
(The paper is in Engl... more OPEN ACCESS PDF available here : https://tufs.repo.nii.ac.jp/records/5658 (The paper is in English, but its abstract is in Japanese)
日清戦争の時点で日本の経済は企業勃興を経て産業革命の最中にあった。産業革命を支えたのは九州北部の筑豊石炭であり、この石炭産業の発展を支えたのは中国
市場をはじめとする海外市場であった。日清戦争の勃発に際し、軍事的には敵国の中国への石炭輸出を停止するのが当然である一 方、石炭輸出ができなくなると日本の経済力が弱まっ てしまうため、けっきょく輸出禁止法は実現に至らなかった。かくして、明治二十四年六月より十月までに軍部と国家主義者たちの下で極めて激しいプレス・キャンペーンや暴行を含む中国への石炭輸出禁止運動が展開される。本稿では、新聞と政府(外務省・陸海軍)と財界(三菱商事・筑豊鉱 業組合)の一次史料の分析によって、その輸出禁止運動はもともと軍部のアイデアであったが、ただちに三菱のような石炭産業の大企業によっても推進されるようになったことを指摘 する。さらに、三菱の事例を分析することによって、三菱が輸出禁止運動の煽りを 利用し、それまでの海外市場における経営難題(石炭の質に対する買い手の不満)を解決できたのみならず、運動の煽りを受けた門司港の中小輸出者の競争に圧迫を加えることもできた点も詳らかにする。結局、日本資本主義の発展に国家主義の与えた影響力が決定的になったというよりも、むしろ国家主義が日本資本主義の発展によるビジネス上の問題解決方法として推進されたのである。
Cipango Cahiers d'études japonaises Du particulier et de l'universel, 2015
Si la question du développement de la puissance économique japonaise est encore peu étudiée en F... more Si la question du développement de la puissance économique japonaise est encore peu étudiée en France, la question du développement de la science économique au Japon l’est encore moins. Notre travail traite ici de ce dernier point, avec une attention particulière concernant le développement de la méthode historique d’inspiration allemande, qui fut au cours de la seconde moitié du xixe siècle la plus dominante à l’échelle mondiale en matière économique. Contre la théorie d’un simple « suivisme », nous montrons que les travaux japonais ont rapidement, sinon aussitôt, fait preuve d’une qualité tout à fait comparable à ce qu’il pouvait se faire en « Occident » au même moment, se montrant à la pointe et non à la traîne du développement scientifique. Pour cela nous insistons d’abord sur la maturité intellectuelle qui a permis l’assimilation au Japon de la problématique de « l’économie politique » occidentale, soulignant la multitude des travaux de traduction et d’enseignement nous montrons que les scientifiques japonais ont embrassé toute la diversité des différentes approches occidentales, le classicisme libéral d’inspiration franco-britannique mais aussi la méthode historique d’inspiration allemande. Nous présentons les trois premiers travaux japonais développant la méthode historique, entre 1889 et 1900, montrant leur rapide montée en gamme, avec pour point d’orgue le travail de Fukuda Tokuzō, d’une qualité remarquable, se plaçant en tête du front pionnier d’une science moderne en constant renouvellement.
In French historiography, research focusing on Japan’s economic power is gradually developing, and yet, the study of the emergence of economics as a scientific field in modern Japan has yet to be fully undertaken. The present work grapples with this phenomenon, with a particular focus on the influence of the historical method, which constituted the dominant model during the second half of the 19th century. As a way to debunk the simplistic theory of a blind, unquestioning Japanese conformity to this model, we will show that Japanese works at the time quickly – if not immediately – made show of the same quality as what was done in “the West”; far from lagging behind their Western counterparts, these were in fact cutting-edge works. This was first and foremost due to intellectual maturity, which allowed the assimilation, in Japan, of the problematic of Western “political economy”. As we can see by the plethora of texts, translated into Japanese, pertaining to this theme, as well as its teaching, Japanese scientists embraced all matter of Western approaches, be it classical liberalism, inspired by France and Great Britain, or the historical method, inspired by Germany. We will present the first three Japanese works presenting the latter, written between 1889 and 1900, and we will show their swift upgrade in content, culminating with the remarkable work of Fukuda Tokuzō, which became the forerunner of a modern science, economics, which was constantly renewing itself.
