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Junon

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Junon
Déesse de la mythologie romaine
Statue de Juno Sospita, IIe siècle après J.C., Musées du Vatican
Statue de Juno Sospita, IIe siècle après J.C., Musées du Vatican
Caractéristiques
Nom latin Juno
Fonction principale Déesse de la force vitale sous ses aspects de fécondité comme guerriers, puis, sous l'influence d'Héra, du mariage
Période d'origine Rome antique
Équivalent(s) Héra, Uni
Culte
Temple(s) Temple de Junon Moneta
Famille
Père Saturne
Mère Rhéa
Fratrie Jupiter, Pluton, Neptune, Cérès et Vesta.
Conjoint Jupiter
• Enfant(s) Mars, Vulcain, Juventas, Lucine
Symboles
Attribut(s) Sceptre surmonté d'un coucou et d'une grenade, symbole de l'amour conjugal.
Animal paon
Végétal lys

Dans la mythologie romaine, Junon /ʒy.nɔ̃/, (latin : Juno /ˈjuːnoː/) est la plus importante des déesses de Rome, reine des dieux et protectrice du mariage et de la fécondité. Elle manifeste un caractère guerrier marqué et, en tant que porteuse de richesses, préside à la monnaie.

Elle est à la fois sœur et épouse de Jupiter. Elle a été assimilée à l'Héra des Grecs. Protectrice des femmes, elle symbolise le mariage lorsqu'elle est représentée recouverte de voiles, et elle est associée à la fécondité lorsqu'elle en tient l'emblème : la pomme de grenade.

Le quatrième mois du calendrier romain aurait été nommé juin en son honneur par les Romains.

Étymologie

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Iūnō, dont le nom signifie celle « qui a la force vitale/la jeunesse » est construit à partir d'une base *iūn- que l'on retrouve dans le lat. iūnī-x « génisse »[1],[2].

Junon n'a ainsi pas toujours été vue comme l'épouse de Jupiter. Marcel Renard la rapprochait de Janus, qualifié de Junonius[3]. Le couple formé de Jupiter et de Junon n'a été créé que par la suite selon l'image du couple souverain du panthéon grec ; ce qui a fait de Junon, sous l'influence d'Héra, une déesse du mariage[4].

Son nom évoque l'idée de jeunesse et de force vitale[5] : le iuuen- (iuuenis) signifie que l'homme est au moment où sa force vitale est à son sommet[6]. Au regard de la signification de son nom, Junon est originellement une déesse de la jeunesse[7]. Jean Haudry voit en elle une Aurore indo-européenne et plus précisément une Aurore jeune présidant à la durée de la vie et porteuse de richesses[8].

En accord avec sa fonction première, Junon en tant que Iuno Sororia, déesse de la jeunesse, veillait à l'initiation des jeunes filles, à leur rôle de futures mères et intervenait lors du passage de l'état d'enfant à celui de fille nubile[9].

Déesse de la force vitale, elle étend son action bienfaisante aux fruits de la terre. Ainsi, le mois de juin qui porte son nom contient de nombreux rites destinés à favoriser les récoltes. Les bovidés et les capridés jouent également un rôle important dans son culte[3].

Titus Carisius, 46 avant J.C. denier. Tête de Junon Moneta. Bonnet de Vulcain sur enclume, pinces et marteau, le tout dans une couronne de laurier. T CARISIVS

Sous la forme de Iuno Moneta, elle est, selon Jean Haudry, le prolongement d'une ancienne « déesse au collier », distributrice de richesses. De ce fait, elle intervient indirectement dans l'épisode de l'attaque des Gaulois Sénons en -390 au cours duquel une rançon est payée. De cette époque date la construction de son temple qu'Ovide attribue à Camille qui fit vœu de le construire là où se trouvait la maison de Manlius qui repoussa les Gaulois. Les Romains établiront un atelier monétaire à proximité de ce temple où elle préside aux fonctions monétaires ou prémonétaires[10].

