Confrérie de Saint-Vernier
Fondation |
1548 |
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Dissolution |
1868 |
Zone d'activité |
Besançon |
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Type |
confrérie religieuse et société de secours mutuel |
Siège |
Église Sainte-Madeleine de Besançon |
La confrérie de Saint-Vernier (1548-1868) est une confrérie religieuse, regroupant les vignerons bisontins, sous le patronage de Vernier d'Oberwesel.
Créée en 1548, elle est établie à l'Église Sainte-Madeleine de Besançon ; elle inspire vite des ramifications dans toute la Franche-Comté. Elle évoluera, au fil des siècles, en société de secours mutuel.
Dissoute dans le contexte révolutionnaire, la confrérie de Saint-Vernier est réactivée en 1804 et disparait définitivement en 1868.
Histoire
[modifier | modifier le code]Avant 1548 : contexte de création
[modifier | modifier le code]D'après Frédéric Grosrenaud, dès 1512, les vignerons bisontins sont constitués en corps par les gouverneurs de la cité[1]. Les magistrats interdisent – en 1534 selon Jean Brelot[2]-, le travail à la tâche, ainsi que de payer les vignerons à un tarif trop élevé[3],[2],[note 1], Aussi la législation interdit de trop les nourrir[4].
Ils sont, à cette époque, étroitement surveillés par la magistrature[2],[5]. En 1537, les vignerons revendiquent leur droit de fixer eux-mêmes le prix du vin. Plusieurs seront arrêtés ; l'un d'entre eux sera condamné à six ans d'exil[2].
1548 - 1678 : fondation et développement
[modifier | modifier le code]En 1548, grâce à la requête Jean Chuppin, chanoine de la Madeleine, les vignerons font l'acquisition de l'index ainsi que d'une partie du suaire de Vernier d'Oberwesel, dit saint Vernier. Ils créent alors leurs propre confrérie sous sa protection[6],[5],[7],[8].
Par la suite, le culte de Saint-Vernier s'étendra à la province environnante. On voit ainsi naitre des organisations similaires dans le comté de Bourgogne[5],[6].
On ne sait toutefois que très peu de choses de cette confrérie durant la deuxième moitié du XVIIe siècle, si ce n'est qu'elle servit de contrepoids face à la législation de magistrats[5].
1678 - 1789 : de la conquête Française à la révolution
[modifier | modifier le code]Suites de la conquête française, la confrérie de Saint-Vernier est confirmée par une bulle du papale rédigée par Innocent XI, à Rome, le [6]. D'après le chanoine Suchet, les vignerons se montrent, dans un premier temps, hostiles à Louis XIV. Craignant de perdre en libertés[7],[note 2]. Toutefois, au XVIIIe siècle, elle est l'une des confrérie les plus riche de la cité[9]. Puis, en 1770, elle évolue et devient une société de secours mutuel[8].
Après la reconstruction de l'église de la Madeleine, d'après les plans d'Alexandre Bertrand[10], elle érige une chapelle en l'honneur de saint Vernier[6],[10], et la fait décorer d'une toile du peintre Francis Jourdain, en 1788[10],[11].
La confrérie de Saint-Vernier est dissoute dans le contexte révolutionnaire[8]. Le suaire et l'os de Saint-Vernier disparaissent [6].
1804 - 1868 : recréation
[modifier | modifier le code]Malgré sa mise en sommeil, elle est recréée en 1804[8]. Toutefois, en 1860, le docteur J. Druhen la décrit comme perdant en importance, et, décrit son mutuellisme comme tombant en désuétude, en raison du net recul du vignoble bisontin[12].
La confrérie disparait définitivement en 1868. Plusieurs objets lui ayant appartenu sont encore conservés au musée de l'église Sainte-Madeleine[8].
Description et fonctionnement
[modifier | modifier le code]Ses armoiries sont : D'azur à un Saint Vernier d'or, tenant dans sa main une palme de même[13],[14]. Elle est dirigée par un conseil ainsi que par sept prieurs[9]. Elle a un caractère profondément catholique[11].
