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Viticulture en Roumanie

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Carte de la Roumanie montrant le relief et le découpage en județe (départements).

La viticulture en Roumanie a une longue histoire, produisant avec plusieurs cépages autochtones des vins peu connus à l'étranger. La Roumanie est au 9e rang mondial des pays producteurs de vin, ainsi que le premier producteur parmi les pays de l'Europe centrale et orientale. Elle est membre de l'organisation internationale de la vigne et du vin.

Carte montrant les trois principales régions roumaines : la Transylvanie en bleu, la Valachie en jaune et la Moldavie en rose.

La viticulture aurait été apportée chez les Daces par les colonies grecques du bord de la mer Noire. Elle se développe pendant la période romaine, de la conquête par l'empereur Trajan en 106 à l'invasion barbare de 256, pour approvisionner les troupes (légions et auxiliaires) en garnison et les populations romanisées se trouvant dans la province de Dacie. Lors de la crise du troisième siècle, l'Empire romain perd la Dacie au profit des Carpes et des Goths (évacuation partielle sous Gallien en 260-268, totale sous Aurélien en 271-272[1]).

Famille de viticulteurs dans le județ de Ialomița, environ 1940.

Pendant le Moyen Âge et l'Époque moderne, la présence d'une minorité allemande dans le Sud de la Transylvanie favorise l'implantation de cépages germaniques (encore présents aujourd'hui : le welschriesling et les traminers) et le goût pour les vins blancs sucrés (la majorité des vins roumains sont des blancs demi-sec). Les ravages du phylloxéra à l'extrême fin du XIXe siècle (à partir de 1885) favorise l'arrivée de cépages d'origine française (d'abord le sauvignon, le cabernet sauvignon et le pinot noir, plus tard le merlot).

Comme dans tous les pays du bloc de l'Est, les vignerons se voient confisquer leurs terres durant la période communiste (de 1945 à 1989), la petite propriété individuelle étant remplacée par des fermes d'État (dites « coopératives »). Après la chute de la dictature ces vastes structures de production ont été vendues aux enchères par l'état roumain (les descendants des anciens vignerons, qui réclamaient leurs terres, recevant un modeste dédommagement). Depuis les années 1990, quelques viticulteurs étrangers se sont installés en Roumanie, attirés par les prix très bas du foncier et de la main-d'œuvre.

Géographie

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Régions de productions

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Carte d'occupation des sols en Roumanie en 1970 : les vignobles sont indiqués en violet.

Il existe quatre grandes régions viti-vinicoles : transylvaine, valaque, moldave et dobrogéenne[2].

  • La Valachie (Ţara Românească), essentiellement le long du piémont sud des Carpates, débordant parfois sur la plaine :
    • en Munténie (Muntenia : Dealurile Buzăuliu, Dealul Mare, Ştefănești et Sâmburești) ;
    • en Olténie (Oltenia : Drăgășani, Crușețu, Corcova, Severinului et Sadova-Corabia).

La superficie totale cultivée était de 242 700 hectares en 2002, soit 83 500 en Moldavie, 74 300 en Munténie, 35 100 en Olténie, 24 200 en Dobroudja, 11 100 en Crișana-Muramureș, 10 800 en Transylvanie et 3 700 hectares dans le Banat[4].

Le climat roumain est d'une façon générale de type continental, donc avec des saisons très contrastées : les hivers y sont froids et neigeux tandis que les étés y sont chauds.

Les nuances entre les régions sont dues à un climat plus frais en Transylvanie, aux influences montagnardes des Carpates en Valachie et en Moldavie, méditerranéennes dans le Banat (venant de l'Adriatique), ainsi qu'à la proximité de la mer Noire pour la Dobrogée qui adoucit relativement les hivers mais rend les étés plus secs.

Cépages cultivés

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Grappe de Băbească Neagră.

Cépages blancs et gris

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Les cépages européens classiques sont représentés (welschriesling, aligoté, sauvignon, pinot gris, chardonnay, muscat ottonel, gewurztraminer, muscat d'Alexandrie et chasselas) mais aussi les cépages autochtones[11] :

Surfaces cultivées par cépage en 1995[12]
Cépages Surface (ha) % Cépages Surface (ha) %
Fetească regală 25 580 30,5 Pinot gris 2 890 3,4
Welschriesling 16 240 19,4 Chardonnay 650 0,8
Aligoté 12 420 14,8 Grasă de Cotnari 600 0,7
Fetească albă 10 590 12,6 Autres cépages 10 740 12,8
Sauvignon 4 170 5,0 Total 83 880 100

Cépages noirs

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Outre les cépages européens classiques (cabernet sauvignon, merlot et pinot noir), on trouve des cépages autochtones :

Surfaces cultivées par cépage en 1995[12]
Cépages Surface (ha) % Cépages Surface (ha) %
Cabernet sauvignon 7 960 31,9 Pinot noir 1 480 5,9
Merlot 6 750 27,1 Fetească neagră 650 2,6
Băbească neagră 2 340 9,4 Autres cépages 5 760 23,1
Total 24 940 100

Anciens cépages

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Réglementation

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La législation viticole roumaine classe les vins selon la couleur (blanc, rosé ou rouge), la quantité de sucre (sec, demi-sec, demi-doux ou doux) et surtout son degré d'alcool :

