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Jean-Baptiste Bethune

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Jean Baptiste Bethune
Image illustrative de l'article Jean-Baptiste Bethune
Jean Baptiste Bethune (1821-1894)
Présentation
Naissance
Courtrai (Belgique)
Décès (à 73 ans)
Marke (Courtrai)
Nationalité Drapeau de la Belgique Belgique
Activités architecte, artisan et décorateur
Œuvre
Réalisations L'abbaye de Maredsous
Le Collège Saint-Vincent à Soignies
Mosaïque dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle
Châsse de Charles le Bon
Châsse de saint Lambert.
Distinctions La famille Bethune fut anoblie (Baron)
Entourage familial
Père Félix Bethune
Mère Julie de Renty
Famille Épouse: Émilie Anne Marie Clémence van Outryve d'Ydewalle

Jean-Baptiste Bethune né le à Courtrai (Belgique) et mort le à Marke (Belgique), est un architecte, artisan et décorateur belge. Il joua un rôle central dans le développement de l’art néo-gothique en Belgique.

Jean-Baptiste Bethune est issu d’une famille de riches marchands, originaire de Lille et installée en Belgique au siècle précédent. Sa parentèle, ainsi que Jean-Baptiste Bethune lui-même, étaient catholiques fervents, et la plupart des membres de sa famille avaient une activité politique ou occupaient des postes dans la fonction publique. La famille fut anoblie par le roi des Belges (titres de chevalier en 1845 puis de baron en 1855 et 1871) [1].

Blason

Bethune fait d'abord des études de droit à l’Université catholique de Louvain, puis s’engagea dans une carrière politique, siégeant au conseil provincial de Flandre-Occidentale à Bruges. Il reçut sa formation artistique de base à l’Académie des Beaux arts de Courtrai (ses professeurs étaient L. Verhaegen et Jules Victor Génisson). Paul Lauters l’initia à la peinture paysagiste, tandis que le sculpteur C. H. Geerts (1807–1855) ― pionnier du style néo-gothique ― l’introduisit à la sculpture. Entre 1842 et 1843, puis encore en 1850, il effectua un voyage en Angleterre, et y rencontra Augustus Welby Pugin (1812-1852), promoteur du néo-gothique en Angleterre, et qui s'était converti au catholicisme, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à construire ou restaurer des lieux de culte anglicans.

La rencontre avec Pugin et la vue de ses créations portèrent Bethune à s’intéresser davantage à l’architecture et aux arts appliqués. À l’instar de Pugin et de ses disciples et émules comme George Gilbert Scott, Bethune développa l’idée qu’un renouveau artistique des arts du monde chrétien médiéval serait propre à inspirer une société nouvelle et profondément chrétienne. De retour au pays, Bethune fut encouragé par le chanoine C. Carton à s’engager dans la création d’un authentique art chrétien. Peu à peu, il se mit à concevoir lui-même des œuvres, se décidant finalement, en 1854, à fonder son propre atelier de vitrail, sur les conseils de J. Hardman (1812–67), artisan vitrailliste travaillant pour le compte de Pugin.

Avec le poète flamand Guido Gezelle, avec qui il s’était lié d’amitié, il fut le cofondateur, à Bruges en 1851, de la Société de Saint-Luc, qui se donnait pour but de former des architectes dans l’esprit religieux de la tradition gothique médiévale, et qui ouvrira sa première école permanente à Gand en 1863. C’est dans cet institut que seront découverts et formés de nombreux artistes dont Ernest Cracco. Les écoles Saint-Luc, institutions catholiques destinées à faire contrepoids aux académies officielles, offraient également des formations en artisanat d'art, enseignant aux élèves l’art du vitrail, la sculpture sur bois, la peinture, l’orfèvrerie et le travail de l’argent... Le dessein était de former un groupe d’artisans d’art capables de prendre en charge l’ensemble de l’ameublement d’une église gothique nouvellement construite et de la décorer intégralement. En tant que professeur et patron de la société archéologique Gilde de Saint-Thomas et de Saint-Luc, fondée en 1863, Bethune, privilégiant les formes typiques de l’architecture gothique brugeoise, allait exercer une influence déterminante sur le développement ultérieur du style néo-gothique belge, dont il est considéré comme le chef de file. Parmi ceux qui bénéficièrent de son enseignement ou qui furent influencés par lui, on trouve les noms d’Ernest Cracco, déjà cité, et des architectes Joris Helleputte et Louis Cloquet. Il entretint des contacts avec ses contemporains à l’étranger, tels que Pierre Cuypers, Edward Welby Pugin, August Reichensperger et Edward von Steinle, desquels il était apprécié.

