Pornographie sur Internet
La pornographie sur Internet est la pornographie accessible sur Internet via les sites web, l'échange de fichiers par des réseaux peer-to-peer et les réseaux Usenet.
Même si la pornographie était disponible sur Internet chez les professionnels dès les années 1980, c'est l'explosion du nombre d'internautes grand public à partir du milieu des années 1990 qui a mené à une très forte expansion de la pornographie sur Internet[1].
Histoire et méthodes de distribution
[modifier | modifier le code]Débuts d'Internet
[modifier | modifier le code]L'ASCII porn — parfois typographié « ASCII p0rn » par euphémisme[2] — désigne les images pornographiques en ASCII art. L'ASCII porn a été la première forme de pornographie sur internet[3], et était déjà populaire avant l'invention du World Wide Web et se rencontrait sur les BBS autres systèmes à terminaux en mode texte accessibles par modem à accès par ligne commutée. L'ASCII porn s'échangeait également par Fidonet ou Sneakernet ou par email, telnet, usenet, etc.
Un facteur de propagation de l'ASCII porn est la compatibilité du standard du codage des caractères ASCII, qui pouvaient être affichés sur la plupart des écrans — alors que les premiers ordinateurs de bureau et terminaux informatiques étaient incapables d'afficher des images numériques — et pouvaient être imprimés sur la plupart des imprimantes. L'ASCII porn pouvait également être composé à la main, avec seulement un éditeur de texte. Avec l'avènement du World Wide Web, l'ASCII porn est tombé dans l'oubli.
Des net artistes de la fin des années 1990 sont revenus à l'ASCII porn, avec par exemple Deep ASCII, rendu en art ASCII du film Deep Throat par Vuk Ćosić de l'ASCII Art Ensemble[2].Usenet
[modifier | modifier le code]Pages payantes et pages gratuites
[modifier | modifier le code]En 2005, l'arrivée des vidéos en streaming sur Internet s'accompagne d'une création importante de sites pornographiques[4]. Rapidement, ces sites proposent une catégorisation des pratiques sexuelles sous la forme d'une encyclopédie de la sexualité, permettant aux utilisateurs de filtrer leurs recherches en fonction de leur attente ou de leur désir. Les règles des algorithmes des moteurs de recherche participent de cette concentration[5].Les plateformes de diffusion comme Pornhub ou XHamster proposent à leur public la possibilité de créer un profil personnalisé, permettant à l'utilisateur de liker une vidéo, de la partager ou de la commenter, voire la télécharger. À l'instar de l'ergonomie et des fonctionnalités des réseaux sociaux, les plateformes ont contribué à une forme de "normalisation sociale" de la pornographie[4].
Distributions
[modifier | modifier le code]49 % de la population adulte du Royaume-Uni avait visité un site pornographique en septembre 2020, soit 26 millions de visiteurs uniques, soit encore un peu moins qu’Instagram mais un peu plus que Twitter[6].
En 2024 et selon les statistiques issues de la réglementation DSA, 59 pour 100 de la population espagnole totale consulte chaque mois l'un des trois plus gros sites mondiaux[7].
78% du trafic féminin ont entre 18 et 34 ans[8].
Produits
[modifier | modifier le code]Vidéos
[modifier | modifier le code]Les sites de diffusion de contenu vidéo relaient des vidéos tournées par des amateurs ou des professionnels, vidéos soumises à une modération a priori par des équipes spécialisées[9].
Webcams
[modifier | modifier le code]Une camgirl ou cam-girl est une femme exposant son corps sur Internet de manière sexuellement explicite par le biais d'une webcam, souvent pour gagner de l'argent[10]. Le terme connexe correspondant aux hommes est « camboy » ou « cam-boy »[10].
Les camgirls qui font usage de leur webcam à des fins sexuelles et avec rétribution financière (pornographie sur Internet) sont parfois nommées camwhore[11],[12] dans un contexte péjoratif.Autres formes
[modifier | modifier le code]Statut légal
[modifier | modifier le code]En France, l'Arcom est chargée de faire respecter l'interdiction d'accès aux mineurs[13].