https://journals.openedition.org/cipango/1524
Pour cette première étude en français de l’économ... more https://journals.openedition.org/cipango/1524 Pour cette première étude en français de l’économie coloniale japonaise, nous avons choisi de l’analyser à partir du cas de la Corée depuis l’aménagement des premiers rails japonais sur place en 1900 jusqu’à l’éclatement de la crise globale du joug colonial au lendemain de la Première Guerre mondiale (1919). La colonisation économique de la Corée promettait un développement important sur une terre étendue, peuplée et proche de la métropole. Elle a pourtant rapidement buté sur un certain nombre d’obstacles. Les infrastructures coloniales fondamentales, les finances et le chemin de fer, ont souffert tantôt d’un manque d’investissements, tantôt de la politique mandchourienne promue par Terauchi Masatake. La production industrielle et manufacturière resta marginale, malgré son développement relativement précoce et important : stimulé par une fièvre boursière à partir de 1916, le secteur s’effondra avec l’éclatement de la bulle en 1919. Commercialement, la colonie fut déficitaire en permanence et de manière exponentielle. La métropole n’y voyait qu’une source d’approvisionnements en riz et minerai de fer, alors même que la production coréenne ne pouvait concurrencer l’offre environnante (Indochine et Taiwan pour le riz, Chine pour le fer)… du fait du manque d’investissements. Cette faiblesse de la métropole en Corée rendit la domination japonaise particulièrement insupportable : l’effondrement de la bulle métropolitaine suivant la fin de la guerre mondiale fut aussi celui de tout espoir socio-économique en Corée. L’inflation galopante et l’absence de véritable politique de développement favorisèrent et précipitèrent l’avènement du Mouvement du 1er Mars 1919.
in Christian Galan et Jean-Marc Olivier (dir.), L’histoire du Japon et l’histoire au Japon, Privat, Toulouse, 2016, 2016
The formation of a first "Japanese East Asia" at the eve of the 20th Century: an analysis of the ... more The formation of a first "Japanese East Asia" at the eve of the 20th Century: an analysis of the coal exports from the port of Moji (1890-1905)
in Jean-Michel Butel et Makiko Ueda-Andro (éd.), Japon Pluriel 9, Arles : Picquier, 2014, p.323-3... more in Jean-Michel Butel et Makiko Ueda-Andro (éd.), Japon Pluriel 9, Arles : Picquier, 2014, p.323-32 (actes du colloque de la SFEJ, décembre 2010).
in Yves Cadot et Tomomi Ôta (éd.), Japon Pluriel 10, Arles : Picquier, 2014, p. 337-46 (actes du ... more in Yves Cadot et Tomomi Ôta (éd.), Japon Pluriel 10, Arles : Picquier, 2014, p. 337-46 (actes du colloque de la SFEJ, décembre 2012)..
For this first study in French language on the economics of the Japanese colonial empire, we have... more For this first study in French language on the economics of the Japanese colonial empire, we have chosen to focus on the Korean case, from the establishment of the first railways on the peninsula in 1900 until the crisis of the colonial system in 1919 (March 1st Movement). The colonization of Korean was promising: an extensive land with a large population located very close to Japan. But rapidly, it was hampered by several grave difficulties. The colonial main infrastructures, as railways and banking system, suffered from, alternatively, the lack of investment and the “Manchuria policy” promoted by Terauchi Masatake. The industrial production remained marginal, despite its vigorous growth. This sector has been stimulated greatly by a stock-exchange fever starting in 1916, but suddenly collapsed as the bubble burst in 1919. The exterior trade of Korea (including with Japan) continued to increase its deficit. Japan used the colony just to obtain rice an iron ore, but the lack of investments in these sectors did not enable Korean production to compete successfully with other Asian producers (French Indochina, Taiwan, China etc.). This economic failure made the Japanese domination particularly unbearable to the Korean people: the bursting of the economic bubble in Japan just after the end of the War in Europe meant the end of any hope for a better life in the colony. The fast and high inflation, coupled with the absence of any economic policy, contributed greatly to the sparkling of the March First Movement.
ERRATA: the railway concession was obtained in July 1898 (not "July 1989") ; the average annual population growth rate from 1900 to 1920 is 1,3% (not "11%").