Dévoué, obstiné, il est animé par un esprit religieux ; pour lui le gothique va de pair avec le renouveau catholique.

Châsse de Charles le Bon, œuvre de Jean-Baptiste Bethune, cathédrale Saint-Sauveur à Bruges
Château de Loppem.
Mosaïques néo-byzantines dans le dôme de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, créées d’après les plans de Bethune.
Couvent néo-gothique de Vivenkapelle, construit d'après les plans de J.-B. Bethune.
Abbaye néo-gothique de Maredsous.

Dans ses créations architecturales, Bethune adopta le vocabulaire formel de l’architecture flamande typique, à base de briques, de la fin du moyen âge, plus spécifiquement celle de la ville de Bruges. Par son ascendant et son enseignement, il parvint à faire admettre ce point de vue par nombre de ses disciples.

Ce parti pris formel, conjointement avec sa forte inspiration catholique et ses affinités avec le mouvement du 'Gothic Revival' en Angleterre, est ce qui marque la différence entre son école et l’architecture néo-gothique telle que préconisée en Belgique par les académies officielles et par les partisans de Viollet-le-Duc. L’école de ce dernier était davantage intéressée par les restaurations, tandis que leurs créations nouvelles s’inspiraient en majorité de l’architecture gothique française et brabançonne. De façon générale, les créations de Viollet-le-Duc et de ses adeptes, inspirées davantage par un romantisme civil, étaient exemptes de l’idéalisme religieux et social de Bethune et de ses écoles Saint-Luc.

Outre ses projets en architecture, sa très vaste œuvre comprend des ouvrages dans quasiment tous les arts plastiques et décoratifs. Depuis la Belgique, ses projets se répandirent dans la plupart des autres pays européens. La qualité de son travail peut se juger le mieux à ses projets architecturaux intégrés, lesquels combinent toutes les formes d’art, comme le château de Loppem, l’ensemble d’édifices de Vivenkapelle (comprenant une église, un presbytère et une école associée à un couvent) et le grand complexe de l’abbaye de Maredsous. Les ouvrages de Bethune présentent un caractère architectural, archéologique et didactique prononcé. Par ses vitraux (p.e. dans les cathédrales de Bruges, Gand, Anvers et Tournai), par ses peintures murales (p.e. dans le château de Maaltebrugge, 1862–1864) et par ses mosaïques (dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, 1872), il contribua grandement à redonner vie à ces formes d’expression artistiques.

Parmi ses principales réalisations de créateur d’objets d’orfèvrerie et d’argenterie, on peut citer sa Tiare belge offert au pape Pie IX en 1871, la châsse de Charles le Bon dans la cathédrale Saint-Sauveur de Bruges (1883), et la châsse de saint Lambert dans la cathédrale Saint-Paul de Liège (1884).

Quelques œuvres

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Architecture

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Chacune des réalisations architecturales recensées ci-dessous comportait également la conception du mobilier et de la décoration (hormis l'église Saint-Joseph de Roubaix).

Arts appliqués

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  • Conception de la Tiare belge, offerte au pape Pie IX en 1871.
  • Décoration mosaïque de la coupole de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, exécutée d’après les dessins de Bethune par l’atelier du Vénitien Antonio Salviati, 1879-1881.
  • Monuments funéraires de Mgr Gravez, évêque de Namur, et de la famille Lefèvre à Sclayn (dans la commune d’Andenne, province de Namur).
  • Conception d’une châsse destinée à conserver les reliques de Charles le Bon, dans la cathédrale de Bruges, 1883-1885.
  • Conception de la châsse de Saint Lambert dans la cathédrale de Liège, 1884-1896.
  • Collégiale de Dinant : le retable du maître-autel et diverses pièces d’ameublement.
  • Aménagements civils et religieux aux châteaux de Denée, Gesves et Spontin.
  • Création d'un grand nombre d'images religieuses, gravures ou chromolithographies, de style néogothique, destinées à illustrer les ouvrages de la Société de Saint Jean l'Evangéliste, de la société de Saint Augustin et/ou des éditions Desclée. Ces images étaient également destinées à être éditées seules comme images pieuses[2].
  • Conception d’un grand nombre de luminaires néogothiques mais aussi d’objets destinés à l’aménagement des églises (chandeliers d’autel, croix, repose-missel, reliquaires…) pour la cuivrerie Saint-Eloi, fondée par les frères Desclée et située à Roubaix (le magasin est également conçu par Béthune)[3].
Frontispice d'un Missale Romanum édité par Desclée représentant le Christ en Majesté.
l'ancien orphelinat de Boussu (Belgique)
Le Collège Saint-Vincent à Soignies
le Collège Saint-Vincent de Soignies (Belgique)
  • Le Maître-autel majeur, la chaire de vérité et les confessionnaux de l'église de fer d'Argenteuil (Ohain) hélas détruits lors de la démolition de l'église en 1941[4].

