Lyon sous la Révolution
Lyon, sous la Révolution connaît un destin funeste en osant s'opposer en 1793 aux montagnards. Prise militairement, elle est sévèrement réprimée et sort de la tourmente révolutionnaire très affaiblie[1].
Les prémices de la Révolution à Lyon
À l'orée de la Révolution, la cité lyonnaise est une ville ambivalente. Ses forces économiques, surtout basées sur le travail de la soie, sont prospères, fières d'elles-mêmes. Mais les grands négociants font face à des revendications ouvrières qui ont récemment secoué la tranquillité publique, qui est mise à mal par des disettes et une pauvreté accrue en 1788 et 1789.
Les élites intellectuelles sont divisées quand au devenir de la nation au travers des États généraux, une partie optant pour des idées nouvelles, voire radicales, et d'autres empreintes de conservatisme.
Un urbanisme étriqué
Lyon, à la veille de la Révolution, est une cité coincée par ses fleuves, ses collines et ses remparts. Elle continue à faire vivre ses habitants dans l'espace compris entre le bas de la colline de Fourvière à l'ouest, le Rhône à l'est, les Terreaux au nord et la place Bellecour au sud. Depuis plusieurs décennies, les ingénieurs et le consulat cherchent des moyens de désengorger la cité et deux tentatives sont en cours en 1789. Vers l'est, un pont construit par Jean-Antoine Morand en 1774 depuis le quartier Saint-Clair vers celui des Brotteaux tente de pousser les Lyonnais à investir ce nouvel espace. Mais en 1789, ce sont essentiellement des auberges qui s'y tiennent, montrant que ce lieu est avant tout un lieu de promenade et de détente. Vers le sud, Antoine Michel Perrache a entamé les travaux destinés à exploiter la confluence en rattachant au quartier d'Ainay l'île Moigniat[e 1].
La ville est toujours médiévale dans son urbanisme avec des rues étroites, des immeubles hauts et un fort encombrement, rendus importants aux entrées de la cité par le faible nombre de ponts. Il n'en existe alors que cinq sur la Saône, le pont de Serin, le pont Saint-Vincent, le pont de pierre, le pont de l'Archevêché et le pont d'Ainay ; et deux sur le Rhône, le pont Morand et le pont de la Guillotière[e 1].
En comptant les faubourgs de Vaise, de Serin, de Saint-Irénée, de la Croix-Rousse et de la Guillotière, la population est estimée à 150 000 habitants[e 2].
Une cité prospère
À la veille de la Révolution, Lyon est une ville très peuplée et prospère. Avec environ 150 000 habitants, elle est la seconde ville du royaume devant Marseille et Bordeaux. La ville est toujours une cité bancaire et commerciale de premier plan entre l'Europe du Nord et l'espace méditerranéen ; de nombreux voyageurs en font d'ailleurs la remarque tel Grimod de la Reynière pour qui « le dieu du commerce y a établi son principal temple ». Lyon est toujours une ville industrieuse, dominée par le travail de la soie qui n'a pas été affecté par le traité de libre-échange de 1786 avec le Royaume-Uni. En effet, ses fabricants sont soutenus par la Cour qui leur commande toujours de fastueux tissus. Cette industrie subit toutefois des difficultés en 1787 en raison d'une hausse forte du prix de la matière première à cause de mauvaise récolte en Piémont, lieu d'origine de la soie brute[g 1].
En 1788, le consulat entame la construction du nouveau pont de l'archevêché sur la Saône[e 3].
Cette prospérité est mise en scène lors du passage des ambassadeurs de Tipû Sâhib, le sultan de Mysore pour Versailles, en juillet 1788 ; le consulat déploie de grands richesses pour magnifier le prestige de la cité[g 2].
Des revendications populaires - la révolte des deux sous et ses suites
À Lyon, la révolte des de 1786 dénommée la Révolte des deux sous a préparé de manière particulière les soubresauts révolutionnaires. Brutalement réprimée, elle a permis aux ouvriers en soie de se structurer, et surtout imposé de le faire en secret[a 1]. En effet, la répression arrête de nombreux meneurs et en pend trois pour l'exemple. Mais la population ouvrière prend alors conscience de sa situation et de la légitimité de sa lutte contre l’assujettissement économique[g 3].
Des éléments populaires se regroupent, éditent des tracts pour mobiliser la population, font circuler des pétitions. À ce climat agité au sein des masses travailleuses se surimpose une très mauvaise année agricole en 1788, faisant grimper les prix et exacerbant les tensions. Lyon entre dans la période révolutionnaire en crise. Les années 1787-1788 sont difficiles pour l'industrie soyeuse, la production étant globalement divisée par deux[x 1].
Enfin, la population la plus fragile est également atteinte par le relèvement de plusieurs droits seigneuriaux autour de Lyon, faisant encore monter les prix des denrées alimentaires. Une assemblée provinciale est constituée en septembre 1787 pour soulever le problème mais les populations pauvres ne parviennent pas à y faire entendre leur voix, et elle n'apporte pas de solution[g 2].
La cité lyonnaise est dirigée par une élite solide composée des marchands-fabricants et de la noblesse de robe qui parviennent à ferler leur oligarchie et à conserver leur pouvoir sur les institutions. En parallèle, les élites lyonnaises sont éveillées à la politique, dans un climat intellectuel propice aux réformes. De nombreuses personnalités ou sociétés évoquent et débattent des projets de Turgot, Maupeou ou Loménie de Brienne[a 1]. Dans le même temps, des fissures s'opèrent juste avant la révolution dans le bloc des élites. Durant l'assemblée provinciale de 1787, si aucune décision contre les privilèges des élites n'est établie, de nouvelles personnalités en profitent pour s'imposer et commencer à prendre part à la politique locale[g 2].
Par ailleurs, une division plus historique se réactive durant l'année 1786 et la révolte des deux sous. Les chanoines-comtes se placent du côté du peuple, tentant de reconquérir une influence sociale perdue[g 1].
Situation religieuse
En 1788, à la mort de Malvin de Montazet, le roi nomme Yves Alexandre de Marbeuf. Ce dernier mène immédiatement une purge contre les jansénistes et place à la tête du clergé lyonnais des vicaires généraux particulièrement intransigeant. Retenu à Versailles en raison de postes ministériels, il donne à ses agents des consignes autoritaires[g 4]. Cette action fait suite à la dispersion d'un groupe convulsionnaire du village de Fareins menés par François Bonjour[2], prêtre formé à Lyon dans un séminaire janséniste, par son prédécesseur Montazet[e 4],[3].
Les premiers temps révolutionnaires : 1788 - avril 1790
Difficultés économiques et misère populaire
Les années 1788 et 1789 voient une partie du peuple au chômage et dans de grandes difficultés pour se nourrir. Une grande partie vit du travail de la soie, et depuis la crise de 1787, le travail manque, provoquant la misère de la partie la plus fragile des travailleurs. Une moitié des canuts sont sans emploi une bonne partie de l'année, multipliant la mendicité et l'exode vers les campagnes ou la Savoie[e 4].
Les pauvres accusent essentiellement les octrois, taxes sur les produits entrant en ville d'alourdir leur misère, et cette institution subit régulièrement attaques symboliques ou plus violentes. Ils sont d'autant plus mal vus que les privilégiés sont exemptés de l'octroi. Les autorités municipales sont quant à elles déterminées à conserver cette taxe, qui constitue une grande part de leurs revenus[e 5].
Le 29 mars 1788, le roi Louis XVI demande au consulat d'avancer 300 000 livres pour soutenir les ouvriers sans travail, et lui accorde en compensation la suspension pour 20 ans des droits qu'il perçoit sur les aspirants à la maîtrise[e 4].
L'hiver 1788-1789 est très rigoureux, le consulat multiplie les distributions de nourriture. Les débâcles de glace ont lieu sur le Rhône et la Saône, emportant le pont de Serin[e 6].
Les États généraux - juillet 1788 - mai 1789
À Lyon, l'annonce des États généraux provoquent un immense espoir. L'élection des députés chargés de les rédiger comme le résultat final montrent la marque d'un changement d'époque. Les ordres anciens, les anciennes hiérarchies sont balayées et les idées nouvelles s'imposent.
Annonce des préparations
A la suite des arrêts du conseil des 5 juillet et du 8 août 1788, une consultation s'ouvre sur la forme et les pouvoirs à conférer aux États généraux. Elle provoque une lutte plus institutionnelle entre le consulat, qui prétend être le seul légitime à représenter la cité et faire des propositions de réforme, et de nombreux notables qui souhaitent éviter les intermédiaires. Ainsi, le prévot des marchands Tolozan de Montfort envoie un mémoire au directeur général des finances exposant que puisque lors des deux derniers états généraux, le consulat seul a établi la liste des représentants, cette tradition est devenue « constitutionnelle pour la ville » et qu'il faut que l'État respecte cette tradition en demandant au consulat seul d'organiser l'élection des représentants, de rédiger les cahiers et que la moitié de la députation à Versailles soit issue de ses rangs[e 6].
Durant les mois de décembre et janvier, des libelles et feuilles sont imprimées tant par les membres du consulat pour exposer les raisons de leurs prétentions que par d'autres groupes pour empêcher ce dernier de tenir la rédaction des cahiers et l'élection des députés[e 6].
