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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Agrippa II

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Les écrits de Flavius Josèphe sont la source quasi-unique au sujet d'Agrippa. Mais il y a un gros problème, ce que raconte Josèphe dans son Autobiographie (Vita) ne coïncide pas avec ce qu'il avait raconté 20 ans auparavant dans la Guerre des Juifs[1],[2]. Les différences entre les deux récits portent aussi bien sur le fond que sur la chronologie[3]. Une analyse de ce qu'il décrit fait ressortir que, pour des événements ayant eu lieu en à peu près 6 mois[4], pendant lesquels il était le gouverneur de la Galilée, pas moins de six épisodes ont lieu dans un ordre différent[5]. La Vita et la Guerre des Juifs se contredisent sur les noms propres ou sur l'identité de plusieurs personnages[5] ainsi que sur la date et les circonstances de la mort de certains. « En dépit de l'abondance de détails, les incohérences de la Vita sont si importantes que l'impression laissée au lecteur est la confusion et l'obscurcissement, peut-être pour se protéger »[6].

Les historiens et exégètes sont d'accord pour dire que ce qui provoque l'écriture de sa biographie par Flavius Josèphe est la publication par Justus de Tibériade de son Histoire de la guerre juive[7],[8],[9] afin de contrer différentes assertions qui proposaient une histoire très différente de ce qu'il avait publié dans sa Guerre des Juifs[7],[8],[9]. Il y attaque longuement Justus, alors qu'il ne l'avait même pas mentionné dans sa Guerre écrite vingt ans auparavant[4]. De plus, 85 % de son Autobiographie sont consacrés aux 6[4] à 8 mois de sa vie où, pendant la Grande révolte juive, il a été le gouverneur de la Galilée désigné par les révoltés de Jérusalem (fin 66[10] - c. juin 67). Mis à part les attaques contre Justus, la question qui occupe le plus de place dans sa Vita concerne Philippe de Bathyra, certains de ses parents, les actes des habitants de la Batanée et Gamala[11]. Il est même étonnant qu'une place aussi importante leur soit consacrée[11]. Pour Shaye J. D. Cohen, « en tout cas, les Antiquités judaïques et la Vita font preuve d'un grand intérêt pour Gamala, la Batanée et Philippe, bien plus grand que ce qu'une simple réfutation de Justus aurait nécessité[12]. » Sur tous ces points il donne dans sa Vita une version différente de ce qu'il avait écrit dans la Guerre des Juifs et souvent les contradictions sont très importantes. Or au moment des faits, Agrippa était le roi de la Galilée et de la Batanée avec la ville fortifiée de Gamala.

Pour dater précisément les faits, les historiens sont souvent aidés par les monnaies et les inscriptions épigraphiques. Pour les monarques, elles sont très souvent datées en années de règne depuis leur accession au pouvoir parfois aux côtés d'autres repères chronologiques. Mais Agrippa qui a reçu des territoires à quatre reprises a utilisé plusieurs ères pour dater ses monnaies ainsi que ses inscriptions[13] et le débat se poursuit entre historiens pour savoir s'il a utilisé deux ou trois ères différentes. Pour Simon Claude Mimouni Agrippa « a utilisé trois computs différents dont deux sont utilisés dans des inscriptions[13]. » Selon lui, la 1re ère commence avec l'attribution du royaume de Chalcis en 49 et la 2e en 54 lors de l'attribution de l'ancienne tétrarchie de Philippe[13]. Une 3e ère qui commence en 61 ne serait utilisée que pour les monnaies[13]. Cette ère de 61 est la seule qui soit consensuelle, mais les historiens se divisent pour savoir quel événement la déclenche. Pour Mimouni, ce serait en 61 qu'Agrippa reçoit une partie de la Pérée et de la Galilée[14]: les villes de Tibériade et Tarichée en Galilée et la ville de « Julias en Pérée et quatorze bourgs situés dans son voisinage[15] »[16], alors que pour la plupart des critiques ce don a eu lieu peu après la première année de régne de Néron, comme l'indique Flavius Josèphe. Pour Christian-Georges Schwentzel, ce que marque l'ère de 61 est « la refondation de Césarée de Philippe en Néronias[17]. » Ce dernier et Thérèse Frankfort s'accordent pour dire qu'Agrippa n'a utilisé que deux ères[18],[19], mais divergent sur le début de la première. Pour Mme Frankfort la première ère commence avec le don de Chalcis[18], alors que pour Schwentzel, elle commence en 55/56, avec « l'octroi de l'ancienne tétrarchie de Philippe[17]. »

  • Schwentzel: 1re ère en 55/56 ; 2e 60/61 ;
  • Th. Frankfort: 1re ère en 50 ; 2e 61 ;
  • Mimouni: 1re ère en 49 ; 2e 54 ; 3e 61 ;
  • Lémonon: la dernière ère d'Agrippa date de 61.

Éléments biographiques

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Agrippa II ou Hérode Agrippa II[20] (tria nomina: Marcus Julius Agrippa[21], comme son père) est né en 27/28[22] et descend des dynasties hérodienne et hasmonéenne[23], par son père Agrippa Ier et par sa mère Cypros[24],[25]. Celle-ci est une fille de Phasaël — dont le père, frère d'Hérode le Grand, s'appelle aussi Phasaël — et de Salampsio, une des filles d'Hérode et de Mariamne l'Hasmonéenne. Dans les sources juives il est appelé « roi Jannaï »[26], alors que son père est appelé « roi Agrippa ». Ce qui peut signifier que son nom juif était Jonathan, mais certains critiques estiment que ce nom lui est appliqué par dérision.

Le père d'Agrippa II est lui-même un petit-fils d'Hérode le Grand et de Mariamne l'Hasmonéenne[24],[27]. Agrippa a trois sœurs plus jeunes que lui, Bérénice (née vers 28), Mariamne (née vers 34) et Drusilla (née vers 38)[28]. Un frère, Drusus est mort alors qu'il n'était qu'un enfant[29].

Comme c'était fréquent pour les enfants des rois clients, le jeune Agrippa est élevé à la cour impériale[30]. Il était donc bien connu de l'empereur Claude[21] qui se vante dans une de ses lettres de l'avoir élevé[31]. Il a seize-dix sept ans[20] et se trouve à Rome[20] lorsque son père meurt brusquement vers 44[32],[33], peut-être empoisonné par le légat de Syrie Marsus[34],[30]. Il est alors jugé trop jeune pour lui succéder et l'empereur Claude nomme Cuspius Fadus comme procurateur de Judée[35]. La Palestine — c'est-à-dire l'ensemble du territoire d'Hérode Agrippa Ier dans ses frontières hérodiennes — redevient une province romaine mais procuratorienne et entre dans la juridiction du gouverneur de Syrie[20].

La nomination des prêtres et le contrôle du Temple de Jérusalem reviennent alors à son oncle Hérode de Chalcis[34]. C'est également ce dernier qui devient l’intermédiaire privilégié entre les Juifs et les Romains jusqu'à sa propre mort[36].

La disparition du royaume de Judée « provoque un regain d'agitation politique dans les années qui suivent[37]. »

Sur le roi Jannai

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Par allusion midrashique, Rav Assi (en) a dit qu'elle a payé au roi Jannai (Alexandre Jannée représente ici Agrippa II) une quantité d'argent égale en taille à 72 œufs pour qu'il désigne son mari Joshua (Jésus de Gamala) comme prêtre (Talmud Yoma 18a), alors que le Sanhédrin ne l'avait pas élu à ce poste (Talmud Yévamot 61a.)[38].

Il y a consensus pour estimer que dans ce midrash le roi Jannai représente Agrippa II. La Mishna utilise cet exemple pour asseoir la jurisprudence selon laquelle un prêtre qui fiance une veuve et devient par la suite prêtre peut consommer le mariage (Michna Yévamot 6:4;. Talmud Yévamot 61a), alors que la règle générale était qu'un grand-prêtre ne doit pas épouser une veuve (Mishna Yévamot 6:4).

Dans l'entourage de Claude

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Après la mort de son père, Agrippa continue à vivre à Rome dans l'entourage de Claude. Comme son père, il joue le rôle d'intercesseur en faveur des Juifs[39] et exerce son influence en leur faveur en plusieurs occasions[21]. En 45, « il intervient avec succès, lorsque Fadus, gouverneur de Judée, [veut] faire déposer les habits pontificaux à l'intérieur de la forteresse Antonia[39] ». Cette intercession permet aux Juifs de conserver la garde de ce vêtement « dont la possession devait constituer un des rares symboles qui leur restât de leur souveraineté[39]. »

Sous les gouvernorats de Tibère Alexandre (46 - 48)[40] et de Cumanus (48 - 52)[40], plusieurs émeutes et affrontements violents se produisent en Judée, Samarie et Galilée, durement réprimés par les Romains[36]. À deux reprises l'empereur Claude doit se prononcer directement pour rendre un arbitrage. À chaque fois l'empereur consulte Agrippa qui réside à Rome et suit ses conseils[41].

Agrippa doit attendre la mort de son oncle Hérode (48)[14] pour lui succéder comme roi de Chalcis (Liban) un an plus tard (49)[42], « avec la dignité royale pour ce territoire[42] ». Il reçoit aussi l'administration du Temple de Jérusalem et le pouvoir de désigner les grand-prêtres détenu auparavant par Hérode de Chalcis[43], avec le titre d'épimélète (administrateur)[42].

La région Palestine à partir de 53[44]-54 avant l'agrandissement des territoires d'Agrippa (en 54 ou 61[45])
En 53-54 ou 61[45], le territoire du royaume d'Agrippa est augmenté des villes de Tibériade, Tarichée (Galilée) et Julias (Pérée) ainsi que de leurs régions. (Les frontières, notamment celles du royaume d'Agrippa, sont approximatives, de même que la position précise de la Batanée, la Gaulanitide, l'Auranitide, la Trachonitide et l'Iturée)

En 53[46]-54, il restitue ce territoire « à la demande de Claude[42] » qui sera donné quelques année plus tard par Néron à Aristobule, neveu d'Agrippa, qui devient donc roi de Chalcis comme l'avait été son père[14] alors qu'il est aussi roi de Petite Arménie depuis 54[47],[14],[48]. En échange du territoire de Chalcis, Agrippa reçoit les anciennes tétrarchies de Philippe (la Batanée, la Trachonitide, l'Auranitide), plus les tétrarchies de Lysanias et de Varus[42].

Dans les Antiquités judaïques (XX, VIII, 4, (158)), Flavius Josèphe indique que « La première année du gouvernement de Néron[49] (13 octobre 54 - 12 octobre 55) » Agrippa reçoit une partie de la Pérée et de la Galilée[14]: les villes de Tibériade et Tarichée en Galilée et la ville de « Julias en Pérée et quatorze bourgs situés dans son voisinage[50] »[16]. Toutefois, certains critiques cherchent à faire coïncider cette accroissement de territoires avec une des ère des monnaies d'Agrippa qui, selon eux, commence en 61[16]. C'est notamment le cas de Simon Claude Mimouni[42]. Jean-Pierre Lémonon fait toutefois remarquer que cela contredit « les textes de Josèphe, qui lient cet événement et la présence de Felix ; or en 61 Felix a déjà quitté la Judée[16]. »

Bérénice et les mariages de ses sœurs

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On ne sait rien de l'épouse d'Agrippa II, c'est sa sœur Bérénice, à nouveau veuve en 48[14], qui joue le rôle de reine à ses côtés[14]. À cause des rumeurs d'inceste entre lui et sa sœur qui circulent à leur sujet, Bérénice propose à Polemon II[51], roi client de Cilicie (sud de la Turquie), de l'épouser. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout d'après Flavius Josèphe, parce qu'elle est très riche[14]. Des deux côtés, il ne s'agit que d'une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au judaïsme et se fait circoncire[14] (54). Mais très vite, Bérénice l'abandonne pour revenir aux côtés de son frère.

Vers 53, Agrippa II, alors encore roi de Chalcis[14], donne sa sœur Mariamne à Archélaüs, fils d'Helcias[52], auquel son père Agrippa Ier l'avait fiancée. De ce mariage naîtra une fille nommée Bérénice[53]. »

Au moment où Bérénice quitte son mari Polémon, sa sœur « Mariamne, après avoir quitté Archelaüs, s'unit à Démétrius, le premier des Juifs d'Alexandrie par la naissance et la fortune, qui était alors Alabarque[54] » de la ville[52]. Le premier mari de Bérénice, Marcus Alexander était, lui le fils de l'alabarque Caius Iulius Alexander[55],[56].

Vers 49/50, Drusilla avec l'accord de son frère Agrippa, a cassé l'engagement qui avait été pris par Agrippa Ier à l'égard d'Antiochus Épiphane de Commagène, car celui-ci refusait de se faire circoncire[14]. En 53, elle s'est alors mariée à Aziz d'Émèse, à la condition posée par Agrippa II qu'il se fasse circoncire[57]. « Extrêmement belle, Drusilla ne tarde pas à séduire Antonius Felix selon Flavius Josèphe[14]. », Celui-ci est le frère de Pallas et comme ce dernier un affranchi[58] d'Antonia Minor, devenu procurateur romain de Judée[57], dont il prend le nom — Flavius Josèphe en l'appelant Claudius Felix le considère peut-être comme affranchi de Claude[59], toutefois le problème posé par ces deux noms n'est toujours pas résolu[60]. « Mais Félix n'a pas à subir la circoncision ; c'est Drusilla qui renie sa religion[14]. » Drusilla s'est enfuie avec lui et l'a épousé quelque temps plus tard[61]. Ces événements ont fait scandale à l'époque[62].

Pour Christian-Georges Schwentzel, « tous ces mariages résultent d'une même stratégie matrimoniale d'ensemble qui consiste à trouver l'époux le plus riche et le plus puissant. Selon Flavius Josèphe, les trois sœurs d'Agrippa auraient sans cesse été en concurrence et Bérénice aurait été particulièrement jalouse de Drusilla lors de l'union de celle-ci avec Félix[52]. »

Sa sœur Bérénice joue un rôle important dans la propagande d'Agrippa II[63]. Elle semble jouir d'une certaine popularité que son frère ne manque pas d'exploiter à son profit[64], surtout que lui semble plutôt méprisé de ses compatriotes[65]. Bérénice accompagne son frère dans ses déplacements importants[64].

Arrestation de Paul de Tarse à Jérusalem

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Dans les Actes des Apôtres[66], il est rapporté que lors de son dernier séjour à Jérusalem en 58[43], Paul a été accueilli très froidement par Jacques le Juste[67], le « frère du Seigneur » et chef de la communauté des nazôréens, ainsi que par les anciens. Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux Juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de « Moïse », c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives[67]. Cette accusation est confirmée par le contenu de ses épîtres, telles qu'elles figurent dans le Nouveau Testament. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi[67] : il doit entamer son vœu de naziréat et payer les frais pour quatre autres frères qui ont fait le même vœu. Puis ils lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'a pas remplies[67].

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des Juifs d'Asie entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[68],[69]. Paul est accusé d'avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d'Éphèse, dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée[69] », puis plus tard à Rome[69]. Selon Simon Claude Mimouni, cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[69], probablement lié à la crise provoquée par les Zélotes, qui aboutira en 66 « à une révolte armée des Juifs contre les Romains »[69].

Le procès de l'apôtre Paul par Nikolai Bodarevsky, 1875. Agrippa et Bérénice sont assis face à Paul.

Paul comparait devant Antonius Félix[70], alors que le grand-prêtre Ananie[71], soutient l'accusation contre lui[43]. Toutefois Félix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à Césarée[70]. Pour décider du sort de Paul, Porcius Festus organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice[70].

Selon le récit des Actes des Apôtres cité par Schwentzel, Bérénice « fait son entrée en grande pompe dans la salle d'audience où elle siège aux côtés d'Agrippa II, lors de la comparution de Paul de Tarse à Césarée. Après le procès, elle participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Porcius Festus[72],[63] (procurateur de Judée de 60 à 62[40]). »

Le verdict d'Agrippa est de rendre sa liberté à Paul[63]. Toutefois selon les Actes des Apôtres, Paul ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, il est renvoyé à Rome pour y être jugé. (Actes 25-26)[Note 1]. Un consensus semble se dégager chez les historiens, pour placer le voyage de la captivité, à la suite duquel Paul est décapité, six ans plus tard et son point de départ dans la province romaine d'Asie et pas depuis la Syrie-Palestine[73].

Exécution de Jacques, le frère de Jésus

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En 62, le procurateur de Judée Porcius Festus meurt. Lucceius Albinus, le nouveau procurateur met quelque temps pour arriver à Jérusalem. Agrippa démet alors le grand-prêtre Joseph Kabi et nomme Ananius ben Anân (le beau-frère de Joseph Caïphe) pour le remplacer[74]. Alors qu'Albinus est sur la route d'Alexandrie à Jérusalem, le nouveau grand prêtre profite de ce vide pour faire arrêter Jacques le Juste, le frère de Jésus, qui dirige le mouvement nazôréen héritier du mouvement fondé par Jésus[69].

Selon l'auteur chrétien du IIe siècle Hégésippe, cité par Eusèbe de Césarée, Ananius demande à Jacques de désavouer les messianistes (chrétiens), désignant probablement ainsi les Zélotes qui sont de plus en plus actifs. Jacques refuse et Anan saisi un prétexte pour le faire condamner à mort, en disant qu'il a violé la loi (Torah). Jacques est alors exécuté par lapidation[69] et achevé à coups de bâton de foulon précise Hégésippe. Robert Eisenman note que le changement de grand-prêtre par Agrippa, dans cette période de vacance du pouvoir romain, est immédiatement suivi par l'arrestation de Jacques et de quelques-uns de ses partisans. Il en conclu qu'Agrippa a probablement « saisi la première opportunité après l'affaire du mur du Temple pour se débarrasser de Jacques[74]. »

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée « par Flavius Josèphe[75], mais aussi par de nombreuses sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée[76] ou indépendantes de lui, notamment les Ascensions de Jacques, texte de provenance ébionite transmis dans les Reconnaissances[77],[69],[78]. »

Selon Simon Claude Mimouni, « Ananius, qui appartient au courant Sadducéen, a sans doute pensé rendre service à Rome en supprimant Jacques, car il a dû estimer qu'il est alors sous influence des Zélotes — son initiative a été mal appréciée, et lui a valu d'être destitué de sa charge de grand prêtre[79] » à la demande du nouveau procurateur romain sitôt entré en fonction[79]. Pierre-Antoine Bernheim se pose la question: « Qui était donc Jacques », dans la société de Jérusalem ? En effet, si cette exécution provoque le renvoi du Grand-Prêtre aussi puissant qu'Anan, appartenant à une famille qui compta huit Grands prêtres en 60 ans et qui venait à peine d'être nommé, cela ne signifie-t-il pas que Jacques était un personnage important, bénéficiant d'alliés puissants à Jérusalem[80] ? « L'exécution de Jacques montre l'influence du mouvement nazôréen à cette époque, et sa perception comme un danger par les autorités du Temple de Jérusalem qui sont saducéennes[79]. »

Agrippa ne peut pas faire autrement que de céder à l'injonction du nouveau procurateur romain. Peu après l'arrivée de ce dernier, il démet donc Anan et désigne Jésus, fils de Damnaios pour le remplacer[81].

La situation en Judée

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Lorsqu'il est nommé procurateur de Judée en 60, Porcius Festus hérite des problèmes rencontrés par son prédécesseur. En dépit de ses efforts, « la confusion et l'insécurité règnent toujours en Judée. Outre le fort sentiment anti-romain qui pousse les Juifs à se révolter contre l'occupant, c'est aussi une guerre civile qui couve entre les différentes factions juives[82]. » En raison de l'insécurité, chaque groupe prend les armes, les personnalités des différents partis s'entourent de gardes du corps[82] et chacune des quatre familles de grand-prêtre possède sa propre bande armée.

Les troubles entre Juifs et Samaritains renaissent sur le statut des Juifs à Césarée. Régulièrement, entre les populations juive et grecque de la ville on passe des insultes aux jets de pierres et parfois à des affrontements plus importants[82]. Lorsque Néron décide que Césarée est une ville grecque — ce qui a pour effet de déchoir du droit de citoyenneté les Juifs de la ville, qui faisaient d'eux les égaux des Grecs[82] — les affrontements reprennent de plus belle. Ce sont alors tous les juifs, non seulement ceux de Palestine, mais aussi ceux de la diaspora, qui vivent cette décision comme une profonde injustice qui accroît un peu plus « la souillure » que les païens font subir à la terre d'Israël. Malgré la répression que les forces de Festus et de ses successeurs exercent, les affrontements sur cette question se poursuivront jusqu'au déclenchement de la grande révolte juive en 66[83].

