Pilar (yacht)
Pilar | |
La Pilar | |
Type | pêche-plaisance |
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Histoire | |
Chantier naval | Wheeler Shipyards de Brooklyn (New York) |
Lancement | 1934 |
Statut | actuellement exposée sur ber à Cuba |
Équipage | |
Équipage | 1 à 4 membres |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 38 ft (12 m) |
Maître-bau | 12 ft (3,7 m) |
Tirant d'eau | 3,6 ft (1,1 m) |
Propulsion | 2 hélices, 2 moteurs (un 75 Hp Chrysler pour la croisière et un 4 cylindres 40 Hp Lycoming pour la traîne) |
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La Pilar est un yacht à moteur, lancé en 1934, ayant appartenu à Ernest Hemingway.
L'écrivain achète son bateau de pêche-plaisance au chantier Wheeler de Brooklyn (New York, États-Unis) en . Il le paye 7 455 $[1] et le baptise Pilar[2].
Pendant 26 ans (jusqu'en 1960), Hemingway et son bateau croisent et pêchent assidûment dans les eaux de Key West (Floride), les Marquesas Keys, et dans le Gulf Stream au large de Cuba. À la fin des années 1930, ils vont trois fois à Bimini (Bahamas), et Ernest s’y rend célèbre par ses exploits dans 3 domaines : pêche au gros, boisson et bagarres. Il y a souvent à bord des invités : amis, célébrités, parents.
Hemingway était un grand pêcheur sportif au gros. Il est considéré comme un des fondateurs de ce sport, et son nom figure en bonne place sur la liste affichée dans le hall des célébrités de l'International Game Fish Association[3].
La Pilar et les moments que Hemingway a passé en mer à son bord ont inspiré plusieurs de ses livres : The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer), To Have and Have Not (En avoir ou pas), et Islands in the Stream (Îles à la dérive). Hemingway et sa Pilar ont aussi contribué à la recherche scientifique océanographique (l'écrivain a été correspondant de la Smithsonian Institution) — et pendant la Seconde Guerre mondiale à la lutte contre les sous-marins allemands.
Acquisition
[modifier | modifier le code]Hemingway achète son bateau le , alors qu’il revient d’un safari en Afrique : il a touché une avance sur son livre Green Hills of Africa (Les Vertes Collines d'Afrique), et il la consacre au premier versement.
La Pilar est une version modifiée du modèle « Playmate » de chez Wheeler[4]. Le prix fixé est de 7 495 $, compte tenu des modifications demandées par Hemingway : toit du rouf consolidé (il pourra être aménagé ultérieurement en 2e pont surélevé), réservoir à vifs[5], motorisation spéciale (un moteur Chrysler de 75 ch pour la croisière, un moteur Lycoming de 40 ch pour la pêche à la traîne), rouleau de poupe pour embarquer les gros poissons[6], 6 couchettes, réservoir d'eau douce de 300 gallons[7], une glacière pour conserver aussi longtemps que possible 1 200 kg de glace, des réservoirs de carburant permettant d'avoir 500 milles marins (926 km) d'autonomie[8].
La Pilar est peinte en noir, alors que la couleur livrée en série est le blanc. Une fois terminée sur le chantier Wheeler de Coney Island (Brooklyn, New York), elle est transportée par train jusqu’à Miami. Là, elle est mise à l’eau, Hemingway en prend livraison et l’emmène à Key West. Il pêche en route quelques espadons voiliers.
À Key West, la Pilar est amarrée grâce à un ami d’Ernest, le propriétaire de la quincaillerie locale, au ponton de l’US Navy, pratiquement inutilisé à l’époque[9] : elle attend son propriétaire à quelques blocs de distance de la maison d'Ernest Hemingway.
La Pilar et l’ichtyologie
[modifier | modifier le code]Hemingway, qui était correspondant de la Smithsonian Institution, a invité à bord de la Pilar Charles Cadwalader (le directeur de la Philadelphia Academy of Natural History) et Henry Fowler (le directeur du laboratoire d’ichtyologie de l’académie) : ces scientifiques veulent établir la taxonomie du marlin, et de ses différentes variations morphologiques : marlin bleu, marlin blanc, marlin noir et marlin rayé.
Paradoxalement, c’est un poisson de roche sans valeur sportive et dangereux par ses aiguillons (le Spinycheek Scorpionfish) qui porte le nom de Neomerinthe hemingwayi .
Dans son roman Îles à la dérive, le héros Thomas Hudson croise autour de Cuba à la tête d'une « expédition scientifique » qui s'avère être, en fait un équipage d'irréguliers à la recherche de sous-marins allemands.
Les expéditions à Bimini
[modifier | modifier le code]La Pilar emmena trois fois Hemingway, sa famille et ses amis à Bimini. Ce petit archipel des Bahamas situé à 53 miles (80 km environ) à l'est direct de Miami, dépendance de la Couronne britannique et haut-lieu du trafic des bootleggers pendant la Prohibition (1919-1933) commençait à devenir célèbre comme site de pêche au gros.
Lors de son 1er voyage (), alors qu'à bord de la Pilar se trouvent ses amis John Dos Passos et le peintre Henry Strater, quelques heures après le départ, Hemingway se blesse aux jambes en voulant achever avec son Colt un requin qu’il venait de pêcher[10].
Après être revenu à Miami pour se faire soigner, il repart, et intitule un article qu'il envoie à Esquire : « Hemingway blessé par un projectile : encore une fois ! »[11].
Les deux années suivantes, Hemingway revient à Bimini. Il pêche avec Bror von Blixen-Finecke, l’ex-époux de Karen Blixen qu'il avait rencontré lors de son safari de 1933 en Afrique.
À Bimini, Hemingway est le 1er pêcheur sportif à rapporter un thon géant avant qu'il ne soit attaqué par les requins. Il observe que, alors que les requins respectent jusqu’au dernier moment un marlin pris à la ligne à cause de son épée, ils attaquent systématiquement les thons avant qu’on puisse les hisser à bord, et prélèvent d’énormes bouchées sur la prise (d'où l'expression « apple-coring » : transformation en trognon de pomme).
Pour éviter que les thons qu'il ramène ne soient à moitié dévorés par les requins, Hemingway essaie alors de pêcher à partir d’une annexe : il espère que le thon va la remorquer et se fatiguer plus vite, avant que les requins ne soient attirés.