Lors des assemblées préparatoires (les 12, 15 et 19 janvier) à la convocation des états généraux, nombreux sont ceux dans l'élite lyonnaise qui souhaitent des réformes, tels Mathon de la Cour, Delandine, Berenger ; contre un groupe de modérés ou de conservateurs déterminés, comme l'archevêque Mgr Marbeuf. Dès cette époque, des coteries se forment, qui préfigurent les groupes politiques de la Révolution[g 2]. Lors de la première réunion, qui se tient dans le réfectoire des Carmes des Terreaux, un groupe opposé au consulat nomme un comité pour défendre leurs positions ; il s'y trouve Boscary, Dumont, Guillin, trois procureurs, Millanois, avocat, Vitet et Rast, médecins, Davallon, Périsse de Luc, Benoit, Couderc, Sain-Costard et Van Risambourg, négociants[e 6].
Les premiers débats s'ouvrent tant sur la forme que doivent prendre les députations et les états généraux eux-mêmes, des voix se faisant entendre sur le fait que le Tiers état doit former l'essentiel du corps réformateur, que sur les réformes à prendre pour redresser la Nation. Un grand nombre de groupes font entendre leur voix par des discours imprimés et des fascicules. Les académiciens, les chanoines-comtes, différentes élites en place mais également de simples publicistes diffusent leurs opinions et font circuler des idées au sein de la population. Mathon de la Cour édite une étude sur les moyens de perfectionner les états généraux, Delandine fait de même avec un essai historique sur les assemblées nationales en France[4], Bérenger fait de même sur les états généraux[5]. Le 22 janvier, le consulat convoque l'assemblée des notables de la ville et tente de la convaincre de l'importance de le laisser contrôler les cahiers de doléances et l'élection des députés des états généraux[e 6].
Du côté des conservateurs, l'archevêque Marbeuf diffuse le 28 janvier dans sa lettre de carême des arguments sur les menaces pour les institutions du royaume, qui provoquent en retour des pastiches anonymes[a 1]. Les réactions à son discours sont si vives qu'il renonce à venir à Lyon[e 6].
Les lettres royales fixant les modalités d'organisation des états généraux arrivent à Lyon le 13 février et donnent finalement raison aux notables contre le consulat. Les esprits s'apaisent et les 68 assemblées de rédaction et d'élection se tiennent, dont 42 par corporation. A plusieurs reprises, des élites tentent de contrôler ces préparations, notamment les grands négociants de la grande fabrique mais les tisseurs lyonnais se mobilisent et votent en masse pour que les délégués mandatés pour rédiger les cahiers soient des leurs[a 2].
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Antoine-François Delandine, député du Forez, Bibliothèque municipale de Lyon
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Laurent Pierre Bérenger, Bibliothèque municipale de Lyon.
Rédaction des cahiers de doléance et élections des députés
Le vote des représentants de la ville de Lyon à l'assemblée générales des trois ordres de la généralité révèle la coupure irrémédiable entre les tisserands et les marchands. Aucun représentant de ces derniers n'est élu en , seuls ceux des maîtres-ouvriers se rendent aux États généraux. Parmi les 34 élus, la plupart sont des meneurs des protestations de 1786, dont Denis Monnet[6],[e 6]. Dans les cahiers de doléances, ils expriment leur volonté d'une organisation plus juste, désignant les maîtres-marchands comme étant les responsables de leur misère[r 1].
L'assemblée du Tiers état réunit 150 personnes pour la ville de Lyon le 12 mars pour la rédaction des cahiers de doléances. Elle montre qu'au sein de cet ordre, les hiérarchies traditionnelles ont été remises en cause également. Aux privilèges d'ordre anciens basés sur les offices et les professions libérales succède celui fondé sur le négoce et de la grande bourgeoisie[a 3]. Le 4 mars, Tolozan de Montfort envoie une lettre à Necker pour lui indiquer les résultats des élections, et demander une nouvelle fois qu'une place particulière soit réservée aux membres du consulat, en vain[e 6].
Le , la première réunion des trois ordres a lieu à l'église des Cordeliers. Elle est présidée par le lieutenant général Laurent Basset, assisté par l'avocat de la sénéchaussée Rambaud et du greffier Fléchet.Le clergé est représenté par 300 personnes, la noblesse par 317 et le tiers état par 150 pour la ville de Lyon et 200 pour le plat pays[e 6].
Dès cette première réunion, des éléments nobles, ecclésiastiques et bourgeois proposent l'abandon de leurs privilèges pour résoudre les problèmes financiers du pays. La noblesse propose l'annulation de ses privilèges fiscaux, le clergé s'y associe par la voix du chanoine Castellas. Les bourgeois suivent avec la suppression de leur exemptions de taille et de corvée sur les héritages. Sur le moment, ces élites avancées dominent les personnes désireuses de ne pas trop bousculer l'ordre établi ; les cahiers de doléances sont donc largement imprégnés des idées nouvelles. Ainsi, face aux élites cléricales qui ne veulent pas toucher à leurs privilèges, les membres du bas clergé menés par Charrier de la Roche s'associent aux représentants du Tiers et parviennent à faire inscrire ces renonciations dans les cahiers. L'idée d'abandonner totalement les privilèges honorifiques est formellement demandée, les cahiers lyonnais sont une contestation profonde de la structure de la société d'ordre[a 4].
Les cahiers sont rédigés de manière séparée, chaque ordre travaillant de son côté. Ils sont préparés durant la seconde quinzaine du mois de mars. Ils sont remis lors d'une séance de clôture toujours dans l'église des Cordeliers le 4 avril au lieutenant général Basset[e 7].
Une fois les cahiers rédigés, les mandatés procèdent à l'élection des députes aux États généraux.
Le clergé choisit le chanoine Jean-Antoine de Castellas, qui est doyen du chapitre des chanoines-contes de Lyon ; Louis Charrier de La Roche, prévôt du chapitre et curé d'Ainay ; Antoine Flachat, ancien prédicateur du roi de Pologne, curé de Notre-Dame de Saint-Chamond et de Saint-André d'Izieux et Jean Marie Mayet, curé de Rochetaillée[e 8].
La noblesse élit Charles-Louis de Mont d'Or, le comte de Boisse de la Thénaudière[7],[8], le marquis Louis-Catherine de Lorras[9], Pierre Suzanne Duchamps, écuyer et membre de l'Académie de Lyon.
Les députés du Tiers sont Jean-Jacques-François Millanois, ancien avocat du roi au présidial et franc-maçon, Jean-André Périsse-Duluc, imprimeur-libraire et également franc-maçon, Goudard, négociant et Guillaume Benoît Couderc, banquier de la religion réformée[d 1],[a 3]. Les membres du bas-clergé ne suivent pas les injonctions de leur élite, demandent une direction davantage collégiale et de meilleures rétributions. Les prêtres contestataires parviennent à empêcher l'archevêque Marbeuf d'être élu[g 4].
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Jean-Antoine de Castellas, député du clergé, hostile à la Révolution. Musée Carnavalet.
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Jean-André Périsse-Duluc, député du tiers état. Musée Carnavalet.
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Jean-Jacques-François Millanois, député du tiers état. Musée Carnavalet.
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Guillaume Benoît Couderc, député du tiers état. Musée Carnavalet.
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Antoine Flachat, député du clergé. Archives municipales de Lyon.
Lyon et le début de la Révolution - juin 1789 - avril 1790
Dès les débuts de la Révolution, la tension est vive entre une masse populaire qui est confrontée à de lourds problèmes de pauvreté et de difficultés économiques, et une élite divisée entre tenants d'une monarchie absolue et bourgeois éclairés voulant une réforme de l'État. En juillet 1789, des émeutes contre la vie chère détruisent les octrois, taxes à l'entrée de la ville fournissant au consulat l'essentiel de ses ressources. Réprimée par le premier échevin Jacques Imbert-Colomès, celui-ci constitue une milice bourgeoise proche de ses idées conservatrices. Il participe à la répression de la Grande peur du Dauphiné. Alors que se développe une vie politique avec sociétés et journaux, l'annonce de la suppression des autorités traditionnelles, donc du consulat, provoque une regain de tension. Imbert-Colomès, que l'on accuse de vouloir faire un coup de force, tente de se saisir des armes de l'arsenal en février 1790, ce qui provoque un soulèvement et sa fuite. Les élections se déroulent alors calmement, portant au pouvoir local le premier maire de Lyon, Palerme de Savy.
Lyon face aux débuts de la Révolution - juin / juillet 1789
Lyon entre dans l'évènement révolutionnaire avec un certain enthousiasme et une certaine unanimité devant l'importance de la situation. La nouvelle de la réunion des trois ordres en Assemblée unique arrive dans la cité le 29 juin, et provoque immédiatement des scènes de joie populaire. Les cris de « Vive le tiers état, vive Necker » sont lancés dans les rues[e 7]. Le 30 juin, à l'annonce de la constitution des états généraux en Assemblée nationale, et l'acceptation de cet état de fait par le roi le 27 juin, le consulat demande une illumination de la ville tandis qu'un Te Deum est organisé par les chanoines-comtes dans la cathédrale saint-Jean[g 4].
Mais cette remise en cause de l'autorité royale entraîne celle du consulat et le peuple, qui proteste depuis des années contre les octrois, déclenche des émeutes les trois premiers jours de juillet. Des pillages et des destructions de bureau d'octroi ont lieu. Pour tenir la ville sous son autorité, Imbert-Colomès crée une milice bourgeoise, vite appelée les muscadins par la population lyonnaise qui fait référence aux serviteurs des puissants négociants déjà appelés ainsi auparavant[10]. Cette milice est une première pour la ville, et elle appuie la maréchaussée existante et dépassée. Imbert-Colomès fait également appel aux régiments stationnés autour de Lyon : les dragons de Monsieur à Vienne et les Suisses de Sonnenberg à Grenoble. La troupe n'hésite pas à faire usage de la force et devant la porte de Vaise, où des paysans qui tentent de faire entrer de force leurs produits sans payer sont tués. De même, des meneurs des émeutes sont arrêtés et l'un est condamné à mort par le présidial et pendu[g 6].
