À grand pouvoir, grandes responsabilités
« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » est un adage repris périodiquement à travers les âges par toutes sortes d'acteurs sociaux[1],[2],[3],[4].
À notre époque, la paraphrase est popularisée par son utilisation dans plusieurs représentations médiatiques du superhéros Spider-Man.
Histoire
[modifier | modifier le code]L'adage ressemble particulièrement au verset biblique chrétien du maître de maison :
« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage[5]. »
— Luc, 12:48
L'usage de la formulation particulière « grand pouvoir » et « grande responsabilité » remonte au moins à l'époque de la Révolution française, puisque la phrase suivante se trouve dans le Plan de travail, de surveillance et de correspondance proposé par le Comité de salut public lors de la Convention nationale française de 1793[6] : « Ils doivent envisager qu'une grande responsabilité est la suite inséparable d'un grand pouvoir ».
Plus de deux décennies plus tard, en 1817, on rapporte que le député britannique William Lamb a dit : « la possession d'un grand pouvoir implique nécessairement une grande responsabilité[trad 1],[7] ».
En 1885, dans ses mémoires, Ulysses S. Grant écrit : « Dans les postes de grande responsabilité, chacun doit faire son devoir au mieux de ses capacités. »
En 1899, le président américain William McKinley utilise une forme de l'expression dans son discours sur l'état de l'Union : « Présenté à ce Congrès sont de grandes opportunités. Avec eux viennent de grandes responsabilités[trad 2],[8] ».
En 1906, Winston Churchill, en tant que sous-secrétaire du Colonial Office, déclare : « Là où il y a un grand pouvoir, il y a une grande responsabilité[trad 3] », précisant auprès du gouvernement de l'époque que cela est une maxime[9],[10]. En 1943, alors Premier ministre, Churchill évoque une fois de plus le proverbe, quoique sous une autre forme : « Le prix de la grandeur, c'est la responsabilité [trad 4],[11] ».
Bien que ce ne soit pas la phrase exacte, le président américain Theodore Roosevelt écrit dans une lettre de 1908 que « la responsabilité doit aller avec le pouvoir[trad 5],[12] ».
Visant à critiquer les barons des médias qui possédaient les journaux britanniques de l'époque, le Premier ministre britannique Stanley Baldwin évoque le proverbe dans un discours de mars 1937 : « Le pouvoir sans responsabilité - la prérogative de la prostituée à travers les âges[trad 6],[13] ».
Dans son discours sur l'état de l'Union de 1945, le président américain Franklin D. Roosevelt déclare que « dans un monde démocratique, comme dans une nation démocratique, le pouvoir doit être lié à la responsabilité, et obligé de se défendre et de se justifier dans le cadre de l'intérêt général [trad 7],[14] ».
En 1990, Hans Jonas dans son texte Sur le fondement ontologique d'une éthique du futur du recueil Pour une éthique du futur écrit : « La responsabilité nous en incombe sans que nous le voulions, en raison de la dimension de la puissance que nous exerçons quotidiennement […] Cette responsabilité doit être du même ordre de grandeur que cette puissance. »
Utilisation dans Spider-Man
[modifier | modifier le code]La phrase thématique et souvent citée : « Avec un grand pouvoir vient une grande responsabilité », est largement attribuée au personnage Oncle Ben dans les bandes dessinées publiées par Marvel Comics et mettant en vedette Spider-Man[15],[16].
La phrase est apparue pour la première fois dans Amazing Fantasy # 15 (1962), dans laquelle elle n'est prononcée par aucun personnage ; à la place, elle apparaît dans une légende narrative du dernier panneau de la bande dessinée[15],[16],[17] :
« Et une silhouette maigre et silencieuse s'estompe lentement dans l'obscurité croissante, consciente enfin que dans ce monde, avec un grand pouvoir doit également venir -- une grande responsabilité ![trad 8] [16] »
Alors que l'oncle Ben n'avait d'ailleurs que deux lignes dans toute cette bande dessinée, des histoires et des flashbacks ultérieurs qui ont eu lieu alors que Ben est encore en vie font rétroactivement de la phrase l'une des nombreuses homélies qu'il servait en leçons à Peter.
La première mention de Ben disant la phrase à Peter remonte à 1972, lorsque Ron Dante l'inclut dans son album Spider-Man : A Rockomic. Cependant, cette attribution ne se répand pas dans les bandes dessinées avant au moins une autre décennie.
La première apparition d'une référence directe à Ben disant la phrase à Peter se trouve dans Spider-Man vs. Wolverine #1 (1987) de Jim Owsley, M. D. Bright et Al Williamson[15],[16]. Malgré tout, la première fois que la phrase est explicitement prononcée par Ben dans une bande dessinée ne se produirait qu'en février 2002, lorsqu'elle apparaît dans Amazing Spider-Man (vol. 2) # 38[16].