Puis Hemingway met en pratique une nouvelle technique associée à une nouvelle tactique. La technique est celle du « pump and reel » (pomper-mouliner) : le pêcheur cherche à ramener le poisson en levant la canne (et en restant en deçà des risques de rupture de la ligne), puis baisse sa canne en moulinant rapidement pour « faire rentrer » la longueur de ligne qu'il a réussi à gagner, ce qui nécessite des qualités athlétiques alliées à des capacités intuitives (pour déjouer les parades du poisson). La tactique consiste à ramener le thon en force rapidement avant que les requins n'arrivent, au lieu de le laisser filer en le freinant pour qu'il se fatigue. Le pêcheur a donc tendance à utiliser une ligne de gros diamètre, plus résistante. Mais le thon, qui est un fuseau de muscles, est aussi très intelligent, et sait éviter les lignes trop grossières ; le pêcheur doit donc utiliser la ligne la plus fine possible. L'expérience du pêcheur (et de son équipage) entrent aussi en jeu : il doit faire mordre le poisson sur une ligne d'assez gros diamètre, qui lui permettra de ramener le poisson, et donc tenir compte de la turbidité de l'eau, des conditions atmosphériques, choisir l'appât le plus tentant possible pour la proie, éventuellement l'exciter en créant une compétition entre lui et ses congénères, etc.
À Bimini, Hemingway et Henry Strater, son ami depuis plus de 15 ans, se fâchent à propos d'un marlin géant. Mike Strater, à bord de la Pilar, a ferré ce marlin, l'a travaillé, ramené, et les requins l'ont à moitié dévoré avant qu’il ait pu être remonté à bord (voir photo ci-contre). Les restes de ce marlin pesaient en l’état plus de 500 livres, et il devait probablement atteindre les 1 000 livres avant d’être attaqué. Alors que Mike finissait de ramener sa prise, Hemingway a tiré sur les requins qui tournaient autour du bateau avec son pistolet mitrailleur Thompson, afin de les écarter, et le résultat a été exactement l’inverse de ce qu’il espérait : les requins ont été excités (et attirés en plus grand nombre) par la diffusion dans l’eau du sang de leurs congénères et des ondes de choc des grosses balles de Thompson[12]. Et de plus un article du Time Magazine attribue la prise du marlin géant à Hemingway, ce qui envenime définitivement l'affaire.
L’incident du marlin dévoré a pu inspirer à Hemingway sa nouvelle The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer, prix Pulitzer 1953) : un pauvre pêcheur cubain ferre un marlin géant et, après une lutte longue et éprouvante, arrive à l'attacher au flanc de sa barque (le poisson est plus grand que le canot lui-même), mais les requins dévorent sa prise avant qu’il ait pu revenir à la côte.
Pendant ses séjours à Bimini, Hemingway écrit plusieurs articles pour le magazine Esquire, et travaille à son recueil de nouvelles To Have And Have Not (En avoir ou pas). Il ramène de nombreux marlins et thons de grande taille, sa réputation de pêcheur au gros grandit. Il organise aussi des matches de boxe avec les îliens, et offre 100 $ (et même jusqu'à 250 $ selon certaines sources) à l'homme qui lui tiendra tête pendant quelques rounds[13].
Il se bat aussi hors du ring : à la grande joie des îliens (qui incluent ce haut fait dans une chanson locale), il met K.O. Joe Knapp, un riche propriétaire de journal, qui l’a traité de « big fat slob » (gros crétin)[14]. Une version de l’incident est rapportée par Hemingway dans son livre Islands in the Stream (Îles à la dérive) (1re partie : Bimini).
À Bimini, Hemingway vit à bord de la Pilar, puis loue un cottage près de Brown's Dock. Il loge finalement à l'Hôtel du Complet Pêcheur à la Ligne (Compleat Angler Hotel), chambre no 1[15].
À Bimini, les fils d'Hemingway pêchent le bonefish (Albula vulpes) et le snapper (tassergal), nagent, bronzent, font de la pêche sous-marine. Ces vacances heureuses ont inspiré le 1er chapitre (intitulé Bimini) du livre d'Hemingway Îles à la dérive (écrit autour de 1950, paru en 1970) ; en particulier la farce montée par le héros du livre, Tom Hudson, ses 3 fils et leur ami Roger Davis a certainement été jouée par l'auteur et sa famille aux passagers des yachts voisins de la Pilar[16].
La Pilar à Cuba
[modifier | modifier le code]En 1940, Hemingway et Martha Gellhorn (correspondant de guerre très connue dans le milieu des journalistes « baroudeurs », elle sera sa 3e épouse) partent vivre à Cuba.
Hemingway y restera pendant 20 ans, écrivant, pêchant, et menant joyeuse vie à La Havane[17] ; Martha, qui s’éloigne assez rapidement de son mari, retournera à Key West en 1942, alors qu'Ernest restera à Cuba[18].
À Cuba, Hemingway amarre la Pilar au port de La Havane et vit dans le centre, buvant au bar El Floridita, travaillant et dormant à l’Hotel Ambos Mundos[19] ; puis il achète la propriété Finca Vigía (La Ferme-Vigie), sur les hauteurs de San Francisco de Paula, un village situé à 14 miles à l'est de La Havane, et amarre la Pilar au petit port de pêche de Cojímar[20].
Hemingway quitte Cuba en 1960, en laissant la Pilar à la garde de Gregorio Fuentes (voir le chapitre final Exposition).
La Pilar comme patrouilleur anti-sous-marins
[modifier | modifier le code]De juin 42 à fin 43, Hemingway n’écrit pas, il fait partie de la Hooligan Navy[21] (« l’Escadre des Voyous »), un groupe de propriétaires de yachts privés américains qui se sont mis au service de leur mère patrie, ont rejoint les Coast Guards[22] et se consacrent à la recherche des sous-marins allemands dans la mer des Caraïbes : après Die Glücklicht Zeit (« le temps heureux » pour les sous-marins allemands) de à [23], les Alliés réagissent vigoureusement en utilisant tous les moyens disponibles.
En 1942 aux États-Unis, la population (surtout dans les états du Sud) était persuadée que des U-Boote hantaient le golfe du Mexique[24].