Pornographie et protection des mineurs
[modifier | modifier le code]Consommation des adolescents
[modifier | modifier le code]L'arrivée dans les foyers de la connexion internet à haut débit au début des années 2000 et le développement des smartphones ont facilité l'accès à internet : 97 % des adolescents ont une présence régulière en ligne[14]. Cette aisance de connectivité, à défaut de contrôle parental efficace, engendre une exposition à du contenu pornographique[15]. Un rapport de l'Assemblée Nationale révèle qu'en 2O05 trois-quarts des garçons de 9 ans ont déjà vu un film pornographique [16]. En 2007, une étude américaine révèle que 47 % des adolescents américains (garçons et filles) ont visionné des images à caractères pornographiques en ligne, de manière consenti ou non[17]. En 2017, l'IFOP publie une étude sur la consommation de pornographie des adolescents français : 63 % des hommes et 37 % des femmes interrogés déclarent avoir « surfé sur un site pour y voir des films ou des images pornographiques[18] ». L'IFOP rapporte également que le smartphone est le support de visionnage le plus utilisé devant l'ordinateur portable, l'ordinateur de bureau et enfin la tablette tactile[18].
Encadrement législatif
[modifier | modifier le code]France
[modifier | modifier le code]En France, la majorité gouvernementale sous le quinquennat d'Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises, énoncé le souhait de mieux contrôler l'accès des sites pornographiques aux mineurs. Emmanuel Macron s'est plusieurs fois exprimé sur le sujet, évoquant que « nous ne pouvons pas [...] fermer les yeux sur l'influence que peut exercer sur de jeunes esprits, un genre qui fait de la sexualité un théâtre d'humiliation et de violences faites à des femmes qui passent pour consentantes »[19]. Jusqu'à présent, un simple bandeau d'avertissement (appelé aussi « disclaimer ») invite l'utilisateur a déclarer sur l'honneur qu'il présente l'âge requis l'autorisant à accéder au contenu pour adultes[20]. En , Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, précise les réflexions du gouvernement, évoquant un renforcement et une généralisation d'un contrôle parental[21]. Le même mois, différents acteurs du numériques, comprenant les FAI et des opérateurs, signent une charte d'engagement dans le but de protéger les mineurs des contenus pour adultes[22].
Le milieu pornographique réagit également de son côté, avec la publication en d'une charte de déontologie[23],[24]. Initiée par la société Marc Dorcel, elle est rédigée par l'ancienne actrice pornographique Liza del Sierra, le sociologue Alexandre Duclos et l'avocat Matthieu Cordelier[25]. 18 recommandations sont ainsi proposées, parmi lesquelles le respect de l'hygiène et de la sécurité au moment des tournages, la description des pratiques et des scènes attendues lors de la signature du contrat ainsi que l'annonce de la rémunération[26].
Le CSA demande une restriction d'accès pour les mineurs de 18 ans[27]. Devenu ARCOM, il a attaqué en justice 8 des plus gros sites pornographiques mondiaux en 2023
États-Unis
[modifier | modifier le code]Une loi fédérale visant à réglementer le contenu pornographique d'Internet, le Communications Decency Act, a été annulée par la Cour Suprême en 1996.
Ukraine
[modifier | modifier le code]La pornographie est interdite depuis 1998 en Ukraine. En 2023, des députés proposent une loi qui pourrait dépénaliser la pornographie[28].
Filtres et logiciels de contrôle parental
[modifier | modifier le code]Le contrôle parental est un système intégré à des appareils électroniques (ordinateur, smartphone, console de jeux vidéo, télévision...) permettant de limiter l'accès à certains sites internet ou de limiter la durée d'usage d'un appareil. Il est généralement utilisé par les parents afin d'éviter que leurs enfants n'aient accès à certains contenus jugés inappropriés pour leur âge, telle que la pornographie.
Pornographie infantile et juvénile
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Françoise porno Lévêque, « Pornographie en ligne : une consommation massive, un risque pour les jeunes et une urgence à réguler », sur The Conversation (consulté le )
- (en) Kerstin Mey, Art and Obscenity, Londres, I B Tauris & Co Ltd, coll. « Art and... Ser. », , 168 p. (ISBN 1-84511-234-2 et 978-1-84511-234-9, OCLC 760570705).
- (en) Annalee Newitz, « On-the-go porn », sur www.salon.com, (consulté le ).