Imbert-Colomès comprend toutefois que son action lui aliène une partie de la population et tente de retrouver une certaine légitimité pour tenir la ville. Il invite donc des membres des comités d'électeurs des trois ordres à partager le pouvoir avec lui, espérant ainsi ramener le calme et la confiance de la population envers l'autorité du consulat[g 6].
La Grande Peur juillet / août 1789
Comme à Paris, la nouvelle du renvoi du populaire Necker par Louis XVI suscite la crainte d'un coup de force royal pour empêcher les réformes[g 6].
Ayant vent du 14 juillet parisien, qui ne provoque pas de mouvement au sein du peuple lyonnais, le consulat tente de montrer sa participation à la Révolution en orchestrant la prise du Château de Pierre Scize, sur le modèle de la prise de la Bastille. Il tente d'en promouvoir l'importance notamment par l'impression de gravure commémoratives. Toutefois, il n'obtient aucun soutien populaire, le peuple n'étant pas dupe de la volonté réelles de leurs dirigeants nobles et bourgeois[a 5],[11].
La Grande Peur ne touche pas la cité lyonnaise mais de nombreuses campagnes environnantes, notamment dans le Dauphiné. Des paysans armés se rassemblent et causent des violences. Imbert-Colomès envoie des membres de sa milice et les dragons de Monsieur, pour rétablir l'ordre et réprimés les émeutes, à plusieurs endroits du Dauphiné et à Crémieu. Plusieurs paysans sont exécutés. Le retour à Lyon de cette troupe est organisée comme un triomphe qui inquiète les ouvriers et les bourgeois favorables aux idées nouvelles. Tous craignent qu'Imbert-Colomès ne profite de sa force pour éliminer ses opposants. Dans quelques quartiers, des membres de la milice bourgeoises rejoignent les mécontents et les troupes sont accueillies à coup de pierre et de tuiles[e 10]. Le chef du consulat sent à nouveau que la maîtrise de la population lui échappe et il organise des démonstrations publiques d'unité, sans convaincre grand monde[g 6].
Durant le mois de juillet, une première société politique est créée discrètement, la Société des amis de la Révolution, regroupant des bourgeois favorables aux idées nouvelles. Craignant de se trouver mêlant aux troubles, elle commence son fonctionnement de manière confidentielle[e 10].
Les tisserands obtiennent un tarif officiel en , et décident de se séparer des marchands en créant une communauté distincte à la Cathédrale Saint-Jean le [r 1].
La fin de l'Ancien régime municipal - septembre 1789 - avril 1790
A partir du mois d'octobre, l'Assemblée nationale entreprend de réorganiser le pays et projette de supprimer tous les anciens corps et toutes les anciennes frontières pour créer les départements. Cela cause chez les élites politiques une grande angoisse, les membres du consulat voient la fin de leur pouvoir approcher et savent que les élections ne leur seront pas facilement favorables. La loi ne prévoyant pas de candidatures, les électeurs se reportent naturellement sur les personnes connues du plus large public et à la bonne réputation. Par ailleurs, le droit de vote n'est accordé qu'aux citoyens de plus de 25 ans et réputés « actif », c'est à dire ayant un emploi qui leur assure un revenu suffisant[g 7].
Imbert-Colomès, fortement opposé à la Révolution, prend contact en octobre 1789 avec Rivarol et Mathon de la Cour pour proposer au roi de venir à Lyon pour s'éloigner de l'assemblée constituante et recouvrer son autorité. Les patriotes le soupçonnent d'être de mèche avec le comte d'Artois, qui de Turin a établi un quartier général des émigrés. Cela n'aboutit pas[a 5]. Par ailleurs, refusant toute entrave à son pouvoir, il repousse le plus possible l'établissement des gardes nationales, comptant conserver la force militaire avec sa milice. De même, il fait ce qu'il peut pour retarder l'élection de la première municipalité[e 11].
A l'automne 1789, la nouvelle de la future élection de la municipalité et du conseil du département entraîne les populations dans une nouvelle phase politique. Les groupes et les idées se structurent davantage. Apparaissent alors des revues proprement lyonnaises qui défendent des opinions politiques plurielles. Le Courrier de Lyon[12] de Luc-Antoine Champagneux[13],[14] milite pour les avancées révolutionnaires tandis que le Journal de Lyon et des provinces[15] de Mathon de la Cour promeut une position monarchiste et conservatrice[g 7].
Par ailleurs, la ville voit apparaître de véritables sociétés politiques. Aux côtés de la Société des amis de la Révolution, structure portée par de notables établis, apparait en décembre 1789 la Société de amis de la Constitution, davantage organisée autour de la nouvelle bourgeoisie, et centrée sur l'idéologie des Lumières et son application[g 5].
En janvier 1790, un nouvel enjeu crispe les esprits, la constitution de la garde nationale. Lyon a été divisée en sections et au sein de chacune, des élections des officiers de la garde nationale s'organise. Ayant lieu du 26 au 29 janvier, elle ne voit pas par la suite la disparition des forces armées concurrentes, qu'Imbert-Colomès veut conserver : la milice bourgeoise, le régiment des Suisses du Sonneberg et des cavaliers du Royal-Guyenne. Dans chaque camp, cette multiplication des forces armées et l'absence de discussion entre les parties renforcent la suspicion. Cette situation dégénère rapidement. Le 7 février, Imbert-Colomès, craignant que les ouvriers les plus révolutionnaires ne pillent l'arsenal, il le fait occuper par la milice bourgeoisie. Immédiatement, cette décision qui n'est pas expliquée est interprétée comme la volonté d'entamer un coup de force contre-révolutionnaire. Une foule marche sur l'arsenal, en chasse les volontaires et commence à piller les dépôts. Les Suisses arrivent rapidement mais devant la détermination de la population et l'arrivée de la garde nationale qui soutient les émeutiers, ils décident de ne pas entamer de combat. Une partie de la foule se dirige ensuite au domicile d'Imbert-Colomès, qui fuit. Il se rend à Bourg-en-Bresse d'où il annonce sa démission de sa charge de premier échevin. Celle-ci calme immédiatement les esprits et les élections municipales se déroulent dans un calme relatif[g 5].
Le 12 février, les sections élisent le premier commandant en chef de la garde nationale, Dervieu de Villars[e 12],[h 1].
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Jean Marie Roland de la Platière, peint par François Bonneville, Musée des beaux-arts de Lyon.
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Louis Vitet, Archives municipales de Lyon.
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Joseph Chalier, Bibliothèque nationale de France.
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Palerne de Savy, Bibliothèque de Saint-Étienne.
Du 22 au 25 février, les citoyens actifs élisent le conseil municipal et une assemblée de notables. Le conseil municipal, élu dans le cadre des sections, est composé alors de 42 membres. Il s'y trouve de nombreux négociants et quelques anciens échevins. Parmi eux se trouvent Roland de la Platière, Vitet, Chalier, Pressavin. Le premier maire de la ville, élu par 5500 voix sur 5900 est Palerne de Savy[e 12]. La nouvelle municipalité, dirigée par un homme de consensus, veut donner de Lyon une image de ville tranquille, respectueuse des lois constitutionnelles et intégrée à la Nation française[g 8].
Le 4 mars 1790, Lyon devient le chef-lieu d'un vaste ensemble, le département de Rhône-et-Loire[g 7].
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Carte du département de Rhône-et-Loire, Archives nationales de France.
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Sceau officiel du département de Rhône-et-Loire, Musée Carnavalet.
Lyon de la Révolution à la rébellion - avril 1790 - juillet 1793
Dès 1790, se met en place une série de problématiques qui traversent l'ensemble de la période et qui rendent l'atmosphère de la ville complexe et virulente. La municipalité n'a pas les moyens de soutenir la vie quotidienne des plus pauvres. Dans un premier temps, n'ayant que les octrois pour vivre, elle se retrouve contrainte de les défendre. Puis, lorsque l'État lui porte secours via la vente de biens nationaux ou la création de nouveaux revenus, ceux-ci sont en permanence très en dessous des besoins. A plusieurs reprises, elle utilise des expédients qui se révèlent insuffisants pour nourrir correctement la population. Par ailleurs, une lutte s'organise rapidement entre la municipalité et l'assemblée du département, ce dernier étant de tendance bien plus conservatrice. Cette lutte a lieu en partie car les compétences de chacun ne sont pas clairement définies et que chacun en profite pour tenter d'imposer ses opinions à l'autre. La constitution civile du clergé et la vente de ses biens est vivement combattu par des personnalités influentes, dont l'archevêque de Marbeuf et l'abbé Linsolas. Contrairement à d'autres villes, l'influence du clergé réfractaire est important et cause des conflits virulents. Enfin, des monarchistes entreprennent un complot pour libérer le roi de l'Assemblée nationale et rétablir la plénitude de son pouvoir. Ce complot, malgré sa faible ampleur et son échec, crée un climat de suspicion permanent.
Juin à décembre 1790 - Mandat de Palerme de Savy
La nouvelle municipalité, conservatrice et dirigée par Palerme de Savy est immédiatement confrontée aux clubs avancés ou radicaux, qui l'accusent d'être liée aux contre-révolutionnaires de tous horizons. Les groupes les plus radicaux ont pour meneur Joseph Chalier qui entretient et développe une atmosphère revendicative, et toujours plus révolutionnaire. Elle souhaite cependant être rassembleuse et faire de la ville une cité respectueuse de la loi constitutionnelle, tranquille et intégrée à la Nation. La majorité conservatrice, impliquée dans la conspiration royaliste, tombe à la déconfiture de celle-ci.
