Arrigo della Rocca
Arrigu della Rocca (co)
Titres
–
(28 ans)
Prédécesseur | Sinucello della Rocca |
---|---|
Successeur | Vincentello d'Istria |
Prince souverain de Corse
–
(2 ans)
Prédécesseur | Fonction créée |
---|---|
Successeur | Fonction supprimée |
Lieutenant-général de Corse-Sardaigne
–
(5 ans)
Prédécesseur | Fonction créée |
---|---|
Successeur | Vincentello d'Istria |
Seigneur de la Rocca
–
(45 ans)
Prédécesseur | Guglielmu della Rocca |
---|---|
Successeur | Francesco |
Dynastie | della Rocca |
---|---|
Naissance |
vers 1330 Rocca |
Décès | |
Père | Guglielmo della Rocca |
Enfants |
Anton Lorenzo Francesco (Illégitime) |
Religion | catholique |
Arrigo della Rocca (Arrigu en corse) est une figure importante de l'histoire médiévale corse et qui fut un acteur dans la projet politique de la Couronne d'Aragon pour l'ile.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origine et premières décennies
[modifier | modifier le code]Arrigo della Rocca est le fils de Guglielmu (mort en 1354), seigneur de la Rocca[1], petit-fils de Sinucello della Rocca[2].
Il est otage à Gênes pour garantir la loyauté de son père, ce dernier étant vicaire pour le compte de la république. Il finit par être emprisonné à la suite de la déchéance de Guglielmu. Arrigo profite de la révolte menant à la prise de pouvoir de Simone Boccanegra et du partie populaire en 1356 pour s'échapper de prison[2].
Retournant en Corse, lui et sa famille subiront comme tous les seigneurs de l'ile la révolte de 1357-1358. Arrigo della Rocca s'oppose alors à la domination génoise en Corse qui en découle.
Il se réfugie en Aragon, sert le roi en Sardaigne avec sa masnada (mesnie) d'éxilés corses en 1364, puis revient dans l'île en 1371 avec une petite armée aragonaise. Par arrangement politique et persuasion auprès des autres seigneurs du "Stato Cinarchese", il prend l'ascendant ; profitant également des déboires de Gênes dans l'ile[3].
Il se considère comme le lieutenant du « roi d'Aragon, de Corse et de Sardaigne ».
Au cours de l'année 1373, il s'empare du château de Cinarca et prend pied en "Terra del Commune". Les Génois confièrent à Franceschino d'Evisa, l'un des chefs de la rébellion de 1357, la direction d'une petite armée avec pour mission de chasser Arrigo de Corse. Mais Arrigo le fit assassiner et conquit rapidement le reste de l'île à l'exception des deux forteresses génoises de Bonifacio et de Calvi[4]. Grâce à ses succès militaires, au soutiens des seigneurs Cinarchesi et de certains clans (comme la famille Cagionacci), il devient seul maitre de l'île.
Comte de Corse
[modifier | modifier le code]Il est acclamé comte de Corse par ses partisans lors de la vedutta qu'il assemble à Biguglia et reçoit la Baccheta[5], sceptre symbole de son pouvoir. Il est nommé par le Roi d'Aragon Lieutenant-Général des armées de Corse et de Sardaigne.
En 1376, à la suite de machinations de seigneurs du Capi corsu, Arrigo demande l’aide de son roi face à des tentatives génoise de reprendre pied sur l’ile. Le roi Pierre IV ne pouvant le soutenir, lui offre un privilège exceptionnel : une concession et exception de taxe sur le sel de Cagliari[6].
À la suite de victoires sur la Maona, à qui la république de Gênes avait confiée la conquête et la gestion de l'ile[7], Arrigo la rejoints et devient son 6ème membre. C'est durant cette période d'association qu'est bâtit entre 1378 et 1383 la tour castral (Bastita) à l'origine de la ville de Bastia.
Arrigo finira par se retourner contre ses associés. Il fait capturer les actionnaires de la Maona et redevient un « fidèle » du roi d'Aragon. Lassée des vicissitudes de la maona en Corse, Gênes reprend en main le projet populaire pour l'ile. En 1393, Arrigo et son fils Anton-Lorenzo doivent fuir à la suite d'une expédition soudaine qu’ils n’ont pas eu le temps de contrecarrer ;
Chef popolari
[modifier | modifier le code]Par lettres patentes du 21 décembre 1393, délivrées par le roi don Juan d'Aragon, il est fait lieutenant général en Corse[8]. Il revient en 1394 en Corse avec sa masnada[9] et des troupes du roi, reprenant le contrôle de toute la Corse, excepté de Calvi, Bonifacio et des seigneuries du Cap.
Chose marquante : Il saisit tous les châteaux de l'île, révoque les fiefs des seigneurs et nomme des gouverneurs pour administrer les provinces Corses[3]. Il se présente comme défenseur du popolo[10] et se proclame "Prince souverain de Corse".
Pendant 3 années il dirige l'ile sans événements notables et reçoit la consécration en 1397 : une visite royale de Martin Ier d’Aragon dans l’ile. Le roi débarque dans l'ile et visite plusieurs localité du Stato cinarchese, comme la petite bourgade de Castello Lombardo (future Ajaccio) ; dont il ne reste que le castello et la cathédrale à la suite des conflits avec la maona.