Les circonstances qui amènent la Pilar à devenir patrouilleur sont maintenant connues depuis l'ouverture des archives du FBI[25] ; elles sont révélatrices des mœurs politiques du temps, et de la personnalité d'Hemingway. Après l'entrée en guerre des États-Unis, Hemingway, qui a noué une amitié avec Spruille Braden, ambassadeur des États-Unis à Cuba[26] lui offre ses services : il se fait fort, grâce à sa connaissance de la langue espagnole, à ses relations, et aux liens qu'il a sur place avec les émigrés espagnols et les gens du peuple cubain (domestiques, barmen, serveurs de restaurants locaux, prostituées etc.) de pouvoir livrer à l'ambassadeur des renseignements utiles, en particulier sur les activités des sujets allemands et des membres de la Phalange pro-franquiste amis du IIIe Reich et très nombreux à Cuba.
Hemingway obtient l'approbation de R.G. Leddy, legal attaché de l'ambassade et agent du FBI à La Havane (bien qu'il l'ait présenté en public, apparemment « pour plaisanter », comme le « représentant local de la Gestapo), » chiffre ses frais à 1 000 $ par mois, et obtient aussi qu'un certain Gustavo Durán, un ami républicain espagnol émigré aux États-Unis, vienne fin 1942 l'aider à Cuba dans sa collecte de renseignements[27].
À Washington DC, Edgar Hoover est embarrassé : pour lui, Hemingway est un gauchiste connu, qui de plus s'est illustré en 1940, en signant une pétition contre les « activités liberticides » du FBI[28]. Après analyse, Hoover résume pour ses subordonnés la conduite à tenir vis-à-vis de l'écrivain connu qui vient chasser sur ses terres : dans un mémorandum daté du , il écrit : « Personnellement, je réalise bien entendu que cette sorte de connexion ou de relation est totalement inadéquate. À mon avis Hemingway est certainement le dernier homme que nous devrions utiliser dans ce but. Son jugement est loin d'être sain, et si sa sobriété est ce qu'elle était il y a quelques années, nous devons évidemment nous méfier. »[29].
Et Hoover conclut en conseillant cependant à ses exécutants « d'attendre pour voir » : le Président lui a parlé d'Hemingway récemment, car Martha Gellhorn, l'épouse d'Hemingway, est venue séjourner chez son amie Eleanor Roosevelt à Washington… Le FBI continuera à surveiller Hemingway, en attendant son heure.
Cependant à La Havane Hemingway se comporte en chef de réseau (il a humoristiquement baptisé son service de renseignements the crook factory, « l'usine à tuyaux percés ») et en outre croit bon de dénoncer à voix haute la corruption (graft) de l'oligarchie en place[30], et transmet à son officier-traîtant des renseignements que le FBI juge n'être que des rumeurs sans fondement véritable mais très alarmantes : ainsi le chef de la police, le général Benites, pourrait profiter de la visite officielle que Fulgencio Batista (accompagné de l'ambassadeur Braden) va prochainement effectuer à Washington pour prendre le pouvoir à Cuba…
Comme il sera somme toute moins gênant en mer qu'à terre, Hemingway est autorisé à patrouiller les côtes de Cuba sur sa Pilar : sa mission sera de rechercher les sous-marins allemands qui barrent la route aux tankers américains venant de La Guaira (grand port du Venezuela) ou aux cargos chargés de bauxite venant de Kingston (La Jamaïque) . Des U-Boote, craint-on aussi, peuvent éventuellement débarquer des espions et des saboteurs sur ou à proximité des côtes sud des États-Unis[31].
Hemingway, ravi de partir en guerre (mais il souligne que ces patrouilles vont l'empêcher de réaliser un fructueux reportage sur les Tigres Volants de Birmanie pour la revue March of the Time) sera bien entendu remboursé de ses frais ; il obtient aussi la promesse que ses matelots civils seront pensionnés en cas de blessures ou mort survenues pendant les patrouilles.
La Pilar reçoit de l’ambassade des États-Unis à La Havane un poste de radiogoniométrie Huff-Duff (qui permet de localiser l'ennemi lorsqu'il transmet des messages radio), des pistolets mitrailleurs Thompson et des grenades antipersonnel[32]. Un sergent des US Marines est même affecté, comme agent de transmissions[33], à la Pilar, dont l'indicatif radio sera la lettre morse V. L'équipage comprend aussi 3 matelots basques en pleine forme physique et bons joueurs de pelote basque[34].
Le rôle des bateaux de la Hooligan Navy était en principe uniquement d’observer et de signaler, mais Hemingway avait élaboré un plan d’attaque : si elle repérait un U-Boot en surface, la Pilar (jouant au bateau innocent, voire sympathisant, ou désemparé) s’approcherait à faible vitesse, et, une fois à contrebord, les pelotaris jetteraient des grenades dans la descente puis on faucherait à la Thompson tous les marins allemands qui essaieraient de sortir sur le pont[35]…
Pour la plupart des commentateurs, la Pilar aurait été bien démunie face à n’importe quel sous-marin allemand : en surface, même désemparé et ne pouvant plonger, un U-Boot aurait eu une vigie, et aurait annihilé la Pilar grâce à sa mitrailleuse ou son canon de pont avant que la vedette américaine n’ait pu l'approcher à portée de ses pistolets-mitrailleurs et de ses grenades à main.
Certains (dont Martha Gellhorn, qui commençait à se lasser d’Hemingway) avancèrent que ces patrouilles anti-sous-marins étaient le prétexte qui permettait à Hemingway de partir dans des croisières bien arrosées et entourées d’un fort parfum d’aventure — et de se vanter encore plus que d’habitude dans les bars au retour. Ces patrouilles, selon les détracteurs d’Hemingway, avaient pour lui deux avantages principaux : obtenir des tickets de carburant gratuits — et s’assurer l’immunité auprès de la police cubaine quand il était arrêté alors qu’il conduisait sous l’emprise de la boisson[36],[37].
Fin 43, la bataille de l’Atlantique tire à sa fin, et la Hooligan Navy est dispersée. Hemingway va partir pour l’Europe en 44, et il couvrira la fin de la guerre (en particulier la contre-attaque allemande dans les Ardennes, The Battle of the Bulge) et la retraite des troupes allemandes.