La fête de la fédération - 30 mai 1790
Ainsi, le conseil municipal s'engage dans le mouvement des fédérations et organise une vaste réunion de gardes nationaux d'une bonne moitié est de la France, certains venant de Sarrelouis ou de Marseille. Il organise un grand rassemblement dans la plaine des Brotteaux, pour une séance de prestation de serment collective, où 40000 gardes nationaux venus en députation se rassemblent pour une cérémonie autour d'une montagne factice symbolisant la force de l'union nationale. Après une cérémonie religieuse liant Dieu aux Français, un serment solennel est prononcé[16]. La réussite et l'émotion ressenti de l'évènement poussent l'Assemblée nationale à organiser une cérémonie similaire la 14 juillet à Paris. Cela donne également de la ville une image de de cité modèle, où règne l'unité et la concorde[g 8].
Les émeutes de juillet 1790
La municipalité n'a cependant pas les moyens de mener une politique stable, ni de répondre aux attentes financières d'une partie de la population. En premier lieu car l'année 1790 est remplie de scrutins destinés à pourvoir à différentes instances administratives ou judiciaires. Or, ces élections sont l'occasion pour un certain nombre de conseillers municipaux de trouver des postes politiquement moins exposés, et très régulièrement, le maire doit recomposer son équipe et confier des postes et dossiers à de nouveaux venus. Par ailleurs, de nombreux conflits naissent entre la municipalité, le district et le département concernant leurs compétences respectives, qui ne sont pas clairement définies par la loi[g 9].
La première difficulté à laquelle la municipalité est confrontée est la situation critique de son budget. Toujours lourdement endettée, le principal revenu de la ville, les octrois sont très impopulaires car ils renchérissent le coût de la vie des plus pauvres. Or, à l'été 1790, le prix du grain augmente et les réserves de la ville baissent fortement. Sollicitée, l'Assemblée nationale refuse de prendre en charge une partie de la dette lyonnaise. La mairie ne parvient plus à emprunter à des taux raisonnables, elle tente de lever une souscription patriotique, qui est un échec. Progressivement, la tension monte et des pétitions sont envoyées à l'hôtel de ville pour la suppression des octrois. Des rassemblements sont organisés, et deviennent menaçants. Pour éviter des violences, la mairie cède et lève les octrois, mais l'Assemblée nationale refuse de voir la situation financière de la ville s'effondrer et impose leur rétablissement. Finalement, la situation explose le 19 juillet. Une rixe dégénère entre des Lyonnais et un membre des Suisses de Sonnenberg, il est tué, décapité et son cadavre est trainé à travers les rues et suspendu au balcon de la résidence du directoire des octrois place Bellecour. La semaine suivante, le 26, une grande émeute se déclenche. De nombreux hommes armés, soutenus par des gardes nationaux, s'emparent des octrois par la force et ouvrent les portes de la ville pour laisser les marchandises y entrer librement. Le lendemain, les autorités déclarent la loi martiale. Les quartiers sont quadrillés, les déplacements limités et les soldats désarment le quartier de Bourgneuf, où les combats ont été les plus violents. L'Assemblée nationale ordonne l'envoi de troupes, la justice est particulièrement sévère et quatre personnes sont condamnées à mort et exécutées. Mais pour les plus pauvre, le maire Palerme de Savy et son équipe sont largement discrédités[g 9].
Les plus radicaux, partisans d'une rupture radicale d'avec l'Ancien régime, organisent alors en août un nouveau club politique : la Société populaire des amis de la Constitution. Il se structure sur l'ensemble de la ville, ouvrant un cercle dans chacun des 31 sections de Lyon, chacun envoyant des délégués au club central chargé de coordonné leurs actions. Il fonde un journal bihebdomadaire ; devenant un embryon de véritable parti politique, et créant la figure du militant[g 10].
L'amorce de la division religieuse
Si la décision de l'Assemblée nationale de la vente des biens du clergé pour éponger les dettes de l'État, le 2 novembre 1789, ne suscite pas de remous à Lyon, c'est que l'église possède de très nombreux biens dans la ville, qui manque cruellement de place, et que depuis longtemps ces espaces étaient convoités pour développer l'habitat[g 11].
En revanche, une première fissure se crée lorsque l'Assemblée décide d'interdire les vœux monastiques et d'interdire les ordres religieux contemplatifs le 13 février 1790[j 1] ; et surtout lorsqu'elle décide de créer une église de fonctionnaires en adoptant la Constitution civile du clergé le 12 juillet 1790. De nombreuses voix s'élèvent et dénoncent un abus de pouvoir, accusant l'Assemblée d'outrepasser ses mandats. Comme la quasi totalité des archevêques, Mgr Marbeuf refuse de prêter le serment exigé et condamne la réforme. Les chanoines-comtes, dont le corps est supprimé placardent également une protestation officielle dans toute la ville. Ces protestations n'émeuvent pas la population et n'inquiètent pas la municipalité[g 11].
La conspiration royaliste
Pour faire face aux mouvements révolutionnaires, un parti royaliste s'organise, mais dans la plus grande discrétion, dirigé par Imbert-Colomès et Antoine Guillin de Pougelon. Le groupe lyonnais est toujours soutenu par des émissaires du prince de Condé et du conte d'Artois, émigrés à Turin. Leur projet pour faire recouvrer l'ensemble de ses pouvoirs au roi est de le faire venir à Lyon pour le soustraire de la foule parisienne et de rassembler des troupes pour le soutenir. L'un des initiateur extérieur est Antoine Mignot, conte de Bussy[17], qui organise des réunions dans son château de Villié-en-Beaujolais avec Imbert-Colomès, Charles-Gilbert de La Chapelle, le chanoine de Rully et Palerme de Savy. Le conte d'Artois désigne Imbert-Colomès comme son représentant pour la région lyonnaise[a 6].
Deux groupes aux ambitions différentes se préparent alors simultanément, celui de monarchistes constitutionnels qui souhaitent juste libérer Louis XVI de la tutelle de l'Assemblée nationale, et celui des princes qui souhaitent une restauration complète de l'Ancien régime. Dès l'été, le camp de Jarès en Vivarais se reconstitue, dans le Velay, le Gévaudan, un soulèvement est préparé. le conte de Bussy fait confectionner des uniformes aux couleurs du conte d'Artois à Valence. Le plan prévoit que l'armée du conte d'Autichamp marche sur Paris, que Condé prenne Pont-Saint-Esprit et que le conte d'Artois entre en France avec une armée par Pont-de-Beauvoisin. Le soulèvement est initialement prévu pour le 15 octobre. Les troupes devaient être celles du comte de La Chapelle, maréchal de camp, ancien capitaine aux Gardes-Françaises, nommé à ce poste par le Roi, qui devait réunir environ six mille hommes (dont le régiment du Maine) et une trentaine de pièces d'artillerie. Guillin comptait sur les régiments de chasseurs à cheval de Bretagne et d'Alsace, respectivement cantonnés à Bourg-en-Bresse, Mâcon, Senecey et Châlons-sur-Saône, le régiment de la Marine à Trévoux, celui de Bourgogne à Villefranche, les dragons de Penthièvre à Vienne (Dauphiné) et enfin le régiment suisse de Steiner, cantonné à Grenoble[18]. Ils espèrent s'emparer de la ville avec le soutien des garnisons en place, et bénéficier d'appuis au sein de la population ouvrière, déçue d'un régime qui ne tient pas ses promesses économiques[g 10].
Mais prévenu, Louis XVI juge l'ambition des conjurés légère et brouillonne, la reine estime que c'est une folie. Le roi décide finalement de fuir vers l'est[a 6].
Si les monarchiens, qui avaient prévu de faire venir le roi à Lyon pour la mi-décembre, décident de tout arrêter, les membres du complot liés aux princes qui ambitionnent un retour à l'Ancien régime poursuivent leurs plans. Mais ils multiplient les maladresses. Les manœuvres militaires sont découvertes, la municipalité de Valence découvre la confection des uniformes et en informe la municipalité de Lyon. Le château de Villié-en-Beaujolais est perquisitionné et le conte de Bussy arrêté. Ils poursuivent malgré tout et gagnent à leur cause Denis Monnet, un maître-ouvrier influent. Celui-ci les aide à faire circuler dans les cabarets dans agents qui tentent de retourner la poplation en insistant sur les déception du nouveau régime et en promettant la reprise des affaires avec le retour de l'ordre, et des commandes de l'église et de princes. Cette propagande est organisée par Guillin de Pougelon. Progressivement, les patriotes lyonnais s'en aperçoivent et s'inquiètent, lançant des pétitions et de pamphlets[a 6].
Les agents de Turin viennent à Lyon, certains portent une rosette bleue et noire en signe de ralliement. Des hommes soudoyés, venant d'Auvergne pour la plupart, arrivent à Lyon et s'installent dans différentes auberges et chambres garnies ; ils sont dirigés par plusieurs personnes dont Jacques-Marie Terrasse de Tessonnet, le marquis d'Escars, le conte de Jouenne d'Escrigny et le viconte Robert de Maccarthy-Levignac. Ils s'associent à des chanoines de Cordon, de Rully et de Pingon, et soudoient de nombreuses personnes à Lyon. Le roi désavoue l'opération, Imbert-Colomès met en garde contre les risques, mais les conjurés les plus déterminés poursuivent leurs actions[a 7].