Sous le gouvernorat de Festus, les querelles n'épargnent même pas l'administration du Temple[43]. En 59 Agrippa a désigné Ishmael ben Phabi comme grand-prêtre pour remplacer Ananias de Zébédée, qui avait été nommé par son oncle Hérode de Chalcis[43]. Fait exceptionnel, le choix est contesté par les prêtres de moindre importance et les lévites[43]. Les causes du conflit semblent principalement économiques[43] et concerner la perception des dîmes. « Le grand prêtre envoie ses hommes de main piller les granges des lévites pour y dérober les grains de blé contestés[43]. »

Même si les cohortes romaines ont réussi à les réduire, des bandes de Zélotes, que Flavius Josèphe appelle des « brigands[84] », contrôlent encore certaines zones reculées de la province et font régulièrement des incursions dans des zones plus riches. « Les conflits qui secouent la Judée sont donc multiples : Grecs contre Juifs, Juifs contre Romains, haut clergé juif contre prêtres ordinaires, Sadducéens[70] » et Pharisiens contre Nazôréens (les Juifs chrétiens)[70].

Dans ce contexte compliqué, Agrippa provoque un inutile regain de tension, lorsqu'au sommet de son palais de Jérusalem, il se fait emménager un somptueux appartement, d'où il observe souvent ce qui se passe dans le Temple[70]. Les juifs indignés suivis par le grand prêtre Ishmaël font alors édifier un haut mur pour préserver le sanctuaire du regard d'Agrippa, mais ce dernier ordonne qu'il soit abattu[70]. Ishmael ben Phabi qui a pourtant été nommé par le roi[85], se rend alors à Rome, à la tête d'une délégation pour demander l'arbitrage de l'empereur. Néron désavoue alors Agrippa, mais probablement à sa demande, il empêche le grand-prêtre de retourner en Judée[70]. Agrippa ne peut faire autrement que de se soumettre à la décision impériale. Il nomme Joseph Kabi, fils de Simon comme nouveau grand prêtre, « mais son crédit auprès des Juifs est devenu quasiment nul[70]. »

Bâtisseur et évergète

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Agrippa agrandit Panéas (aussi appelée Césarée de Philippe) qu'il refonde sous le nom de Néronias en l'honneur de l'empereur[86],[20],[Cit. 1]. En 62, il y installe sa capitale[20]. Des fouilles archéologiques ont probablement retrouvé des traces de son palais[20]. Il mène la vie d'un prince hellénistique, frappant des monnaies ornées de la face des empereurs et pratiquant l'évergétisme comme son père (Antiquités judaïques, XX, § 211-212)[20]. Il fait ainsi construire un magnifique théâtre à Bérytos (Beyrouth), « offre aux habitants des spectacles annuels[87],[Cit. 1] » et procède à des distributions de blé et d'huile à la population[86],[Cit. 1]. Selon Josèphe, il orne « aussi toute la ville de statues et de copies de chefs d'œuvre antiques et il transporte là tout ce qui ornait son royaume, ou peu s'en faut[87]. » Bien qu'ainsi, il ait agi exactement comme son père, « Flavius Josèphe fait remarquer que ces dépenses le rendirent odieux à ses sujets[86]. » Pour Christian-Georges Schwentzel, « il n'y avait nulle différence politique de fond entre les deux Agrippa, seulement une plus grande habileté et un meilleur usage de la propagande de la part du père[88]. »

Six grands prêtres en six ans

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Arrivé à Jérusalem, le procurateur Lucceius Albinus met « tout son zèle et toute sa diligence à pacifier le pays en faisant périr la plupart des Sicaires[89] », mais ceux-ci utilisent son amitié avec l'ancien Grand prêtre Ananias. Celui-ci « se distinguait parce qu'il s'attachait, grâce à sa fortune, tous ceux qui étaient prêts à recevoir de l'argent. » Les Sicaires enlèvent régulièrement des proches d'Ananias et le contraignent à obtenir à chaque fois la libération de quelques sicaires par son ami Albinus[90],[Cit. 2]. Ils ne délivraient pas leur otage « avant d'avoir reçu en échange quelques sicaires. Devenus de nouveau très nombreux, ils reprirent courage et se mirent à ravager tout le pays[90]. »

À peine un an après avoir remplacé Anan par Jésus fils de Damnaios, Agrippa nomme Jésus fils de Gamaliel — appelé aussi Jésus fils de Gamala[91] — comme Grand prêtre[92],[93]. Lui aussi est remplacé au bout d'un an par Mattatiah fils de Theophile[92]. De 61 jusqu'au déclenchement de la Grande révolte en 66, Agrippa a donc nommé et démis cinq Grand prêtres[92] dans un contexte de très grandes tensions. Présenté très positivement dans la Vita de Flavius Josèphe, Jésus fils de Gamaliel est plus décrit comme un chef de bande que comme un grand prêtre dans les Antiquités judaïques écrites par le même Josèphe[91]. Sa nomination semble contestée par les autres grandes familles sacerdotales[87],[Cit. 3]. Dans le Talmud, Rav Assi (en) indique que sa future épouse Martha fille de Boëthos a donné une forte somme d'argent à Agrippa — appelé roi Jannai — pour qu'il nomme Jésus fils de Gamala comme Grand prêtre[93],[94]. Cela conduit à des affrontements entre lui et Jésus, fils de Damnaios. « Les gens les plus audacieux ayant été rassemblés par eux en bandes, des insultes on en vint à se jeter des pierres[87]. »

Chacune des quatre grandes familles sacerdotales se constituent une milice qui s'affrontent régulièrement et qui attaquent aussi les simples prêtres[95]. Elles envoient leurs serviteurs pour s'emparer des dîmes sacerdotales[95]. L'ancien Grand prêtre Ananias fait de même[89],[Cit. 4]. Selon Josèphe, « les prêtres, jadis nourris par les dîmes, étaient alors exposés à mourir de faim[96]. » C'est de cette époque que date l’exhortation du tanna Abba Saul ben Baṭnit[97],[98],[Note 2]. Il accuse les maisons de Boéthos, Anan, Kathras, Phiabi de graves abus de pouvoir et termine en disant : « Ils sont grands prêtres ; leurs fils sont trésoriers, leurs gendres porte-clefs du temple, et leurs esclaves frappent le peuple à coups de bâton[99],[98],[100],[101] »[Cit. 5] Kathras correspond probablement à la famille des grand prêtres Simon Kanthera et d'Élioné fils de Kanthera. Anan, Phiabi et Boéthos sont les noms des familles sacerdotales dont les membres ont été tour à tour grand-prêtre du Temple de Jérusalem sous Agrippa[92]. Les frères Saul et Costobar ont aussi leur bande, « très en faveur à cause de leur parenté avec Agrippa » ils participent aux affrontements[95],[Cit. 6]. Certains critiques ont proposé d'identifier le frère de Costobar avec l'apôtre Paul de Tarse, dont le nom juif est aussi Saul[102],[103],[104]. Après avoir passé deux ans en résidence surveillée à Rome en 61-63 et avoir été libéré, il serait revenu à Jérusalem pour reprendre son activité initiale de chef d'un service de la police du Temple[102],[103],[104]. C'est en effet ainsi que l'action de l'apôtre Paul — appelé Saul dans cette partie — est décrite dans les Actes des apôtres avant sa conversion, notamment au moment de la lapidation d'Étienne[105],[106],[Note 3].

La révolte de 66 - 70

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À peine un an après avoir remplacé Anan par Jésus fils de Damnaios, Agrippa nomme Jésus fils de Gamaliel comme Grand prêtre, qui lui aussi est remplacé au bout d'un an par Mattatiah fils de Theophile. De 62 jusqu'au déclenchement de la Grande révolte en 66, Agrippa a donc nommé et démis cinq Grand prêtres, dans un contexte de très grandes tensions.

Début de la révolte à Jérusalem

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Agrippa est absent et se trouve à Alexandrie[107] lors de la répression qui va être le déclencheur de la révolte (début juin 66[Note 4]). Gessius Florus envoie des hommes prélever dix-sept Talents dans le trésor du Temple[107] « prétextant le service de l'empereur »[107] se contente de dire Flavius Josèphe[108]. Toutefois, il écrit par la suite que Jérusalem et les contrées environnantes étaient en retard de paiement du tribut pour un montant de 40 talents[109]. Les Juifs protestent devant cette profanation de leur lieu saint et insultent le procurateur qui réagit en faisant arrêter trois-mille six cents manifestants selon Josèphe, qui exagère peut-être[107]. Nombre d'entre eux sont flagellés puis crucifiés. Parmi eux des femmes et surtout des citoyens romains appartenant à l'ordre équestre[107], ce qui viole l'usage romain qui veut que les citoyens romains relèvent de la justice impériale. Présente à Jérusalem, Bérénice, la sœur d'Agrippa « intervient au péril de sa vie auprès du procurateur de Judée, Gessius Florus[110]. » Elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, alors que les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n'y fait[107],[111]. Le quartier général de Florus est installé dans le palais royal et des renforts romains arrivent à Jérusalem, venant de Césarée[111]. À partir de ces deux positions Florus et ses nouvelles troupes mènent une action coordonnée pour se forcer un chemin jusqu'à la forteresse Antonia, mais les deux attaques échouent[111]. Un clair signe d'une résistance populaire massive[111]. Finalement Florus quitte Jérusalem, en laissant seulement une cohorte en garnison[111]. Lorsqu'il arrive à Jérusalem Agrippa a une tout autre attitude que Bérénice. Dans un premier temps il parvient à convaincre certaines autorités de l'aider à collecter dans la région de Jérusalem les impôts qui n'étaient pas payés. Flavius Josèphe « compose à cette occasion une longue harangue qu'il attribue au roi[39] », mais qui semble « refléter les positions de Josèphe lui-même[39]. » Puis dans un second discours, Agrippa invite la population de Jérusalem à obéir à Gessius Florus, en faisant confiance à l'arbitrage de l'empereur[112]. Il est immédiatement conspué par la foule, qui se rappelle les morts et les exactions commises, des pierres volent même dans sa direction[112]. « La lapidation était la manifestation d'un déni de légitimité[113]. » Il est contraint de quitter précipitamment Jérusalem et sa sœur l'accompagne[112]. « La cohorte romaine laissée par Florus se retrouve assiégée à l'intérieur des tours des murailles de la ville[112]. »

Échec de l'armée d'Agrippa

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Massada dont Menahem et ses partisans s'emparent dès juin 66, donnant ainsi le signal du début de la révolte ouverte contre les Romains.

Menahem rassemble alors de nombreux hors-la-loi sous ses ordres et envahit par surprise la forteresse de Massada, exterminant la garnison romaine qui l'occupe[114]. Il donne ainsi le signal du déclenchement de la révolte. Menahem est un fils de Judas de Gamala[115], fondateur du mouvement que Flavius Josèphe appelle la Quatrième philosophie et dirigeant de la révolte au sujet du recensement de Quirinius ayant eu lieu lors du rattachement direct de la Judée à l'Empire romain[116],[117] (6 apr. J.-C.). À Jérusalem, Éléazar, commandant du Temple et fils de l'ancien grand-prêtre Ananias de Nébédaios[115] parvient à convaincre le peuple et le puissant groupe des jeunes prêtres « à n'accepter désormais ni offrandes ni sacrifices offerts par un étranger[118] »[119]. Selon Josèphe, « c'était là déclarer véritablement la guerre aux Romains[118] » puisque cela interdisait en même temps le sacrifice qui était fait tous les jours en l'honneur de l'Empereur[118]. Pour obtenir de l'aide le « parti de la paix » envoie alors Simon ben Ananias au procurateur Gessius Florus et envoie au roi Agrippa, Antipas et les frères Costobar et Saul[120]. Certains critiques ont proposé d'identifier ce dernier avec l'apôtre Paul de Tarse, dont le nom juif est aussi Saul[102],[103],[104]. Après avoir passé deux ans en résidence surveillée à Rome en 61-63 et avoir été libéré, il serait revenu à Jérusalem pour reprendre son activité initiale de chef d'un service de la police du Temple[102],[103],[104]. C'est en effet ainsi que l'action de Saul, le frère de Costobar est décrite par Flavius Josèphe vers 64, sous la grande prêtrise de Jésus de Gamala[102],[121] (Antiquités judaïques XX, IX, 4). Florus, qui d'après Josèphe désirait la guerre, ne donne aucune suite à la demande d'aide portée par Simon ben Ananias, mais « Agrippa envoie une force de 2000 cavaliers[Note 5] dirigés par « l'hipparque » Darius et Philippe[Note 6] fils de Joachim[120] ». Toutefois, ces cavaliers sont originaires de Batanée, de Trachonitide et d'Hauranitide et appartiennent au même clan, voire aux mêmes familles que nombre des chefs de la révolte et partagent probablement leurs sentiments anti-romains. Saul et ses compagnons sont apparemment retournés à Jérusalem avec cette unité[120]. « Confiants dans ces forces, les notables, les grands prêtres et tous les citoyens épris de la paix occupent la ville haute ; car les séditieux étaient maîtres de la ville basse et du Temple[122]. » Les combats s'engagent, mais le huitième jour « la fête dite de la Xylophorie » emmène de nombreux pèlerins parmi lesquels se glissent de nombreux sicaires[122]. « Inférieurs en nombre et en audace, les Royaux, refoulés de vive force, évacuèrent la ville haute. Les vainqueurs y firent irruption et livrèrent aux flammes la maison du grand prêtre Ananias et les palais d'Agrippa et de Bérénice; puis ils portèrent le feu dans les Archives publiques, pressés d'anéantir les contrats d'emprunt et d'empêcher le recouvrement des créances, afin de grossir leurs rangs de la foule des débiteurs et de lancer contre les riches les pauvres sûrs de l'impunité.[123]. » Philippe et ses troupes sont obligés d'abandonner la ville-haute et se replient dans le Palais d'Hérode[120]. Les « notables et grands prêtres[123] » se sauvent pour certains en passant dans les égouts, alors que d'autres gagnent le palais royal avec les soldats de Philippe[123]. Parmi eux, le grand prêtre Ananias, son frère Ezéchias, ainsi que Saul, Costobar et Antipater[123]. Le lendemain, les insurgés attaquent la forteresse Antonia, s'en empare en deux jours et égorgent les soldats romains qui s'y trouvaient[124].

Les forces de Philippe se rendent à Menahem

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Venant de Massada, Menahem vient alors renforcer les insurgés de Jérusalem[115]. Allié à Éléazar fils d'Ananias, commandant du Temple, un des chefs zélote et fils du grand-prêtre Ananias de Nébédaios[115],[Note 7], ils assiègent la garnison romaine et les forces de Philippe de Bathyra qui se défendent depuis le palais d'Hérode. Menahem se réclame dirigeant de tous les Zélotes. Il se présente à Jérusalem « paré comme un roi » selon l'expression de Flavius Josèphe et prend pendant une brève période la direction de tous les insurgés[115]. Alors que les assiégeants ont réussi à détruire un premier mur d'enceinte, les soldats dirigés par Philippe envoient des députés à Menahem « demandant à sortir par capitulation. Les insurgés n’accordèrent cette permission qu’aux soldats du roi et aux indigènes, qui sortirent en conséquence[125]. » Dans la Vita, quelques jours après s'être rendu, Philippe part de Jérusalem pour s'établir « dans un village qui était à lui[126],[Cit. 7] » proche de Gamala (Batanée), alors que dans la Guerre des Juifs il quitte Jérusalem deux mois plus tard en compagnie de Saul et Costobar pour rencontrer Cestius Gallus qui les envoie en Achaïe (Grèce) pour faire un rapport à l'empereur Néron[127]. Shaye Cohen analyse les deux versions et estime que celle qui est le plus proche de la vérité est celle de la Vita[128].

Ivre de succès[113], Menahem et ses partisans, aidés par certains Zélotes en profitent pour éliminer beaucoup de modérés, partisans d'un compromis avec les Romains[115]. Il fait ainsi tuer plusieurs personnalités de Jérusalem dont l'ancien grand-prêtre Ananias, père de son allié[129] et son frère Ézéchias[115] (août 66[130]) (Guerre des Juifs, II, § 441). Ces deux notables n'ont pas eu le temps de se replier dans les tours qu'occupent désormais les restes de la cohorte romaine laissés seuls pour faire face aux insurgés[Note 8].

Mais très vite Éléazar fils d'Ananias fomente une conspiration pour se débarrasser de son ennemi et rival. Ses anciens alliés du parti zélote le soupçonnent « d'avoir des prétentions à la royauté d'un type plus ou moins messianique[115] » et veulent aussi probablement venger la mort du père et de l'oncle de leur chef[115] (Ezéchias). Ils attaquent par surprise Menahem et ses partisans à coup de pierres alors que celui-ci se rend en grande pompe au Temple[113]. « La lapidation était la manifestation d'un déni de légitimité[113]. » Il parvient toutefois à s'échapper et se cache sur le versant de l'Ophel où il est capturé. Il est torturé et exécuté en même temps que ses gardes[113],[131]. Cet assassinat provoque l'émiettement de la révolte en plusieurs bandes rivales, ouvrant ainsi une guerre civile sans pitié entre les différentes sectes juives[115]. Les partisans de Menahem se replient alors dans la forteresse de Massada sous les ordres d'un petit-fils de Judas de Gamala, Eleazar Ben Yair (Éléazar fils de Jaïr) qui devient le chef des Sicaires[115].

À bout de résistance, les soldats romains dirigés par le préfet Metilius[Note 9] envoient des députés auprès d'Eléazar, « lui demandant seulement d'obtenir par capitulation, la vie sauve, et offrant de livrer leurs armes et tout leur matériel[132] »[Note 10]. Les révoltés, saisissent au vol cette requête, mais dès que les soldats romains désarmés commencent à se diriger vers Césarée maritime « les gens d'Eléazar se jettent sur eux, les entourent et les massacrent[132]. » Seul le préfet Metilius conserve sa vie sauve car il accepte « de se faire Juif, voire de se laisser circoncire[132] », ce qui souligne un trait caractéristique de « l'idéologie des assaillants, très attachés aux traditions ancestrales[133]. » L'intervention d'Agrippa, puis celle de ses forces pour enrayer la révolte ont été un échec total.

Le même jour que la reddition des Romains à Jérusalem — que le Megillath Ta'anith situe le 17 Elul qui correspond au mois macédonien de Gorpiaios[134] (été 66) — la population juive de Césarée maritime est massacrée par la population grecque de la ville. À partir de ce massacre, les villes juives mènent des attaques contre les cités grecques voisines en Palestine et des expéditions de forces juives attaquent des villes de la Décapole et de la province romaine de Syrie[135],[Cit. 8]. « Pour prévenir le péril qui les menaçait eux-même » les païens des cités syriennes se mettent à massacrer les Juifs de leur ville[136],[Cit. 9].

