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Palo Mayombe

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Palo Monte
Description de cette image, également commentée ci-après
Autel d'un palero

Pays Cuba
Langue(s) Espagnol
Langue liturgique La Lengua (pidgin à base lexicale kikongo)

Le Palo Monte ou Palo Mayombe, plus simplement appelé Palo, est une religion syncrétique afro-américaine pratiquée à Cuba, proche de la Santeria, du Vaudou, du Candomblé, de l'Obeah et du Quimbois. Il s'agit de pratiques syncrétiques qui, derrière un vocabulaire dérivé du kikongo, croise des éléments d'origine amérindienne (taíno), ouest-africaine (arada, yoruba), bantoues et européenne.

Présentation

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Le Palo est une tradition en provenance du bassin du Congo amenée à Cuba par les esclaves dès le début du XVIe siècle. La pratique s'articule autour d'un thème central, la « nganga » (esprit et puissance), construit selon un rite et un thème très précis, que manipule le prêtre « el Tata » (le Père) pour invoquer les morts en conjonction avec les forces de la nature et les esprits décédés (guides spirituels).

La religion est initiatique et secrète, le disciple, le Palero, reçoit son enseignement d'un maître qui lui révèle les secrets des forces naturelles, les codes, langage et cérémonies rituelles à très fortes consonances bantoues. Le palero est à la fois un guérisseur, devin, et prêtre avec une fonction sacerdotale et sociale bien ancrée dans la culture afro-cubaine.

À l'inverse de la santería qui est d'origine Yoruba, le palo est d'abord construit sur une matrice d'origine Kongo. Il fonctionne par la manipulation de 2 forces, la Lumière (Nsambi) et les Ténèbres (Ndoki), pour leur application dans un but particulier. La cosmologie du palo est reliée à l'histoire des ramas, les branches du palo qui furent implantées par les différentes tribus, chacune ayant sa singularité linguistique et rituelle.

Dans son travail, le palero se réfère et utilise constamment par le biais de la langue rituelle, aux lieux naturels, animaux, arbres, plantes et esprits pour "actionner" le travail magique. Toute chose visible ou invisible, qu'elle soit positive ou négative, est pour le Palo imbue de puissance et d'intelligence, et peut être invoquée.

Il y a plusieurs étapes dans l'initiation, appelée rayamiento qui est un marquage corporel rituel et une "mise en éveil" ou s'effectue un pacte entre l'adepte, son propre guide spirituel, son maître appelé padrino (parrain) et l'esprit du Nganga (appelé aussi caldero, gando, fundamento, kindembo, prenda...). Chaque Nganga est reconnu comme un objet sacré et vivant, représentant les puissantes forces de la nature, et est honoré par des chants, sacrifices, danses et tambours permettant aux esprits de se manifester par l'entrée en transe des prêtres.

Le palo est ouvert aux hommes et femmes hétérosexuels seulement (à l'inverse de la santeria qui initie les homosexuels), bien que les femmes soient restreintes dans leur usage du nganga. La religion bantoue est présente à Cuba, Haïti et au Brésil.

L'initiation des paleros et paleras nécessite plusieurs étapes[1] :

  • l'initation au nkisi Lucero
  • l'initiation à la nganga
  • l'initiation Mbele
  • l'initiation bakunfula
  • l'initiation en tant que Tata Nkisi, processus final dans la formation du futur palero
Exemple de nganga utilisée dans le palo monte (musée de Guanabacoa, La Havane)

La nganga est l'outil fondamental de tout praticien initié au palo monte. Il s'agit d'un objet-fort, matérialisant une divinité (le nkisi), et qui abrite l'âme d'un défunt (le nfumbi). La nganga est donc un objet totalement personnalisé, avec un caractère propre, lié au nfumbi, et un pouvoir occulte (guérison, attaques magiques, divination, etc...) lié à l'esprit nkisi.

La nganga peut répondre de nombreuses appellations : casuela (« marmite »), caldero (« chaudron ») ou prenda (« la chère »)[2].