[OPEN ACCESS] Although the need for global history is well acknowledged internationally, it has r... more [OPEN ACCESS] Although the need for global history is well acknowledged internationally, it has rarely been imple-mented properly. Pomeranz's Great Divergence theory on China has stimulated the publication of thou-sands of historical and economic researches worldwide for the past two decades. However, while hav-ing been placed on a pedestal, this monumental inquiry has been turned into a “West versus the Rest” dichotomy, which can no longer be expected to produce proper global approaches.1 It is especially striking that Japan has not attracted much attention and has gained little benefit from the “heat” of the controversy. Equally notable is the fact that business history studies have mostly sidestepped the ques-tion of divergence. As Geoffrey Jones has recently pointed out, “business historians have a real oppor-tunity to engage in the Great Divergence debate by investigating managerial practices and systems in the early modern period.”2 We agree with this view. However, as Jones has also stated clearly, “by the interwar years, there is evidence of a more general emergence of modern business enterprise in Asia, Latin America, and Africa.” Keeping both of these views in mind, we have collected in this special issue researches on Japanese business activities in the Asian-Pacific region during the period in ques-tion.
Our ambition here is to stimulate new global approaches in business history and launch a global reflection that combines both the Emergence and Divergence paradigms.
The importance of general trading companies in Japan’s economic development is widely acknowledged, but little is known about their role in the transfer of technology and innovations. We address this issue by examining the emerging aircraft industry in Japan during the 1920s, focusing on its main foreign partner, France, and one of the largest Japanese groups, Mitsubishi. We show that while the French influence in the Japanese market remained unchallenged up to the mid-1920s, it faded away afterward due to the absence of French trading companies on the ground, despite considerable support from the French government. This contrasts with our analysis of the Japanese side. Using its worldwide network, Mitsubishi Trading Co. provided Mitsubishi Motors Co. with appropriate information and contracts with French as well as German companies. It eventually succeeded in creating joint ventures with these close partners. Their early failure in 1926 sparked a shift from importing technology via trade agreements to developing the industry through manufacturing (e.g., creation of Mitsubishi Aircraft Co. in 1928). Thus, Mitsubishi Trading proved to be an efficient early market developer for the Japanese side, whereas French business suffered from not having similar trading companies in Japan and being overdependent on state structures.
[OPEN ACCESS] Entre les années difficiles de la « déflation Matsukata » (années 1881‑1884) et le ... more [OPEN ACCESS] Entre les années difficiles de la « déflation Matsukata » (années 1881‑1884) et le « boom des entreprises » (années 1887‑1889) considéré comme le début de la Révolution industrielle au Japon, l’histoire économique japonaise est comme marquée par un vide. En étudiant le port de Moji, à la pointe Nord de Kyûshû, on peut a priori vérifier cette vision générale : un endroit réputé « perdu » avant que le gouvernement décrète en 1889 son ouverture aux exportations internationales, ouvrant la success story de ce port devenant à partir des années 1890 le poumon industriel de l’Asie du Nord-Est… Or, nous montrons ici que les années 1885‑1886 ne furent en réalité pas « vides » mais qu’elles furent au contraire celles de la première ouverture du port au commerce international, à l’initiative d’ une combinaison d’acteurs régionaux et locaux, associant les milieux marchands d’Ôsaka et miniers du Chikuhô sur le port de Moji.
Étudiant la structure et la stratégie de l’entreprise, le traitement administratif par le gouvernement de sa demande d’action internationale et l’évolution du marché intérieur et extérieur, nous montrons que l’élément majeur qui explique l’échec des exportations internationales de charbon depuis Moji fut le refus du ministre des Affaires étrangères, Inoue Kaoru d’autoriser à l’entreprise d’employer des navires étrangers. Cela nous amène à interroger les raisons profondes d’Inoue et ses liens bien connus avec le groupe Mitsui, montrant que si les forces fondatrices de la Révolution industrielle japonaise ont bien été régionales, elles ont pu être très tôt contraintes par l’action de certaines forces gouvernementales liées aux grands groupes (zaibatsu) en formation.
