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Raoul IV de La Barre de Nanteuil

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Raoul IV de La Barre de Nanteuil
Portrait armorié de Joachim de La Barre de Nanteuil (1743-1833), huile sur toile, École française du XVIIIe siècle, coll. part.
Fonctions
Président
Conseil général de l'Eure (d)
-
Maire des Andelys
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 90 ans)
Les AndelysVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
Homme politique, militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Enfant
Louis Charles Raoul de La Barre de Nanteuil (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Grade militaire
Distinctions

Joachim Jean-Pierre Raoul de La Barre de Nanteuil, né le aux Andelys où il est mort le , aristocrate, officier supérieur et homme politique normand, est le premier maire élu des Andelys de février à et le premier président du conseil général de l'Eure de à .

Orphelin de bonne heure

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Le , eut lieu en l’église paroissiale Saint-Martial de Vascœuil[1], le mariage entre messire Raoul [III] de La Barre de Nanteuil (1715-1794) et damoiselle Aimée, Radegonde, Dorothée Le Moyne de Boisgaultier d’Abancourt (1717-1743), fille de feu Claude Le Moyne (Abancourt, 1684 - ca 1727), écuyer, sieur d’Abancourt[2], Saumont, Boisgaultier[3], Le Quesnay-Oinville, et La Corbière à Heugleville-sur-Scie, et de son épouse damoiselle Marguerite Pringle (Rouen, 1689 - Vascœuil, 1744)[4].

Portrait armorié, en buste, de Raoul III de La Barre de Nanteuil (1715-1794), garde du corps du roi Louis XV en la Cie écossaise, copie de l’original du comte de Brée daté de 1757, huile sur toile, École française du XVIIIe siècle, coll. part.

Le , naissait au Grand-Andely le premier fils de Raoul [III] de La Barre et de sa première épouse. Le lendemain, l'enfant fut tenu sur les fonts baptismaux de la collégiale Notre-Dame des Andelys par sa marraine, dame Marie-Charlotte Élie, épouse de Joachim Le Moyne de Boisgautier (1691-1765), le parrain étant Jean-Pierre de La Barre (1713-1794), chanoine prébendé du chapitre royal et vicaire perpétuel de ladite collégiale du au [5], et titulaire de la chapelle Saint-Gilles-Saint-Leu du Mesnil-Bellanguet[6]. L’enfant reçut alors les prénoms de Joachim, Jean-Pierre, Raoul mais en famille, il était appelé Raoul et était donc le quatrième du nom[7].

Alors âgé de 29 ans, Raoul [III] se trouvait père pour la première et dernière fois, lui qui était le troisième d’une famille de 14 enfants. En effet, son épouse mourut des suites d’un accouchement difficile, à l’âge de 26 ans, moins de deux semaines après la naissance de Joachim. Elle fut inhumée le dimanche , lendemain de son décès, en la chapelle sépulcrale des La Barre dédiée à saint Nicolas et à sainte Clothilde, située dans le cimetière attenant à la collégiale Notre-Dame des Andelys[8]. Il restait à Raoul un fils à élever, aussi convola-t-il en secondes noces quatre ans plus tard ; il épousa le , en la même collégiale, damoiselle Marie, Madeleine, Céleste Allorge de Gamaches, fille de Tranquille II Allorge (1652-1711), seigneur de Gamaches et du manoir de Senneville à Amfreville-sous-les-Monts, qui avait été en 1680-1681 écuyer de la reine de Norvège, Charlotte-Amélie de Hesse-Cassel (1650-1714), et de son épouse Marie-Céleste Dedun d’Irreville (... - ap. 1715)[9].

Portrait de la reine Marie Leszczyńska (1703-1768), par Alexis-Simon Belle (1674-1734), v. 1730, huile sur toile, École française du XVIIIe siècle.

Page de la Reine

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Fin 1756, son oncle et parrain le chanoine Jean-Pierre de La Barre (1713-1794), se chargea de réunir les preuves de noblesse nécessaires pour l’admission du jeune Joachim parmi les pages de la reine Marie Leszczyńska, épouse du roi Louis XV depuis 1725. Ces preuves furent reçues le [10] par Antoine-Marie d’Hozier de Sérigny (1721-1801), juge d’armes de la noblesse de France et commissaire aux preuves de 1753 à 1788, lequel appela alors le candidat « La Barre du Mesnillet de Nanteuil », en vertu de deux fiefs possédés par sa famille depuis le XVIe siècle. Au cours de cette période (1757-1759), la Reine surprit le jeune Raoul IV cachant derrière lui un lapin qu’il avait tiré dans le parc du château de Versailles, lui tira les oreilles et lui dit : « Allez, mon ami, vous ne recommencerez pas, n’est-ce pas ? »[11]

Cornette au Royal-Cravates

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Seconde épouse de Raoul de La Barre et ainsi belle-mère de Joachim, Marie, Madeleine, Céleste Allorge était la fille de Marie-Céleste Dedun d’Irreville, laquelle avait donné à son premier époux Antoine-François de Roncherolles (1673-...), comte de Daubeuf, chevalier de Malte en 1690, un fils nommé Charles, Antoine, Tranquille de Roncherolles (Daubeuf, 1715 - Ibid., 1787), marquis de Roncherolles, comte, seigneur et patron honoraire de Saint-Martin de Daubeuf, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, qui fut capitaine au régiment Royal-Cravates cavalerie. C’est sans doute en raison de cette affinité que, le , Joachim de La Barre, qui n’était pas encore âgé de 16 ans, fut reçu au Royal-Cravates, en la compagnie de Roncherolles, où, durant près de trois ans, il servit comme cornette à la campagne d’Allemagne. Il faut dire que, dans la lettre de recommandation que René Mans VI de Froulay, comte de Tessé (1736-1814) écrivit le au maréchal-duc de Belle-Isle, il dit de lui : « C’est un bon sujet qui mérite les grâces du Roy. » Le suivant, Victor-François, maréchal-duc de Broglie, lui octroya alors un sauf-conduit pour qu’il pût circuler librement dans le royaume, au service des Royal-Cravates.