Elle présidait ainsi à la monnaie. De nombreuses monnaies romaines à la légende Ivno regina représentent Junon debout, parfois voilée, tenant une haste et sacrifiant à l'aide d'une patère, un paon quelquefois à ses pieds. D'autres, au revers Ivno victrix, montrent une Junon victorieuse, tenant un casque et une lance, avec un bouclier et parfois un captif à ses pieds.

Son qualificatif sospes, sospita « qui sauve (au combat) » a été interprété par Georges Dumézil comme guerrier. Lié aux qualificatifs de Mater et Regina, il forme un ensemble trifonctionnel, la fonction guerrière étant associée au domaine de la fécondité et au domaine politico-religieux[11].

Plus tard par assimilation avec Héra, elle préside aux mariages et aux accouchements. Alors, et selon le cas, on l'invoquait sous les noms de Juga, Pronuba, Lucine, etc. Junon prenait un soin particulier des parures et des ornements des femmes : c'est pour cela que, dans ses peintures, ses cheveux paraissaient élégamment ajustés.

Junon lavienne à droite avec sa coiffe, son javelot et un bouclier.

Junon intervenait avec Janus aux calendes, premier jour de chaque mois du calendrier romain. Elle facilitait la tâche du dieu qui préside aux commencements et aux passages grâce à la vitalité dont elle est la dépositaire. Ainsi la collaboration effective entre Janus et Junon, qui concourent parallèlement à la transition d'un mois à l'autre, c'est-à-dire à l'heureuse naissance de la nouvelle lune[12],[13]. Ceci explique pourquoi les anniversaires de presque tous les cultes de Junon tombent sur le 1er des mois respectifs : Iuno Sospita le 1er février, Iuno Lucina le 1er mars, Iuno Moneta le 1er juin, Iuno Regina le 1er septembre, Iuno Sororia le 1er octobre, et Iuno Couella qui était invoquée à chaque premier jour des mois de l'année. Ainsi, le pontife mineur annonce à Iuno Couella les calendes (les jours sacrés pour Junon), quand la nouvelle lune devient visible[1].

Son culte était ancien en Italie centrale et, elle avait été, sous la forme Uni, empruntée par les Étrusques[6]. Cinq cités latines donnaient son nom à un mois. Les poètes en font une déesse importante de Gabii. Plusieurs gloses montrent que la Juno Curitis de Tibur était une protectrice armée. Le même caractère guerrier est fortement marqué dans la Junon de Lavinium qui portait une peau de chèvre, une javeline, un petit bouclier et des escarpins recourbés en pointe sur le devant. Agressive, bien montée sur un char au galop, la lance en avant, tendant du bras gauche un bouclier, le type de déesse que montrent statues et monnaies est clairement et uniquement guerrier[6].

Junon a par ailleurs été rapprochée de deux divinités sabelliennes, Vesuna et Pupluna- qui perdure sous le nom d'Iūnō Populōna[1].

Julia Soaemias, buste drapé. IVNO REGINA, Junon debout à droite, tenant un sceptre et un palladium.

À Rome, après la prise de Véies en 396 av. J.-C., la statue de Junon Reine fut transportée avec beaucoup d'égards de Veies à Rome[14].

Dans l'Afrique romaine et à Carthage, Junon Cælestis (la céleste) se substitua à la punique Tanit.

Ordinairement elle est représentée en matrone majestueuse, quelquefois un sceptre à la main, ou une couronne radiée sur la tête ; elle a auprès d'elle un paon, son oiseau favori.

Ses attributs sont un sceptre surmonté d'un coucou et une grenade, symbole de l'amour conjugal et le lys.

Le paon lui est associé[15]

Représentations artistiques

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L'épervier et l'oison lui étaient aussi consacrés : ils accompagnent quelquefois ses statues. Le dictame, le pavot, la grenade lui étaient donnés en offrande ; ces plantes ornaient ses autels et ses images. La victime immolée ordinairement en son honneur était une toute jeune brebis ; cependant, le premier jour de chaque mois, on lui immolait une truie.