Les croisières anti-sous-marins de la Pilar ont eu une traduction littéraire : dans Islands in the Stream (écrit autour de 1950, et publié en 1970), Hemingway décrit les aventures de Tom Hudson, un héros inspiré d’Hemingway lui-même. Dans la 2e partie du livre, intitulée Cuba, Hudson (il a perdu successivement ses 3 fils : les 2 plus jeunes sont morts à Biarritz juste avant la guerre, dans un accident d'automobile — et le Spitfire de son fils aîné a été abattu par les Allemands) revient au port après une chasse au sous-marin allemand en mer des Antilles — et dans la 3e partie At Sea (En Mer), il est mortellement blessé alors qu'il poursuit l'équipage d'un sous-marin allemand qui a abandonné son vaisseau endommagé.
La Pilar, personnage d’Îles à la dérive
[modifier | modifier le code]La Pilar n'est pas nommée par son nom mais est en bonne place dans le livre, surtout dans le 3e chapitre (At Sea).
Dans la 1re partie (Bimini)
[modifier | modifier le code]Alors que la maison de Tom Hudson est longuement décrite, sa vedette n’est presque pas mentionnée ; elle est encore neuve, elle abrite un heureux repas de famille après que le grand requin marteau a été tué, et elle manœuvre docilement pendant que le 2e fils de Hudson lutte contre l’espadon géant.
Au crépuscule, après que l'espadon s'est libéré, la vedette repart vers Bimini, cap à l'est. Hudson soigne les écorchures de son 2e fils puis confie la barre à l'ainé. Il lui donne le cap, et lui conseille, pour rester à 3 000 tours, de garder l'œil sur les cadrans et surtout d'écouter les moteurs ; quand il verra le phare, il lui donnera un nouveau cap. « Le soleil était très bas et le bateau traçait sur la mer plate, le bateau aux moteurs vivants qui poussait rapidement à travers la mer, la mer qu'il avait parcourue si lentement au cours de toutes ces heures »[38].
Dans la 2e partie (Cuba)
[modifier | modifier le code]Dès son retour à la maison Tom Hudson, qui a laissé sa vedette amarrée au port, raconte à Boise, son chat préféré, comment ils sont rentrés au port de La Havane : « J’aurais aimé que tu nous voies arriver à l’entrée du port, avec la mer qui brisait sur El Morro… On est entrés comme une foutue planche de surf sur une putain d’énorme vague qui brisait »[39].
Puis au matin Tom Hudson descend en ville, à La Havane, pour une bordée qui devrait lui faire tout oublier.
Et quand le lendemain matin tout l’équipage est appelé pour repartir en mission, Hudson juge que sa vedette peut reprendre immédiatement la mer dans la tempête qui les attend : « Les gars ne seront pas difficiles à trouver, et elle peut prendre encore une raclée avant qu’on la tire au sec. … On a des pièces de rechange pour presque tout. Une raclée de plus, est-ce que ça compte si on arrive au contact ? »[40].
Dans la 3e partie (At Sea)
[modifier | modifier le code]La vedette est l'objet des soins du capitaine, autant que chacun des hommes à problèmes de l'équipage :
- « Ils jetèrent l’ancre, et le bateau (il n'était pas assez gros pour pouvoir être appelé navire, sauf dans l’esprit de l’homme qui en était le maître) s’immobilisa, face au vent, avec les vagues qui brisaient blanches et vertes sur le récif. …L’homme sur le pont vérifia que le bateau avait du fond sous la quille, et qu’il était solidement ancré. Puis il examina le rivage, et coupa les moteurs ». Et avant de s’endormir (il a tenu la barre pendant 12 heures, vent debout) le patron demande à Antonio, le mate (second) : « Vérifie les moteurs, s’il te plait, et les niveaux des réservoirs. »[41] ;
- après une nuit de navigation, la vedette est en vue de l'île Confites, l'odeur du café monte jusque sur la passerelle, et Antonio dit à Hudson : « les moteurs vont bien, et elle n’a pas pris l’eau, pas plus que ce qu’on pouvait attendre dans cette mer croisée" »[42] ;
- la vedette (qui officiellement transporte une « expédition scientifique ») jette l’ancre entre Cayo Cruz et l’îlot Mégano, sur mauvais fond, avec un fort courant de marée et grand vent. Hudson ordonne à son mate de jeter une 2e ancre : « Il y avait beaucoup de vent, même ici, à l’abri de l’île, et il savait que quand la marée changerait, la vedette éviterait largement, sous la poussée du flux ». Puis, comme le second, à moitié pour plaisanter, jette une petite ancre supplémentaire à l’arrière, il lui crie : « Pourquoi n’en jettes-tu pas encore une paire ? On pourrait peut-être la faire passer pour une putain d’araignée ! »[43].
- avant de quitter Cayo Cruz, Antonio branche la pompe de cale. Hudson lui demande : « Elle a beaucoup pris l’eau, non ? — C’est juste un presse-étoupe. Je l’ai un peu resserré. Je préfère qu’elle prenne un peu l’eau, plutôt que de chauffer. »[44]
- après 50 jours de sécheresse et de vent du nord-est, un grain tropical est arrivé et des fuites sont apparues dans le pont desséché : « À la nuit, après que la pluie eut cessé, il avait vérifié toutes les fuites dues à cette longue sécheresse, fait disposer des casseroles sous les gouttières, et repéré d’un coup de crayon tout ce qui était une vraie voie d’eau, pas un goutte-à-goutte ; puis il avait établi le tour de garde... »[45]
- alors qu'il patrouille le long de la grève, Hudson ressent le bienfait de la marche après une longue navigation, et pense qu'il dormira bien ce soir, sur sa passerelle. Elle est à la fois sa chambre et son poste de commandement, et « nous nous connaissons depuis si longtemps, on pourrait être de vieux époux. […] Tu devrais quand même lui témoigner plus de considération. Et tout ce que tu fais pour elle, c’est te tenir debout sur elle et la piétiner. Est-ce là une belle façon de te conduire avec elle ? Et tout le thé froid que tu renverses sur elle… Ce n’est pas chic. »[46]. C’est sur sa passerelle que Hudson, après avoir reçu 3 balles de 9 mm dans l’aine, se sent glisser vers la mort.
Records
[modifier | modifier le code]Avec la Pilar, Hemingway remporte pendant 26 ans de nombreux records.
En 1935, il gagne tous les concours de pêche qui ont lieu dans le triangle Key West-La Havane-îles Bimini, et l'emporte sur des pêcheurs sportifs réputés (comme Michael Lerner et Kip Farrington). En 1938 il pêche 7 marlins en une seule journée[47]. Il est le 1er pêcheur à ramener à bord un thon géant sans qu'il soit mutilé par les requins (voir le chapitre supra « Expéditions à Bimini »).
