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Le Comte de Gabalis

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Le Comte de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes
Image illustrative de l’article Le Comte de Gabalis
Le Cavalier polonais. Tableau de Rembrandt

Auteur Henri de Montfaucon de Villars
Pays France
Genre Satire sociale
Lieu de parution Paris
Date de parution 1670
Nombre de pages 218

Le Comte de Gabalis, dans son titre complet Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, est une satire sociale publiée anonymement en 1670. Son auteur, presque aussitôt connu, est Henri de Montfaucon, dit abbé de Villars (vers 1638-1673)[1].

Composé de cinq discours tenus par un maître spirituel à son disciple, il sera considéré au sortir des années 1697-1720 comme un texte rosicrucien de nature kabbalistique et sera sujet à de multiples interprétations[2],[N 1].

Ce livre, qui fut le premier dans la littérature française à mentionner le sylphe, créature élémentaire fictive de l'air, eut une influence notable sur la culture littéraire en y introduisant durablement ce personnage. Il eut aussi une influence importante sur différents écrits ésotériques puis sur le mouvement occultiste de la fin du XIXe siècle.

Description

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Le Comte de Gabalis consiste en un ensemble de cinq dialogues (appelés "entretiens") entre un maître (le Comte) et un prétendu disciple (le narrateur du livre, qui se fait passer pour un grand amateur de sciences secrètes afin de vérifier ce que lui dicte le sens commun : "qu’il y a beaucoup de vide en tout ce qu’on appelle Sciences secrètes").

Le Comte présente à son interlocuteur les êtres des quatre éléments, qui sont les gnomes (terre), les nymphes (eau), les sylphes (air) et les salamandres (feu). Les théories "cabalistiques" du livre sont fondées non pas sur la cabale juive ou chrétienne, mais sur l'existence de ces peuples élémentaires, tirés de l'œuvre de Paracelse. Le Comte révèle le rôle que ces peuples jouèrent dans l'histoire des hommes, racontant des anecdotes censées être des preuves historiques.

  • Le premier entretien présente au lecteur les deux personnages et la théorie occultiste du comte[3],[4].
  • Le second entretien décrit en détail les peuples élémentaires et leur rôle dans l'histoire[3],[5].
  • Le troisième entretien traite des oracles, décrits comme l’œuvre des sylphes[3],[6].
  • Le quatrième entretien apporte les preuves historiques de l'existence des peuples élémentaires et de leur mariage avec les humains[3],[7].
  • Le dernier entretien montre la supériorité des peuples élémentaires et la nécessite de travailler à leur immortalité[3],[8].

Une suite fut écrite: La suite du Comte de Gabalis, ou nouveaux entretiens sur les sciences secrètes, touchant la nouvelle philosophie. Ouvrage posthume. mais il est à peu près certain, par le style et les idées, qu'elle fut faussement attribuée à Villars. Elle est certainement l’œuvre d'un jésuite qui utilisa ce subterfuge pour attaquer les jansénistes[9].

Genèse du livre

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Place dans la littérature de l'époque

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Le Comte de Gabalis s'inscrit dans la vogue de la littérature galante, mais diffère des autres œuvres littéraires par les thèmes abordés : libertinage, moquerie envers les vieilles croyances, envers le merveilleux, et critique acerbe du jansénisme[1][N 2].

En dehors des thèmes libertins, le livre possède une autre originalité en la présence du sylphe, créature fictive de l'air, qui fait ici sa première apparition dans la littérature française[10]. On pourrait en dire autant du gnome, si ce n'est que Blaise de Vigenère l'avait déjà introduit en français en 1583 dans un résumé du Liber de nymphis de Paracelse. Le Comte de Gabalis n'est autre, en effet, qu'une parodie de cet ouvrage de Paracelse, et Montfaucon de Villars, qui a consulté le texte en traduction latine, s'est aussi inspiré directement du résumé de Vigenère[11].

L'ouvrage vise deux objectifs précis: se moquer des "sciences secrètes" (ce que fait Molière au même moment dans son divertissement des Amants magnifiques), et ruiner la croyance au démon (dans la lignée de l'Apologie pour tous les grands hommes soupçonnés de magie de Gabriel Naudé (1625, plusieurs rééditions)[12].

