Aller au contenu

Olympe Audouard

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Olympe Audouard
Portrait photographique issu de la collection Sirot.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Olympe Félicité de JouvalVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Leo de Jouval, Olympe AudouardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Conflit
signature d'Olympe Audouard
Signature

Olympe Félicité de Jouval, née le à Marseille et morte le à Nice[1], est une journaliste, écrivaine voyageuse[2] féministe française. Elle écrit sous le pseudonyme de Feo de Jouval ou de Olympe Audouard. Elle fonde cinq revues.

Elle est l'une des représentantes les plus importantes du mouvement féministe français de la seconde moitié du XIXe siècle.

Olympe Félicité de Jouval se marie, à vingt ans, au notaire marseillais Henri-Alexis Audouard. Au bout de quelques mois, elle demande[3] la séparation de corps en raison du libertinage de son époux. De cette union est né un enfant dont elle a la garde[4].

Alexandre Dumas, passant à Marseille, loue ses essais manuscrits.

« — Que ne venez-vous à Paris ? lui dit-il.
— J’y songeais ! répliqua-t elle. Et elle prit le train, avec l'idée d’occuper dans les lettres la place de George Sand[5]. »

Arrivée à Paris, elle fréquente, outre Dumas, des célébrités telles que Théophile Gautier, Lamartine, Jules Janin, rencontres qu'elle raconte dans ses mémoires[6].

Très patriote, elle reste à Paris pendant la guerre de 1870 et, durant le siège de Paris, elle est une des plus dévouées infirmières, prodiguant sans compter ses soins aux blessés[7].

Son divorce est prononcé en 1885[8]. Elle profite aussitôt de sa liberté retrouvée pour faire, comme écrivaine professionnelle[8], un long voyage à travers l’Égypte, la Syrie, la Palestine, la Turquie[9]. De là, elle passe en Russie, parcourant l’Allemagne, la Pologne[3].

Elle revient ensuite à Paris. Elle se lance dans le commerce des modes, mais les affaires conviennent peu à sa nature. Elle écrit un premier roman intitulé Comment aiment les hommes.

Carrière dans la presse

[modifier | modifier le code]

Elle fonde cinq revues : Le Papillon paraît en janvier 1861, Le Fantaisiste en 1862, Littérature, Arts, Causeries de salons, Chronique du Palais, Histoire, Revue bibliographique, Revue Cosmopolite en juin 1867, et la Revue des Deux Mondes illustrés qui publie des récits de voyages en 1879. Après le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes, elle lance une revue qui reprend le nom Le Papillon en avril 1881[10].

Deux ans après, elle se lance également en politique. Elle demande au ministre de l’Intérieur une autorisation de transformer la Revue cosmopolite en feuille de politique courante ; celui-ci la lui refuse, sous prétexte qu’elle ne pouvait être accordée qu’à un « Français » jouissant de ses droits civils et politiques[5].

Conférencière

[modifier | modifier le code]

Après avoir vivement protesté dans les journaux contre ce nouvel acte de tyrannie masculine, elle part pour l’Amérique, où elle fait, dans les villes des États-Unis, dont Salt Lake City[11], une série de conférences qui ont un très vif succès.

Elle revendique dans une infinité d’exposés et de publications, à côté de réformes générales dans la législation civile, le divorce, l’égalité politique et sociale pour les femmes, dont le droit de voter et de se présenter aux élections.

Très attaquée par Barbey d’Aurevilly, qui professe une grande haine pour le bas-bleuisme, elle réagit en donnant une conférence publique, qui est publiée. Barbey pense que les femmes de lettres n’ont dans la tête qu’un seul roman, le leur, et qu’elles ne se lassent pas de le raconter au public, qui d’ordinaire n’en avait cure, déploie contre elle un tel acharnement, qu’un beau matin, perdant patience, elle lui adresse un cartel[5]. Barbey ne croit pas devoir accepter ce duel, mais cet incident est une bonne fortune pour la presse, surtout les journaux à caricatures, qui imaginent pendant quinze jours le combat manqué de Barbey et d’Olympe[5]. Olympe fait rire d’elle, mais Barbey n'est pas épargné non plus[5].

Possédant un sentiment très vif de la dignité littéraire, un jour vint où, séparée de son mari, elle réclame judiciairement, pour vivre, quelques subsides. Elle présente elle-même au magistrat compétent sa requête qu’elle signe « femme de lettres ».

« Femme de lettres ! fit le prudhomme avec raideur. Croyez-moi, madame, si vous voulez qu’on s’intéresse à vous, rompez bien vite avec une profession où on ne rencontre que des mangeurs [sic] ou des gens sans aveu [sic], comme Jules Janin, Théophile Gautier, Michelet, Arsène Houssaye et tutti quanti !
— Monsieur, répondit froidement la requérante, avez-vous connaissance d’une statistique publiée, l’année dernière, par ce même Gautier que vous méprisez si fort ?
— Dieu m’en garde !
— Je le regrette, car elle vous aurait appris que, si l’on a vu parfois au bagne des ministres, des procureurs, des avoués, des notaires, voire des magistrats, on n’y a jamais vu de littérateurs[12] ! »

Elle meurt des suites d'une congestion pulmonaire à Nice, où elle était venue tenter de soigner sa maladie au soleil[3], assistée, à ses derniers moments, par la princesse Waronsoff et son fils, le duc de Montelfi[13].

Publications

[modifier | modifier le code]
  • Le Papillon arts, lettres, industrie, Paris, [s.n.], 1861-1863
  • Comment aiment les hommes, Paris, É. Dentu, 1862
  • Histoire d'un mendiant, Paris, É. Dentu, 1862
  • Un mari mystifié, Paris, É. Dentu, 1863
  • Il n'y a pas d'amour sans jalousie et de jalousie sans amour, comédie en un acte et en prose, Paris, É. Dentu, 1863
  • Les Mystères du sérail et des harems turcs ; lois, mœurs, usages, anecdotes, Paris, É. Dentu, 1863
  • Le Canal de Suez, chapitre détaché d'un livre sur l'Égypte, qui paraîtra prochainement, Paris, É. Dentu, 1864
  • Le Luxe des femmes : réponse d'une femme à M. le procureur général Dupin, Paris, É. Dentu, 1865
  • Le Luxe effréné des hommes. Discours tenu dans un comité de femmes, Paris, É. Dentu, 1865
  • Les Mystères de l'Égypte dévoilés, Paris, É. Dentu, 1865
  • Guerre aux hommes, Paris, É. Dentu, 1866
  • L'Orient et ses peuplades, Paris, É. Dentu, 1867
  • À travers l'Amérique… États-Unis, constitution, mœurs, usages, lois, institutions, sectes religieuses, Paris, É. Dentu, 1866 ; rééd. 1871
  • Lettre aux députés, Paris, É. Dentu, 1867
  • L'Homme de quarante ans, Paris, É. Dentu, 1868
  • Lettre à M. Haussmann, préfet de la Seine, Paris, imp. Balitout, Questroy et Cie, 1868
  • À travers l'Amérique ; le Far-West, Paris, É. Dentu, 1869
  • La Femme dans le mariage, la séparation et le divorce : conférence faite le , Paris, É. Dentu, 1870
  • M. Barbey-d'Aurevilly ; réponse à ses réquisitoires contre les bas-bleus. Conférence du , Paris, É. Dentu, 1870
  • La Femme-Homme. Mariage adultère divorce. Réponse d'une femme à M. Alexandre Dumas Fils, Paris, É. Dentu, 1872
  • Gynécologie ; la femme depuis six mille ans, Paris, É. Dentu, 1873
  • L'Amie intime, Paris, 1873
  • La Morale officielle S. V. P., lettre à M. de Goulard, ministre de l'Intérieur, Paris, É. Dentu, 1873
  • Les Mondes des esprits, ou la Vie après la mort, Paris, É. Dentu, 1874
  • Les Nuits russes, Paris, É. Dentu, 1876
  • Le Secret de la belle-mère, Paris, É. Dentu, 1876
  • L'Amour, le matérialisme, le spiritualiste, le complet et divin..., Paris, É. Dentu, 1880
  • Les Roses sanglantes, Paris, É. Dentu, 1880
  • Les Soupers de la Princesse Louba d'Askoff : drame d'amour et de nihilisme, Paris, É. Dentu, 1880
  • Voyage au pays des boyards ; étude sur la Russie actuelle, Paris, É. Dentu, 1881
  • Les Escompteuses, études parisiennes, Paris, É. Dentu, 1883
  • Silhouettes parisiennes, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1883
  • Pour rire à deux : contes, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1884
  • Voyage à travers mes souvenirs : ceux que j'ai connus ce que j'ai vu, Paris, É. Dentu, 1884
  • Singulière nuit de noce, drame de la vie parisienne, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1886

