Aller au contenu

Bande des bergers de Venzolasca

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La bande des bergers braqueurs de Venzolasca est une bande criminelle corse également nommée « clan Federici ».

Généralités

[modifier | modifier le code]

La bande des Bergers braqueurs est originaire de Venzolasca en Haute-Corse, dont le maire est Balthazar Federici (70 ans en 2024), qui a été élu depuis 1998. Ange-Toussaint Federici, frère de Balthazar Federici, a fait fortune dans le braquage de banques dans les années 1980 et 1990, ce qui a influencé le surnom donné à la bande. Selon les magistrats du pôle marseillais spécialisé dans la criminalité organisé, la bande a pris sa place dans le banditisme corse dans les années 1990 avec ses braquages de banques dans le sud-ouest de la France[1].

Le chef présumé de la bande est Ange-Toussaint Federici, et la bande est également nommée « clan Federici »[2]. En plus d'activités légales[1], la bande oeuvre dans de le domaine de l'extorsion et du racket, et a des ambitions sur le domaine du jeu, de l'immobilier, et du fret de marchandises dans les aéroports[2],[3],[4],[5]. Selon un haut magistrat spécialisé, les Bergers « sont réputés pour leurs actions sanguinaires et le goût pour les signes extérieurs de richesse »[6].

Cette bande est implantée en Corse, mais a également des intérêts dans le sud de la France. Le Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée indique que la bande fait du racket de restaurants en vogue dans les régions de Marseille et Aix en Provence[2]. Le clan est également soupçonné d'avoir participé à de nombreux braquages de banques en France[7].

Chronologie

[modifier | modifier le code]

Ange-Toussaint Federici est condamné à trente ans de réclusion criminelle pour un triple assassinat (dont celui de Farid Berrahma), le 4 avril 2006, pour un conflit d'implantation de machines à sous autour de l’étang de Berre (Tuerie du bar Marroniers à Marseille, ).

De septembre 2015 à juillet 2017, enquête de la police judiciaire (PJ) sur les activités de la famille Federici en Corse, en France métropolitaine et à l’étranger[8].

En 2016, Jean-François Federici est condamné à 30 ans de réclusion avoir participé au double assassinat en Haute-Corse en 2011 des deux cousins François-Antoine Mattei, 63 ans, et Jean-Baptiste Mattei, 43 ans[9].

Le 29 mai 2020, onze personnes, dont Jean-François Federici, sont renvoyées devant le tribunal correctionnel dans l'affaire du Cercle Cadet (ancien Cercle Concorde), cercle de jeux parisien. Ils avaient été mis en examen en 2017. Jean-François Federici et deux de ses proches sont soupçonnés d'avoir ponctionné sur les recettes de ce cercle. Son gérant, Serge Kasparian, a déclaré aux enquêteurs qu'il avait été racketté entre 2012 et 2014, à hauteur de 120 000 euros en moyenne par mois[10].

En avril 2024, une dizaine de personnes soupçonnées d'appartenir au clan Federici sont arrêtées dans le cadre d'une enquête où elles sont accusées d'avoir racketté un restaurant au sein d’un village de vacances sur la façade maritime de Venzolasc. L'opération aurait visé notamment à prendre le contrôle de l'établissement pour effectuer du blanchiment d'argent. Les policiers effectuent plusieurs saisies sur des comptes bancaires pour un montant global de près de 520 000 euros[2].

Membres présumés

[modifier | modifier le code]

Ange-Toussaint Federici est condamné à 20 ans de prison pour ses braquages de banque des années 1990 et revient, libre, en Corse en 2003. Il achète des sociétés et replonge également dans le crime[1]. Il est condamné à trente ans de réclusion criminelle pour le triple assassinat de la Tuerie du bar des Marroniers, dont celui de Farid Berrahma, le 4 avril 2006 à Marseille, dans un conflit d'implantation de machines à sous autour de l’étang de Berre[8],[1].

Jean-François Federici, fiché au grand banditisme, est détenu à Toulon. En fuite de 2012 à 2015, il a été condamné à trente ans de réclusion pour les homicides volontaires avec préméditation et en bande organisée de deux cousins, Jean-Baptiste Mattei et François-Antoine Mattei, survenus en février 2011 dans le contexte de l'affrontement entre les familles Mattei et Costa en Haute-Corse[8],[11].

Avec la mise à l'écart d'Ange-Toussaint Federici et Jean-François Federici, Pierre-Jules Federici — fils cadet d'Ange-Toussaint Federici — prend la direction des activités après la mort du fils aîné, décédé d'un accident de moto en 2010[1].