Échec de l'armée de Cestius Gallus

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« Le gouverneur de Syrie Cestius Gallus, se décide à agir en automne 66[137]. » Il réunit une forte armée de campagne d'environ 30 000 hommes[137], à laquelle s'ajoutent 6 000 hommes tirés des trois autres légions, ainsi que les forces des rois Sohaemus d'Émèse et de Sophène ainsi qu'Antiochos de Commagène. Pour sa part, Agrippa fournit 3 000 fantassins et un peu moins de deux mille chevaux[138]. La Galilée et Joppa sont rapidement pacifiées, puis la marche se poursuit vers Jérusalem[139]. Les troupes romaines s'approchent de la ville pendant la Fête des tabernacles, probablement au début d'octobre 66[139]. Dès l'approche de l'armée romaine les insurgés font une sortie massive avec une telle impétuosité qu'ils mettent pendant un temps « toute l'armée de Cestius[140] » en grand danger. Mais la cavalerie romaine parvient à rétablir la situation[140]. Les Romains perdent « cinq cent quinze hommes, dont quatre cents fantassins et le reste cavaliers [alors que] la perte des Juifs ne s'élève qu’à vingt-deux morts[140]. » D'après Josèphe « ceux qui dans leurs rangs montrèrent le plus de bravoure furent Monobazos et Kénédéos, parents de Monobaze roi d'Adiabène, puis Niger de la Pérée et Silas le « Babylonien », transfuge de l’armée du roi Agrippa[140],[Cit. 10]. » Les Juifs, repoussés de front, se replièrent vers la ville mais sur les derrières de l'armée, « Simon Bargiora, tomba sur l'arrière-garde romaine qui montait encore vers Béthoron, en dispersa une bonne partie et enleva nombre de bêtes de somme qu'il emmena à Jérusalem[140],[Cit. 10]. ». « Pendant que Cestius s’arrêtait trois jours dans ses cantonnements, les Juifs occupèrent les hauteurs et gardèrent les défilés ; il n'était pas douteux qu'ils reviendraient à la charge dès que les Romains se remettraient en route[140]. »

« Agrippa, voyant la situation des Romains menacée par cette innombrable multitude d'ennemis qui occupaient la lisière des montagnes[141] » tente de négocier. Mais son initiative est accueillie par un assaut[139]. Les romains en profitent pour contre-attaquer et mettre le siège à la ville[139]. Celle-ci était seulement partiellement préparée pour un siège, ainsi le troisième mur construit par Agrippa Ier était resté inachevé[139]. Les insurgés abandonnent donc les faubourgs et tout ce qui n'était défendu que par ce troisième mur[139]. Ils se retranchent dans sa partie la mieux fortifiée et dans le Temple[139]. Ils déjouent la tentative de certains habitants qui s'étaient mis d'accord avec les romains pour leur ouvrir les portes de la ville[139]. Alors que selon Flavius Josèphe, Jérusalem allait succomber, Cestius Gallus donne l'ordre à ses troupes de cesser le siège et de se replier vers Césarée[139]. Harcelée par les juifs durant leur retraite, en particulier dans la passe de Béthoron, celle-ci se transforme presque en déroute[142]. Les forces romaines perdent l'équivalent d'une légion[143].

Les événements qui suivent sont racontés dans la Guerre des Juifs et sont aussi largement évoqués par Flavius Josèphe dans son Autobiographie publiée pour contrer les assertions de Justus de Tibériade. Or les deux versions sont extrêmement différentes et même contradictoires sur plusieurs points.

Dans la Guerre des Juifs, « les frères Costobar et Saul, accompagnés de Philippe, fils de Joachim, préfet de l'armée du roi Agrippa, s'enfui[ent] de Jérusalem et se rend[ent] auprès de Cestius[144] »[120]. Ce dernier envoie alors « Saul et ses compagnons » — et donc Philippe avec lui[145] — en Achaïe où se trouve alors Néron « pour exposer au prince l'extrémité où ils étaient réduits et rejeter sur Florus la responsabilité de la guerre[144]. » Cette version semble avoir été fortement contestée par Justus de Tibériade, ce qui a contraint Josèphe à en changer dans son Autobiographie. Dans cette Vita, Philippe n'est pas allé en Achaïe avec Saul et Costobar pour faire un rapport à Néron, mais il a quitté Jérusalem deux mois plus tôt[145],[Note 11] pour revenir dans le Golan et notamment à Gamala[120] (V 47), territoires appartenant au royaume d'Agrippa. Ce n'est qu'un an et demi plus tard qu'il a été envoyé à Néron, non pas pour faire un rapport mais pour répondre d'une accusation de trahison des Romains[128]. Shaye Cohen estime que la version de la Vita est plus proche de la vérité[128].

Josèphe a discrètement minimisé l'ampleur du soutien des prêtres aux rebelles[146].

Joseph ben Gorion et Ananus ben Ananus sont nommés comme dirigeants suprêmes à Jérusalem[147]. Un conseil désigne des généraux pour six régions et la Galilée ainsi que Gamala — territoires du royaume d'Agrippa — sont confiés à Flavius Josèphe[148], notre seule source pour ces événements.

La révolte sur les terres d'Agrippa

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Pendant qu'Agrippa a joint ses forces à celles de Cestius Gallus, équivalentes à deux légions[148] et les a accompagné pour attaquer Jérusalem, il a nommé « pour gouverner ses affaires un de ses amis, nommé Noarus (Νόαρος) apparenté au roi Sohaemus[149]. » Peu après son départ, alors qu'à partir du 17 Eloul[3] (début septembre 66[128]), une terrible guerre civile se déroulait entre Juifs et Grecs dans plusieurs villes de la Palestine, d'une partie de la Décapole et de la province romaine de Syrie[135],[150], Noaros a fait massacrer « une ambassade de soixante-dix citoyens, les plus éminents par la naissance et l'intelligence[149] », Juifs venant de Batanée en route pour Césarée de Philippe[151], la capitale du royaume d'Agrippa[5]. À la suite de ce massacre Josèphe ajoute dans sa Vita que Varus — et pas Noarus — s'est tourné contre Ecbatane, mais les « Babyloniens » avertis par le seul survivant du massacre, ont pris leurs armes et se sont enfuis à Gamala[152]. Un épisode totalement absent de la Guerre des Juifs écrite 20 ans plus tôt. Ecbatane est avec Bathyra, une des deux principales villes de Batanée[153],[154],[155],[156]. Alors que dans la Guerre des Juifs, il s'agit de Noarus présenté comme parent du roi Sohaemus d'Émèse — probablement le roi d'Émèse et de Sophène qui accompagne Cestius Gallus dans l'expédition contre Jérusalem et qui joindra ses forces à celles de Vespasien au printemps 67[157] — dans la Vita, c'est Varus, dont il est précisé qu'il est descendant de Soemus tétrarque libanais[158]. S'il s'agit bien du même personnage, était-il seulement le parent d'un tétrarque ou d'un roi beaucoup plus connu[158] ? Selon la Vita, Philippe de Bathyra ayant appris la nouvelle du massacre de ses compatriotes a alors lui aussi rejoint la ville fortifiée de Gamala[159], alors que Varus qui ne voulait pas de concurrent aurait fait courir une rumeur disant « qu'il était certain que Philippe était à Jérusalem avec les juifs qui s'étaient révoltés contre les Romains[160] »[161]. Agrippa « ayant appris que Varus voulait faire tuer en un même jour tous les Juifs de Césarée de Philippe qui étaient en fort grand nombre, sans épargner même leurs femmes et leurs enfants[162] » le démet de ses fonctions et envoie pour lui succéder Aequus Modius[163], qui contrairement à Varus était un grand ami de Philippe[164].


Fin août - début septembre[145] Philippe a pris un déguisement et s'est enfui « dans un village qui était à lui[Cit. 11] » proche de Gamala[120] (V 47). Dans ce village, il est tombé malade et a écrit à Agrippa et Bérénice[120]. Il a fait remettre ces lettres à Varus qui était alors le représentant d'Agrippa dans son royaume (V 48-61), alors que dans la Guerre des Juifs celui qui remplissait une fonction similaire était Noarus[120]. Dans la Vita, c'est Varus, dont il est précisé qu'il est descendant de Sohaemus tétrarque libanais, qui a fait massacrer les 70 députés venu d'Ecbatane, une des deux principales villes de Batanée avec Bathyra[165]. Alors que dans la Guerre des Juifs il s'agit de Noarus présenté comme parent du roi Sohaemus d'Émèse[166]. Est-ce néanmoins le même ? Dans la Vita, après ce massacre Varus s'est tourné contre Ecbatane, mais les « Babyloniens » avertis par le seul survivant du massacre, ont pris leurs armes et se sont enfuis à Gamala[152]. Un épisode totalement absent de la Guerre des Juifs. Varus qui ne voulait pas de concurrent a confisqué les lettres envoyées par Philippe et a tué deux messagers successifs de sorte que l'endroit où se trouvait Philippe est demeuré inconnu et il a fait courir une rumeur disant que Philippe avait rejoint les révolutionnaires[120]. Puisque Philippe est resté caché et malade dans un petit village près de Gamala et que ses lettres ont été interceptées par Varus, il ne serait pas étonnant que personne n'ait entendu parler de lui pendant quelques mois[167]. Ce n'est qu'après que Varus ait été démis (V 61 et 180) que Philippe a pu contacter Agrippa[168] (V 180-181). Le roi a été heureux de découvrir la fausseté des rumeurs à son sujet[145] (V 182). Agrippa a exhibé Philippe devant le gouverneur romain — apparemment Cestius Gallus — pour prouver sa loyauté, malgré les rumeurs[145] (V 183). Le roi a alors renvoyé Philippe à Gamala avec pour instruction de la pacifier[145] (V 183-184). Plus tard, quand Philippe a été accusé devant Vespasien par les habitants de Tyr d'avoir, sur l'ordre d'Agrippa, trahi la garnison romaine à Jérusalem, Agrippa a été disculpé de toute faute, mais Vespasien a recommandé que Philippe soit envoyé à Néron[145] (407-408). Mais il arrive à Rome quand la guerre civile romaine empêche tout contact avec Néron[169] et il revient immédiatement[145] (V 409).

Justus de Tibériade
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Pour déconsidérer son adversaire, Josèphe indique justement que « dans les commentaires de l'empereur Vespasien », que Justus n'a pas pu consulter[170], il serait indiqué qu'à l'arrivée du futur empereur à Ptolémaïs (printemps 67), « les habitants de la Décapole le prièrent de faire châtier [Justus] comme l'auteur de tous leurs maux[171]. » Vespasien l'aurait remis entre les mains d'Agrippa (II) et Justus n'aurait réchappé à la mort que grâce à la clémence du roi et sur la prière de sa sœur Bérénice[171]. Flavius Josèphe l'accuse d'avoir conduit « son pays à se révolter contre les Romains[172] »[173]. Toutefois, en dépit des efforts de Josèphe pour rejeter la responsabilité du soulèvement de la Galilée sur Justus, plusieurs faits qu'il évoque dans sa Vita contredisent cette accusation[173]. Ainsi, Justus était opposé à la destruction du palais d'Hérode à Tibériade[173], alors qu'au contraire Josèphe tentait d'obtenir sa destruction du Conseil de la ville[174]. Josèphe déclare que Justus n'était pas membre de la faction favorable à la guerre, mais chef d'une faction aux positions intermédiaires[173]. Il est d'ailleurs possible que ce troisième parti soit une invention de Josèphe qui ne pouvait pas faire de Justus le dirigeant du parti révolutionnaire car il était beaucoup trop connu que son chef était Jésus fils de Sapphia[175]. Certains des proches parents de Justus ont d'ailleurs été tués par les révolutionnaires à Gamala[173]. De plus, Josèphe déclare l'avoir fait prisonnier avec tous les membres du conseil de Tibériade, car en raison de l'invincibilité des Romains, ce conseil avait secrètement fait allégeance au roi Agrippa et demandé qu'il envoie des forces pour prendre le contrôle de la ville[176],[177]. Josèphe les aurait ensuite relâchés en leur recommandant de faire preuve de duplicité car s'il était bien conscient de l'invincibilité des Romains, ils devaient faire semblant de soutenir la guerre contre Rome à cause des « brigands » (lestai)[178],[Cit. 12]. Josèphe s'approprie ici « le vocabulaire discriminatoire des Romains[179]. » À plusieurs reprises dans la Guerre des Juifs, il appelle « brigands »[180] les révoltés juifs, comme les Sicaires, les Zélotes[181] ou les membres de la Quatrième philosophie[179]. Pour Shaye J. D. Cohen, ceux qui sont appelés « brigands » dans ce passage, étaient les partisans de Josèphe à l'époque des faits[182]. Enfin, avant même l'offensive de Vespasien en Galilée (printemps 67), Justus n'était plus à Tibériade, mais avait rejoint le roi Agrippa[183] à Beyrouth[184],[185], alors que celui-ci allait joindre son armée aux trois légions de Vespasien pour entamer la reconquête de toute la Palestine en commençant par la Galilée. Après la Grande révolte juive (66-70), Justus a été le secrétaire d'Agrippa[186],[187], roi de Batanée et de la partie orientale de la Galilée[188],[189].

Une suite très contradictoire

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Les événements qui suivent la capitulation des Romains à Jérusalem (v. août/septembre 66) ne peuvent pas être relatés sous la forme d'un récit, à la fois parce qu'ils ne se déroulent pas à Jérusalem où selon la Guerre des Juifs, se trouve toujours Philippe[120], mais aussi à cause des importantes contradictions sur l'action de Philippe entre la version de Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs et celle qu'il expose dans son Autobiographie, publiée pour contrer les assertions de Justus de Tibériade et qu'il est peut-être possible de mieux cerner par l'analyse des différences entre les deux versions.

Dans la Guerre des Juifs

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Le massacre de la population juive par la population grecque à Césarée maritime a lieu selon Josèphe le même jour que la reddition des Romains à Jérusalem que le Megillath Ta'anith situe le 17 Elul qui correspond au mois macédonien de Gorpiaios[134] (été 66). À partir de ce massacre, les villes juives mènent des attaques contre les cités grecques voisines en Palestine et des expéditions de forces juives attaquent des villes de la Décapole et de la province romaine de Syrie[135],[Cit. 13]. « Pour prévenir le péril qui les menaçait eux-même » les païens des cités syriennes se mettent à massacrer les Juifs de leur ville[136],[Cit. 14]. Dans la Guerre des Juifs, Philippe est toujours à Jérusalem quand, au cours de ce même mouvement, Noarus, à qui Agrippa a confié l'administration de son royaume en son absence, commence à créer des troubles dans ce royaume en faisant massacrer une délégation de 70 députés Juifs de Batanée en route pour Césarée de Philippe, la capitale du royaume d'Agrippa[120],[149].

Alors que dans l'Autobiographie, Philippe s'échappe de Jérusalem cinq jours après sa reddition, ce qui correspond au 11 Gorpiaios (fin août - début septembre[145]), dans la Guerre des Juifs il y est toujours présent lorsque Cestius Gallus, le légat de Syrie mène une attaque d'ampleur contre la ville[120]. C'est seulement après que cette attaque ait été repoussée, après le 8 Dios[190],[Note 12] (fin octobre[145]) et que l'armée romaine en retraite ait subi une lourde défaite dans la passe de Beït-Horon[191], que « les frères Costobar et Saul, accompagnés de Philippe, fils de Joachim, préfet de l'armée du roi Agrippa, s'enfuirent de Jérusalem et se rendirent auprès de Cestius[144] »[120]. Ce dernier envoie alors « Saul[Note 13] et ses compagnons » — et donc Philippe avec lui[145] — en Achaïe où se trouve alors Néron « pour exposer au prince l'extrémité où ils étaient réduits et rejeter sur Florus la responsabilité de la guerre[144]. »

Toutefois, dans son Autobiographie, Flavius Josèphe donne une toute autre version[120].

Dans la Vita

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Dans l'Autobiographie de Flavius Josèphe, après la capitulation des troupes royales qui s'étaient repliées dans le palais d'Hérode (le 6 Gorpiaios) Philippe a failli être exécuté par Menahem (V 46), mais il a eu assez de chance pour s'échapper[120]. Pendant quatre jours, il a été protégé par un contingent de juifs « babyloniens ». Le cinquième jour, environ le 11 Gorpiaios (fin août - début septembre[145]) il a pris un déguisement et s'est enfui « dans un village qui était à lui[192] » proche de Gamala[120] (V 47). C'est-à-dire que dans cette nouvelle version, il a quitté Jérusalem deux mois plus tôt que dans la version de la Guerre des Juifs[145],[Note 14].

Dans ce village, il est tombé malade et a écrit à Agrippa et Bérénice[120]. Il a fait remettre ces lettres à Varus qui était alors le représentant d'Agrippa dans son royaume (V 48-61), alors que dans la Guerre des Juifs celui qui remplissait une fonction similaire était Noarus[120]. Dans la Vita, c'est Varus, dont il est précisé qu'il est descendant de Sohaemus tétrarque libanais, qui a fait massacrer les 70 députés venu d'Ecbatane, une des deux principales villes de Batanée avec Bathyra[165]. Alors que dans la Guerre des Juifs il s'agit de Noarus présenté comme parent du roi Sohaemus d'Émèse[166]. Est-ce néanmoins le même ? Dans la Vita, après ce massacre Varus s'est tourné contre Ecbatane, mais les « Babyloniens » avertis par le seul survivant du massacre, ont pris leurs armes et se sont enfuis à Gamala[152]. Un épisode totalement absent de la Guerre des Juifs. Varus qui ne voulait pas de concurrent a confisqué les lettres envoyées par Philippe et a tué deux messagers successifs de sorte que l'endroit où se trouvait Philippe est demeuré inconnu et il a fait courir une rumeur disant que Philippe avait rejoint les révolutionnaires[120]. Puisque Philippe est resté caché et malade dans un petit village près de Gamala et que ses lettres ont été interceptées par Varus, il ne serait pas étonnant que personne n'ait entendu parler de lui pendant quelques mois[167]. Ce n'est qu'après que Varus ait été démis (V 61 et 180) que Philippe a pu contacter Agrippa[168] (V 180-181). Le roi a été heureux de découvrir la fausseté des rumeurs à son sujet[145] (V 182). Agrippa a exhibé Philippe devant le gouverneur romain — apparemment Cestius Gallus — pour prouver sa loyauté, malgré les rumeurs[145] (V 183). Le roi a alors renvoyé Philippe à Gamala avec pour instruction de la pacifier[145] (V 183-184). Plus tard, quand Philippe a été accusé devant Vespasien par les habitants de Tyr d'avoir, sur l'ordre d'Agrippa, trahi la garnison romaine à Jérusalem, Agrippa a été disculpé de toute faute, mais Vespasien a recommandé que Philippe soit envoyé à Néron[145] (407-408). Mais il arrive à Rome quand la guerre civile romaine empêche tout contact avec Néron[169] et il revient immédiatement[145] (V 409).

Questions : Qui a envoyé Philippe à Néron ? Est-ce Cestius Gallus, ou Agrippa sur la recommandation de Vespasien[145] ? Philippe a-t-il été envoyé à Néron pour faire un rapport sur la situation, ou parce qu'il était accusé d'actes anti-Romains ? Son départ a-t-il eu lieu juste après la défaite de Cestius (fin octobre 66) ou quelques mois avant le suicide de Néron () ?

Où était Philippe pendant quelques mois ?

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On peut aussi se demander à quelle date Philippe est parti de Jérusalem[145] ? Dans la Vita, il quitte la ville deux mois plus tôt que dans la version de la Guerre des Juifs[145]. Pour Shaye J. D. Cohen, puisque les deux récits semblent être des apologies de Philippe, peut-être que la Vita anticipe son départ de Jérusalem pour minimiser la durée de son séjour dans la ville contrôlée par les révolutionnaires, peut-être que le récit de la Guerre des Juifs retarde la date de son départ de Jérusalem pour le protéger des allégations soulevées par sa conduite suspecte à Gamala (allégations qui peuvent être reconstruites à partir du récit tendancieux de la Vita)[145]. « Philippe ne peut pas être à Jérusalem pour combattre les Romains car il était ailleurs. Où ? Pas à Gamala elle-même — cette ville était sur le point de s'opposer au légat d'Agrippa. Pas non-plus dans une autre ville. Pourquoi alors Philippe n'a pas contacté Agrippa plus tôt qu'il ne l'a fait ? La Vita immobilise donc Philippe par une maladie et le cache dans un petit village anonyme près de Gamala[167]. » Ce qu'essaye d'induire le récit de la Vita c'est que « puisque ses lettres ont été interceptées par Varus, il n'est pas étonnant que personne n'ait entendu parler de Philippe pendant quelques mois[167]. »

Pendant le conflit entre les habitants Juifs et Grecs dans les cités de la province de Syrie, Varus ou Noarus tente de s'attirer les faveurs des Grecs de Césarée de Philippe en se retournant contre les Juifs[193] (V 53) et notamment ceux que Flavius Josèphe appelle les « Babyloniens »[193]. Dans la Guerre des Juifs, 70 nobles Juifs de Batanée avancent vers Césarée de Philippe pour rencontrer Noarus afin de demander qu'un contingent vienne stationner chez eux pour prévenir tout débordement anti-Romain[193]. « Poussé par sa cupidité sans bornes[149] », Noarus les tue tous[194]. L'explication par la « cupidité sans bornes[149] » de Noarus fournie par Josèphe n'éclaire nullement ses but et motif[152]. La Vita est plus précise et plus hostile à celui qu'elle appelle Varus[152]. Ce légat, utilise les services de douze éminents membres de la communauté juive de Césarée de Philippe pour persuader les Juifs d'Ecbatane de lui envoyer une délégation de 70 députés pour attester qu'il n'existe aucun plan de révolte de leur part[152]. Comme dans la Guerre des Juifs, alors qu'ils sont en chemin il les massacre (V 54-57). Dans la Vita, Varus se tourne alors contre Ecbatane, mais les « Babyloniens », alertés par le seul qui a échappé au massacre, prennent les armes et fuient jusqu'à Gamala[152]. La Vita indique que Philippe se rend alors dans la ville fortifiée et empêche les habitants de faire la guerre à Varus et aux Syriens de Césarée de Philippe[152] (V 58-60). Finalement, Agrippa démet Varus et le remplace par Aequus Modius[152] (V 61).