Origine des sciences secrètes

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L'ouvrage développe, à la suite de Paracelse, chez qui Villars puise l'essentiel de ses connaissances[13], une théorie sur les génie des quatre éléments :

« L'air est plein d'une innombrable multitude de peuples les sylphes de figure humaine, un peu fiers en apparence, mais dociles en effet : grands amateurs des sciences, subtils, officieux aux sages, et ennemis des sots et des ignorants. leurs femmes et leurs filles sont des beautés mâles, telles qu'on dépeint les Amazones... Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l'air ; les anciens Sages ont nommé ondins ou nymphes cette espèce de peuple... La terre est remplie presque jusqu'au centre de gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries... Quant aux Salamandres, habitants enflammés de la région du feu, ils servent aux philosophes »[14].

L'opuscule de Paracelse qui fut abondamment plagié par Villars est le Livre des nymphes, sylphes, pygmées et salamandres, et des autres esprits, écrit entre 1529 et 1537 en allemand. Villars l'a lu en traduction latine dans les Opera omnia medico-chemico-chirurgica parus à Genève en 1658, ainsi que dans le résumé en français de Vigenère[11],[15].

Théories sur l'identité du comte

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Montfaucon de Villars a purement inventé le personnage du Comte. Il s'est peut-être inspiré en partie du Cosmopolite (l'alchimiste polonais Michaël Sendivogius)[11],[16],[N 3].

La traduction anglaise, parue en 1680, comprend une reproduction du tableau de Rembrandt Le Cavalier polonais, qui sera parfois considéré comme une représentation du comte. Conservé à la Frick Collection à New York, ce tableau a par la suite été considéré comme représentant Sir Francis Bacon[17].

Il fut donc affirmé que ce dernier, qui semble avoir tenu ultérieurement à la parution du livre cinq discours proches de ceux du comte, n'était autre que cet énigmatique personnage.

Certains, qui voient aussi en Francis Bacon la véritable identité de William Shakespeare, ajoutent comme élément venant corroborer cette hypothèse la présence d'êtres élémentaires tels Puck et Ariel dans l’œuvre de ce dernier, inconscients que ces personnages ne sont pas présentés comme des habitants de l'un des quatre éléments.

Histoire et influence

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Le Comte de Gabalis sera perçu de façons très différentes selon les époques.

XVIIe siècle

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Polémique et interdiction du livre[11]

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Le livre, satire sociale de l'époque[18], connaît un vif succès en 1670, donnant lieu à trois rééditions [3]. Apprécié dans un premier temps pour ses thèmes libertins et équivoques, le contenu des entretiens et l'omniprésence du rire amèneront par la suite de nombreux lecteurs à s'interroger sur les réelles motivations du livre, dont la réputation devient celle d'un ouvrage anti-religieux[19].

Le mode de l'entretien se prête bien à la polémique et derrière la confrontation des deux personnages principaux du livre, l'opposition n'est qu'apparente. Sous couvert d'initiation aux sciences secrètes l'histoire biblique est parfois remise en question de façon bouffonne et humoristique, mais aussi et plus particulièrement le rôle des démons et du diable, les actions attribuées par les théologiens à ces derniers l'étant par le Comte aux êtres élémentaires, considérés comme des amis des hommes[3]. Cette remise en cause de l'idéologie de l'époque, prônant de surcroît des valeurs matérialistes, finit par faire scandale et le livre sera rejeté par l'Église et interdit[16]. Plus exactement, c'est la polémique déclenchée (peut-être involontairement) par Montfaucon de Villars avec les jansénistes qui conduit Antoine Arnauld à relire le livre de plus près et à le faire interdire, quelques mois à peine après sa parution[11].

En cette période marquée par la montée du scepticisme, de la critique des pratiques religieuses et d'une crispation particulièrement importante autour du rejet des derniers procès en sorcellerie, croyance déjà affaiblie et en recul depuis plusieurs décennies[20], ce livre, accueilli favorablement dans les milieux intellectuels, achève de discréditer cette vieille croyance[21], jouant un rôle comparable aux Provinciales de Blaise Pascal lors de l'épisode du procès des jansénistes 10 ans plus tôt. La sorcellerie reçoit le coup de grâce en 1672 lorsque paraît un décret du roi qui vide les prisons des sorciers et interdit aux tribunaux d'admettre les accusations de sorcellerie. L'influence du Comte de Gabalis sur cette décision, bien que difficilement quantifiable, est reconnue[21].