Garde du corps du Roi

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Pendant les dix années suivantes, du au [12], Joachim de La Barre servit en la IVe compagnie des gardes du corps du roi Louis XV, d’abord sous les ordres du maréchal Charles II Frédéric de Montmorency-Luxembourg (1702-1764) entre 1762 et 1764, puis sous les ordres de Charles, François, Christian de Montmorency-Luxembourg (1713-1787), prince de Tingry, entre 1764 et 1771[13]. D’ordinaire en garnison à Dreux, cette compagnie servait chaque année à la Cour du 1er octobre au . Louis, Georges, Antoine Jourdain du Coudray (Guiseniers, 1713 - ...)[14], écuyer, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, capitaine de cavalerie, étant alors brigadier en cette compagnie, Joachim eut tout le loisir d’y connaître cet officier possessionné dans le Vexin normand, qu’il avait peut-être déjà croisé aux Andelys et qui allait devenir son futur beau-père.

Premières noces

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Joachim de La Barre n’était encore âgé que de 19 ans mais disposait du consentement de son père lorsque fut projeté son mariage avec la seule fille et unique héritière du brigadier des gardes du corps dont il vient d’être question. Il fut du reste convenu que sa fille, mineure elle aussi, apporterait en dot au futur époux le fief du Mesnil-Bellenguet, sur les hauteurs d’Andely, jadis propriété des Le Pelletier de Longuemare puis, entre 1717 et 1718, de Louis, Charles, Romain de Cléry, écuyer, seigneur de Piennes[15].

C’est ainsi que le dimanche de l’Assomption, , après le prône, fut publié aux portes de la collégiale Notre-Dame des Andelys, l’unique ban en vue de ce mariage. La dispense des deux autres avait en effet été obtenue la veille auprès du vicaire général de l’archevêché de Rouen, si bien que tout fut joué en trois jours. Les fiançailles ayant été célébrées le lendemain, Joachim épousa donc en premières noces le mardi , en ladite collégiale, noble damoiselle Louise, Rose, Amable Jourdain du Coudray de Guiseniers (Les Andelys, - ibid., ), dame du Mesnil-Bellenguet. C’est bien sûr l’oncle et parrain du marié, le chanoine Jean-Pierre de La Barre (1713-1794), qui reçut les consentements et donna la bénédiction nuptiale. Née Marie, Thérèse, Catherine de Campoyer de Fontenelle (Amfreville-les-Champs, 1712-Les Andelys, 1742), dame du Mesnil-Bellenguet, la mère de la mariée n’était déjà plus de ce monde, tout comme celle de Joachim. Dans l’acte de mariage, le marié s’intitule « messire Joachim Jean Pierre Raoult de La Barre de Nanteuil du Quesnay-Oinville », en vertu d’un fief hérité de sa mère.

Les nouveaux époux s’installèrent bientôt en la paroisse Saint-Sauveur du Petit-Andely, dans une demeure sise « à l’angle de l’ancienne rue de Barbacane et de la Grand’Rue », qui avait auparavant appartenu au chevalier de Piennes et dont on peut penser qu’elle fut comprise dans la dot de la mariée. C’est là que naquirent les premiers de leurs cinq filles et sept fils, dont au moins cinq moururent en bas âge. En 1773, après plus de dix ans de mariage, Joachim perdit sa première épouse. Dans les années qui suivirent, il dut faire reconstruire la chapelle Saint-Gilles - Saint-Leu du Mesnil-Bellenguet, relevant du doyenné de Gamaches, car le petit édifice menaçait ruines. Une demande de bénédiction de la nouvelle chapelle fut adressée à l’archevêque de Rouen le [16].

Lieutenant des maréchaux de France

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Ensuite, Joachim de La Barre de Nanteuil exerça l’office de lieutenant des maréchaux de France au bailliage secondaire de Gisors séant à Andely de janvier 1772 à 1789[17]. C’est au cours de cette période que le roi Louis XVI (1754-1793) le nomma chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, par lettres données le à Fontainebleau[18].

Secondes noces

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Veuf en premières noces depuis plus de quatre ans, « messire Joachim Jean Pierre Raoult de La Barre, écuyer, capitaine de cavalerie, lieutenant de messieurs les maréchaux de France au département du duché de Gisors », se fiança puis convola en secondes noces le , en l’église abbatiale et royale de Fontaine-Guérard, en la paroisse de Radepont, après qu’une opposition fût levée[19], avec noble demoiselle Marie, Sophie, Ursule Hallé de Rouville (Paris, à Paris - Les Andelys, ), fille majeure de feu messire Louis-Gilles Hallé (Rouen, - Ibid., ), chevalier, comte de Rouville en Alizay, Heuqueville, Orgeville, Flipou, Le Manoir, Berceloup à Louviers, et autres lieux, conseiller du Roi en ses conseils, en son vivant président à mortier au parlement de Normandie, premier baron de Normandie[20], et de feue noble dame Marie, Barbe, Sophie Puchot du Plessis. Membre de l’Académie de Rouen, le président de Rouville avait été élu prince du Palinod en 1747 et son éloge funèbre avait été lue trente ans plus tard dans les deux académies de Rouen par l’abbé Georges-Charles de Lurienne (1732-1794), secrétaire[21]. Les consentements furent à nouveau reçus par le chanoine Jean-Pierre de La Barre (1713-1794).

Grand propriétaire terrien

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Comme indiqué plus haut, Joachim était le seigneur du Quesnay-Oinville à Elbeuf-sur-Andelle, qu’il tenait de feue sa mère, et du Mesnil-Bellenguet au Grand-Andely, qu’il tenait de sa première épouse. Du chef de son père, il était également seigneur de La Rivière, terre alors composée d’une part du quart de fief de haubert appelé Le Mesnil-des-Planches ou Nanteuil, et d’autre part du plein fief du Ménillet, « auxquels fiefs il y a droit de cour, usage et juridiction en basse-justice, sur les hommes et vassaux qui en relèvent, ver et tor, colombier à pied, moulin à eau, rentes seigneuriales en deniers, volailles, œufs, grains et autres espèces, droits d’amendes, forfaitures et tous autres droits, selon la Coûtume de Normandie », mais, par acte passé le devant les notaires d’Andely, il vendit sa seigneurie de La Rivière à dame Marie-Jeanne de Cuisy, dame d’Orgerus, veuve du secrétaire du Roi Gabriel-Martin Mengin (Rouen 1731 - 1759), seigneur de Bionval et de Villers-sur-Andely, laquelle acquit en 1770 les fiefs de Cléry et de Radeval sur la famille de La Vache du Saussay[22].