Cahiers d'études japonaises 22 | 2015 Du particulier et de l'universel Le développement de la sci... more Cahiers d'études japonaises 22 | 2015 Du particulier et de l'universel Le développement de la science économique au Japon dans la seconde moitié du XIX e siècle et les premiers travaux japonais en histoire économique The Emergence of Economics in Japan during the Second Half of the Nineteenth Century and the First Japanese Works on Economic History
OPEN ACCESS PDF available here : https://tufs.repo.nii.ac.jp/records/5658
(The paper is in Engl... more OPEN ACCESS PDF available here : https://tufs.repo.nii.ac.jp/records/5658 (The paper is in English, but its abstract is in Japanese)
日清戦争の時点で日本の経済は企業勃興を経て産業革命の最中にあった。産業革命を支えたのは九州北部の筑豊石炭であり、この石炭産業の発展を支えたのは中国
市場をはじめとする海外市場であった。日清戦争の勃発に際し、軍事的には敵国の中国への石炭輸出を停止するのが当然である一 方、石炭輸出ができなくなると日本の経済力が弱まっ てしまうため、けっきょく輸出禁止法は実現に至らなかった。かくして、明治二十四年六月より十月までに軍部と国家主義者たちの下で極めて激しいプレス・キャンペーンや暴行を含む中国への石炭輸出禁止運動が展開される。本稿では、新聞と政府(外務省・陸海軍)と財界(三菱商事・筑豊鉱 業組合)の一次史料の分析によって、その輸出禁止運動はもともと軍部のアイデアであったが、ただちに三菱のような石炭産業の大企業によっても推進されるようになったことを指摘 する。さらに、三菱の事例を分析することによって、三菱が輸出禁止運動の煽りを 利用し、それまでの海外市場における経営難題(石炭の質に対する買い手の不満)を解決できたのみならず、運動の煽りを受けた門司港の中小輸出者の競争に圧迫を加えることもできた点も詳らかにする。結局、日本資本主義の発展に国家主義の与えた影響力が決定的になったというよりも、むしろ国家主義が日本資本主義の発展によるビジネス上の問題解決方法として推進されたのである。
Cipango Cahiers d'études japonaises Du particulier et de l'universel, 2015
Si la question du développement de la puissance économique japonaise est encore peu étudiée en F... more Si la question du développement de la puissance économique japonaise est encore peu étudiée en France, la question du développement de la science économique au Japon l’est encore moins. Notre travail traite ici de ce dernier point, avec une attention particulière concernant le développement de la méthode historique d’inspiration allemande, qui fut au cours de la seconde moitié du xixe siècle la plus dominante à l’échelle mondiale en matière économique. Contre la théorie d’un simple « suivisme », nous montrons que les travaux japonais ont rapidement, sinon aussitôt, fait preuve d’une qualité tout à fait comparable à ce qu’il pouvait se faire en « Occident » au même moment, se montrant à la pointe et non à la traîne du développement scientifique. Pour cela nous insistons d’abord sur la maturité intellectuelle qui a permis l’assimilation au Japon de la problématique de « l’économie politique » occidentale, soulignant la multitude des travaux de traduction et d’enseignement nous montrons que les scientifiques japonais ont embrassé toute la diversité des différentes approches occidentales, le classicisme libéral d’inspiration franco-britannique mais aussi la méthode historique d’inspiration allemande. Nous présentons les trois premiers travaux japonais développant la méthode historique, entre 1889 et 1900, montrant leur rapide montée en gamme, avec pour point d’orgue le travail de Fukuda Tokuzō, d’une qualité remarquable, se plaçant en tête du front pionnier d’une science moderne en constant renouvellement.
In French historiography, research focusing on Japan’s economic power is gradually developing, and yet, the study of the emergence of economics as a scientific field in modern Japan has yet to be fully undertaken. The present work grapples with this phenomenon, with a particular focus on the influence of the historical method, which constituted the dominant model during the second half of the 19th century. As a way to debunk the simplistic theory of a blind, unquestioning Japanese conformity to this model, we will show that Japanese works at the time quickly – if not immediately – made show of the same quality as what was done in “the West”; far from lagging behind their Western counterparts, these were in fact cutting-edge works. This was first and foremost due to intellectual maturity, which allowed the assimilation, in Japan, of the problematic of Western “political economy”. As we can see by the plethora of texts, translated into Japanese, pertaining to this theme, as well as its teaching, Japanese scientists embraced all matter of Western approaches, be it classical liberalism, inspired by France and Great Britain, or the historical method, inspired by Germany. We will present the first three Japanese works presenting the latter, written between 1889 and 1900, and we will show their swift upgrade in content, culminating with the remarkable work of Fukuda Tokuzō, which became the forerunner of a modern science, economics, which was constantly renewing itself.