Lorsqu'un vigneron est malade, ses confrères effectuent des journées de travail sur ses vignes[5],[8]. Toutefois aucun salaire ne lui est versé[8]. Si il décède, la confrérie travail gratuitement 70 jours pour sa veuve et ses enfants[5],[8].
La fête de Saint-Vernier a cours le mardi de Quasimodo[6],[5],[8]. Les membres fond une offrande à leur saint patron et boivent quelques goutes de vin dans un même vase, suivant l'ancienne coutume[6],[11]. Ils sont vêtus d'une culotte ainsi que d'un chapeau tricorne ; tenu de Barbizier ; personnage folklorique des vignerons bisontins[6],[7],[11].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- . La Police du Noble Hostel Consistorial, qui, vers 1530, compile le statut des différentes professions, mentionne que
« Lesdits vignerons vieuls, jeunes et enfants prenoient tant et de si grosses et importables peines en faisant les vignes en tasche, que se ruynoient les corps, tellement qu'ils en demeuroient faibles à jamais et en bien moindre durée. »
« [...] On raconte qu'un jour les vignerons de Battant, connus sous le nom de Bousbots, donnaient un repas de confrérie. L'intendant voulut y assister pour recommander l'amour du roi. À la fin du banquet, on trinqua à la santé de toutes les autorités, de l’archevêque, du président du Parlement, etc. L'Intendant crut le moment venu de parler de Louis XIV. Il vanta ses bienfaits et termina en disant : « Buvons à la santé du roi. » Un vieux Bousbot mit alors la main sur son verre, en disant tout haut dans son patois : « Maintenant je n'ai plus soif. » [...] »
Références
[modifier | modifier le code]- Grosrenaud 1907, p. 31-32.
- Jean Brelot, « Les Vignerons », dans Histoire de Besançon, t. 1, , p.589-590
- Grosrenaud 1907, p. 34.
- Grosrenaud 1907, p. 72.
- Chapuis et Mille 2019, p. 86-87
- Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : Vies des saints, vol. 4, Typographie des célestins, , 7e éd. (1re éd. 1866-69) (lire en ligne), p. 524-525
- Jean-Marie Suchet, « Les Anciennes Corporations d'arts et de métiers à Besançon », dans Nicolas François et Louis Besson, Annales franc-comtoises, vol. V, (lire en ligne), p. 181 et 187
- Notice historique sur la confrérie de Saint-Vernier. par : musée de la Madeleine.
- Claude Fohlen, « Le Vignoble », dans Histoire de Besançon, t. 2, , p.137-140
- Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, Société d'émulation du Doubs, (lire en ligne), « Le Peintre François Jourdain », p. 129
- Chapuis et Mille 2019, p. 126-127
- J. Druhen, « De l'indigence à la bienfaisance », dans Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, Dodivers, (lire en ligne), p. 158-159
- Charles d'Hozier (1640-1732), Armorial général de France: Recueil officiel dressé en vertu de l'édit de 1696 par Charles d'Hozier.... Franche-Comté, Imprimerie Darantière, 1875 (réédition) (lire en ligne), p. 69
- Jules Gauthier, Statuts, insignes et armoiries des corporations d'arts et métiers et des confréries militaires ou judiciaires de Franche-Comté..., (lire en ligne), p. 14
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Marie Suchet , Le Mystère de saint Vernier, patron des vignerons franc-comtois, Annales franc-comtoises, t. 11, janv. 1869, p. 26-60.
- Frédéric Grosrenaud, La Corporation ouvrière à Besançon (XVIe – XVIIe siècles), thèse de doctorat, sous la direction d'Ernest Champeaux, Université de Dijon, (lire en ligne), « Section I - Alimentation : farines, viandes, boissons : vivres en général »
- Robert Chapuis et Patrick Mille, Besançon, un vignoble millénaire, (ISBN 978-2-343-17315-3)