Papers by Miriam Speyer
Les Recettes du succès : stéréotypes compositionnels et littérarité au XVIIe siècle, Fabula | Colloques en ligne, 2023
Les Contes des fées de Marie-Catherine D’Aulnoy ont été un grand succès à la fin des années 1690.... more Les Contes des fées de Marie-Catherine D’Aulnoy ont été un grand succès à la fin des années 1690. L’étude développe quelques hypothèses concernant les « recettes du succès » mobilisées par la conteuse et s’intéressera pour ce faire notamment aux vers insérés dans les contes pour souligner, dans les critères qui ont présidé à leur composition et/ou sélection, certains parallèles avec la culture populaire (et commerciale) de nos jours. Ces poésies n’étant pas, cependant, les pièces à succès du moment de publication des contes, la réflexion s’intéressera aussi à l’impression de « déjà-lu » produite par les récits pour montrer ce que les Contes de fées, et peut-être nombre d’autres productions littéraires galantes, partagent avec des services de musique à la demande comme Spotify ou YouTube.
La littérature galante du XVII e siècle a rendu illustres certains plantes et animaux. On pense b... more La littérature galante du XVII e siècle a rendu illustres certains plantes et animaux. On pense bien sûr aux narcisses et aux roses qui, dans la Guirlande de Julie, chantent les éloges de Julie d'Angennes. On pense aussi aux vingtcinq sonnets en bouts-rimés composés à l'occasion de la mort du perroquet de Madame du Plessis-Bellière (publiés en 1656 2), ou encore à la production littéraire autour des deux caméléons que possédait Madeleine de Scudéry entre 1672-1673 3. Il s'agit là d'animaux exotiques, d'animaux dont la présence même à Paris, dans l'espace mondain, faisait événement. En outre, ces animaux sont attachés à des maîtresses au moins aussi célèbres qu'eux. Aussi ces textes constituent-ils plutôt des exceptions, peu représentatives des pratiques poétiques des mondains dans ces années-là, du moins telles qu'elles sont reflétées par les recueils de poésies galantes. Dans les années 1650 à 1670 notamment, les pièces poétiques d'actualité, émanant souvent 1 Cet article est issu d'une communication présentée lors du 37 e congrès annuel de la SE 17 (Université de Fribourg, Suisse, 17 au 19 décembre 2018). 2 La série a été publiée à Paris, dans la troisième partie des Poësies choisies de Charles de Sercy (p. 374-410). 3 Sur le rôle des animaux dans le cercle de Madeleine de Scudéry, voir N. Grande, « Une vedette des salons : le caméléon », dans L'Animal au XVII e siècle, C. Mazouer (éd.), Paris, PFSCL, « Biblio 17, n°146 », 2003, p. 89-101 et N. Aronson, « "Que diable allait-il faire dans cette galere !" Mademoiselle de Scudéry et les animaux », dans Les Trois Scudéry, A. Niderst (éd.), Paris, Klincksieck, 1993, p. 523-532. Sur l'animal en général au XVII e siècle et sa place dans la littérature, voir D. Lopez, « L'animal au XVII e siècle : fond de tableau théologique, mythologique, philosophique (quelques points d'ancrage) » et « "Peut-être d'autres héros / M'auraient acquis moins de gloire" : du statut des animaux dans la poésie du XVII e siècle », dans L'Animal au XVII e siècle, op. cit., p. 11-25 et p. 39-72. N'imitez pas vostre Maistresse Vous estes Chienne, elle est Tigresse 11 Dans A Madame*** sur sa petite Levrette, publiée dans les Poësies choisies de 1660, on lit : Rien ne sçauroit toucher son coeur [= le coeur de la chienne], Et ce jeune Levron, son nouveau serviteur, A peine baise-t-il sa patte. Elle imite vos cruautez, Et vostre indiference extréme ; Parce que vous me mal-traittez, Elle prétend faire de méme. 12
Mémoire de master préparé à l'université de Caen Basse-Normandie, UFR des sciences de l'Homme, Dé... more Mémoire de master préparé à l'université de Caen Basse-Normandie, UFR des sciences de l'Homme, Département de littérature française et de littérature comparée, sous la direction de Marie-Gabrielle Lallemand
Les Œuvres meslées de Madame de Villedieu, ouvrage en trois tomes publié chez Claude Barbin en 16... more Les Œuvres meslées de Madame de Villedieu, ouvrage en trois tomes publié chez Claude Barbin en 1674 s'inscrivent dans l'esthétique des œuvres galantes composites qui plaisent tant aux mondains dans les années 1660 et 1670. Composés à une ou à plusieurs mains, ces recueils mêlent pièces en vers, lettres et récits en prose ou en prosimètre, le sujet étant presque exclusivement l'amour.