Shaye J. D. Cohen ne voit aucun moyen de déterminer ce qu'il s'est effectivement passé à Gamala et Ecbatane[152]. Tout ce qui peut être dit c'est que si Philippe a été impliqué dans ces événement en Batanée et à Gamala, il est impossible qu'il soit resté à Jérusalem jusqu'à la défaite de Cestius, comme cela est écrit dans la Guerre des Juifs, car Modius devient légat d'Agrippa avant l'arrivée de Josèphe en Galilée[152] (V 74). Le seul point qui lui semble sûr est que « Gamala et ses immigrants « babyloniens » manifestaient des sentiments hostiles envers le lieutenant d'Agrippa qui a été remplacé[152]. »

Philippe et Gamala

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Ruines des murailles de la cité fortifiée de Gamala prise et détruite par les Romains en novembre 67.

Finalement après la nomination d'Aequus Modius, Philippe parvient à contacter Agrippa[195] (V 180-183). Le roi « l'envoya quérir avec une escorte de gens de cheval[196] » afin qu'il le rencontre à Beyrouth[195]. Il a été heureux de découvrir la fausseté des rumeurs à son sujet et a exhibé Philippe devant le gouverneur romain et son conseil pour prouver sa loyauté[145] (V 183). Puis il l'a renvoyé à Gamala avec pour mission de ramener les « Babyloniens » à Ecbatane et de préserver la paix[195] (V 183b - 184).

Shaye J. D. Cohen estime qu'il est impossible de déterminer si, ne serait-ce qu'une partie, de ce récit est vrai[195]. Schlatter note que rien ni dans la Vita, ni dans la Guerre des Juifs n'explique ce que sont devenus « l'hipparque » Darius et les 2000 cavaliers qu'il commandait avec Philippe à Jérusalem[197]. Peut-être ont-ils rejoint les forces révolutionnaires à Jérusalem ou peut-être sont-ils venus à Gamala avec Philippe et l'ont aidé à prendre la ville[197].

Vita 114 indique que Aequus Modius est venu assiéger Gamala[195]. Shaye J. D. Cohen estime que la chronologie de cet événement est très vague. Philippe était-il à Gamala quand Modius l'a attaquée[195] ? Puisque selon la Vita (§ 177) « après le départ de Philippe, les gens de Gamala, dans une insurrection contre les Babyloniens », ont tué Chares et Jésus, des parents de Philippe, cela suggère que Philippe n'a pas exécuté les instructions du roi de ramener les Babyloniens de Gamala en Batanée[195]. Ni au § 177 ni au § 184, la Vita ne dit quand ou pourquoi Philippe est parti de Gamala[195]. Pour Shaye J. D. Cohen, l'assertion selon laquelle c'est après le départ de Philippe que ces événements se sont passés et que cela a eu lieu quand Gamala s'est révolté contre le roi (V 185-187) semble destinée à indiquer que tant que Philippe, ses hommes et ses alliés étaient sur place, Gamala a été maintenue dans la fidélité au roi, mais une fois qu'elles ont été retirée la révolté a éclaté[195]. Cela peut être vrai tout comme cela peut être faux[195].

Problèmes sur les identités de certains de ses parents

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Philippe est aussi un parent de Chares[Note 15] qui, au moins en son absence, est le chef des habitants de Batanée qui sont allés se réfugier dans la forteresse de Gamala[152]. En 66-67, Chares est un des chefs de la ville fortifiée conjointement avec un Joseph qualifié de fils de la femme médecin[198],[Note 16]. Dans la Guerre des Juifs, Chares dirige avec Joseph la résistance aux Romains[198] jusqu'au dernier moment et meurt lors de la prise de la ville, en novembre 67[199], le même jour que son alter-ego : lui malade dans son lit et Joseph en tentant de sortir des remparts[200],[Note 17]. Alors que dans la Vita, il est tué par les habitants révolutionnaires de Gamala, dirigés par ce même Joseph, en même temps que son parent Jésus, avant que Flavius Josèphe n'arrive en Galilée[198] peu après la défaite de Cestius Gallus le 8 Dios[201] (fin octobre 66[145]). Des informations que Shaye J. D. Cohen estime quelque peu difficiles à concilier[198]. Ce qui conduit Steve Mason à penser qu'il s'agit de deux Chares différents[202] malgré plusieurs points communs. Toutefois Shaye J. D. Cohen fait remarquer que Niese, Feldman et Schalit semblent d'accord sur le fait qu'il n'y avait qu'un seul Chares à Gamala[203]. Dans l'épitomé de la Guerre des Juifs connue seulement dans une version en vieux-slave, il existe une troisième version de la mort de Joseph et de Chares. Ils meurent simultanément d'effroi lorsque la tour sapée par les Romains s'effondre quelques jours avant la prise de la ville[204].

Un parent de Philippe et de Chares appelé Jésus a aussi été tué par les Gamalitains si on en croit Josèphe. Toutefois, il est impossible de décrire ses liens de parenté précis, car selon Shaye J. D. Cohen les § 177-178 et 185-186, dont le deuxième passage renvoie au premier, sont impossibles à réconcilier[198]. C'est pourquoi certains traducteurs disent qu'il s'agit d'un frère de Chares[205], alors que d'autres y voient un frère de Justus de Tibériade[206] et que Steve Mason fait remarquer qu'au § 178 l'expression « frère de cet homme » semble en faire un frère de Philippe bien qu'au § 186 il soit présenté comme un frère de Justus[207]. Selon Cohen, au § 186 de la Vita « les révolutionnaires de Gamala tuent Chares, Jésus son parent, et un frère (ou une soeur) de Justus de Tibériade[198] », tout en indiquant « comme je l'ai dit plus haut. » Toutefois en 177-178 le récit de la Vita dit que « les Galiléens (et pas les Gamalitains) ont mutilé (et pas tué) un frère de Justus avant que Josèphe arrive en Galilée[198] » et « après le départ de Philippe[208] » les Gamalitains ont tué Chares (comme en Vita § 186), « identifié ici comme un parent de Philippe, et son frère Jésus (pas seulement "un de ses parents" comme en § 186), identifié ici comme le beau-frère de Justus[198]. » Toutefois selon Steve Mason, cette interprétation se fonde sur quelques manuscrits qui comportent « sœur » de Justus au lieu de « frère » (ἀδελφήν plutôt que ἀδελφόν une différence d'une lettre)[209]. Ce qui « signifierait que la foule des Gamalitains avait tué la sœur de Justus aussi bien que son mari Jésus et Chares le parent de Philippe, ce qui donnerait un sens aux deux passages[209]. » Mais pour Steve Mason, « la commodité même de cette solution donne l'impression d'une correction faite par un scribe, car elle laisse de côté la lecture des premiers manuscrits P[209]. » Alors que pour André Pelletier, un frère de Chares appelé Jésus qui est marié avec une sœur de Justus de Tibériade, est châtié — et pas tué — par les Gamalitains en Vita § 177[210] et au § 186, le Jésus tué par les Gamalitains est un frère de Justus[211].

La révolte à Gamala

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Selon la Vita, à Gamala le chef des révolutionnaires était Joseph appelé « ὁ τἢς ἰατρἱνης[Note 16] » ("Joseph fils de la femme médecin" ou "Joseph fils de la sage-femme" ?). Il attaque l'aristocratie (πρὢτοι), persuade certains d'abandonner le roi et contraint ou tue les autres[195] (V 185). L'identité des victimes citées a été analysée dans le § ci-dessus. Flavius Josèphe a alors envoyé de l'aide aux révolutionnaires de Gamala, un contingent de soldats pour la défense de la ville et des travailleurs pour la fortifier[195] (V 186). Outre Gamala, c'est « toute la Gaulanitide aussi loin que Solyme (dont la localisation est inconnue) qui s'est révoltée contre le roi[195] » (V 187). Ce n'est pas seulement à propos de l'identité de Chares et de Jésus que les § 177-178 de la Vita sont irréconciliable avec les § 185-186[195]. La Vita 177 mentionne une crise (stasis) « entre les Gamalitains et les « Babyloniens », mais au § 185 le combat est entre les révolutionnaires et les aristocrates de la cité[212]. »

À Gamala les révoltés se sont opposés aux Romains jusqu'au bout dans une résistance de grande ampleur. Dans la Guerre des Juifs Chares et Joseph (probablement celui qui est qualifié de fils de la femme médecin dans la Vita) organisent la lutte contre les Romains durant le siège final[198]. Une information là aussi difficile à concilier avec Vita 177 et 186 où Chares est tué par les Gamalitains avant même l'arrivée de Josèphe en Galilée[198]. Des critiques comme Steve Mason estiment qu'il y a eu deux dirigeants appelés Chares à Gamala. Mais pourquoi Josèphe qui cherche à répondre à ce qu'a écrit Justus de Tibériade, qui visiblement avait contesté sa version, a-t-il laissé une telle ambiguïté sans apporter la moindre précision ? La Guerre des Juifs (IV, 81) « mentionne une sœur de Philippe et ses deux filles qui étaient à Gamala pendant le siège final par les Romains et qui étaient évidemment en bons termes avec les rebelles[198]. »

Aequus Modius chargé d'attaquer la ville fortifiée a dû se contenter d'en faire le siège pendant sept mois[198]. Les forces d'Agrippa ont tenté d'empêcher les approvisionnements de parvenir jusqu'à la ville jusqu'à l'arrivée de l'armée de Vespasien[198]. Les révoltés ont encore résisté pendant deux mois aux Romains en leur faisant subir la seule défaite de l'armée de Vespasien et Titus pendant la campagne de Galilée[198]. Seulement Jotapata, Jérusalem et Masada peuvent revendiquer des exploits équivalents[198].

Siège de Gamala par les Romains

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Vue du site de Gamala depuis le sud-est. Le lac de Tibériade est visible sur la gauche (photo prise entre 1934 et 1939).

Selon Flavius Josèphe, à Gamala « une crête escarpée, prolongement d'une montagne élevée, dresse une hauteur centrale[213] ». « Sur les côtés et de face, le sol est sillonné de vallons infranchissables : mais, en arrière, il se dégage un peu de ces obstacles, vers l'endroit où il se rattache à la montagne : les habitants l'avaient d'ailleurs coupé par un fossé transversal et rendu cette région difficile d'accès, Sur le flanc de l’escarpement où elles étaient construites, les maisons se pressaient étroitement les unes contre les autres ; la ville semblait ainsi suspendue en l'air et s'effondrer sur elle-même du point culminant des rochers. Tournée vers le midi, elle avait de ce côté pour acropole une montagne très élevée ; au-dessous un précipice, qu'on n'avait point enclos d'une muraille, plongeait en une vallée d'une extrême profondeur : il y avait une source à l'intérieur du rempart et c'était là que se terminait la ville[213]. » Comme Vespasien « ne pouvait cerner de troupes toute la ville, à cause de sa situation, il plaça des postes aux endroits où cela était possible et occupa la montagne qui la dominait[214]. » Il « fit commencer les terrassements à l'arrière. La partie tournée vers l'Orient, où se trouvait une tour, dressée dans le lieu le plus élevé de la ville, fut comblée par la quinzième légion : la cinquième dirigea ses travaux vers le centre de la ville : la dixième remplit de terre les fossés et les ravins[214]. » Agrippa tente de s'adresser aux défenseurs, mais est blessé par les frondeurs.

Première bataille de Gamala

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Monnaie émise sous Domitien, montrant le sanglier et le dauphin, deux des emblèmes de la 10e légion (Fretensis).

« Les terrassements s'achevèrent avec rapidité, grâce au grand nombre de bras et à l'habitude qu'avaient les Romains de ces travaux. On mit en place les machines. Alors Charès et Joseph, qui étaient les citoyens les plus considérables de la ville, rangèrent leurs soldats ; ceux-ci étaient effrayés, car ils doutaient de pouvoir résister longtemps au siège, médiocrement approvisionnés qu'ils étaient d'eau et des autres subsistances[215]. » « Les Romains mirent en position en trois endroits les béliers et ébranlèrent le mur : puis, se précipitant par la brèche avec un grand bruit de trompettes, un grand cliquetis d'armes et des cris de guerre, ils se jetèrent contre les défenseurs de la ville[215]. » « Forcés de tous côtés par le nombre », les défenseurs « battent en retraite vers les quartiers élevés de la ville, et, comme les ennemis les suivent de près, ils se retournent, les repoussent sur la pente et les égorgent, entassés dans des passages étroits et difficiles, Ceux-ci, ne pouvant refouler les Juifs qui occupaient la crête, ni se frayer un chemin à travers leurs propres compagnons qui s'efforçaient de monter, cherchèrent un refuge sur les maisons des ennemis, peu élevées au-dessus du sol. Mais bientôt, couvertes de soldats et ne pouvant supporter leur poids, elles s'écroulèrent. En tombant, il suffisait que l'une d'elles renversât celles qui étaient placées au-dessous pour qu'à leur tour celles-ci entraînassent les autres placées plus bas. Cet accident causa la mort d'un grand nombre de Romains, car, dans leur détresse, ils sautaient sur les toits, bien qu'ils les vissent s'affaisser. Beaucoup furent ainsi ensevelis sous les débris ; beaucoup fuyaient, estropiés, atteints sur quelque partie du corps ; un très grand nombre périssaient, étouffés par la poussière. Les habitants de Gamala virent dans cette catastrophe une intervention divine[215]. » « Ils redoublaient leurs attaques, repoussaient les ennemis vers les toits des maisons. Les Romains glissaient dans les passages escarpés : chaque fois qu'ils tombaient, les Juifs placés au-dessus d'eux les massacraient[215]. » « Trouvant à grand peine des issues, une partie des Romains sortirent de la ville. Vespasien ne cessa de rester auprès des troupes qui soutenaient cette lutte pénible : pénétré de douleur à la vue de cette ville qui s'écroulait sur son armée[216]. »

« Vespasien voyait l'armée découragée. Ignorant la défaite, n'ayant nulle part jusqu'à ce jour subi un tel désastre elle avait aussi honte d'avoir laissé seul son général au milieu des dangers[217]. »

Prise de la ville

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Les habitants de Gamala « furent quelque temps pleins de confiance par suite du succès inattendu et considérable qu'ils avaient obtenu[218]. » « Comme les Romains renforçaient les terrassements et tentaient un nouvel assaut, la plupart des Juifs s'enfuirent de la ville par les ravins escarpés, où ne se trouvaient pas de postes ennemis, et par les galeries de mines. Tous ceux qui restèrent, craignant d'être pris, mouraient de faim, car les vivres avaient été requis de toutes parts pour nourrir les hommes capables de combattre[218]. » « Les plus aventureux fuyaient en secret tandis que les faibles mouraient de faim. Mais les combattants soutinrent le siège »[200] jusqu'au [Note 18] Ce jour là « trois soldats de la quinzième légion atteignirent en rampant[200] » « la tour qui faisait saillie de leur côté et la sapèrent en silence. Les gardes qui étaient placés au sommet ne s'aperçurent ni de l'arrivée (car il faisait nuit), ni de la présence des ennemis[200]. » « La tour s'écroula avec un fracas effroyable, entraînant les gardes[200]. » « Frappés de terreur, les hommes des autres postes s'enfuirent ; les Romains en firent périr beaucoup [...] et parmi eux Joseph qu'un soldat atteignit d'un trait et tua au moment où il franchissait en courant la partie de la muraille qui avait été détruite[200]. » Au même moment « Charès, alité et malade, rendit le dernier soupir, par l'effet de la terreur intense qui vint s'ajouter à sa maladie et causa sa mort. Mais les Romains, se souvenant de leur précédent échec, ne firent pas irruption dans la ville avant[200] » le lendemain.

Keep: [Note 19].

Philippe de Bathyra et Gamala

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Ruines des murailles de la cité fortifiée de Gamala prise et détruite par les Romains en novembre 67.

Finalement après la nomination d'Aequus Modius, Philippe de Bathyra parvient à contacter Agrippa[195] (V 180-183). Le roi « l'envoya quérir avec une escorte de gens de cheval[219] » afin qu'il le rencontre à Beyrouth[195]. Il a été heureux de découvrir la fausseté des rumeurs à son sujet et a exhibé Philippe devant le gouverneur romain et son conseil pour prouver sa loyauté[145] (V 183). Puis il l'a renvoyé à Gamala avec pour mission de ramener les « Babyloniens » à Ecbatane et de préserver la paix[195] (V 183b - 184).

Shaye J. D. Cohen estime qu'il est impossible de déterminer si, ne serait-ce qu'une partie, de ce récit est vrai[195]. Schlatter note que rien ni dans la Vita, ni dans la Guerre des Juifs n'explique ce que sont devenus « l'hipparque » Darius et les 2000 cavaliers qu'il commandait avec Philippe à Jérusalem[197]. Peut-être ont-ils rejoint les forces révolutionnaires à Jérusalem ou peut-être sont-ils venus à Gamala avec Philippe et l'ont aidé à prendre la ville[197].

Vita 114 indique que Aequus Modius est venu assiéger Gamala[195]. Shaye J. D. Cohen estime que la chronologie de cet événement est très vague. Philippe était-il à Gamala quand Modius l'a attaquée[195] ? Puisque selon la Vita (§ 177) « après le départ de Philippe, les gens de Gamala, dans une insurrection contre les Babyloniens », ont tué Chares et Jésus, des parents de Philippe, cela suggère que Philippe n'a pas exécuté les instructions du roi de ramener les Babyloniens de Gamala en Batanée[195]. Ni au § 177 ni au § 184, la Vita ne dit quand ou pourquoi Philippe est parti de Gamala[195]. Pour Shaye J. D. Cohen, l'assertion selon laquelle c'est après le départ de Philippe que ces événements se sont passés et que cela a eu lieu quand Gamala s'est révolté contre le roi (V 185-187) semble destinée à indiquer que tant que Philippe, ses hommes et ses alliés étaient sur place, Gamala a été maintenue dans la fidélité au roi, mais une fois qu'elles ont été retirée la révolté a éclaté[195]. Cela peut être vrai tout comme cela peut être faux[195].

En Galilée et sur les terres d'Agrippa

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Le siège et la destruction de Jérusalem, par David Roberts (1850).

Agrippa aide les Romains pendant la Grande révolte juive. Durant la campagne en Galilée (67-68), il est présent aux côtés de Vespasien et Titus à la tête de troupes auxiliaires[220]. C'est probablement à cette occasion que Titus se lie avec Bérénice[220] et qu'elle devient sa maîtresse.

Au printemps 67, Agrippa rejoint Vespasien à Antioche, avec six mille combattants[221]. Ils font alors mouvement vers Ptolemais où Titus les rejoint avec la XVe légion qu'il est allé chercher à Alexandrie[221]. Il participe à la campagne de Vespasien qui commence par prendre Gabara, où il tue tous les mâles, alors que les troupes de Flavius Josèphe ont déserté dès l'avancée des forces romaines[222]. La ville de Jotapata est ensuite prise et Flavius Josèphe est fait prisonnier[222]. Alors que Vespasien conduit ses troupes vers Césarée, il apprend la révolte des villes de Tibériade et de Tarychée (proche de la future Magdala)[222]. Les troupes romaines réduisent successivement les deux villes, mais le combat se déplace alors en une grande bataille navale sur le lac de Tibériade (septembre 67)[223]. Une partie des révoltés parvient à s'enfuir, malgré une forte tempête de nuit qui naufrage beaucoup d'embarcations[224].

