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Orange Valencia

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Citrus sinensis, cv ‘Valencia’

L'Orange Valencia est le groupe variétal des oranges communes le plus répandu. Il est probablement issu d'un plant nucellaire de la variété 'Selecta' trouvé au Portugal au XIXe siècle. Elle est l'orange la plus produite au monde (2022), les fruits sont utilisés pour la consommation fraîche et pour la transformation en jus concentré congelé ou non.

Le génome de Valencia a été le premier génome d'orange entièrement séquencé (2012) ce qui a permis de montrer que l'oranger est un hybride interspécifique entre un pamplemoussier (femelle) croisée avec une mandarine (mâle) à nouveau croisé avec une mandarine (mâle) pour donner une orange douce[1].

Citrus sinensis ‘Valencia’ sud africaine

Au début du XIXe siècle Valence est déjà réputée pour ses denses cultures d'oranger («il n'y a à Valence que des oranges, ni à Biscaye que des châtaignes»)[2]. La méthode de reproduction est décrit en 1809: boutures et semis[3], ce qui peut expliquer leur diversité vérifiée par la génomique (très fortement hétérozygote[4]). L'orange de Valence décrite en 1853 par José Oriol Ronquillo est une orange à jus qui est largement exportée à cause de sa précocité[5], de même pour 'Valencia oranges' hâtives d'une belle couleur en 1858[6]. En avril 1887 Le Messager du Midi mentionne un train «d'oranges de Valencia» arrivé à Portbou couvert de neige[7].

Dans les années 1920, les États-Unis deviennent les premiers producteurs mondiaux d'oranges[8] en premier lieu Valencia qui a montré des aptitudes agronomiques excellentes[9], 'Valentia Late' s'adapte à toute la Californie[10]. On lit en 1915 «Les étés frais permettent de tenir les oranges Valencia sur les arbres jusqu'en octobre et novembre suivants, lorsque des prix sont les très élevés»[11].

Au Brésil ou les portugais on introduit l'orange douce au XVIe siècle[12], en 1922, l'orange Valencia est mentionnée comme une orange d'été[13]. Elle occupe la 3eme place des oranges douces dans l'agriculture brésilienne derrière 'Pêra' et 'Lima' (34% de la production mondiale en 2022) à cause de son adaptabilité et elle est la seule tardive récoltée de septembre à janvier[14].

Description

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Production de jus d'orange en Israël (1978)

Les oranges douces (taux d'acidité 0,9 à 1 %) sont classées en 4 groupes: les communes ou blondes, les navels, les sanguines et les sans acidité. S. Seminara et al. donnent une origine probable « un plant nucellaire de la variété 'Selecta' et trouvé au Portugal au XIXe siècle » et attribuent son succès à son adaptabilité «climatique, à sa productivité élevée et la bonne conservation des fruits qui sont généralement sans pépins»[4].

Une excellente orange à jus

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Les expérimentations de Gordon Willimott (1927) sur les vitamines dans l'orange Valencia et dans la navel aboutissent aux conclusions suivantes: «Ce résultat, s'il est confirmé, revêt une importance évidente en médecine clinique [ ]. En ajoutant quotidiennement du jus d'orange California Valencia à l'alimentation des enfants en croissance, Chaney et Blunt [1925] ont observé une rétention accrue de calcium, une rétention plus marquée de phosphore, une rétention plus faible de magnésium et un bilan azoté positif. Il semble possible que la nature alcaline des cendres du jus d'orange ait une influence importante sur la cause de la rétention marquée des minéraux formant les os»[15]. A partir de là l'expansion séculaire du jus d'orange au petit déjeuner est stimulée.

Les 'Valencia' ont un rendement en jus de 40%[16], en plus des vitamines le jus brésilien de 'Valencia' a une teneur moyenne en caroténoïdes de 12 ± 6,7 mg/l (dont violaxanthine, lutéine, zéaxanthine, β-cryptoxanthine, ζ-carotène, α-carotène et β-carotène) qui ont une activité provitaminique A, stimulent le système immunitaire, préviennent les maladies cardiovasculaires et protègent contre la dégénérescence maculaire[17]. En 2022, une comparaison des méthodes d'extraction du jus de diverses oranges recommande en priorité la 'Valencia'[18].