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. D'après la notice de personne du catalogue général de la BnF.
  2. Bénédicte Monicat, « Écriture du voyage et féminisme : Olympe Audouard et le féminisme en question », The French Review, vol. 69, no 1,‎ , p. 24-36.
  3. a b et c « Nécrologie. Madame Olympe Audouard », Le Gaulois : littéraire et politique, no 2694,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Gabrielle Houbre, Le Livre des courtisanes : archives secrètes de la police des mœurs, Paris, Tallandier, , 637 p. (ISBN 978-2-84734-344-1, lire en ligne), p. 53.
  5. a b c d et e « Propos divers », L’Univers, no 8054,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Olympe Audouard, Voyage à travers mes souvenirs : ceux que j'ai connu, ce que j'ai vu, É. Dentu, (lire en ligne).
  7. « Nécrologie », Le Petit Parisien : journal quotidien du soir, no 4827,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  8. a et b Olivier Salmon (préf. Hussein I. El-Mudarris), Alep dans la littérature de voyage européenne pendant la période ottomane (1516-1918), t. III, Paris, Dar al-Mudarris & Dar Mardin, , 2e éd. (1re éd. 2011), 2123 p. (lire en ligne), p. 1822.
  9. Elle publie, peu après ces voyages, trois relations de voyages intitulées Les Mystères du Sérail et des Harems turcs (1863), Les Mystères de l’Égypte dévoilés (1865) et L’Orient et ses peuplades (1867).
  10. Isabelle Ernot, « Olympe Audouard dans l’univers de la presse (France, 1860-1890) », Genre & Histoire,‎ (lire en ligne).
  11. Olympe Audouard, op. cit. (lire en ligne), p. 348.
  12. « La Vie parisienne », Figaro : journal non politique, no 14,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Au pays de l’azur », La France moderne : Littérature, sciences et arts contemporains,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Isabelle Ernot, « Olympe Audouard dans l’univers de la presse (France, 1860-1890) », Genre & Histoire,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Rachel Nuñez, « Rethinking Universalism : Olympe Audouard, Hubertine Auclert, and the Gender Politics of the Civilizing Mission », French Politics, Culture & Society, New York, Berghahn Books, no 30,‎ , p. 23-45 (lire en ligne, consulté le ).
  • Bénédicte Monicat, « Écriture du voyage et féminisme : Olympe Audouard et le féminisme en question », The French Review, vol. 69, no 1,‎ , p. 24-36.
  • Liesel Schiffer (dir.), Olympe : être femme et féministe sous Napoléon III, Paris, Éditions Vendémiaire, coll. « Chroniques », , 560 p. (ISBN 978-2-36358-357-4).

Liens externes

[modifier | modifier le code]