Hemingway garde un compte minutieux de ses prises, et relève sur un log-book les noms des témoins et les circonstances de la prise (coordonnées géographiques, météo., courant, matériel etc.). Lors de la 1re saison de pêche de la Pilar, c'est un matelot du bord, Arnold Samuelson (alors apprenti écrivain) qui note ces données sous la dictée d'Hemingway. Par la suite, Samuelson tape ses relevés à la machine (ils sont exposés au John F. Kennedy Presidential Library and Museum[48].), puis il rédige un livre de souvenirs que sa fille publiera après la mort de son père[49].
Le « Concours Hemingway de Pêche au Gros » (Hemingway Fishing Tournament) a lieu à Cuba depuis 1950. Il dure 4 jours, et les concurrents s'attaquent au marlin, thon, wahoo et autres poissons de sport avec une ligne de résistance maximum 50 livres. Actuellement, seuls les spécimens de taille record sont gardés, les autres sont marqués et relâchés.
Hemingway a remporté son trophée lors des 3 premiers concours[50], et a remis lui-même le prix à Fidel Castro lorsque el líder máximo l'a remporté en , ce qui a fourni à l’assistance l’occasion d’acclamer los dos barbudos.
Ont été invités à bord de la Pilar
[modifier | modifier le code]- Archibald MacLeish, poète, écrivain, 3 fois prix Pulitzer
- Ava Gardner
- Bror von Blixen-Finecke, chasseur professionnel, ex-époux de Karen Blixen[51]
- Fidel Castro
- Henry Strater, artiste peintre
- Waldo Peirce, artiste peintre
- John Dos Passos
- Sara Murphy (du couple de richissimes mécènes Gerald et Sara Murphy),
- Michael et Helen Lerner, propriétaires d'une marque de prêt-à-porter féminin, fils et belle-fille du compositeur Alan Jay Lerner[52] et pêcheurs sportifs passionnés.
La Pilar est exposée à Finca Vigía
[modifier | modifier le code]La Pilar a été amarrée pendant longtemps dans l'anse de Cojímar ; elle était gardée par Gregorio Fuentes, une figure locale, et Hemingway était populaire parmi les pêcheurs : la résistance à l'alcool de ce macho était proverbiale, il payait à boire à la cantina, il avait rendu Cuba et ses pêcheurs célèbres et partageait avec eux l'amour de la mer…
Les aventures de ces hommes rudes et simples, qui partaient en haute mer pêcher à la ligne sur leurs canots, inspirèrent à Hemingway son récit The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer) .
Le succès de la nouvelle (en espagnol : El viejo y el mar), pour laquelle Hemingway reçut le Prix Pulitzer en 1952, remplit les Cubains de fierté, et le prix Nobel de littérature décerné à Hemingway en 1954 renforça encore la popularité du « yankee devenu cubain d’adoption ».
L’écrivain affirmait d’ailleurs que « le prix Nobel revenait en fait à Cuba » et dans son discours de remerciement il écrivit qu’« il était le premier sato cubano à recevoir cette importante récompense »[53].
Hemingway quitta Cuba en 1960. Il avait semble-t-il l'intention d'y revenir, étant en bons termes avec Fidel Castro, mais sa santé s'altérait ; le débarquement de la baie des Cochons survint en , et l’écrivain se donna la mort début .
Pour Ada Rosa Alfonso Rosales, directrice du Museo Ernest Hemingway, il est clair que si Hemingway a quitté Cuba où il se trouvait bien et où il était aimé (ses biens n'ont pas été touchés lors de la prise du pouvoir par les Barbudos de Castro), c'est que, affaibli par l'âge et la maladie[54], il a cédé aux pressions du gouvernement américain, et du FBI en particulier. Et elle ajoute : « Pour lui, il était évident qu'il reviendrait. Pas seulement pour les biens matériels qu'il y avait laissés, mais parce qu'il adorait Finca Vigía. C'était l'endroit où il écrivait, où il revenait chaque fois. Un endroit dont il était fier, avec ses 18 variétés de manguiers, proche de La Havane. Et proche aussi de Cojímar, où il embarquait sur son yacht Pilar. »[55].
Hemingway, en quittant Finca Vigía, a laissé la Pilar à la garde de Gregorio Fuentes[56]. Après la mort d'Ernest, sa veuve donna la Pilar à Gregorio Fuentes[57]. Gregorio est mort en 2002 (à l'âge de 104 ans), et la Pilar est maintenant propriété du peuple cubain. Elle est exposée à Finca Vigía, la propriété d'Hemingway transformée en Museo Ernest Hemingway[58].
Gregorio Fuentes a pu servir de modèle à Hemingway pour ses personnages : Santiago (le pêcheur dans Le Vieil Homme et la Mer), dans Îles à la dérive Eddie (le matelot-cuisinier-pêcheur truculent et imbibé mais très efficace du chapitre Bimini), et Antonio (le fidèle second-cuisinier du chapitre At Sea).
Une réplique grandeur nature de la Pilar se trouve au magasin Bass Pro Shops, à Islamorada (Floride)[59].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Paul Hendrickson, Hemingway's Boat, New York, Alfred A. Knopf, (ISBN 978-1-4000-4162-6)
- Pilar est le surnom espagnol (faisant allusion à Nuestra Señora del Pilar, vierge tutélaire de Saragosse) qui correspond à Paule ou Pauline. Pauline Pfeiffer, la 2de épouse d'Hemingway (de 1927 à 1940), signait Pilar les billets qu'elle lui envoyait avant son 1er divorce. Par ailleurs, Pilar est aussi le prénom de l’héroïne du best-seller d'Hemingway : For Whom the Bell Tolls (Pour qui sonne le glas).