Voir en ligne : https://madamedevilledieu.huma-num.fr/jeuneschercheurs/Speyer_collage
Corela, 2018
Réseaux communautaires et variation dans le langage en moyen français et français préclassique L'... more Réseaux communautaires et variation dans le langage en moyen français et français préclassique L'ombre de Caliste Le sonnet galant écrit à partir de Malherbe
MIRIAM SPEYER « Eh bien, ma soeur, separons-nous » : La chanson dans les recueils poetiques et mu... more MIRIAM SPEYER « Eh bien, ma soeur, separons-nous » : La chanson dans les recueils poetiques et musicaux du premier XVIIe siecle
Vieille barbe de vérollé Vieille trogne de cul pelé Vieille chaudière à cuire trippes, Vieille ma... more Vieille barbe de vérollé Vieille trogne de cul pelé Vieille chaudière à cuire trippes, Vieille marchande d'almanachs, Vieille tripière, vieille cabas, Vieille receleuse de nippes. 1 Voici seulement six des soixante-six vers décrivant-ou plutôt défigurant-la « vieille décrépitée » dont on nous livre le portrait dans le Cabinet des vers satyriques de ce temps de 1620. Dans les « Stances contre une Dame » de Sigogne, la femme se transforme en « Vaisseau rond pour aller en guerre » ou en Double canon, pipe de bières, Ventre de tonne et de lictière, Visage d'un gros vilain cu […] 2 L'imagination des poètes satyriques semble sans bornes quant à la femme qui devient, sous leur plume, un « monstre aux monstres même horrible » 3. Mais drôle de poésie en effet qui, alors qu'en même temps, des oeuvres comme l'Astrée chantent la beauté et la perfection de la femme, se plaît, au contraire, à la défigurer de façon grossière, voire ouvertement obscène. Entre la fin des guerres de Religion et le procès de Théophile de Viau en 1623 fleurit en France une école poétique satyrique, orthographiée avec un « y ». Cette poésie, vulgaire et obscène, se réclame non de la satire latine 4 , mais de la figure du satyre, chèvre-pied fabuleux et compagnon de Bacchus 5. Cette 1 Le Cabinet satyrique ou recueil parfaict des vers piquants & gaillards de ce temps […] Seconde édition, reveuë, corrigée, & de beaucoup augmentée, Paris, Antoine Estoc, 1620, p. 361. Les oeuvres parues avant 1800 seront citées dans l'orthographie qui a été adoptée par nos éditions de référence. Suivant l'usage, nous dissimilons la graphie u/v et i/j et remplaçons les tildes par la consonne requise.
Usages du "copier-coller" aux XVIe et XVIIe siècles : extraire, réemployer, recomposer, 2021
En ligne sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03273050.
Souvent cité comme le para... more En ligne sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03273050.
Souvent cité comme le parangon du recueil collectif galant au XVIIe siècle, le Recueil de pièces galantes en prose et en vers, dit aussi « La Suze-Pellisson », est mal connu. L’histoire de ce recueil, continûment augmenté par des pièces reprises d’autres publications, est faite de réarrangements et de copier-coller, ce qui lui a valu le mépris de la critique moderne. La longévité de la publication (1663-1748) dément cependant les critiques : le recueil était un best-seller. Dans cet article, nous nous proposons d’interroger les pratiques de reprise et de recomposition à l’œuvre dans ce recueil qui, nous semble-t-il, sont révélatrices d’un changement de statut : forme de revue littéraire galante dans les années 1660, le recueil se mue au fil du temps en anthologie, circonscrivant le champ d’une certaine poésie galante.
Papers on seventeenth century literature, 2019
En ligne sur HAL : https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/hal-02184238
Recueillir, lire, inscrire. Recueils, anthologies et histoire littéraire, M. Bombart, M. Cartron, M. Rosellini (dir.), Pratiques et formes littéraires 16-18. Cahiers du GADGES, Jan 2021
En ligne : https://publications-prairial.fr/pratiques-et-formes-litteraires/index.php?id=229
R... more En ligne : https://publications-prairial.fr/pratiques-et-formes-litteraires/index.php?id=229
Résumé :
Bien que mode de publication majeur de la poésie profane au XVIIe siècle, le recueil collectif a souvent été négligé par la critique moderne qui en a critiqué le désordre ou l’importance de l’anonymat. L’article pose la question du rôle de ces « ramas de diverses poësies » dans la canonisation de pièces ou de poètes sur le court et moyen terme. Valorisés au moment de leur publication pour la sélection de textes qu’ils proposent, certains recueils vont de plus être allégués comme sources pour l’historiographie littéraire encore naissante à la fin du siècle de Louis XIV.
Abstract :
In 17th century France, poems are often published in collections which unite various authors. This paper will scrutinize the way these collections contributed to the development of a canon of poetry. In fact, though often neglected by modern scholars, these collections were valued in their time for the poetry selection they offered their readers. Some of them will thus serve as sources in the emerging field of literary history at the end of the reign of Louis XIV.
Crédits de la page de titre :
-Gravure de la page de titre : BnF/Gallica
-Graphisme : Florence Poncet (IHRIM)
https://publications-prairial.fr/pratiques-et-formes-litteraires/index.php?id=242
Le Prosimètre au XVIIe siècle. Un "ambigu de vers et de prose", M.-G. Lallemand, C. Nédelec, M. Speyer (dir.), L'Entre-deux, 2019
En ligne : https://lentre-deux.com/index.php?b=83
Au XVIIe siècle, la poésie se publie massiveme... more En ligne : https://lentre-deux.com/index.php?b=83
Au XVIIe siècle, la poésie se publie massivement non dans des recueils d’auteur, mais dans des recueils collectifs. À partir des années 1650, ces publications intègrent de plus en plus de pièces en prose ou en prosimètre. La contiguïté des deux formes d’écriture, dans les recueils et à l’intérieur des compositions galantes, annonce le brouillage des styles : la hiérarchie entre vers et prose semble s’estomper et n’est, en fin de compte, peut-être plus qu’une question de mise en forme sur la page imprimée.
Abstract
17th century gallant poetry is often published in poetry collections. From 1655 onwards, these publications include also texts written partly or entirely in prose. The proximity of verse and prose, united in the same book, and even in the same composition results thus in their interference. The traditional hierarchy of styles fades and their difference might basically reside in their disposition on the printing page.