De plus, Joachim acquit par acte passé le devant Me Lambert, notaire à Rouen, le fief de Feuguerolles, qui avait été entre les mains de ses ancêtres entre les XIVe et XVIIe siècles[23]. De ce domaine situé sur les hauteurs des Andelys, il ne reste aujourd’hui qu’un colombier à pied construit avant 1758. Ayant échangé les trois neuvièmes et demi du fief de Feuguerolles avec Pierre Delacour, par acte passé devant Guillost, notaire à Rouen, le , Joachim en conserva le titre de seigneur et y fit construire « une gentilhommière en pierres de taille et en briques, avec toutes les dépendances d’une maison de plaisance[24] » qu’il habitait encore en 1785.

Château des Buspins à Daubeuf-près-Vatteville, érigé en demi-fief sous le nom de Daubeuf-de-Nanteuil par le roi Louis XVI en 1789, au profit de Joachim de La Barre de Nanteuil (1743-1833).

Enfin, par acte passé le , Joachim et sa seconde épouse acquirent la seigneurie de Daubeuf, autrefois vavassorie noble des Buspins, alors constituée d’un château briques-et-pierre, de domaines fieffé et non-fieffé, d’une chapelle médiévale en colombages et d’un droit de patronage, pour le prix principal de 277 750 livres[25], sur Anne Charles Léonor de Roncherolles député de l’Eure, dont la famille possédait Daubeuf depuis au moins le milieu du XVIIe siècle. Du reste, comme indiqué plus haut, monseigneur de Roncherolles-Daubeuf avait pour grand-mère la belle-mère de Joachim[26]. Sis en l’ancienne paroisse Saint-Martin de Daubeuf-en-Vexin, Les Buspins relevaient de la baronnie de Heuqueville, elle-même aux mains des Roncherolles depuis une alliance qu’ils avaient contractée le avec la maison de Hangest. Joachim fut qualifié dans l’acte d’achat de « haut et puissant seigneur messire Joachim Jean Pierre Raoul de La Barre de Nanteuil, chevalier, seigneur du Mesnil[27] ».

Le roi Louis XVI fit bientôt aux époux Nanteuil une faveur insigne en érigeant cette seigneurie dont le château était le chef-moi, en demi-fief de haubert, sous le nom de « Daubeuf-de-Nanteuil », par lettres patentes données en à Marly-le-Roi et enregistrées le par la chambre des Comptes de Rouen.

Portrait de Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (1725-1793), en amiral de France, par Jean-Marc Nattier (1685-1766), v. 1743, huile sur toile, École française du XVIIIe siècle.

Réception du duc de Penthièvre

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Lancée en 1780 sur les plans de l’architecte Gambier, à l’emplacement de l’ancien Hôtel-Dieu du Petit-Andely, et financée par Son Altesse Sérénissime Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre, d’Aumale et de Gisors, lieutenant-général des Armées du Roi[28], la construction de l’hospice Saint-Jacques d’Andely[29] était en voie d’achèvement lorsque la ville reçut la nouvelle de la visite de son richissime et libéral bienfaiteur. Par une lettre datée du au château de Feuguerolles, où Joachim demeurait avec sa seconde épouse, ce dernier accepta la requête du précédent, par laquelle les autorités municipales et les habitants des Andelys l’avaient supplié d’accepter « de les commander et de disposer des différents corps à son gré, soit pour la garde du prince, soit pour garnir les différents endroits qui seront par lui jugés nécessaires ; que mondit sieur de La Barre sera également prié de choisir les officiers dont besoin sera[30]. »

Hospice Saint-Jacques d'Andely construit entre 1780 et 1785 sur les plans de Gambier, avec les fonds du duc de Penthièvre, béni et inauguré le 27 septembre 1785 en présence de Joachim de La Barre de Nanteuil.

Arrivé le lundi , l’insigne visiteur assista le lendemain, en la fête de saint Vincent de Paul, à la bénédiction de la chapelle de l’actuel hôpital Saint-Jacques des Andelys. En relatant l’événement dont il fut le témoin, un contemporain écrivit : « Les deux villes [des Andelys] réunies, pour rendre à S. A. S. un hommage unanime, avoient formé, avec le concours de leurs officiers municipaux, une troupe bourgeoise, uniformément habillée et divisée en trois compagnies : l’une de grenadiers, l’autre de chasseurs et la troisième de dragons. Le commendement [sic] en avait été décerné à M*** [Joachim de La Barre], militaire distingué, dont la naissance, le mérite et les qualités personnelles lui ont justement acquis l’estime et la confiance de ses concitoyens. La crainte de blesser sa modestie m’empêche de le nommer. Cette troupe, composant ensemble environ 200 hommes, tant à pied qu’à cheval, a prouvé son zèle, en répondant parfaitement aux soins des deux gentilshommes chargés de la former. »[31] Les et , en guise de témoignages de la satisfaction qu’il avait éprouvée à voir la bonne tenue de la milice bourgeoise des deux villes des Andelys en 1785, le duc de Penthièvre adressa respectivement une magnifique épée à Paul-Jacques Élies de Préval, dernier receveur du grenier à sel d’Andely, et une tabatière en argent et un portrait de lui, probablement de la main de son peintre ordinaire, Jean-Baptiste Charpentier (1728-1806), à Joachim de La Barre de Nanteuil, objets qui sont encore conservés par ses descendants.

Rôle politique

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La même année, à l’instar de nombre de hobereaux voire de clercs de l’époque, Joachim de La Barre se fit franc-maçon. « Dans les petits orients du sud de la généralité de Rouen, c’est la noblesse qui place quelques noms illustres à la tête de la maçonnerie locale. Les plus influents sont sans conteste les frères Urbain et Charles Le Tellier d’Orvilliers [des seigneurs de Tourny] à Vernon et Joachim Raoul de la Barre aux Andelys. Vénérables des loges "Saint-Jean-de-Dieu" et "la Parfaite Cordialité" lors de leurs reconstitutions, les trois nobles figurent parmi les plus grands propriétaires terriens de leurs contrées. »[32]. Et, en effet, Joachim fut vénérable de la loge andelysienne « la Parfaite Cordialité »[33] de 1785 à 1790, tandis qu’en étaient secrétaire François-Antoine Boulloche, bailli, juge civil et criminel de police au bailliage d’Andely, et député son beau-père le chevalier du Coudray, capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis[34].