- (en) « IGFA Hall of Fame Inductees »
- (en) « Ernest and Pilar ». Noter (voir http://www.explorekeywesthistory.com/Viva%20Weekly/Ernest%20and%20Pilar/Ernest%20and%20Pilar2.html), que la publicité du modèle (« Playmate » et « Galore » auront ultérieurement une connotation coquine) ne correspond pas au sérieux de la construction nautique (bois de teck visible sur les photos, lignes marines et solides), laquelle se traduira par une longévité exceptionnelle compte tenu de l'usage intensif du bateau, et de plus sous climat tropical
- Réservoir à vifs : pour garder des appâts vivants (« vifs ») en bon état, et conservant toutes leurs qualités attractives pour les grands poissons prédateurs, le réservoir à vifs doit respecter des spécifications précises : renouvellement et oxygénation de l'eau par pompe, volume d'eau respectant la règle « volume d'1 gallon pour chaque pouce de longueur des appâts », situation près du centre de gravité du bateau, afin qu'il ne soit pas trop agité etc. Voir livewell (en)
- La photo de la poupe de la Pilar visible sur http://www.hemingwaycuba.com/hemingway-fishing-tournament.html montre bien le rouleau. Il n'y avait pas de treuil, mais un palan à 4 brins, fixé au toit du rouf, qui permettait de lever la prise. Hemingway croyait à la valeur de l'effort musculaire — et à la solidité de son rouf : pour tirer hors de l'eau (afin qu'il ne soit pas attaqué par les requins) un poisson de 500 kg, il devait exercer au moins une traction de 500 ÷ 4 = 125 kg…
- 300 gallons = 1 140 l. Ce qui est plus que suffisant pour 6 personnes éventuellement embarquées pour une croisière d'une semaine, d’autant plus que la Pilar était toujours abondamment fournie en bière (et alcools), et que l'eau de fonte des glaçons pouvait aussi constituer un appoint
- http://www2.selu.edu/Academics/Faculty/ngerman/SaltWater_Sports_Heming.htm
- Selon http://www.explorekeywesthistory.com/Viva%20Weekly/Ernest%20and%20Pilar/Ernest%20and%20Pilar2.html . Quelques avisos de l’US Navy devaient à l’époque visiter sporadiquement Key West : voir sur cette image les uniformes des jeunes marins qui dansent sur le tableau de Waldo Peirce Le dancing de la Pantoufle d’Argent, dancing adjacent au fameux bar Sloppy Joe’s (« la Pateaugoire de Joe ») . C’est d’ailleurs Hemingway qui avait (selon la légende locale) trouvé le nom du bar : il lui rappelait un restaurant cubain où la fusion de la glace du banc de fruits de mer rendait le sol glissant…
- Hemingway prit ensuite l’habitude d’achever les requins d’une rafale de Thompson (voir comment il tient son pistolet mitrailleur, qu'il appelle « niño », « bébé », dans Îles à la dérive, sur http://www.biminisands.com/bahamas/island/hemingway.htm) avant de les hisser à bord. Sa haine des requins semble avoir des racines inconscientes plus profondes que celles de tout pêcheur frustré par un concurrent prédateur plus puissant que lui : voir dans Îles à la dérive (1re partie, intitulée Bimini) comment Hemingway décrit un énorme requin-marteau qui attaque les 3 enfants de Tom Hudson alors qu’ils font de la pêche sous-marine près du bateau
- (en) « Hemingway on Being Shot: Again ». Hemingway faisait allusion à sa 1re blessure, déjà aux membres inférieurs, en 1918 sur le front italo-autrichien
- (en) Paul Hendrickson, Hemingway's Boat, New York, Alfred A. Knopf, (ISBN 978-1-4000-4162-6). À propos de la « crise de folie meurtrière des requins » : le dialogue du film La Dame de Shanghai en fait une bonne description : « tout autour (du bateau), la mer n'était plus que requins, et encore des requins, il y en avait plus que d'eau. Le mien s'était détaché de l'hameçon, et l'odeur, ou un effluve, et le fait qu'il se saigne à mort, ça les a rendus complétement fous. Alors les bêtes se sont mises à se bouffer entre elles. Dans leur frénésie, elles se mordaient... » (voir Wikiquote, http://en.wikiquote.org/wiki/The_Lady_from_Shanghai). Les films de Cousteau ont aussi décrit ces scènes.
- Hemingway boxant sur un ponton avec un Bahaméen : voir http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/zgPxs1CmJk6WjUVC96GX8w.aspx
- (en) « Ernest Hemingway and Bimini Island »
- (en) « Bimini Museum »
- voir la note no 15 de l'article Îles à la dérive
- Sous le dictateur Fulgencio Batista, avant la prise du pouvoir par Fidel Castro en 1959, La Havane était connue comme un des exutoires voisins de États-Unis, une des capitales off shore du jeu, de la « dépravation » et du crime organisé
- selon WP en, Hemingway quittera Cuba en 1941 (pour accompagner Martha Gellhorn en reportage en Chine pendant le seconde guerre sino-japonaise — de juin à décembre 1944, pour couvrir la fin de la guerre en Europe — en 48 pour un voyage en Europe avec sa 4e épouse Mary Welsh (ils séjourneront plusieurs mois à Venise — en 54 pour son 2e (catastrophique) voyage en Afrique de l'Est — en octobre 56 pour un nouveau séjour en Europe — en 1959 pour travailler en Espagne sur la tauromachie, comme envoyé de Life Magazine
- Hotel Ambos Mundos : où sa chambre a été aménagée en musée. Selon les articles Hotel Ambos Mundos de WP en et de WP es, et le reportage TV de Michael Palin (voir notes no 34 et 44)
- Cojímar : les articles de WP en et WP es Cojímar parlent de l'énorme grand requin blanc de 6,4 m de long, pesant 3,2 tonnes, capturé par des pêcheurs locaux près de Cojímar en juin 1945 (voir la photo prise par un journaliste du Monde en vacances à Cuba sur http://www.jawshark.com/great_white_recorded_sizes.html). Hemingway a certainement vu « el monstruo de Cojímar », qui a peut-être inspiré sa description du grand requin attaquant les fils de Tom Hudson dans Islands in the Stream (Îles à la dérive, 1re partie : Bimini).
- Voir dans l'article USS Wimbee de WP en : « Samuel Eliot Morison a donné le nom de Hooligan Navy a un assemblage disparate de voiliers et de bateaux de plaisance créé par la Navy pour combattre la menace sous-marine allemande en attendant que la puissance de la flotte anti-sous-marins américaine soit effective. » (Samuel Eliot Morison has called the Hooligan Navy, a motley assortment of sailing ships and pleasure craft assembled by the Navy to combat the U-boat menace before America's huge antisubmarine warship production program hit full gear).