https://journals.openedition.org/cipango/1524
Pour cette première étude en français de l’économ... more https://journals.openedition.org/cipango/1524 Pour cette première étude en français de l’économie coloniale japonaise, nous avons choisi de l’analyser à partir du cas de la Corée depuis l’aménagement des premiers rails japonais sur place en 1900 jusqu’à l’éclatement de la crise globale du joug colonial au lendemain de la Première Guerre mondiale (1919). La colonisation économique de la Corée promettait un développement important sur une terre étendue, peuplée et proche de la métropole. Elle a pourtant rapidement buté sur un certain nombre d’obstacles. Les infrastructures coloniales fondamentales, les finances et le chemin de fer, ont souffert tantôt d’un manque d’investissements, tantôt de la politique mandchourienne promue par Terauchi Masatake. La production industrielle et manufacturière resta marginale, malgré son développement relativement précoce et important : stimulé par une fièvre boursière à partir de 1916, le secteur s’effondra avec l’éclatement de la bulle en 1919. Commercialement, la colonie fut déficitaire en permanence et de manière exponentielle. La métropole n’y voyait qu’une source d’approvisionnements en riz et minerai de fer, alors même que la production coréenne ne pouvait concurrencer l’offre environnante (Indochine et Taiwan pour le riz, Chine pour le fer)… du fait du manque d’investissements. Cette faiblesse de la métropole en Corée rendit la domination japonaise particulièrement insupportable : l’effondrement de la bulle métropolitaine suivant la fin de la guerre mondiale fut aussi celui de tout espoir socio-économique en Corée. L’inflation galopante et l’absence de véritable politique de développement favorisèrent et précipitèrent l’avènement du Mouvement du 1er Mars 1919.
in Christian Galan et Jean-Marc Olivier (dir.), L’histoire du Japon et l’histoire au Japon, Privat, Toulouse, 2016, 2016
The formation of a first "Japanese East Asia" at the eve of the 20th Century: an analysis of the ... more The formation of a first "Japanese East Asia" at the eve of the 20th Century: an analysis of the coal exports from the port of Moji (1890-1905)
in Jean-Michel Butel et Makiko Ueda-Andro (éd.), Japon Pluriel 9, Arles : Picquier, 2014, p.323-3... more in Jean-Michel Butel et Makiko Ueda-Andro (éd.), Japon Pluriel 9, Arles : Picquier, 2014, p.323-32 (actes du colloque de la SFEJ, décembre 2010).
in Yves Cadot et Tomomi Ôta (éd.), Japon Pluriel 10, Arles : Picquier, 2014, p. 337-46 (actes du ... more in Yves Cadot et Tomomi Ôta (éd.), Japon Pluriel 10, Arles : Picquier, 2014, p. 337-46 (actes du colloque de la SFEJ, décembre 2012)..
For this first study in French language on the economics of the Japanese colonial empire, we have... more For this first study in French language on the economics of the Japanese colonial empire, we have chosen to focus on the Korean case, from the establishment of the first railways on the peninsula in 1900 until the crisis of the colonial system in 1919 (March 1st Movement). The colonization of Korean was promising: an extensive land with a large population located very close to Japan. But rapidly, it was hampered by several grave difficulties. The colonial main infrastructures, as railways and banking system, suffered from, alternatively, the lack of investment and the “Manchuria policy” promoted by Terauchi Masatake. The industrial production remained marginal, despite its vigorous growth. This sector has been stimulated greatly by a stock-exchange fever starting in 1916, but suddenly collapsed as the bubble burst in 1919. The exterior trade of Korea (including with Japan) continued to increase its deficit. Japan used the colony just to obtain rice an iron ore, but the lack of investments in these sectors did not enable Korean production to compete successfully with other Asian producers (French Indochina, Taiwan, China etc.). This economic failure made the Japanese domination particularly unbearable to the Korean people: the bursting of the economic bubble in Japan just after the end of the War in Europe meant the end of any hope for a better life in the colony. The fast and high inflation, coupled with the absence of any economic policy, contributed greatly to the sparkling of the March First Movement.
ERRATA: the railway concession was obtained in July 1898 (not "July 1989") ; the average annual population growth rate from 1900 to 1920 is 1,3% (not "11%").
Uploads
Videos by Alexandre Roy
Presentation made at the Symposium "History of Japan, History in Japan (1854-2012)", at the Université de Toulouse II, on the 10th May 2012.
In French : LA CONSTITUTION D'UNE PREMIÈRE "ASIE ORIENTALE JAPONAISE" À L'AUBE DU XXE SIÈCLE : UNE ANALYSE DU DÉVELOPPEMENT DES EXPORTATIONS DE CHARBON JAPONAIS DEPUIS LE PORT DE MOJI (1890-1905)
Papers by Alexandre Roy
Our ambition here is to stimulate new global approaches in business history and launch a global reflection that combines both the Emergence and Divergence paradigms.
https://www.jstage.jst.go.jp/article/jrbh/40/0/40_24/_article/-char/ja
The importance of general trading companies in Japan’s economic development is widely acknowledged, but little is known about their role in the transfer of technology and innovations. We address this issue by examining the emerging aircraft industry in Japan during the 1920s, focusing on its main foreign partner, France, and one of the largest Japanese groups, Mitsubishi. We show that while the French influence in the Japanese market remained unchallenged up to the mid-1920s, it faded away afterward due to the absence of French trading companies on the ground, despite considerable support from the French government. This contrasts with our analysis of the Japanese side. Using its worldwide network, Mitsubishi Trading Co. provided Mitsubishi Motors Co. with appropriate information and contracts with French as well as German companies. It eventually succeeded in creating joint ventures with these close partners. Their early failure in 1926 sparked a shift from importing technology via trade agreements to developing the industry through manufacturing (e.g., creation of Mitsubishi Aircraft Co. in 1928). Thus, Mitsubishi Trading proved to be an efficient early market developer for the Japanese side, whereas French business suffered from not having similar trading companies in Japan and being overdependent on state structures.
Étudiant la structure et la stratégie de l’entreprise, le traitement administratif par le gouvernement de sa demande d’action internationale et l’évolution du marché intérieur et extérieur, nous montrons que l’élément majeur qui explique l’échec des exportations internationales de charbon depuis Moji fut le refus du ministre des Affaires étrangères, Inoue Kaoru d’autoriser à l’entreprise d’employer des navires étrangers. Cela nous amène à interroger les raisons profondes d’Inoue et ses liens bien connus avec le groupe Mitsui, montrant que si les forces fondatrices de la Révolution industrielle japonaise ont bien été régionales, elles ont pu être très tôt contraintes par l’action de certaines forces gouvernementales liées aux grands groupes (zaibatsu) en formation.
(The paper is in English, but its abstract is in Japanese)
日清戦争の時点で日本の経済は企業勃興を経て産業革命の最中にあった。産業革命を支えたのは九州北部の筑豊石炭であり、この石炭産業の発展を支えたのは中国
市場をはじめとする海外市場であった。日清戦争の勃発に際し、軍事的には敵国の中国への石炭輸出を停止するのが当然である一 方、石炭輸出ができなくなると日本の経済力が弱まっ てしまうため、けっきょく輸出禁止法は実現に至らなかった。かくして、明治二十四年六月より十月までに軍部と国家主義者たちの下で極めて激しいプレス・キャンペーンや暴行を含む中国への石炭輸出禁止運動が展開される。本稿では、新聞と政府(外務省・陸海軍)と財界(三菱商事・筑豊鉱 業組合)の一次史料の分析によって、その輸出禁止運動はもともと軍部のアイデアであったが、ただちに三菱のような石炭産業の大企業によっても推進されるようになったことを指摘 する。さらに、三菱の事例を分析することによって、三菱が輸出禁止運動の煽りを 利用し、それまでの海外市場における経営難題(石炭の質に対する買い手の不満)を解決できたのみならず、運動の煽りを受けた門司港の中小輸出者の競争に圧迫を加えることもできた点も詳らかにする。結局、日本資本主義の発展に国家主義の与えた影響力が決定的になったというよりも、むしろ国家主義が日本資本主義の発展によるビジネス上の問題解決方法として推進されたのである。
The Role of Mitsubishi Trading Company in the Aircraft Technology Transfers in Japan during the 1920s
In French historiography, research focusing on Japan’s economic power is gradually developing, and yet, the study of the emergence of economics as a scientific field in modern Japan has yet to be fully undertaken. The present work grapples with this phenomenon, with a particular focus on the influence of the historical method, which constituted the dominant model during the second half of the 19th century. As a way to debunk the simplistic theory of a blind, unquestioning Japanese conformity to this model, we will show that Japanese works at the time quickly – if not immediately – made show of the same quality as what was done in “the West”; far from lagging behind their Western counterparts, these were in fact cutting-edge works. This was first and foremost due to intellectual maturity, which allowed the assimilation, in Japan, of the problematic of Western “political economy”. As we can see by the plethora of texts, translated into Japanese, pertaining to this theme, as well as its teaching, Japanese scientists embraced all matter of Western approaches, be it classical liberalism, inspired by France and Great Britain, or the historical method, inspired by Germany. We will present the first three Japanese works presenting the latter, written between 1889 and 1900, and we will show their swift upgrade in content, culminating with the remarkable work of Fukuda Tokuzō, which became the forerunner of a modern science, economics, which was constantly renewing itself.