Le 4 décembre, la démission du maire Palerme de Savy, élu juge de district, les décide à passer à l'action. Mais manquant de discrétion, ils sont dénoncés et la garde nationale arrête les principaux meneurs le 10 décembre. Tessonnet, d'Escars, Guillin de Pougelon sont arrêtés et enfermés à Pierre-Scize. Louis XVI désavoue publiquement l'initiative et les soutiens se démobilisent[a 7],[g 10].
Le 16 décembre, le médecin Louis Vitet est élu maire de Lyon, et le parti patriote se renforce alors à la tête de la ville[g 10].
Décembre 1790 - décembre 1792 - mandat de Vitet
Suite à la démission de Palerme de Savy le 4 décembre 1790, de nouvelles élections portent au pouvoir une majorité rolandine, avec Louis Vitet comme maire, face à un directoire beaucoup plus conservateur[e 13]. Confronté à un manque aigu de moyen, la mairie ne peut pas aider massivement le peuple lors des épisodes de disettes. La cité lyonnaise connait deux années de radicalisation politique entre un groupe de légalistes refusant la violence populaire et un second qui légitime cette dernière au nom d'un idéal politique à atteindre. L'opposition entre les deux atteint son paroxysme lors du massacre de septembre 1792, qui entame le cycle de violence politique lyonnaise de la Révolution.
Situation économique
Avec l'exode d'une partie de la noblesse, la Fabrique perd logiquement une grande partie de sa clientèle[f 1]. La crise s'installe avec l'inflation et la guerre, qui entrave le commerce. Les riches tissus façonnés sont remplacés par des tissus plus simples, unis, décorés de broderies[x 2]. Les canuts fondent également de grands espoirs dans la loi du qui supprime les corporations et leurs privilèges. En parallèle, les autorités tentent de protéger les soies françaises en établissant des droits de douane[r 2].
Les années 1789, 1790 et 1791 sont mauvaises pour les récoltes et l'économie[a 8]. Pour l'année 1791, le conseil municipal publie ses revenus et ses charges, établissant que les revenus de la ville s'élèvent à 136000 livres, que ces charges s'élèvent à 700000 livres et que sa dette est de 39 millions de livres. Pour faire face aux dépenses, la ville décide d'augmenter ces recettes en prélevant des centimes additionnels sur les nouvelles impositions[e 14].
Radicalisation politique
Ces deux années voient les forces révolutionnaires se diviser progressivement entre républicains modérés et partisans d'une révolution plus radicale. La population devient de plus en plus sensible aux thèmes véhiculés par les différents clubs démocrates au travers d'une presse combative avec, surtout, "Le Journal de Lyon" et "Le courrier de Lyon"[a 8].
Le premier groupe réunit autour de la figure de Jean-Marie Roland, ministre de l'intérieur, surnommés les « Rolandins »[19], fondent toute légitimité sur l'élection et refusent les coups de force. Ainsi, ils n'acceptent pas par principe le coup d'état du 10 août 1792, même s'ils en acceptent les conséquences car ils n'ont plus confiance dans le roi depuis sa tentative de fuite de l'année précédente. Légalistes, ils sont proches des Girondins parisiens[g 12].
En face, ceux qui sont appelés les « Chalier » à Lyon sont bien plus révolutionnaires. Ils acceptent le droit à l'insurrection, fondent certes la vie politique sur l'élection, mais proclament le droit du peuple à censurer leurs représentants à tout moment dès lors que la confiance est rompue. Ils défendent le droit à la prise d'arme et la notion de violence populaire légitime. Politiquement, ils considèrent que la Révolution de 1789 n'est qu'un début et qu'il faut poursuivre les réformes vers l'égalité et la liberté réelle. Ce mouvement domine le Club central et structure son discours et son action contre les autorité municipale depuis 1790. Leur porte-parole est Joseph Chalier[g 13].
L'opposition entre les deux camps, qui n'est longtemps pas tranché de manière radicale, se structure autour de journaux et de libelles. Dans ce contexte, Le 2 avril 1791 a lieu le lancement du troisième grand journal d'opinion lyonnais : le « Journal de Lyon », ou « Moniteur du département de Rhône-et-Loire ». Il est publié par Prudhomme, frère de Louis-Marie Prudhomme, et est animé par Carrier et l'abbé Laussel[20]. Il s'impose rapidement comme journal des patriotes face à celui de Mathon de la Cour, « Journal de Lyon et du département de Rhône-et-Loire », monarchiste[e 15].
Les évènements du 10 août 1792 électrisent les patriotes lyonnais. Ils accueillent avec joie la suspension du roi, l'exil des prêtres réfractaires et les mesures contre les "ennemis de la Nation". L'administration départementale, conservatrice, est démise de ses fonctions, ce qui laisse la municipalité plus libre que jamais. Elle proclame la destruction de tous les signes de la royauté et de la féodalité de l'espace public, fondant ainsi la statue équestre de Louis XIV de la place Bellecour[g 14].
Leur division éclate au grand jour au moment des massacres lyonnais de septembre 1792, puis de leur mémoire. Nait alors l'affrontement entre les "Rolandins" et les "Chalier", mettant ainsi aux prises quelques-uns des protagonistes majeurs des événements du printemps 1793 à Lyon[i 1].
Septembrisade lyonnaise
Devant les revers militaires, des patriotes parisiens craignent que les prisonniers ne soient des traitres près à aider les armées ennemies à leur approche. Ils se rendent dans les prisons et massacrent sans distinction un grand nombre de prisonniers, dont de nombreux prêtres réfractaires. Cette peur et cette violence se propagent dans plusieurs villes et à Lyon, une troupe d'émeutiers attaquent le 9 septembre le Château de Pierre Scize. Ils massacrent huit officiers royalistes du régiment Royal-Pologne (presque tous nobles) détenus depuis les derniers jours d'août, et trois prêtres réfractaires (l'un arraché de la prison de Saint-Joseph par la foule, un second de celle de Roanne, un troisième rencontré dans la rue par les émeutiers). Leurs corps sont décapités et leurs têtes fichées sur des piques, derrière lesquels la foule parcourt la ville. La municipalité est impuissante à empêcher le massacre[g 14]. Cet épisode a été appelé "septembrisade lyonnaise"[e 16].
Organisation des oppositions
A partir du massacre de septembre, les militants des deux camps s'affrontent au travers du contrôle politique des sections et de la garde nationale. Ils tentent de mobiliser les électeurs lors des scrutins locaux, et cherchent à s'emparer du commandement des différents bataillons de la garde nationale, anticipant une possible confrontation violente. Chaque parti essaie de mobiliser la population contre l'autre camp, mettant en avant les ressorts de la peur, via de multiples discours publics, brochures, affiches et autres moyens publics. Les légalistes insistent sur la volonté de destruction, d'anarchie des Chalier. Ces derniers répondent en affirmant que les modérés sont des notables souhaitant utiliser la force pour leurs intérêts personnels et frayant avec la contre-révolution. Les deux camps accusent l'autre de faire le jeu des forces étrangères coalisées[g 13].
Conflit religieux
Dès 1791, la division religieuse s'intensifie à Lyon car l'archevêque Marbeuf s'oppose vigoureusement et très tôt aux prétentions religieuses de l'assemblée nationale et à la constitution civile du clergé. Le , il fait un discours solennel rappelant fermement que l'autorité sur le clergé ne vient que de lui et du Saint-Siège. Il refuse à nouveau tout serment[a 9]. Le 17 février, constatant que Mgr Marbeuf refuse de prêter serment, le directoire du département décide de convoquer les électeurs pour désigner un nouvel évêque. Immédiatement, une bataille de libelles s'engage[e 17].
Le 1er mars 1791, les électeurs du département se réunissent dans la cathédrale Saint-Jean et élisent au titre d'évêque - le titre d'archevêque à été supprimé - Adrien Lamourette, premier évêque constitutionnel de France, issu de la congrégation des Lazaristes. Cette élection a lieu alors que bon nombre de prêtres ont acceptés de prêter serment à la Constitution, et les autorités estiment que l'église se réorganise convenablement[g 11]. Dès le 16, Un prêtre, Jacques Linsolas, provoque une bagarre dans l'église Saint-Nizier en appelant à prier pour Marbeuf, ce qui entraîne son arrestation pour quelques jours[g 15].
Adrien Lamourette arrive le 11 avril 1791, et trouve une cité déjà divisée lourdement. Les prêtres constitutionnels sont soutenus par la municipalité et la Société de amis de la constitution, et utilisent les églises paroissiales, désormais propriété publique. Les membres de l'église réfractaires célèbrent le culte dans des chapelles conventuelles ou dans des maisons privées, organisés par Linsolas qui est en contact étroit avec Marbeuf, exilé[g 15]. Si l'Assemblée nationale tolère l'église réfractaire au nom de la liberté de conscience, son existence est source de conflits larvés ou ouverts. Les patriotes soupçonnent et accusent les réfractaires d'être les tenants de la contre-révolution, tandis que ces derniers dénoncent une persécution religieuse maquillée en lutte pour la Liberté[g 15].
Rapidement, sur cette question aussi, un conflit s'établit entre la municipalité lyonnaise et le département. Ce denier est favorable à l'église réfractaire et il ferme les yeux sur plusieurs communes des monts du Lyonnais où le curé constitutionnel est empêché de venir s'installer. Dans certains cas, la force armée impose l'installation du prélat dans sa cure, mais cette situation ne dure pas, la population étant irrémédiablement hostile, et le nouveau venu est chassé[g 15].
En 1792, l'église réfractaire est la cible d'attaques de plus en plus virulentes. Les premiers morts ont lieu le 9 septembre 1792, quand la foule allée chercher des soldats nobles enfermés à Pierre Scize pour les massacrer décide de s'en prendre à trois prêtres réfractaires. Ils sont tués et leur têtes fichées sur des piques et promenées à travers la ville[g 14].