Le combat se déplace alors sur l'autre rive du Lac devant la ville fortifiée de Gamala qui est restée belligérante, alors que la plupart des autres cités se sont soumises[224]. Agrippa tente une médiation alors que commence le siège de la ville[225], qui dure à peu près un mois à partir du début octobre 67[224]. Il se serait approché des remparts de la cité pour exhorter les assiégés à se rendre[86]. Mais son initiative est totalement infructueuse[225] et il est même blessé[226],[86] par un frondeur alors qu'il s'adresse aux assiégés[227],[86]. « Flavius Josèphe constate à cette occasion, combien les Juifs méprisaient le souverain; c'est à ce titre qu'ils essayent de le lapider[86]. »

Après la chute de Néron

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Vers juillet-août 68 parvient la nouvelle de la mort de Néron[228]. Vespasien décide alors de suspendre les opérations militaires pour voir l'évolution de la situation[228]. Quand parvient la nouvelle de l'acclamation de Galba, Vespasien envoie Titus saluer le nouvel empereur[229] et Agrippa l'accompagne[228]. En chemin – apparemment alors qu'ils sont encore dans la zone de la Grèce – ils apprennent que Galba vient d'être assassiné par Othon (probablement vers janvier 69)[228]. Titus décide alors de rebrousser chemin et de rejoindre son père à Césarée[228], la désignation d'Othon remettant en cause sa mission[229]. Agrippa poursuit seul son voyage jusqu'à Rome[230]. Toutefois, il est « secrètement averti par les siens[231] » de la conspiration en faveur de Vespasien[231]. Il sort alors de Rome « avant que Vitellius n'ait encore rien appris[231] » et il se joint aux rois clients qui s'étaient déjà ralliés « après une rapide navigation[231]. »

Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte Tibère Alexandre — ex beau-frère d'Agrippa II, qui avait été procurateur de Judée de 46 à 48 — fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Selon Tacite, Bérénice, la sœur d'Agrippa, fait alors de riches cadeaux à Vespasien[220]. Tandis que Vespasien attend à Alexandrie, le gouverneur de Syrie Mucien marche sur Rome et fait proclamer Vespasien empereur le 20 décembre 69. Vespasien administre l'Empire depuis Alexandrie, laisse Titus à la tête de ses légions, en lui enjoignant Tiberius Alexander et attend la chute de Jérusalem pour rentrer à Rome.

Siège de Jérusalem

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L'armée d'Agrippa soutient les forces romaines lors du siège de Jérusalem (de Pessah jusqu'à l'été 70), la chute de la ville et la destruction du Temple de Jérusalem (fin août 70), même si lui-même n'est jamais mentionné par Flavius Josèphe au cours du siège. En 67, il avait reçu magnifiquement Vespasien à Césarée de Philippe, sa capitale. Après la chute de Jérusalem il y reçoit à nouveau Titus et il y célèbre de grands jeux en l'honneur de cette toute récente victoire[226].

À la demande de Bérénice, après la reconquête de la Galilée par les Romains, Agrippa protège Juste de Tibériade dont Vespasien réclame l'exécution, pour son engagement aux côtés des révoltés juifs. Bérénice obtient alors de son frère que celui-ci en fasse son secrétaire pour le mettre à l'abri. Selon son ennemi Flavius Josèphe, il s'en séparera peu après[232].

Selon Christian-Georges Schwentzel, Agrippa ne joue qu'un rôle secondaire dans les événements de son règne. Il n'y assiste le plus souvent qu'en spectateur et ses tentatives d'influer sur le cours des événements demeurent infructueuses[65].

Fin de règne

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Après la défaite des révoltés juifs, pour le remercier, Vespasien lui octroie de nouveaux territoires au nord qui n'ont pratiquement aucun habitant juif[226]. C'est vraisemblablement à ce moment là que lui est de nouveau donné le territoire de Chalcis qui lui avait été enlevé en 54. C'est en tout cas Agrippa qui en est le roi lorsque ce territoire est définitivement rattaché à la province de Syrie, vers 92. Aucun contact n'est rapporté entre Agrippa et la province romaine de Judée après la prise de Jérusalem[233] et même au cours du siège de la ville. « Cela peut signifier qu'il a peu de choses à faire avec cette province maintenant qu'il n'y a plus de grand prêtre à nommer et plus de Temple à administrer[233]. » De plus, les territoires supplémentaires qu'il a obtenu au nord de son royaume initial ont probablement requis son attention[233].

Agrippa vient à Rome avec sa sœur Bérénice vers 75[234]. Il est alors « décoré des ornements de la préture[235] ». À la suite de ce voyage à caractère officiel, Bérénice s'installe au palais où elle vit maritalement avec Titus[234]. Selon Dion Cassius, « elle s'attendait même à l'épouser et faisait tout déjà comme si elle eût été sa femme[235]. » Toutefois en 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père Vespasien, il demande à Bérénice de quitter Rome[220] et elle retourne auprès de son frère dont la capitale du royaume est à Césarée de Philippe.

Selon Flavius Josèphe, Agrippa et lui entretiennent alors une correspondance régulière. Le roi lui aurait « envoyé soixante et deux lettres qui rendent témoignage de la vérité des choses qu['il a] rapportées[236]. » Dans ses livres, Josèphe ne dit pas un mot de la relation de Bérénice avec Titus, probablement à la demande de ce dernier qui est clairement un des commanditaires de son œuvre.

Des inscriptions trouvées dans ses territoires du Hauran, de la Trachonitide et de Chalcis montrent qu'Agrippa perd sa qualité de roi en 92-94, alors qu'il n'est pas marié et n'a pas d'héritier proche[226],[233]. « Les toparchies de Tibériade, Tarichée, Abila, Livias-Julias reviennent alors à la province de Judée, mais le reste de ses territoires principalement peuplés de non-Juifs est incorporé à la province de Syrie[233]. » Une part importante de la critique estime qu'il est mort à cette date. Toutefois pour Simon Claude Mimouni, Agrippa est mort la troisième année de Trajan comme l'indique Photios de Constantinople. Il émet donc l'hypothèse que l'empereur Domitien lui a retiré les régions peuplées de juifs[237], notamment celles de Galilée pour des raisons de sécurité[238].

Titus et Berenice

« Bérénice était en grande considération, aussi vint-elle à Rome avec son frère Agrippa. Agrippa fut décoré des ornements de la préture, Bérénice habita le palais et devint la maîtresse de Titus. Elle s'attendait même à l'épouser et faisait tout déjà comme si elle eût été sa femme, au point que Titus, voyant les Romains réprouver cette conduite, la renvoya. D'ailleurs on répandait beaucoup de bruits désavantageux, et, quelques sophistes cyniques étant entrés secrètement à Rome, Diogène, le premier, se rendit au théâtre, et, pour avoir dit force insolences au peuple qui y était assemblé, fut battu de verges ; Hères, après lui, persuadé qu'il ne recevrait pas un châtiment plus rigoureux, se mit à pousser, avec toute l'impudence d'un chien, une foule de cris injurieux, et eut, pour ce fait, la tête tranchée. (cf. Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVI, 15, 4-5) »

Date de la mort d'Agrippa

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Les derniers témoignages concernant Agrippa sont soit l'inscription de Sanamein en Trachonitide qui date de 92[239],[240], soit des monnaies qui pourraient dater de 95. Les deux dates de 92 ou de 95 tiennent au fait qu'Agrippa (II) a utilisé deux ères pour dater ses monnaies. L'une commençant en 49[226]/50[241], l'autre en 61[241]. Les monnaies qui sont datées de la 35e année d'Agrippa correspondent à l'année 95 pour certains spécialistes et à l'année 84 pour d'autres[242]. Entre-autres détails, Thérèse Frankfort fait remarquer que les monnaies datées de la 35e année d'Agrippa sont frappées à l'effigie d'un Domitien jeune et propose donc de la dater de 84[243]. Dans ces conditions le dernier témoignage au sujet d'Agrippa serait l'inscription datée de 92[239],[244],[240]. Par ailleurs, une inscription provenant du Hauran datée de la 16e et dernière année de Domitien[245],[246] et celle d'Aeritae en Trachonitide datée de la première année de Nerva[246],[240],[247], témoignent du rattachement direct à l'Empire du royaume d'Agrippa — qui était roi de ces deux territoires[20] — au plus tard en 96[245],[248],[240] et donc de la mort probable d'Agrippa avant la réalisation de ces inscriptions[249]. Ce qui donne un décès dans une fourchette de dates entre 92 et 96 et donc sous l'empereur Domitien, peut-être en 92-94[250], juste avant la publication de la première édition des Antiquités judaïques par Flavius Josèphe[251],[252].

Toutefois, depuis plusieurs siècles la tradition chrétienne, suivie par certains critiques modernes, lui préfèrent une autre période. Celle que l'on peut déduire des indications de l'évêque Photios de Constantinople qui au IXe siècle, plaçait la mort d'Agrippa, « la troisième année du règne de Trajan (100)[241]. »

Photios de Constantinople

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Dans une note de lecture Photios de Constantinople écrit :

« Lu de Justus de Tibériade une chronique intitulée : Justus de Tibériade, « Chronique des rois des Juifs en tois stemmasin[Note 20] ». [...] Il commence son récit à Moïse et le poursuit jusqu'à la mort d'Agrippa, septième souverain de la maison d'Hérode et dernier roi des Juifs. Il avait reçu le pouvoir sous Claude, l'avait vu s'accroître sous Néron et davantage encore sous Vespasien et il mourut la troisième année du règne de Trajan[253]. »

Toutefois, parmi les auteurs chrétiens antiques, plusieurs auteurs donnent une date pour la publication de l'Histoire de la guerre juive de Justus de Tibériade[241] qui a attendu la mort d'Agrippa pour la publier[254],[255],[256]. Flavius Josèphe le lui reproche vivement dans son Autobiographie[254]. Thérèse Frankfort fait remarquer que « les principaux chronographes chrétiens mentionnent la publication de l’œuvre de Justus de Tibériade », mais les dates fournies par ces auteurs couvrent une plage de 15 ans. Aux IVe – Ve siècle, « selon Eusèbe de Césarée[257] (mort en 399), l'œuvre de Justus fut publiée en 98, selon Jérôme de Stridon[258] (mort en 420) en 97, selon Prosper Tiron[259] (mort en 463) en 99[241]. » « Mais chacun suit une chronologie différente », Eusèbe situe cette publication « en l'an 2113 d'Abraham », saint Jérôme la date de la 1re année de la 219e Olympiade et pour Prosper Tiron c'est « en la 72e année après la Passion qu'il situe en 28 », alors que les critiques modernes hésitent entre 30 ou 33 et même parfois 36, pour la date de la crucifixion de Jésus. Cinq ou six siècles plus tard, les chronographes chrétiens quasi contemporains de Photios, comme Georges le Syncelle, plaçaient la publication du livre de Justus en 90, « au début du règne de Trajan, en l'année du monde 5590, en l'année de l'Incarnation Divine 90[260] », tandis que pour Marianus Scotus (Xe siècle), cette publication a eu lieu « dans la 2e année du règne de Trajan, en la 82e année de l'Incarnation, selon Denys[261]. » D'après Thérèse Frankfort, ce dernier situait l'Incarnation en 23, ce qui correspond à l'année 104[241]. C'est-à-dire que pour Georges le Syncelle le règne de Trajan a commencé en 90, alors que pour Marianus Scotus, il a commencé en 103. Pourquoi un évêque de Constantinople du IXe siècle aurait-il été plus précis que ces chronographes ? Mme Frankfort s'interroge : « devant la diversité des dates qu'ils adoptent pour situer l'avènement de Trajan et la publication de l'oeuvre de Justus de Tibériade, peut-on assurer que Photios faisait bien débuter le règne de Trajan en 98[241] ? » Peut-on également assurer que pour eux la mort d'Agrippa (II) était bien positionnée en 100[241] ? Certains critiques font remarquer que si Photios a utilisé la chronologie de Georges le Syncelle qui a écrit quelques décennies avant lui, « la troisième année de Trajan » correspond à 92, c'est-à-dire approximativement la date de la mort d'Agrippa retenue par ceux qui se fondent sur les inscriptions épigraphiques[262],[Note 21].

De plus, Photios n'a lu que la Chronique des rois Juifs[263], qui depuis a été perdue. « Il est apparent que Photios ne connaît l'"Histoire" de Justus de Tibériade qu'à travers Flavius Josèphe : tout ce qu'il dit à son sujet dérive de l'Autobiographie et est précédé par "comme Josèphe le dit"[264]. » « Alors que la Chronique a eu quelque influence, « l'Histoire de la guerre » a disparu sans laisser de trace. [...] Il n'y a pas de signes que le moindre auteur polythéiste n'ait jamais lu l'Histoire de Justus[264] » de même qu'aucun auteur chrétien n'en cite le moindre extrait[264]. Le commentaire de Photios n'échappe pas à la règle et se contente de reprendre les dénigrements de Josèphe à propos de ce livre perdu lui aussi, mais qui, à la différence de la Chronique des rois juifs, semble avoir disparu peu après sa publication.

Un soldat d'Agrippa II

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Ceux qui veulent défendre la date donnée par Photios de Constantinople invoquent une inscription retrouvée dans le Hauran qui d'après eux indiquerait indirectement qu'Agrippa est mort sous Trajan[265]. Cette inscription dit:

« Archieus, qui a servi dix-huit ans sous le roi Agrippa comme centurion et dix ans sous Trajan comme stratège[266]. »

Toutefois comme le fait remarquer Henry Seyrig, le texte n'implique pas que ces deux périodes se soient suivies immédiatement[267]. Après le règne d'Agrippa, Archeius peut très bien avoir fait autre chose pendant au moins trois ans sans le mentionner, puis avoir été stratège sous Trajan. Pour Henry Seyrig, « la carrière d'Archieus ne s'est pas déroulée dans le cadre régulier de l'Empire. Officier de rang modeste sous Agrippa (II), il fut repris par Trajan pour exercer dans une administration locale ou plutôt dans quelques milices, peut-être en rapport avec les nomades, une fonction difficile à élucider aujourd'hui et où il portait le titre de stratège[267]. » Selon lui, il est possible qu'Archieus ait « chômé quelque temps, lors du passage d'un régime à l'autre[267]. » Pour tenir compte des deux inscriptions qui indiquent que le territoire d'Agrippa a directement été annexé à l'Empire romain au plus tard en 96[245],[248],[249] et défendre quand même la date avancée par Photios, quelques critiques estiment qu'Agrippa toujours en vie, a dû restituer les territoires de son royaume peuplés de Juifs pour des raisons de sécurité[226], mais qu'Archeius a continué à être centurion au service d'Agrippa, même après que les territoires de son royaume peuplés de Juifs (Batanée, Gaulanitide, Galilée) ainsi que ceux d'Hauranitide et de Trachonitide aient été directement rattachés à l'Empire.

L'Autobiographie de Flavius Josèphe

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L'Autobiographie que Flavius Josèphe a vraisemblablement annexée à la deuxième édition de ses Antiquités judaïques est clairement écrite pour répondre aux assertions que Justus de Tibériade venaient de faire en publiant son "Histoire de la guerre des Juifs"[268],[255],[256], un livre différent de celui que Photios a lu au IXe siècle et qui a disparu sans laisser de traces[264] vraisemblablement juste après sa publication. Flavius Josèphe est en tout cas le seul auteur à faire un commentaire (virulent) sur, ou plutôt contre ce livre totalement ignoré des autres auteurs antiques[264]. Or, selon Josèphe, Justus de Tibériade a attendu qu'Agrippa soit mort pour publier son "Histoire de la guerre juive" qui pourtant était prête depuis 20 ans[254].

Pour ceux qui défendent une date de mort sous Domitien, l'hommage appuyé que Josèphe rend à cet empereur et à sa femme Domitia Longina à la fin de son Autobiographie, sans dire un mot ni de Nerva (96 - 98), ni de Trajan, suffit à prouver que lorsque cette Autobiographie est publiée, c'est toujours Domitien qui est empereur[269]. Pour conclure son Autobiographie Josèphe écrit:

« À quoi je dois ajouter que j'ai toujours continué à être honoré de la bienveillance des empereurs ; car Titus ne m'en a pas moins témoigné que Vespasien, son père, et n'a jamais écouté les accusations qu'on lui a faites contre moi. L'empereur Domitien qui leur a succédé a encore ajouté de nouvelles grâces à celles que j'avais déjà reçues, [...] Ce prince a joint à tant de faveurs une marque d'honneur très avantageuse, qui est d'affranchir toutes les terres que je possède dans la Judée ; et l'impératrice Domitia a toujours aussi pris plaisir à m'obliger. On pourra par cet abrégé de la suite de ma vie juger quel je suis[270]. Et maintenant que je t'ai donné, excellent Épaphrodite, le texte complet de mes Antiquités judaïques, pour le moment je termine ici mon récit[244]. »

Ce qui est difficilement concevable si l'empereur en poste est Trajan, surtout qu'après l'assassinat de Domitien, celui-ci a été considéré comme un tyran et qu'une damnatio memoriae a été prononcée contre lui[271],[272],[Note 22],[Note 23]. Pour Shaye J. D. Cohen, « compte-tenu de la haine générale envers Domitien à Rome, il est impensable que Josèphe ait pu se vanter — ou ait simplement mentionné — les faveurs qu'il avait reçu de lui après sa mort[269]. » Steve Mason fait remarquer que tous les auteurs qui ont écrit après sa damnatio memoriae (Tacite, Suétone et Dion Cassius) « deviennent uniformément hostiles, représentant la totalité de son régime comme le règne de la terreur (Tacite, Agr. 2-3 ; Suétone, Domitien, 1.2, 3.2 et passim, Dion Cassius 67)[273]. » Une attitude d'autant moins vraisemblable que les critiques ont noté que pour les auteurs écrivant sous Trajan (Pline le Jeune, Tacite, Suétone, Juvénal) « critiquer le défunt Domitien revenait à faire l'éloge de Trajan[274]. » Pourtant « Josèphe semble avoir été parfaitement conscient des contraintes politiques de l'écriture de l'histoire: en témoigne son traitement de Vespasien et Titus dans la « Guerre des Juifs »[273]. » De même, l'éloge exagérée de Domitien que l'on trouve dans le livre VII de la Guerre des Juifs, permet justement aux historiens de dater la publication de ce dernier livre de la « Guerre » du début du règne de Domitien (81-96)[275],[276].

Les Antiquités judaïques

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Plusieurs passages des Antiquités judaïques montrent qu'au moment de leur rédaction Agrippa était déjà mort[251]. Toutefois, des critiques comme Laqueur et Gelzer[277] estiment que ces passages ont été modifiés par Josèphe lors la seconde édition des Antiquités[251]. Thérèse Frankfort « ne croit pas que [Josèphe] ait modifié le texte monumental » de plusieurs livres des Antiquités judaïques sur ces points de détails et estime donc qu'Agrippa était mort lors de la publication de la première édition en 93/94[251]. Elle prend notamment comme exemple le passage suivant du livre XVII des Antiquités judaïques[244], Josèphe parle ici de la politique à l'égard des habitants de la Batanée:

« Agrippa le grand et son fils Agrippa [...] saignèrent à blanc (les habitants de la Batanée), sans toutefois rien entreprendre contre leur liberté. Les Romains, dont le pouvoir succéda au leur, confirmèrent eux aussi la liberté qu'ils demandaient, mais les écrasèrent totalement sous le poids des impôts. D'ailleurs je parlerai de cela avec plus de précision dans la suite de l'ouvrage quand s'en présentera l'occasion[278]. »

Si Josèphe était venu ajouter que les Romains « écrasèrent totalement sous le poids des impôts » les habitants de Batanée après le règne d'Agrippa, qui est un point de détail, il en aurait profité pour écrire le développement annoncé dans la dernière phrase et qui ne figure nulle-part dans les Antiquités. Pour Thérèse Frankfort, si c'est le passage complet qui avait été inséré par Josèphe lors d'une seconde édition, la dernière phrase signifierait que « Josèphe aurait projeté une troisième édition plus complète[244]. » Pour elle, dans une édition remaniée, Josèphe « n'aurait pas laissé tant de passages, où il promet de reprendre en détail, dans la suite de son ouvrage, quelques sujets déterminés, alors qu'il ne réalise pas ses promesses et qu'il n'aborde plus ces sujets[244]. » En effet, rien que dans le livre XX des Antiquités, dans lequel a pourtant été annexée son Autobiographie lors de la seconde édition, ce n'est pas moins de quatre passages qui sont annoncés et qui ne figurent pas dans l'oeuvre[279]. De plus, Josèphe qui avait besoin du soutien d'Agrippa n'a pas pu suggérer que celui-ci avait des relations sexuelles avec sa soeur Bérénice (XX, 145) alors que celui-ci était encore vivant[280],[281] et là encore, on imagine mal qu'il soit venu ajouter ce point sans écrire les passages annoncés et manquants dans ce même livre XX.

