Château de Boves
Château de Boves | |
Type | Château à motte |
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Début construction | Moyen Âge |
Destination actuelle | Ruines |
Protection | Inscrit MH (1926)[1] |
Coordonnées | 49° 50′ 36″ nord, 2° 22′ 51″ est[2] |
Pays | France |
Province | Picardie |
Région | Hauts-de-France |
Département | Somme |
Commune | Boves |
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Le château de Boves est un ancien château fort, de nos jours en ruines, dont les vestiges se dressent sur le territoire de la commune française de Boves à 8 km au sud-est d'Amiens, dans le département de la Somme. Il n'en subsiste aujourd'hui que la motte castrale que surmontent deux pans de murs d'une dizaine de mètres, vestiges de la tour sud-est de la dernière résidence aristocratique construite à la fin du XIVe siècle sur ce tertre entièrement anthropique. Les recherches archéologiques conduites sans discontinuité depuis 1996 à 2019 conduisent à un profond renouvellement de nos connaissances de ce site, ainsi que de manière plus globale sur l'adaptation du chef-lieu d'un centre de pouvoir majeur régional de haut niveau entre le IXe et le XVIIe siècle.
Localisation
[modifier | modifier le code]La place forte est bâtie sur une falaise de craie culminant à environ 71 mètres, sur la commune de Boves, dans le département français de la Somme. Le promontoire de Boves est l'une des unités géographiques les plus favorables à l'installation d'une fortification en amiénois. Le promontoire en forme d'éperon, barré par un profond fossé au sud, est déterminé sur son flanc est par la confluence de la Noye et de l'Avre (altitude 25 à 30 m) et, à l'ouest, par le fort méandre de la vallée (sèche) des aires (altitude 35 m)[3].
Historique
[modifier | modifier le code]La motte castrale anthropique (i.e créée par l'homme) fut probablement érigée dans la première moitié du Xe siècle[4]. Selon les résultats des recherches actuelles, il semblerait que les premières occupations se soient faites juste après son édification. Le site fut plus précisément une résidence d'élite.
Dans la basse-cour du château, fut construit le prieuré Saint-Ausbert rattaché à l'ordre de Cluny et qui au XIIe siècle dépendait du prieuré de Lihons-en-Santerre[5].
La motte fut plusieurs fois agrandie et remaniée. Notons d'ailleurs que l'occupation ne fut pas entrecoupée de phases d'abandons, ce qui rend logiquement l'interprétation archéologique plus complexe. Au XIVe siècle, Ferry Ier de Vaudémont fit reconstruire le château. Il reste de cette nouvelle construction les deux pans de murs encore visibles aujourd'hui. Le château de la dernière phase de construction fut démantelé en 1595. Il servit alors de carrière de pierre à ciel ouvert !
Au XIXe siècle, seuls les vestiges d'une tour subsistaient sur la motte, comme l'attestent des dessins et peintures et comme le mentionne très brièvement et vraisemblablement déçu Victor Hugo, lors de sa visite en : « J’ai vu les ruines […] de Boves, un grand donjon crevassé… »[6].
Historique des recherches archéologiques
[modifier | modifier le code]Entre 1996 et 2013, Philippe Racinet, professeur à l'Université de Picardie Jules Verne a conduit un programme archéologique pluridisciplinaire en s'appuyant sur une équipe étoffée de plusieurs chercheurs, ayant formé un demi-milliers d'étudiants durant cette période. Ces recherches ont donné lieu depuis à trois publications monographiques dans la Revue archéologique de Picardie (2002, 2008, 2012) portant sur les résultats archéologiques ainsi que sur l'étude des artefacts et des macro-restes intéressants les campagnes s'étendant de 1996 à 2005. Ce premier programme a permis la fouille de 1 300 m2 de la plate-forme et d'illustrer la complexité des aménagements conduits entre la fin du IXe et la fin du XVIe siècle, et par là même, de documenter les formes matérielles diverses d'une résidence aristocratique à travers sept siècles. Depuis 2014, un nouveau programme pluriannuel (Richard Jonvel) s'intéresse désormais à l'occupation de la première enceinte, et plus particulièrement au secteur sud-est, zone tampon et d'échanges entre le château et le prieuré clunisien. À la suite d'une première triennale (2016-2018) dans le cadre du programme universitaire ArchéoMedPic porté par le Laboratoire trAme EA 4284, la nouvelle triennale engagée bénéficie désormais de son intégration aux activités scientifiques du service Archéologie Préventive d'Amiens Métropole.
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Vue aérienne en 2018.
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Mise au jour d'une muraille à l'assemblage très régulier, fin juillet 2008.
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Cette même muraille, vue dans la direction opposée, huit jours plus tard.