Urbanisme
Entre 1792 et 1796[réf. nécessaire], l'église Saint-Étienne faisant partie du chapitre cathédral est démolie, permettant de créer la rue saint-Étienne[21].
Décembre 1792 - été 1793 - Bascule vers l'opposition à Paris
L'opposition entre les républicains modérés nommés les « Rolandins » et les patriotes révolutionnaires nommés les « Chalier » s'intensifie, les compromis entre les deux n'étant plus possibles. Une lutte pour le contrôle de la municipalité, des sections populaires et de la garde nationale s'installe, sans que les envoyés de la Convention ne parviennent à calmer les esprits. Lorsque les Chalier s'emparent de la mairie en mars, ils tentent de prendre le contrôle de la garde nationale. Devant leur échec deux mois plus tard, ils tentent de créer une force parallèle avec leurs partisans. Les Rolandins agissent alors et engagent le combat pour prendre de force la mairie. Ils y parviennent mais au même moment, la situation inverse survient à Paris, et les députés montagnards font déclarer Lyon ville insurrectionnelle.
La lutte pour la prise du pouvoir : décembre 1792 - mars 1793
A la fin de l'année, le nouveau maire élu, Antoine Nivière-Chol est un homme de compromis dont le but affiché est d'apaiser les tensions, même si plusieurs amis de chalier sont élus au sein de la municipalité. Toutefois, Chalier et ses amis sont élus au tribunal de district, et entendent bien l'utiliser pour servir leur cause. Ils multiplient les actions symboliques, obtenant ainsi le 24 janvier, après l'annonce de la mort de Louis XVI, que la guillotine soit à nouveau installée en ville, sur la place des Terreaux, alors renommée place de la Liberté. Chalier y organise une cérémonie d'action de grâce laïque en remerciant le ciel d'avoir permis au peuple de punir le tyran. Il proclame que cette mise à mort marque le début de la régénération de la société, qui s'accomplira lorsque tous les contre-révolutionnaires seront tués[g 16].
A la nouvelle du meurtre de Lepeletier de Saint-Fargeau, Chalier organise une cérémonie en sa mémoire où il affirme que la lutte à mort entre les vrais patriotes et les autres est entamée, et que la pitié n'est plus de mise. Il fait voter par le conseil municipal le principe de perquisition et d'arrestation des suspects, à partir du 5 février, plus de trois cents personnes sont arrêtées, dont de nombreux représentants de la bourgeoisie négociante. Chalier, utilisant la tribune du Club central, réclame l'instauration d'un tribunal révolutionnaire pour juger ces suspects. Débordé, le maire Nivière-Chol démissionne en protestant contre cet abus de pouvoir. Chaque camp mobilise alors ses partisans. La Convention envoie des commissaires pour calmer les esprits et jouer les arbitres, mais ils manquent de forces de police. Ils réussissent à faire libérer les prisonniers[g 16].
Le parti légaliste tente un coup de force contre l'hôtel de ville, échoue et investit le Club central. Leur porte-parole est Jean-Emmanuel Gilibert, qui parvient à mobiliser une partie de la population contre les actes arbitraires du parti révolutionnaire. Le 24 février, le scrutin pour désigner le nouveau maire ne tranche pas, Gilibert et le proche de Chalier, Antoine-Marie Bertrand obtiennent le même nombre de voix. Un nouveau vote est organisé dans la foulée mais le procureur de la commune décide l'arrestation de Gilibert. Le 27 février, ce dernier est tout de même élu, alors qu'il est en prison[g 17].
Pour appuyer leur cause, la société populaire des amis de la constitution est transformée en club des Jacobins, filiale du club parisien, et des échanges épistolaires nombreux les rapprochent des députés de la Montagne. Les envoyés de la Convention parviennent à décider Gilibert de démissionner contre sa libération et un troisième vote est réalisé. Le 9 mars, Bertrand est finalement élu et les Chalier prennent le pouvoir à la mairie. La lutte se poursuit, de plus en plus liée à celle qui se joue dans la capitale[g 17].
La municipalité Chalier : mars - mai 1793
Les « Chalier » cherchent alors immédiatement à prendre les contrôle des sections et à éliminer leurs opposants. Ils tentent de mettre la main sur la garde nationale mais les légalistes y sont solidement implantés et empêchent la manœuvre. Ils tentent alors de créer une force parallèle le 26 mai, avec la constitution d'une « armée révolutionnaire » uniquement constituée de leurs partisans, et financée par une taxe sur les riches. L'affrontement est devenue inévitable[g 17].
Le 29 mai, les bataillons de la garde nationale légalistes s'emparent de l'arsenal. Un tiers des sections se rangent du côté des Chalier et se regroupent pour défendre l'hôtel de ville. Les commissaires de la Convention tentent de concilier les deux partis mais ils échouent et n'ont aucun moyen militaire pour s'imposer. Les bataillons légalistes remontent alors les quais et un combat s'engage contre les troupes de Chalier. Celles-ci résistent quelques heures pour se rendent. Le maire Bertrand, Chalier et les principales personnalités du parti révolutionnaire sont arrêtées. En tout, une centaine de membres du parti révolutionnaire sont mis en prison[g 18].
Toutefois, Paris connait au même moment des événements similaires, mais dont le résultat est inverse, la Montagne parvenant à éliminer de nombreux députés Girondins de la Convention. Lorsque la nouvelle des événements lyonnais leurs parvient, ils l'interprètent immédiatement comme une insurrection contre-révolutionnaire. Marat réclame alors la libération de son ami Chalier. Le 12 juillet, Lyon est déclarée en état d'insurrection[g 18],[a 10].
Le siège de Lyon - été - hiver 1793
Les autorités lyonnaises, malgré les menaces d'un affrontement avec Paris, restent fidèles à leur ligne de conduite. Des procès condamnent Chalier et plusieurs de ses amis, lui-même étant exécuté le . Devant l'avance des armées révolutionnaires, conduites par Kellermann, les autorités préparent un siège tout en lançant des appels à l'aide, qui restent sans réponse. La défense est organisée par Louis François Perrin, comte de Précy, qui édifie des redoutes, met en place une organisation défensive et mobilise une armée d'environ 12 000 à 14 000 hommes.
Le siège de Lyon commence le , mais les armées révolutionnaires ne peuvent assurer un blocus complet que le . Le siège commence par des duels d'artillerie et tentatives de prise de points stratégiques durant lesquels les Lyonnais se montrent opiniâtres. Devant l'échec de ses premières tentatives, Kellermann décide de bombarder la ville pour saper le moral des habitants. Le pilonnage commence dans la nuit du 22 au pour ne cesser qu'avec la reddition de Lyon. Durant les premières semaines, cependant, les Lyonnais tiennent toujours bon. Kellermann est remplacé fin septembre par Doppet, qui bénéficie dès son arrivée d'une trahison pour prendre sans combat une position stratégique à Sainte-Foy-lès-Lyon. Dès lors les positions lyonnaises ne sont plus tenables et après deux semaines de combat, Lyon capitule le [s 1],[a 11].
Le , la Convention Nationale décrète que "le nom de Lyon sera effacé du tableau des villes de la République et portera désormais le nom de Ville-affranchie". Le conventionnel Barère se vante de son succès en ces termes : « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n'est plus », phrase reprise dans le décret susvisé. 1 604 personnes[22] sont fusillées ou guillotinées, et plusieurs riches immeubles autour de la place Bellecour sont détruits conformément à la décision de la Convention Nationale. Durant de nombreux mois, la terreur jacobine s'abat sur Lyon, et les fêtes révolutionnaires ne mobilisent ni ne convainquent des populations traumatisées. Dans leur volonté de faire table rase, les vainqueurs suppriment l'école royale de dessin en 1793[c 1].
Ainsi Joseph Fouché est chargé de faire exécuter le décret qui ordonnait la destruction de la ville de Lyon, il encourage les cruautés qui furent commises alors. A cette occasion, il gagne le surnom de « mitrailleur de Lyon », pour avoir substitué à la guillotine, jugée trop lente, l'exécution de masse des habitants jugés suspects par la mitraille (des canons tiraient sur des groupes de plusieurs dizaines de condamnés). 1683 lyonnais sont tués, victimes de la répression de Fouché.
Le siège de Lyon en 1793 cause un exode terrible, qui obère largement les possibilités de production de la soierie lyonnaise ; d'environ 150 000 habitants, Lyon passe à 102 000 en 1794, et 88 000 en 1800. La répression qui s'ensuivit causa la mort de 115 des 400 entrepreneurs en soierie que compte la ville[x 2], qui s'ajoutent à un grand nombre d'émigrations de la part des maîtres soyeux souvent mal vus des forces populaires, départ qui seront pour certains d'entre eux définitifs[f 2].
Lorsque Lyon, le apprend la chute de Robespierre, elle bascule dans un nouveau cycle de violences vengeresses.
Le 12 octobre 1794, la ville retrouve son nom d'origine.
Reconstruire la société lyonnaise : 1794 - 1799
Dans une ville affaiblie, les autorités révolutionnaires ou civiles tentent de modérer les passions, mais rapidement, les jacobins sont recherchés et persécutés. Les bustes de Chalier sont détruits. Durant toute l'année 1795, Lyon est le théâtre de violences, dont les points d'orgue sont le massacre de personnes emprisonnées et en attente de jugement, toutes des anciens "mathevons", les jacobins lyonnais, dont Antoine Dorfeuille. Les autorités locales ne parviennent pas à maîtriser les mouvements de foule, et craignant une complicité, la Convention déclare à nouveau Lyon en état de siège, envoyant des troupes aux Brotteaux[a 12]. Malgré tout, des tentatives de reprendre un cours normal des activités ont lieu. Ainsi, une école de dessin, utile à la Fabrique de soierie, est créée en 1795 sous le nom d'« école de dessin des fleurs »[c 2].
Entre 1794 et 1799, le monde des marchands-fabricants se reconstitue grâce à l'arrivée de maisons qui travaillent dans d'autres villes françaises. Dès 1794, de Nîmes et d'Anduze arrivent les soyeux Laguelline, Ourson et Benoit[x 3]. À la fin de la même année, Guérin s'installe, venant de Saint-Chamond[y 1]. Le soyeux et dessinateur Pierre Toussaint de Chazelle tente également de relancer l’économie locale, et devient ambassadeur de la scène artistique lyonnaise à Paris et favorise ainsi l’introduction dans la capitale de jeunes artistes de Lyon, tels Grobon, Révoil et Richard[23]
Aux élections d', ces craintes se voient renforcées par l'élection pour le premier Directoire de trois députés monarchistes constitutionnels, Pierre Rambaud, Mayeuvre-Champvieux et Paul Béraud. Aussi le Directoire nomme-t-il à la tête de Lyon un républicain éprouvé, Paul Cayré.
Durant deux ans, jusqu'en 1797, un conflit larvé entre républicains et contre-révolutionnaires se tient dans toute la ville. Profondément divisée, celle-ci ne s'unifie pas autour des fêtes et des projets officiels. La population fréquente clubs et théâtres, où les rivalités s'expriment ouvertement et s'aiguisent. Les forces monarchistes parviennent, en 1797 à faire entrer au Conseil des Cinq-Cents Jacques Imbert-Colomès et Camille Jordan.
Ces derniers sont contraints à la fuite à la suite du coup d'État du 18 fructidor an V (le ). Les élections sont cassées dans le Rhône, des autorités énergiques remplacent les précédentes, accusées de ne pas avoir suffisamment combattu les contre-révolutionnaires. Durant les deux dernières années de la Révolution française, les autorités s'échinent sans succès à instiller l'idéologie républicaine à une population qui n'adhère pas. Elles tentent également de contrer les libelles monarchistes et contre-révolutionnaires, sans grand succès. Un dernier complot est ourdi en par l'anglais William Wickham, mais il sera arrêté par la victoire de Masséna à Zurich.
Durant ces années difficiles, pour faire face au manque de main-d'œuvre, les innovations techniques sont soutenues par l'État au travers concours et fondations d'écoles. En particulier, l'école de dessin est recréée en 1795 sous l'appellation d'« école de dessin de la fleur »[c 2]. Les soyeux lyonnais vont chercher des idées auprès des ingénieurs anglais, au sein de la production de tissu en coton et cet élan participe de l'effort de mécanisation de l'outil de production qui aboutit au début du XIXe siècle à la mécanique Jacquart[z 1].
En définitive, les Lyonnais ne sont dans leur majorité pas des monarchistes fervents. Engagés dans l'idéal révolutionnaire des premières années, ils furent surtout traumatisés par le siège de Lyon et la répression qui s'ensuivit. Ils n'ont plus confiance dans les autorités parisiennes et veulent surtout retrouver la paix et la prospérité[a 13].
L'Église lyonnaise sous la Révolution
Comme la plupart des diocèses de France, celui de Lyon subit sévèrement l'épisode révolutionnaire, qui divise les consciences, affaiblit fortement les communautés religieuses de la région. L'archevêque Marbeuf refuse de quitter son poste, fuit dès les débuts de la Révolution, et organise la résistance de l'Italie avec l'aide d'hommes déterminés sur place[24].
La situation de l'église à l'orée de la Révolution
Dès avant la Révolution, au début des années 1780, l'église lyonnaise possède deux sociétés secrètes destinées à défendre la foi catholique au sein des familles et du monde du travail. Organisés par Jacques Linsolas, ces réseaux sont activés dès le début des troubles révolutionnaires et seront importants dans la lutte du clergé réfractaire contre les autorités[g 11].
Le clergé et les États généraux
À la veille de la Révolution, Lyon voit arriver à la tête du diocèse un archevêque conservateur, Mgr de Marbeuf. Dès la préparation de la réunion des États généraux, il se fait remarquer de l'opinion lyonnaise en s'inquiétant des troubles et du désordre que cette initiative engendre. Des groupes de lyonnais le raillent alors dans une mascarade, et il n'ose pas venir dans son diocèse, craignant que sa venue provoque des émeutes[b 1]. Les évènements s'aggravant, il émigre rapidement, et Lyon ne voit pas de toute la Révolution celui qui luttera férocement contre elle.
Le clergé, dès la préparation des cahiers de doléances, se divise entre le clergé de second ordre et les vicaires et autres titulaires de bénéfices ecclésiastiques[b 2]. Cette division est accentuée par le refus définitif de l'archevêque de la constitution civile du clergé et des serments. À partir de ce moment, il s'engage dans une opposition systématique envers l'église constitutionnelle et organise depuis l'étranger l'Église « légitime ».
Le premier épisode de cette division a lieu pendant les débat de l'Assemblée nationale sur la place de la religion au printemps 1790. Lorsque l'Assemblée décide d'interdire les vœux monastiques et d'interdire les ordres religieux contemplatifs le 13 février 1790[j 1] et surtout lorsqu'elle décide de créer une église de fonctionnaire en adoptant la Constitution civile du clergé le 12 juillet 1790 ; de nombreuses voix s'élèvent et dénoncent un abus de pouvoir, accusant l'Assemblée d'outrepasser ses mandats. Comme la quasi totalité des archevêques, Mgr Marbeuf refuse de prêter le serment exigé et condamne la réforme. Les chanoines-contes, dont le corps est supprimé placardent également une protestation officielle dans toute la ville. Ces protestations n'émeuvent pas la population et n'inquiètent pas la municipalité[g 11].
Le 13 avril, l'Assemblée refuse dans un décret de reconnaitre la religion catholique comme religion officielle, 306 ecclésiastiques élus protestent contre celui-ci, et plus généralement contre la prétention de l'Assemblée à légiférer sur l'église, trois députés lyonnais du clergé sont au nombre des signataires, Charrier de la Roche n'y a pas pris part. A Lyon, l'assemblée des notables de Lyon s'élève contre cette protestation. Le clergé lyonnais, quant à lui, se tient en retrait de cette protestation cléricale[e 18].
L'église lyonnaise et la constitution civile du clergé : 1791
Dès 1791, la division religieuse s'intensifie à Lyon car l'archevêque Marbeuf s'oppose vigoureusement et très tôt aux prétentions religieuses de l'assemblée nationale et à la constitution civile du clergé. Le , il fait un discours solennel rappelant fermement que l'autorité sur le clergé ne vient que de lui et du Saint-Siège. Il refuse à nouveau tout serment[a 9]. Cette déclaration est imprimée et diffusée à Lyon et la région. Le 7 janvier, la municipalité interdit la publication de ce texte et tente de s'en emparer[e 19].
Le clergé opposé au nouveau régime est progressivement repoussé. Le 15 janvier, les Sulpiciens qui dirigent le séminaire de Saint-Irénée et refusent le serment constitutionnel sont chassés et remplacés par des prêtres jureurs, dont les frères Jolyclerc[e 19]. La municipalité organise la prestation de serment en faisant distribuer à la fin du mois de février à tous les curés un exemplaire des instructions sur la constitution du clergé décidée par l'Assemblée nationale[e 17].
Changement d'évêque - élection de Lamourette
Le 17 février, constatant que Mgr Marbeuf refuse de prêter serment, le directoire du département décide de convoquer les électeurs pour désigner un nouvel évêque. Immédiatement, une bataille de libelles s'engage[e 17].
Le 1er mars 1791, les électeurs du département se réunissent dans la cathédrale Saint-Jean et élisent au titre d'évêque - le titre d'archevêque à été supprimé - Adrien Lamourette, premier évêque constitutionnel de France, issu de la congrégation des Lazaristes. Cette élection a lieu alors que bon nombre de prêtres ont acceptés de prêter serment à la Constitution, et les autorités estiment que l'église se réorganise convenablement[g 11].
Un premier conflit a lieu le 16 mars 1791, dans l'église Saint-Nizier. Un prêtre, Jacques Linsolas prononce un prêche et appelle les fidèles à prier pour « l'archevêque légitime » et non Lamourette. Des militants de la société populaire des amis de la Constitution protestent et en viennent aux mains avec des fidèles de Marbeuf ; Linsolas est arrêté. Il est relâché quelques semaines après mais d'autres prennent la suite dans l'opposition à l'église officielle. Ainsi, M. Bois-Boissel, conte de l'église de Lyon est arrêté et enfermé à Pierre Scize le 23 mars pour avoir diffusé, en qualité de grand vicaire de Marbeuf, des imprimés contraires à la Constitution civile du clergé[e 17].
Le remplaçant de Mgr Marbeuf est Antoine-Adrien Lamourette qui réside assez peu dans son diocèse, étant élu à l'Assemblée législative. Entre 1791 et 1793, un grand nombre de prêtres restent dans le giron de l'Église constitutionnelle[b 3]. Mais progressivement, au fur et à mesure des anathèmes prononcés par Mgr de Marbeuf contre les différents serments, de plus en plus de prêtres les refusent ou se rétractent. Durant cette période, toutefois, les deux clergés coexistent correctement, les mesures d'exil contre les réfractaires étant appliquées très souplement[b 4]. Linsolas active alors deux structures secrètes mises en œuvre avant la Révolution et lutte contre le clergé constitutionnel et organise une contre-église fidèle à Marbeuf et au Pape. Il est aidé par les deux brefs de ce dernier en mars et avril 1791 et condamnant la Constitution civile du clergé. Plusieurs prêtres ayant prêté serment se rétractent et rejoignent les rangs de l'église réfractaire[g 15].