Pour cette première étude en français de l’économie coloniale japonaise, nous avons choisi de l’analyser à partir du cas de la Corée depuis l’aménagement des premiers rails japonais sur place en 1900 jusqu’à l’éclatement de la crise globale du joug colonial au lendemain de la Première Guerre mondiale (1919). La colonisation économique de la Corée promettait un développement important sur une terre étendue, peuplée et proche de la métropole. Elle a pourtant rapidement buté sur un certain nombre d’obstacles. Les infrastructures coloniales fondamentales, les finances et le chemin de fer, ont souffert tantôt d’un manque d’investissements, tantôt de la politique mandchourienne promue par Terauchi Masatake. La production industrielle et manufacturière resta marginale, malgré son développement relativement précoce et important : stimulé par une fièvre boursière à partir de 1916, le secteur s’effondra avec l’éclatement de la bulle en 1919. Commercialement, la colonie fut déficitaire en permanence et de manière exponentielle. La métropole n’y voyait qu’une source d’approvisionnements en riz et minerai de fer, alors même que la production coréenne ne pouvait concurrencer l’offre environnante (Indochine et Taiwan pour le riz, Chine pour le fer)… du fait du manque d’investissements. Cette faiblesse de la métropole en Corée rendit la domination japonaise particulièrement insupportable : l’effondrement de la bulle métropolitaine suivant la fin de la guerre mondiale fut aussi celui de tout espoir socio-économique en Corée. L’inflation galopante et l’absence de véritable politique de développement favorisèrent et précipitèrent l’avènement du Mouvement du 1er Mars 1919.
ERRATA: the railway concession was obtained in July 1898 (not "July 1989") ; the average annual population growth rate from 1900 to 1920 is 1,3% (not "11%").
Presentation made at the Symposium "History of Japan, History in Japan (1854-2012)", at the Université de Toulouse II, on the 10th May 2012.
In French : LA CONSTITUTION D'UNE PREMIÈRE "ASIE ORIENTALE JAPONAISE" À L'AUBE DU XXE SIÈCLE : UNE ANALYSE DU DÉVELOPPEMENT DES EXPORTATIONS DE CHARBON JAPONAIS DEPUIS LE PORT DE MOJI (1890-1905)
Our ambition here is to stimulate new global approaches in business history and launch a global reflection that combines both the Emergence and Divergence paradigms.
https://www.jstage.jst.go.jp/article/jrbh/40/0/40_24/_article/-char/ja
The importance of general trading companies in Japan’s economic development is widely acknowledged, but little is known about their role in the transfer of technology and innovations. We address this issue by examining the emerging aircraft industry in Japan during the 1920s, focusing on its main foreign partner, France, and one of the largest Japanese groups, Mitsubishi. We show that while the French influence in the Japanese market remained unchallenged up to the mid-1920s, it faded away afterward due to the absence of French trading companies on the ground, despite considerable support from the French government. This contrasts with our analysis of the Japanese side. Using its worldwide network, Mitsubishi Trading Co. provided Mitsubishi Motors Co. with appropriate information and contracts with French as well as German companies. It eventually succeeded in creating joint ventures with these close partners. Their early failure in 1926 sparked a shift from importing technology via trade agreements to developing the industry through manufacturing (e.g., creation of Mitsubishi Aircraft Co. in 1928). Thus, Mitsubishi Trading proved to be an efficient early market developer for the Japanese side, whereas French business suffered from not having similar trading companies in Japan and being overdependent on state structures.
Étudiant la structure et la stratégie de l’entreprise, le traitement administratif par le gouvernement de sa demande d’action internationale et l’évolution du marché intérieur et extérieur, nous montrons que l’élément majeur qui explique l’échec des exportations internationales de charbon depuis Moji fut le refus du ministre des Affaires étrangères, Inoue Kaoru d’autoriser à l’entreprise d’employer des navires étrangers. Cela nous amène à interroger les raisons profondes d’Inoue et ses liens bien connus avec le groupe Mitsui, montrant que si les forces fondatrices de la Révolution industrielle japonaise ont bien été régionales, elles ont pu être très tôt contraintes par l’action de certaines forces gouvernementales liées aux grands groupes (zaibatsu) en formation.
