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Rouille noire

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Puccinia graminis

Puccinia graminis est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Pucciniaceae. Cette espèce parasite les plantes céréalières (avoine, blé, orge, triticale) chez lesquelles elle provoque la maladie de la « rouille noire ».

Historique de la lutte

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En 1944, un agronome américain, Norman Borlaug, spécialiste des pathologies végétales se rendit au Mexique pour lutter contre une épidémie de rouille noire à l'origine d'une famine généralisée. En croisant différentes variétés de blé du monde entier, il obtint un hybride résistant à la rouille et à haut rendement.

Cependant, la souche virulente Ug99[1],[2] du parasite, nommée ainsi parce qu'elle fut identifiée pour la première fois en Ouganda en 1999, a été responsable d'importantes pertes de rendement dans des cultures de blé d'Afrique de l'Est et les autres pays cités plus bas depuis son apparition. Progressivement, elle a gagné le Kenya, l'Éthiopie, le Soudan et le Yémen. En 2007, elle a traversé le golfe Persique pour atteindre le Yémen, puis l'Iran l'année suivante[3].

Des experts du Centre de référence mondial sur la rouille (GRRC) à l'université d'Aarhus et du Centre international pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) ont mis en garde en 2016 contre de nouvelles souches de rouille très agressives, parmi lesquelles une souche de rouille noire baptisée TTTTF qui a frappé la Sicile en 2016[4].

Description

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Schéma du cycle de vie de Puccinia graminis.

Le champignon, classé parmi les basidiomycètes, prend successivement quatre aspects : de petites fructifications ressemblant à des pycnides produisent des spores appelées spermaties. Ces spores haploïdes vont permettre la formation d'un dicaryon. Ce dicaryon forme ensuite une structure appelée Aecidium qui produit des écidiospores. Ces écidiospores germent et forment des sores qui produiront des urédospores puis des téleutospores. Les sores à urédospores se rencontrent surtout sur la tige. Les téteutospores sont pédicellées et bicellulaires[5].

On distingue des formes spéciales selon la céréale hôte : Puccinia graminis f. sp. tritici (rouille noire du blé) ou encore Puccinia graminis f. sp. avenae (rouille noire de l'avoine)[6].

Cycle de reproduction

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Anton de Bary a décrit le cycle de cette rouille hétéroxène macrocyclique. Hétéroxène signifie que deux hôtes sont obligatoires pour boucler le cycle évolutif. Ici l'hôte principal est une graminée. Macrocyclique signifie que les quatre stades sont présents : spermogonie, écidie, urédie et télie. C'est dans les téleutospores qu'a lieu la méiose.

L'hôte secondaire (écidien) est l'épine-vinette (Berberis vulgaris). L'éradication de l'épine-vinette a beaucoup contribué au recul de la maladie. Les épines-vinette sont contaminées au début du printemps lorsqu'elles commencent à bourgeonner et les écidies sont mûres à partir du mois de mai[5].

Dissémination

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Cet agent phytopathogène est inscrit sur la liste établie par le groupe Australie[7].

La rouille noire a été signalée 96 fois dans l'ensemble de la France en 2021[8]. Cette situation est exceptionnelle en comparaison de l'Europe du Sud (Espagne, Italie) où la rouille noire est observée quasiment chaque année depuis l’épidémie sicilienne de 2016.

Notes et références

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  1. Une épidémie de rouille noire, redoutable parasite du blé, menace les grands pays céréaliers d'Asie (Le Monde.fr 21.04.2008 16.39)
  2. « Une lutte mondiale se met en place pour contrer la rouille du blé, l’Ug99 », Référence environnement,‎
  3. Jacques Barnouin, Ivan Sache et al. (préf. Marion Guillou), Les maladies émergentes : Épidémiologie chez le végétal, l'animal et l'homme, Versailles, Quæ, coll. « Synthèses », , 444 p. (ISBN 978-2-7592-0510-3, ISSN 1777-4624, lire en ligne), I. Facettes et complexité de l'émergence, chap. 2 (« Les maladies émergentes affectant les végétaux »), p. 26-27, accès libre.
  4. (en) Jens Grønbech Hansen, « Risk of wheat stem rust in Mediterranean Basin in the forthcoming 2017 crop season following outbreaks on Sicily in 2016 », sur Global Rust Reference Center (GRRC) (consulté le )
  5. a et b Georges Viennot-Bourgin, Les champignons parasites des plantes cultivées,
  6. W.K. Kim, J.W. Martens et N.K. Howes, « Electrophoretic analysis of detergent-soluble polypeptides of nine races of Puccinia graminis f. sp. avenae and their relation to P. graminis f. sp. tritici », Canadian Journal of Plant Pathology, vol. 6, no 2,‎ , p. 111–118 (ISSN 0706-0661, DOI 10.1080/07060668409501570, lire en ligne, consulté le )
  7. « Liste des agents phytopathogènes réglementés à l'exportation », sur www.australiagroup.net, (consulté le )
  8. Romain Valade, Anne-Lise Boixel, Kevin JG Meyer, Frédéric Suffert, « 2021, l’odyssée de l’espèce Puccinia graminis f. sp. tritici » [PDF], (consulté le )

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Liens externes

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