La nganga, chaudron de fer qui condense la présence d’un mort, est l’objet focal de la pratique du culte afro-cubain du palo monte. Source unique de pouvoir et de savoir pour les adeptes (paleros), il n’est pas un aspect du culte qui ne requiert sa présence ou sa médiation (rites, opérations magiques, consultations). Élément structurant de la pratique religieuse, la nganga se présente aussi comme un objet-frontière : marque de fabrique des paleros, elle est le symbole du culte et de ses prêtres pour le reste de la société. Ces raisons font que le chaudron des paleros est irremplaçable en tant que catégorie d’objet. Mais chacune des ngangas est pour son possesseur un être singulier et irremplaçable. (Katerina Kerestetzi, 2012)[3]

Les adeptes du palo monte croient en des divinités ancestrales appelées collectivement « Mpungu », et individuellement « Nkisi ». Ces esprits sont considérés comme les premiers ancêtres africains des descendants d'esclaves de Cuba[1]. Bien que le palo soit initialement une religion basées sur les pratiques magico-religieuses kongo, les divinités ancestrales vénérées par les paleros sont néanmoins fortement influencées par les òrìṣà yoruba, au même titre que la santería ou que le vodou haïtien.

Divinités du palo monte, de la santería et de la religion traditionnelle Yoruba[1]
Cuba Afrique Description
Nkisi / Mpungu (palo monte) Orishás (santería) Òrìṣà (société Yoruba)
Lucero Eleguá Eṣu Elegba divinité des carrefours, messager entre le monde matériel et le monde invisible
Tiempo Viejo Orulá Orunmila divinité de la destinée et de la divination
Siete Rayos Changó Ṣango divinité de la foudre et du feu
Zarabanda Ogún Ogun divinité du métal et de la guerre
Calunga, ou Madre de Agua Yemayá Yemọja divinité des mers et des eaux
Mama Sholan Ochún Oṣun divinité des eaux vives, de l'amour, de la fertilité et protectrice du marriage
Centella Ndoki Oyá Ọya divinité du vent, gardienne des cimetières
Kobayende Shakpana divinité de la terre et des maladies
Gurunfinda Osaín Osanyin divinité des végétaux et de la médecine
Les cauris sont largement utilisés en Afrique subsaharienne, aussi bien comme objet artistique, comme monnaie, et comme outil de diviniation

Outre l'influence des òrìṣà yorubas, le palo partage également avec la santería un système de diviniation d'origine yoruba : le diloggún[4]. Ce système utilise seize cauris (ou bris de poterie) et permet d'identifier seize configurations (nombre de cauris dont l'ouverture est visible)[5] :

  1. Okana
  2. Eji Oko
  3. Ogundá
  4. Irosun
  5. Oché
  6. Obara
  7. Odí
  8. Eji Ogbe
  9. Osá
  10. Ofún
  11. Owani
  12. Ejila Shebora
  13. Metanla
  14. Merinla
  15. Marunla
  16. Merindilogún

Bibliographie

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  • Lydia Cabrera, El Monte, La Havane, Editorial Letras Cubanas, 1993
  • Lydia Cabrera, Palo Monte Mayombe: Las Reglas de Congo
  • Lydia Cabrera, La Regla Kimbisa del Santo Cristo del Buen Viaje
  • Jesús Fuentes Guerra et Armin Schwegler, Lengua y ritos del Palo Monte Mayombe, 2005
  • Jeff Lindsay, Dexter in the Dark, 2007
  • Nicholaj De Mattos Frisvold, Palo Mayombe, The Garden of Blood & Bones, 2010
  • Alain Lecomte. Raoul Lehuard. Bertil Söderberg. Bakongo. Les sifflets. Edition Alain Lecomte. Paris 2013.
  • Katerina Kerestetzi, Vivre avec les morts à Cuba. Réinvention et transmission religieuse dans le Palo Monte, Karthala, 2016

Filmographie

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Notes et références

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  1. a b et c (en) CARLOS ANTONIO DE BOURBON-GALDIANO-MONTENEGRO, PALO MAYOMBE SPIRITS - RITUALS - SPELLS PALO MAYOMBE - PALO MONTE - KIMBISA, Lulu.com, (ISBN 978-1-105-75390-9, lire en ligne)
  2. Katerina Kerestetzi, « Fabriquer une nganga, engendrer un dieu (Cuba) », Images Re-vues. Histoire, anthropologie et théorie de l'art, no 8,‎ (ISSN 1778-3801, DOI 10.4000/imagesrevues.478, lire en ligne, consulté le )
  3. Katerina Kerestetzi, « Un mort pour son chaudron », Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, no 58,‎ , p. 48–65 (ISSN 0248-6016, DOI 10.4000/tc.6386, lire en ligne, consulté le )
  4. Katerina Kerestetzi et Gregory Fornal, Les Morts du Palo Monte, Paris, , 56min (lire en ligne)
  5. (en) Ócha'ni Lele, The Diloggún: The Orishas, Proverbs, Sacrifices, and Prohibitions of Cuban Santería, Inner Traditions/Bear, (ISBN 978-1-59477-862-9, lire en ligne)