- Chez les Anglo-saxons, en temps de guerre, la participation de yachts comme unités d’appoint (voir Zaca) ou comme volontaires est courante : Rudyard Kipling a dépeint dans sa nouvelle Sea Constables, a tale of ‘17, des capitaines-propriétaires de yachts qui en 1917 chassent les sous-marins allemands — et leurs ravitailleurs. L’un d’eux raconte comment il a volontairement laissé mourir, faute de soins, le capitaine (atteint d’une pneumonie) d’un bateau « neutre » qui avait rendez-vous avec un U-Boot. Par ailleurs, fin mai 1940, des centaines de yachts anglais sont allés chercher les survivants du corps expéditionnaire britannique lors de la bataille de Dunkerque
- Les Allemands avaient même tourné un film U-Boote westwärts ! (1941), dans lequel figurait l'amiral Dönitz, pour exalter les succès de leurs sous-marins (voir les articles de WP en et de WP de U-Boote westwärts !)
- U-Boote dans le golfe du Mexique : « Mais des sous-marins nazis avaient débarqué des espions sur les rivages de la Floride, et bien que personne à Washington ne veuille l'admettre, tout le monde à Thornton ne parlait que de U-boats sillonnant le golfe du Mexique » (« But Nazi submarines had landed spies on the Florida shore, and although nobody in Washington would admit it, folks in Thornton heard endless stories about the U-boats cruising the Gulf of Mexico », in Divine Secrets of the Ya-Ya Sisterhood, de Rebecca Wells, Pan Books, p. 217 (cf Les Divins Secrets)
- Voir les archives déclassifiées du FBI : http://vault.fbi.gov/ernest-miller-hemingway/ernest-miller-hemingway-part-01-of-01/view
- Spruille Braden était en fait le proconsul des États-Unis, tout-puissant dans le client-state des États-Unis qu'est Cuba de 1902 à 1959 (voir dans WP en l'article Cuba 1902-1959)
- Gustavo Durán : voir les articles de WP en et WP es sur lui. WP es le définit clairement comme un espion, lié à Hemingway, qui le fit venir à Cuba. Voir aussi these two
- D'après les archives du FBI, les G men de Edgar Hoover avaient, en 1940 à Détroit, arrêté en application du Neutrality Act des individus qui organisaient le recrutement de volontaires pour les forces républicaines espagnoles.
- In extenso dans les archives déclassifiées du FBI : http://vault.fbi.gov/ernest-miller-hemingway/ernest-miller-hemingway-part-01-of-01/view : « I of course realise the complete indesirability of this sort of a connection or relationship. Certainly Hemingway is the last man, in my estimation, to be used in any such capacity. His judgment is not of the best, and if his sobriety is the same as it was some years ago, that is certainly questionable. »
- Dans Îles à la dérive, chapitre Cuba, Tom Hudson, alors qu'il traverse les quartiers périphériques en Cadillac, est attristé par la pauvreté du peuple. Ensuite, accoudé au bar de La Floridita, il boit les double-daiquiris (sans sucre) à la suite et parle sans retenue des affaires locales avec les autres clients : on sait bien que jamais l'adduction d'eau potable ne sera construite, car c'est le grand projet inusable qui permet de drainer les crédits au fil des régimes successifs…
- La présence de sous-marins allemands à l’affût dans les eaux côtières américaines faisait depuis longtemps partie des craintes présentes dans l'esprit de cette génération : déjà à l'automne 1916 un U-Boot allemand (l’U-53) était venu chasser les navires britanniques à proximité des côtes nord-américaines — et après l’entrée en guerre des États-Unis, en juin 1918, l’U-151 embusqué dans les eaux territoriales détruisit plusieurs bateaux américains. En 1942, la bataille de l'Atlantique se déroule, en principe loin des côtes. Mais Woody Allen dans son film Radio Days se souvient de 2 enfants qui pendant la Seconde Guerre mondiale jouent sur la plage de Staten Island et voient un sous-marin allemand apparaissant brièvement en surface et plongeant immédiatement, à quelques encablures de New York
- Dans Îles à la dérive, chapitre At Sea, le bateau de Tom Hudson, doté de 2 mitrailleuses calibre .50 dissimulées, se fait passer pour un bateau destiné à la recherche scientifique, ce qui provoque souvent les plaisanteries de l'équipage. Il est cependant peu probable que la Pilar ait été armée de 2 mitrailleuses calibre .50
- Il est décrit, sous le nom de « Peters », dans Îles à la dérive. Peters parle allemand (ce qui lui permet de comprendre les messages radio), aurait tendance à sympathiser avec les Allemands, et est paradoxalement tué par eux au combat
- Hemingway, qui a écrit qu'il aimait les habitants du Nord de la péninsule ibérique, qui a séjourné plusieurs fois à Pampelune et qui a habité une maison du village d'Auritz-Burguete en Navarre, assistait souvent au jeu de pelote basque à Cuba. Dans Pour qui sonne le glas (début du chapitre 26), Hemingway fait dire in petto à son héros Robert Jordan : « you like the people of Navarra better than those of any other part of Spain. Yes. » (« tu aimes les gens de la Navarre plus que ceux de n'importe quelle partie de l'Espagne. Oui. »)
- Apparemment Hemingway cherchait à reprendre sa guerre (interrompue par sa blessure par éclats d'obus en 1918) contre les puissances de l’Axe… En 1944-45, en France, Hemingway est notoirement sorti de ses fonctions de civil correspondant de guerre : il assura plus tard avoir « descendu » bon nombre d’ennemis…
- (en) « Cuba »
- (en) « The Hemingway Patrols: The Old Man and the U-Boats »
- « The sun had gone down and the boat was driving through the calm sea, the boat alive with the engines, pushing fast through the same water they had moved so slowly through for all those hours ».(At Sea, fin du paragraphe 10)
- « I wish you could have seen us come into the mouth of the harbour with the see breaking over the morro… …We came in in a bloody, huge, breaking sea like a damn surf board » ( Cuba, début du chapitre)
- « the boys won’t be hard to find and she can take another beating before we haul her out... … There are spares for nearly everything. What’s one more beating if we get to close ? » (Cuba, fin du chapitre)
- « They anchored, and the boat, not big enough to be called a ship except in the mind of the man who was her master, lay with her bow into the wind with the waves breaking white and green on the reef. The man on the bridge watched that she swung well and held solidly. Then he looked ashore and cut his motors » (At Sea, début du 1er paragraphe)
- « the engines are good and she didn’t make anymore water than you would expect in the cross sea. » (At Sea, fin du paragraphe 4)
- « There was much wind even in this lee and he knew when the tide changed she would swing broadside to the swell... ...Why don’t you put out a couple more ? he called. Then maybe we could sell her for a goddam spider » (At Sea, début du paragraphe 7)
- « Why did she make that much water ? — Just a stuffing box. I tightened it a little. But I’d rather she made a little water than run hot. » (At Sea, début du paragraphe 9)
- « That night, after the rain had stopped and he had checked all leaks from the long dry spell, and seen that pans were put under them, and the point of actual leakage, not the drip, was penciled, the watches were set… » (At Sea, début du paragraphe 11)
- « We have been around together long enough to get married. […] You ought to do right by her. And all you do is step on her and stand on her. What sort of a way is that to act ? And spill cold tea on her, too. That's not nice » (At Sea, milieu du paragraphe 10)
- (en) « Rehabilitating Hemingway ». Il faut remettre cet « exploit » dans le contexte culturel de l'époque : la prise de conscience écologique n'avait pas encore eu lieu. Cependant dans son livre Green Hills of Africa (Les Vertes Collines d'Afrique, 1934) Hemingway donne plusieurs exemples d'abus caractérisés du pouvoir du chasseur bien équipé sur la faune locale ; de nos jours un chasseur ne les commettrait pas — ou s'abstiendrait de les relater dans un livre.
