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Olga de Kiev

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Olga de Kiev
Fonction
Régente
Principauté de Kiev
État de Riourik (d)
Rus' de Kiev
Sviatoslav Ier
-
Titre de noblesse
Fürstin (d)
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
Pskov (Rus' de Kiev) ou forteresse de Plisnesko (d) ou Plyskiv (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Sépulture
Activités
Famille
Riourikides, dynastie de Kroum (en), Dynastie Kyi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Igor de Kiev (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Sviatoslav Ier
Ouleb Igorevitch (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Date de baptême
Étape de canonisation
Fête
11 juillet (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Olga de Kiev (née en 890 et morte en 969), ou sainte Olga, épouse du grand-duc Igor Ier de Kiev (912 - 945), est régente de la principauté de Kiev et mère de Sviatoslav Ier, dit « Sviatoslav le Conquérant » (942? - 972) (prince de Kiev de jure en 945, de facto en 964).

Son époux ayant été assassiné par des membres de la tribu des Drevlianes lors d'une collecte d'impôts, c'est en le vengeant qu'elle inaugure sa régence[1]. Baptisée par saint Polyeucte de Constantinople lors d'un voyage à Constantinople, soit en 946, soit en 957, elle a été la première sainte femme de son pays, fêtée le 11 juillet (24 juillet selon le calendrier grégorien).

Une fois majeur, Sviatoslav, resté païen, laisse sa mère continuer à gouverner tandis qu'il se lance dans d'ambitieuses conquêtes, principalement au détriment des Khazars et des Bulgares de la Volga. Elle doit le rappeler à Kiev en 968 pour libérer la capitale assiégée par les Petchenègues, lors du siège de Kiev (968) (en). Sviatoslav ne repart en campagne qu'après le décès de sa mère, l'année suivante.

Elle meurt en 969 et est enterrée selon les rites chrétiens à l'église de la Dîme. Elle est canonisée rapidement et son culte se répand tout aussi rapidement, chez les Bulgares comme chez les Serbes[2], mais aussi, déjà au XIIe siècle, en Bohème[3]. Sainte Olga est connue pour être la première souveraine slave chrétienne comme l'avait été Ludmila de Bohême en Bohême. Elle est la grand-mère de saint Vladimir de Kiev, premier grand-prince chrétien et évangélisateur de la Rus' de Kiev, donc l'arrière-arrière-grand-mère d'Anne de Kiev, qui épousera Henri Ier, roi des Francs.

Dans les Chroniques

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Les principales sources sont les chroniques russes ; celles-ci nous donnent les détails suivants :

  • 947 : Olga s'occupe de l'administration de la principauté et de la collecte d'impôt ;
  • 947-955 : pas d'information ;
  • 955 : au cours d'une visite d'Olga à Byzance, l'empereur Constantin VII Porphyrogénète[4] demande à l'épouser[5]. Celle-ci souligne qu'un empereur doit épouser une souveraine chrétienne et demande alors le baptême. Elle prend l'empereur pour parrain et reçoit alors son nom chrétien d'Hélène en l'honneur de la mère de Constantin Ier[6]. Lorsque l'empereur renouvelle sa demande, elle argue de sa parenté (spirituelle) pour refuser le mariage. L'empereur accepte gracieusement sa défaite et laisse repartir Olga avec des présents et la bénédiction du patriarche. Une fois revenue, Constantin lui demande un échange d'esclaves, de cire et de fourrure ainsi que d'une assistance militaire, conformément à une promesse qu'ils s'étaient faite tous les deux[7]. Elle répond qu'il faudra que l'empereur vienne lui-même à Kiev et attende autant de temps qu'elle avait dû attendre dans le port de Constantinople ;
  • 955 : Olga essaie de persuader son fils Sviatoslav de se convertir, mais celui-ci refuse, par crainte de paraître ridicule devant sa droujina (son détachement militaire)[8] ;
  • 956-963 : pas d'information ;
  • 964 : campagnes de Sviatoslav ;
Olga et son escorte, dans les chroniques de Jean Skylitzès, XIIIe siècle.
  • le De ceremoniis aulae byzantinae de Constantin VII Porphyrogénète mentionne la visite d'Olga comme un exemple de l'accueil qui doit être fait pour les souverains étrangers[9]. Les byzantinologues ont placé cette visite en 957[10] ;
  • Adalbert de Magdebourg, dans sa continuation de la chronique de Réginon de Prüm, écrit : « Hélène, la reine de la Rus' [rugorum], fut baptisée à Constantinople sous l'empereur Romain »[11]. Romain II (959-963) était associé à son père Constantin VII dans l'exercice du pouvoir, d'où la confusion chez le chroniqueur.