Hôtel de La Barre de Nanteuil au Petit-Andely, façade sur cour d’époque Louis XVI. Située à deux pas de la Seine, au no 33 de la Rue Grande, cette demeure fut léguée au XIXe siècle par les descendants de Joachim à la paroisse des Andelys, qui la convertit en presbytère. Elle abrite aujourd’hui l’hôtel « La Berverie »[35].

À cette époque, Joachim de La Barre fit partie des gentilshommes de Normandie qui comparurent à l’assemblée générale de l’ordre de la noblesse du bailliage secondaire de Gisors, qui se tint le aux Cordeliers de Rouen, pour l’élection des députés aux États généraux[36]. Il y représenta d’une part monsieur de La Barre de Nanteuil – son père Raoul – et d’autre part madame de Bionval, qui lui avait acheté La Rivière en 1767.

Lors de la formation des premiers corps municipaux démocratiquement élus, les habitants des deux Andelys participèrent le à la messe du Saint-Esprit présidée en la collégiale par Jean-Baptiste Lerat, doyen du chapitre, et ils élurent le lendemain comme président du bureau électoral Joachim de La Barre de Nanteuil, à la majorité absolue (77,77%) des suffrages. Le surlendemain, les votants prêtèrent donc serment entre ses mains pour nommer trois scrutateurs : Gaudebout, Thiberge et Bernard. Enfin, Joachim de La Barre de Nanteuil s’étant trouvé en ballotage le 20 contre maître de Vaudichon, notaire, il devint le le premier maire élu des Andelys et prêta alors serment entre les mains des officiers municipaux[37].

Toutefois, Joachim de La Barre n’exerça la charge municipale des Andelys que durant six mois. En effet, après que le département de l’Eure fut créé (le ), les habitants des 55 cantons et 883 communes qui le constituaient alors avaient élu 36 administrateurs, lesquels élurent à leur tour une commission permanente composée de 8 membres qui formèrent le directoire de ce département, le . Toujours maire des Andelys, Joachim en fit partie. « Convoqués le par M. Del’Homme, avocat à Évreux, procureur-général syndic, les 36 administrateurs, après la grand-messe et le Veni Creator, se réunissent à Évreux dans la salle du Grand Séminaire, sous la présidence de leur doyen d’âge, M. François Renard, 64 ans, laboureur de son état. Au 2e tour de scrutin par 24 voix, "Joachim Pierre Raoult de la Barre, chevalier de St-Louis à Andelys" est élu Président du Conseil Général, tandis qu’au 2e tour également, avec 22 voix, M. Chambellan Joseph-Nicolas, avocat à Beaumont-le-Roger, devient secrétaire général du Département [...]. En 1791, un an après son installation, par lettre en date du , M. Delabarre donne sa démission car, relate le procès-verbal dans une belle formule, "des affaires de la plus grande importance le mettent dans l’impossibilité de se voir plus longtemps uni à ses collègues." Le , M. Lereffait, demeurant dans le district de Pont-Audemer, le remplace à la présidence du Conseil général du département après avoir obtenu 15 voix sur 22 votants. »[38]

Émigration

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Avant son émigration, Joachim dut se dessaisir de ses domaines. Il échangea ainsi l'Île Contant, autrement appelée l'Île du Château, par acte passé devant Beuzelin, notaire aux Andelys, le [39]. Il vendit ensuite sa terre de Feuguerolles, incluant la gentilhommière qu’il avait fait élever vers 1780, à Charles-Louis Ier Havas, homme de loi, administrateur de biens, inspecteur de la librairie et de l’imprimerie sous Louis XVI[40] M. Havas ne conserva pas très longtemps le domaine puisqu’il le revendit dès le devant Marc, notaire à Rouen, à MM. Quesnel frères, de la même ville. Enfin, le , la chapelle du Mesnil-Bellenguet fut vendue comme bien national, pour la somme de 3 856 francs[41].

Toutefois, ce n’est que le que Joachim fut officiellement « inscrit sur la liste des Émigrés » du département de l’Eure, comme habitant de la commune de Muids, dans le district de Louviers[42], à cause de son château de Daubeuf-de-Nanteuil. En réalité, Joachim avait rejoint « dès l’hiver 1791 à Coblence », l’Armée des Princes, frères du roi Louis XVI (1754-1793). Là, Joachim s’était agrégé, avec rang de capitaine, en la IVe compagnie du régiment des gardes du corps du Roi, commandée depuis 1790 par Anne-Christian de Montmorency-Luxembourg (1767-1821), IIe duc de Beaumont[43].

En 1794, Joachim passa au service de l’Angleterre, au régiment d’infanterie commandé par le comte Eustache de Béthisy, où il servait encore l’année suivante. En 1796, il passa au régiment noble de cavalerie de l’Armée de Condé, avec laquelle il combattit en Souabe cette année-là, stationna ensuite en Pologne, et combattit en Rhénanie en 1799, et dont il se retira avec le grade de chef de bataillon le .

Portrait d’Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau (1749-1791) en 1789, par Joseph Boze, huile sur toile, École française du XVIIIe siècle.

Rue de Caumartin pendant la Terreur

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Durant l’Émigration, la seconde épouse de Joachim de La Barre se réfugia à Paris où, par sûreté, elle se fit appeler « madame Blavier ». Là, elle loua au numéro 3 de la rue de Caumartin, un appartement dans l’un des hôtels de rapport bâtis par Jean Aubert (1680-1741), architecte des grandes écuries du château de Chantilly, du Palais Bourbon et des hôtels de Lassay et de Biron, pour le fermier général Charles-Marin de La Haye des Fossés (1684-1753), aussi propriétaire des hôtels de Bretonvilliers et Lambert, ainsi que du château de Draveil. Elle trouva probablement ce refuge grâce à une amie, madame de Bionval, à qui Joachim avait vendu La Rivière en 1767 et qu’il avait représentée à l’assemblée générale de 1789. En effet, madame de Bionval se trouvait être la petite-nièce de Marin de La Haye, par sa mère Marie-Élisabeth Legrand, dite mademoiselle de La Roche-Guyon[44].

