Méthode PN
La méthode PN permet la résolution de l'équation du transfert radiatif (ou équation de Boltzmann) utilisée pour la propagation des particules telles photons, neutrons, neutrinos, etc. Cette méthode été introduite[1] par James Jeans (1917)[2]. Elle consiste en un développement de la solution sur une base de polynômes orthogonaux.
L'équation du transfert radiatif
[modifier | modifier le code]Dans le cas d'un milieu stationnaire unidimensionnel en espace comportant émission, diffusion élastique (sans changement de fréquence) et absorption la propagation est décrite par l'équation équation intégro-différentielle linéaire suivante
où
luminance (spectrale ou intégrée), | |
variable d'espace | |
donne la direction de propagation pour une fonction de phase supposée de révolution, | |
angle de colatitude pour des coordonnées sphériques, | |
coefficient d'extinction totale, | |
coefficient d'absorption, | |
coefficient d'extinction par diffusion, | |
fonction de phase (supposée entièrement définie par la déviation au cours d'une interaction), | |
fonction source volumique. |
Mise en œuvre de la méthode
[modifier | modifier le code]La base du développement choisie sera :
- en bidimentionnel des harmoniques sphériques,
- si la solution est à symétrie azimutale (cas traité ici) on choisit généralement des polynômes de Legendre notés P, quoique beaucoup d'autres choix soient possibles.
Le développement
[modifier | modifier le code]La luminance est supposée de forme suivante, à variables séparées
L'orthogonalité des polynômes s'écrit
où δij est la fonction de Dirac.
En multipliant l'équation donnant L(x, μ) par Pj et en intégrant sur μ il vient, compte tenu de la relation d'orthogonalité
Les premiers polynômes ont une interprétation physique
- l'énergie volumique correspond à L0
- où c est la vitesse de la lumière.
- l'exitance (flux) correspond à L1 (loi de Lambert)
- la pression
Les moments de Legendre de la fonction de phase
[modifier | modifier le code]La déviation au cours d'une interaction est supposée ne dépendre que du produit scalaire des angles définissant les directions de propagation Ω = (θ, Φ) et Ω' = (θ', Φ') et on définit la déviation par son cosinus α tel que
La fonction de phase est développée en polynômes de Legendre
où les gi sont les moments de Legendre de la fonction de phase
Le premier moment est souvent utilisé pour caractériser la dissymétrie de la fonction de phase, voire pour construire une fonction standard comme celle de Henyey-Greenstein[3].
Le système PN
[modifier | modifier le code]En multipliant l'équation de transfert par chacun des et en intégrant sur μ en tenant compte de la propriété d'orthogonalité des polynômes on obtient un système de N+1 équations pour N+2 inconnues . On fera donc une hypothèse pour clore le système. La plus simple consiste à imposer mais il existe des méthodes plus élaborées exprimant LN+1 en fonction des termes connus[4].
où
On montre[5] que la solution tend vers la solution physique lorsque N → ∞.
Elle est équivalente en tous points (difficulté de mise en œuvre, performances en durée de résolution) à la méthode SN, à l'exception des pathologies, différentes dans les deux cas : cette méthode est sensible au phénomène de Gibbs[6].
Lien avec l'approximation d'Eddington
[modifier | modifier le code]L'approximation d'Eddington a été obtenue indépendamment des travaux de James Jeans mais elle constitue en fait la méthode P1. Cette approximation est due à Arthur Eddington[7]. En utilisant l'expression des deux premiers polynômes de Legendre et les quantités définies plus haut le développement s'écrit
D'où les quantités
Cette dernière expression constitue l'approximation d'Eddington.
Méthode SPN
[modifier | modifier le code]Cette méthode constitue une simplification de la méthode PN (S pour simplified) proposée par E. M. Gelbart de manière heuristique[8] et justifié ultérieurement par l'analyse asymptotique[9] ou par une approche variationnelle[10]. Dans cette méthode on omet la dérivée pour les valeurs paires de i, d'où
En rapportant cette expression dans le système PN on obtient le système SPN : pour i impair
Il s'agit d'un système d'équations de type diffusion donc sans difficulté numérique. Le nombre d'équations a été réduit par un facteur 2.
Un exemple simple
[modifier | modifier le code]Supposons un milieu homogène semi-infini à diffusion isotrope. Le système PN est alors le système linéaire suivant
On suppose que N est impair : avec cette condition la matrice ci-dessus qui est diagonalisable a N + 1 valeurs propres réelles par paires de signe opposé, ce qui justifie le choix d'une valeur impaire. Sa solution se met sous la forme d'une solution générale du système homogène constitué de (N + 1) / 2 exponentielles négatives (les valeurs positives étant exclues pour obtenir une solution finie) et du terme constant S / κa constituant une solution particulière
La courbe donnant les valeurs de γi montre la convergence de la méthode avec l'ordre. Les faibles valeurs correspondantes aux termes variant le plus lentement convergent plus rapidement. D'une façon générale l'erreur varie comme N-2[11].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Michael M. Modest, Radiative Heat Transfer, Academic Press, , 822 p. (ISBN 0-12-503163-7, lire en ligne)
- (en) J. H. Jeans, « The Equations of Radiative Transfer of Energy », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 78, , p. 28-36 (lire en ligne)
- (en) J. Patrick Harrington, « The Henyey-Greenstein phase function », sur University of Maryland
- (en) M. Schäfer, M. Frank et C. D. Levermore, « Diffusive Corrections to PN Approximations », Multiscale Modeling and Simulation, vol. 9, no 1, , p. 1-28
- (en) A. M. Sultagazin, « Convergence of the Method of Spherical Harmonics for the Non-Stationary Transport Equation », USSR Computational Mathematics and Mathematical Physics, vol. 14, no 1, , p. 165-176
- (en) Benjamin Seibold, « StaRMAP », sur Université Temple
- (en) A. Eddington, The Internal Constitution of the Stars, Dover, , p. 322
- (en) E. M. Gelbart, Simplified Spherical Harmonics Equations and their Use in Shielding Problems (Report WAPD-T-1182 (Rev.1)), Bettis AtomicPower Laboratory,
- (en) G. C. Pomraning, « Asymptotic and Variational Derivation of the Simplified PN Approximation », Annals of Nuclear Energy, vol. 20, no 9, , p. 623-637
- (en) R. G. McClaren, « Theoretical Aspects of the Simplified Pn Equations », Transport Theory and Statistical Physics, vol. 39, , p. 73-109
- (en) B. Davison, « On the Rate of Convergence of the Spherical Harmonics, Isotropic Scattering », Canadian Journal of Physics, vol. 38, no 11, , p. 1536-1545