Description
[modifier | modifier le code]L'ancienne place forte, longue de 100 m sur 80 m, est constitué de remparts de terre précédés par des fossés du côté plateau et en retour vers l'à-pic. Au sud, sur un petit réduit de 20 m sur 30 m se dressait un donjon carré en pierre dont il subsiste des pans de murs[7].
La topographie actuelle permet de distinguer trois entités géographiques au sein de ce site de 11 ha :
- Une plate-forme sommitale de 2 300 m2 établie sur une motte de terre entièrement construite de main d'homme, qui surplombe de 14 m la basse-cour.
- Une première enceinte de 5,1 ha (dite « basse-cour » par facilité de langage) englobant la motte, deux établissements religieux et leur aire sépulcrale respective, une cellule paroissiale (Notre-Dame des Champs) et probablement, par étude régressive des textes, un habitat villageois à l'ampleur indéterminé ; ce premier espace est ceint au moins dès le plein Moyen Âge par une fortification à la nature inconnue mais comprenant deux portes dite de Sains (Ouest) et de la Fontaine (Nord).
- Une seconde enceinte de 6 ha aujourd'hui en culture conservant, d'après des photographies aériennes, la trace d'une grande exploitation agricole datée du XIIe – XIVe siècle.
La fouille de la motte artificielle a permis de préciser son mode de construction. Dans un premier temps, le rebord de la motte a été aménagé avec des blocs et du cailloutis de craie déposés en alternance, limitant ainsi l'érosion et garantissant une forte pente (45 degrés) du flanc de la motte, et ensuite l'intérieur a été comblé avec des dépôts hétérogènes intercalés de radiers damés. L'étude des remblais a permis de montrer que ceux-ci tendent à s'incliner du rebord extérieur de la motte vers le centre, entraînant un drainage des eaux de surface vers le centre de l'emmotement, facilitant la mise à sec de la périphérie, et évitant sur le rebord le ruissellement érosif[8].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- B. Clavel, L'animal dans l'alimentation médiévale et moderne en France du Nord (XIIe – XVIIe siècle), Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 19, 2001.
- B. Clavel, S. Sicard, « L’étude des hypoplasies linéaires de l’émail (LEH) et la caractérisation de l’élevage porcin au Moyen Âge sur les sites de Boves (Somme) et de Vincennes (Val-de-Marne)», Revue Archéologique de Picardie, no 3/4, 2007, p. 113-126.
- B. Clavel et J. Vorenger « Quelques données sur la pêche et la consommation du poisson en milieu castral dans le comté d’Amiens (Somme, France) du Xe au XIVe siècle », dans Béarez O., Ph., Grouard S. et Clavel B. (dir.), XIVth ICAZ Fish Remains Working Group Meeting, Archéologie du poisson, 30 ans d’archéo-ichtyologie au CNRS, Hommage aux travaux de Jean Desse et Nathalie Desse-Berset, éd. APDCA, 2008, p. 61-66
- C. Duval, B. Clavel, « Les oies du site castral de Boves au Xe siècle. Tentative d’identification des individus domestiques », Revue Archéologique de Picardie, no 1/2, 2018, p. 43-59.
- O. Robin, B. Clavel, The diversity evolution of sheep morphology in French zooarchaeological remains from the 9th to the 19th century: Analysis of pastoral strategy, September 2018, Journal of Archaeological Science, 99, 2018, p. 55-65.
- R. Jonvel, O. Leblanc, « Les accords de Boves et la pacification de l’Amiénois (juin 1185 – juin 1186) », Histoire Médiévale et Archéologie, 2015, p. 85–110.
- R. Jonvel, « Aux origines du château : quelques exemples de fortifications de terre en Picardie occidentale », Places fortes des Hauts-de-France -1 -. Du Littoral à l’arrière-pays (Pas-de-Calais, Somme). Actualités et recherches inédites, Septentrion, Lille, 2018, 51 p.
- O. Leblanc, Les seigneurs de Boves. Origines et exercice du pouvoir en Picardie (IXe – XIIIe siècle), thèse de l'Université de Picardie, 4 vol., 2003 (en cours de publication).
- V. Legros, Archéologie de l'objet métallique aux époques médiévale et moderne entre Somme et Oise : approches typologique et fonctionnelle, thèse de l’Université de Picardie, 4 vol., 2001.
- V. Legros, Archéologie de l’objet métallique aux époques médiévales et moderne en Picardie, Revue Archéologique de Picardie, no 1/2, 2015.
- B. Maimbourg, "Les carreaux de pavement du site castral de Boves (Somme)", Terres cuites architecturales médiévales et modernes en Ile-de-France et dans les régions voisines, (textes réunis par J. Chapelet, O. Chapelet et B. Rieti), Publications du CRAHM, Caen, 2009, p. 303-314.