Corela, 2018
À consulter en ligne : https://journals.openedition.org/corela/6838
CORELA, Réseaux communautair... more À consulter en ligne : https://journals.openedition.org/corela/6838
CORELA, Réseaux communautaires et variation dans le langage en moyen français et français préclassique, P. Larrivée, P. Mounier (éd.), HS-26, 2018,
Papers on french seventeenth century literature, 2017
En ligne sur HAL : https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/hal-01921669
À l’aube du XV... more En ligne sur HAL : https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/hal-01921669
À l’aube du XVIIe siècle, la poésie, dite ou chantée, est avant tout publiée dans des recueils collectifs, dont le travail bibliographique de F. Lachèvre souligne l’essor. Dans le cadre de notre thèse, consacrée aux recueils collectifs publiés entre 1597 et 1671, nous élaborons une base de données recensant toutes les pièces contenues dans ces recueils. C’est dans cette exploration quantitative qu’a émergé le statut particulier des pièces qualifiées comme «chansons», particulièrement au début du siècle. Publiée dans des recueils de chansons au XVIe siècle, cette forme est alors intégrée aux recueils de poésie et y voisine avec des pièces poétiques destinées à la lecture. Or, les chansons sont de moins en moins nombreuses dans les recueils des vingt premières années du XVIIe siècle. Plus encore, bien des pièces initialement qualifiées de « chanson » se trouvent à cette époque-là, requalifiées en « stances ». Quels indices cette évolution nous livre-t-elle sur les pratiques de la poésie chantée ? Si la chanson se compose volontiers en vers hétérométriques, quelle nouvelle lumière cette observation apporte-t-elle au sujet de l’essor des stances hétérométriques généralement attribuée à Malherbe (Fromilhague, 1954) ? L’approche quantitative permettra finalement aussi de mettre en perspective le devenir de la chanson et de la poésie chantée dans les recueils collectifs ultérieurs : constitue-t-elle une forme à part ou, au contraire, une forme poétique à part entière.
Fantasmer l’identité féminine – une certaine identité féminine – c’est ainsi que l’on peut appréh... more Fantasmer l’identité féminine – une certaine identité féminine – c’est ainsi que l’on peut appréhender tout un pan de la poésie occidentale depuis Pétrarque et sa Laure. En effet, les poètes pétrarquistes et néoplatonistes voient la femme comme l’incarnation de la beauté, idéale au point de pouvoir rivaliser avec les déesses gréco-romaines. Mais à la toute fin du XVIe siècle apparaît un mouvement contraire : les poètes satyriques s’insurgent pour différentes raisons contre ces courants idéalisants et en prennent le contre-pied. Au lieu de parler de « cheveux d’or » et de « lèvres vermeilles », on évoque alors des visages difformes et marqués par le temps, des corps maigres et défigurés par la maladie. Le réel le plus prosaïque envahit la poésie et c’est le corps féminin qui en devient l’espace de projection. Or, le fantasme n’en reste pas moins présent. Si la poésie amoureuse idéalisante fige la femme dans la perfection, l’imagine comme proche de la divinité, les poètes satyriques la dissèquent vers par vers. Certes, les femmes sont décrites sur un mode bien plus proche du réel et loin de toute idéalisation, mais on ne saurait pas pour autant parler de régime réaliste. Difficile en effet d’imaginer une femme dont le visage « paroist un vray cul de Reistre », dont le front « comme une crouste de pasté, / Figure une victoire tragique » et dont les « lèvres filent de la laine », une dame dont le nez « ressemble un fusil » et la bouche à « un cul de coq d’inde ».
Dans ces pièces publiées dans les recueils satyriques, les poètes se font peintres d’une femme-monstre. Dans de véritables amoncellements comparatives, des accumulations de syntagmes descriptifs, les poètes créent des visions hallucinatoires de femmes plus abominables les unes que les autres. Cascades d’invectives, les vers deviennent le lieu d’un défoulement où les fantasmes de la femme monstre semblent dotés de vertus cathartiques.
En partant de ces observations, la communication s’attacher à interroger les modalités de mise en place de ces visions fantasmagoriques. Comment les poètes créent-ils ces figures de papier ? Qu’est-ce qui sépare véritablement ces femmes fantasmées des figures féminines que peignent les poètes néoplatonistes ? Et quel est le rôle du vers dans ces créations où se déchaînent avec violence tous les fantasmes obscènes et morbides ?
Accessible en ligne sur le site du LASLAR (EA 4256): http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/laslar/4285
En ligne sur le site "Madame de Villedieu" : https://madamedevilledieu.univ-lyon2.fr/miriam-speye... more En ligne sur le site "Madame de Villedieu" : https://madamedevilledieu.univ-lyon2.fr/miriam-speyer-2016-de-l-art-du-collage-la-troisiesme-partie-des-oeuvres-meslees-1674-de-madame-de-villedieu-713128.kjsp?RH=grac25
C’est en 1674 que paraissent chez Claude Barbin les Œuvres meslées de Madame de Villedieu. Le renouveau d’intérêt pour l’œuvre de l’autrice dans les années 2000 a mené à maints travaux sur Le Portefeuille qui en constitue la première partie. Ce bref roman épistolaire a récemment connu même deux éditions critiques. Or, les Œuvres meslées continrent lors de leur publication en 1674 non pas une, mais trois parties. Si la deuxième partie, un échange de lettres en prosimètre, trouve évocation dans un certain nombre de travaux critiques, la troisième partie est presque toujours passée sous silence. Hormis l’article de mise au point bibliographique de Rudolf Harneit paru dans la RHLF (n°5, 2001, p. 1455-1462) en effet, aucun travail n’a, à notre connaissance, vu le jour qui aborderait le recueil de poésies qui constitue la troisième partie.
En partant du constat que la grande majorité de ces poésies ne sont pas, comme l’affirme Rudolf Harneit, inédites en 1674, le présent article retrace l’histoire éditoriale de cette troisième partie qui jouit, dès sa création, d’un statut quelque peu à part. Bien des indices dans cette partie, véritable collage de pièces extraites d’œuvres narratives et dramatiques publiées antérieurement, nous invitent de plus à nous interroger sur l’identité du compilateur : fut-ce Madame de Villedieu ou, au contraire, une main étrangère qui composa cette Troisiesme Partie ?