Épaphrodite

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La date de la mort d'Agrippa (II) a des implications importantes. Ainsi, s'il est mort sous Trajan, l'Épaphrodite à qui Flavius Josèphe dédie ses Antiquités judaïques dans son « Autobiographie » ne peut pas être l'Épaphrodite secrétaire de Néron puis des empereurs Flaviens et que Domitien fait exécuter durant ce qui est improprement appelé la « persécution de Domitien », bien que ce ne soit pas une persécution religieuse. Selon Dion Cassius, Épaphrodite est mis à mort après que plusieurs autres aient aussi été condamnés à mort ou à la saisie de leurs biens à cause de leurs pratiques juives et sous l'accusation « d'athéisme[282] », dont Titus Flavius Clemens[121] qu'il a fait tuer au sortir de son consulat[283] qui s'est terminé le 1er mai 95[284], puis Manius Acilius Glabrio. Il existe de nombreux indices qui montrent que ceux-ci étaient membres du mouvement créé par Jésus. Ainsi Flavius Clemens est un saint chrétien qui figure au Vetus Martyrologium Romanum à la date du 22 juin et dont la sépulture se trouve dans la Basilique du Latran[285],[Note 24]. Au même moment, Domitien exile la femme de ce consul, Flavia Domitilla[286],[287],[121] qui a donné son nom aux catacombes chrétiennes de Domitilla[288] et qui possédait le terrain sur lequel ont été inhumés autour de la tombe de sainte Pétronille, plusieurs de ceux qui deviendront à partir du IVe siècle des saints chrétiens vénérés dans les itinéraires aux tombes des martyrs.

Thérèse Frankfort se contente de rappeler que certains critiques identifient l'Épaphrodite dédicataire de trois des quatre écrits de Josèphe avec l'ancien secrétaire de Néron devenu successivement secrétaire des trois empereurs flaviens et exécuté sur ordre de Domitien[Note 25]. Ce qui place clairement la mort d'Agrippa avant 95/96, ce que Mme Frankfort estime avoir démontré par d'autres moyens[243],[Note 26]. D'autres historiens sont plus catégoriques et estiment très probable que celui à qui Josèphe dédie ses livres soit l'Épaphrodite que Domitien fait exécuter[289]. Au début de ses Antiquités judaïques, publiée en 92/93, Flavius Josèphe le décrit comme un homme qui a été mêlé « à de grands événements et à des fortunes très diverses, au milieu desquels il a toujours fait preuve d'une merveilleuse force de caractère[290]. » La carrière d'Épaphrodite correspond au langage de la description de Josèphe dans les Antiquités (I, 8-9)[291],[292]. L'ancien secrétaire des pétitions de Néron (a libellis) qui a contribué à révéler la conspiration de Pison et qui a ensuite aidé l'empereur à mettre fin à ses jours dans des circonstances dramatiques[293], a effectivement été « associé à de grands événements »[294],[292]. Celui qui après avoir été esclave, a été secrétaire de Néron après avoir été affranchi, est ainsi devenu très riche, puis a été banni par Galba à cause de ce que certains ont considéré comme le meurtre d'un empereur et qui est redevenu secrétaire impérial sous Vespasien a connu « des vicissitudes diverses »[291]. Dans son Contre Apion, Josèphe l'appelle « très puissant Épaphrodite[295] », ce qui correspond bien à quelqu'un de très riche, qui a été secrétaire de quatre empereurs, et qui au moment où Josèphe publie ce livre (93/94[294]) est encore le secrétaire de Domitien. Combien d'hommes appelés Épaphrodite ont eu un tel contact avec ce que Josèphe appelle « de grands événements »[294] ?

Dion Cassius raconte qu'Épaphrodite a été exécuté car Domitien lui reprochait « de ne pas avoir secouru Néron[296] » afin de dissuader par cet exemple ses autres affranchis « de ne rien oser de semblable[296]. » Mais il indique préalablement qu'il s'était mis à soupçonner tout le monde et en particulier ses affranchis pour les mêmes motifs que ceux pour lesquels il avait mis à mort Titus Flavius Clemens et Acilius Glabrio, ce qui dans un premier temps avait valu à Épaphrodite d'être banni. Comme aux autres, il lui était donc aussi reproché une forme « d'athéisme[297] » qui avait fait « condamner aussi plusieurs citoyens, coupables d'avoir embrassé la religion des juifs[296]. » Josèphe indique qu'Épaphrodite était curieux de l'histoire antique des Juifs et que c'est pour cela qu'il l'avait pressé d'écrire ses Antiquités[298]. Ce qui là encore correspond bien à l'attitude de quelqu'un qui a « embrassé la religion des juifs[296]. »

Tous selon Dion Cassius sont exécutés pour leurs tendances judaïsantes, sans utiliser le nom « chrétien » qui à l'époque est encore une accusation qui vise les Juifs messianistes. Le nom de « chrétien », dérivé de « Christ » qui veut dire Messie, serait en effet apparu du fait des autorités romaines pour caractériser des mouvements contestataires juifs apparentés à tous ceux que Flavius Josèphe a regroupé sous l'étiquette de Quatrième philosophie[299],[300]. Ce n'est qu'au cours du IIe siècle qu'il perdra ce sens, alors qu'il est brandi comme un titre de gloire par les chrétiens qui affirment ainsi la solidité de leur croyance, car comme l'écrit Justin de Naplouse, ils savent bien que pour ce seul nom « la peine de mort est institué[301]. » Or, au contraire tous les auteurs antiques (Suétone, Dion Cassius, Philostrate d'Athènes) estiment que ces condamnés sont innocents de l'accusation de « chrétien » — c'est-à-dire de messianistes de même type que ceux de la « quatrième philosophie ». Cette accusation n'a d'ailleurs visiblement pas été formulée par Domitien. (Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.) Les commanditaires de Josèphe, notamment pour l'écriture de la Guerre des Juifs, sont Vespasien et Titus. Bien que la « Guerre des Juifs » ne mentionne pas Épaphrodite, il serait logique qu'un secrétaire particulier de ces empereurs s'intéressant à ces questions et patronnant ses autres œuvres, ait déjà été impliqué anonymement dans l'écriture de ces premiers livres[294].

Dans ces conditions, certains critiques estiment qu'il est vraisemblable qu'Épaphrodite ait été membre du mouvement créé par Jésus — qui ne s'appelait pas encore "mouvement chrétien"[Note 27] et n'était pas encore séparé du judaïsme — et que c'est probablement le même que l'Épaphrodite cité par Paul de Tarse dans l'Épître aux Philippiens[121]. Un personnage suffisamment puissant et influent à Rome pour pouvoir accéder à un prisonnier impérial juif passible de la peine de mort et enfermé dans la terrible prison Marmertine (le Tullianum) en 67/68, dans une période particulièrement tendue puisqu'à peine trois ans auparavant des dizaines de "Chrétiens" accusés d'avoir incendié Rome avaient été exécutés et que depuis un an les messianistes juifs de Palestine avaient déclenché une révolte ouverte qui avait chassé les Romains de Judée et de Galilée, tout en créant des mouvements insurrectionnels dans la province romaine de Syrie et en Égypte. Ce qui accroît encore l'importance de ce qui est impliqué par la date de la mort d'Agrippa II.

Arrestation de l'apôtre Pierre

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La Libération de saint Pierre de sa prison par un ange, peint par Giovanni Lanfranco (vers 1620-1621), Birmingham Museum of Art.

Dans les Actes des Apôtres, l'apôtre Pierre est arrêté sur l'ordre d'un dirigeant désigné sous le nom dynastique « Hérode », sans plus de précisions, avant la relation de la mort du roi de Judée Agrippa Ier (44).

Toutefois, dans un texte chrétien appelé les Actes de Pierre apparaissent deux personnages appelés Agrippa et Albinus qui conjuguent leurs efforts pour arrêter l'apôtre Pierre et le jeter en prison. Agrippa est préfet et Albinus est qualifié « d'ami de César ». César ici, semble être Néron puisque l'ensemble du récit est situé sous cet empereur[302]. Toutefois, la très belle femme d'Albinus qui est chrétienne organise l'évasion de l'apôtre Pierre[302]. Celui-ci sera à nouveau arrêté un peu plus tard et finira crucifié la tête en bas[302]. Bien que le texte prenne la précaution de préciser avant les mentions d'Agrippa et Albinus que « maintenant Pierre était à Rome », on ne peut s’empêcher de voir derrière Agrippa et Albinus le roi Agrippa II et Lucceius Albinus, le procurateur de Judée[303] de 62 à 64. La fonction du premier était en effet Préfet et vu les postes dont il a bénéficié il est tout à fait vraisemblable qu'Albinus ait pu se parer du titre d'« ami de César »[304]. Il a donc été émis l'hypothèse que l'Albinus des Actes de Pierre ait pu être Lucceius Albinus[303] et que l'arrestation de Pierre, suivi de son évasion, qui est placé avant la mort d'Agrippa Ier dans les Actes des Apôtres aurait pu en fait avoir lieu sous Albinus et Agrippa II[304].

Les incohérences chronologiques qui découlent du discours de Gamaliel l'Ancien[305],[306] font penser aux historiens que cet épisode n'a pas été placé au bon endroit du récit des Actes des apôtres et se situe en tout cas après la mort d'Agrippa Ier et même après la mort de Theudas[305],[306] (44-46[307]). Le récit des Actes des Apôtres est en effet composé de deux grands ensembles qui se suivent, la « Geste de Pierre » (§ 1 à 12) puis la « Geste de Paul » (§ 13 à 28)[308]. Après cette arrestation et son évasion avec l'aide d'un « ange », Pierre disparaît du récit en Ac 12, 18, pour n'être plus mentionné qu'une fois, au moment de la réunion de Jérusalem au chapitre 15. Après son arrestation suivie de son évasion, il est parti « dans un autre endroit[309]. » Le retrouver à Jérusalem pour une réunion où il risque une nouvelle arrestation est étonnant[Note 28]. Pour résoudre cette contradiction, plusieurs solutions ont été proposées par les critiques sans emporter la décision[310].

Arrestation de l'apôtre Pierre 2

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La Libération de saint Pierre de sa prison par un ange, peint par Giovanni Lanfranco (vers 1620-1621), Birmingham Museum of Art.

Dans les Actes des Apôtres, l'apôtre Pierre est arrêté sur l'ordre d'un dirigeant désigné sous le nom dynastique « Hérode », sans plus de précisions, avant la relation de la mort du roi de Judée Agrippa Ier (44).

Toutefois, dans un texte chrétien appelé les Actes de Pierre apparaissent deux personnages appelés Agrippa et Albinus qui conjuguent leurs efforts pour arrêter l'apôtre Pierre et le jeter en prison. Agrippa est préfet et Albinus est qualifié « d'ami de César ». César ici, semble être Néron puisque l'ensemble du récit est situé sous cet empereur[302]. Toutefois, la très belle femme d'Albinus qui est chrétienne organise l'évasion de l'apôtre Pierre[302]. Celui-ci sera à nouveau arrêté un peu plus tard et finira crucifié la tête en bas[302]. Bien que le texte prenne la précaution de préciser avant les mentions d'Agrippa et Albinus que « maintenant Pierre était à Rome », on ne peut s’empêcher de voir derrière Agrippa et Albinus le roi Agrippa II et Lucceius Albinus, le procurateur de Judée[303] de 62 à 64. La fonction du premier était en effet Préfet et vu les postes dont il a bénéficié il est tout à fait vraisemblable qu'Albinus ait pu se parer du titre d'« ami de César »[304]. Il a donc été émis l'hypothèse que l'Albinus des Actes de Pierre ait pu être Lucceius Albinus[303] et que l'arrestation de Pierre, suivi de son évasion, qui est placé avant la mort d'Agrippa Ier dans les Actes des Apôtres aurait pu en fait avoir lieu sous Albinus et Agrippa II[304].

Les incohérences chronologiques des Actes sont bien connues des spécialistes. Il est notamment impossible de concilier les deux venues à Jérusalem que l'apôtre Paul de Tarse relate dans son Épître aux Galates — 3 ans et 14 ans après en être parti[311] — avec les quatre venues dans la ville que l'on trouve dans les Actes pour cette période[312]. D'autres incohérences qui découlent du discours de Gamaliel l'Ancien[305],[306] font penser aux historiens que cet épisode n'a pas été placé au bon endroit du récit des Actes des apôtres et se situe en tout cas après la mort d'Agrippa Ier et même après la mort de Theudas[305],[306] (44-46[307]), ou que des passages ont été déplacés après la rédaction initiale[310]. C'est une des raisons pour laquelle les Actes des Apôtres, composés à partir de plusieurs sources, « ont fait l'objet d'une critique dévastatrice depuis quelques décennies, au point de se voir dénié par certains, en tout ou partie, toute valeur historique[313] » du fait de « l'activité rédactionnelle » de ses auteurs successifs[314]. Le récit des Actes des Apôtres est en effet composé de deux grands ensembles qui se suivent, la « Geste de Pierre » (§ 1 à 12) puis la « Geste de Paul » (§ 13 à 28)[308]. Après cette arrestation et son évasion avec l'aide d'un « ange », Pierre disparaît du récit en Ac 12, 18, pour n'être plus mentionné qu'une fois, au moment de la réunion de Jérusalem au chapitre 15. Après son arrestation suivie de son évasion, il est « parti vers d'autres lieux. » Le retrouver à Jérusalem où il risque une nouvelle arrestation pour une réunion est étonnant[Note 29].

Ainsi, la totalité du document pétrinien, document hypothétique auxquels aurait appartenu ces épisodes semble avoir été placé au début des Actes par son premier rédacteur en faisant suivre ce récit par la "Geste de Paul" et c'est le second rédacteur — peut-être l'évangéliste Luc — qui aurait inséré entre les deux "Gestes" de Pierre et Paul, le récit de la mort d'Agrippa[315] qui donne l'impression que tout ce qui précède est daté d'avant 44 et tout ce qui suit est ultérieur.



Il est donc possible que « Hérode le roi » ne désigne pas Agrippa Ier, mais son frère Hérode de Chalcis ou son fils Agrippa II. En effet, outre ces éléments rédactionnels, les incohérences chronologiques des Actes sont bien connues depuis plus d'un siècle, notamment le discours de Gamaliel, prononcé sept chapitres avant la relation de la mort d'Agrippa pour défendre les apôtres lors de leur première arrestation, parle de la mort de Theudas intervenue sous le procurateur Cuspius Fadus (44-46) et dans la Geste de Pierre qui constitue la première partie des Actes, le meurtre de Jacques de Zébédée, puis l'arrestation-évasion de Pierre sont postérieurs de cinq chapitres à ce discours[316],[317].


Toutefois s


Un nombre important de critiques suivent la tradition chrétienne pour identifier Agrippa à « Hérode le roi » qui, dans les Actes des Apôtres, persécute la communauté de disciples de Jésus à Jérusalem, puis qui fait tuer « par l'épée » Jacques de Zébédée tandis que l’apôtre Pierre arrêté ultérieurement, ne doit son salut qu'à l'aide « d'un ange » qui vient de nuit le faire s'évader de sa prison[318]. Toutefois, les Actes des Apôtres, composés eux-aussi dans les années 80-90 à partir de plusieurs sources, « ont fait l'objet d'une critique dévastatrice depuis quelques décennies, au point de se voir dénié par certains, en tout ou partie, toute valeur historique[313] » du fait de « l'activité rédactionnelle » de ses trois auteurs successifs[314].

Ce récit de la mort d'Agrippa, inséré par le deuxième rédacteur des Actes des Apôtres[315] diverge de celui de Flavius Josèphe[319], mais s'accorde par ailleurs avec lui sur l'origine divine de son mal mortel, occasionnée par son refus impie de rejeter la déification dont il est l'objet par le peuple, témoignant peut-être de l'usage d'une source juive commune[320]. Foudroyé sur place et dévoré par les vers, les versets 19-23 du chapitre 12 des Actes des Apôtres mettent en scène une mort qui a plus un caractère théologique qu'historique[321].

Arbre généalogique

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Joseph
oncle d'Hérode
le Grand
 
Salomé
sœur d'Hérode le Grand
 
Costobar
 
Hérode le Grand
roi de Judée
-37 à -4
 
 
 
Mariamne
l'Hasmonéenne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bérénice
fille de Salomé
 
 
 
Aristobule IV
 
 
 
Alexander
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Joseph
 
 
 
 
 
 
Agrippa Ier
roi de Judée
41-44
 
Aristobule le Mineur
 
Mariamne
 
Hérodiade
 
Hérode
(Philippe)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Mariamne
 
Hérode
roi de Chalcis
41-48
 
Bérénice
reine de Chalcis
puis de Cilicie
 
Agrippa II
roi de Chalcis
puis de Batanée
 
Mariamne
 
Drusilla
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Aristobule
roi d'Arménie mineure
54-72
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Salomé
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Bibliographie

