Aller au contenu

Les Allobroges

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Allobroges, appelé aussi parfois le Chant des Allobroges, est l'hymne de la Savoie[1],[2]. Son titre originel est cependant La Liberté. Le nom fait référence à l'ancien peuple celte des Allobroges, installé sur les terres de Savoie au début du IIIe siècle av. J.-C.[3].

Ce chant prend pour thème la « liberté » dont les paroles sont de l’auteur savoyard Joseph Dessaix, qui a intitulé sa cantate La Liberté[4],[5].

Les dix provinces, dont la Savoie, du royaume de Sardaigne (1839).

Il est donné pour la première fois sous ce nom de La Liberté au théâtre de Chambéry (royaume de Sardaigne), par Clarisse Midroy le [6], lors de la fête du Statut donnée en l’honneur du statut constitutionnel de 1848. La musique serait d’un certain Conterno (ou Consterno)[7], chef de musique d'un contingent militaire sarde de retour de Crimée et séjournant à Chambéry.

Ce chant La Liberté évoque la liberté en tant qu’allégorie vivante, chassée de France, se réfugiant dans les montagnes de Savoie où elle trouve le soutien du peuple des Allobroges qui va aider moralement tous les peuples du monde aspirant à la liberté. Cet hymne évoque le refuge dans le duché de Savoie des proscrits par le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte[7]. On compte ainsi Eugène Sue, Alexandre Dumas ou encore Victor Schœlcher[8].

Très vite ce chant va connaître un très grand succès à travers tout le duché de Savoie et même à Genève et à Lausanne, et va être plus connu sous le nom de Chant des Allobroges, devenu l’hymne des Savoyards.

Ce chant est également l'hymne que l'on pouvait entendre au début de chaque match à domicile de l'équipe de football professionnel de l'Évian Thonon Gaillard FC, disparue en 2016[réf. nécessaire]. Le chant retentit désormais lors des matchs à domicile du Football Club d'Annecy, à la 74e minute jusqu'à la saison 2021/2022 et avant le match depuis la saison 2022/2023.[réf. nécessaire]

Le texte du chant des Allobroges est composé de six couplets et d'un refrain. La version écrite par J. Dessaix (3 couplets et refrain) est la suivante (version publiées selon un placard, , à Chambéry)[5] :

Extrait Les Allobroges
Premier couplet

Je te salue, ô terre hospitalière,
Où le malheur trouva protection ;
D'un peuple libre arborant la bannière,
Je viens fêter la Constitution.
Proscrite, hélas ! j'ai dû quitter la France,
Pour m'abriter sous un climat plus doux
Mais au foyer, j'ai laissé l'espérance
En attendant (bis), je m'arrête chez vous !

Refrain :

Allobroges vaillants ! Dans vos vertes campagnes,
Accordez-moi toujours asile et sûreté,
Car j'aime à respirer l'air pur de vos montagnes,
Je suis la Liberté ! la Liberté !

Second couplet

Au cri d'appel des peuples en alarmes,
J'ai répondu par un cri de réveil ;
Sourds à ma voix, ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil.
Relève-toi, ma Pologne héroïque !
Car, pour t'aider, je m'avance à grands pas ;
Secoue enfin ton sommeil léthargique,
Et, je le veux (bis), tu ne périras pas !

Troisième couplet

Un mot d'espoir à la belle Italie ;
Courage à vous, Lombards, je reviendrai !
Un mot d'amour au peuple de Hongrie !
Forte avec tous, et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance,
Priant les dieux d'apaiser leur courroux,
Pour faire luire un rayon d'espérance.
Bons Savoisiens (bis), je resterai chez vous !

Il existe cependant des couplets posthumes[5] et des adaptations.

Les prémices du chant des Allobroges, qui fait des montagnes de Savoie le refuge de la liberté et un tremplin vers un monde plus beau, semblent être plus anciennes. Le , le poète d'origine savoyarde, Jean-François Ducis, dans une lettre adressée à Hérault de Séchelles, membre du Comité de salut public, écrivit : « Quel piédestal pour la liberté, que ce mont Blanc ! [...] Je l'avoue, je donnerais vingt mondes en plaine pour douze lieues en rochers et en montagnes. »

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean-Marie Jeudy, Les mots pour dire la Savoie : Et demain, j'aurai autre chose à vous raconter, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 540 p. (ISBN 978-2-84206-315-3, lire en ligne), p. 36-37
  2. Emmanuel Le Roy Ladurie, Jacques Julliard, Histoire de France des régions : la périphérie française des origines à nos jours, Éditions du Seuil, coll. « Points », , 438 p. (ISBN 978-2-02-078850-2), p. 221
  3. Voir Histoire de la Savoie dans l'Antiquité ainsi que l'article détaillé Allobroges.
  4. Mémoires et documents, Académie chablaisienne, 1956, Volume 52, Thonon-les-Bains, p.33, Chapitre VII « Le chant national, Les Allobroges ».
  5. a b et c Cantate de J. Dessaix, « La Liberté », Vieux Chambéry, Amis du vieux Chambéry, Chambéry, 1989, pp. 90-93 (lire en ligne).
  6. Michel Amoudry, Quel avenir pour la Savoie ?, Editions Cabedita, Collection « Espace et horizon », , 156 p. (ISBN 978-2-88295-368-1), p. 103, Note de bas de page.
  7. a et b A. Beruard, J. Châtel, A. Favre et M. Hudry, Découvrir l’Histoire de la Savoie, éd. Centre de la Culture Savoyarde, (ISBN 2-9511379-1-5), p. 190.
  8. Jean-Pierre Leguay (sous la dir.), T. 4 – La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe – XXe siècle, Évreux, éd. Ouest France, 4 tomes, (ISBN 2-85882-536-X), p. 92.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Paul Mulet-Marquis, « L'histoire du chant des Allobroges », Vieux Chambéry, no XV,‎ , p. 82-94 (lire en ligne)
  • (fr) Jean Ritz, Les Chansons populaires de la Haute-Savoie, Mutus Liber, 2004 (1re édition : 1899), p. 196, (ISBN 2914994044).
  • Émile Vuarnet et Georges Charrière, Chansons savoyardes, 1997, Maisonneuve & Larose. Collection Mémoires & documents publiés par l'Académie chablaisienne, , 736 p. (ISBN 978-2-7068-1248-4), p. 736.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (fr) « Les chansons populaires de la Haute-Savoie » (extrait en ligne de la réédition du recueil de Jean Ritz, facsimile de la 3e édition datant de 1910, comportant les couplets, refrain et les portées du Chant des Allobroges), complété par des annotations de Nicolas Perrillat.