Organisation de manifestations scientifiques by Miriam Speyer
Organisation de la journée d'études des jeunes chercheurs du LASLAR, "Aventure(s) du récit", à la... more Organisation de la journée d'études des jeunes chercheurs du LASLAR, "Aventure(s) du récit", à la MRSH de l'Université de Caen Normandie, le 23 mars 2017.
Comité d'organisation : Clément Hummel, Solenne Montier, Caroline Mounier-Vehier et Miriam Speyer.
Conference Presentations by Miriam Speyer
Projet "ÉVEILLE" : journée "Base de données pour les projets de recherche en SHS" (Mulhouse), 2021
Conférence enregistrée : https://e-diffusion.uha.fr/video/3661-j1-miriam-speyer-retour-dexperienc... more Conférence enregistrée : https://e-diffusion.uha.fr/video/3661-j1-miriam-speyer-retour-dexperience/
Au début du XXe siècle, Frédéric Lachèvre fait, dans sa Bibliographie des recueils collectifs de poésies publiés entre 1597 et 1700, l’inventaire des compilations poétiques parues tout au long du XVIIe siècle. Or, la bibliographie matérielle, quoique très précieuse, limite fortement les angles d’approche, tandis que la base de données permet, elle, de tenir compte de toute la plasticité de ce corpus hétérogène. À l’exemple des recueils collectifs de poésies du XVIIe siècle, l’intervention cherchera à présenter la genèse et les apports heuristiques de ce type d’outil numérique, tout particulièrement dans un travail de thèse, et d’en esquisser les prolongements possibles.
Colloque "Fortes de corps, d'âme et d'esprit" (Rouen), 2021
Conférence enregistrée : https://webtv.univ-rouen.fr/permalink/v1261b86a471al6j6udf/iframe/
En... more Conférence enregistrée : https://webtv.univ-rouen.fr/permalink/v1261b86a471al6j6udf/iframe/
En 1698 paraît à Paris, chez la Vve C. Mazuel le recueil La Nouvelle Pandore ou les femmes illustres du siècle de Louis le Grand [...] dedié aux Dames. Paru deux ans après le premier tome des Hommes illustres de Perrault, ce recueil, orchestré par Guyonnet de Vertron propose une galerie des femmes illustres du siècle de Louis XIV. Or, contrairement à l’œuvre de Perrault, la Nouvelle Pandore loue essentiellement des femmes encore en vie. Plus frappant encore, le recueil ne fait pas le portrait de ces « femmes illustres », mais leur accorde la parole : à la suite des discours académiques en faveur des femmes ou de l’égalité des sexes de son cru, Vertron réunit les poésies et lettres de ses contemporaines.
Selon le discours « du Mérite des Dames » qui ouvre le recueil, « la femme l’emporte sur l’homme par l’Éloquence » (I, 17). Les poésies et lettres de Mlle Certain, Mme Deshoulières, Mme de Salvan, Mme de Plat-Buisson, Mlle de Scudéry et d’autres vont permettre au lecteur de juger sur pièce. En tant qu’œuvre d’un historiographe du Roi, comme le précise la page de titre, la Nouvelle Pandore participe aussi à l’écriture de l’histoire et de la grandeur du règne de Louis XIV. Production inscrite dans le prolongement de la querelle des Anciens et des Modernes, elle illustre la position féministe de ces derniers. Mais la compilation se lit encore comme une illustration de son compilateur masculin. C’est cet autoproclamé « protecteur du beau sexe » (I, 461) qui orchestre les pièces poétiques, et établit la galerie des « Muses Françoises ou [...] Dames illustres de France» ou celle des «sept merveilles de la République des Lettres ». La configuration même du recueil invite dès lors à interroger la relation entre les voix des autrices et celle de celui qui les publie, Vertron...
Intervention lors du séminaire "Métamorphoses du document et Pratiques de recherche à l'ère des H... more Intervention lors du séminaire "Métamorphoses du document et Pratiques de recherche à l'ère des Humanités numériques", Les Têtes chercheuses (ED 484, 3LA, Lyon) le 11 décembre 2017.
L'Habillage du livre et du texte aux XVIIe et XVIIIe siècles - PU de Lorraine (coll. Book Practices and Textual Itineraries) , 2019
Résumé de la communication :
Après l’introduction des caractères romains et italiques en France... more Résumé de la communication :
Après l’introduction des caractères romains et italiques en France sous François Ier, des emplois propres pour les deux lettres se développent. D’une part, l’italique devient la lettre de prédilection pour marquer le changement énonciatif, l’usage en mention ou la citation. De l’autre, ressenti comme plus élégant que le caractère romain, l’italique devient le caractère de la poésie. Une manière de plus pour montrer que cette « langue des dieux » se situe bien au faîte de l’hiérarchie des genres.
Au cours des années 1650 cependant, le caractère italique disparaît des recueils poétiques polygraphiques et autographiques imprimés en in-12° et in-8°. Plusieurs déplacements s’observent alors qui affectent à la fois le statut de la poésie et les mécanismes permettant de rendre hommage à un texte, son auteur ou son dédicataire. En effet, si l’italique se maintient jusqu’à l’aube du XVIIIe siècle pour l’édition de textes versifiés, ce n’est que pour des publications en grand format. Or, seuls ont l’honneur de paraître en ces éditions onéreuses des textes composés à l’honneur des grands du royaume ou à Dieu.
Pendant du dernier tiers du siècle, la mise en valeur d’une œuvre en vers est dictée par la dignité de son inspiration. L’écriture versifiée seule ne semble plus avoir de valeur intrinsèque. Il en va de même avec le prestige symbolique de la lettre italique ; au XVIIIe siècle, l’usage de celle-ci se réduira progressivement à celui qui est le sien de nos jours.