Deux proches du clan Federici sont deux notables de Haute-Corse : Christophe Perfettini, président du groupe Hestia services sécurité (ex-Sisis), qui pourrait être la façade légale du clan, et Pierre-Louis Montet, cofondateur du groupe Hestia. Hestia emploie 500 personnes, sécurisant notamment le port et l'aéroport de Bastia, et est l'une des entreprises les plus importantes de Corse[1].

  • Affaires immobilières / plan local d'urbanisme (PLU) : Saint-Florent, Bonifacio
  • Contrôle de marchés publics
  • Extorsion de fonds en bande organisée
  • Assassinats

Tuerie du Bar des marroniers à Marseille

[modifier | modifier le code]

Ange-Toussaint Federici a été gravement blessé au genou dans la tuerie du Bar des marroniers à Marseille qui a tué le 4 avril 2006 Farid Berrahma et ses deux lieutenants. Ange-Toussaint Fédéricci a appelé Paul Lantieri afin de l'aider à se faire soigner. Ce dernier a appelé un neurochirurgien de la clinique Clairval de Marseille qui l'y fait hospitaliser. Ange-Toussaint Federici s'en est évadé après 24 heures. C'est son cousin Paul Bastiani, courtier en automobiles, qui l'a conduit à la clinique Clairval de Marseille. Paul Bastiani a été mis en examen pour recel de malfaiteur et libéré par le juge de la détention et des libertés[12].

Liens avec les milieux politiques

[modifier | modifier le code]

Selon une écoute policière du 12 novembre 2015, Dominique Viola, alias « Mimi », bras droit de Paul Giacobbi, alors président (PRG) de l’exécutif de la collectivité territoriale de Corse et député de Haute-Corse, a sollicité Pierre-Louis Montet — qualifié par les enquêteurs d’« homme de confiance » et d’« affairiste des Federici » — pour l'aider à remplir des salles de réunion électorale lors des élections territoriales de décembre 2015. Dominique Viola lui demande de contacter pour cela des amis politiques, en particulier à la mairie de Bastia[8].

Liens avec les milieux d'affaires

[modifier | modifier le code]

Plusieurs sociétés rattachables au clan Federici. Les Federici possèdent en particulier la société de fret aérien, Casinc’Air, achetée en 2005. En avril 2018, Pierre-Jules Federici a été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille pour abus de biens sociaux à 18 mois de prison avec sursis, ayant été reconnu coupable d’avoir eu un emploi fictif au sein de Casinc’Air[7].

Plusieurs écoutes d'Ange-Toussaint Federici entre le 7 novembre 2015 et le 19 juillet 2016 montre son souhait de tisser des liens avec Patrick Rocca, président du Groupe Rocca, premier employeur de Corse, présent dans les transports, la gestion des déchets, le BTP, la promotion immobilière et commerciale…. Pierre Federici a démarché Patrick Rocca, détenteur de la franchise Decathlon en Corse, pour l'inciter à installer un magasin Décathlon sur un de leurs terrains au sud de Bastia. Le 26 décembre 2016, une altercation a eu lieu entre David Costa-Dolesi, membre du groupe Federici, et Patrick Rocca, dans le bureau de ce dernier. Pour ce fait, David Costa-Dolesi a été arrêté et condamné en février 2017 à dix-huit mois de prison[8].

Les Federici seraient proches du SCB, Sporting Club de Bastia[8].

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e et f Hélène Constanty, « Offensive judiciaire contre le clan corse des Federici », sur Mediapart, (consulté le )
  2. a b c et d Paul Ortoli, « Corse : des poursuites contre le clan criminel des Federici », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Corse : mise en examen de dix personnes liées au clan Federici pour extorsion et blanchiment dans le tourisme », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  4. « Banditisme en Corse : vague d'interpellations dans le "clan Federici" », sur www.corsematin.com, (consulté le )
  5. « Jeux clandestins à Venzolasca : trois personnes proches du "clan Federici" en détention provisoire », sur www.corsematin.com, (consulté le )
  6. « Les mafieux de la Brise de mer contre les Bergers braqueurs », sur leparisien.fr, (consulté le )
  7. a et b AFP, « Jeux clandestins en Corse : cinq proches du « clan Federici » mis en examen », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  8. a b c d e et f « Plongée au cœur du système mafieux corse », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  9. Cercle de jeux Cadet: un membre du grand banditisme corse mis en examen, France 3, 29 novembre 2017
  10. Cercle de jeu parisien : le parquet demande le renvoi de trois figures du milieu insulaire, France 3, 29 mai 2020
  11. Arrestation d’un fugitif lié au grand banditisme corse, Mediapart, 24 février
  12. « Quand Federici était admis à Clairval », La Marseillaise,‎ (lire en ligne).