Premières influences sur la littérature

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Le Comte de Gabalis, en plus d'avoir contribué à discréditer la sorcellerie, marque aussi un tournant dans la façon dont cette dernière est présente dans la littérature. En recul rapide, elle ne sera plus abordée par les écrivains de façon menaçante mais burlesque. Le diable, auparavant être sombre et menaçant, devient un personnage inoffensif, amusant et parfois même sympathique[22],[15].

Villars voulait par son œuvre discréditer "cabalistes" comme occultistes, mais la façon dont son livre sera perçu commence à changer dès la fin du siècle. Le merveilleux qu'il développa charmera les lecteurs et, comme dans le cas de Charles Perrault qui avait aussi détourné les contes de fées, la poésie l'emporte sur le rationalisme de la thèse[23]. Néanmoins les esprits élémentaires décrits par Villars mettent du temps à s'imposer. De 1670 à 1700 environ, rares sont les écrivains à utiliser le nouveau système de merveilleux mis en place dans Le Comte de Gabalis[24].

On note tout de même la présence en 1681 d'une pièce de théâtre écrite et mise en scène par Thomas Corneille, Donneau de Visé et Fontenelle, inspirée du Comte de Gabalis[25] : La Pierre philosophale[26].

En 1698 le livre de Villars inspire ses premières œuvres littéraires : l'Histoire de Mélusine, princesse de Lusignan, et de ses fils par François Nodot, adaptation du poème de Jean d'Arras le livre de Mélusine[27],[28],[29],[30],[N 4]. Nodot déclare avoir cherché à « éclaircir » l’ancien roman. Il développe en réalité des intrigues romanesques, introduisant de nouveaux épisodes et personnages, son récit prenant un tour spectaculaire dans la représentation du merveilleux, sa Mélusine apparaissant comme un être diabolique dont la métamorphose devient un épisode particulièrement effroyable[32]. La Mélusine de Nodot est en fait conforme à ce qu'en disait le Comte dans le quatrième entretien, à savoir qu'elle était sans aucun doute possible une nymphe[33].

Le Parfait Amour, Conte de fées en prose d'Henriette-Julie de Castelnau de Murat publié en janvier 1698 dans le recueil Contes de Fées est lui aussi inspiré par le Comte de Gabalis. On y observe en particulier l'évocation de gnomes, ondins, salamandres et sylphes, toute la matière merveilleuse qui n'est en réalité que le résiduel des théories cabalistiques vulgarisées par Villars. Ainsi, en offrant au prince Parcin-Parcinet une bague magique qui doit préserver le couple des exactions de Danamo, la fée Favorable lui donne accès au monde élémentaire, puisque la bague est composée de quatre métaux précieux associés chacun à une classe particulière intervenant pour protéger les amants.

Premières influences sur les idées

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Sa mort fit l'objet de rumeurs et spéculations. Il sera dit qu'il fut assassiné par les Rose-Croix pour avoir révélé leurs secrets. Cette rumeur fit naître une légende qui lie la fiction (l'histoire du Comte de Gabalis) à la réalité (l'histoire de son auteur)[34]. Le mythe de Villars, assassiné pour avoir révélé le savoir des Rose-Croix, a une importance considérable dans les siècles qui suivent car elle amena de nombreuses personnes à considérer Le Comte de Gabalis comme un texte rosicrucien exposant un grand savoir occulte.

En parallèle de l'exploitation du merveilleux imaginé par Villars, un autre courant se met progressivement en place : ceux qui prennent ses idées ou ses sciences secrètes au sérieux.

Le premier est Fontenelle, qui, outre la comédie de 1681 à laquelle il contribue, se pose en véritable continuateur de la pensée de Villars en écrivant en 1687 l'Histoire des oracles, livre dont l'objet est de discréditer les superstitions et qui présente des liens littéraires et stylistiques évidents avec Le Comte de Gabalis[25].