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Papers by Miriam Speyer
Voir en ligne : https://madamedevilledieu.huma-num.fr/jeuneschercheurs/Speyer_collage
Souvent cité comme le parangon du recueil collectif galant au XVIIe siècle, le Recueil de pièces galantes en prose et en vers, dit aussi « La Suze-Pellisson », est mal connu. L’histoire de ce recueil, continûment augmenté par des pièces reprises d’autres publications, est faite de réarrangements et de copier-coller, ce qui lui a valu le mépris de la critique moderne. La longévité de la publication (1663-1748) dément cependant les critiques : le recueil était un best-seller. Dans cet article, nous nous proposons d’interroger les pratiques de reprise et de recomposition à l’œuvre dans ce recueil qui, nous semble-t-il, sont révélatrices d’un changement de statut : forme de revue littéraire galante dans les années 1660, le recueil se mue au fil du temps en anthologie, circonscrivant le champ d’une certaine poésie galante.
Résumé :
Bien que mode de publication majeur de la poésie profane au XVIIe siècle, le recueil collectif a souvent été négligé par la critique moderne qui en a critiqué le désordre ou l’importance de l’anonymat. L’article pose la question du rôle de ces « ramas de diverses poësies » dans la canonisation de pièces ou de poètes sur le court et moyen terme. Valorisés au moment de leur publication pour la sélection de textes qu’ils proposent, certains recueils vont de plus être allégués comme sources pour l’historiographie littéraire encore naissante à la fin du siècle de Louis XIV.
Abstract :
In 17th century France, poems are often published in collections which unite various authors. This paper will scrutinize the way these collections contributed to the development of a canon of poetry. In fact, though often neglected by modern scholars, these collections were valued in their time for the poetry selection they offered their readers. Some of them will thus serve as sources in the emerging field of literary history at the end of the reign of Louis XIV.
Crédits de la page de titre :
-Gravure de la page de titre : BnF/Gallica
-Graphisme : Florence Poncet (IHRIM)
https://publications-prairial.fr/pratiques-et-formes-litteraires/index.php?id=242
Au XVIIe siècle, la poésie se publie massivement non dans des recueils d’auteur, mais dans des recueils collectifs. À partir des années 1650, ces publications intègrent de plus en plus de pièces en prose ou en prosimètre. La contiguïté des deux formes d’écriture, dans les recueils et à l’intérieur des compositions galantes, annonce le brouillage des styles : la hiérarchie entre vers et prose semble s’estomper et n’est, en fin de compte, peut-être plus qu’une question de mise en forme sur la page imprimée.
Abstract
17th century gallant poetry is often published in poetry collections. From 1655 onwards, these publications include also texts written partly or entirely in prose. The proximity of verse and prose, united in the same book, and even in the same composition results thus in their interference. The traditional hierarchy of styles fades and their difference might basically reside in their disposition on the printing page.
CORELA, Réseaux communautaires et variation dans le langage en moyen français et français préclassique, P. Larrivée, P. Mounier (éd.), HS-26, 2018,
À l’aube du XVIIe siècle, la poésie, dite ou chantée, est avant tout publiée dans des recueils collectifs, dont le travail bibliographique de F. Lachèvre souligne l’essor. Dans le cadre de notre thèse, consacrée aux recueils collectifs publiés entre 1597 et 1671, nous élaborons une base de données recensant toutes les pièces contenues dans ces recueils. C’est dans cette exploration quantitative qu’a émergé le statut particulier des pièces qualifiées comme «chansons», particulièrement au début du siècle. Publiée dans des recueils de chansons au XVIe siècle, cette forme est alors intégrée aux recueils de poésie et y voisine avec des pièces poétiques destinées à la lecture. Or, les chansons sont de moins en moins nombreuses dans les recueils des vingt premières années du XVIIe siècle. Plus encore, bien des pièces initialement qualifiées de « chanson » se trouvent à cette époque-là, requalifiées en « stances ». Quels indices cette évolution nous livre-t-elle sur les pratiques de la poésie chantée ? Si la chanson se compose volontiers en vers hétérométriques, quelle nouvelle lumière cette observation apporte-t-elle au sujet de l’essor des stances hétérométriques généralement attribuée à Malherbe (Fromilhague, 1954) ? L’approche quantitative permettra finalement aussi de mettre en perspective le devenir de la chanson et de la poésie chantée dans les recueils collectifs ultérieurs : constitue-t-elle une forme à part ou, au contraire, une forme poétique à part entière.
Dans ces pièces publiées dans les recueils satyriques, les poètes se font peintres d’une femme-monstre. Dans de véritables amoncellements comparatives, des accumulations de syntagmes descriptifs, les poètes créent des visions hallucinatoires de femmes plus abominables les unes que les autres. Cascades d’invectives, les vers deviennent le lieu d’un défoulement où les fantasmes de la femme monstre semblent dotés de vertus cathartiques.
En partant de ces observations, la communication s’attacher à interroger les modalités de mise en place de ces visions fantasmagoriques. Comment les poètes créent-ils ces figures de papier ? Qu’est-ce qui sépare véritablement ces femmes fantasmées des figures féminines que peignent les poètes néoplatonistes ? Et quel est le rôle du vers dans ces créations où se déchaînent avec violence tous les fantasmes obscènes et morbides ?
Accessible en ligne sur le site du LASLAR (EA 4256): http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/laslar/4285
C’est en 1674 que paraissent chez Claude Barbin les Œuvres meslées de Madame de Villedieu. Le renouveau d’intérêt pour l’œuvre de l’autrice dans les années 2000 a mené à maints travaux sur Le Portefeuille qui en constitue la première partie. Ce bref roman épistolaire a récemment connu même deux éditions critiques. Or, les Œuvres meslées continrent lors de leur publication en 1674 non pas une, mais trois parties. Si la deuxième partie, un échange de lettres en prosimètre, trouve évocation dans un certain nombre de travaux critiques, la troisième partie est presque toujours passée sous silence. Hormis l’article de mise au point bibliographique de Rudolf Harneit paru dans la RHLF (n°5, 2001, p. 1455-1462) en effet, aucun travail n’a, à notre connaissance, vu le jour qui aborderait le recueil de poésies qui constitue la troisième partie.