Le roi Martin Ier d’Aragon offre largesse et honneur à Arrigo : la confirmation de l’absence de taxe sur la vente du sel de Cagliari, son droit de recevoir les hommages des locaux pour le compte du roi et le statut de corsaire. Cela fait de lui le représentant direct de la couronne dans l'ile.
Au fait de cette visite, la République de Gênes organise une invasion cette même année, mais est repoussée à Biguglia par le Comte. Une nouvelle tentative en 1398 réussi à lui arracher le contrôle sur le Cismonte (Terra delle Comune). Il prépare la reconquête du nord, mais une épidémie de « Peste » sévit dans l’ile et le rassemblement des forces relances la contagion de la maladie.
Il meurt en à Castello di Rustino, lors d'une épidémie qui frappe la Corse, ou empoisonné selon certaines sources[11]. À sa mort, ses réformes ambitieuses se délitent et les seigneurs reprennent possession de leurs châteaux et de leurs terres.
Postérité
[modifier | modifier le code]Le comte n'a pas laissé d'héritier légitime, suite de la mort d'Anton Lorenzo en Catalogne, seul subsistant son fils bâtard Francesco della Rocca. Ce dernier, malgré sa qualité de châtelain de Cinarca, n'arrive pas à s'imposer face aux autres seigneurs qui récupèrent leurs seigneuries. Francesco finit par se rallier au gouverneur génois de Biguglia, qui le nommera vicaire en Cinarca[12].
Seul son neveu Vincentello d'Istria restera alors fidèle à la Couronne d'Aragon[4].
Armes et blason
[modifier | modifier le code]Dans ses armoiries et sur ses bannières, Arrigo della Rocca affiche "Un acel griffone su l’arma d’Aragona" (un oiseau Griffon au Armes d’Aragon de chef)[13],[14].
Le choix du griffon est soumis à hypothèse[15],[16] :
- Gênes (le griffon) soumise par la Couronne d'Aragon (armoirie au chef) ;
- Evocation du rôle de gardien terrible, dans les bestiaire médiévaux, du griffon ;
- Un ordre de chevalerie aragonais ayant eu le griffon comme symbole, potentiellement l'Orden de la Terraza.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jean-Antoine Cancellieri, « Dizionario biographico dei Italiani », (consulté le )
- Fernand Ettori, La maison De La Rocca: un lignage seigneurial en Corse au Moyen-Age, A. Piazzola, coll. « Histoire et généalogie », (ISBN 978-2-907161-35-0)
- Philippe Colombani, Héros corses du Moyen âge, Ajaccio, Albiana, , 185 p. (ISBN 978-2-84698-338-9), p. 72
- Philippe Colombani, Les Corses et la couronne d'Aragon: fin XIIIe-milieu XVe siècle: projets politiques et affrontement des légitimités, Éditions Alain Piazzola, (ISBN 978-2-36479-066-7)
- Bâton d'arbousier représentant le pouvoir militaire
- Philippe Colombani, Héros corses du Moyen âge, Ajaccio, Albiana, , 192 p. (ISBN 978-2-84698-338-9), p. 78
- Philippe Colombani, Héros corses du Moyen-Âge, Ajaccio, Albiana, , 185 p. (ISBN 978-2846983389), p. 81
- Raoul (1864-1922) Auteur du texte Colonna de Cesari-Rocca, Mémoire historique sur la famille Pozzo di Borgo / d'après les documents recueillis et mis en ordre par le comte Colonna de Cesari Rocca,... (lire en ligne)
- mesnie en français, soit la "maisonnée" d'un notable/noble
- partie populaire
- Ouvrage collectif, Histoire de la Corse Volume 1 - Des Origines à la veille des Révolutions - Occupations et adaptations, 1 rue Sainte Lucie 20000 AJACCIO, Éditions Alain PIAZZOLA, , 576 p. (ISBN 978-2-36479-014-8)
- Philippe Colombani, Héros corses du Moyen Âge, Albiana, , 192 p. (ISBN 9782846983389), p. 92
- Philippe Colombani, Héros corses du Moyen âge, Albiana, , 185 p. (ISBN 978-2-84698-338-9), p. 76
- Simon Grimaldi, La Corse et le monde: histoire chronologique comparée. 1: Des origines a 1559, Édisud, (ISBN 978-2-85744-350-6)
- Philippe Colombani, Héros corses du Moyen âge, Ajaccio, Albiana, , 185 p. (ISBN 978-2-84698-338-9), p. 76
- Michel Vergé-Franceschi, Aux origines de la tête de Maure: un roi, un esclave, un corsaire ou un saint?, Albiana, (ISBN 978-2-8241-1304-3)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Philippe Colombani, "Héros corses du Moyen âge", Albiana, Ajaccio, 2010, 192 p.
- Philippe Colombani, "Les Corses et la Couronne d'Aragon - Projets Politiques et Affrontement des Légitimités", Editions Alain Piazzola, Ajaccio, 2020, 542 p.
- Jean-André Cancellieri et Vannina Marchi van Cauwelaert, "Les lieux de mémoire de la Corse médiévale", Albiana, Ajaccio, Collection: Bibliothèque d'histoire médiévale de la Corse, 2020, 180 p.
- Michèle Ferrara, "La Corse médiévale de Giovanni Della Grossa", Albiana, Ajaccio, 2024, 640 p.
- Chroniques de Giovanni della Grossa.
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Famille della Rocca
- Cinarca (château)
- République de Gênes
- Couronne d'Aragon
- Martin Ier d'Aragon
- Vincentello d'Istria