Toujours est-il que le célèbre comte de Mirabeau, habitait cet immeuble (3 rue de Caumartin) depuis 1789[45]. Selon la tradition familiale, les trois survivants des cinq fils de Joachim et de sa seconde épouse, c’est-à-dire Joachim (1781-1868), Édouard (1784-1812) et Théodore (1786-1860), rencontraient fréquemment l’illustre personnage dans l’escalier, et Mirabeau ne manquait jamais de leur donner sur la joue de petites tapes amicales. Par prudence, leur mère avait voulu les laisser eux-mêmes dans l’ignorance de leur véritable identité. Les trois jeunes La Barre, outrepassant l’interdiction de leur mère, se rendaient souvent Place de la Concorde y scruter les attroupements provoqués par l’odieuse machine, et voyaient les têtes choir. Déjà, la folie de quelques-uns était telle qu’avant d’emporter ses propres auteurs, elle voulait emporter tout ce qu’il y avait d’honnêtes gens à Paris. Ecclésiastiques fidèles à leur Dieu et à leur pape (et même assermentés), aristocrates fidèles à leur tradition et à leur Roi (et même républicains), gens du peuple fidèles aux uns et aux autres (ou tout simplement devenus gênants pour les autorités), disparurent par milliers, victimes de la haine d’un Fouquier-Tinville (1746-1795) ou d’un Marat (1743-1793).

Ainsi, le 2 nivôse an II ou , ce fut au tour de Martial de Giac (1729-1793), seigneur et marquis du lieu, maître des requêtes ordinaire de l’hôtel du Roi, surintendant honoraire de la maison de la Reine, conseiller du Roi en tous ses conseils, et enfin propriétaire depuis 1792 de l’hôtel où logeaient l’épouse et les enfants de Joachim, d’être condamné à mort, par la commission révolutionnaire de Lyon. L’année suivante, le , Antoine, Marie, François Hallé d’Amfreville (Rouen, Évreux, ), chanoine d’Écouis, conseiller-clerc au parlement de Normandie en 1784-1790 et syndic du clergé normand la même année, cousin issu d’issu de germain de Marie, Sophie, Ursule, périt quant à lui sur la guillotine parce qu’il n’avait ni émigré ni prêté serment à la Constitution civile du clergé[46] ; « la tradition rapporte qu’au moment suprême, il se tourna vers l’exécuteur, l’embrassa et lui fit accepter, en signe de pardon pour tous ceux qui avaient concouru à son fatal destin, l’anneau qu’il portait au doigt. »[47] Deux semaines plus tard, poussé par son épouse Thérèsa de Cabarrus (1773-1835), Jean-Lambert Tallien (1767-1820) renversa Maximilien de Robespierre (1758-1794) ; ce fut le 9 thermidor an II ou 27 juillet 1794.

Toutefois, le suivant, c’est le propriétaire de l’hôtel voisin de celui des La Barre au Petit-Andely, qui perdit la tête sur l’échafaud de la place de la Concorde : Michel-Nicolas de Trie-Pillavoine (1723-1793)[48], fils aîné du second mariage de Catherine Le Monnier du Hamel (v. 1679-1728), elle-même veuve de Nicolas VI, François de La Barre de Nanteuil (1682-1720).

Retour d’Émigration

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Le 15 nivôse an VII ou , la chapelle du Mesnil-Bellenguet fut maintenue propriété particulière par arrêté de l’administration centrale de l’Eure[49], ce qui ne signifie pas pour autant qu’à cette date Joachim fût revenu d’Émigration ; il ne quitta l’Armée que le . Quand les esprits les plus exaltés se furent calmés, Joachim revint en effet d’émigration sans crier gare et, brandissant sa canne « comme il l’eût fait d’un sabre », il apostropha ses trois jeunes fils de la sorte : « Messieurs, sachez que vous ne vous appelez pas Blavier mais de La Barre, que vous êtes gentilshommes et que vous devez être royalistes comme l’ont toujours été ceux de votre race ! »[50].

Portrait en buste du roi Louis XVIII (1755-1824), alors comte de Provence, par Joseph-Siffrein Duplessis (1725-1802), v. 1778, huile sur toile, École française du XVIIIe siècle, Musée Condé.

Ayant recouvré son château de Daubeuf-de-Nanteuil après la Révolution française, Joachim de La Barre en fit se retraite durant tout le Premier Empire ; fidèle aux Bourbons, il refusa d’intégrer les rangs de l’Armée napoléonienne et se contenta d’exercer les fonctions de maire de Daubeuf-près-Vatteville et de président du collège électoral de l’Eure de 1807 à 1813.

Fin de vie aux Andelys

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À la Restauration des Bourbon, Joachim reprit du service le en la première compagnie des gardes du corps du roi Louis XVIII, commandée par Joseph, Anne, Maximilien de Croÿ d’Havré (1744-1839), où le rejoignit bientôt son fils Jean, Charles, Joachim (1781-1868). Durant les Cent-jours (-), Joachim accompagna à pied le Roi à Gand, avant de se retirer aux Andelys, selon l’autorisation que lui avait donnée le comte de Lauriston (1768-1828), commandant de sa compagnie, le à Béthune. C’est alors qu’il sollicita le titre de comte du roi Louis XVIII, lequel se contenta de le nommer chevalier de la Légion d’honneur, de lui conférer le grade de lieutenant-colonel de cavalerie e.r. le , et de nommer son fils Joachim chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis le [51]. Toutefois, après que Joachim eut été rayé des contrôles, le , on le retrouve comme colonel de la IIe région de la garde nationale de l’arrondissement des Andelys. Finalement, il fut à nouveau mis à la retraite, avec le grade de chef de bataillon, par brevet daté du .

Enfin, à 90 ans – âge honorable puisque l’espérance de vie en France n’était que de 25 ans lors de sa naissance –, Joachim de La Barre de Nanteuil s’éteignit le . Sa dépouille mortelle fut plus tard inhumée au caveau familial du cimetière du Petit-Andely.