L'expression gagne en popularité et en signification culturelle pop après avoir été prononcée dans le film Spider-Man de 2002 réalisé par Sam Raimi, dans lequel elle est prononcée à la fois par Ben (interprété par Cliff Robertson ) et Peter (interprété par Tobey Maguire)[16],[15]. La phrase est prononcée par Richard Parker (interprété par Campbell Scott) dans une scène supplémentaire de The Amazing Spider-Man 2[18]. La phrase complète apparaît dans le film Spider-Man: No Way Home (2021), prononcée par tante May (représentée par Marisa Tomei) à Peter (représenté par Tom Holland) quelques instants avant la mort de celle-ci. Plus tard dans le film, le Parker de Maguire reconnaît et termine également la phrase lorsque le Parker de Holland raconte sa version alternative à propos de May la lui disant.
Les réinterprétations contemporaines de Spider-Man, y compris le film de Raimi de 2002 ainsi que la bande dessinée Ultimate Spider-Man, dépeignent Ben comme disant cette phrase à Peter lors de leur dernière conversation. L'auteur de bandes dessinées Greg Pak a estimé que la devise était « l'une des plus grandes injonctions morales de toute la culture pop américaine[trad 9],[19],[20] ».
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « With great power comes great responsibility » (voir la liste des auteurs).
- (en) « the possession of great power necessarily implies great responsibility »
- (en) « Presented to this Congress are great opportunities. With them come great responsibilities »
- (en) « Where there is great power there is great responsibility »
- (en) « The price of greatness is responsibility. »
- (en) « responsibility should go with power. »
- (en) « Power without responsibility — the prerogative of the harlot throughout the ages. »
- (en) « In a democratic world, as in a democratic Nation, power must be linked with responsibility, and obliged to defend and justify itself within the framework of the general good. »
- (en) « And a lean, silent figure slowly fades in the gathering darkness, aware at last that in this world, with great power there must also come -- great responsibility! »
- (en) « one of the greatest single moral injunctions in all of American pop culture. »
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Camilla Appelgren, « 'With great power, comes great responsibility' », The Malta Independent, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Veronica Eskander, « Is CRISPR really a gene-ius discovery? », The Daily Campus, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Parker Otto, « Marvel Cinematic Universe evolves film itself », Northern Star Online, Dekalb, Illinois (consulté le )
- (en) Aaron Gleason, « Steve Ditko's Gift To All: 'With Great Power Comes Great Responsibility' », The Federalist, (consulté le )
- « Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc », Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones (consulté le )
- Comité de salut public (8 mai 1793). "Plan de travail, de surveillance et de correspondance". In Collection générale des décrets rendus par la Convention Nationale, Vol. 9, édité par Convention Nationale. Paris: chez Baudouin. p. 72 – via Google Books.
- « Parliamentary Debates: Official Report : ... Session of the ... Parliament of the United Kingdom of Great Britain and Ireland », sur Google Books,
- (en) Lily Rothman, « 7 State of the Union Quotes That Sound Like Lines From Spider-Man », Time, (lire en ligne)
- (en) Darryl Seland, « With great power comes great responsibility », Quality Magazine, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Matt Morrison, « Arrow & Flash Both Just Referenced Spider-Man », Screen Rant, (consulté le )
- (en) « The Gift of a Common Tongue », International Churchill Society, (consulté le )
- (en) « TR Center - TR Quotes », www.theodorerooseveltcenter.org (consulté le )
- (en-GB) « Clash of the press titans », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Radio Address Summarizing the State of the Union Message », The American Presidency Project, University of California at Santa Barbara, (consulté le )
- (en) Brian Cronin, « When We First Met - When Did Uncle Ben First Say "With Great Power Comes Great Responsibility?" », Comic Book Resources, (consulté le )
- (en) The Evolution of the Pithy Proverb: "With great power comes great responsibility.", Quote/Counterquote. consulté le 11 avril 2013
- Ilya Somin, « What Constitutional Lawyers can Learn from Spiderman », Reason, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « 10 Things That Were Changed From THE AMAZING SPIDER-MAN 2 Script », Badass Digest, (consulté le )
- (en) Alyssa Rosenberg, « Thank you, Stan Lee, for She-Hulk, a superhero who is beautiful when she's angry », Washington Post, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Robert A. George, « The woke world of Stan Lee: From the start, Marvel broke ground for inclusion and diversity », Daily News, (lire en ligne, consulté le )