Le second est l'auteur pré-encyclopédiste Pierre Bayle, qui accorde au livre un crédit inespéré en l'utilisant comme référence en 1697 pour la rédaction de deux articles de son Dictionnaire historique et critique[35],[36],[N 5],[N 6]. Fortement intéressé par la pensée et le livre de Villars, comme en témoigne entre autres sa correspondance avec Mme de Sévigné, et en rivalité avec Louis Moréri, autre auteur pré-encyclopédiste qu'il prit parti de contredire systématiquement pour la rédaction de "son" dictionnaire[37],[N 7], il fait une présentation du Comte de Gabalis à l'opposé de celle du Grand Dictionnaire Historique de son rival dans laquelle les sciences secrètes sont prises au sérieux.

Il sera dit que Villars avait annoncé Bayle et Fontenelle[38].

Rééditions du livre[11]

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Traduit plusieurs fois en anglais à partir de 1680, réédité en français à partir de 1684[16], il connaît 20 éditions jusqu'en 1800[39] et sera aussi traduit en allemand et en italien[40], ce qui témoigne d'un succès constant tout au long du siècle qui suit. Néanmoins, l'engouement originel s'est estompé des 1673 avec la mort de Villars et la fin des polémiques relatives à la sorcellerie. Si le livre continue à être édité en continu, son heure de gloire est passée, et il n’intéresse qu'un nombre beaucoup plus restreint de gens[39],[41].

XVIIIe siècle[11]

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Le comte de Gabalis émerge au début de XVIIIe siècle avec l'image d'un écrit ésotérique rosicrucien. Montfaucon de Villars est considéré comme un continuateur de Paracelse. Le texte est aussi une source d'inspiration poétique présentant un nouveau système de merveilleux basé sur les esprits élémentaires. L'aspect polémique, moquant aussi bien les théologiens que les occultistes, n'est, quant à lui, plus perçu par les nouveaux lecteurs.

En 1714 une nouvelle adaptation du livre est faite au théâtre par Beauchamp sur demande de la Duchesse du Maine : Le Comte de Gabalis, comédie en deux actes[25].

Dans la culture populaire, le livre inspire ses premières œuvres littéraires : le poème La Boucle de cheveux enlevée[42],[43],[N 8] écrit par Alexander Pope en 1712 et Le sylphe amoureux, livre anonyme probablement écrit par Caylus[45] en 1730 ou 1734[46], dans lequel le Comte de Gabalis est explicitement cité deux fois[47],[N 9],[N 10]. Pope explique qu'il avait utilisé comme fondation à son poème la « doctrine rosicrucienne des esprits » qu'il avait trouvée dans le comte de Gabalis[48].

XIXe siècle[11],

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À partir du XIXe siècle, l'ignorance totale des conditions dans lequel le livre fut écrit est cause d'une incompréhension encore plus grande, l’œuvre devenant aux yeux de l'élite intellectuelle de l'époque un livre occultiste et antichrétien[49], Montfaucon de Villars passant quant à lui pour un initié de la Rose-Croix[50], assassiné pour avoir divulgué leur savoir secret dans son livre.

Il inspire à divers degrés l’œuvre de quelques écrivains. Parmi eux, Friedrich de La Motte-Fouqué qui écrit en 1811 Ondine, un roman narrant l'histoire d'une belle naïade[51],[52],[27],[53],[N 11],[N 12], Edward Bulwer-Lytton dont le roman Zanoni, écrit en 1842 et qui cite explicitement trois fois le comte de Gabalis[55],[N 13],[N 14],[N 15], trouve une part de son inspiration dans l'œuvre de Villars[59],[60],[61]. et sir Walter Scott, qui dote la Dame Blanche d'Avenel de la plupart des attributs des nymphes dans son roman Le Monastère[réf. nécessaire].

Des poètes tels Charles Mackay, père de Marie Corelli et auteur de Salamandrine, un poème narrant l'amour d'un homme et d'une femme Salamandre, sont influencés par le livre[53].

Dans la nouvelle Rip Van Winkle de Washington Irving, publié en 1819, les créatures rencontrées par le héros dans les montagnes Catskill sont inspirées des êtres élémentaires créés par Villars[62]

Ainsi, près de deux siècles et demi plus tard, des personnages similaires à Puck et Ariel, inspirés des « esprits élémentaires » décrits par le comte, font leur retour pour un court instant dans la littérature.

Parmi les auteurs concernés, Charles Baudelaire[63] et Anatole France[43],[64], dont le roman La Rôtisserie de la reine Pédauque paru en 1893, et dans lequel un alchimiste est à la recherche des sylphes et des salamandres, sont des exemples avérés. L'héritage le plus marquant de cette brève parenthèse du renouveau de la féerie dans la littérature est le personnage de la fée Clochette, créée par James Barrie en 1904 sur le modèle des sylphes du Comte de Gabalis[59],[62].

Toujours relativement inconnu en 1864[39], l’engouement pour l'occulte qui caractérise la fin de l’ère victorienne le fait sortir de l'oubli, et les entretiens connaissent une nouvelle époque de gloire lorsque des occultistes de tous bords se les approprient[65].

Il trouve d'abord sa place auprès d'occultistes tels Joseph-Antoine Boullan[66] qui en font l'exégèse, ou de groupements occultistes tels la Hermetic Brotherhood of Luxor qui y puisent une partie de leur « savoir secret[67] ».

Certains groupements spirituels tirant leurs rites et croyances du Comte de Gabalis, tel le « Carmel » de Vintras, sont condamnés pour satanisme par l'Église et les ésotéristes de l'époque[66],[68],[69],[N 16].

L'occultisme passant de mode avec la fin de la Belle Époque, le livre sombre à nouveau dans l'oubli.

XXe siècle

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En 1960[réf. nécessaire], un groupe d'universitaires américains de l'université de Northwestern à Chicago entreprend une étude comparative des croyances anciennes, telles celles en les fées ou les apparitions angéliques, et les croyances modernes telle que le phénomène ovni[réf. nécessaire]. Le Comte de Gabalis, désormais considéré comme un témoignage du folklore ancien, fait partie des textes utilisés comme référence.

Notes et références

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  1. Juin affirme: Personne n'est d'accord sur la signification des entretiens sur les sciences secrètes. Matérialiste dit l'un. Pour celui-ci c'est un texte capital de la Rose-Croix. Pour celui-là c'est un ouvrage de pur plaisir. Il est difficile de prendre parti, dans ce concert de voix discordantes.
  2. Les débats théologiques de l'époque sont parodiés et tournés en ridicule par le comte et son disciple qui, de plus, y apportent des réponses inacceptables pour l'église. La plus controversée des idées exposées dans le livre est la négation du pouvoir du diable, exposée avec logique et nonchalance par le Comte.
  3. Louis Moréri, contemporain de Montfaucon de Villars, affirme dans son grand dictionnaire paru en 1674, soit quatre ans après la parution du Comte de Gabalis et un an après l'assassinat de son auteur : La première édition du Comte de Gabalis est de 1670, à Paris. Les cinq entretiens qui le composent, sont le résultat des conférences agréables que l'auteur avoit à la porte de Richelieu avec une troupe de gens de bel esprit & de bonne humeur comme lui.
  4. Storer affirme: Nodot s'est beaucoup servi pour sa rédaction, la modernisant, la romançant et la dénaturant, de la chronique de Jean d'Arras, rédigée au XVIe siècle", et aussi des Entretiens du comte de Gabalis, de l'abbé Montfaucon de Villars. Le plus souvent, il est inspiré, non de Jean d'Arras, mais de l'abbé de Villars, dont il cite Le Comte de Gabalis[31].
  5. Dans l'article consacré à Olympus, Bayle affirme: Il y a de grandes maisons dans l'Europe, qui prétendent être issues du commerce d'une femme avec quelque esprit. Le Maréchal de Bassompierre conte cela du chef de la race. Voyer les mémoires, & le Comte de Gabalis.
  6. Dans l'article traitant de la question des incubes et des succubes, Bayle recopie un très long extrait de l'un des discours du Comte.
  7. La rivalité entre ces deux auteurs de dictionnaires, l'un étant catholique et l'autre protestant, ne fait aucun doute. Il est également notoire que Bayle a construit son dictionnaire en opposition à celui de Moréri, dont il affirmait vouloir corriger les erreurs, ce dernier n'étant d’après lui qu'un ouvrage truffé d’erreurs, d’idées mal fondées, de faits sans cesse répétés et jamais vérifiés, et qui faisait pourtant référence à l'époque.
  8. Pope ne se contentera pas d'emprunter au Comte de Gabalis ses esprits élémentaires, il emploiera aussi dans la rédaction de son poème le même ton ironique et burlesque que Villars. Par la suite La boucle de cheveux enlevée partagera avec Le Comte de Gabalis la particularité d’être en même temps considérée comme un écrit rosicrucien et une satire sociale burlesque[44].
  9. Caylus p 128-129: Un soir qu'elles avoient lues ensemble Le Comte de Gabalis, après avoir eu une conversation fort vive sur les sujets dont il traite, Mme de Fontenay se retira dans ses appartements (...)
  10. Caylus p 132: Je n'y comprend plus rien, dit la marquise, il ne vint qui que ce soit hier, vous savez que nous ne voulumes voir personne avant d'achever la lecture du Comte de Gabalis, que l'on nous pressoit de rendre, et hier au soir je changeai cette urne de place (...)
  11. Stoddart affirme que l'inspiration de ce roman fut partagé entre Le Comte de Gabalis et les écrits de Paracelse: Friedrich de la Motte-Fouqué's tale Undine (1810 or 1811) may owe as much to Paracelsus as to Villars
  12. La piece de théatre Ondine créée par Jean Giraudoux en 1939 sur inspiration du livre de La Motte-Fouqué est elle aussi inspirée, bien qu'indirectement, des concepts développés dans Le Comte de Gabalis[54].
  13. Zanoni p 9-10: What do you take me for! Surely, where I so inclined, the fate of the Abbé de Villars is a sufficient warning to all men not to treat idly of the realm of the Salamander and the Sylph. Everybody knows how mysteriously that ingenious personnage was deprived of his life, in revenge for the witty mockery of his "Comte de Gabalis"[56]
  14. La seconde référence consiste en l'intégration d'un paragraphe entier du Comte de Gabalis à Zanoni en p. 93, tronquée d'une seule phrase, qui faisait référence au scepticisme du narrateur[57]
  15. La troisième référence au Comte de Gabalis est une citation en p. 97, elle aussi tronquée d'une phrase, qui faisait ici allusion à l'impuissance du diable[58].
  16. De nombreux autres auteurs de l'époque abordent le sujet.

Références

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  1. a et b Henri de Montfaucon de Villars, Le Comte de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes. Avec l’adaptation du "Liber de nymphis" de Paracelse par Blaise de Vigenère, Présenté et annoté par Didier Kahn, Paris, Champion, , 308 p. (ISBN 978-2-7453-2146-6)
  2. Juin 1966, p. 8
  3. a b c d e f et g Ferguson 2008, p. 39
  4. Montfaucon de Villars 1966, p. 33-42
  5. Montfaucon de Villars 1966, p. 43-68
  6. Montfaucon de Villars 1966, p. 69-94
  7. Montfaucon de Villars 1966, p. 95-120
  8. Montfaucon de Villars 1966, p. 121-145
  9. Laufer 1963, p. 7-54
  10. Delon 1999, préface
  11. a b c d e f g et h Le Comte de Gabalis, éd. D. Kahn (2010)
  12. Ibid.
  13. Perrin 2013, p. 273-278
  14. Montfaucon de Villars 1966, p. 45-48
  15. a et b Vion-Dury et Brunel 2003, p. 145
  16. a b et c Moréri 1732, p. 465
  17. Montfaucon de Villars 1914 ou 1922, préface
  18. Gutierrez-Laffond 1998, p. 29-31
  19. Ferguson 2008, p. 33
  20. Revue contemporaine 1870 p. 596 [1]
  21. a et b Revue contemporaine 1870 p. 597 [2]
  22. Philippe Sellier, « L'invention d'un merveilleux: Le Comte de Gabalis » (1998).
  23. Pagliaro 1972, p. 291
  24. Delaporte 1891, p. 123
  25. a b et c Pagliaro 1972, p. 293
  26. D. Kahn, « L'alchimie sur la scène française aux XVIe et XVIIe siècles », Chrysopœia, 2 (1988), p. 62-96.
  27. a et b Millner 1960
  28. Juin 1966, p. 12
  29. Seeber 1944, p. retrouver la page
  30. Buch 2009, p. 10
  31. Storer 1928
  32. Bouquin 2000
  33. Brunel 2015, p. 792
  34. Ferguson 2008, p. 36-38
  35. Bayle 1697, p. 693
  36. Bayle 1820, p. 236
  37. Collison 1964, p. 88-89
  38. Laufer 1963
  39. a b et c Seeber 1944, p. 72
  40. Ferguson 2008, p. 40
  41. Montfaucon de Villars 1921, préface
  42. Olsen et Veenstra 2013, p. 214
  43. a et b Seeber 1944, p. 71
  44. Olsen et Veenstra 2013, p. 215
  45. Dauvois, Grosperrin et Gaillard 2003, p. 180
  46. Delon 1999, p. 80
  47. Caylus, p. 128-129 et 132
  48. McIntosh 1997, p. 108
  49. Laufer 1963, p. 10-11
  50. de Guaita 1891, p. 215
  51. Stoddart 1915, p. 271
  52. Juin 1966, p. 12
  53. a et b Hill 1842, p. 2
  54. Seeber 1944, p. 74
  55. Ferguson 2008, p. 91
  56. Bulwer-Lytton 1853, p. 9-10
  57. Ferguson 2008, p. 92
  58. Ferguson 2008, p. 93-94
  59. a et b Nagel 2007, p. 52-53
  60. Hall 1997, p. 397, 279-283
  61. McIntosh 1997, p. 113
  62. a et b Hall 1997, p. 279-283
  63. Eigeldinger 1969, p. 1020-1021
  64. Blondheim 1918, p. 333-334
  65. Ferguson 2008, p. 87
  66. a et b de Guaita 1891, p. 428-500
  67. Chanel, Deverney et Godwin 2000, p. 55-57 ou 46-73
  68. René Guénon, L'erreur spirite
  69. Agnel-Billoud, Eugène Vintras : un cas de délire mystique et politique au XIXe siècle, Paris, Librairie littéraire et médicale,

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages sur Le Comte de Gabalis ou en rapport direct avec le livre

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  • Henri de Montfaucon de Villars, Le Comte de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes. Avec l’adaptation du Liber de nymphis de Paracelse par Blaise de Vigenère, présenté et annoté par Didier Kahn, Paris, Champion, 2010, 308 p. (ISBN 9782745321466)
  • Jean-François Perrin, « Henri de Montfaucon de Villars (compte rendu de l'édition par Didier Kahn du "Comte de Gabalis") », Féeries, no 10,‎ , p. 273-278 (lire en ligne, consulté le ) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Roger Laufer, Introduction au Comte de Gabalis, ou entretiens sur les sciences secrètes, Nizet, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Hubert Juin, Du bon usage des nymphes. Introduction au Comte de Gabalis, ou entretiens sur les sciences secrètes, Pierre Belfond, , 145 p., p. 7-26 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Philippe Sellier, « L'invention d'un merveilleux: Le Comte de Gabalis », dans Amicitia scriptor. Littérature, histoire des idées, philosophie. Mélanges offert à Robert Mauzi. Honoré Champion, 1998
  • (en) Alexandra Nagel, Marriage with Elementals : From Le Comte de Gabalis to a Golden Dawn ritual, , 100 p. (lire en ligne), p. 52-53 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) David Blondheim, « Notes on the Sources of Anatole France », The Modern Language Review, Modern Humanities Research Association, no 13,‎ , p. 333-334 (lire en ligne, consulté le ) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marc Eigeldinger, « Baudelaire et "Le Comte de Gabalis" », Revue d'Histoire littéraire de la France, Presses universitaires de France, no 69,‎ , p. 1020-1021 (lire en ligne, consulté le ) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Un abbé libre-penseur et un critique inconnu de Pascal au XVIIe siècle, Revue contemporaine, Volume 85, 1870, p. 597-599 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Edward Seeber, Sylphs and Other Elemental Beings in French Literature since Le Comte de Gabalis (1670), (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Valérie Ferguson, Skepticism, Supernatural and Mystifications : The "Fantastique" in early-modern narrative prose (17th - 18th centuries), The University of Arizona, , 279 p. (lire en ligne), p. 33-96Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Perry Hill, Introduction à Salamandrine, (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Ouvrages sur les élémentaires ou le merveilleux dans la littérature

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  • Michel Delon, Sylphes et sylphides, éditions Desjoncquères, (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Aurore Gutierrez-Laffond, Théâtre et magie dans la littérature dramatique du XVIIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, , 426 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Max Millner, Le Diable dans la Littérature française : De Cazotte à Baudelaire 1772-1861, Librairie José Corti, , 960 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Nathalie Dauvois, Jean-Philippe Grosperrin et Aurélia Gaillard, Songes et songeurs (XIIIe – XVIIIe siècle), Les presses de l'université Laval, , 260 p. (lire en ligne), p. 180 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Paul Sermain, Métafictions (1670-1730). La réflexivité dans la littérature d’imagination. Champion, 2002, 461 p
  • Mary Storer, Un épisode littéraire de la fin du 17e siècle : La mode des contes de fées (1685-1700), Honoré Champion, , 289 p.Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Juliette Vion-Dury et Pierre Brunel, Dictionnaire des mythes du fantastique, Presses universitaires de Limoges, , 322 p. (lire en ligne), p. 145-149Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Karin Olsen et Jan Veenstra, Airy Nothings : Imagining the Otherworld of Faerie from the Middle Ages to the Age of Reason, Brills studies of history, , 274 p. (lire en ligne), p. 214 et 215 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) David Buch, Magic Flutes and Enchanted Forests : The Supernatural in Eighteenth-Century musical theater, The University of Chicago, , 480 p. (lire en ligne), p. 10 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Helene Bouquin, Éditions et adaptations de l’Histoire de Mélusine de Jean d’Arras (XVe – XIXe siècle) : Les aventures d’un roman médiéval, Thèse universitaire, (lire en ligne)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Pierre Brunel, Companion to Literary Myths, Heroes and Archetypes, routledge, , 1242 p. (lire en ligne), p. 788-796 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • P. V. Delaporte, Du merveilleux dans la littérature française sous le règne de Louis XIV, Reteaux-Bray, (1re éd. 1890), 430 p. (lire en ligne), p. 123Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Harold Pagliaro, Studies on eighteenth century culture : Irrationalism in the eighteenth century, Press of Case Western Reserve University, , 393 p., p. 293 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Emmanuelle Sempère, De la merveille à l’inquiétude : le registre du fantastique dans la fiction narrative au xviiie siècle, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, , 611 p. (lire en ligne)

Ouvrages divers

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  • (en) Christian Chanel, John P. Deverney et Joscelyn Godwin, The Hermetic Brotherhood of Luxor : Initiatic and Historical Documents of an Order of Practical Occultism, Dervy, (1re éd. 1995), 442 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Stanislas de Guaita, Le Temple de Satan, , 552 p., p. 215 et 428-500 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Anna Stoddart, The life of Paracelsus, Theophrastus von Hohenheim, 1493-1541, Rider, , 361 p., p. 271Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Manly Hall, The Secret Teachings of All Ages : An Encyclopedic Outline of Masonic, Hermetic, Qabbalistic and Rosicrucian Symbolical Philosophy, (1re éd. 1928), 647 p. (lire en ligne), p. 397 & 279-283 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Robert Collison, Encyclopædias : their history throughout the ages : a bibliographical guide with extensive historical notes to the general encyclopaedias issued throughout the world from 350 B.C. to the present day, New York, Hafner, , p. 88-89
  • Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, collection « Bibliothèque de l’Évolution de l’Humanité », Éditions Albin Michel, 1997, 3 vol.
  • Joseph De La Porte, Anecdotes dramatiques, , 590 p. (lire en ligne), p. 222-223 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Christopher McIntosh, The Rosicrucians, Samuel Weiser Inc, , 162 p. (ISBN 0-87728-920-4, lire en ligne)

Sources primaires

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