En 959, la reine demande au roi Otton Ier de lui envoyer des missionnaires catholiques :

« Le plus fameux apôtre des Slaves fut saint Adalbert, premier archevêque de Magdebourg, qui prêcha aussi aux Russes. Olga, reine de cette nation, étant allée à Constantinople du temps de l'empereur Constantin Porphyrogénète, y reçut le baptême et le nom d'Hélène. Elle envoya des ambassadeurs, en 959, au roi Otton pour lui demander des évêques et des prêtres, ce qu'il accorda avec plaisir ; il choisit pour leur évêque Libutius, moine de Saint-Alban de Mayence, qui, l'année suivante 960, fut sacré par Adaldague, archevêque de Brème, pour être évêque des Rugiens ou Russiens ; car on leur donne l'un et l'autre nom. Le voyage de Libutius fut retardé jusqu'à l'année suivante, et il mourut, sans être parti, le . On choisit à sa place Adalbert, moine de Saint-Maximin de Trèves ; car ce monastère ayant été rétabli sous le roi Henri l'Oiseleur, fut pendant longtemps une école célèbre pour les lettres et pour la piété, et il en sortit en ce siècle plusieurs grands évêques. Adalbert en fut tiré par le conseil de Guillaume, archevêque de Trèves, qui voulait l'éloigner, étant peut-être jaloux de son mérite. Le roi Otton lui donna libéralement tout ce qui était nécessaire pour son voyage ; il fut ordonné évêque des Rugiens et partit pour exécuter sa mission. Mais voyant qu'elle était sans fruit et qu'il se fatiguait inutilement, il revint dès l'an 962. Il y eut de ses gens tués au retour, il échappa lui-même à grand peine ; et il parut ainsi que les Russes n'avaient pas demandé sincèrement une mission. »

— Monumenta Germaniae Historica. Scriptores 1, p624-625, 628 [1]

L'appel à des missionnaires germains n'est pas improbable, car le grand schisme n'avait pas encore eu lieu et les Allemands lançaient des missions vers l'Est depuis 932 ; l'idée que l'empereur Constantin VII aurait lui-même conseillé à Olga de faire appel à des missionnaires allemands[12] ne tient par contre pas assez compte de la rivalité des deux sphères. Pour ce qui est de l'échec de la mission, cela indique peut-être un choix d'Olga pour l'Église d'Orient contre l'Église d'Occident comme l'avait fait Boris de Bulgarie[13], mais, plus probablement, la mission étant lente à partir (959-961/962), on peut imaginer que Sviatoslav, resté païen, ait pris en main le pouvoir et expulsé l'ambassade ecclésiastique[14].

  • Dans l'eulogie de Vladimir Ier et d'Olga par le moine Iakov (XIIIe siècle, avec des sources antérieures), Olga aurait été baptisée à Constantinople et vécu ensuite quinze ans[15]. La date de son baptême serait donc bien 954-955.
  • Jean Skylitzès, XIe siècle, confirme qu'Olga a été baptisée à Constantinople[16].
  • L'archevêque de Novgorod Antoine parle d'un plateau offert par Olga au patriarche au moment de son baptême et offert en vénération pendant tout le Moyen Âge : « (À Sainte-Sophie, il y a aussi) un large plateau liturgique en or d'Olga de Rus', lorsqu'elle reçut un tribut dans son voyage à Constantinople. (…) Sur le plateau d'Olga se trouve une pierre précieuse sur laquelle est peinte le Christ (…). Le dessus du plateau est décoré avec des perles. Cela se trouve à Sainte-Sophie dans le petit sanctuaire »[17].
  • L'ordre de la princesse Olga est créé en Ukraine pour récompenser les femmes accomplissant des actions remarquables dans l'éducation, le développement de l'État ou la renaissance spirituelle de la nation[18].
  • Une ville d'Extrême-Orient s'appelle Olga depuis l'arrivée des Russes au XIXe siècle (avant cela — Anzhou).