Références

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  1. Après dispense de publication de bans donnée le 9 (ms G 6178, t. 53, p. 384 v°, aux Archives départementales de Seine-Maritime à Rouen) et contrat passé le 22 desdits mois et an.
  2. Ancienne paroisse rattachée à celle de Saumont-La-Poterie.
  3. Ancienne paroisse rattachée à celle de La Chapelle-Saint-Ouen.
  4. L’épouse de Raoul III de La Barre était d’une ancienne famille normande anoblie au XVIe siècle, tandis que sa mère appartenait à l’illustre maison écossaise dont le nom primitif Hop’Pringle (fils de pèlerin), et les armes ornées de coquilles en dépit de multiples brisures, marquaient la participation aux Croisades. Une branche des Pringle s’était installée en Normandie au XVIIe siècle à cause du négoce, et était passée peu de temps après au catholicisme à cause des circonstances politiques. Ainsi Maurice Pringle, le parrain et l’oncle de madame de Boisgaultier, avait-il reçu le baptême catholique en novembre 1685, lors de la dragonnade de Rouen. Voir [1] et [2]
  5. Voir Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, L’histoire de la ville des Andelys et de ses dépendances, Les Andelys : Delcroix, t. Ier (1863), p. 377
  6. « Chapelle Saint-Gilles-Saint-Leu. », notice no IA00017498, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  7. Déjà usité chez les La Barre durant l’occupation anglaise à cause de sa consonance normande (Raoul ou Raoult équivalant à Rou, Rolf, Rolphus ou Rollon, ou Radulph en franc), ce prénom n’avait fait retour aux mâles de cette famille qu’au XVIIe siècle ; il avait ainsi été le dernier prénom de Jean-Charles de La Barre, mousquetaire du Roi, puis le prénom usuel de son troisième fils, Raoul III mentionné plus haut, parce que son parrain s’était trouvé être son aïeul maternel Raoul des Champs, de la famille de Gilles des Champs (v. 1355-1413), dit le "cardinal de Coutances".
  8. Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, L’histoire de la ville des Andelys et de ses dépendances, Les Andelys, Delcroix, tome ier (1863), pp. 498-501
  9. D’ancienne souche normande, les Allorge descendaient en ligne directe de sire Guillaume Ier Allorge (... - Rouen, 1406), maire et capitaine de Rouen en 1375-1376 puis en 1382, l’un des six conseillers nommés par le roi Charles VI à la tête de la ville après la Harelle, entre 1382 et 1397, bienfaiteur des Augustins de Rouen et de leur paroisse Saint-Martin-du-Pont en 1394-1396. Le même Charles VI l’anoblit par lettres patentes données en 1394. Son fils Robert II Allorge (mort en 1412), bourgeois de Rouen, marchand de vin, banquier et spéculateur, conseiller de ville, député par la ville de Paris à l’occasion du procès avec la Compagnie française en 1397, est célèbre pour avoir acquis un grand nombre de rentes, biens fonciers, et charges lucratives. Plus célèbre encore pour sa fin, son fils Robin puis Robert III Allorge, écuyer, seigneur du Grand-Lombelon à Duranville en 1412, du Mesnil à Mandeville-la-Campagne en 1414, et de l’Isle du Colombier, au-dessus du Pont joignant l’Isle du Banc-de-Sablon en 1414, fit construire et dota une chapelle au chevet de l’église Saint-Martin-du-Pont en 1417. Ayant prêté serment au roi Henry V d'Angleterre en 1419, il commença d’être dans la gêne car, pour obtenir le paiement des arrérages de la rente qu’il avait constituée en faveur de leur église, les trésoriers de Saint-Martin-du-Pont firent saisir divers hôtels qu’il possédait à Rouen. Il embrassa alors le parti du Dauphin, futur Charles VII, ce qui lui valut d’être arrêté, fait prisonnier, condamné à la peine capitale, et finalement d’avoir « le col trenchié au Viel Marché » de Rouen le . Cf. Charles Le Picard, Catalogue des maires et échevins de la ville de Rouen et des prieurs des consuls, depuis leur institution jusqu’en 1790, avec indication d’armoiries, Louviers : Izambert, 1895 ; Dictionnaire des ennoblissemens ou Recueil des lettres de noblesse depuis leur origine, tiré des registres de la chambre des Comptes et de la cour des Aides de Paris, tome ier, Paris : Au Palais-Marchand, 1788, p. 6 ; Charles de Robillard de Beaurepaire (1828-1908), Notes et documents concernant l’état des campagnes de la Haute-Normandie dans les derniers temps du Moyen Âge, Évreux : P. Huet, et Rouen : Lebrument, 1865, p. 128 sq. ; et Pierre Cochon, notaire apostolique à Rouen, Chronique normande, Charles de Robillard de Beaurepaire (pub.), Rouen : A. Le Brument, 1870.
  10. Voir Gaëtan d’Aviau de Ternay, Les pages des Écuries du Roi, des Reines et des Dauphines. Dictionnaire biographique, Paris : Patrice du Puy, 2006, p. 249. Une lettre relative à l’admission de Raoul IV, adressée le 26 septembre 1756 par Charles-René d’Hozier, généalogiste du Roi, à René-Mans VI, sire de Froulay (1736-1814), comte de Tessé, marquis de Lavardin, premier écuyer de la Reine, une fiche d’admission parmi les pages de la Reine datée du lendemain et enfin un certificat d’entrée du 1er janvier suivant, accompagnés des pièces justificatives fournies par son père aidé de son oncle Jean-Pierre de La Barre, chanoine d’Andely, sont conservées au Cabinet des titres (Carrés d’Hozier 61 ou Ms fr 30.290, folios 96 et suivants, et Ms fr 32.889, Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des manuscrits occidentaux).
  11. Anecdote transmise par la tradition familiale et retranscrite par le baron Joseph de La Barre de Nanteuil (1853-1927) in Maison de La Barre de Nanteuil, recueil de manuscrits daté de 1894.
  12. Le 20 janvier 1772, Charles, François, Christian de Montmorency-Luxembourg (1713-1787) certificait en effet que le roi Louis XVI (1754-1793) avait donné congé absolu à Raoul IV et que ce dernier l’avait servi « bien et fidèlement » en cette compagnie.
  13. Il s'agit de l'un des oubliés de Gilbert Bodinier, Les gardes du corps de Louis XVI. Étude institutionnelle, sociale et politique. Dictionnaire biographique, Versailles : Mémoires et documents, 2005, 638 pp.
