Syagrius
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Syagrius, né v. 430 et mort v. 486/487, est un roi et un général gallo-romain qui a régné en Gaule du Nord. Il fut défait par Clovis qui annexa son royaume et le mit à mort.
Biographie
[modifier | modifier le code]Il est le fils d'Ægidius, le maître des milices pour la Gaule, qui s'était rendu indépendant du pouvoir impérial en Gaule du Nord et qui mourut en 464. Certaines sources font de Syagrius le fils d'Aetius, le vainqueur des Huns aux Champs catalauniques (451)[1].
Le chroniqueur Grégoire de Tours le qualifie de « roi des Romains »[2].
Syagrius hérite de son père une partie de la Gaule entre la Somme et la Loire (le domaine gallo-romain), hors du contrôle du royaume wisigoth et des royaumes francs en nette expansion sur ses terres. Syagrius gouverne en utilisant le titre de dux (duc), mais ses pairs, les rois des Francs, les rois des Burgondes, et les rois des Wisigoths font référence à lui comme « roi des Romains ». Entre 464 et 469, il est possible qu'il ait bénéficié du soutien du comte Paul sur la Loire. En 471, il est probable que l'empereur Anthémius (467-472) lui confère le titre de patrice. Il est en relation également avec l'empereur Julius Nepos (474-475/480).
En 476, il n'accepte pas de reconnaître la suzeraineté d'Odoacre — qui vient de détrôner le dernier empereur d'Occident Romulus Augustule. Syagrius et Odoacre envoient des délégations à l'empereur d'Orient Zénon pour demander qu'il leur accorde la légitimité de gouverner la partie occidentale de l'Empire. Zénon choisit de confirmer Odoacre et Syagrius coupe tout lien avec l'Italie. Son domaine (royaume de Soissons) devient de facto un état indépendant. Selon l'analyse de Léon Fleuriot, son règne se déroule en partenariat avec Ambrosius Aurelianus, chef autonome des Bretons établis alors un peu partout en Gaule du Nord. La capitale de son état est Soissons.
Après la mort de Childéric, roi des Francs saliens, en 481, Syagrius est en conflit permanent avec les Francs. Finalement, après la mort du roi des Wisigoths Euric (440-484), le nouveau roi franc, Clovis Ier, l'emporte sur Syagrius de manière définitive à la bataille de Soissons en 486. Syagrius cherche alors refuge chez Alaric II, le nouveau roi des Wisigoths, qui l'emprisonne et le livre au roi franc en 487. Selon Grégoire de Tours, il aurait été égorgé en secret sur ordre de Clovis.
Syagrius est le dernier représentant attesté du pouvoir gallo-romain en Gaule du Nord alors harcelée par les peuples germaniques dans le cadre des Grandes invasions après 406. Le territoire va former la Neustrie après le partage entre les fils de Clovis du royaume franc en 511.
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La Gaule à l'avènement de Clovis en 481.
Un royaume controversé
[modifier | modifier le code]Dans les années 1980, l'historien Edward James (en) a commencé par remettre en cause l'existence même du royaume de Soissons : ce serait, selon lui, uniquement un moyen pour les historiens de combler l'espace vide d'une carte, dans la mesure où les informations à ce sujet reposent pour l'essentiel sur le témoignage tardif de Grégoire de Tours, qui simplifie par moments les événements pour leur donner du sens[4].
La gens Syagria est encore citée aux VIIe et VIIIe siècles comme grande famille patricienne participant au pouvoir régional.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Régine Le Jan, Les Mérovingiens, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2006, p. 10
- Jean de Sismondi, Histoire des Français, volume 1, 1821, p. 179
- Carte de la Gaule au moment de la prise de pouvoir par Clovis (d'après P. Périn, L. Ch. Feffer, Les Francs, t.1, « À La conquête de la Gaule », Paris, Armand Colin, 1987, p. 85 et À l'aube de la France. La Gaule de Constantin à Childéric, catal. de l'exposition au musée du Luxembourg, 26 février-3 mai 1981, ministère de la Culture et de la Communication, Éditions de la réunion des musées nationaux, Paris, 1981, p;246, fig.180), in Elizabeth Deniaux, Claude Lorren, Pierre Bauduin, Thomas Jarry, La Normandie avant les Normands de la conquête romaine romaine à l'arrivée des Vikings, Éditions Ouest France Université, 2002, p. 245.
- Edward James, « Childéric, Syagrius et la disparition du royaume de Soissons », Revue archéologique de Picardie, nos 3/4, , p. 11
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bruno Dumézil, Le Baptême de Clovis : 24 décembre 505 ?, Paris, Gallimard, (ISBN 9782072690686)
- Marie-Céline Isaïa, Remi de Reims : Mémoire d'un saint, histoire d'une Église, Cerf, coll. « Histoire religieuse de la France », (ISBN 978-2-204-08745-2), chap. III (« Remi et Clovis, la prise du pouvoir (460-481) »)
- (en) John Vanderspoel, « From Empire to Kingdoms in the West », dans Philipp Rousseau (éd.), A Companion to Late Antiquity, Blackwell Publishing, (ISBN 978-1-405-11980-1), p. 426-440
- (en) Penny MacGeorge, Late Roman warlords, coll. « Oxford Classical Monographs », (ISBN 978-0-1992-5244-2)
- Karl Ferdinand Werner, « La « conquête franque » de la Gaule : itinéraires historiographiques d'une erreur », Bibliothèque de l'École des chartes, Paris / Genève, Librairie Droz, t. 154, 1996, 1re livraison, p. 7-45 (lire en ligne)
- Patrick Périn, « Les tombes de « chefs » du début de l’époque mérovingienne : Datation et interprétation historique », dans Françoise Vallet et Michel Kazanski (dirs.), La noblesse romaine et les chefs barbares du IIIe au VIIe siècle, Saint-Germain-en-Laye, Association française d'archéologie mérovingienne, (ISBN 9782950559562), p. 247-301
- Edward James, « Childéric, Syagrius et la disparition du royaume de Soissons », Revue archéologique de Picardie, nos 3-4 « Actes des VIIIe journées internationales d'archéologie mérovingienne de Soissons (19-22 juin 1986) », , p. 9-12 (lire en ligne).
- Karl Ferdinand Werner, « De Childéric à Clovis : antécédents et conséquences de la bataille de Soissons en 486 », Revue archéologique de Picardie, nos 3-4 « Actes des VIIIe journées internationales d'archéologie mérovingienne de Soissons (19-22 juin 1986) », , p. 3-7 (lire en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :