Aller au contenu

Necmettin Erbakan

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 18 novembre 2017 à 19:54 et modifiée en dernier par Statusreport (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Necmettin Erbakan
Necmettin Erbakan
Fonctions
Premier ministre de Turquie
-
Député turc
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
AnkaraVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Merkezefendi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Nermin Erbakan (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Fatih Erbakan (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Partis politiques
Condamné pour
signature de Necmettin Erbakan
Signature
Vue de la sépulture.

Necmettin Erbakan, né le à Sinop et mort le , est un homme d'État turc, fondateur et membre successivement de différents partis politiques islamiques. Il est également fondateur du mouvement islamique Milli Görüş. Il est Premier ministre de Turquie de juin 1996 à juin 1997[1].

Biographie

Necmettin Erbakan a étudié l'ingénierie mécanique à Istanbul puis Aachen en Allemagne, où il a obtenu un doctorat[2].

Le Parti de la Justice

Le PJ s'est constitué depuis sa création en 1961 sur une alliance de principe entre la petite bourgeoisie commerciale de province et les grands propriétaires terriens (très religieux) et la haute bourgeoisie capitaliste industrielle (plus occidentale). Le PJ, dirigé par l'équipe du Premier ministre Demirel tient un discours ambiguë sur la religion pour favoriser la domination de la haute bourgeoisie sur la bourgeoisie provinciale, et limiter les nombreux antagonismes qui les opposent.

Mais, le développement du capitalisme accentue les inégalités existantes, entre la grande bourgeoisie occidentalisée qui s'accapare tous les bénéfices de la croissance et la petite bourgeoisie religieuse qui s'appauvrit.

La bourgeoisie de province (liée aux grands propriétaires), qui s'oppose de plus en plus à la direction du PJ (accusée de défendre les intérêts des classes dominantes occidentalisées et anti-religieuses) trouve son porte-parole en la personne de Necmettin Erbakan. Il milite depuis les années 1960 au sein de la section jeunesse du Parti de la Justice et s'était déjà fait remarquer par ses discours religieux virulents contre la laïcité kémaliste et l’impérialisme des grands bourgeois.

La direction du PJ, pour mettre un terme au mouvement de sécession qui s'est entamé en son sein, fait élire en 1968 Erbakan (qui s’est fait le porte parole de la petite bourgeoisie) au poste de secrétaire de la chambre du commerce et de l'industrie. Le Premier ministre Demirel croit pouvoir manipuler Erbakan et ainsi contrôler le mécontentement de la petite bourgeoisie.

Mais Necmettin Erbakan refuse de se soumettre aux injonctions du PJ et commence à formuler de violents réquisitoires contre lui (et donc contre la grande bourgeoisie occidentalisée), ce qui lui permet d’asseoir sa popularité sur les classes populaires religieuses.

Ces antagonismes de classes au sein du parti provoquent une première scission du PJ en 1969, et donnent naissance au Parti démocratique (dirigé par le frère de l'ancien premier ministre Menderes). Cette première rupture décide la grande bourgeoisie, qui contrôle le PJ à démettre Necmetin Erbakan pour ne pas accentuer a division qui mine le PJ.

Millî Görüş est la première plus grande organisation turque d'Europe. Fondée en 1971, à Braunschweig, à l'initiative de Necmettin Erbakan en tant qu'Union turque d'Allemagne, elle a pris son nom actuel en 1994. Le terme milli görüş signifie « vision nationale  ».

Le Parti de l'Ordre national

Expulsé par le Premier ministre Demirel du PJ, Erbakan fonde le sa première formation politique, le Milli Nizam Partisi (ou MNP, « Parti de l’ordre national », membre du Milli Görüş). Cette nouvelle formation politique, créée au nom de la bourgeoisie provinciale, s'ouvre à l’ensemble de la classe moyennes en proie au désarroi devant l'évolution des mœurs et des valeurs de la société turque et qui se sent exclue du développement économique que connait le pays. Le Parti de l’ordre national prône un retour aux valeurs traditionnelles de l’ancien empire ottoman (et de l'islam), couplé à un développement économique axé sur l'industrie lourde et exportatrice.

Son rejet catégorique des réformes kémalistes (dont la laïcité) fait remarquer le MNP par les forces de sécurité. Le coup d'État de 1971 en Turquie provoque sa dissolution par la cour constitutionnelle le 20 mai 1971 pour atteinte au principe fondateur de la laïcité turque. Ses dirigeants restent cependant en liberté.

Le Parti du salut National

En 1973, Necmettin Erbakan fonde, en compagnie des anciens dirigeants du MNP, le Milli Selamet Partisi (ou MSP, « Parti du salut national »). Le nouveau parti politique, bien que très proche des principes de l'ancien, reste très prudent à l'égard de l’idéologie islamiste et essaye de s'intégrer davantage au système politique parlementaire (pour limiter les risques de dissolution). Le PSN rationalise l'idéologie religieuse pour la diriger contre ses adversaires (le PJ et le PRP), et défend une société utopiste égalitaire et juste fondée sur les principes de l'islam.

Cette approche paie puisque le parti obtient 10 % des suffrages aux élections législatives de 1973 et s’intègre aux coalitions politiques du parlement. Erbakan est ainsi adjoint au Premier ministre lors de trois coalitions différentes de 1974 à 1978. En 1976, le jeune Recep Tayyip Erdoğan (futur président turc) adhère à l'organisation de jeunesse du Parti du Salut national.

Après 1980

À la suite du coup d'État du 12 septembre 1980 en Turquie, le PSN est une nouvelle fois dissous par la cour constitutionnelle. Cette fois-ci, Erbakan est arrêté pour activités anti laïques (notamment pour une interview donnée au journal Milliyet en 1973 où Erbakan critiquait la réforme d'habillement d'Atatürk) et se voit signifier en 1982 une interdiction d’exercer des activités politiques pendant dix ans. Cette interdiction est levée en 1987 à la suite d'un référendum.[réf. souhaitée].

Mais la légitimation politique de l’idéologie islamiste par les militaires (synthèse turco-islamiste) provoque un important engouement pour l'islam populaire et les partis qui s'en réclament. Le Refah Partisi, crée en 1983 après le retrait de l'armée de la vie politique, profite de cette vague populaire islamique.

En 1987, Erbakan est élu président du Refah Partisi (ou RP, « Parti de la prospérité »), sous les couleurs duquel il fut Premier ministre entre 1996 et 1997[1],[2]. Il est partisan d’un grand marché commun islamique du Maroc à l'Indonésie et s’oppose à la politique kémaliste favorable à l’Europe et à l’Occident : « Nous ne sommes pas occidentaux, nous ne sommes pas européens. » Il qualifie alors l'Union européenne de groupe maçonnique. En 1989, dans la ville néerlandaise d'Arnhem, il tient un discours aux accents djihadistes qui fait scandale : « Les Européens sont malades… Nous leur donnerons les médicaments. L’Europe entière deviendra islamique. Nous conquerrons Rome. »[réf. nécessaire]

Le , il démissionne sous la pression des militaires ; le RP est alors interdit et Erbakan se voit signifier une nouvelle interdiction de son activité politique pour deux ans et quatre mois de prison pour incitation à la haine raciale et religieuse[1],[3]. Fin 1997, alors que le gouvernement tranche sur la suppression du parti d'Erbakan, le Refah, déjà des structures alternatives se mettent en place et Recep Tayyip Erdoğan, futur président du pays, en émerge comme nouveau leader[4].

Liste des mandats

Vie privée

Necmettin Erbakan est le père de trois enfants.

Références

  1. a b et c Décès d'un ex-premier ministre turc, www.lefigaro.fr, 27 février 2011
  2. a et b Necmettin Erbakan, www.spiegel.de, 17 June 1996 (consulté le 18 novembre 2017)
  3. Turquie: prison pour l'islamiste Erbakan www.libération.fr, 6 juillet 2000.
  4. Marco Semo, Vers la dissolution du Refah en Turquie. Accusé d'«activité antilaïque», le parti islamiste pourrait être interdit avant la fin de l'année, www.liberation.fr, 20 novembre 1997 (consulté le 18 novembre 2017)

Liens externes