Villa Palagonia
Villa dei Mostri
Type | |
---|---|
Style | |
Architecte | |
Construction | |
Usage | |
Site web |
Pays | |
---|---|
Commune |
Coordonnées |
---|
La Villa Palagonia, située à Bagheria en Sicile, est l'une des demeures les plus célèbres d'Italie. Sa notoriété lui vient principalement des statues de monstres à figures humaines ou animales qui ornent son jardin et lui valent le surnom de « Villa des Monstres » (Villa dei Mostri).
Histoire
[modifier | modifier le code]La villa, un des tout premiers exemples du baroque sicilien, est édifiée à partir de 1715 pour Don Francesco Ferdinando Ier Gravina, prince de Palagonia, un grand d'Espagne proche de la famille royale. L'architecte Tommaso Napoli (assisté d'Agatino Daidone[1]) donne à ce petit palais une forme elliptique, des façades concaves et convexes, et l'entoure d’un demi-cercle de communs[2]. Une grande allée (aujourd'hui intégrée à la ville et devenue la via Palagonia) conduisait à la demeure depuis un portique monumental (toujours visible et connu sous le nom d'Arco del Padre Eterno).
Entre 1747 et 1749, le petit-fils du prince, Don Francesco Ferdinando II Gravina di Palagonia (1722-1788)[3] hérite de la villa, et entreprend d'importants travaux d'embellissement : cette villégiature à l'écart de Palerme peut dès lors être pleinement qualifiée de folie.
C'est en effet à lui que l'on doit la création des remarquables décors et sculptures grotesques, pour lesquels on peut établir une lointaine parenté avec les statues des jardins de Bomarzo, créés par les Orsini près de Viterbe.
Ces fameux « monstres » (initialement au nombre de 250 – certaines sources avancent le chiffre de 600 – il n'en reste aujourd'hui que 62[2]) ont valu son surnom à la villa Palagonia. Plusieurs légendes circulent quant à la raison qui a poussé le prince à créer un décor si excentrique : folie, dérision vis-à-vis de sa propre laideur, infidélité de sa belle épouse (certains monstres seraient des représentations de ses amants)[4].
La demeure est par ailleurs renommée pour la complexité de son escalier extérieur à double volée, ses façades incurvées, ses marbres d'intérieur et sa salle de bal au plafond de miroirs brisés.
Il est également rapporté que le mobilier était conçu pour surprendre : des fenêtres aux verres de couleur[5], des statues disposées dans les salles de sorte que leurs mains accrochent les perruques des visiteurs à leur passage, des sièges dotés d'un pied qui ployait lorsqu'on s’y asseyait[6].
Les « monstres » comme les décors extravagants ont suscité la curiosité des voyageurs du Grand Tour aux XVIIIe et XIXe siècles, qu'il s'agisse de l'Anglais Henry Swinburne, de l'Écossais Patrick Brydone, de Goethe, du comte de Borde, du dessinateur Jean-Pierre Houël ou encore d'Alexandre Dumas. La villa Palagonia fascinera également les surréalistes comme André Breton, le peintre italien Renato Guttuso, ou encore des auteurs contemporains comme Giovanni Macchia et Dominique Fernandez.
En 1885, après l'extinction de la famille Gravina di Palagonia, la villa est rachetée par des particuliers, la famille Castronovo, qui en est toujours propriétaire. Après avoir été divisée en appartements, la villa a été restaurée et est partiellement ouverte au public.
-
Gravure du portique monumental (en haut) conduisant à la villa Palagonia, par Houël.
-
Le portail principal de la villa Palagonia.
-
L'escalier de la villa Palagonia.
-
Les monstres du mur d'enceinte.
-
Les monstres sur l'un des portails de la villa.
-
Le vestibule d'entrée.
-
Le salon des miroirs.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Villa Palagonia (Bagheria) - Villa of Monsters - Villa dei Mostri - Wonders of Sicily », sur The Wonders of Sicily (consulté le )
- Pascal Hachet, « La villa Palagonia et les voyageurs du XVIIIe siècle, psychanalyse d'un trauma esthétique », .
- « Ferdinando Francesco Gravina (1722-1788) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- (en) Roy Rowan, « The Ugly Prince : the curse of a cuckold nobleman strikes again at the palace of horrors he built for his wife », LIFE Magazine, (lire en ligne).
- Encyclopædia Universalis, « VILLA PALAGONIA », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- Pierre Sébilleau, La Sicile, Grenoble, Arthaud, , 334 p. (lire en ligne), p. 292.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (fr) Claude Arthaud, Les Palais du rêve, Arthaud, 1970
- (fr) Michel-Jean, comte de Borch, Lettres sur la Sicile et sur l'île de Malte, 1782 Extraits en ligne
- (fr) Patrick Brydone, Voyage en Sicile et à Malte, Pissot & Le Jay, Amsterdam & Paris, 1776
- (fr) Alexandre Dumas, Impressions de voyage
- (fr) Dominique Fernandez, Le Radeau de la Gorgone (Promenades en Sicile), photographies de Ferrante Ferranti, Grasset, 1988
- (fr) Dominique Fernandez, Le Voyage d'Italie (Dictionnaire amoureux), photographies de Ferrante Ferranti, Plon, 1997
- (fr) Goethe, Voyage en Italie, 1787
- (fr) Pascal Hachet, Psychanalyse d'un choc esthétique. La villa Palagonia et ses visiteurs, L'Harmattan, 2002 (ISBN 2-7475-2853-7).
- (fr) Giovanni Macchia, Le Prince de Palagonia, Quai Voltaire, 1987
- (fr) Dacia Maraini, Retour à Bagheria, Seuil, 2004
- (en) E. H. Neil, Architecture in context : The Villas of Bagheria, Sicily, Harvard University, 1995
- (fr) Madeleine Pinault, Catalogue de l'exposition Houël, Voyage en Sicile, 1776-1779, musée du Louvre, RMN
- (it) Mario Praz, Bellezza e bizzarria, 1960
- (it) Mario Praz, Il giardino dei sensi, Mondadori, 1975
- (it) F. Santapà, Villa Palagonia a Bagheria, Palermo, Palma, 1968
- (it) R. Scaduto, Villa Palagonia: storia e restauro, Bagheria, E. M. Falcone, 2007
- (it) Ferdinando Scianna, La Villa dei mostri, Einaudi, 1977
- (en) Henry Swinburne, Travels in the Two Sicilies, 1777-1780, Cadell & Elmsly, London, 1790
- (it) N. Tedesco, Villa Palagonia, Palermo, 1988
- (fr) Angheli Zalapì, Demeures de Sicile, préface de Gioacchino Lanza Tomasi, photographies de Melo Minnella, Könemann, 2000
Filmographie
[modifier | modifier le code]- Plusieurs scènes de L'Avventura (1960), film italien de Michelangelo Antonioni, avec Monica Vitti, ont été tournées à la Villa Palagonia.
- Des plans du moyen-métrage expérimental Méditerranée de Jean-Daniel Pollet (1963) montrent la villa et ses jardins.
- Dans Le Metteur en scène de mariages (2006), film italien de Marco Bellocchio, Sami Frey interprète un descendant du prince de Palagonia.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :