Aller au contenu

Lambert II de Nantes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Lambert II de Nantes
Fonction
Préfet de la Marche de Bretagne
Titre de noblesse
Comte de Nantes (d)
-
Prédécesseur
Successeur
Amaury de Nantes (d)
Biographie
Naissance
Date et lieu inconnusVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père
Fratrie
Conjoint
Enfants
Lambert III de Nantes (en)
Wicbert (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Lambert II de Nantes, mort en 852 en Anjou, membre de la famille des Widonides, est comte de Nantes dans les années 840, jouant un jeu de bascule entre Charles le Chauve, roi de Francie occidentale à partir de 843 (traité de Verdun), et les chefs bretons Nominoë puis Erispoë, contribuant en 851 à la victoire bretonne qui aboutit au traité d'Angers et à la formation du royaume de Bretagne.

Les Widonides

[modifier | modifier le code]

La famille franque des Widonides contrôle la marche de Bretagne et le comté de Nantes[1] depuis que Guy (Wido) a reçu la succession du comte Roland, mort dans les Pyrénées en 778 lors d'un combat contre les Basques.

Mais en 831, le comte Lambert Ier entre dans la rébellion de Lothaire contre son père, l'empereur Louis le Pieux. Déposé de ses charges de comte de Nantes et de préfet de la marche de Bretagne, il se réfugie avec Lothaire en Italie et reçoit le duché de Spolète où il meurt en 837, laissant sa succession à son fils aîné Guy Ier de Spolète.

Lambert II de Nantes est sans doute le second fils de l'ancien comte Lambert Ier de Nantes[2] et de son épouse, dont le nom n'est pas connu. Selon la Chronique de Nantes, « il aurait été nourri et instruit selon les mœurs des Bretons »[3].

En 839, deux ans après la mort de Lambert Ier, Lambert II semble avoir regagné le cœur de l'empire avec Lothaire, revenu en grâce auprès de son père, et il s'empresse[réf. nécessaire] alors de chasser Aldric de son siège d'évêque du Mans[4].

Après avoir dans un premier temps soutenu Lothaire, Lambert prend le parti de Charles le Chauve en 841. À la suite de la mort du comte Ricuin lors la bataille de Fontenoy-en-Puisaye le , Lambert aurait demandé au roi Charles le Chauve de recouvrer le comté de Nantes qu'il aurait considéré comme son légitime héritage[5]. Le comté est confié par le roi à Renaud, comte d’Herbauge[6]. Lambert abandonne alors le parti du roi et rejoint celui de Nominoë[7].

Renaud bat en 843 une partie de l'armée bretonne de Nominoë à la bataille de Messac[8] mais peu après, il est battu et tué à la bataille de Blain par Lambert et ses alliés bretons le [9], soit le « IX Kalendas junii » selon la Chronique d'Aquitaine[10]. Les Nantais refusent de reconnaître Lambert comme comte. Ce dernier est en effet soupçonné d’avoir guidé les Vikings qui, le 24 juin, mettent la ville à sac et tuent l’évêque Gohard dans sa cathédrale[11]. Après le départ de ses redoutables alliés, Lambert se rend enfin maître de Nantes.

Lambert tue avant l'été 844 dans un combat au sud de Nantes, le comte Bernard II de Poitiers et le fils et successeur de Renaud : Hervé, comte d’Herbauges[12],[13].

Fin octobre début novembre 845, Lambert abandonne le parti de Nominoë et fait à Tours pour Noël sa soumission au roi qui lui laisse le comté de Nantes. Au mois d’août 846 Lambert est écarté du Nantais et pourvu par le roi Charles de l’abbatiat laïc de Sainte-Colombe de Sens. Charles le Chauve tente d’imposer un certain Amaury comme comte de Nantes (846-849)[14].

Charles le Chauve rappelle Lambert et lui confie en 849 le Nantais, le Rennais et le territoire au sud de la Loire. Après le , Nominoë et son allié Lambert qui avait fait une nouvelle fois défection au roi, occupent Rennes et Nantes et démantèlent les murs des deux cités pour éviter un retour des forces royales[15].

Lambert accompagne Nominoë en 851 dans son offensive en Neustrie. Après la mort subite du chef breton à Vendôme le , Lambert prend le commandement de l’armée bretonne en retraite[16]. Il participe ensuite aux côtés d’Erispoë, fils de Nominoë et nouveau chef des Bretons, à la bataille de Jengland près du Grand-Fougeray, où les troupes de Charles le Chauve sont écrasées le 22 août. Avant la fin de l’année, un accord est conclu entre Charles le Chauve et Erispoë ; ce dernier obtient le titre royal et la cession définitive des anciennes Marches de Bretagne avec Rennes et Nantes. Lambert perd tout espoir de s’implanter dans la région.

Lambert, dont la sœur Dova était abbesse de Saint-Clément à Craon, tente de se tailler un domaine entre le bas Maine et l’Anjou mais il est tué le [17] dans une embuscade tendue par un Rorgonide, Gausbert « le Jeunet » (juvenculus), qui s’inquiétait de ses progrès dans le patrimoine de sa famille[18],[19]. Lambert est inhumé à Savennières.

Mariage et descendance

[modifier | modifier le code]

Lambert II épouse vers 850/851 Rotrude, une fille de l'empereur Lothaire Ier[20]. De cette union naît Wicbert qui fut assassiné en 883 par son cousin le duc Hugues d'Alsace[21], fils illégitime de Lothaire II de Lotharingie.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe – Xe siècle), Paris, Publication de la Sorbonne, 1995 (ISBN 2859442685), Tableau généalogique « Les Widonides », p.  441.
  2. Tonnerre 1994, p. 82.
  3. Chronique de Nantes p. 9.
  4. Chédevile et Guillotel 1984, p. 255.
  5. Ce fait n'est pas certain d'après André Chédeville et Hubert Guillotel dans «La Bretagne des Saints et des Rois » p. 257.
  6. Chédevile et Guillotel 1984, p. 257.
  7. Nelson 1994, p. 159.
  8. selon Michel Dillange. Les Comtes de Poitou Ducs d'Aquitaine (778-1204). La Crèche : Geste éditions, 1995 (ISBN 2-910919-09-9), p. 55.
  9. Tonnerre 1994, p. 83.
  10. Annales de Saint-Bertin: AD 843 Le breton Noménoé et Lambert, qui lui avaient récemment retiré leur foi, tuèrent Renaud duc de Nantes et firent plusieurs prisonniers.
  11. Nelson 1994, p. 160-161.
  12. Nelson 1994, p. 165.
  13. Annales de Saint-Bertin: AD 844 « Lambert avec les Bretons attaqua et tua au pont de la Mayenne quelques-uns des marquis de Charles » et Chronique de Saint-Maixent « L'année suivante Bernard, comte de Poitiers, et Hervé, fils de Rainaud, combattirent le comte Lambert et furent tués ».
  14. Nelson 1994, p. 170.
  15. Nelson 1994, p. 188.
  16. Jean Markale Histoire secrète de la Bretagne, Albin Michel, Paris 1977 (ISBN 2253022225) p. 147 « Lambert ramène les troupes bretonnes et le corps du roi en Bretagne ».
  17. Chédevile et Guillotel 1984, p. 285.
  18. Nelson 1994, p. 195.
  19. Annales de Saint-Bertin: AD 852 « Lambert et Garnier, frères, principaux auteurs des discordes, périrent, l’un dans un piège, l’autre par un jugement » et Chronique de Saint-Maixent « Et sequenti anno [852] Lambertus, comes Namnetensium, a Gauberto comite Cenomannensium in bello occiditur (Et l'année suivante, Lambert, comte de Nantes, est tué dans une guerre par Gausbert, comte du Maine) ».
  20. Lambert II de Nantes sur le site de la Fondation pour la généalogie médiévale.
  21. Le duc Hugues d'Alsace sur le site de la fondation pour la généalogie médiévale.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]