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Sources primaires

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Notes et références

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  1. Marie-Émile Boismard et André Lamouille estiment que Paul est libéré à la suite de la décision d'Agrippa et que c'est en homme libre qu'il s'est rendu à Rome. Ce serait le deuxième rédacteur des Actes des Apôtres — peut-être Luc l'évangéliste — qui aurait transformé ce récit de voyage vers Rome en voyage de la captivité.
  2. Abba Saul ben Baṭnit vivait à Jérusalem dans la seconde moitié du Ier siècle ; cf. Judah Nadich, Jewish legends of the second commonwealth, p. 116.
  3. Selon Flavius Josèphe, en octobre 66 Costobar et son frère Saul sont envoyés en Achaïe par Cestius Gallus pour faire un rapport à Néron. Si le frère de Costobar appelé Saul est l'apôtre Paul de Tarse cela expliquerait qu'il passe l'hiver 66/67 à Nicopolis d'Épire, comme indiqué dans l'Épître à Tite. Un passage à Nicopolis qui est jugée inexplicable par les historiens qui ne reprennent pas cette identification.
  4. À propos des événements où Bérénice intervient personnellement en venant devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, Flavius Josèphe écrit : « Tels furent les événements qui se passèrent le 16 du mois Artémisios (qui correspond au mois juif de lyyar. » Dans une note, Julien Weill précise que cela correspond au en faisant référence à Niese. cf. Guerre des Juifs, II, XV, 2, note no 184.
  5. Agrippa envoie une force de 2000 cavaliers d'après les manuscrits PAL, 3.000 d'après d'autres manuscrits.
  6. Philippe est qualifié ailleurs (Vita, § 11) de ἕπαρχος (lieutenant) du roi. Voir aussi Guerre des Juifs, IV, 81.
  7. Julien Weil traduit son nom par Ananias de Zébédée.
  8. Menahem pourrait s'être déclaré Messie et semble avoir suscité — et déçu — des espoirs dans la population (cf. Talmud, sanhédrin 98b: « le consolateur [Menahem] qui soulagera est parti au loin », en référence à Lamentations 1:17 (cf. K. Kohler & H. G. Friedmann, Pseudo-Messiahs, Menahem ben Juda in Jewish Encycopledia, éd. Funk & Wagnalls, New York 1901-1906). Toutefois pour certains critiques le Menahem dont il est question ici est le chef Essénien, dont Flavius Josèphe dit qu'il était l'ami d'enfance d'Hérode le Grand.
  9. ἕπαρχος est traduit par préfet. Le commandant d'une cohorte auxiliaire est en principe un préfet (Tacite, Hist., II, 59; Digeste, III, 2, 2, pr.).
  10. La capitulation de la garnison romaine paraît avoir eu lieu le 17 Eloul (Gorpiaios) : c'est à ce jour que la Megillath Taanith (§ 14) place « l'évacuation » de Juda par les Romains.
  11. Selon la version de la Vita, il quitte Jérusalem environ le 11 Gorpiaios (cf. Cohen 2002, p. 161), selon la Guerre des Juifs il part de Jérusalem en compagnie de Saul et Costobar après la défaite de Cestius Gallus qui a eu lieu le 8 Dios (Cohen 2002, p. 5 et 161), ce qui correspond à la fin octobre (Cohen 2002, p. 162). Le mois macédonien de Gorpiaios dure 29 jours (Cohen 2002, p. 3), il est suivi par le mois d'hyperbérétæos qui dure 30 jours, puis par le mois de Dios.
  12. Après le 8 Dios (Mareshvan) ; cf. Cohen 2002, p. 161.
  13. Cestius Gallus envoie « Saul et ses compagnons » en Achaïe pour qu'ils rendent compte à Néron, car celui-ci est à ce moment en tournée artistique en Grèce, tout en surveillant le creusement du canal de Corinthe. Si le frère de Costobar appelé Saul est l'apôtre Paul de Tarse comme le propose certains critiques, cela expliquerait pourquoi l'apôtre passe l'hiver 66/67 à Nicopolis d'Épire, comme indiqué dans l'Épître à Tite. Jusqu'à présent cette présence dans cette ville où il ne semble pas y avoir de communauté "chrétienne" était inexpliquée par les historiens. Après être parvenu à rencontrer Néron et à avoir facilité les décisions qui vont aboutir à la nommination de Vespasien pour mener la campagne romaine en Galilée et en Judée, Saul, parti au plus tôt à la fin octobre, s'est retrouvé en Achaïe à une époque de l'année trop avancée pour naviguer — la navigation était interrompue en hiver. C'est ce qui ressort de l'Épître à Tite pour l'apôtre Saul/Paul. Si l'identification est exacte, Saul/Paul n'a pas pu non-plus rester à Corinthe où pourtant une église existait à cause de la présence de Néron et de l'immense foule de courtisans qui l'accompagnait et probablement parce que cela lui a été interdit par les Romains. C'est aussi probablement à ce moment que Saul/Paul a connu Épaphrodite. Celui-ci est secrétaire de Néron et il est tout à fait vraisemblable qu'il soit passé par lui pour accéder à Néron et que ce soit à lui qu'il ait fait un rapport détaillé dont l'exposé et la rédaction a probablement pris plusieurs jours. Puisque pour un grand nombre de critiques, le secrétaire de Néron est le patron littéraire de Flavius Josèphe très intéressé par l'histoire juive et exécuté avec plusieurs autres membres du mouvement créé par Jésus pendant ce qu'il est convenu d'appeler la persécution de Domitien, il est donc probable que celui-ci ait lui aussi été membre de ce mouvement, comme Titus Flavius Clemens, Flavia Domitilla, l'apôtre Jean de Zébédée ou l'évêque Clément de Rome exécutés ou réprimés à partir de juin 95 pour athéisme et pratiques juives. Dans ces conditions, le secrétaire de Néron peut très bien être l'Épaphrodite que Paul appelle « mon frère Épaphrodite, mon compagnon d'œuvre et de combat, par qui vous m'avez fait parvenir de quoi pourvoir à mes besoins (Épître aux Philippiens, 2, 25.) » dans l'Épître aux Philippiens et qui semble appartenir à « la maison de César (Épître aux Philippiens, 4, 18.) ». Un personnage suffisamment puissant et influent à Rome pour qu'il puisse accéder à Paul prisonnier impérial passible de la peine de mort et emprisonné dans la terrible prison Mamertine (le Tullianum) en 67/68, dans une période très soupçonneuse à l'égard des juifs comme l'était Paul, puisque 3 ans auparavant des dizaines de chrétiens avaient été exécutés pour avoir incendié Rome, sans parler de la révolte qui à ce moment là s'est étendue à toute la Palestine en provoquant aussi des mouvements insurrectionnels dans la province de Syrie et en Égypte. Si Paul et Épaphrodite se sont rencontrés et ont sympathisé lors de cet envoi en Achaïe, il est tout à fait possible qu'Épaphrodite ait proposé à Paul qui ne pouvait pas rester à Corinthe de passer l'hiver dans la résidence qu'il possédait en Grèce. Or Épaphrodite avait comme esclave Épictète qui lorsqu'il a été expulsé par Domitien avec d'autres philosophe est venu s'installer dans une demeure à Nicopolis d'Épire, où il a fondé une célèbre école. Comme Épictète était esclave, cette demeure appartenait donc à son maître qui ne lui a probablement laissé qu'une petite dépendance de la grande propriété qu'il devait y posséder. Il est donc possible que Paul ait passé l'hiver dans la demeure que possédait Épaphrodite à Nicopolis. Jusqu'à présent, cette présence à Nicopolis d'Épire était inexpliquée et semblait tellement étrange aux historiens que Marie-Françoise Baslez a proposé que Paul était resté dans une autre Nicopolis située en Cilicie.
  14. Selon la version de la Vita, il quitte Jérusalem environ le 11 Gorpiaios (cf. Cohen 2002, p. 161), selon la Guerre des Juifs il part de Jérusalem en compagnie de Saul et Costobar après la défaite de Cestius Gallus qui a eu lieu le 8 Dios (Cohen 2002, p. 5 et 161), ce qui correspond à la fin octobre (Cohen 2002, p. 162). Le mois macédonien de Gorpiaios dure 29 jours (Cohen 2002, p. 3), il est suivi par le mois d'hyperbérétæos qui dure 30 jours, puis par le mois de Dios.
  15. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Chares/Chareta
  16. a et b Les manuscrits ont « ὁ τἢς ἰατρἱνης » ou d'autres formes féminines de "médecin" (donc: "femme médecin"), de la racine ἰατήρ que certains interprètent comme "mi-femme" (cf. Steve Mason, note no 800). J. A. C. Buchon rend le caractère péjoratif ("mi-femme") qu'il pense détecter dans l'appellation par la périphrase: « Joseph qui se disait médecin mais n'était qu'un charlatan ». André Pelletier l'appelle Joseph « le fils de la sage femme ». Steve Mason préfère « suivre la conjecture de A. Schlatter et lire le nom hébreu " fils de Ia`ir », que les copistes médiévaux auraient facilement pu mal interpréter. » Schalit a une démarche équivalente (NWB s.v Ἰὠσηπος note no 7) et suppose que le texte grec comportait « τις Ἰαἰρον παἲς ». Ia`ir (Jaïr) est le nom d'un des fils de Judas le Galiléen, appelé aussi Judas de Gamala, dont l'un des fils, Eleazar, dirige les révoltés de la forteresse de Masada jusqu'à sa chute en 73 ou 74. C'est aussi un des personnages des évangiles synoptiques, chef d'une synagogue, qui rencontre Jésus à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Gamala. Shaye J. D. Cohen préfère laisser le texte en grec « Joseph appelé ὁ τἢς ἰατρἱνης » pour ne pas risquer une surinterprétation.
  17. « Joseph (aussi appelé José dans certains manuscrits), qu'un soldat atteignit d'un trait et tua au moment où il franchissait en courant la partie de la muraille qui avait été détruite. Mais ceux qui étaient à l'intérieur de la ville, épouvantés par le bruit, couraient de toutes parts, en proie à une extrême agitation, comme si tous les ennemis s'étaient précipités sur eux. Alors Charès, alité et malade, rendit le dernier soupir, par l'effet de la terreur intense qui vint s'ajouter à sa maladie et causa sa mort. » cf. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 9.
  18. Le vingt-deux du mois d'Hyperberetaios correspond au d'après Julien Weill.
  19. Le vingt-trois du mois d'Hyperberetaios correspond au d'après Julien Weill.
  20. La formule « en tois stemmasin » est énigmatique et la plupart des auteurs disent que l'on n'en connaît pas le sens (cf. Cohen 2002, p. 142). R. Henry a proposé de la traduire par « en forme de tableau généalogique ».
  21. Shaye J. D. Cohen estime toutefois que c'est une vaine tentative pour sauver l'indication de Photios (cf. Cohen 2002, p. 173, note no 223).
  22. Steve Mason indique : « Comme l'ont déjà souligné Niese (1896: 226-27) et Luther (1910: 63), il est difficile de voir comment Josèphe aurait pu écrire cette note reconnaissante envers Domitien après la fin de son règne en 96. Josèphe semble avoir été parfaitement conscient des contraintes politiques de l'écriture de l'histoire: en témoigne son traitement de Vespasien et Titus dans la « Guerre des Juifs ». Mais ici, d'une part, il omet de mentionner les bienfaits d'un dirigeant ultérieur à Domitien - une faiblesse impensable s'il écrivait sous Nerva ou Trajan. D'un autre côté, il est difficile de voir comment il pouvait parler avec tendresse et innocence de Domitien après sa mort et sa damnatio memoriae (Josèphe et Mason 2001, note no 1770). »
  23. Dion Cassius raconte : « En haine du tyran, ses nombreuses statues d'argent et même d'or furent fondues, et l'on en retira des sommes énormes ; on renversa aussi les arcs de triomphes, élevés en trop grand nombre pour un seul homme. » Pour sa part Suétone raconte que le Sénat « s'assembla en foule, et déchira à l'envi la mémoire du prince mort par les plus amères et les plus outrageantes invectives. Il fit apporter des échelles pour détacher ses écussons et ses portraits, et les briser contre terre. Enfin il (le Sénat) décréta que ses inscriptions seraient effacées partout, et que sa mémoire serait abolie. »
  24. Le Vetus Martyrologium Romanum indique à la date du 22 juin:
    « À Rome, transfert [des restes du corps] de Saint Flavius Clémens, homme de niveau consulaire et martyr, le frère de la Sainte Plautilla et oncle de la martyr et Vierge Flavia Domitilla, avec qui elle a été mise à mort par l'empereur Domitien, à cause de la foi du Christ. Son corps a été retrouvé dans la Basilique du pape Saint Clément, après une cérémonie solennelle, il a été replacé au même endroit » En latin:
    « Item Romae Translatio sancti Flavii Clementis, viri Consularis et Martyris; qui, sanctae Plautillae frater ac beatae Virginis et Martyris Flaviae Domitillae avunculus, a Domitiano Imperatore, quocum Consulatum gesserat, ob Christi fidem interemptus est. Ipsius porro corpus, in Basilica sancti Clementis Papae inventum, ibidem solemni pompa reconditum est. »
  25. Thérèse Frankfort rappele que Lenain de Tillemont et Ernest Renan identifiant l'Épaphrodite dédicataire des écrits de Josèphe avec l'ancien secrétaire de Néron devenu successivement secrétaire des trois empereurs flaviens et exécuté sur ordre de Domitien, situaient la publication de l'Autobiographie peu avant son exécution vers 95
  26. Agrippa (II) étant lui-même mort avant la publication du livre de Justus de Tibériade qui provoque la publication de cette Autobiographie.
  27. Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.
  28. Selon Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, la relation de cette réunion de Jérusalem qui était initialement raconté dans la « Geste de Pierre » a été déplacé et inséré dans la « Geste de Paul », en Actes 15, 5s par le deuxième rédacteur des Actes. cf. Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 12, qui pourrait être Luc l'évangéliste.
  29. Selon Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, la relation de cette réunion de Jérusalem qui était initialement raconté dans la « Geste de Pierre » a été déplacé et inséré dans la « Geste de Paul », en Actes 15, 5s par le deuxième rédacteur des Actes. cf. Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 12., qui pourrait être Luc l'évangéliste.