- Lionel Renaud, Le spectacle du sexe : l’évolution de la consommation du film pornographique des années 1990 à nos jours et ses enjeux esthétiques et sociaux, , 447 p. (lire en ligne), p. 72
- (en) « Adult affiliate marketing landscape in 2019: past trends and prospects for the future », sur ZorbasMedia, (consulté le )
- (en) « Pornographie en ligne : une consommation massive, un risque pour les jeunes et une urgence à réguler », sur The Conversation (consulté le ).
- (en) Chris STOKEL-WALKER, « The EU has helped us understand exactly how horny people are. », (consulté le )
- Émilie Laystary, « Les femmes regardent plus souvent du porno depuis leurs téléphones que les hommes », sur France 24, (consulté le ).
- (en) « How Does xHamster Moderate its Content? », sur vice.com (consulté le ).
- Bocij, p.230
- (en) Bannister-Andrews, Bethany. (14 avril 2006) UWIRE. Indiana U.: COMMENTARY: Gaming sex-ploitation continues; women increase use, play.
- (en) Bocij, pp.131-133
- https://actu.orange.fr/france/l-arcom-un-super-regulateur-ne-du-mariage-entre-csa-et-hadopi-CNT000001I6Oly/photos/roch-olivier-maistre-a-cannes-le-8-avril-2019-7728cb577f2284c409769fe5035f96f6.html
- Yann Leroux, « Internet, sexualité et adolescence », Enfances & Psy, no 55, , p. 61-68 (lire en ligne)
- Pascale Le Garrec, « La pornographie se répand chez les jeunes de plus en plus tôt », sur ouest-france.fr (consulté le )
- « N° 1051 - Proposition de résolution de M. Jean-Paul Garraud tendant à la… », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
- (en) Janis Wolak, Kimberly Mitchell et David Finkelhor, « Unwanted and Wanted Exposure to Online Pornography in a National Sample of Youth Internet Users », Pediatrics, vol. 119, no 2, , p. 247–257 (ISSN 0031-4005 et 1098-4275, PMID 17272613, DOI 10.1542/peds.2006-1891, lire en ligne, consulté le )
- Institut français d'opinion publique, « Les adolescents et le porno : vers une « Génération Youporn » ? Etude sur la consommation de pornographie chez les adolescents et son influence sur leurs comportements sexuels », ifop.com, , p. 9 (lire en ligne [PDF]).
- Marc Rees, « Protection des mineurs : le plan de bataille de Macron contre le porno en ligne », sur www.nextinpact.com, (consulté le ).
- Marc Rees, « La guerre est déclarée contre le porno en ligne », sur nextinpact.com, (consulté le ).
- Marc Rees, « La guerre est déclarée contre le porno en ligne », sur www.nextinpact.com, (consulté le ).
- Marc Rees, « Protection des mineurs : télécharger la charte anti-porno », sur www.nextinpact.com, (consulté le ).
- Bertrand Métayer, « Charte de déontologie dans le X : «Nous avons besoin d’un cadre législatif» », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Pornographie : une charte de déontologie proposée par le producteur Dorcel », sur LaProvence.com, (consulté le ).
- admin, « Charte déontologique pour la production X française », sur Productions X Responsables, (consulté le ).
- Bertrand Métayer, « Charte de déontologie dans le X : «Nous avons besoin d’un cadre législatif» », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Pornographie: cinq sites sommés par le CSA de bloquer leur accès aux mineurs », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- « Le Parlement ukrainien pourrait dépénaliser la pornographie », sur www.ukrinform.fr, (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- David Courbet (préf. Ovidie), Féminismes et pornographie, Paris, La Musardine, coll. « L'attrape-corps », , 304 p. (ISBN 978-2-84271-777-3)
- Ovidie, À un clic du pire : la protection des mineurs à l'épreuve d'Internet, Paris, Éditions Anne Carrière, , 124 p. (ISBN 978-2-8433-7877-5)
- Lionel Renaud (dir. Fabrice Montebello), Le spectacle du sexe : l’évolution de la consommation du film pornographique des années 1990 à nos jours et ses enjeux esthétiques et sociaux, Université de Lorraine (thèse de doctorat en étude de cinéma), 2019, 447 p. [lire en ligne]