Origine de l'orange douce. Qiang Xu, et al. (2012) à partir su séquençage du génome de 'Valencia'[19]

En 2008, M.P. Lyon montre que l'orange 'Valencia' a connu des réarrangements chromosomiques par rapport aux oranges douces à graines. D'après Qiang Xu et al. (2012) l'apparition de l'orange douce se serait produit il y a 2300 ans au moins, une source chinoise l'attesterait en 314 av. J.-C. (selon Lun Wang et al. - 2021 - la première mention de l'orange dans un poème chinois Shanglin Fu de Ssu-ma Hsiang-ju daterait approximativement d'entre 179 et 117 av. J.-C.[20]). La reproduction asexuée (apomixie par embryon nucellaire ou greffage) expliquerait que les oranges douces actuelles sont très proches de l'espèce d'origine: «la plupart des cultivars d'oranger doux sont génétiquement un seul biotype hautement hétérozygotes, la diversification se produisant principalement par des mutations somatiques» isolées par les horticulteurs[19].

Les cultivars

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Les clones tardifs ('Valencia Late') 'Olinda', 'Campbell', 'Barberina', 'Delta', 'Midknight'[21], 'Orie Lee Late' (Floride) sont les plus cultivés. Les mutants 'Rhode Red' pigmenté[21] et 'Ruby Valencia' ou 'Valência Puka' riche en lycopène entre 0,5 et 3 mg/l de jus pour cette dernière[22], donnent des jus colorés[23]. Parmi les Valencia précoces 'EV1', 'EV2' et 'Valquarius' sont cultivées en Floride.

La collection de UC Riverside compte 26 cultivars d'orange Valencia[24].

  • 'Olinda' est un cultivar largement planté utilisé en Californie. Il s'agit d'un semis de la ferme McEwen maturité à partir de février[25] (1939 ),
  • 'Campbell nucellaire' autre cultivar productif populaire californien isolé dans le verger Early Campbell près de Santa Ana (1942)[26],
  • 'Valencia late', est un groupe de cultivars tardif, elle avait été nommée 'Rivers Late' par AB Chapman (San Gabriel, CA) son premier introducteur en Californie[27].

À la suite de la visite d'un Espagnol qui affirma qu'il s'agissait de Naranja tarde de Valencia le nom fut changé pour 'Valencia Late'[28]. Au Brésil, premier producteur mondial, la biodiversité des Valencia cultivées est impressionnante, elles sont numérotées, y compris les Valencia Late[29], les IAC sont en général tardives: 'IAC 161 Valência Late', 'IAC 476 Valência Taquari', 'IAC 489 Valência FM'[30], Valencia IAC générique (Instituto Agronômico) est une tardive[31]. Les Valencia sont le premier cultivar planté au Brésil, avec ensuite Washington Navel, Hamlin et Parson Brown[32].

MidKnight Orange Valencia

En Afrique du Sud 'Midknight Valencia orange' est une mutation rencontrée en 1927 dans un vieux verger à Addo, avec un gros fruit de 7 à 8,5 cm[33], précoce et spécialement riche en vitamine C[34]. 'Turkey Valencia' trouvée à Mersin en 1987 a été développée en Australie et en Afrique du Sud où elle est la plus précoce[35].

Les 'Valencia' sont nommées 'Maroc Late' au Maroc et 'Jaffa Late' en Israël[36]. En Grèce, Valencia Oval Porou contient des niveaux élevés de saccharose[37].

Huile essentielle

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CAS Numéro: 97766-30-8
ECHA EC Numéro: 307-891-8

[38]. Les principaux composants de l'HE du zeste sont le limonène (70,3 à 71,5 %), le myrcène (5,2 à 7,1 %) et le γ-terpinène. L'α-sinensal - qu'on trouve chez les mandarines - y est présent comme chez diverses oranges douces[39]. L'acide benzoïque est présent et participe aux propriétés médicinales.

Cette HE est principalement extraite des déchets de pressage du jus et relativement abondante, elle est utilisée pour la production du nootkatone qui est un sesquiterpenoide important chez les aromaticiens[40].