Références

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  1. Cohen 2002, p. 178.
  2. Cohen 2002, p. 1.
  3. a et b Cohen 2002, p. 3.
  4. a b et c Cohen 2002, p. 114.
  5. a b et c Cohen 2002, p. 7.
  6. Cohen 2002, p. 110.
  7. a et b Frankfort 1961, p. 52-58.
  8. a et b Josèphe et Pelletier 1959, p. XI - XX.
  9. a et b Cohen 2002, p. 17.
  10. Cohen 2002, p. 203.
  11. a et b Cohen 2002, p. 167.
  12. Cohen 2002, p. 168.
  13. a b c et d Mimouni 2012, p. 411.
  14. a b c d e f g h i j k l et m Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 255.
  15. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, VIII, 4, (158).
  16. a b c et d Lémonon 2007, p. 37.
  17. a et b Schwentzel 2013, p. 168.
  18. a et b Frankfort 1961, p. 53.
  19. Schwentzel 2013, p. 169.
  20. a b c d e f g h et i Mimouni 2012, p. 410.
  21. a b et c (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 436.
  22. (en) Rajak, Tessa (1996), "Iulius Agrippa (2) II, Marcus", in Hornblower, Simon, Oxford Classical Dictionary, Oxford: Oxford University Press
  23. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 268.
  24. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 225.
  25. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 47.
  26. Talmud, Yoma, 18a ; Mishna, Yévamot, 6:4;. Talmud Yévamot 61a.
  27. (en) Mason, Charles Peter (1867), Agrippa, Herodes I, in Smith, William, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, 1, Boston: Little, Brown and Company, pp. 77–78.
  28. Flavius Josèphe, Guerre des juifs, Livre II, § 11.
  29. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, § V, 4, (132).
  30. a et b Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, éd. Picard, 2009, p. 89.
  31. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, I, 2 (12).
  32. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 240.
  33. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIX. IX, § 2, (360).
  34. a et b Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, éd. P.u.f./Nouvelle Clio, 2012, p. 409.
  35. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, 2011, Paris, p. 253.
  36. a et b Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, éd. Pygmalion, 2011, p. 254
  37. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, § Hérode Agrippa Ier (37 - 44 de notre ère), Paris, 2012, éd. PUF, p. 409.
  38. Ce commentaire contient un message midrashique. En effet Alexandre Jannée a régné de -103 à -76 et Jésus de Gamala est devenu grand prêtre en 64. À moins qu'Agrippa se soit appelé Agrippa Jonathan. D'autre-part, au moment où ces événements se passent, il y a déjà plus de 150 ans que le sanhédrin "n'élit" plus le Grand prêtre d'Israël.
  39. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 164.
  40. a b et c Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p.  264.
  41. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, 2011, Paris, p. 254-255.
  42. a b c d e et f Mimouni 2012, p. 410.
  43. a b c d e f g et h Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 258.
  44. Pour la carte de la Judée, voir Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p. 43.
  45. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Lémonon 43-44
  46. Lémonon 2007, p. 43.
  47. Mutafian et Van Lauwe 2005, p. 30.
  48. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre II, 252.
  49. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques (XX, VIII, 4.
  50. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, VIII, 4, (158).
  51. Fils de Marcus Antonius Polemo Ier, prêtre de Laodicée du Lycos, dynaste d'Olba puis roi en Cilicie.
  52. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 256.
  53. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, § VII, 1, (140).
  54. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, § VII, 3, (147).
  55. Schwentzel 2011, p. 148.
  56. Burkhalter 1999, p. 52.
  57. a et b (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule: From Pompey to Diocletian: A Study in Political Relations, Brill, 2001 (ISBN 9780391041554), p. 273.
  58. (en) E. Mary Smallwood, op. cit., p. 266.
  59. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VI
  60. Christian Settipani, Continuité gentilice et continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale, Addenda I - III (juillet 2000- octobre 2002), 2002, Prosopographica et Genealogica, p. 83.
  61. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 7.1.
  62. Jean-Marie Guillaume, Jésus-Christ en son temps, éd. Médiasâul, Paris, 1997, p. 123.
  63. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 269.
  64. a et b Schwentzel 2011, p. 269.
  65. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 267.
  66. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, 21, 17-26.
  67. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 136.
  68. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, 21, 27-36.
  69. a b c d e f g et h Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 137.
  70. a b c d e f g h et i Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 259.
  71. Certaines sources chrétiennes identifient cet Ananie avec Ananias de Zébédée qui n'est plus grand-prêtre depuis 6 ans au moment de la comparution de Paul de Tarse. Il existe de nombreux autres grands-prêtres qui s'appellent Anan, Ananie ou Ananias.
  72. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, XXVI, 30-31.
  73. Marie-Françoise Baslez, Saint Paul, Paris, 2012, éd. Pluriel, p. 291.
  74. a et b (en) Robert Eisenman, James the Just in the Habakkuk Pesher, p. 14, note no 32.
  75. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XX, § 197-203.
  76. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 1, 4-5 ; [témoignage originaire de Clément d'Alexandrie ; II, 23, 4-18 [témoignage originaire d'Hégésippe]
  77. Ascensions de Jacques, Littérature pseudo-clémentine, Reconnaissances, I, 70, 1-8 ; 71, 1.
  78. Selon Simon Claude Mimouni, « La figure de Jacques a été diversement exploitée, aussi bien par les chrétiens d'origine juive que d'origine païenne. On la retrouve dans des écrits nazôréens ou ébionites, mais aussi dans des écrits gnostiques de Nag Hammadi — ce qui montre son emploi polysémique. cf. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 138. »
  79. a b et c Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 138.
  80. Bernheim 2003, p. 13.
  81. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 260.
  82. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 257.
  83. Cohen 2002, p. 158.
  84. E. Mary Smallwood, utilise le terme de terroristes pour parler de ceux que Flavius Josèphe appelle des « brigands » (grec lestaï).
  85. Lémonon 2007, p. 265.
  86. a b c d e f et g Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 165.
  87. a b c et d Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 4.}} Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « AJ XX, IX, 4 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  88. Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 165-166.
  89. a et b Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 2.
  90. a et b Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 3.
  91. a et b Cohen 2002, p. 150.
  92. a b c et d Lémonon 207, p. 265.
  93. a et b Félix-Marie Abel, Histoire de la Palestine depuis la conquête d'Alexandre jusqu'à l'invasion arabe, Volume 1, édition J. Gabalda, 1952, p. 476.
  94. Mishna, Yévamot, 6:4;. Talmud, Yévamot, 61a ; Talmud, Yoma, 18a.
  95. a b et c Cohen 2002, p. 156.
  96. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 2.
  97. Talmud, Pes. 57a; Tosefta, Men. XII. 23.
  98. a et b Judah Nadich, Jewish legends of the second commonwealth, p. 116.
  99. Mishna, Pessahim, 4 ; Talmud de Babylone (page 57a)
  100. Peter J. Russell, Heterodoxy within Second-Temple Judaism and sectarian diversity within the early church: a correlative study, Edwin Mellen Pr, 2008, p. 36.
  101. Arlette Elkaïm-Sartre, Aggadoth du Talmud de Babylone, SDS, 1982, p. 303.
  102. a b c d et e Robert Eisenman, James the Brother of Jesus and the Dead Sea Scrolls , p. 92.
  103. a b c et d Eisenman 2016, p. 399.
  104. a b c et d Eisenman 2012 vol. II, p. 27 et passim.
  105. A. N. Wilson, Paul: The Mind of the Apostle, W.W. Norton & Company, 1998, p. 51.
  106. Robert Eisenman, Paul as Herodian, Institute for Jewish-Christian Origins, California State University, p. 110-122.
  107. a b c d e et f Schwentzel 2011, p. 261.
  108. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XIV, 6.
  109. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 447.
  110. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 271.
  111. a b c d et e Cohen 2002, p. 190.
  112. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 262.
  113. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 174.
  114. Pour le débat à ce sujet, voir Cohen 2002, p. 193.
  115. a b c d e f g h i j et k Mimouni 2012, p. 448.
  116. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 446.
  117. Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 172.
  118. a b et c Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 2.
  119. Cohen 2002, p. 160-161.
  120. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Cohen 2002, p. 161.
  121. a b c et d Eisenman 2012 vol. II, p. 27.
  122. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 5.
  123. a b c et d Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 6.
  124. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 7.
  125. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 8.
  126. Flavius Josèphe, Autobiographie, 47.
  127. Cohen 2002, p. 161-163.
  128. a b c et d Cohen 2002, p. 162.
  129. Jona Lendering, Messianic claimants : Menahem, consulté le 23/01/2010
  130. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 463.
  131. Flavius Josèphe, La guerre des Juifs, II. chapitre 17, §§ 8-10.
  132. a b et c Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 10.
  133. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 461.
  134. a et b Cohen 2002, p. 3.
  135. a b et c Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 1.
  136. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 2-5.
  137. a et b Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 462.
  138. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 9, (499).
  139. a b c d e f g h et i (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 449.
  140. a b c d e et f Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XIX, 2.
  141. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XIX, 3.
  142. {en}} Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 449-450.
  143. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 450.
  144. a b c et d Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XX, 1.
  145. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x et y Cohen 2002, p. 162.
  146. Grabbe 1992, p. 450.
  147. Grabbe 1992, p. 450-451.
  148. a et b Grabbe 1992, p. 451.
  149. a b c d et e Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 6.
  150. Cohen 2002, p. 164.
  151. Cohen 2002, p. 164-165.
  152. a b c d e f g h i j k l et m Cohen 2002, p. 165.
  153. Mimouni 2012, p. 808.
  154. Nodet et Taylor 1998, p. 133-144.
  155. Nodet 2016, p. 194-197.
  156. Shimon Applebaum, Judaea in Hellenistic and Roman Times: Historical and Archaeological Essays, The troopers of Zamaris, 1989, éd. Brill, Leiden, p. 53.
  157. (en) Barbara Levick, Julia Domna, Syrian Empress, Routledge, 2007 (ISBN 9780415331432), p. 9.
  158. a et b Cohen 2002, p. 8.
  159. Cohen 2002, p. 5.
  160. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 50.
  161. Cohen 2002, p. 161.
  162. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 61.
  163. et Cohen 2002, p. 165 et 5, note no 7.
  164. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 180.
  165. a et b Cohen 2002, p. 7.
  166. a et b Cohen 2002, p. 8.
  167. a b c et d Cohen 2002, p. 163.
  168. a et b Cohen 2002, p. 161-162.
  169. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mason note 274
  170. Mimouni 2012, p. 45.
  171. a et b Flavius Josèphe, Autobiographie, § 343.
  172. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 344.
  173. a b c d et e Schürer, Millar et Verme 2014, p. 35.
  174. Cohen 2002, p. 218.
  175. Cohen 2002, p. 133.
  176. Cohen 2002, p. 153.
  177. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 155-158 et 175-176.
  178. Cohen 2002, p. 153 et 213.
  179. a et b Mimouni 2012, p. 434.
  180. Mimouni 2012, p. 438.
  181. Mimouni 2012, p. 441.
  182. Cohen 2002, p. 213.
  183. Schürer, Millar et Verme 2014, p. 34.
  184. Nodet et Taylor 1998, p. 161.
  185. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 357.
  186. Cohen 2002, p. 138.
  187. Jones 2011, p. 20.
  188. Mimouni 2012, p. 44.
  189. Flavius Josèpĥe, Autobiographie, § 356.
  190. Cohen 2002, p. 5.
  191. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XIX, 8.
  192. « Il se déguisa quelques jours après et s'enfuit dans un village qui était à lui, proche de la forteresse de Gamala » ; cf. Flavius Josèphe, Autobiographie, 47, traduction de J. A. C. Buchon.
  193. a b et c Cohen 2002, p. 164.
  194. Cohen 2002, p. 164-165.
  195. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x Cohen 2002, p. 166.
  196. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 182.
  197. a b c et d Cohen 2002, p. 165, note no 200.
  198. a b c d e f g h i j k l m n et o Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cohen|2002_p.167
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  200. a b c d e f et g Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées BJ IV, I, 9
  201. Cohen 2002, p. 5 et 161.
  202. Josèphe et Mason 2001, note no 780.
  203. Cohen 2002, p. 167, note no 205.
  204. Flavius Josephus, Vasilīĭ Mikhaĭlovich Istrin, La prise de Jérusalem de Josèphe le Juif : texte vieux-russe publié intégralement, Institut d'études slaves, 1934,p. 5 et 9.
  205. Par exemple Shaye J. D. Cohen (Cohen 2002, p. 167).
  206. Par exemple André Pelletier, cf. Josèphe et Pelletier 1959, p. 34 et à la même page la note no 1.
  207. Steve Mason cf. Josèphe et Mason 2001, note no 778. Quoiqu'il lui semble néanmoins impossible que Jésus soit à la fois frère de Justus et marié à l'une de ses sœurs (cf. Josèphe et Mason 2001, note no 778). Bien que Flavius Josèphe utilise parfois le mot frère pour parler d'un demi-frère, si tel était le cas, il serait étrange qu'il ait laissé une telle ambiguïté s'ajoutant à d'autres ambiguïtés au sujet de l'identité de ces personnages.
  208. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 177.
  209. a b et c Josèphe et Mason 2001, note no 807.
  210. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées J&p p29
  211. Josèphe et Pelletier 1959, p. 34 et à la même page la note no 1.
  212. Cohen 2002, p. 166-167.
  213. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 1.
  214. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 3.
  215. a b c et d Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 4.
  216. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 5.
  217. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 6.
  218. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 7.
  219. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 182.
  220. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 276.
  221. a et b (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 454.
  222. a b et c (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 455.
  223. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 455-456.
  224. a b et c (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 456.
  225. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 264.
  226. a b c d e et f Mimouni 2012, p. 411.
  227. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, § 523-525, cité par Simon Claude Mimouni, 2012, op. cit., p. 411.
  228. a b c d et e (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 457.
  229. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 275.
  230. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre IV, IX, 2 ; « [Vespasien] n'entreprit rien, mais lui (Galba) envoya son fils Titus pour le saluer et recevoir ses ordres au sujet des Juifs. Pour les mêmes raisons, le roi Agrippa s'embarqua en même temps que Titus, afin d'aller trouver Galba. On était en hiver, et tandis qu'ils naviguaient sur des vaisseaux de guerre le long de la cote d'Achaïe, Galba fut tué après un règne de sept mois et d'un nombre égal de jours. Othon, qui faisait valoir ses droits, prit le pouvoir. Agrippa n'en résolut pas moins de se rendre à Rome, sans se laisser effrayer par la révolution : au contraire, Titus, par une inspiration divine, passa de Grèce en Syrie et rejoignit en toute hâte son père à Césarée.. »
  231. a b c et d Tacite, Histoires, livre II, 81.
  232. Martin Goodman, Rome et Jérusalem, éd. Perrin/Tempus, 2009, p. 498.
  233. a b c d et e Smallwood 2011, p. 354.
  234. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 277.
  235. a et b « Bérénice était en grande considération, aussi vint-elle à Rome avec son frère Agrippa. Agrippa fut décoré des ornements de la préture, Bérénice habita le palais et devint la maîtresse de Titus. Elle s'attendait même à l'épouser et faisait tout déjà comme si elle eût été sa femme, au point que Titus, voyant les Romains réprouver cette conduite, la renvoya. D'ailleurs on répandait beaucoup de bruits désavantageux, et, quelques sophistes cyniques étant entrés secrètement à Rome, Diogène, le premier, se rendit au théâtre, et, pour avoir dit force insolences au peuple qui y était assemblé, fut battu de verges ; Hères, après lui, persuadé qu'il ne recevrait pas un châtiment plus rigoureux, se mit à pousser, avec toute l'impudence d'un chien, une foule de cris injurieux, et eut, pour ce fait, la tête tranchée. » cf. Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVI, 15, 4-5).
  236. Flavius Josèphe, Vita, 363.
  237. Simon Claude Mimouni, 2012, op. cit., p. 411.
  238. Nikos Kokkinos, The hérodian dynasty. Origins, Role in society, and Eclipse, Sheffield, 1998, p. 738-739, cité par Simon Claude Mimouni, 2012, op. cit., p. 411.
  239. a et b OGIS 426 = IGRR III, 1127.
  240. a b c et d Sartre 1985, p. 53.
  241. a b c d e f g et h Frankfort 1961, p. 53.
  242. Frankfort 1961, p. 55-56.
  243. a et b Frankfort 1961, p. 56.
  244. a b c d et e Frankfort 1961, p. 55.
  245. a b et c Thérèse Frankfort, Le royaume d'Agrippa II et son annexion par Domitien, in Hommage à A. Grenier, II, 1962, p. 659s.
  246. a et b Frankfort 1961, p. 58.
  247. IGRR III 1176.
  248. a et b Henry Seyrig, Rev. numis., 1964, p. 55.
  249. a et b Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 34, note no 3.
  250. Maurice Sartre situe cette date de mort entre 92 - 96 et propose la date de 93/94 cf. Sartre 1985, p. 53.
  251. a b c et d Frankfort 1961, p. 54.
  252. Cohen 2002, p. 170-180.
  253. Photios de Constantinople, notes de lecture, traduction de R. Henry, cité par Frankfort 1961, p. 52.
  254. a b et c Frankfort 1961, p. 54.
  255. a et b Josèphe et Pelletier 1959, p. XI - XX.
  256. a et b Cohen 2002, p. 17.
  257. Chronique, version arménienne (éd. Karst, p. 218) : sous Nerva, en l'an 2113 d'Abraham.
  258. Jérôme de Stridon, Chron. (éd. Helm2, p. 193) : sous Nerva, Olympiade 219, I.
  259. Prosper Tiron, Chron. (éd. Mommsen, Chronica Minora, p. 419 : entre la mort de Nerva et l'avènement de Trajan (sic), en la 72e année après la Passion (qu'il situe en 28).
  260. Georges le Syncelle, Chron. (éd. Niebuhr, p. 655).
  261. Marianus Scotus, Chron. (éd. Waitz, p. 104).
  262. Cohen 2002, p. 173, note no 223.
  263. Cohen 2002, p. 142-143.
  264. a b c d et e Cohen 2002, p. 143.
  265. cf. Schwentzel 2011, p. 176.
  266. Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 33.
  267. a b et c Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 34.
  268. Frankfort 1961, p. 52-58.
  269. a et b Cohen 2002, p. 174.
  270. Flavius Josèphe, Autobiographie, 428-430, (traduction de J. A. C. Buchon).
  271. Grabbe 1992, p. 591.
  272. Josèphe et Mason 2001, note no 1776.
  273. a et b Josèphe et Mason 2001, note no 1770.
  274. Burgeon 2017, p. 7-8 ; (Domitien: un empereur controversé).
  275. Cohen 2002, p. 87.
  276. Théron 1981, p. 235-236.
  277. R. Laqueur, Der Jüdische Historiker Flavius Josephus. Ein Biographischer Versuch auf neuer Quellenkritischer Grundlage, Muniche, 1920 et M. Gelzer, Die Vita des Josephus, Hermes LXXX, 1952, p. 67-90.
  278. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVII, 28.
  279. Antiquités judaïques, livre XX, 53, 96, 114, 148 ; cf. Frankfort 1961, p. 55, note no 2.
  280. Cohen 2002, p. 178.
  281. Frankfort 1961, p. 54, note no 2.
  282. Mireille Hadas-Lebel, La présence juive à Rome IIe siècle av. - IIe siècle EC., p. 204, note no 47.
  283. Suétone, « Vie de Domitien, 15 », sur Biblioteca Classica Selecta, Vie des douze Césars.
  284. Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 47.
  285. (la) Vetus Martyrologium Romanum, Martyrologe romain date du 22 juin.
  286. PIR² F 418.
  287. Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 47-48.
  288. Pergola 1978, p. 412-415.
  289. Parmi ceux qui défendent que le "patron" de Josèphe est le secrétaire de différents empereurs exécuté en 95/96 sur ordre de Domitien, il y a Mason (2003), Haaland (2005), Berber (1997) (cf. Pastor, Stern et Mor 2011, p. 68, note no 11), Robert Eisenman (cf. Eisenman 2012 vol. II, p. 27 et passim).
  290. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques I, I, 2 (8-9).
  291. a et b cf. Niese 1896: 226-227, Luther 1910: 61-63, Nodet 1990: 4 n.1, Mason 1998: 98-101 ; cité par Steve Mason, Life of Josephus, note no 1780.
  292. a et b « Le langage de Josèphe dans ces divers passages prouve que c'était un personnage haut placé et qui avait subi des vicissitudes politiques; aussi l'a-t-on identifié, non sans vraisemblance, à Épaphrodite, affranchi et secrétaire de Néron, qui aida son maître à se tuer, et fut plus tard, à raison de ce fait, banni puis mis à mort par Domitien en 96 (Suétone, Domitien, 14). » Théodore Reinach, note no 2 de la traduction du Contre Apion par René Harmand.
  293. Suétone, Vie de Néron 49, Tacite, Annales, 15, 55, Dion Cassius 63, 29.
  294. a b c et d Steve Mason, Life of Josephus, note no 1780.
  295. Flavius Josèphe, Contre Apion, livre I, 1.
  296. a b c et d Cassius Dio Cocceianus, Histoire romaine de Dion Cassius: traduite en français, Volume 9, p. 375.
  297. Mireille Hadas-Lebel, La présence juive à Rome IIe siècle av. - IIe siècle EC., p. 204, note no 47.
  298. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques I, I, 2.
  299. Blanchetière 2001, p. 147.
  300. Voir aussi Blanchetière 2001, p. 224.
  301. Justin traduit par Charles Munier, p. 153.
  302. a b c d e et f Santa Barbara Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel, Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 55-57.
  303. a b c et d Santa Barbara Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel, Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 58.
  304. a b c et d Santa Barbara Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel], Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 59.
  305. a b c et d Louis H. Feldman, Jewish Life and Thought among Greeks and Romans: Primary Readings, A&C Black, 1996, p. 335.
  306. a b c et d Charles H. Talbert, Reading Luke-Acts in Its Mediterranean Milieu, Brill, p. 200. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Talbert » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  307. a et b Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 430.
  308. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éditions du Cerf, Paris, 2001, p. 103-104.
  309. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, XII, 17.
  310. a et b Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 12.
  311. Nouveau Testament, Épître aux Galates, 1:18 et 2:1.
  312. Riesner 1998, p. 3-28.
  313. a et b Blanchetière 2001, p. 103.
  314. a et b Blanchetière 2001, p. 251.
  315. a et b Boismard et Lamouille 1990, p. 24.
  316. Louis H. Feldman, Jewish Life and Thought among Greeks and Romans: Primary Readings, A&C Black, 1996, p. 335.
  317. Talbert, Charles H., Reading Luke-Acts in Its Mediterranean Milieu, Brill, p. 200.
  318. Mimouni 2012, p. 411.
  319. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mimouni 2012, p.409
  320. Schwartz 1990, p. 147.
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  1. a b et c « Vers ce moment le roi Agrippa, ayant agrandi la ville de Césarée dite de Philippe, la nomma Néronias en l'honneur de Néron. Il offrit aux Bérytiens (habitants de Beyrouth), dans un théâtre construit à grands frais, des spectacles annuels et y dépensa des drachmes par dizaines de mille ; car il donnait à la populace du blé et lui distribuait de l'huile. [212] Il ornait aussi toute la ville de statues et de copies de chefs d'œuvre antiques et il transporta là tout ce qui ornait son royaume, ou peu s'en faut. La haine que lui vouaient ses sujets augmenta parce qu'il décorait à leurs dépens une ville étrangère. cf. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 4. »
  2. « Les sicaires montèrent de nuit dans la ville ; ils firent prisonnier le secrétaire du commandant Éléazar, qui était fils du grand-pontife Anan, et l'emmenèrent chargé de chaînes. [209] Puis ils envoyèrent dire à Ananias qu'ils relâcheraient le secrétaire et le lui rendraient, s'il décidait Albinus à relâcher dix des leurs qu'il avait pris. Ananias, forcé d'exhorter à cela Albinus, obtint satisfaction, mais ce fut la source de malheurs plus grands. [210] En effet, les brigands employaient tous les moyens pour s'emparer de certains des familiers d'Ananias et, ne cessant d'en capturer, ils ne les délivraient pas avant d'avoir reçu en échange quelques sicaires. Devenus de nouveau très nombreux, ils reprirent courage et se mirent à ravager tout le pays. » cf. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 3.
  3. « Le roi donna aussi la succession du grand pontificat à Jésus, fils de Gamaliel (Ἰησοῦς ὁ τοῦ Γαμαλιήλου), après avoir enlevé à Jésus, fils de Damnaios. Cela fut cause d'une lutte entre eux. En effet, les gens les plus audacieux ayant été rassemblés par eux en bandes, des insultes on en vint à se jeter des pierres. Ananias se distinguait parce qu'il s'attachait, grâce à sa fortune, tous ceux qui étaient prêts à recevoir de l'argent. » cf. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 4.
  4. Ananias « avait des serviteurs très pervers qui s'adjoignaient les hommes les plus audacieux pour fondre sur les aires et prendre de force la dîme des prêtres, non sans frapper ceux qui ne la leur cédaient pas. [207] Les grands pontifes faisaient comme ces esclaves, sans que personne pût les empêcher. Aussi les prêtres, jadis nourris par les dîmes, étaient-ils exposés alors à mourir de faim. » cf. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 2.
  5. « Malheur à la maison de Boéthos, avec ses massues ! malheur à la maison d’Anan, avec ses sifflements de vipères ! malheur à la maison de Kathras, avec ses fautes de plume ! malheur à la maison de Phiabi, avec ses coups de poing ! Ils sont grands prêtres ; leurs fils sont trésoriers, leurs gendres porte-clefs du temple, et leurs esclaves frappent le peuple à coups de bâton. » cf. Mishna, Pessahim, 4 ; Talmud de Babylone (page 57a)
  6. « Costobar et Saül aussi rassemblaient autour d'eux une foule de gens pervers ; ils étaient de race royale et très en faveur à cause de leur parenté avec Agrippa, mais violents et disposés à ravir les biens des plus faibles. C'est surtout, à partir de ce moment, que notre ville dépérit, parce que tous progressaient dans le mal. cf. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 4. »
  7. « Il se déguisa quelques jours après et s'enfuit dans un village qui était à lui, proche de la forteresse de Gamala » ; cf. Flavius Josèphe, Autobiographie, 47, traduction de J. A. C. Buchon.
  8. « À la nouvelle du désastre de Césarée, toute la nation entra en fureur : partagés en plusieurs bandes, les Juifs saccagèrent les villages des Syriens et le territoire des cités voisines, Philadelphie, Hesbon, Gérasa, Poila et Scythopolis. Ils se ruèrent ensuite contre Gadara Hippos et la Gaulanitide » et « Kedasa, bourgade tyrienne, Ptolémaïs, Gaba et Césarée. » Ainsi que Sébaste, Ascalon « puis rasèrent Anthédon et Gaza. »
  9. « Pour prévenir le péril qui les menaçait eux-même », les païens des cités syriennes massacre les Juifs de Scythopolis, puis « les autres cités se soulevèrent chacune contre les Juifs de leur territoire. Les habitants d’Ascalon en tuèrent 2500, ceux de Ptolémaïs 2000, sans compter ceux qu'ils mirent aux fers. Les Tyriens en égorgèrent bon nombre, mais enchaînèrent et mirent en prison la plupart ; de même Hippos et Gadara se débarrassèrent des fortes têtes, et mirent sous bonne garde les plus craintifs. Les autres villes de Syrie agirent suivant la haine ou la crainte qu'elles ressentaient à l'égard des Juifs. Seules, Antioche, Sidon et Apamée épargnèrent leurs métèques juifs. »
  10. a et b {{citation|Ceux qui dans leurs rangs montrèrent le plus de bravoure furent Monobazos et Kénédéos (Κενεδαῖος), parents de Monobaze roi d'Adiabène [262], puis Niger de la Pérée et Silas (Σίλας) le « Babylonien »[263], transfuge de l’armée du roi Agrippa. Les Juifs, repoussés de front, se replièrent vers la ville mais sur les derrières de l'armée, Simon Bargiora, tomba sur l'arrière-garde romaine qui montait encore vers Béthoron, en dispersa une bonne partie et enleva nombre de bêtes de somme qu'il emmena à Jérusalem. cf. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XIX, 2.
  11. « Il se déguisa quelques jours après et s'enfuit dans un village qui était à lui, proche de la forteresse de Gamala » ; cf. Flavius Josèphe, Autobiographie, 47, traduction de J. A. C. Buchon.
  12. « Quand je fus arrivé à Tarichée, je fis venir dîner avec moi mes prisonniers, entre lesquels étaient Justus et Pistus , son père, et leur dis que je savais comme eux quelle était la puissance des Romains; mais que le grand nombre des factieux m'empêchait de faire paraître mes sentiments, [176] et que je leur conseillais de demeurer comme moi dans le silence, en attendant un meilleur temps; que cependant ils devaient être bien aises de m'avoir pour gouverneur, puisque nul autre ne les pouvait mieux traiter. » cf. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 175-176.
  13. « À la nouvelle du désastre de Césarée, toute la nation entra en fureur : partagés en plusieurs bandes, les Juifs saccagèrent les villages des Syriens et le territoire des cités voisines, Philadelphie, Hesbon, Gérasa, Poila et Scythopolis. Ils se ruèrent ensuite contre Gadara Hippos et la Gaulanitide » et « Kedasa, bourgade tyrienne, Ptolémaïs, Gaba et Césarée. » Ainsi que Sébaste, Ascalon « puis rasèrent Anthédon et Gaza. »
  14. « Pour prévenir le péril qui les menaçait eux-même », les païens des cités syriennes massacre les Juifs de Scythopolis, puis « les autres cités se soulevèrent chacune contre les Juifs de leur territoire. Les habitants d’Ascalon en tuèrent 2500, ceux de Ptolémaïs 2000, sans compter ceux qu'ils mirent aux fers. Les Tyriens en égorgèrent bon nombre, mais enchaînèrent et mirent en prison la plupart ; de même Hippos et Gadara se débarrassèrent des fortes têtes, et mirent sous bonne garde les plus craintifs. Les autres villes de Syrie agirent suivant la haine ou la crainte qu'elles ressentaient à l'égard des Juifs. Seules, Antioche, Sidon et Apamée épargnèrent leurs métèques juifs. »