- (en) « Hemingway Collection Highlisghts »
- (en) « With Hemmingway »
- (en) « Hemingway Fishing Tournament »
- voir les Hemingway et les von Blixen en 1935 à Bimini (Bahamas) : http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/iAZOVRxV00aMyNYxpksPXw.aspx
- voir http://biminimuseum.com/sport_fishing.html
- Selon l'article de WP en « Ernest Hemingway » : « Antes de recibir el premio, Hemingway repitió varias veces que "el premio pertenecía a Cuba" (Páporov, 1993, p. 279) y después de recibir el Nobel dijo que era el primer "sato cubano" que recibía este importante premio » (Páporov, 1993, p. 285 : « "Sato" se utiliza al referirse al perro callejero más insignificante. Se utiliza respecto al hombre ignorante, no educado" ». Sato est en argot cubain l'équivalent de « clébard », et désigne aussi un homme du peuple illettré. Le livre de Páporov : Páporov, Yuri Hemingway en Cuba, ed. Siglo XXI, México (ISBN 968-23-1848-3) (voir https://books.google.com.mx/books?id=Wdg4Z5hSthcC&pg=PA277&dq=Hemingway+cubano+nobel&cd=2#v=onepage&q=Hemingway%20cubano%20nobel&f=false
- Sur les maladies de Hemingway à la fin de vie, de nombreuses hypothèses ont été avancées : la cirrhose (évidemment d'origine ethylique, mais peut-être aggravée par une hémochromatose familiale) ; l’athérosclérose et l'hypertension artérielle ; la dépression (peut-être aggravée par le traitement aux réserpiniques de son hypertension artérielle, et qui a entraîné des séances de sismothérapie à la Mayo Clinic) ; un début de maladie d'Alzheimer, qui l'empêchait d'écrire, ce qui aggravait sa dépression ; un diabète… On a aussi invoqué un hématome sous-méningé (après les 2 accidents d'avion en 1954 en Afrique), une encéphalopathie avec détérioration neuro-intellectuelle (classique après une longue utilisation des alcools distillés) et une intoxication cumulative aux métaux lourds (plomb, mercure, arsenic…) : Hemingway gardait dans sa chair des éclats d'obus depuis 1918, tirait beaucoup aux armes à feu, vivait entouré de ses trophées naturalisés, et mangeait beaucoup de thon et de marlin. Enfin les coups de poing au visage encaissés par Hemingway pendant ses combats de boxe et ses séances d'entraînement (et ses bagarres) ainsi que le recul des armes à feu qu'il a utilisées depuis l'âge de 10 ans, ont pu induire dans son cerveau, par l'effet cumulatif des concussions cérébrales, une forme de dementia pugilistica…
- « Él siempre tuvo claro regresar. No se trata solo de los bienes materiales que dejaba. Hemingway amaba Finca Vigía, era su lugar para escribir y al que invariablemente volvía. Era el lugar del cual se envanecía, que tenía 18 variedades de mangos, y que estaba cercano de La Habana y de Cojímar, a donde iba a navegar en su yate « Pilar ». » Ada Rosa Alfonso Rosales, dans le journal cubain Juventud Rebelde du 1er août 2009 : voir http://www.juventudrebelde.cu/cultura/2009-08-02/hemingway-fue-obligado-a-salir-de-cuba/
- (en) « Hemingway Adventure ». L’acteur britannique Michael Palin a réalisé un reportage TV sur Hemingway (voir l’article de WP en, Michael Palin's Hemingway Adventure), dans lequel il décrit extensivement sa visite de la propriété Finca Vigía, où Hemingway vécut pendant 20 ans
- Voir l'article "Gregorio Fuentes" dans WP en et dans Wp es. En fait, Mary Welsh avait eu l'intention de faire « remorquer au large et couler » la Pilar : elle écrit en août 1961, à propos de Finca Vigía : « we cannot haul this place out to sea and sink it, as I hope to do with the Pilar » (voir https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=wa5yC5CMCGYC&oi=fnd&pg=PR9&dq=haemochromatosis+hemingway+beegel&ots=jX89PwOREi&sig=_L8fB5n1J4UH0pR-PL-t4-03lFo&redir_esc=y#v=onepage&q=haemochromatosis%20hemingway%20beegel&f=false, p. 10 du livre de Rose Mary Burwell)
- Voir l’article « Finca Vigía » dans Wp ‘’en’’ et dans Wp català
- (en) « Hemingway's boat, the Pilar, in the middle of a Bass Pro Outlet »
Sources
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pilar (Ernest Hemingway's boat) » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Paul Hendrickson, Hemingway's Boat: Everything He Loved in Life, and Lost, 1934-1961, Knopf, 2011, 544p. (ISBN 978-1400041626)
Annexe
[modifier | modifier le code]- Ernest Hemingway
- Jack Hemingway , devenu un pécheur de renom
- Henry Strater
- Waldo Peirce
- Spruille Braden
- Îles à la dérive