Lamourette arrivant à Lyon le 11 avril, il est reçu par les corps administratifs et se rend en grand cortège à Saint-Nizier dans une ville illuminée et sous les applaudissements de la foule. Le 14, lors de son installation officielle prononcée avec une messe, des opposants détachent les cordons du dais et le font tomber sur le prélat[e 15].
Le premier curé élu, Marie-Thérèse Jolyclerc, s'installe dans son église, Saint-Nizier, le 17 avril. Toutefois, dès la fin de ce mois, certains curés ayant prêté le serment constitutionnel commencent à se rétracter[e 15].
Rapidement, sur cette question aussi, un conflit s'établit entre la municipalité lyonnaise et le département. Ce denier est favorable à l'église réfractaire et il ferme les yeux sur plusieurs communes des monts du Lyonnais où le curé constitutionnel est empêché de venir s'installer. Dans certains cas, la force armée impose l'installation du prélat dans sa cure, mais cette situation ne dure pas, la population étant irrémédiablement hostile, et le nouveau venu est chassé[g 15].
En 1792, l'église réfractaire est la cible d'attaques de plus en plus virulentes. Les premiers morts ont lieu le 9 septembre 1792, quand la foule allée chercher des soldats nobles enfermés à Pierre Scize pour les massacrer décide de s'en prendre à trois prêtres réfractaires. Ils sont tués et leur tête fichée sur des piques et promenées à travers la ville[g 14].
Déchéance de l'Église constitutionnelle
Tout change avec l'opposition de Lyon à la Convention et le siège de la ville en . Tombée aux mains des révolutionnaires lyonnais les plus acharnés, les mesures antireligieuses se multiplient, avec la transformation de la cathédrale Saint-Jean en temple de la Raison, des processions burlesques, la destruction de nombreux symboles publics religieux, l'arrestation de nombreux prêtres, notamment de nombreux constitutionnels. Cette première vague déstructure complètement l'Église officielle lyonnaise, qui ne s'en remet pas, et qui subit un deuxième assaut lors des persécutions de Fructidor. Après la mort de Lamourette, guillotiné en , on attend pour lui élire un remplaçant, Claude François Marie Primat, qui, par crainte du climat local, ne viendra qu'en [b 5].
Résistance de l'Église réfractaire
Pendant toute la Révolution, un culte caché se développe et survit, massivement soutenu par la population, surtout dans les campagnes. Dès après la journée du 10 août 1792, un vicaire de Marbeuf, De Castillon, rentre secrètement et prend contact avec l'abbé Linsolas. À eux deux, ils réorganisent secrètement le clergé légitime, entretenant une correspondance étroite et régulière avec l'archevêque resté en exil. De Castillon pris et exécuté à la fin de , Linsolas tient seul jusqu'à la fin de la période révolutionnaire les rênes du clergé réfractaire lyonnais. Il développe une organisation pastorale complète, avec vingt cinq missions réparties dans tout le diocèse, parvenant à construire un petit séminaire et à jeter les bases d'un grand séminaire[b 6].
À la sortie de la période révolutionnaire, l'indifférence religieuse ou l'hostilité envers l'Église semble avoir nettement progressé. Dans les bourgs ouvriers (Roanne, Saint-Étienne, par exemple), encore très pratiquants, de larges pans de la population se sont éloignés de la religion[b 7]. Très divisés, les deux clergés ne se rapprochent pas aisément, Marbeuf et Linsolas refusant toute conciliation avec les constitutionnels. Ainsi, à la mort de Marbeuf, en , le diocèse est délabré et doit attendre trois ans pour retrouver un prélat qui entame le relèvement.
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Notes et références
- Sur la Révolution à Lyon, l'ouvrage de référence est Louis Trenard, La Révolution française dans la région Rhône-Alpes, Perrin, 1992, Paris, 819p., (ISBN 2-262-00826-4). On peut également consulter le très pratique Bruno Benoit, Roland Saussac, Guide historique de la Révolution à Lyon ; 1789-1799, Éditions de Trévoux, 1988, Lyon, 190p., (ISBN 2-85698-043-0).
- Serge Maury, « Une communauté convulsionnaire dans l’attente du millénium : les « Fareinistes » (1783-1805) », Siècles, 49, 2020. URL : http://journals.openedition.org/siecles/7333 ; DOI : https://doi.org/10.4000/siecles.7333
- Jean-Pierre Chantin, Le jansénisme: entre hérésie imaginaire et résistance catholique (XVIIe – XIXe siècle), 1996, Paris: Cerf. (ISBN 978-2-204-05366-2).
- Des États généraux, ou Histoire des assemblées nationales en France, A Paris, chez Cuchet, libraire, rue & hôtel Serpente. M. DCC. LXXXVIII. Sous le privilège de l'académie de Lyon.
- Nouvelles pièces intéressantes, servant de supplément à tout ce qu'on a publié sur les États-Généraux et sur l'éducation des princes destinés à régner, Paris, 1789.
- Notive biographie dans le Maitron.
- Notice sur les Archives parlementaires
- Il est né à Lyon le 17 aoüt 1747, fils d'Antoine Joseph de "Boesse" et de Suzanne-Françoise Perrichon. Il est domicilié place Louis le Grand en 1787. Il est un partisan du système des économistes selon Guillon de Montléon. Sous le Consulat et l'Empire, il est juge de paix du canton de Saint Symphorien sur Coise et conseiller général. Il décède à Larajasse en 22 février 1829. Il est l'époux de Claude Octavie de Colabeau de Juliénas.[e 9].
- Il est seigneur de Bellacœil, de Montplaisant et baron de Pollionnay[e 8].
- Cette appellation typiquement lyonnaise vient du fait que l'on appelle un muscadin un ver à soie malade qu'il faut éliminer rapidement pour qu'il ne contamine pas le reste de l'élevage[g 5].
- Notice du musée Gadagne d'histoire de Lyon sur la pirse de Pierre-scize
- Notice data.bnf du journal
- Paul Feuga, Luc-Antoine Champagneux ou le destin d'un Rolandin fidèle Bourgoin-Lyon-Paris (1744-1807), Lyon, Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 1991, Collection du Bicentenaire de la Révolution française à Lyon (numéro 19) (ISBN 2-905230-48-7).
- Courte notice biographique sur un site personnel.
- Notice data.bnf du journal
- Le serment est :
« Nous, députés des détachements des différentes gardes nationales rassemblées sous les murs de Lyon, pénétrés de l'importance de la mission sacrée qui nous a été confiée par nos commettants,
Jurons sur l'autel de la patrie, et en présence de l'Être suprême, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution du royaume, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, d'exécuter et de faire exécuter les décrets de l'Assemblée nationale, sanctionnés ou acceptés par le roi.
Nous jurons d'être inviolablement attachés à ce grand principe de la liberté individuelle, de protéger les propriétés particulières et les propriétés déclarées nationales, d'assurer la perception de tous les impôts ordonnés pour le maintien de la force publique, d'entretenir la libre circulation des subsistances dans toute l'étendue du royaume, de maintenir, partout où nous serons appelés, l'ordre et l'harmonie, sans lesquels les sociétés se détruisent au lieu de se perpétuer.
Nous jurons enfin de regarder comme ennemis irréconciliables tous ceux qui tenteraient de porter atteinte à la nouvelle Constitution ; et nous reposant avec confiance sur la Providence qui soutient notre patriotisme, nous promettons de sacrifier nos fortunes et nos vies pour conserver à nos descendants cette liberté après laquelle nous soupirions depuis si longtemps »
A. Ray, Réimpression de l'ancien Moniteur : seule histoire authentique et inaltérée de la révolution française depuis la réunion des États-généraux jusqu'au consulat (mai 1789-novembre 1799), volume 4, H. Plon, 1860, p. 550.
- Notice sur man8rove.com
- Aimé Guillon de Montléon, Mémoires pour servir à l'histoire de la ville de Lyon pendant la révolution, volume 22, 1824,Paris : Baudouin frères : Gauthier frères et Cie.
- Ils sont également nommés les « légalistes »
- Salomon de la Chapelle, Notice sur l'abbé Laussel, procureur de la Commune à la municipalité de Lyon en 1793, Lyon : Chez les principaux libraires, 1882.
- notice sur ruesdelyon.net
- Jean Tulard, Joseph Fouché, Paris, Fayard, , 496 p. (ISBN 2-213-59991-2), p. 50.
- Fleury, Richard., "Artistes lyonnais. Dechazelle, Granet et Grobon", Revue du Lyonnais, 2e série, n°2, 1851, p. 44-49.
- Sur l'église de Lyon sous la Révolution, on peut consulter l'ouvrage de Paul Chopelin : Ville patriote et ville martyre. Lyon, l'Église et la Révolution, 1788-1805, Letouzey & Ané, 2010, Paris, 463 p., (ISBN 978-2-7063-0270-1).
- Publiée dans l'Église de Lyon pendant la Révolution, Charles Monternot, Lyon, 1911.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- [radio] 1793, Lyon n'est plus Emission "La Fabrique de l'Histoire" (France Culture), mercredi , avec Michel Biard, Paul Chopelin et Côme Simien.
- [PDF] Chronologie de la Révolution à Lyon fiche thématique issue du musée d'histoire de Lyon.