Miscellanées

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Joaquín Sorolla. Entre naranjos (1903)
  • Pau. Le Patriote des Pyrénées, Coup de tabac. 11-12 mai 1924[41].

« Nous voguions à pleines voiles,

A bord du Valencia-Deux,

Au ciel pâlissait l’étoile :

La nuit s’enfuyait des cieux.

La brise était fraîche et folle,

Les matelots sur le pont,

Chantaient les refrains frivoles

Du doux pays d’Aragon.

Tout à coup gronda l'orage,.

En furie les Aquilons

Emportèrent au passage

Le bout du mât d’artumon.

La brise redevint tendre

Après ce coup de tabac

Le lendemain, à Port-Vendre

Tout joyeux on débarqua.

Les oranges de Valencia. »

Notes et références

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  1. (en) Qiang Xu, Ling-Ling Chen, Xiaoan Ruan et Dijun Chen, « The draft genome of sweet orange (Citrus sinensis) », Nature Genetics, vol. 45, no 1,‎ , p. 59–66 (ISSN 1546-1718, DOI 10.1038/ng.2472, lire en ligne, consulté le )
  2. (es) Biblioteca española económico-política, 2, Imprenta de Sancha, (lire en ligne), p. CXVII
  3. (en) The Critical Review, Or, Annals of Literature, W. Simpkin and R. Marshall, (lire en ligne), p. 59
  4. a et b (en) Sebastiano Seminara, Stefania Bennici, Mario Di Guardo et Marco Caruso, « Sweet Orange: Evolution, Characterization, Varieties, and Breeding Perspectives », Agriculture, vol. 13, no 2,‎ , p. 264 (ISSN 2077-0472, DOI 10.3390/agriculture13020264, lire en ligne, consulté le )
  5. (es) D. José Oriol RONQUILLO, Diccionario de materia mercantil, industrial y agrícola, que contiene la indicación, la descripción y los usos de todas las mercancías, Imp. Agustín Gaspar, (lire en ligne), p. 75
  6. (en) Isaac Smith Homans et J. Smith Homans, A Cyclopedia of Commerce and Commercial Navigation, Harper & Brothers, (lire en ligne), p. 1477
  7. « Le Messager du Midi : journal du soir », sur Gallica, (consulté le )
  8. « L'Afrique du Nord agricole », sur Gallica, (consulté le )
  9. Berkeley Internet Archive, University of California publications in agricultural sciences, Berkeley, University of California Press; [London] [Cambridge University Press], (lire en ligne), p. 321
  10. Albert H. University of California Libraries et Queensland. Intelligence and Tourist Bureau, Fruits of Queensland .., Brisbane, A.J. Cumming, government printer, (lire en ligne), p. 69
  11. J.e. Coit Eliot, Citrus Fruits, (lire en ligne), p. 29 (49)
  12. (en-US) « Orange », sur Frutas do Brasil (consulté le )
  13. (pt-BR) Chácaras e quintaes, Editôra Chácaras e quintais., (lire en ligne), p. 132
  14. Mission algérienne agricole et commerciale aux Etats-Unis (1932), Rapport technique sur les cultures fruitières [Mission en Californie], V. Heintz, (lire en ligne)
  15. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1252090/pdf/biochemj01140-0092.pdf
  16. https://agritrop.cirad.fr/457745/1/document_457745.pdf
  17. J. J. T. Gama et C. M. Sylos, « Major carotenoid composition of Brazilian Valencia orange juice: Identification and quantification by HPLC », Food Research International, third International Congress on Pigments in Food, vol. 38, no 8,‎ , p. 899–903 (ISSN 0963-9969, DOI 10.1016/j.foodres.2005.03.008, lire en ligne, consulté le )
  18. https://chimie-biologie.ubm.ro/carpathian_journal/Papers_14(4)/CJFST14(4)5.pdf
  19. a et b (en) Qiang Xu, Ling-Ling Chen, Xiaoan Ruan et Dijun Chen, « The draft genome of sweet orange (Citrus sinensis) », Nature Genetics, vol. 45, no 1,‎ , p. 59–66 (ISSN 1546-1718, DOI 10.1038/ng.2472, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Lun Wang, Yue Huang, ZiAng Liu et Jiaxian He, « Somatic variations led to the selection of acidic and acidless orange cultivars », Nature Plants, vol. 7, no 7,‎ , p. 954–965 (ISSN 2055-0278, DOI 10.1038/s41477-021-00941-x, lire en ligne, consulté le )