  • vinuri pentru consumul curent, vin de consommation courante :
    • vin de masa, vin de table (VM, 8,5 à 9,5 % vol. d'alcool) ;
    • vin de masa superior, vin de table supérieur (VMS, au-dessus de 9,5 %) ;
  • vinuri de calitate, vin de qualité :
    • vinuri de calitate superior, vin de qualité supérieure (VS, au moins 10 %), devenu vinuri cu indicatie geografica protejata, vin à indication géographique protégée (IGP) ;
    • vinuri cu denumiri de origine controlata, vin à appellation d'origine contrôlée (DOC, au moins 10,5 %, fait à partir de raisin contenant au moins 196 g de sucre par litre de moût) ;
    • vinuri de inalta calitate cu denumiri de origine controlata, vin à appellation d'origine contrôlée et degrés de qualité (DOCC) ;
      • vinuri din struguri culesi la deplina maturitate, vendange à la pleine maturité des baies (DOCC-CMD, au moins 196 g de sucre par litre) ;
      • vinuri din struguri culesi tarziu, vendange tardive (DOCC-CT, au moins 220 g de sucre par litre) ;
      • vinuri din struguri stafiditi si cu putregai nobil, vendange à l'ennoblissement des baies avec pourriture noble (DOCC-CIB, au moins 240 g de sucre par litre).

D'autres mentions traditionnelles peuvent être rajoutées : mis en bouteille chez le producteur, mise en bouteille spéciale, vin de vinothèque, vin médaillé, cépage pur, vin en tonneaux d'élite, trésor du cellier, réserve, vin jeune, vin porté à la maturation en barriques[13].

Depuis 1993, l'office national des appellations d'origine pour le vin et les autres produits vitivinicoles (ONDOV) a la charge des dénominations géographiques et des 132 appellations d'origine.

La production était de 5 089 800 hectolitres de vin pour l'année 2002, soit 2 035 500 en Moldavie, 1 530 000 en Munténie, 492 200 en Olténie, 400 800 en Dobrogée, 621 300 en Crișana-Muramures, 312 300 en Transylvanie et 57 700 hectares dans le Banat.

68,5 % des vins produits en 2002 sont blancs, 31,4 % sont rouges ; 71,5 % sont des vins de consommation courante, 28 % sont des DOC. Tandis que les importations sont réduites (7 770 hectolitres), un dixième de la production roumaine est exporté, vers la Moldavie (218 110 hectolitres), l'Allemagne (152 360), la Tchéquie (35 180), l'Italie (23 270), le Royaume-Uni (11 230) ou Israël (8 820)[4].

Production annuelle de vin, en tonnes[14]
Années Production Années Production Années Production Années Production Années Production
1961 442 100 1971 635 000 1981 995 100 1991 500 800 2001 546 300
1962 592 500 1972 627 400 1982 1 306 900 1992 470 700 2002 546 100
1963 536 100 1973 922 300 1983 948 700 1993 583 855 2003 545 700
1964 520 000 1974 628 400 1984 1 003 800 1994 537 000 2004 707 072
1965 521 100 1975 727 000 1985 534 900 1995 672 000 2005 260 220
1966 556 600 1976 966 800 1986 1 184 600 1996 766 300 2006 501 401
1967 524 000 1977 910 800 1987 805 500 1997 668 800 2007 535 514
1968 679 200 1978 763 300 1988 642 460 1998 507 100 2008 554 182
1969 684 800 1979 886 300 1989 463 200 1999 566 100 2009 610 000
1970 449 300 1980 759 900 1990 470 500 2000 545 300 2010

Consommation

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Tandis que les importations sont réduites (7 770 hectolitres en 2002, venant d'Italie, de France et un peu d'Allemagne), un dixième de la production roumaine est exporté, vers la République de Moldavie (218 110 hectolitres), l'Allemagne (152 360), la République tchèque (35 180), l'Italie (23 270), le Royaume-Uni (11 230) ou Israël (8 820)[4].

Les Roumains consomment assez peu de vin, en comparaison de la consommation dans les pays d'Europe occidentale. Mis-à-part en Moldavie, région de forte tradition vinicole, la consommation de vin est surtout festive ; dans la vie courante, l'alcool est bu surtout sous forme de bière (en été) et d'eaux de vie nommées palinca ou tsouïca (notamment en hiver) produits localement à partir de fruits, et bus y compris à l'apéritif. La consommation du vin en Roumanie se fait souvent sous forme de « șpriţuri » : cocktails de vin blanc et d'eau minérale gazeuse.

Notes et références

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  1. Yann Le Bohec, « La Dacie des Romains : des provinces éphémères »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur clio.fr.
  2. Valeriu Cotea, Neculai Barbu, Constantin C. Grigorescu et Valeriu V. Cotea), Vignobles et vins de Roumanie, Editura Academiei Române, 2005.
  3. « Carte vinicole de la Roumanie », sur transylvania.be.
  4. a b et c [PDF] APEV, « Romania - Tara Vinului 2003 », sur wineromania.com.
  5. « Moyennes climatiques à Timișoara », sur monde.meteofrance.com.
  6. « Moyennes climatiques à Oradea », sur monde.meteofrance.com.
  7. « Moyennes climatiques à Târgu Mureș », sur monde.meteofrance.com.
  8. « Moyennes climatiques à Craiova », sur monde.meteofrance.com.
  9. « Moyennes climatiques à Iași », sur monde.meteofrance.com.
  10. « Moyennes climatiques à Constanța », sur monde.meteofrance.com.
  11. Ion M. Pusca, Vechi Soiuri Românesti de vita de vie, Editura tipographia intact, 2006.
  12. a et b Ministère de l'Agriculture et de l'alimentation ; source : « Cépages », sur transylvania.be.
  13. Arrêté portant approbation du règlement d'application de la loi sur la vigne et du vin no 67 de 1997. Source : « Législation », sur transylvania.be.
  14. Les données de 1961 à 1974 sont des estimations de la FAO. Source : « FAOSTAT », sur faostat.fao.org (consulté le ).

Liens externes

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Institutions
Quelques producteurs

Articles connexes

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