- J. Maquet, « Le seigneurs lorrains de Boves (XIIIe – XVIe siècle) », Histoire Médiévale et Archéologie, 2015, p. 299-318.
- J. Maquet, « Une seigneurie picarde au sortir de la guerre de Cent Ans Boves, 1453-1454 », dans Hamon, Étienne - Paris-Poulain, Dominique - Aicard, Julie (dira.), La Picardie flamboyante. Arts et reconstruction entre 1450 et 1550. Art et Société, 2015, p. 37-44
- S. Mouny, « Les verres médiévaux du site castral de Boves (somme) : première présentation », Bulletin de l’Association Française pour l’Archéologie du Verre, 2008, p. 89-94.
- S. Preiss, Exploitation des ressources végétales et pratiques alimentaires dans le nord de la France entre les Xe et XIIe siècles : études carpologiques de la motte castrale de Boves (Amiens, Somme) et des sites environnants, thèse de l'Université de Picardie, 2011.
- Ph. et S. Racinet, « Le siège de Boves en 1185 », La bataille en Picardie, combattre de l’Antiquité au XXe siècle, Amiens, 2000, p. 22-46.
- Ph. Racinet, coord., Le site castral et prioral de Boves du Xe au XVIIe siècle. Bilan des recherches 1996-2000, Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 20, 2002, p. 22.
- Ph. Racinet, L. Droin, « De la résidence carolingienne à la motte : le complexe castral et prioral de Boves (Somme, France), des IXe-Xe au XIIIe siècle », Château-Gaillard 20, p. 207-226
- Ph. Racinet, coord., Le site castral de Boves du Xe au XVIIe siècle. Bilan des recherches 2001-2006, Revue Archéologique de Picardie, no 1/2, 2008.
- Ph. Racinet, coord., Boves (Somme). Complexe castral et prioral. Étude du mobilier, Revue Archéologique de Picardie, no 1/2, 2012.
- Ph. Racinet, « Boves. Une résidence princière (fin XIVe-fin XVIe siècle), Histoire Médiévale et Archéologie, 2015, p. 143-206.
- Ph. Racinet, « Une forteresse princière : Boves (XIVe - XVIe) », Places fortes des Hauts-de-France - 1 - Du Littoral à l’arrière-pays (Pas-de-Calais, Somme). Actualités et recherches inédites, Septentrion, Lille, 2018, 35 p.
- V. Vieille, G. Decocq, Ph. Racinet, « Influence des facteurs historiques sur la végétation actuelle : le cas des mottes castrales en milieu forestier (Picardie, France) », Acta Botanica Gallica, 2002, 149 (2), p. 197-215.
- 1000 ans d’architecture dans le château de Boves - La motte castrale de Boves, résidence aristocratique et siège de pouvoir, Archéologia, no 414, septembre 2004, p. 37-49.
- Ph. Racinet, "La motte castrale de Boves : résidence aristocratique et siège de pouvoir" in Archéologia no 414 ; Dijon : Faton, 2004. p. 36-49.
- Ph. Racinet (coord.), Le site castral et prioral de Boves du Xe au XVIIe siècle - Bilan des recherches 2000-2006, Revue Archéologique de Picardie, no 1/2, 2008.
- Ph. Seydoux, Forteresses médiévales du nord de la France, Éditions de la Morande, 1979 (ISBN 2-902-091-05-2)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressource relative à l'architecture :
- Édouard Baldus et Auguste Hippolyte Collard, Chemin de fer du Nord - Ligne de Paris à Boulogne - Album de vues photographiques, Paris, Compagnie des chemins de fer du Nord, , 49 p. (lire en ligne), p. 35
- Laboratoire d'archéologie de l'Université de Picardie Jules Verne
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Notice no PA00116106, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps.
- Sébastien Noël et Luc Stevens, Souterrains et mottes castrales : Émergence et liens entre deux architectures de la France médiévale, Paris, Éditions L'Harmattan, , 422 p. (ISBN 978-2-343-07867-0), p. 360.
- Noël et Stevens 2022, p. 9.
- Elisabeth Magnou-Nortier, Aux sources de la gestion publique (tome 3), , 320 p. (ISBN 978-2-86531-078-4, lire en ligne), p. 294.
- Victor Hugo, Œuvres complètes - Voyages - France et Belgique (1835, Lettre V, Du Tréport, 6 août), coll. Bouquins, Éditions Robert Laffont, Paris, octobre 1987, p. 550.
- André Châtelain, L'évolution des châteaux forts dans la France au Moyen Âge, Éditions Publitotal, , 319 p. (ASIN B004Z1ACJ4), p. 44.
- Noël et Stevens 2022, p. 18.