  14. Quoique d’origine obscure, les Jourdain avaient contracté de belles alliances grâce auxquelles non seulement ils cousinaient avec le chancelier Pierre Séguier (1588-1672) et avec Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, duc de La Vrillière (1705-1777), mais encore ils descendaient des rois de France par la maison de Fours. Et puis, si son patronyme, plutôt que de rappeler le fleuve irriguant la terre conquise par les Croisés, prêtait immanquablement à sourire à cause du Monsieur Jourdain dont Molière (1622-1673) avait fait le héros du Bourgeois gentilhomme (1670), du moins le futur beau-père de Raoul IV était-il bien possessionné dans le Vexin normand. Ses fiefs du Coudray-en-Vexin et de Guiseniers lui permettaient de s’appeler tantôt du Coudray, tantôt de Guisigny ou Quisigny.
  15. Fief sis à Houetteville, en l’Élection d’Évreux.
  16. Voir Julien-Ludovic de Brossard de Ruville citait les anciennes archives de cet archevêché, op. cit., t. IId, p. 461 À l’entrée du hameau, une croix de fer (ainsi qu’un saint Gilles de bois et un Christ de pierre) marquent encore l’emplacement de ce lieu de culte où les Andelisiens avaient coutume de se réunir en pèlerinage lors de la saint Gilles et qui fut depuis transformé en maison d’habitation.
  17. Créé en 1651 par le roi Louis XIV, « pour connaître et juger des différends qui surviendront entre les gentilshommes, ou autres faisant profession des armes, soit à cause des choses, droits honorifiques des églises, prééminences des fiefs et seigneuries, ou autres querelles mêlées avec le point d’honneur... », cet office de conciliation requérait au moins quatre degrés de noblesse et il était réservé aux gentilshommes qui avaient donné dans les armées du Roi « des preuves de leur zèle et de leur attachement » à sa personne. Voir Jean-Louis Vergnaud, « Des hommes de politesse dans la France des Lumières : Les lieutenants des maréchaux de France, juges du point d’honneur » in Revue historique des armées, Ancien régime (no 1), 2001, p. 79-86 ; Guy Cabourdin et Georges Viard, Lexique historique de la France de l’Ancien Régime, Paris, Armand Colin et Masson, 1978, 1998, p. 199
  18. Créé en avril 1693 par le roi Louis XIV, cette distinction accompagnée d’une pension était réservée aux officiers catholiques, ne requérait pas la noblesse mais la vaillance, et récompensait au moins dix années de bons et loyaux services dans l’armée ou la marine royale.
  19. Sans doute inquiétée par la disparité socio-économique des futurs époux, la grand-mère de la mariée, dame Marie, Anne, Catherine de Vignéral (Rouen, 1698-...), s’était opposée à la publication du premier ban en vue du mariage. Toutefois, cette opposition avait été levée et mise à néant par sentence du bailliage de Rouen, signifiée par maître Devergner, huissier audit bailliage, le 29 novembre 1777, si bien que le premier ban fut publié dès le lendemain non seulement en l’église paroissiale Saint-Sauveur du Petit-Andely et en l’église paroissiale Saint-Ouen de Rouen mais encore en l’église paroissiale de Radepont.
  20. Voir Catalogue des archives départementales de l’Eure, vol. 30 ou 3e série G ou E, p. 269.
  21. Éloge publiée dans le numéro des Affiches de Normandie du 7 mars 1777. D’après l’abbé Joseph Guiot, in Les trois siècles palinodiques ou Histoire générale des palinods de Rouen, rédigé à Dieppe avant 1808, publié par l’abbé Tougard à Rouen chez A. Lestringant et à Paris chez A. Picard et fils, t. IId, p. 208
  22. Voir Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, op. cit., t. IId, p. 472
  23. En effet, le fief de Feuguerolles ou Feuquerolles fut, en totalité ou en partie, la propriété de la famille éponyme, au moins entre 1330, date de l’aveu rendu par le comte de Dammartin et Guillaume de Trie à Guillaume de Durfort (mort le 24 novembre 1330), archevêque de Rouen (Cartulaire de l’archevêché de Rouen aux Archives de la Seine-Maritime), et 1663, date à laquelle il était « presque réduit à la glèbe, […] tant il avait été partagé, morcelé, aliéné par ses possesseurs » (Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, op. cit., t. IId, p. 453). Également seigneurs de Criquebeuf-sur-Seine dès 1258(cf. Louis-Étienne Charpillon et l’abbé Anatole Caresme, op. cit., t. Ier, 1868, p. 896) et de La Queue-d’Aye à Haricourt dès 1401, les Feuguerolles ont donné au moins cinq chevaliers de Malte, en 1342, 1541, 1570, 1610 et 1677 (cf. notamment l’abbé Charles Guéry, La commanderie de Bourgoult (Eure), Évreux, imprimerie de l’Eure, 1903, p. 106), et trois augustines de l’Hôtel-Dieu de Vernon. Or, damoiselle Louise de Feuguerolles (après 1589 - entre 1622 et 1629) épousa par contrat passé le 3 février 1611 au manoir seigneurial de Cantelou-sous-Travailles, devant Guillemme Dieupart, notaire royal au bailliage de Gisors résidant à Andely, et maître Loys Cardot, praticien juré, noble homme Renault III de La Barre (1583-1650), écuyer, seigneur du Mesnillet, de La Rivière, du Mesnil-des-Planches et du Mesnil-Bellenguet, seul héritier de son père, reconnu « noble de race » en 1609 et maintenu en sa noblesse par sentence rendue le 15 février 1610 par les élus d’Andely, Vernon et Gournay.
  24. Voir Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, op. cit., t. IId, p. 453.
  25. Cf. Liasse E 953 aux archives départementales de l’Eure à Évreux.
  26. C’est pourquoi il avait assisté en 1733, au Vaudreuil, au mariage de Louise Allorge avec Daniel Thierry de Grogny. Selon Louis-Étienne Charpillon et l’abbé Anatole Caresme, op. cit., t. Ier, p. 946
  27. Voir liasse cotée E 953 aux archives départementales de l’Eure à Évreux.
  28. Fils de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737) et petit-fils légitimé de Louis XIV et de sa favorite la marquise de Montespan (1640-1707).
  29. Quelques mots de l'histoire de l'hospice
  30. Voir Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, op. cit., t. IId, p. 237.