En partant du constat que la grande majorité de ces poésies ne sont pas, comme l’affirme Rudolf Harneit, inédites en 1674, le présent article retrace l’histoire éditoriale de cette troisième partie qui jouit, dès sa création, d’un statut quelque peu à part. Bien des indices dans cette partie, véritable collage de pièces extraites d’œuvres narratives et dramatiques publiées antérieurement, nous invitent de plus à nous interroger sur l’identité du compilateur : fut-ce Madame de Villedieu ou, au contraire, une main étrangère qui composa cette Troisiesme Partie ?
Organisation de manifestations scientifiques by Miriam Speyer
Comité d'organisation : Clément Hummel, Solenne Montier, Caroline Mounier-Vehier et Miriam Speyer.
Conference Presentations by Miriam Speyer
Au début du XXe siècle, Frédéric Lachèvre fait, dans sa Bibliographie des recueils collectifs de poésies publiés entre 1597 et 1700, l’inventaire des compilations poétiques parues tout au long du XVIIe siècle. Or, la bibliographie matérielle, quoique très précieuse, limite fortement les angles d’approche, tandis que la base de données permet, elle, de tenir compte de toute la plasticité de ce corpus hétérogène. À l’exemple des recueils collectifs de poésies du XVIIe siècle, l’intervention cherchera à présenter la genèse et les apports heuristiques de ce type d’outil numérique, tout particulièrement dans un travail de thèse, et d’en esquisser les prolongements possibles.
En 1698 paraît à Paris, chez la Vve C. Mazuel le recueil La Nouvelle Pandore ou les femmes illustres du siècle de Louis le Grand [...] dedié aux Dames. Paru deux ans après le premier tome des Hommes illustres de Perrault, ce recueil, orchestré par Guyonnet de Vertron propose une galerie des femmes illustres du siècle de Louis XIV. Or, contrairement à l’œuvre de Perrault, la Nouvelle Pandore loue essentiellement des femmes encore en vie. Plus frappant encore, le recueil ne fait pas le portrait de ces « femmes illustres », mais leur accorde la parole : à la suite des discours académiques en faveur des femmes ou de l’égalité des sexes de son cru, Vertron réunit les poésies et lettres de ses contemporaines.
Selon le discours « du Mérite des Dames » qui ouvre le recueil, « la femme l’emporte sur l’homme par l’Éloquence » (I, 17). Les poésies et lettres de Mlle Certain, Mme Deshoulières, Mme de Salvan, Mme de Plat-Buisson, Mlle de Scudéry et d’autres vont permettre au lecteur de juger sur pièce. En tant qu’œuvre d’un historiographe du Roi, comme le précise la page de titre, la Nouvelle Pandore participe aussi à l’écriture de l’histoire et de la grandeur du règne de Louis XIV. Production inscrite dans le prolongement de la querelle des Anciens et des Modernes, elle illustre la position féministe de ces derniers. Mais la compilation se lit encore comme une illustration de son compilateur masculin. C’est cet autoproclamé « protecteur du beau sexe » (I, 461) qui orchestre les pièces poétiques, et établit la galerie des « Muses Françoises ou [...] Dames illustres de France» ou celle des «sept merveilles de la République des Lettres ». La configuration même du recueil invite dès lors à interroger la relation entre les voix des autrices et celle de celui qui les publie, Vertron...
Après l’introduction des caractères romains et italiques en France sous François Ier, des emplois propres pour les deux lettres se développent. D’une part, l’italique devient la lettre de prédilection pour marquer le changement énonciatif, l’usage en mention ou la citation. De l’autre, ressenti comme plus élégant que le caractère romain, l’italique devient le caractère de la poésie. Une manière de plus pour montrer que cette « langue des dieux » se situe bien au faîte de l’hiérarchie des genres.
Au cours des années 1650 cependant, le caractère italique disparaît des recueils poétiques polygraphiques et autographiques imprimés en in-12° et in-8°. Plusieurs déplacements s’observent alors qui affectent à la fois le statut de la poésie et les mécanismes permettant de rendre hommage à un texte, son auteur ou son dédicataire. En effet, si l’italique se maintient jusqu’à l’aube du XVIIIe siècle pour l’édition de textes versifiés, ce n’est que pour des publications en grand format. Or, seuls ont l’honneur de paraître en ces éditions onéreuses des textes composés à l’honneur des grands du royaume ou à Dieu.
Pendant du dernier tiers du siècle, la mise en valeur d’une œuvre en vers est dictée par la dignité de son inspiration. L’écriture versifiée seule ne semble plus avoir de valeur intrinsèque. Il en va de même avec le prestige symbolique de la lettre italique ; au XVIIIe siècle, l’usage de celle-ci se réduira progressivement à celui qui est le sien de nos jours.
Voir en ligne : https://madamedevilledieu.huma-num.fr/jeuneschercheurs/Speyer_collage
Souvent cité comme le parangon du recueil collectif galant au XVIIe siècle, le Recueil de pièces galantes en prose et en vers, dit aussi « La Suze-Pellisson », est mal connu. L’histoire de ce recueil, continûment augmenté par des pièces reprises d’autres publications, est faite de réarrangements et de copier-coller, ce qui lui a valu le mépris de la critique moderne. La longévité de la publication (1663-1748) dément cependant les critiques : le recueil était un best-seller. Dans cet article, nous nous proposons d’interroger les pratiques de reprise et de recomposition à l’œuvre dans ce recueil qui, nous semble-t-il, sont révélatrices d’un changement de statut : forme de revue littéraire galante dans les années 1660, le recueil se mue au fil du temps en anthologie, circonscrivant le champ d’une certaine poésie galante.
Résumé :
Bien que mode de publication majeur de la poésie profane au XVIIe siècle, le recueil collectif a souvent été négligé par la critique moderne qui en a critiqué le désordre ou l’importance de l’anonymat. L’article pose la question du rôle de ces « ramas de diverses poësies » dans la canonisation de pièces ou de poètes sur le court et moyen terme. Valorisés au moment de leur publication pour la sélection de textes qu’ils proposent, certains recueils vont de plus être allégués comme sources pour l’historiographie littéraire encore naissante à la fin du siècle de Louis XIV.
Abstract :
In 17th century France, poems are often published in collections which unite various authors. This paper will scrutinize the way these collections contributed to the development of a canon of poetry. In fact, though often neglected by modern scholars, these collections were valued in their time for the poetry selection they offered their readers. Some of them will thus serve as sources in the emerging field of literary history at the end of the reign of Louis XIV.
Crédits de la page de titre :
-Gravure de la page de titre : BnF/Gallica
-Graphisme : Florence Poncet (IHRIM)
https://publications-prairial.fr/pratiques-et-formes-litteraires/index.php?id=242
Au XVIIe siècle, la poésie se publie massivement non dans des recueils d’auteur, mais dans des recueils collectifs. À partir des années 1650, ces publications intègrent de plus en plus de pièces en prose ou en prosimètre. La contiguïté des deux formes d’écriture, dans les recueils et à l’intérieur des compositions galantes, annonce le brouillage des styles : la hiérarchie entre vers et prose semble s’estomper et n’est, en fin de compte, peut-être plus qu’une question de mise en forme sur la page imprimée.
Abstract
17th century gallant poetry is often published in poetry collections. From 1655 onwards, these publications include also texts written partly or entirely in prose. The proximity of verse and prose, united in the same book, and even in the same composition results thus in their interference. The traditional hierarchy of styles fades and their difference might basically reside in their disposition on the printing page.
CORELA, Réseaux communautaires et variation dans le langage en moyen français et français préclassique, P. Larrivée, P. Mounier (éd.), HS-26, 2018,
À l’aube du XVIIe siècle, la poésie, dite ou chantée, est avant tout publiée dans des recueils collectifs, dont le travail bibliographique de F. Lachèvre souligne l’essor. Dans le cadre de notre thèse, consacrée aux recueils collectifs publiés entre 1597 et 1671, nous élaborons une base de données recensant toutes les pièces contenues dans ces recueils. C’est dans cette exploration quantitative qu’a émergé le statut particulier des pièces qualifiées comme «chansons», particulièrement au début du siècle. Publiée dans des recueils de chansons au XVIe siècle, cette forme est alors intégrée aux recueils de poésie et y voisine avec des pièces poétiques destinées à la lecture. Or, les chansons sont de moins en moins nombreuses dans les recueils des vingt premières années du XVIIe siècle. Plus encore, bien des pièces initialement qualifiées de « chanson » se trouvent à cette époque-là, requalifiées en « stances ». Quels indices cette évolution nous livre-t-elle sur les pratiques de la poésie chantée ? Si la chanson se compose volontiers en vers hétérométriques, quelle nouvelle lumière cette observation apporte-t-elle au sujet de l’essor des stances hétérométriques généralement attribuée à Malherbe (Fromilhague, 1954) ? L’approche quantitative permettra finalement aussi de mettre en perspective le devenir de la chanson et de la poésie chantée dans les recueils collectifs ultérieurs : constitue-t-elle une forme à part ou, au contraire, une forme poétique à part entière.
Dans ces pièces publiées dans les recueils satyriques, les poètes se font peintres d’une femme-monstre. Dans de véritables amoncellements comparatives, des accumulations de syntagmes descriptifs, les poètes créent des visions hallucinatoires de femmes plus abominables les unes que les autres. Cascades d’invectives, les vers deviennent le lieu d’un défoulement où les fantasmes de la femme monstre semblent dotés de vertus cathartiques.
En partant de ces observations, la communication s’attacher à interroger les modalités de mise en place de ces visions fantasmagoriques. Comment les poètes créent-ils ces figures de papier ? Qu’est-ce qui sépare véritablement ces femmes fantasmées des figures féminines que peignent les poètes néoplatonistes ? Et quel est le rôle du vers dans ces créations où se déchaînent avec violence tous les fantasmes obscènes et morbides ?
Accessible en ligne sur le site du LASLAR (EA 4256): http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/laslar/4285
C’est en 1674 que paraissent chez Claude Barbin les Œuvres meslées de Madame de Villedieu. Le renouveau d’intérêt pour l’œuvre de l’autrice dans les années 2000 a mené à maints travaux sur Le Portefeuille qui en constitue la première partie. Ce bref roman épistolaire a récemment connu même deux éditions critiques. Or, les Œuvres meslées continrent lors de leur publication en 1674 non pas une, mais trois parties. Si la deuxième partie, un échange de lettres en prosimètre, trouve évocation dans un certain nombre de travaux critiques, la troisième partie est presque toujours passée sous silence. Hormis l’article de mise au point bibliographique de Rudolf Harneit paru dans la RHLF (n°5, 2001, p. 1455-1462) en effet, aucun travail n’a, à notre connaissance, vu le jour qui aborderait le recueil de poésies qui constitue la troisième partie.
En partant du constat que la grande majorité de ces poésies ne sont pas, comme l’affirme Rudolf Harneit, inédites en 1674, le présent article retrace l’histoire éditoriale de cette troisième partie qui jouit, dès sa création, d’un statut quelque peu à part. Bien des indices dans cette partie, véritable collage de pièces extraites d’œuvres narratives et dramatiques publiées antérieurement, nous invitent de plus à nous interroger sur l’identité du compilateur : fut-ce Madame de Villedieu ou, au contraire, une main étrangère qui composa cette Troisiesme Partie ?