Olga dans les arts et la culture

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Monument princesse Olga, classé[19] sur la place saint-Michel (Kiev).

Notes et références

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  1. (en) Miles Pattenden, « Sainte Olga de Kiev, patronne de la résistance et de la vengeance », sur The Conversation, (consulté le ).
  2. Olga apparaît dans le synaxaire serbe, copié du bulgare. Evgueni Goloubinski, Istoria kanonizatsii sviatitch v rousskoi tserkvi (Histoire de la canonisation des saints dans l'Église russe) , Moscou, 1903, p57.
  3. Voir Roman Jackobson, « The Czech Part in Church Slavonic Culture », Selected Writings, 6, 1, Berlin, 1985, p140.
  4. Jean Ier Tzimiskès selon la Chronique Laurentienne.
  5. le chroniqueur ne précise pas que Constantin était alors déjà marié.
  6. PSRL 2, p49-52 (Chronique d'Ipatiev, 6463).
  7. . Il s'agissait donc sans doute d'un voyage à but commercial : les privilèges commerciaux de la Rus' étaient contrebalancés par un renforcement de la garde varègue, selon Sophia Senyk, A history of the Church in Ukraine, in Orientalia Christiana Analecta, Rome, Pontificio Istituto Orientale, vol. 1 (sur 5 prévus), 1993, p36.
  8. PSRL 2, p52.
  9. Jacques-Paul Migne, Patrologia Graeca, 112, p1107-1112.
  10. Comme il est peu probable que deux voyages aient été entrepris en deux ans, G.G. Litvarine a proposé une autre solution : Olga aurait fait une visite protocolaire en 946, puis serait revenue se faire baptiser en 955. Voir Sophia Senyk, A history of the Church in Ukraine, in Orientalia Christiana Analecta, Rome, Pontificio Istituto Orientale, vol. 1 (sur 5 prévus), 1993, p37.
  11. Monumenta Germaniae Historica. Scriptores 1, p624-625.
  12. Par exemple Omeliane Pritsak, « When and Where Was Olga Baptized? », Harvard Ukrainian Studies, 9, 1985, p5-21.
  13. Ludolf Müller, Die Taufe Russlands, Münich, 1987, p84-86.
  14. Sophia Senyk, A history of the Church in Ukraine, in Orientalia Christiana Analecta, Rome, Pontificio Istituto Orientale, vol. 1 (sur 5 prévus), 1993, p 43.
  15. Evgueni Goloubinski, Istoria russkoï tserkvi (Histoire de l'Église russe), Moscou, 1880-1911, vol. 1, 1 p241-242.
  16. Ioannis Skylitzae Synopsis Historiarum, Ed Princeps. Ed Ioannes Thurn, 1973, p240.
  17. Texte dans Loparev ed, Kniga palomnik, in Pravoslani palestinski sbornik, 7, Saint-Pétersbourg, 1899, p72.
  18. « La princesse Olga, sainte sans merci », Courrier international HS,‎ avril-mai-juin 2016.
  19. numéro : 80-391-1025.

Bibliographie

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  • Michel Heller : Histoire de la Russie et de son Empire, 2015, Éd. Tempus Perrin, (ISBN 978-2262051631).
  • (en) Sophia Senyk, A history of the Church in Ukraine, in Orientalia Christiana Analecta, Rome, Pontificio Istituto Orientale, vol. 1 (sur 5 prévus), 1993 (pour la partie Olga dans les Chroniques).

Liens externes

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