  31. Annonces, affiches et avis divers de la Normandie (année 1785, p. 324), cités par Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, op. cit., t. IId, p. 243
  32. Voir Éric Saunier, Révolution et sociabilité en Normandie au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. 6 000 francs-maçons de 1740 à 1830, Rouen, Publication des Universités de Rouen et du Havre, 1998, p. 59 L’auteur s’appuie notamment sur Bernard Bodinier, La vente des biens nationaux dans le département de l’Eure, t. IIIe, p. 401-417.
  33. Constituée aux Andelys par la Grande Loge le 8 janvier 1767, cette loge y fut reconstituée par le Grand Orient de France le 29 avril 1779 et s’y réinstalla le 21 octobre suivant. Son vénérable étant alors monsieur de Saint-Martin, chanoine du chapitre de la Collégiale Notre-Dame des Andelys, elle comptait parmi ses membres le baron de La Vache du Saussay et messieurs Beuzelin de Racouval, Beuzelin de Verneuil, de Molaincourt, de Leveyrac ou plutôt Severac, de Chalange, et Dubuc, curé de Vimont. Cette loge disparut vers 1791.
  34. Voir Gustave Bord, La Franc-maçonnerie en France. Des origines à 1815, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1908, t. Ier intitulé « Les ouvriers de l’idée révolutionnaire (1688-1771) », p. 392
  35. L’hôtel « La Berverie » est tenu par Mme Bernadette Mennesson - En ligne [3].
  36. Voir Édouard Drigon, marquis de Magny, Nobiliaire de Normandie publié par une société de généalogistes, avec le concours des principales familles nobles de la province, Paris, chez l’auteur et Auguste Aubry, Rouen, Lebrument, Caen, A. Massif, t. Ier, 1863, p. 186
  37. Cf. Roussel-Desfresches, « Premières élections municipales aux Andelys après 1789 (d’après des notes particulières) », chronique andelysienne publiée dans l’hebdomadaire L’Impartial en juillet 1865 et conservée sous la cote IF 208 aux archives départementales de l’Eure à Évreux.
  38. Voir Paul Feuilloley, « De l’Intendant au Préfet : Une page d’histoire administrative de l’Eure » in La Revue administrative (XIe année, no 65, septembre-octobre 1958), Paris, Presses Universitaires de France, p. 468-469.
  39. Voir Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, Histoire de la ville des Andelis et de ses dépendances, Les Andelys : Delcroix, t. Ier (1863), p. 196.
  40. L’acquéreur était manifestement issu d’une famille d’origine hongroise probablement émigrée en Normandie dès le XIIIe siècle, lorsque les comtes d’Anjou étaient rois de Hongrie, et qui s’établit notamment à Pont-Audemer au début du XVIIIe siècle ainsi qu’à La Lande-Patry, près de Flers. Jean Havas, prêtre, était procureur de l’Abbaye de Lonlay en 1470. Quant à l’acquéreur, Charles-Louis Ier Havas, il épousa à Rouen le 2 septembre 1780 Marie-Anne Belard. Il était le fils aîné et le IIIe enfant de Thomas, Guillaume, François Havas (1717-1795) et de son épouse Marie-Élisabeth Eude (1724-1803). Le second de ses cinq enfants, Charles-Louis II Havas (1783-1858), fut le fondateur de la célèbre agence de presse Havas, aujourd’hui AFP (Agence France-Presse). L’un des frères de l’acquéreur de Feuguerolles, Charles-Constant Havas, parrain de Charles-Louis II, ancien prêtre, devint secrétaire particulier de Fouché, ministre de la police générale sous l’Empire.
  41. Julien-Ludovic de Brossard de Ruville, op. cit., t. IId, p. 453.
  42. Voir Milliard des Émigrés, cote Q 686 (vente de biens) aux archives départementales de l’Eure à Évreux. Voir aussi Q 487.
  43. Voir Pierre Le Verdier (1854-1935), « Liste des Émigrés normands à Coblentz, d’après le registre de leurs délibérations (5 novembre-23 décembre 1791) » in Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie (années 1930-1931), t. XXXIXe, Caen, Jouan et Bigot, Rouen, Lestringant et Paris, A. Picard, 1932, p. 371 Voir également Jean Pinasseau, L’Émigration militaire : campagne de 1792, Paris, Picard, 1971.
  44. Christine Favre-Lejeune, Les secrétaires du Roy de la grande chancellerie de France de 1672 à 1789. Dictionnaire biographique & généalogique, t. Ier, notice no 1751.
  45. Et non pas Robespierre comme l’ont rapporté récemment Frank Beaumont et Philippe Seydoux dans l’article qu’ils consacrèrent au château des Buspins à Daubeuf-près-Vatteville, in Gentilhommières des pays de l’Eure, Paris, Éditions de La Morande, 1999, 466 pp.
  46. Voir Louis Boivin-Champeaux, Notices historiques sur la Révolution dans le département de l’Eure, Évreux, P. Huet, Rouen, Lebrument, Paris, Dumoulin, 1868, p. 114
  47. Louis Boivin-Champeaux, procureur impérial, « « Notices pour servir à l’histoire de la Révolution dans le département de l’Eure » », Recueil des travaux de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure, no IIIe série, tome VIIIe,‎ (années 1862-1863), pp. 333-338.
  48. Ancien lieutenant-colonel au régiment de Dauphiné-Cavalerie et chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, celui que l’on appelait « le comte de Trie-Pillavoine » avait été député de la noblesse aux États-Généraux de Normandie en 1789 avant de l’être à la Constituante, mais il s’en était retiré après la session de la même année, sans doute à cause de ses opinions conservatrices. L’hôtel de La Barre et celui de Trie-Pillavoine ont depuis disparu.
  49. Julien-Ludovic de Brossard de Ruville citait le VIe t. des Arrêtés du conseil de préfecture, in op. cit., t. IId, p. 461
  50. D'après les souvenirs de Jean, Charles, Raoul de La Barre de Nanteuil (1781-1868), retranscrits par le baron Joseph de La Barre de Nanteuil (1853-1927) in Maison de La Barre de Nanteuil, recueil de manuscrits daté de 1894.
  51. Voir la « Liste des membres de l’ordre, chevaliers, commandeurs et grand-croix nommés de 1814 à 1830 », publiée sur http://chsaintlouis.yellis.net/pages/liste/page2.php

Articles connexes

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Liens externes

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