Comité d'organisation : Clément Hummel, Solenne Montier, Caroline Mounier-Vehier et Miriam Speyer.
Au début du XXe siècle, Frédéric Lachèvre fait, dans sa Bibliographie des recueils collectifs de poésies publiés entre 1597 et 1700, l’inventaire des compilations poétiques parues tout au long du XVIIe siècle. Or, la bibliographie matérielle, quoique très précieuse, limite fortement les angles d’approche, tandis que la base de données permet, elle, de tenir compte de toute la plasticité de ce corpus hétérogène. À l’exemple des recueils collectifs de poésies du XVIIe siècle, l’intervention cherchera à présenter la genèse et les apports heuristiques de ce type d’outil numérique, tout particulièrement dans un travail de thèse, et d’en esquisser les prolongements possibles.
En 1698 paraît à Paris, chez la Vve C. Mazuel le recueil La Nouvelle Pandore ou les femmes illustres du siècle de Louis le Grand [...] dedié aux Dames. Paru deux ans après le premier tome des Hommes illustres de Perrault, ce recueil, orchestré par Guyonnet de Vertron propose une galerie des femmes illustres du siècle de Louis XIV. Or, contrairement à l’œuvre de Perrault, la Nouvelle Pandore loue essentiellement des femmes encore en vie. Plus frappant encore, le recueil ne fait pas le portrait de ces « femmes illustres », mais leur accorde la parole : à la suite des discours académiques en faveur des femmes ou de l’égalité des sexes de son cru, Vertron réunit les poésies et lettres de ses contemporaines.
Selon le discours « du Mérite des Dames » qui ouvre le recueil, « la femme l’emporte sur l’homme par l’Éloquence » (I, 17). Les poésies et lettres de Mlle Certain, Mme Deshoulières, Mme de Salvan, Mme de Plat-Buisson, Mlle de Scudéry et d’autres vont permettre au lecteur de juger sur pièce. En tant qu’œuvre d’un historiographe du Roi, comme le précise la page de titre, la Nouvelle Pandore participe aussi à l’écriture de l’histoire et de la grandeur du règne de Louis XIV. Production inscrite dans le prolongement de la querelle des Anciens et des Modernes, elle illustre la position féministe de ces derniers. Mais la compilation se lit encore comme une illustration de son compilateur masculin. C’est cet autoproclamé « protecteur du beau sexe » (I, 461) qui orchestre les pièces poétiques, et établit la galerie des « Muses Françoises ou [...] Dames illustres de France» ou celle des «sept merveilles de la République des Lettres ». La configuration même du recueil invite dès lors à interroger la relation entre les voix des autrices et celle de celui qui les publie, Vertron...
Après l’introduction des caractères romains et italiques en France sous François Ier, des emplois propres pour les deux lettres se développent. D’une part, l’italique devient la lettre de prédilection pour marquer le changement énonciatif, l’usage en mention ou la citation. De l’autre, ressenti comme plus élégant que le caractère romain, l’italique devient le caractère de la poésie. Une manière de plus pour montrer que cette « langue des dieux » se situe bien au faîte de l’hiérarchie des genres.
Au cours des années 1650 cependant, le caractère italique disparaît des recueils poétiques polygraphiques et autographiques imprimés en in-12° et in-8°. Plusieurs déplacements s’observent alors qui affectent à la fois le statut de la poésie et les mécanismes permettant de rendre hommage à un texte, son auteur ou son dédicataire. En effet, si l’italique se maintient jusqu’à l’aube du XVIIIe siècle pour l’édition de textes versifiés, ce n’est que pour des publications en grand format. Or, seuls ont l’honneur de paraître en ces éditions onéreuses des textes composés à l’honneur des grands du royaume ou à Dieu.
Pendant du dernier tiers du siècle, la mise en valeur d’une œuvre en vers est dictée par la dignité de son inspiration. L’écriture versifiée seule ne semble plus avoir de valeur intrinsèque. Il en va de même avec le prestige symbolique de la lettre italique ; au XVIIIe siècle, l’usage de celle-ci se réduira progressivement à celui qui est le sien de nos jours.
À paraître en 2018.
Quand « amours » rime avec « discours » : des fonctions et pouvoirs de la parole dans l'histoire sentimentale en vers.
Le début du XVII e siècle voit une explosion des fictions narratives, majoritairement à thématique amoureuse. Les personnages sont des parleurs intarissables, le discours direct, dans la tradition rhétorique de la prosopopée, étant considéré comme l'accès le plus direct à l'intériorité du personnage. Les histoires sentimentales en vers de Bertaut 1 et La Roque 2 ainsi que « Les Infortunees Amours de Meandre & d'Alize » 3 , dans la lignée des récits médiévaux, sont innervées par le discours oral. Les effets d'oralité (apostrophe des personnages, adresse au lecteur) abondent, le champ sémantique de la parole est omniprésent. Suite à cette insistance formelle et lexicale, il s'agira d'engager une réflexion sur la valeur du mot prononcé, « discours » rimant avec « amours », « bouche » avec « touche », mais « pensée » avec « offensée ». Dès lors, ce questionnement nous permettra d'interroger également la position de l'auteur, dans la mesure où l'histoire peut être considérée comme prise de parole de ce dernier. Alors que l'histoire sentimentale en prose multiplie l'insertion de formes oralement marquées (lettres, vers, dialogues), mises en évidence par la mise en page, le récit versifié occulte ces prises de parole. Le brouillage énonciatif entre l'auteur et les personnages devient possible. De plus, la distribution de la parole reflète le système manichéen des personnages. Si seuls les bons ont droit au discours direct et les paroles de l'auteur et du personnage se confondent dans la forme versifiée, quel est donc l'ethos de l'auteur qui se construit ?