Notes et références

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  1. titre de chevalier par ordre de primogéniture conféré par le roi Léopold Ier en 1845; titre de baron par ordre de primogéniture conféré par le roi Léopold Ier en 1855; extension du titre de baron à tous les descendants du nom conférée par le roi Léopold II en 1871 : P. Janssens et L. Duerloo, Armorial de la noblesse belge du XVe au XXe siècle, Bruxelles, 1992, vol. 1, p. 270.
  2. Gilles Maury, Siméon Levaillant et Roland Recht, Le baron Béthune à Roubaix : L'église Saint-Joseph & Le couvent des Clarisses, Invenit, , 160 p. (ISBN 978-2-918698-61-6 et 2-918698-61-X, OCLC 894861442, lire en ligne), p. 38-39
  3. Gilles Maury, Siméon Levaillant et Roland Recht, Le baron Béthune à Roubaix : L'église Saint-Joseph & Le couvent des Clarisses, Invenit, , 160 p. (ISBN 978-2-918698-61-6 et 2-918698-61-X, OCLC 894861442, lire en ligne), p. 49-54
  4. Alain Geûens, Le roman de l'église de fer Notre-Dame d'Argenteuil, CGHL, Lasne, 2019

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Bibliographie

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  • Jules Helbig, Album souvenir du baron Bethune (18 juin 1894) / publié par la Gilde de Saint-Thomas et Saint-Luc.Desclée, De Brouwer et Cie. Société Saint-Augustin, 1896. Consultable en ligne : https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/RP-F-2005-142 (consulté le 12/04/2021)
  • E. Gevaert, « Le baron Béthune et son oeuvre », Bulletin des métiers d'art : revue mensuelle d'architecture et d'arts décoratifs,‎ , p. 33-44 (lire en ligne)
  • Jules Helbig, Le Baron Bethune, fondateur des Écoles Saint-Luc. Étude biographique, Lille-Bruges, 1906. Consultable en ligne : https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/helbig1906 (consulté le 23/05/2021)
  • (nl) Luc Devliegher, « Bethune, Jean de », in: Nationaal Biografisch Woordenboek, 1, Bruxelles, 1964, col. 188–191.
  • (nl) J. Uytterhoeven, « Baron Jean-Baptiste de Bethune en de neogotiek », in: Handelingen van de Koninklijke Geschied- en Oudheidkundige Kring van Kortrijk, 34, 1965, p. 3–101.
  • (nl) D. Sabbe, « J.B. Bethune, promotor van de neogotische beweging », in: Handelingen van de Koninklijke Geschied- en Oudheidkundige Kring van Kortrijk, 68, 1979, p. 267–355.
  • (nl) Jan De Maeyer (dir.), De Sint-Lucasscholen en de neogotiek (Kadoc-Studies, 5), Louvain, 1988.
  • (nl) Jean van Cleven, Frieda Van Tyghem et al., De Neogotiek in België, Tielt, 1994.
  • Françoise Dierkens-Aubry et Jos Vandenbreeden, Le XIXe siècle en Belgique : Architecture et Intérieurs, Bruxelles, Racine, , 240 p. (ISBN 978-2-87386-016-5).
  • Véronique van Caloen, Jean van Cleven et Johan Braet (dir.), Le château de Loppem, Zedelgem, 2001.
  • Gilles Maury et Siméon Levaillant, Le baron Béthune à Roubaix - l'église Saint-Joseph et le couvent des Clarisses, introduction de Roland Recht, éd Invenit, 160 pages, 2014.
  • (en) Thomas Coomans, « Pugin Worldwide. From Les Vrais Principes and the Belgian St Luke Schools to Northern China and Inner Mongolia », in: Timothy Brittain-Catlin, Jan De Maeyer et Martin Bressani (dir.), Gothic Revival Worldwide. A.W.N. Pugin's Global Influence (Kadoc Artes, 16), Louvain, 2016, p. 156-171.

Articles connexes

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Liens externes

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