  21. a et b (en) Aurea Hervalejo, Juan M. Arjona-López, José L. Ordóñez-Díaz et Estefanía Romero-Rodríguez, « Influence of Harvesting Season on Morphological and Sensory Quality, Bioactive Compounds and Antioxidant Activity of Three Late-Season Orange Cultivars ‘Barberina’, ‘Valencia Midknight’ and ‘Valencia Delta Seedless’ », Agronomy, vol. 11, no 4,‎ , p. 673 (ISSN 2073-4395, DOI 10.3390/agronomy11040673, lire en ligne, consulté le )
  22. (pt-BR) alterar, « IAC estuda nova variedade de laranja "vermelha precoce" », sur ruralpecuaria.com.br (consulté le )
  23. (en) Jaime Zacarías-García, Laura Pérez-Través, José-Vicente Gil et María-Jesús Rodrigo, « Bioactive Compounds, Nutritional Quality and Antioxidant Capacity of the Red-Fleshed Kirkwood Navel and Ruby Valencia Oranges », Antioxidants, vol. 11, no 10,‎ , p. 1905 (ISSN 2076-3921, DOI 10.3390/antiox11101905, lire en ligne, consulté le )
  24. (en) « Valencia Oranges », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  25. (en) « Olinda nucellar Valencia orange (McEwen) », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  26. (en) « Campbell nucellar Valencia orange », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le ).
  27. (en) Circular C., U.S. Government Printing Office, (lire en ligne)
  28. (en) « Valencia Late orange », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  29. (pt) Zuleide Hissano Tazima, Pedro Antonio Martins Auler, Carmen Silvia Vieira Janeiro Neves et Inês Fumiko Ubukata Yada, « Comportamento de clones de laranja 'Valência' na região norte do Paraná », Revista Brasileira de Fruticultura, vol. 30,‎ , p. 970–974 (ISSN 0100-2945 et 1806-9967, DOI 10.1590/S0100-29452008000400022, lire en ligne, consulté le )
  30. https://ccsm.br/wp-content/uploads/2018/03/Cultivares_copa.pdf
  31. (pt) IAC – Instituto Agronômico, « Citros Variedades Copa », sur bluein.iac.sp.gov.br
  32. https://edisciplinas.usp.br/pluginfile.php/4899987/mod_resource/content/1/Cultivares%20copa.pdf
  33. (en) « Midknight Valencia orange », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  34. (en) « "Midknight Valencia orange can provide a huge 116% of your recommended daily intake of vitamin C" », sur freshplaza.com, (consulté le )
  35. https://www.dpi.nsw.gov.au/__data/assets/pdf_file/0005/1206185/Turkey-Valencia-orange.pdf
  36. https://agritrop.cirad.fr/575343/1/ID575343.pdf
  37. Michail Michailidis, Vasileios Ziogas, Eirini Sarrou et Elpida Nasiopoulou, « Screening the Citrus Greek National Germplasm Collection for fruit quality and metabolic footprint », Food Chemistry, vol. 435,‎ , p. 137573 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2023.137573, lire en ligne, consulté le )
  38. (en-US) « citrus sinensis valencia peel extract, 97766-30-8 », sur thegoodscentscompany.com (consulté le )
  39. (en) Masayoshi Sawamura, Citrus Essential Oils: Flavor and Fragrance, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-118-07438-1, lire en ligne)
  40. (en) K. Husnu Can Baser et Gerhard Buchbauer, Handbook of Essential Oils: Science, Technology, and Applications, CRC Press, (ISBN 978-1-4200-6316-5, lire en ligne), p. 738
  41. « Le Patriote des Pyrénées : paraissant tous les jours excepté le dimanche », sur Gallica, (consulté le )

Articles connexes

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Oranges douces communes ou oranges blondes

Orange sanguine

Oranges Navel

Orange sans acidité