Circuit de France
Sport | cyclisme sur route |
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Création | |
Disparition | |
Éditions | 1 |
Type / Format | course à étapes |
Lieu(x) | France |
Tenant du titre | François Neuville |
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Le Circuit de France est une course cycliste par étapes disputée une seule fois en . Elle fut courue du au en 8 étapes à travers la France, en zone occupée et en zone libre, avec un départ et une arrivée à Paris. Cette course fut initiée par l'occupant allemand — à défaut de pouvoir relancer le tour de France — avec l'aval du régime de Vichy, mais elle fut un échec.
Origine
[modifier | modifier le code]Pour séduire et rassurer la population française[1], les Allemands, avec la bienveillance du Commissariat aux sports du régime de Vichy[2], souhaitent relancer le Tour de France interrompu par la guerre depuis 1939. Le directeur du journal L'Auto, Jacques Goddet, qui a pris la suite d'Henri Desgrange mort en août 1940, s'y refuse. Les autorités occupantes et le régime de Vichy décident alors de créer une nouvelle course cycliste. La direction est confiée à Jean Leulliot, chef des sports[3] au journal collaborationniste La France socialiste[4] et ancien journaliste de L'Auto[3]. Les Allemands s'engagent à laisser le passage aux cyclistes dans la zone occupée et à fournir du matériel[5].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le parcours, d'une longueur de 1 515 km, est découpé en six étapes sur une semaine[6]. Le parcours ressemble beaucoup aux tout premiers tours de France, faisant une boucle de Paris à Paris en passant par Le Mans, Poitiers, Limoges, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne et Dijon[3]. La course se déroule en zone occupée et en zone libre, franchissant deux fois la ligne de démarcation, à Jardres, dans la Vienne, et à Châlon-sur-Saône, en Saône-et-Loire[1]
71 coureurs, beaucoup contraints, prennent le départ, au sein de 12 équipes[3]. Ce sont des Français et des Belges avec quelques Italiens, 2 Espagnols et 1 Néerlandais. 29 finiront la course, remportée par le Belge François Neuville[3].
Même s'il y a du monde pour assister aux départs et aux arrivées des étapes[3], la course est un échec en raison d'une organisation défaillante[3] et de problèmes liés à la guerre: difficultés d'approvisionnement en nourriture et matériel, problèmes de logistique dont le logement[4]. La course a été organisée à la hâte avec des données approximatives obligeant souvent à des improvisations tout au long du parcours[3]. Les étapes sont trop longues et connaissent d'importants retards, obligeant, en ce début d'automne, les coureurs à rouler la nuit, certains concurrents se perdant dans l'obscurité. Lors de la troisième étape, entre Poitiers et Limoges, les contrôles lors du passage de la ligne de démarcation à Jardres, dans le département de la Vienne, durent trois heures[3].
Les coureurs sont obligés d'utiliser leurs tickets de rationnement. Faute d'argent ou parce que beaucoup d'hôtels sont fermés, ils dorment dans des dortoirs d'écoles ou dans des séminaires[3]. Comme la population, ils sont soumis au couvre-feu. Les conditions météo, début d'octobre, ne sont pas non plus favorables à une course par étapes[3].
Un mois plus tard, les Alliés débarquent en Afrique du Nord et les Allemands envahissent la zone libre. La préoccupation de l'Occupant se focalise alors sur la lutte contre la Résistance[3] et à prévenir un futur débarquement. Le Circuit de France ne sera pas reconduit[3] et la course, comme d'autres courses à étapes, fut interdite par décret en 1943.
Palmarès
[modifier | modifier le code]Jour | Étapes | Distance | Vainqueur | 2e | 3e |
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1. Paris-Le Mans | 203 km | Guy Lapébie (FRA) | François Neuville (BEL) | Louis Thiétard (FRA) | |
2. Le Mans-Poitiers | 226 km | Frans Bonduel (BEL) | Albert Goutal (FRA) | Louis Thiétard (FRA) | |
3a. Poitiers-Limoges | 103 km | Georges Guillier (FRA) | Émile Idée (FRA) | François Neuville (BEL) | |
3b. Limoges-Clermont-Ferrand | 163 km | Louis Caput (FRA) | François Neuville (BEL) | Raymond Louviot (FRA) | |
4. Clermont-Ferrand-Saint-Étienne | 203 km | François Neuville (BEL) | Louis Thiétard (FRA) | Pierre Brambilla (ITA) | |
5a. Saint-Étienne-Lyon | 56 km | Joseph Van De Weghe (BEL) | Louis Thiétard (FRA) | Léon Level (FRA) | |
5b. Lyon-Dijon | 203 km | Albert Goutal (FRA) | Frans Bonduel (BEL) | Bruno Carini (FRA) | |
6. Dijon-Paris | 358 km | Raymond Louviot (FRA) | Éloi Tassin (FRA) | Bruno Carini (FRA) |
Classement général final
[modifier | modifier le code]Classement général final | ||||||||||||||||||||||
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Liste des coureurs
[modifier | modifier le code]A : Abandon en cours d'étape ; E : Éliminé ; NP : Non Partant.
Références
[modifier | modifier le code]- Stéphane Delannoy, « L'épisode méconnu du " Circuit de France " », La Nouvelle République, (lire en ligne, consulté le )
- Aujourd’hui dans Affaires sensibles : l’incroyable histoire du Tour de France fantôme en 1942 par Adrien Carat, France Inter, 22 juin 2023
- Gabriel Joly, « Cyclisme: en 1942, sous l'Occupation, le "Circuit de France" à la place du tour de France pour servir la propagande de Vichy », sur francetvinfo.fr, France Info (consulté le ).
- « Quand la France de Vichy et l'occupant nazi organisaient leur Tour de France »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur RTL.fr (consulté le ).
- « Le Tour de France à l'épreuve de la guerre (2/2) », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Les souvenirs du « Tour de France fantôme » de 1942 », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Etienne Bonamy, Les Forcés de la route, En Exergue Editions, coll. « Littérature A L'Air Libre », , 206 p. (EAN 9791097469290).
- Jean Bobet, Le Vélo à l'heure allemande, éditions La Table Ronde, , 224 p. (ISBN 9782710329831).