Liens de parenté

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Triade capitoline : Minerve, avec la chouette, Jupiter, avec l'aigle, et Junon, avec une oie.

Frères et sœurs

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Junon était fille de Saturne et de Rhéa, sœur de Jupiter, de Neptune, de Pluton, de Cérès et de Vesta.

Bibliographie

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  • Georges Dumézil, La Religion romaine archaïque, avec un appendice sur la religion des Étrusques, Payot, deuxième édition revue et corrigée, 1974 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Haudry, Juno Moneta, Aux sources de la monnaie, 2002 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Noailles, Junon, déesse matrimoniale des Romains, 1948
  • Marcel Renard, « Aspect de Janus et de Junon », Revue belge de Philologie et d'Histoire, Année 1953, 31-1, pp. 5-21
  • Robert Schilling, Janus. Le dieu introducteur. Le dieu des passages. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, T.72, 1960
  • (de) Fritz Graf, Iuno. In: Der Neue Pauly (DNP). Tome 6, Metzler, Stuttgart 1999, pp. 72–76.

Notes et références

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  1. a b et c (en) José L. García Ramón, « Hera and Hero: Reconstructing Lexicon and God-names », in David M. Goldstein, Stephanie W Jamison, Brent Vine (Hg.), Proceedings of the 27th Annual UCLA Indo-European Conference, UCLA Proceedings 27, 2017. 272 pages
  2. (it) Helmut Rix, « Rapporti onomastici fra il panteon etrusco e quello romano », in Giovanni Colonna et al. (eds.), Gli etruschi e Roma: Atti dell’ incontro di studio in onore di Massimo Pallottino, 1981, pp.104–126
  3. a et b Marcel Renard, Aspect de Janus et de Junon, Revue belge de Philologie et d'Histoire, Année 1953, 31-1, pp. 5-21
  4. Pierre Noailles, Junon, déesse matrimoniale des Romains, 1948
  5. Robert Schilling, Janus. Le dieu introducteur. Le dieu des passages, in: Mélanges d'archéologie et d'histoire, T.72, 1960, pp. 106 et suiv.
  6. a b et c Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e édition revue et corrigée, Paris : éditions Payot, 1987, p. 299 et suiv.
  7. Marcel Renard, « le nom de Junon », Mélanges Joseph Hombert, Phoibos, tome V, 1951, pp.141-143
  8. Jean Haudry, Juno Moneta, Aux sources de la monnaie, 2002
  9. Robert Schilling, Janus. Le dieu introducteur. Le dieu des passages, In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T.72, 1960, pp. 112.
  10. Dominique Briquel, Jean Haudry, Juno Moneta. Aux sources de la monnaie, Milan, Archè, 2002, 199 pages, Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes, 2002/2 (Tome LXXVI), pages 315 à 340
  11. Marcel A. J. Meulder, L’équipement de Junon à Lanuvium est quadrifonctionnel, Dialogues d'histoire ancienne, Année 2016, 42-1 pp. 69-96
  12. Robert Schilling, Janus. Le dieu introducteur. Le dieu des passages, in: Mélanges d'archéologie et d'histoire, T.72, 1960, pp. 108.
  13. (en) Benjamin W. Fortson, « Linguistic and Cultural Notes on Latin: Iūnius and Related Topics ». In Mark Southern (ed.), Indo-European Perspectives, pp.61–77. Washington, D.C.: Institute for the Study of Man, IV, 2002
  14. Tite-Live, Histoire romaine, livre V, 22
  15. Guy De Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane : Dictionnaire d'un langage perdu (1450-1600), Droz, 1997, p. 113
  16. Xavier Mathieu, Antonio de La Gandara, un témoin de la Belle Époque, Tourgéville, Librairie des Musées, Illustria, , 308 pages et 400 photos (ISBN 978-2-35404-021-5)
  17. Musée de Brooklyn - Junon
  18. High Museum, Atlanta
  19. Musée de Houston

Articles connexes

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Liens externes

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