(The paper is in English, but its abstract is in Japanese)
日清戦争の時点で日本の経済は企業勃興を経て産業革命の最中にあった。産業革命を支えたのは九州北部の筑豊石炭であり、この石炭産業の発展を支えたのは中国
市場をはじめとする海外市場であった。日清戦争の勃発に際し、軍事的には敵国の中国への石炭輸出を停止するのが当然である一 方、石炭輸出ができなくなると日本の経済力が弱まっ てしまうため、けっきょく輸出禁止法は実現に至らなかった。かくして、明治二十四年六月より十月までに軍部と国家主義者たちの下で極めて激しいプレス・キャンペーンや暴行を含む中国への石炭輸出禁止運動が展開される。本稿では、新聞と政府(外務省・陸海軍)と財界(三菱商事・筑豊鉱 業組合)の一次史料の分析によって、その輸出禁止運動はもともと軍部のアイデアであったが、ただちに三菱のような石炭産業の大企業によっても推進されるようになったことを指摘 する。さらに、三菱の事例を分析することによって、三菱が輸出禁止運動の煽りを 利用し、それまでの海外市場における経営難題(石炭の質に対する買い手の不満)を解決できたのみならず、運動の煽りを受けた門司港の中小輸出者の競争に圧迫を加えることもできた点も詳らかにする。結局、日本資本主義の発展に国家主義の与えた影響力が決定的になったというよりも、むしろ国家主義が日本資本主義の発展によるビジネス上の問題解決方法として推進されたのである。
The Role of Mitsubishi Trading Company in the Aircraft Technology Transfers in Japan during the 1920s
In French historiography, research focusing on Japan’s economic power is gradually developing, and yet, the study of the emergence of economics as a scientific field in modern Japan has yet to be fully undertaken. The present work grapples with this phenomenon, with a particular focus on the influence of the historical method, which constituted the dominant model during the second half of the 19th century. As a way to debunk the simplistic theory of a blind, unquestioning Japanese conformity to this model, we will show that Japanese works at the time quickly – if not immediately – made show of the same quality as what was done in “the West”; far from lagging behind their Western counterparts, these were in fact cutting-edge works. This was first and foremost due to intellectual maturity, which allowed the assimilation, in Japan, of the problematic of Western “political economy”. As we can see by the plethora of texts, translated into Japanese, pertaining to this theme, as well as its teaching, Japanese scientists embraced all matter of Western approaches, be it classical liberalism, inspired by France and Great Britain, or the historical method, inspired by Germany. We will present the first three Japanese works presenting the latter, written between 1889 and 1900, and we will show their swift upgrade in content, culminating with the remarkable work of Fukuda Tokuzō, which became the forerunner of a modern science, economics, which was constantly renewing itself.
Pour cette première étude en français de l’économie coloniale japonaise, nous avons choisi de l’analyser à partir du cas de la Corée depuis l’aménagement des premiers rails japonais sur place en 1900 jusqu’à l’éclatement de la crise globale du joug colonial au lendemain de la Première Guerre mondiale (1919). La colonisation économique de la Corée promettait un développement important sur une terre étendue, peuplée et proche de la métropole. Elle a pourtant rapidement buté sur un certain nombre d’obstacles. Les infrastructures coloniales fondamentales, les finances et le chemin de fer, ont souffert tantôt d’un manque d’investissements, tantôt de la politique mandchourienne promue par Terauchi Masatake. La production industrielle et manufacturière resta marginale, malgré son développement relativement précoce et important : stimulé par une fièvre boursière à partir de 1916, le secteur s’effondra avec l’éclatement de la bulle en 1919. Commercialement, la colonie fut déficitaire en permanence et de manière exponentielle. La métropole n’y voyait qu’une source d’approvisionnements en riz et minerai de fer, alors même que la production coréenne ne pouvait concurrencer l’offre environnante (Indochine et Taiwan pour le riz, Chine pour le fer)… du fait du manque d’investissements. Cette faiblesse de la métropole en Corée rendit la domination japonaise particulièrement insupportable : l’effondrement de la bulle métropolitaine suivant la fin de la guerre mondiale fut aussi celui de tout espoir socio-économique en Corée. L’inflation galopante et l’absence de véritable politique de développement favorisèrent et précipitèrent l’avènement du Mouvement du 1er Mars 1919.
ERRATA: the railway concession was obtained in July 1898 (not "July 1989") ; the average annual population growth rate from 1900 to 1920 is 1,3% (not "11%").